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  • Pologne - Cracovie, la cité éternelle

    Publié dans le Devoir du 22 avril 2006 Ville mythique aux cent églises, ville ancienne avec ses façades à l'italienne, ses musées et ses palais somptueux, ville jeune et vivante, ville artistique où se perpétue la tradition viennoise des cafés littéraires, ville «vraie» au passé marqué par les guerres, petite ville à échelle humaine... On le voit, Cracovie mérite bien qu'on lui rende visite. Prosze bardzo! Depuis la tour de l'église Notre-Dame, sur la place du Marché, un trompettiste invisible joue un air nostalgique. Puis, la fanfare s'arrête brusquement, comme si le trompettiste était à bout de souffle. C'est le son du hejnal, en souvenir de la sentinelle qui a tenté, du haut de la tour de guet, d'avertir la population de l'approche des Tartares en soufflant de toutes ses forces dans une trompette. Mais l'ennemi a été plus rapide que lui et une flèche lui a transpercé la gorge dès les premières notes. C'était en 1241, seul moment dans l'histoire où Cracovie a été saccagée. Depuis, toutes les heures, le hejnal est lancé en direction des quatre points cardinaux de la plus élevée des deux tours de la basilique. Il est aussi transmis en direct à travers la Pologne, chaque jour à midi, sur les ondes de la station de radio Jedynka. Il est clair que le pays aime se souvenir. Les Cracoviens disent que leur ville doit sa survie à sa grande beauté. C'est vrai. Depuis les temps médiévaux de sa naissance jusqu'à l'ère numérique du troisième millénaire, l'ancienne capitale polonaise a réussi à résister aux attaques des Tartares au XIIIe siècle, des Suédois au XVIIe siècle, des Autrichiens au XIXe siècle, puis des nazis et des communistes au XXe siècle. Les envahisseurs ont toujours préféré l'habiter que la détruire. «Maintenant, ce sont les touristes qui l'envahissent», plaisante Janusz, étudiant, devant la statue du poète Adam Mieckiewicz, le point de rendez-vous sur la place centrale. Cracovie est située au coeur de l'Europe, ce qui n'a certes pas aidé à assurer son intimité. Imaginez un voisin traversant chaque fois votre jardin pour aller au dépanneur. Et comme vous offrez peu de résistance, il cueille vos roses, piétine vos plates-bandes et, tant qu'à y être, égorge votre canari au passage! C'est un peu ça, l'histoire de la Pologne. La ville a ceci d'extraordinaire qu'elle s'est toujours relevée de ses guerres et, chaque fois, elle a repris sa position de plus jolie ville de Pologne. Si belle qu'en 1978, l'UNESCO l'inscrivait sur la liste du Patrimoine culturel mondial. Depuis, la «ville éternelle» cultive ses styles avec bonheur. Chaque maison ancienne est construite sur les ruines d'une autre encore plus ancienne. Les fresques baroques cachent des peintures gothiques peintes sur des bribes de décorations romaines. Mieckiewicz la surnommait la «Rome des Slaves». La vieille ville est entièrement piétonne depuis les années 70. «Vous comprenez, explique Ewa, notre guide, on veut protéger l'architecture de la pollution causée par les émanations de fumée des voitures mais aussi de la fumée provenant des cheminées des usines d'acier du quartier voisin, Nowa Huta, héritage de la domination soviétique. Au début des années 50, les Russes ont construit cette horrible cité ouvrière, à dix kilomètres de la ville historique, dans le but précis de contrebalancer le poids des intellectuels capitalistes hostiles à leur politique. Les façades des bâtiments étaient si noires qu'on ne pouvait même plus voir les magnifiques ornements sur les façades des monuments.» Ewa n'avait que six ans au moment de la chute du mur de Berlin. Bien que ses souvenirs soient vagues, elle revoit les interminables queues qui se formaient pour acheter de la viande, des légumes et des fruits quand il y avait des arrivages. Tout cela est maintenant relégué aux oubliettes, même si le pays est encore victime de l'inflation. Les bâtiments retrouvent peu à peu leur couleur d'antan, les comptoirs d'alimentation sont bien garnis et on mange à sa faim. La ville vit et s'amuse, tournée vers l'avenir. Sur la place centrale, Rynek Glowny, un homme déguisé en Tartare, retient l'attention des touristes, une vieille dame en manteau de laine et béret de feutre de couleur s'arrête pour parler à la vendeuse de bretzels debout derrière son inventaire ambulant, des groupes d'écoliers apprennent sur place l'histoire de leur ville, des musiciens de rue jouent de l'accordéon, du violon ou du violoncelle, ce qui donne à la place un air de fête constant. Sans tuyaux d'échappement, on capte mieux les odeurs du barszcz et du bigos, deux mets typiques de la cuisine polonaise, qui s'échappent des restaurants. Le Rynek Glowny est décidément l'âme de la vieille ville, une des plus grandes places léguées à l'Europe par le Moyen Âge. Au centre, la Halle aux draps (Sukiennice), symbole de la tradition marchande de la Cracovie médiévale, continue de poursuivre ses activités commerciales, mais avec les touristes. Les arcades actuelles, ajoutées au XIXe siècle au bâtiment de style Renaissance, abritent une quantité de petites boutiques de souvenirs. Parmi les articles à rapporter, suggérons les bijoux d'ambre et les pantoufles de feutre brodées. Et tant qu'à magasiner dans les Sukiennice, une visite à l'étage au Musée de la peinture polonaise du XIXe siècle est le moment idéal pour se familiariser avec les grands noms polonais comme Jana Matejko, Malczhewski, Gierymski, Chelmonski, Witkacy... Quant aux monuments, l'imposante église gothique Notre-Dame vaut plus qu'une petite visite. Construite au XIVe siècle sous la protection des grandes familles cracoviennes — Wierzynek, Boner, Montelupi, Cellari —, la basilique possède un ameublement intérieur dont la valeur est inestimable. Entre autres, le monumental retable sculpté dans du bois de tilleul par l'artiste allemand Weit Stoss au XVe siècle est une pure merveille. Les sculptures atteignent parfois trois mètres de hauteur. Pour voir avec quelle précision le maître d'oeuvre a sculpté les muscles tendus des bras et les rides sur les visages des personnages, il faut toutefois visiter l'église l'après-midi, seul moment de la journée où le retable est ouvert. Un incontournable: la colline du Wawel, face à la Vistule. Centre politique et administratif de la Pologne pendant plus de cinq siècles, le château qui se présente comme un magnifique palais italien de la Renaissance a servi de résidence aux souverains de la Pologne à partir du milieu du XIe siècle jusqu'au début du XVIIe siècle. Son aspect actuel date du règne d'Alexandre Jagellon et de Sigismond le Vieux. Même après le transfert de la capitale à Varsovie, en 1596, rois et princes, poètes et héros ont continué de se faire enterrer dans la cathédrale, devenue au fil des siècles un véritable chef-d'oeuvre de la Renaissance. Une collection de tapisseries flamandes liées à l'histoire du Wawel orne les murs du château. Après le troisième partage de la Pologne, vers la fin du XVIIIe siècle, la Russie en a eu la garde temporaire. Lors de la Seconde Guerre mondiale, c'est le Canada qui les a abritées. En marchant vers la Vistule, on arrive bientôt dans le quartier de Kazimierz, aussi inscrit par l'UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité. La rue Josefa mène vers ce qui fut pendant six siècles le quartier juif de Cracovie. Avant la guerre, on dénombrait à Krakow plus de 68 000 Juifs; 2000 ont survécu. Le quartier vidé de la plupart de ses habitants par l'Holocauste, puis abandonné aux plus démunis de la société pendant les 40 années de communisme, reprend peu à peu des couleurs, en partie grâce au tournage du film La Liste de Schindler, de Steven Spielberg, qui l'a triomphalement tiré de l'oubli. Si les façades décaties sont encore nombreuses, la restauration de maisons laisse entrevoir des lendemains meilleurs. Kazimierz est en train de devenir un des quartiers branchés de la ville et plusieurs agences de tourisme l'ont inscrit dans leurs brochures. Au numéro 24 de la rue Szeroka, la Vieille Synagogue Renaissance en brique rouge domine à côté du plus vieux cimetière juif d'Europe. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont transformé ce cimetière en dépotoir, explique Ewa. Ils ont également utilisé les pierres tombales pour refaire le pavé. Les tombes qui n'ont pas pu être reconstituées ont été cimentées dans un mur dit «du souvenir». Chaque pierre, chaque brique suinte le passé. Un dîner à l'hôtel-restaurant Klezmer-Hois est une expérience en soi. Sis dans un ancien bain rituel (mikveh), le restaurant est la reconstitution d'un appartement des années 1930. Vous avez le choix: le salon de thé ou la salle à manger. Sur les murs, des portraits d'ancêtres; sur les tables, des bougies et des lampes d'époque qui mettent en valeur l'âge des nappes de dentelle. Le soir, dans la salle à manger, on y joue de la musique klezmer typique de l'entre-deux-guerres. Le canard à l'orange est tout simplement divin! La fraîcheur automnale de novembre apparaît comme un bon prétexte pour découvrir les bistros. La place du Grand Marché (Rynek Glowny) et les rues adjacentes de la vieille ville comptent des dizaines de cafés. Allez donc savoir pourquoi le chocolat chaud, le thé brûlant et la vodka glacée ont meilleur goût dégustés dans un donjon, une cave, une grotte ou une caverne éclairés à la bougie! Petit conseil: le café Jama Michalika, au 45 de la rue Florianska. L'élite artistique du début du XXe siècle avait l'habitude de s'y réunir. Verrières, vitraux art déco, murs tapissés de caricatures et de peintures décadentes... L'ambiance y est intimiste et le sernik (gâteau au fromage) pas mauvais du tout. Mille et une choses encore... Une randonnée de quatre kilomètres dans le parc Planty, un espace vert aménagé à la place des remparts et des fossés qui entouraient la vieille ville, est idéale pour mieux comprendre la topographie de Cracovie et découvrir les monuments et les fortifications médiévales; une virée au Collegium Maius, le coeur historique de l'université Jagiellonski, où Nicolas Copernic et le pape Jean-Paul II ont été étudiants; un saut au musée Czartoryski pour aller admirer la Dame à l'hermine de Léonard de Vinci. Bref, toute une vie ne suffit pas pour découvrir les joyaux de cette ville millénaire, sans compter que la cité éternelle est la porte d'entrée d'une douzaine d'escapades, chacune avec sa propre histoire. Notons par exemple les mines de sel de Wielicka, également inscrites en 1978 au Patrimoine mondial de l'UNESCO, à dix kilomètres au sud-est de Cracovie: 300 kilomètres de galeries sur neuf niveaux, d'une profondeur de 327 mètres. Ou encore le camp de concentration d'Auschwitz, qui ne laisse personne indifférent. En vrac - Je recommande l'hôtel Pod Roza pour qui veut vivre l'ambiance d'un hôtel de charme dans le centre-ville historique. Les seuls bruits que l'on entend de sa chambre sont ceux des pas des piétons sur la dalle et du trompettiste du haut de sa tour de guet. Le petit-déjeuner est copieux et digne d'une table de rois... polonais. (011-48 12) 424-33-00, www.hotel.com.pl. - Trois restos: restaurant Wierzynek, sur la place centrale. Le premier repas y a été servi en 1364 à l'occasion d'une conférence au sommet des monarques invités par Casimir le Grand; toujours dans la vieille ville, le restaurant Pod Aniolami, sur la rue Grodzka, qui mène de la place centrale au château Wawel. Un dédale de petites caves transformées en une ferme reconstituant l'art de vivre campagnard, ce resto rend bien hommage à la cuisine du terroir polonais; dans le quartier Kazimierz, le restaurant Klezmer-Hois pour l'ambiance de vieille carte postale d'avant-guerre, pour la musique klezmer et pour la carte d'inspiration juive. *** Renseignements - Consulat polonais, 1500, av. des Pins Ouest, Montréal. (514) 937-9481. - www.pologne.gov.pl - www.krakow.pl - www.visite-cracovie.com

  • Camper sous les étoiles

    Autocaravane de classe A, B ou C, caravane à sellette, caravane classique, tente-caravane, caravane portée, accessoires sophistiqués, terrains de camping étoilés... Changements de fond dans les habitudes des campeurs. Ils seraient très nombreux de nos jours à choisir un véhicule récréatif plutôt qu'une tente. Et à fréquenter les terrains étoilés aux allures de club Med. Le «caravaning» ne s'adresse plus qu'aux retraités, les jeunes familles s'y intéressent aussi. Et de plus en plus. Petit aperçu d'une activité en ébullition au Québec. Compton, Qué. - La pluie ruisselle le long des vitres des caravanes et des parois en polyester des quelques tentes plantées sur le terrain. Côté météo, c'est un modeste départ pour les campeurs depuis la fin des classes. «C'est dommage qu'il pleuve, car la vue est spectaculaire par beau temps», s'excuse Aimé Mélix, le propriétaire du terrain Camping de Compton, comme s'il était responsable du mauvais temps qui s'acharne sur le Québec. Quarante-cinq kilomètres de campagne bucolique et le mont Orford en arrière-plan. «Imaginez un peu le coucher du soleil.» L'homme, un Français originaire de Puissalicon, village du sud de la France, «pas trop loin de Pézenas, la ville de Molière», dit-il fièrement, bichonne son terrain depuis le 1er janvier 2000. «Avant d'acquérir ce terrain, ma femme et moi n'avions jamais fait de camping, raconte Aimé. J'ai rencontré Marie-Claude, une Sherbrookoise à l'emploi de l'Agence canadienne de développement international, au Bénin. J'ai travaillé en Afrique 25 ans avant de venir ici.» Propriétaires accueillants, intentionnés et cultivés. Accueil impeccable, beau décor. Haie de cèdres posée sur mur de rocaille et magnifiques rosiers rustiques autour de deux piscines, dont l'une est chauffée. Toilettes et douches rutilantes de propreté. Buanderie avec vue. Terrains de soccer, de basketball, de volleyball, de golf. Spa. Un parc pour enfants monté sur du paillis de cèdre. Des jeux d'eau. Un sentier de randonnée. Des arbres, des fleurs, parfois un nain de jardin. Un beau pavillon de jardin en bois de la région. Jusqu'à l'aménagement topographique qui a été pensé en fonction du visiteur: le site étant construit en paliers, aucune caravane n'obstrue la vue aux autres. Cinq étoiles! Mais non! Bien que Camping de Compton ait remporté une quinzaine de prix d'excellence depuis 2001 — il a entre autres été «lauréat régional des Grands Prix du Tourisme québécois 2009» —, le terrain de 290 emplacements est coté quatre étoiles par le Conseil de développement du camping au Québec (CDCQ). Autrefois fait sur une base volontaire, ce programme de classification est dorénavant obligatoire selon la Loi sur les établissements d'hébergement touristique. «Un système qui rassure les usagers et les aide à faire un choix éclairé», affirme Aimé. «La cinquième étoile n'est pas facile à obtenir, soutient Daniel Leduc, propriétaire du camping quatre étoiles La Clé des champs, situé à Saint-Philippe, en Montérégie, à 20 minutes du centre-ville de Montréal. Les étoiles, c'est avant tout un système de pointage quantitatif. On mesure la nature et la qualité des infrastructures ainsi que l'offre des services complémentaires.» Comme un restaurant sur le terrain, par exemple. «Ce que je ne souhaite pas avoir, déclare Aimé. Nous sommes adossés au charmant village de Compton, reconnu pour son dynamisme dans le domaine de l'agrotourisme. Il y a de très bonnes tables d'hôte, des boulangeries bio, des cafés. Je préfère travailler en complémentarité avec les gens de la vallée de Coaticook.» Pas non plus de gros dépanneur, puisqu'il y a un supermarché et un boucher dans le village de Compton. Et pas de station de propane non plus sur le terrain. Un camion livre le précieux combustible. Adieu la cinquième étoile. En revanche, Daniel et Carole Leduc souhaitent de tout coeur l'obtenir d'ici peu. Eux non plus n'ont pas de restaurant sur leur terrain. «Hot-dogs et patates frites, ce n'est pas le truc de mes caravaniers, qui soignent leur santé.» Une cuisine moderne et équipée est mise à leur disposition dans le chic Club House de la place, qui peut accueillir jusqu'à 300 personnes et offre une vue sur d'immenses champs de soya. Le couple a investi 1,5 million de dollars en rénovation depuis un an et demi. Salle de bains en céramique, bibliothèque avec ordinateur, piscine. Et une panoplie d'activités. Devenir un cinq étoiles, c'est une affaire! «Il y a autant de genres de camping qu'il y a de styles de gens, dit Martial Rivest, ex-propriétaire de terrain de camping et ex-conseiller auprès de Camping Québec. Le cinq étoiles n'est pas un gage de bonheur pour tous.» Infrastructures impeccables et large éventail d'activités et de services, oui, mais à quel prix! D'ailleurs, au Québec, la bénédiction suprême n'a été accordée à date qu'à huit terrains, soit 1 % des établissements sur les 822 campings classés. C'est le bouche à oreille qui fait la renommée du Camping du pont couvert, une entreprise familiale située à Milby, dans les Cantons-de-l'Est. Un deux étoiles, clés en main. Dans ce charmant camping, on n'a pas à ressortir son porte-monnaie sur place. Les douches et les toilettes sont gratuites, comme chez Aimé et chez Daniel. Mais ce n'est pas toujours le cas. Bernard Houle campe en famille depuis 30 ans. «Notre terrain est le résultat de tout ce que l'on n'a pas aimé quand on était campeurs», dit-il. Donc, pas de chaîne stéréo ou de haut-parleurs qui annoncent les activités à venir, pas de routes asphaltées, ni de publicité moralisatrice ou autre. «Je n'ai pas à rappeler à mes clients de ne pas se promener avec des bouteilles en verre sur le site, ils le savent. Je ne couperai pas non plus mes beaux pins centenaires, au risque de perdre les quelques caravaniers qui craignent la sève sur leur véhicule ou le frottement des branches. Je préfère rediriger ces campeurs vers des terrains qui conviendront mieux à leur personnalité.» «L'accueil, la beauté de la nature, la rivière qui nous entoure, les sentiers pédestres, la petite ferme, les chevaux dans le champ... tout ça n'apporte pas beaucoup de points, au moment de la classification, qui se fait tous les deux ans. Mais tous les campeurs ne sont pas à la recherche du club Med», note Bernard Houle. Pour le Franco-Ontarien de Cornwall qui a fait ses études à l'Université de Sherbrooke, un terrain de camping est avant tout un lieu qui facilite un programme de vacances et d'exploration. «Si j'ai tout sur le terrain, mes campeurs ne sortiront pas d'ici.» La grande majorité des terrains de camping accueille aussi bien les campeurs saisonniers que les nomades. Certains propriétaires n'acceptent pas les campeurs sous la tente, les clôtures et les aménagements paysagers kitsch; d'autres, les véhicules récréatifs vieux de plus de dix ans. Une règle qui s'applique aux saisonniers, ces caravaniers qui s'installent sur le terrain pour l'été. Chacun des exploitants impose ses propres règlements. «Quel site, lance Kathleen, une campeuse nomade de Sherbrooke qui, avec son mari et ses enfants, fréquente le Camping de Compton les week-end. Je ne savais pas qu'il y avait un si joli camping près de chez nous. J'aime l'idée d'aller chercher à pied mon pain le matin et que la piscine soit fermée aux enfants durant les heures de repas. J'en ai quatre, ça nous facilite la vie.» «Nous avons déjà été des campeurs nomades», raconte Isabelle Myre, de Brossard, qui avec son mari Martin et sa petite fille Laurie a installé sa caravane à sellette, une Sunset Trail de 30 pieds, chez Aimé et Marie-Claude. Des terrains, ils en ont vu de tous les genres et c'est celui-là qu'ils ont adopté l'année dernière. Professeurs tous les deux, ils ont l'été devant eux. Et ils ne bougeront pas de là. On aime l'ambiance ici et l'on se repose plus en restant sur place. Et qu'adviendra-t-il de leur caravane cet hiver? Eh bien, elle restera entreposée là, jusqu'à l'été suivant. Un privilège pour les clients. Alors que les retraités partiront, telles des oies, vers le Sud. Des préjugés à l'égard de ce mode de vie grégaire? Il y en a beaucoup. «C'est quétaine, c'est pas du camping...» Certes, la vie dans un véhicule récréatif ne s'apparente guère à la vie sous la tente. C'est beaucoup plus confortable. Mais le plaisir d'être dans la nature est le même. On vit dehors. Et c'est plus écologique qu'une grande maison pour qui y vit à temps plein. «Avec le temps, dit Bernard Houle, j'ai réalisé que c'est dans la philosophie de vie que l'on retrouve le vrai campeur et non pas dans le véhicule. En tout cas, sur un terrain de camping, on s'entraide.» En vrac L'Association des terrains de camping du Québec (Camping Québec) représente les exploitants de terrains de camping de la province. Camping Québec a pour mission de promouvoir et de favoriser la croissance et le développement de l'industrie du camping de même que la pratique de cette activité chez nous. Elle offre à ses membres des activités de formation, organise des colloques... www.campingquébec.com La Fédération québécoise de camping et de caravaning (FQCC) défend, depuis 1967, année de sa création, les intérêts des campeurs. Organisme sans but lucratif, elle représente le plus grand regroupement de campeurs et de caravaniers au Québec et au Canada, avec actuellement plus de 45 000 familles membres en provenance de tous les coins de la province. On y obtient, entre autres choses, de l'information pour planifier ses vacances en camping et voyager en sécurité. Une agence de voyages est à la disposition des campeurs. www.fqcc. Le Conseil de développement du camping au Québec (CDCQ) conçoit et offre divers programmes, activités ou services de promotion qui concernent à la fois les membres de Camping Québec et ceux de la FQCC. Le CDCQ agit comme maître d'oeuvre du programme de classification de camping du Québec. Il réalise et distribue le Guide du camping au Québec, un répertoire des terrains de camping, et gère le site Web de Camping Québec. www.campingquebec.com/cdcq/cdcq.shtml La Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) compte actuellement 22 parcs nationaux, 15 réserves fauniques et neuf centres touristiques. On peut y louer un chalet, un camp rustique, un refuge, une yourte, et tenter l'expérience du nouveau concept de «prêt à camper» en tente Huttopia. www.sepaq.com et www.huttopia.com Pour information sur l'industrie du véhicule récréatif (VR en Amérique): www.gorving.com.

  • Du musée au yoga à la galerie d'art

    Voici un aéroport qui a le souci de vouloir « instruire » les voyageurs en attente d’un vol. Unique en son genre aux États-Unis, l’aéroport international de San Francisco (SFO) dispose dans son enceinte d’une importante zone muséale, le SMO Museum, reconnue officiellement par l’American Association of Museum, qui propose des expositions dans ses quatre terminaux. Article publié dans le Devoir du 30 mars 2013 Le passager en transit pour une durée supérieure à deux heures et qui a des fourmis dans les jambes peut donc visiter les nombreuses galeries d’art réparties dans les salles d’attente, les espaces commerciaux et les couloirs de l’ensemble des terminaux de l’établissement. Sans compter la soixantaine d’oeuvres d’art, peintures, gravures et sculptures à l’architecture parfois audacieuse qui en ornent les murs et les plafonds. L’église de style baroque bâtie entre 1690 et 1710 fut dédiée à saint Antoine, protecteur des mineurs de fond et des objets perdus. La chapelle Saint-Antoine, à 63,8 mètres de profondeur, est le plus ancien sanctuaire souterrain protégé de Wieliczka. On y célébra la première messe en 1698. Le Musée Louis-A.-Turpen Situé dans l’aire internationale, le Musée Louis-A.-Turpen, consacré à l’histoire de l’aviation, mérite la visite. Comme la bibliothèque de la Commission de l’aviation qui met quelque 6000 ouvrages à la disposition des voyageurs. Créée à partir de la salle d’attente de l’aéroport datant de 1937, les architectes y ont intégré des éléments rappelant le bâtiment original : arcades, plancher de marbre et médaillons en fer sculpté parent l’escalier et les balcons. Conçu dans le respect de l’environnement, le terminal 2 est le premier, aux États-Unis, à avoir obtenu la certification LEED OR (Leadership in Energy and Environmental Design), un programme qui encourage la construction de bâtiments de haute qualité environnementale. Dans la zone de détente Recompose, située juste après le contrôle des bagages du terminal 2, on retrouve un spa et une salle de yoga au design inspiré des jardins zen japonais. Aussi, des installations d’artistes locaux rythment l’espace. Et dans ce terminal, on mange local. Une panoplie d’activités permet d’occuper les enfants en transit : aires de jeux interactifs, trois aquariums, expositions, location de films et de lecteurs DVD portables. On peut même s’adonner, muni d’un plan, à des autotours d’une trentaine de minutes alliant la visite d’un terminal et un jeu-questionnaire pour mieux comprendre le monde de l’aviation. Une promenade à bord de l’AirTrain est une expérience en soi. En service 24 heures par jour, ce train qui transporte les passagers entre les terminaux offre une belle vue sur les pistes. Cet aéroport est situé à 22 kilomètres du centre-ville de San Francisco. Son terminal international est le plus gros édifice au monde construit sur une structure spécialement conçue pour résister aux tremblements de terre. Le site Internet du SFO, efficace et instructif, est un réel plaisir à consulter : flysfo.com/web/page/index.jsp. Trafic passagers : 44,5 millions par année.

  • Parc national de la Gaspésie -Du zen à l' extrême dans les monts McGerrigle

    Après avoir été jadis fréquenté pour sa mine de cuivre, le secteur Mines-Madeleine, dans les monts McGerrigle, s'affiche aujourd'hui comme l'un des plus beaux domaines skiables hors piste au Québec. Le site est idéal pour qui veut découvrir la haute montagne, que ce soit à skis ou en raquettes. À une demi-heure en motoneige-berlot et en chenillette (catski) du Gîte du Mont-Albert. Trois journées dans la neige, trois journées de bonheur. Sainte-Anne-des-Monts — Après 30 minutes d'ascension en motoneige depuis le Centre de découverte et de services du secteur du Mont-Albert, nous rejoignons en catski le sommet du petit mont Sainte-Anne, à 1147 mètres d'altitude. Il neigeote sur le plateau du secteur Mines-Madeleine. Tout est blanc. Où est la terre, où est le ciel? Difficile, dans ce désert monochrome couvert de 2,5 mètres de neige, de distinguer le zénith du relief. Une éclaircie rapide permet d'entrevoir le sommet du mont Jacques-Cartier. Nous chaussons nos raquettes. Nous sommes aux monts McGerrigle, dans le parc de la Gaspésie, au paradis de la poudreuse et des beaux paysages en hauteur. Une montagne accessible à tous, selon ses ambitions: on peut aussi bien éprouver le vide sur une falaise enneigée en planche à neige ou en skis de haute route ou nordique, passer une nuit en refuge rustique, se promener en raquettes à 1000 mètres d'altitude ou en ski de randonnée, calmement, autour du sélect Gîte du Mont-Albert. Rencontre au sommet Au pinacle, Virginie Morissette, guide pour l'entreprise Ski Chic-Chocs, nous distribue un Détecteur victime d'avalanche (DVA) que nous enfilons sous nos manteaux. «Bien que nous évoluerons sur de hauts plateaux sans dénivelé sérieux, nous ne prenons pas de chances, dit-elle. Skieurs comme raquetteurs doivent porter l'appareil émetteur. Difficile d'imaginer qu'il puisse y avoir des avalanches au Québec.On les associe plutôt aux Alpes et aux Rocheuses. Pourtant, comme le signalait ce matin-là Dominique Boucher, directeur général du Centre d'avalanche de la Haute-Gaspésie, elles auraient fait, depuis 1825, plus de 70 morts dans la province, dont une vingtaine en pratiquant un sport d'hiver en montagne. Aussi est-il fortement recommandé, dans le parc de la Gaspésie, de ne s'aventurer sur les hauts plateaux du massif des Chic-Chocs et des monts McGerrigle que si l'on connaît bien le terrain et les risques associés au ski de haute montagne. Et de consulter le bulletin de neige et de météo du site Web du Centre d'avalanche avant le départ. On ne rigole pas avec les avalanches! Virginie Morissette connaît par coeur les chemins qui sillonnent les étendues de neige de du secteur Mines-Madeleine. Un paysage de toundra fabuleux dont seule la cime des épinettes émerge de l'épais couvert de neige formant un sanctuaire de colossales momies aux formes étranges. La hauteur de ces fantômes, qui en fait ne constituent que le faîte de l'arbre, en dit long sur la grandeur réelle de ces épinettes. Parfois, notre guide époussette une branche d'arbre, puis une autre. Apparaissent alors des rubans orange. Voilà donc les balises! Fallait le savoir. Des traces de caribou nous rappellent que nous sommes dans leur refuge. Ici vit la dernière horde de caribous au sud du fleuve Saint-Laurent. Ils sont en danger. De 700 à 1500 têtes au début des années 1950, le parc n'en compte plus qu'environ 150, qui évoluent en trois groupes distincts répartis dans les secteurs des monts Jacques-Cartier, Albert et Logan. «Attention aux trappes à neige en vous approchant des épinettes, prévient la naturaliste. Parfois, des poches d'air se forment autour des arbres et sous l'effet de notre poids le couvert de neige peut lâcher. On peut enfoncer jusqu'au cou. Une fois piégé, il est épuisant d'en sortir.» Nul doute que la présence d'un guide est appréciée lors d'une première visite au sommet. Hors piste Pendant qu'une partie de notre petite bande s'adonne à la randonnée à raquettes de neige au sommet, l'autre partie, les plus téméraires, goûte au ski hors piste avec remontées en catski dans l'arrière-pays. Avis aux intéressés: ne pas surestimer vos talents de skieurs sur neige damée et travaillée mécaniquement. Comme le note si bien Roger Laroche, sur son site Web Carnet de ski, «la neige est si abondante qu'il est impossible de prendre appui avec les bâtons en cas de chute. Ma première descente aura constitué une leçon d'humilité.» Puis, il y a les arbres à contourner. Et les dénivelés qui oscillent entre 350 et 500 mètres. Heureusement, chaque descente est encadrée par un ouvreur de piste qui vérifie la sécurité du terrain et encourage les participants qui en sont à leur première expérience dans la poudreuse. Ski Chic-Chocs, lancé en 2009 par le guide de haute montagne Stéphane Gagnon, est la seule entreprise dans le parc national de la Gaspésie à bénéficier d'un permis de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), permettant d'offrir aux skieurs hors piste et aux amateurs de raquettes à neige une remontée mécanisée dans le secteur Mines-Madeleine. Donc, pas de gondoles ou de tire-fesses autres que la présence de la chenillette sur les monts McGerrigle. Partis le matin vers 10h du Centre de découverte et de services, nous sommes revenus vers 16h, enthousiasmés. L'image forte qui reste de cette expédition en montagne gaspésienne, c'est le paysage. Sauvage et grandiose. Demain, une tout autre journée s'annonce. Moins extrême, celle-là. Voire plutôt zen puisque nous participerons à une randonnée yoga de deux heures sur les sentiers autour du Gîte du Mont-Albert. Une journée qui se terminera par un massage thaï. Il en faut pour tous les goûts. *** En vrac - L'entreprise Ski Chic-Chocs offre la location de skis de poudreuse avec peaux d'ascension pour 50 $ par jour. - L'excursion avec Ski Chic-Chocs se fait au départ du Centre de découverte et de services, situé à quelque 200 mètres du Gîte du Mont-Albert. L'Exclusif comprend une pleine journée de ski avec remontée à chenillette, le service de guides qualifiés, les équipements de sécurité en avalanche ainsi que le lunch. La journée revient à 349 $. Quant à la randonnée alpine à raquettes d'une journée au sommet des montagnes, avec transport en chenillette et guide interprète, elle coûte 85 $. - Le Gîte du Mont Albert, classé quatre étoiles, propose 60 chambres dont 48 à l'auberge, puis 10 chambres et 2 suites au pavillon Le Caribou. Depuis 1953, la réputation culinaire du gîte n'est plus à faire. Elle est aujourd'hui assurée par le chef Yvano Tremblay qui, depuis une trentaine d'années, perpétue la tradition d'Euclide Bertrand de n'utiliser que des produits de la région. À savourer: le café flambé Le Chaleureux, mélange de café bien chaud, de cognac, de crème de menthe blanche et de crème de cacao, une création du barman Jérémie. - À expérimenter: la randonnée yoga de deux heures à pied, en raquettes ou en skis de randonnée sur le Sentier de la Lucarne, à proximité du Gîte du Mont-Albert, avec la petite entreprise Ékilibre, dont les pénates sont face au gîte. Vous pratiquerez la respiration du bûcheron, la position de la montagne qui est exécutée face au Mont-Albert, la position de l'arbre pratiquée sous un merisier, du soleil et de la lune au sommet d'un observatoire, du poisson près de la chute Sainte-Anne, le tout se terminant sur une méditation face à la rivière Saint-Anne. Les enfants sont les bienvenus...

  • Belgique - Rouler sa bosse en région wallonne et bruxelloise

    Sur le chemin des «plus beaux villages de Wallonie» et au coeur de la région bruxelloise, enfourchez votre vélo et partez à la découverte de recoins de Belgique insoupçonnés. Une façon active d'explorer à fond un petit pays qui en a long à raconter. Mecque de la bande dessinée, de la dentelle, du chocolat, de la frite et de la bière, la Belgique ne se limite ni à sa capitale, ni à ses stations balnéaires sur la mer du Nord. Il y a bien plus. Vierves-sur-Viroin — Sous un ciel couvert, nous roulons bon train en direction de Matagne-la-Petite. C'est dimanche, il n'y a pas âme qui vive dans les champs. Les quelques rares voitures rencontrées sur la route nous contournent. Juste heureux, nous sommes emportés par le silence et la beauté de la campagne wallonne. Loin de nous l'idée d'une crevaison. À la vue du pneu arrière à plat, on se regarde d'un air hébété. Bien que l'aventure ne vienne pas avec une garantie, le moment est bien mal choisi! Au sein de notre groupe de six, aucun ne sait vraiment réparer une crevaison. Que fait-on maintenant? Nous avons une chambre à air de rechange, de la colle, une rustine, mais pas d'outils ni de savoir-faire. L'entreprise de location ne répond pas et nous n'avons aucune idée de la distance qui nous sépare du prochain village. Il nous a fallu marcher pendant 30 minutes pour atteindre Matagne-la-Petite. Tout ce qu'on sait de ce village, c'est qu'il est situé à deux kilomètres de Matagne-la-Grande, à cinq kilomètres de Villers-en-Fagne et à neuf kilomètres de Roly. Qu'en ce dimanche gris de mai, ses habitants semblent vivre au rythme des parties de couillon au café du coin et qu'aucun d'entre eux n'a l'intention d'interrompre sa partie de cartes pour venir en aide à des cyclistes québécois paumés en matière de pneu crevé. Par chance, il y a Marylène dans son jardin pour nous épauler. On ne pouvait mieux tomber, car Marylène est la mère de Paul, un garagiste. Coup de fil à son fils qui habite à côté, et en un tour de main, le pneu est réparé. Et Paul ne veut pas d'argent pour le service rendu. La Wallonie, qui autrefois vivait de ses mines, foisonne de gens fiers et drôles et de petits villages charmants qui se parent de leurs plus beaux atours pour accueillir le visiteur curieux. La Wallonie est l'une des trois régions constituant l'État fédéral belge. La région englobe les provinces du Hainaut, de Namur, de Liège, de Luxembourg et du Brabant. On y parle bien sûr le français ainsi que l'allemand, et parfois même le picard, le gaumais et le champenois. On reprend la route en direction de Fagnolles, Dourbes et Vierves-sur-Viroin. Descentes et montées s'y succèdent sans laisser trop de répits; quelques montées sont carrément pénibles. On les parcourt aux trois quarts à vélo, on les finit à pied. Comm pour les montées interminables sur la route 55, en bordure du Saint-Maurice, entre La Tuque et Shawinigan, il faut un bon vélo! Et dire qu'on pensait rouler en terrain plat! La province de Namur n'a rien à voir avec la chanson de Jacques Brel, Le Plat Pays, qui parle «de cathédrales pour uniques montagnes et de noirs clochers comme mâts de Cocagne». Va pour la côte flamande et Bruxelles-capitale, mais pas pour la Wallonie. Et il paraît que plus on descend vers les Ardennes, pire c'est! Surtout du côté du Parc naturel des Hautes-Fagnes, sur les flancs du Signal de Botrange, point culminant du pays à 694 mètres, où les montées sont de redoutables mises en jambes. Vierves-sur Viroin n'échappe pas à la règle du relief accidenté. L'un des 22 «plus beaux villages de Wallonie» — label fondé en 1994 qui reconnaît le patrimoine, le caractère unique et l'authenticité d'un village wallon — niche dans le Parc naturel Viroin-Hermeton, à flanc de coteau. C'est Marcel Gillard, guide-nature, qui nous initie aux rues et ruelles escarpées du hameau datant du XIXe siècle, avec ses quelques maisons dont la plus ancienne remonte au XVIIe siècle. «L'ancien presbytère abrite le Centre Marie-Victorin, un centre d'étude, de recherche et d'éducation pour la conservation de la nature dédié à votre savant botaniste québécois, explique fièrement Marcel Gillard. Lors d'un voyage à Montréal, en 1954, le fondateur du centre et président actuel, Léon Woué, s'est inspiré de l'un des nombreux Cercles de jeunes naturalistes fondés par Marie-Victorin et Adrien Rivard depuis 1931, pour créer les Cercles des naturalistes de Belgique. On y organise des cours de guides-nature, des classes nature, des stages d'éducation à l'écologie et à la protection de l'environnement, des séminaires...» En Wallonie, le cycliste a l'embarras du choix, mais l'itinéraire de trois jours conçu par le programme L'Échappée Belle dans la région des Vallées des Eaux Vives, au sud-ouest de la province de Namur, constitue un incontournable. Le circuit, fignolé sur mesure, traverse trois des plus beaux villages de Wallonie: Fagnolle, Soulme et Vierves-sur-Viroin. Le parcours évite les axes routiers importants au profit de chemins de campagne. Un voyage qui passe par ses gîtes. On y découvre à quel point la Wallonie est riche de traditions. Bruxelles en selle À l'heure des soucis de circulation et autres tracas de mobilité reliés à l'environnement, le vélo est un moyen efficace d'explorer Bruxelles. Parmi les prestataires de services qui offrent des tours guidés, Pro Vélo propose plus d'une trentaine de circuits d'au moins trois heures: Bruxelles des Amoureux, Cafés et bande dessinée, Les francs-maçons à Bruxelles, Moambre et thé à la menthe, Bruxelles la nuit, Bruxelles insolite et secret, Bières et brasseries, Fontaines et sculptures... Le rassemblement pour le départ a lieu à la Maison des cyclistes, rue de Londres 15. La consigne de Cécile Dubois, notre guide, est claire: rouler deux par deux, pas trop près des voitures, se méfier des tramways et des rails, respecter les règles de sécurité. On enfourche nos hybrides et on ajuste la selle. Ici, pas nécessaire de porter un casque. «Les voitures ont moins tendance à nous coller si l'on n'en porte pas», assure Cécile Dubois. Pro Velo initie, organise, encadre et perfectionne. Le but ultime: accroître le nombre de cyclistes dans les rues et sensibiliser les automobilistes au respect des «plus faibles». Des cours sont disponibles dans les écoles pour les enfants âgés de six à douze ans, dans les parcs pour les débutants jeunes et moins jeunes et pour les femmes qui souhaitent profiter des avantages de la bicyclette comme outil d'émancipation et de liberté, entre autres les femmes de certaines communautés arabes qui souhaitent se déplacer à vélo en ville. Du parc de Bruxelles, l'itinéraire «Architecture (Art nouveau) et espaces verts» rejoint la commune de Schaerbeek, située à mi-chemin entre les centres internationaux de l'OTAN et de l'Union européenne, la maison Autrique, l'avenue Louis-Bertrand, les parcs Josaphat et du Cinquantenaire, le quartier des squares et le parc Léopold. Bien que l'on éprouve toujours du plaisir à revoir les monuments classiques qui font de Bruxelles la ville qu'elle est, loin de nous la Grand-Place, le Manneken Pis, les galeries Saint-Hubert, la cathédrale Saint-Michel. Ce qui ne nous empêche pas de déguster une kriek dans un estaminet typique, une frite mayonnaise dans un friktot ou une gaufre au chocolat. À proximité du complexe de l'Union européenne, le pouls du quartier de Matonge bat à un autre rythme. Il est le point de chute des migrants venus d'Afrique, en particulier du Congo. Le quartier se situe entre la chaussée du Wavre et les rues d'Édimbourg et de Dublin. Matonge doit son nom au quartier commerçant de Kinshasa, qui porte le même nom. Nous roulons au beau milieu de la chaussée, sûrement pour éviter de nous prendre une portière d'automobile dans le front. Notre guide fonce à toute allure dans le trafic; pas facile de la suivre. Mais pour le moment, les voitures ne s'en formalisent pas trop. De toute façon, elles devront patienter et faire attention. C'est ainsi à Bruxelles. Le cycliste doit s'imposer. À la sortie du très beau jardin d'Egmont, nous empruntons le passage Marguerite-Yourcenar. On peut y lire, gravées dans la pierre de France, 14 citations tirées de son roman L'Îuvre au noir, paru en 1968, qui lui a valu le prix Femina. L'écrivaine, poète, traductrice, essayiste et critique a vu le jour rue Louise, à Bruxelles, le 8 juin 1903. Rue des Quatre-Bras, parc du Petit-Sablon, place Royale... Puis on lunche au Pain Quotidien, rue de Tongres. Alain Courmont, chef dans un restaurant prestigieux de Bruxelles, n'arrivait pas à fournir à sa clientèle du pain de qualité. Il a donc décidé de le fabriquer lui-même. Sa recette est simple: de l'eau, de la farine, du sel. En 1990, il ouvre à Bruxelles le premier Pain Quotidien. En 1993, il y a 16 franchisés en Europe. Il faut attendre l'année suivante pour que le concept traverse l'océan et s'installe au coeur de la ville de New York. La table commune est le point central de ce restaurant au pain de farine biologique. Philippe Gérard, guide de vélooccasionnel, remplace Cécile qui doit nous quitter. Féru d'histoire, l'artiste plasticien a la jasette facile. Cet après-midi, dans sa commune de Saint-Gilles, se déroule un parcours d'artistes dont les oeuvres sont exposées dans plus de 300 maisons du quartier. Il faut préciser que la Belgique est championne, et ce, aux quatre coins du pays, en matière de circuits touristiques de tous genres. Philippe a prêté sa maison pour les besoins de la cause. «Il faut encourager les artistes», dit-il en enfourchant son vélo, direction parc du Cinquantenaire, puis Maison Autrique, premier hôtel construit par Victor Horta, architecte et novateur de l'Art nouveau. Terminus de ce circuit vélo de 15 kilomètres. En vrac Air France assure la liaison en avion jusqu'à Paris et en train à grande vitesse (TGV) de Paris à Bruxelles (90 minutes). La gare d'embarquement ferroviaire se situe à l'aéroport Charles-de-Gaulles. Aussi simple qu'un transfert en avion. www.airfrance.fr. La Maison des Cyclistes-Pro Velo Bruxelles: % 02.502.73.55, www.provelo.org. Un circuit en Union européenne (rue de la Loi et rond-point Schuman) permet de mieux comprendre le rôle des institutions européennes: le Berlaymont, la Résidence Palace, le Conseil de l'Union européenne (bâtiment Le Juste Lipse), la place Jean-Rey, le Comité des Régions, le Parlement européen, ou Caprice des Dieux, ainsi surnommé à cause de sa forme). Pour une nuit royale, le Château de Tromcourt, une ancienne ferme-château du XVIIe siècle, est un bon choix. La propriété de charme est située à Couvin, dans une région boisée. % 060.31.18.70, www.tromcourt.com. À Couvin, le restaurant Nulle Part Ailleurs est une bonne adresse. Toute la Wallonie y est présentée à table. L'escabèche a valu au chef Frédéric Corman un coq de cristal. % 060.34.52.84, www.nulle-part-ailleurs.be. Programme l'Échappée Belle: location de vélos, balade combinée à une ou plusieurs visites des plus beaux villages de Wallonie, dont Vierves-sur-Viroin. www.valleesdeseauxvives.be. Restaurant Le Petit Mesnil à Vierves-sur-Viroin: www.lepetitmesnil.be. Chambres d'hôte fort sympathiques à l'Aubergesves, à Gesves: www.aubergesves.be.

  • Taiwan - Entrée en douceur dans le monde chinois

    Lorsque Tchang Kaï-chek prend le contrôle de Taiwan en 1949, l'île porte le nom de Formose, du mot formosa qui signifie «magnifique». Telle est l'appellation donnée au XVIe siècle par des navigateurs portugais éblouis par cette montagne verte qui surgit de la mer. Bien que les sites naturels soient restés intacts depuis, l'île, mieux connue pour son industrie bas de gamme made in Taiwan que pour sa montagne, ses plages, sa jungle, ses bains thermaux, ses plantations de thé, ses 16 000 temples, ne fait pas partie des destinations touristiques des Occidentaux. Pourtant, jolie et accueillante, à la fois ancienne et moderne, l'île de Taiwan se révèle une porte d'entrée en douceur dans le monde chinois. Taipei — Je n'aurais peut-être jamais envisagé de passer trois semaines à Taiwan si ma fille de 24 ans, qui enseigne l'anglais dans une école de Shanghaï, ne m'en avait pas fait la proposition en août dernier, alors qu'elle faisait une virée en Asie durant ses vacances d'été. Avec ma fille à Taiwan! Pourquoi pas? Après tout, il faut savoir sauter sur les occasions quand elles passent. Nous convenons de nous rencontrer deux semaines plus tard à Taipei, et de là, nous organiserons ensemble notre périple autour de l'île. Je n'avais pas voyagé sac au dos, en auberge de jeunesse, en bus et en train, depuis des lunes, mais l'idée me plaît. «N'apporte pas trop de bagages, dit Stéphanie, on trouve tout là-bas. Et tu verras, les marchés de nuit sont fabuleux.» Grâce à son expérience acquise en Chine depuis six mois, j'ai vite appris à me sentir à l'aise sur cette île conviviale. À Taiwan, il suffit de sortir une carte touristique pour recevoir de l'aide. Les Taiwanais sont sensibles au fait que l'on visite leur pays. «C'est du bonbon par rapport à la Chine, explique Séphanie. Ici, les gens sont détendus, souriants, curieux et extrêmement accueillants. Sans compter que les prix sont fixes et les vendeurs, peu agaçants.» Dans l'avion, entre Vancouver et Taipei, mes voisins, un couple âgé qui habite Kaohshung, dans le sud de l'île, me souhaitent la bienvenue et me remercient de venir visiter Taiwan. Je réalise qu'il y a peu d'Occidentaux qui se rendent en République de Chine pour le simple plaisir de découvrir cette île d'une longueur de 394 kilomètres et d'une largeur maximale de 144 kilomètres, traversée du nord au sud par une imposante chaîne de montagnes de 270 kilomètres de long et de quelque 200 sommets atteignant plus de 3000 mètres. Le plus haut de la Cordillière centrale, la montagne Yushan, culmine à 3952 mètres. Taiwan se trouve à environ 130 kilomètres du continent chinois. «Si trouver son chemin dans Taipei est plus facile aujourd'hui qu'il y a dix ans», lit-on dans le guide Lonely Planet, il n'en demeure pas moins ardu de repérer la petite auberge paumée dans le chaos d'une capitale asiatique de trois millions d'habitants. Oui, la signalisation routière est en chinois et en anglais, mais les gens ne parlent pas toujours la langue de Skakespeare. Il est donc conseillé d'avoir l'adresse de son hôtel écrite en caractères chinois, que l'on aura trouvée sur Google Map, de façon à pouvoir montrer le bout de papier au chauffeur de taxi en arrivant à l'aéroport. Pour ces derniers, déchiffrer l'anglais, c'est du chinois! Un voyage à Taiwan commence presque toujours par sa capitale. Et une semaine, ce n'est pas trop pour visiter Taipei, quartier par quartier. L'imposant mémorial à la gloire de Tchang Kaï-chek, devenu en 2007 le Mémorial national de la démocratie de Taiwan, dans le quartier de Zhongzheng: son exposition pemanente retrace la vie et les réalisations du premier président de la République de Chine; le temple de Longshan, l'allée des serpents ou des herbes médicinales, dans le quartier de Wanhua, le plus vieux secteur de Taipei; la tour Taipei 101 et le mémorial du docteur Su Yat Sen, considéré par les Taiwanais comme le fondateur de la Chine moderne dans le quartier de Xinyi, centre névralgique des affaires à Taipei. Ou encore le Musée national du Palais, dans le quartier de Shihlin, qui abrite une collection remarquable d'objets de la Cité interdite de Pékin, accumulés au fil des siècles par les empereurs chinois. C'est Tchang Kaï-chek qui, au moment de la révolution chinoise, décide de faire venir quelque 650 000 pièces rares. Des oeuvres parfois d'une frappante modernité qui privilégient des lignes épurées, comme ce bol à thé de l'époque Song et Yuan (960-1368) en céramique noire, dont la grâce naturelle révèle le raffinement de la vie quotidienne de certaines dynasties. Taipei ne dort jamais. Vraiment jamais! Il y a foule dans les rues, le jour comme la nuit. Impossible de s'ennuyer, de déprimer ou de crever de faim dans cette ville aux larges avenues envahies de néons multicolores, de panneaux-réclame gigantesques, de restaurants, de bars branchés, de boutiques de vêtements et de marchés nocturnes. Ces derniers sont nombreux, sont partout et sont parfois impressionnants par leur grandeur, comme celui de Shihlin, qui abrite dans son immense bâtiment à étages au moins 380 boutiques d'alimentation. Spectaculaire! Une sorte de kermesse continue ou de fête gastronomique, que l'on retrouvera dans toutes les villes de l'île. Le métro de Taipei est une pure merveille. Il semble avoir été fait pour assurer un maximum de confort aux voyageurs. Les stations, spacieuses et lumineuses, disposent presque toutes d'arcades commerciales, de toilettes d'une propreté méticuleuse et d'espaces pour changer bébé. Certaines stations accueillent des kiosques d'information touristique, des oeuvres d'art, de belles plantes. Les informations sont affichées et diffusées en chinois et en anglais. Ses sept lignes permettent d'accéder aux différents quartiers de Taipei et à sa proche banlieue. Un thé à Taiwan L'omniprésence des montagnes frappe à Taiwan et Taipei n'échappe pas à la règle. En conséquence, dans un rayon de 60 minutes du brouhaha de la capitale en transport en commun, un tas d'attraits touristiques permettent de s'évader en nature et de vivre des expériences étonnantes sur les flancs de la fameuse Cordillière centrale. Comme par exemple la visite des plantations de thé de Mujha, dans la vallée de Maokong, au sud-est de Taipei. On accède aux différentes terrasses par un téléphérique qui parcourt quatre kilomètres en une quarantaine de minutes, le temps de jouir d'une vue saisissante sur les collines couvertes de thé, sur un temple taoïste et sur la capitale. Des chemins de randonnée traversent les plantations parsemées de maisons de thé traditionnelles. Taiwan produisait déjà du thé à la fin du XVIIe siècle, mais depuis la prise du pouvoir, en Chine continentale, par les communistes en 1949, les Taiwanais en ont diversifié et augmenté la production. Très fertile, l'île présente des conditions de culture idéales. Le Musée du thé dans le village de Pinglin, à une heure en bus au sud-est de Taipei, nous enseigne toute l'histoire de la théiculture en Chine. Les plantations de thé qui s'étendent autour de Pinglin fournissent un thé particulier, le paochong, d'un goût plus léger que son cousin, le oolong, au fumet plus fort. C'est avec l'aide précieuse d'une joyeuse bande de jeunes Taiwanais de l'agence de voyages Lion Travel, située à la gare de train (Taipei Main Station), que nous organisons notre périple des deux prochaines semaines sur l'île. «Welcome and thank you for visiting Taiwan», disent-ils en choeur. Avec leur soutien, nous choisissons et réservons tous les hébergements. Reste à coordonner le tout avec les horaires de train, de bus et de traversier. Pour faciliter la tâche du préposé à la billetterie, plus habitué à servir des Chinois et des Japonais que des Occidentaux, une employée du Visitor Information Center de la gare inscrit sur papier, en chinois, tous les horaires des moyens de transport pour les deux prochaines semaines. Le préposé sourit, il a tout compris! Après Taipei, nous voilà en route pour Chiayi, dans le centre-ouest de Taiwan. Le réseau ferré de l'île est étendu, efficace et bon marché. Ce premier tronçon de trois heures et demie en train rend compte de l'agriculture: rizières, champs de canne, melons, arachides, mangues, ananas, bananes et maïs. Chiayi abrite quelques temples, dont celui de Chenghuang, remarquable pour ses sculptures de démons, de mauvais génies et de dragons. La petite ville est le point de départ d'excursions dans le parc national d'Alishan. Pour se rendre en montagne, il faut emprunter le train, tant pour les paysages que pour la prouesse technique qu'a représentée sa construction. L'ascension de 72 kilomètres commence à 30 mètres au-dessus du niveau de la mer pour atteindre 2274 mètres en trois heures et demie. À 20 kilomètres à l'est de la ville d'Alishan, les promeneurs ont accès à des sentiers pédestres, dont le plus populaire, qui mène au sommet de la montagne de Jade, à 3952 mètres. De Chiayi, deux heures de train suffisent pour atteindre Kaohsiung, deuxième ville de Taiwan et plus grand port de l'île. Nous apprenons, lors de la visite du temple de Tianhou, sur la petite île de Cijin, face à la ville moderne, que Taiwan célèbre ses fantômes. Selon la tradition chinoise, le septième mois du calendrier lunaire, le mois d'août, donc, marque l'ouverture de la fête. Durant cette période, les esprits des morts retenus en enfer sont relâchés sur Terre. Pour honorer leur présence et nourrir les morts, on empile un tas de nourriture et de boissons diverses sur une table, on brûle de l'encens et de la fausse monnaie pour leur permettre d'acheter ce dont ils ont besoin dans l'au-delà. Les Taiwanais, bien que modernes, sont très attachés à leurs coutumes. Puis, escale dans le magnifique parc national de Kenting, à l'extrémité sud de l'île, avant de remonter la spectaculaire côte est via l'île Verte et ses fameuses sources chaudes de Jhaorih. Selon le Guide de voyage Taiwan de la National Geographic, il n'y a que deux autres lieux au monde qui possèdent des sources ayant la particularité d'être alimentées par de l'eau de mer. À ne pas manquer aussi, sur l'île Verte, la visite de la prison où des milliers de prisonniers politiques ont été détenus alors que Taiwan vivait sous la loi martiale. Et à ne pas oublier dans sa valise... son certificat de plongée. On retrouve là-bas plus de 176 variétés de coraux. En vrac - Le nouveau dollar taiwanais est l'unité monétaire. Le taux de change tourne autour de 28 TND pour 1 $CAN. Un repas composé de deux plats copieux pris dans un bouis bouis coûte environ 120 TND. Les billets de métro coûent entre 20 et 60 TND, selon la distance. - Taiwan se visite à l'année mais le moment le plus plaisant se situe entre août et novembre, alors que l'humidité est moindre, que le soleil brille et qu'il ne pleut que rarement. - Renseignements: www.taiwantourisme.com. - À lire pour préparer son voyage: le Lonely Planet sur Taiwan (très précis et bons conseils) et le Guide de voyage Taiwan, de National Geographic, qui offre de belles illustrations. - À ne pas manquer avant de quitter Taiwan: la visite des gorges de Taroko. Comme l'indique la National Geographic, même les plus blasés ont les yeux écarquillés à la vue de ces gorges spectaculaires: canyons de marbre, torrents, falaises, temple perché à flanc de montagne, source chaude... l'endroit est simplement magnifique. La route transinsulaire centrale qui traverse le parc national est un miracle de génie civil. - La population de Taiwan est estimée à près de 23 millions de personnes rassemblées sur une surface de 36 300 kilomètres carrés... l'une des plus fortes densités de population au monde. Elle est composée de 98 % de Chinois Han et de 2 % d'Aborigènes. - Taiwan se trouve dans l'océan Pacifique, ayant pour voisins immédiats la Corée et le Japon, au nord, ainsi que Hong Kong et les Philippines, au sud. - L'île Verte se trouve à 33 kilomètres de la côte orientale. Des traversiers assurent le lien entre la ville de Taitung et la petit île. On compte sur les doigts de la main le nombre de voitures qui y circulent sur la seule route longue, de 17 kilomètres, qui ceinture l'île. Les visiteurs doivent louer scooter ou voiture électrique pour s'y déplacer.. L'île est à l'origine d'un règlement des Aborigènes du groupe Amis, qui forme le plus grand des 14 groupes aborigènes reconnus par la République de Chine.

  • Livre - Vivre Montréal intensément

    «Les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés.» Qui peut se targuer de connaître à fond le Vieux-Montréal? La maison d'édition Ulysse vient de publier un guide hors série, Plaisirs du Vieux-Montréal, qui invite le visiteur à «battre le pavé de ses rues ravissantes» et à découvrir trésors d'architecture et d'histoire. Cet ouvrage de 127 pages, bellement illustré, se consulte facilement, ses sept têtes de chapitre et son index étant très explicites. «Découvrir», «dormir», «se délecter», «admirer», «se gâter», «s'offrir», «sortir», autant d'invitations à explorer le berceau historique de la métropole. Quel que soit le circuit pour lequel vous optiez — «Tournée des grandes institutions financières», «Est du Vieux-Montréal», «Patrimoine architectural autour du marché Bonsecours», «Basilique Notre-Dame: un chef-d'oeuvre architectural», «Expérience des musées d'histoire» ou «Centre culturel et administratif du Vieux-Montréal» —, chaque chemin dévoile ses charmes et son histoire, ses édifices tricentenaires, ses places animées, et ses terrasses. «Plaisirs du Vieux-Montréal» propose aussi une série d'endroits où aller se restaurer, dans un bistro sympa pour un petit-déjeuner, sur le pouce vite fait pour le lunch ou dans des restos à la mode ou classiques pour un repas romantique. Envie d'une glace avant de prendre d'assaut la quarantaine de galeries d'art du quartier? La crémerie Saint-Vincent, rue Saint-Paul, propose une crème glacée molle garnie de sucre d'érable. Vous pouvez aussi vous arrêter chez Les Glaceurs, rue Saint-Sulpice. Si vous faites partie de ceux qui recherchent les hôtels-boutiques haut de gamme, des auberges de charme et des hôtels d'exception, le Vieux-Montréal en offre plusieurs. Vous apprendrez ainsi que l'hôtel Le Saint-James est le plus chic au Canada et que l'hôtel XIXe Siècle est aménagé dans une ancienne banque à l'architecture Second Empire. Et pour des soirées mémorables, le guide suggère quelques lounges branchés, pubs et boîtes à chansons débridées. Certainement épicuriens dans l'âme, les auteurs de Plaisirs du Vieux-Montréal ont poussé leurs recherches jusqu'à repérer les spas pour la détente et des centres de yoga pour la mise en forme. Le guide propose une dizaine de maisons de santé offrant thermothérapie, sauna et bain vapeur, massage ayurvédique ou amérindien et cours de yoga... à la carte. Ulysse vient aussi de publier la treizième édition de son guide Montréal. L'ouvrage de 304 pages suggère, entre autres, 18 circuits à parcourir à pied, à bicyclette ou en voiture, 80 hôtels, 270 restaurants et 80 bars et boîtes de nuit. Un chapitre complet est consacré aux achats. «Conçu par des Montréalais pour des Montréalais et leurs invités», l'ouvrage pratique permet de personnaliser son exploration de la ville, que l'on soit branché nature, architecture ou histoire.

  • Mont-Tremblant - Québec Rencontre au sommet des couleurs

    En automne, le spectacle des couleurs attire des milliers de personnes d'ici et d'ailleurs. Mais où se jouera le plus beau happening ce week-end? Un tour d'horizon des parcs nationaux effectué cette semaine dans un rayon de deux heures de Montréal permet de conclure que la région des Laurentides remporte la palme. Les forêts y sont de feu. Mettons le cap, donc, sur le parc du Mont-Tremblant et profitons de l'occasion pour découvrir le plus vieux et le plus vaste des 22 parcs nationaux du Québec. «C'est le pic des couleurs, ici», confirme Jean-François Boily, au parc national du Mont-Tremblant. «Les feuilles des bouleaux sont jaunes depuis un certain temps, celles des érables sont rouge vif. On marche sur un tapis jaune orangé. C'est de toute beauté!» Mais comment se fait-il que les feuilles tombent déjà dans le parc du Mont-Tremblant alors qu'elles sont vertes à Montréal ou en train de troquer leur teinte en Mauricie? «Pour changer de couleur, explique Louise Cadieux, garde-parc naturaliste à Tremblant, les feuilles ont besoin de journées chaudes et ensoleillées et de nuits sous 8 °C. Ce serait donc une question d'altitude. Le parc du Mont-Tremblant est plus élevé que le parc de la Mauricie, par exemple.» Si le sujet vous chicote, le parc met des naturalistes à la disposition des visiteurs, demain et dimanche, puis tout au long du week-end de l'Action de grâce, pour répondre aux multiples questions entourant les mystères de cette saison: couleurs des feuilles, cervidés, castors... Ces gardes-parcs seront postés entre 11h et 13h au centre de service du lac Monroe et au poste d'accueil de Saint-Donat ainsi que sur certains sentiers, en après-midi, si le temps le permet. Manitouge Sootana, montagne des Esprits ou du Diable: c'est ainsi que les Premières Nations surnommaient cette montagne. En 1858, le géologue W. E. Logan faisait déjà allusion à cette légende amérindienne voulant que le manitou fasse trembler la montagne lorsque quiconque y enfreignait «les lois sacrées de la nature». Bien que les temps aient changé, le doyen des parcs nationaux du Québec continue de perpétuer cette sagesse. «Notre mission première est la conservation, explique Jean-François Boily. Le parc national est un lieu protégé où il est interdit d'exploiter les ressources naturelles et de chasser. La randonnée, le canot et le ski ne sont que des outils pour découvrir ce qu'on protège.» C'est au moyen d'un réseau de sentiers balisés et patrouillés que le parc partage avec les gens la beauté de sa forêt et de ses montagnes, dont les sommets, plus vieux que les Alpes, les Rocheuses et les Andes, ont atteint l'âge noble d'un milliard trois cent mille et des poussières d'années. Sur une superficie de 1510 kilomètres carrés, le parc du Mont-Tremblant est divisé en trois secteurs, à cheval sur deux régions: le secteur de la Diable dans les Laurentides, puis ceux de la Pimbina et de L'Assomption dans la région de Lanaudière. S'y trouvent six rivières et 400 kilomètres de sentiers pédestres. Au cours des derniers mois, des travaux atteignant près de 2,5 millions de dollars ont été réalisés afin d'améliorer la qualité des installations dans les trois secteurs: nouveau centre de location au lac Monroe, unités sanitaires restaurées, travaux routiers, sentiers modifiés... Du côté de Saint-Côme, le secteur de L'Assomption est un secret bien gardé. Très peu achalandé, on y vient pour relaxer le temps d'un pique-nique, d'une randonnée, d'une nuit de camping ou dans un des neuf chalets aux jolis noms La Libellule, La Tortue, Le Huard et Le Vison. Ces maisonnettes hébergent entre deux et huit personnes, carburent au propane et sont équipées de douches, de toilettes et de poêles à bois. Calme assuré sur le bord d'un lac! La randonnée des Grandes-Vallées (4,4 kilomètres) mène en deux heures à un belvédère. On accède à la porte d'entrée du secteur de la Pimbina en passant par Saint-Donat. Même si les plages ne sont plus surveillées, la baignade est possible aux lacs Provost, Lajoie et des Sables. Réservez tout de suite votre nuit au refuge du Lac-des-Sables, les places s'envolent vite. Le sentier d'interprétation L'Envol, d'une longueur de 3,4 kilomètres, mène à des panoramas magnifiques sur la vallée du Pimbina, les lacs Lajoie et Provost. On peut se procurer à l'accueil le livret Sentier de L'Envol qui commente les différents panneaux jalonnant le sentier jusqu'au sommet. La vue de là-haut sur la vallée est, en ce moment, absolument spectaculaire. Tout comme, d'ailleurs, le long du sentier de la Chute-aux-Rats, une balade de 10 kilomètres qui aboutit à une impressionnante cascade de 17,4 mètres jaillissant littéralement de la forêt rougeoyante. Quant au secteur de la Diable, il est le plus fréquenté du parc. Ce week-end mis à part, les pédalos étant déjà rangés pour l'hiver, il est encore possible de louer canots et kayaks, de pagayer sur le lac Monroe ou la rivière du Diable et de profiter du forfait transport canot et passagers. Si vous avez oublié de demander au centre de service du lac Monroe sur quels sentiers se trouvent les naturalistes en poste qui répondront à vos questions ou vous feront jouer au jeu questionnaire Vous contre moi, tentez de les retrouver sur le sentier de la Roche (cinq kilomètres), une ascension dans une érablière avec vue panoramique sur la vallée glaciaire du lac Monroe et du massif du Mont-Tremblant, ou sur la Corniche, un sentier plus court mais qui offre la même superbe vue. Pour les marcheurs plus expérimentés, le sentier du Centenaire, une randonnée de neuf kilomètres sur un dénivelé de 400 mètres, emprunte la crête de la Vache noire, croise une suite de neuf points de vue sur les collines environnantes et sur la rivière du Diable. Pas mal! Une nouveauté cette année au parc national du Mont-Tremblant: les prêts-à-camper permettent de vivre l'expérience du camping sans s'embarrasser de tout le matériel. Le forfait comprend l'emplacement, la tente-roulotte et l'équipement requis pour la préparation des repas. Il ne reste que deux semaines pour profiter des activités de canot-camping dans le parc. Publié dans le Devoir du 28 septembre 2007

  • La France au pas

    En 1947 naissait sur le cours de la Loire, entre Orléans et Beaugency, le premier GR, deux lettres qui sonnent aux oreilles des virtuoses de la marche comme une volée de cloches les jours de fête. De 28 kilomètres en 1947, le GR 3 atteignait une longueur de 1300 kilomètres 30 ans plus tard, de Mont-Gerbier-de-Jonc à Guérande. Puis naîtront les GR 4, 5, 20, 65... et tout un réseau de 180 000 kilomètres de sentiers qui sillonnent le pays. Les initiateurs du projet se doutaient-ils que les deux petites bandes blanc et rouge peintes sur les arbres et les rochers allaient devenir les balises les plus populaires de France? La signification des deux lettres GR correspond à ceci: «G» pour grande et «R» pour randonnée, tout simplement. Midi-Pyrénées — Devant l'arc roman du tympan de la basilique Sainte-Foy, à Conques, le frère Jean Daniel explique à des pèlerins la scène du Jugement dernier sculptée dans la pierre, entre le linteau et l'archivolte du portail: 124 personnages sur 42 panneaux amovibles. Une oeuvre d'art magistrale. Puis on franchit en silence la porte de l'abbatiale. Dans l'ancien réfectoire se profile alors un trésor d'orfèvrerie dont la pièce principale est la statue reliquaire de sainte Foy, celle qui est à l'origine de la prospérité de cette église. «Sainte Foy est une petite martyre de la ville d'Agen qui a vécu au début du IVe siècle, raconte la guide. Ses reliques furent volées et ramenées ici par Avarisus, un moine d'un monastère du vallon de Rouergue. La translation aura pour effet d'attirer nombre de pèlerins et, pour accueillir tout ce monde, il faudra édifier une église de pèlerinage. C'est ainsi que Conques atteint une certaine renommée, portée par les chemins jusqu'à... Saint-Jacques-de-Compostelle.» Conques, sur la liste des plus beaux villages de France, n'est qu'une des villes-étapes traversées depuis plus de mille ans par le fameux chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, la via Podensis, qui va du Puy-en-Velay aux Pyrénées. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, le chemin du plus célèbre pèlerinage du monde traverse sur une distance de 750 kilomètres le sud de la France, soit les régions de l'Aubrac, du Lot et de Tarn-et-Garonne, avant de rejoindre le Pays basque. On emprunte le GR 65 pour retrouver l'esprit qui animait les pèlerins du Moyen Âge, parcourir une des plus belles et des plus vieilles régions de France, profiter de la qualité des balises du chemin mythique et goûter à la gastronomie de la région. Avant d'être homologué GR par la Fédération française de randonnée pédestre, précise Alain Nevière, vice-président du Comité régional de la randonnée pédestre, un itinéraire doit s'acquitter de certaines conditions, comme emprunter le plus possible les chemins du domaine public, ne pas dépasser 30 % de surface goudronnée, offrir un balisage discret et efficace, des sentiers entretenus et jalonnés de lieux d'hébergement distancés d'une vingtaine de kilomètres en terrain plat et de six heures de marche en montagne. Les topos-guides estiment qu'en montagne, où on raisonne en heures plutôt qu'en kilomètres, un randonneur couvre 300 mètres de dénivelée à l'heure. Six mille bénévoles entretiennent les 180 000 kilomètres de sentiers: 65 000 de sentiers GR et 115 000 de tracés de promenade et randonnée. On distingue les GR qui traversent la France de façon linéaire sur de longues distances, que le randonneur peut fractionner ou ne suivre qu'en partie: les GRP (de pays), des boucles qui permettent de découvrir en quelques jours une région, et les PR (promenade et randonnée), qui proposent des itinéraires de quelques heures. Sentiers de découverte, circuits thématiques ou historiques, sentiers d'interprétation, balades gourmandes... Le randonneur peut varier les thèmes de connivence avec la nature. Et il a l'embarras du choix! Des exemples, il y en a des centaines: randonnées historiques en Loire, chemin des douaniers et des fées en Bretagne, châteaux vosgiens, volcans en Auvergne, sentiers romanesques en forêt d'Île-de-France, sur les traces des écrivains (George Sand et Alain Fournier dans le Berry, Colette en Bourgogne, Chateaubriand dans la Vallée-aux-Loups), transhumance en Provence... Tout autant de jeux de piste qui entraînent les visiteurs sur des routes d'autrefois et qui font parler les rivières, les arbres, les ponts, les châteaux... Zoom sur les grands classiques Il y a le GR 65, mais il y a aussi le GR 3, premier de la série également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESC) Mais s'il est le premier, qu'en est-il des GR 1 et GR 2? «En fait, le GR 3 est le premier sentier de grande randonnée balisé blanc et rouge de France, sauf qu'il en existait déjà deux à Paris: le GR 1 et la Seine, et le GR 2, le Tour de l'Île-de-France», explique Alain Nevière. Et, bien que le GR de Loire ait gagné en vitesse le balisage des sentiers de la région parisienne et que son premier tronçon, d'une vingtaine de kilomètres, ait doublé les Parisiens, il n'occupe que le troisième rang dans la numérotation. Le GR 3 suit, dans la mesure du possible, le cours de la Loire sur 1300 kilomètres entre Mont-Gerbier-de-Jonc, dans le Massif central, et Guérande, en mer Atlantique. Les paysages très variés passent de la montagne en Ardèche en territoire de viticulture autour de Sancerre, de la forêt à Orléans puis de châteaux dans la vallée, jusqu'à Nantes, avant de rejoindre Guérande. Orléans a longtemps été réputé pour la fabrication de son vinaigre. Dès le Moyen Âge, les vins d'Anjou et de Touraine étaient transportés par gabare sur la Loire et, à cause de la lenteur du transport et de la mauvaise qualité de la production, le liquide virait au vinaigre à peu près à hauteur d'Orléans. Les vins piqués étaient alors transformés en vinaigre. Certains GR réclament une bonne condition physique pour mener à terme les efforts répétés sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines. À titre d'exemple: la traversée de la Corse par le GR 20, une odyssée de deux semaines plutôt casse-pattes en haute montagne. C'est un sentier étroit, escarpé et pierreux sur l'arête faîtière de la haute montagne, 10 000 mètres de dénivelée, des zones d'éboulis, des ponts suspendus, plusieurs passages équipés de câbles pour éviter au randonneur de succomber au vertige. On dit que c'est l'expérience de randonnée la plus difficile d'Europe. En tout cas, en ce qui concerne le passage dantesque du cirque de la Solitude, on ne peut qu'être d'accord avec le guide Sentier de Corse - Le grand chemin, qui écrit: «Il est du genre à rester gravé au chapitre des exploits mémorables du brave randonneur.» Je lai fait au grand complet et oh que oui, on sen souvient ! Trois autres classiques? D'abord le GR 10, qui traverse la cordillère pyrénéenne de l'Atlantique à la Méditerranée sur environ 870 kilomètres de sentiers balisés. Une aventure en 50 étapes que beaucoup de randonneurs, comme dans le cas du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, décideront d'accomplir en plusieurs séjours. Puis le GR 54, une boucle d'une dizaine de jours qui fait le tour du massif de l'Oisans, entre l'Isère et les Hautes-Alpes. Enfin, le GR 5, ou sentier Hollande-Méditerranée, du lac Léman au mont Blanc, la portion savoyarde du sentier de 2600 kilomètres qui part de la mer du Nord, aux Pays-Bas, pour rejoindre la Méditerranée, à Nice, via la Belgique et le Luxembourg. Moins minérale, moins extrême, plus romantique, la randonnée littéraire permet de découvrir un auteur à travers des paysages qui ont inspiré ses oeuvres. La France compte nombre de ces sentiers, parmi lesquels le GR de Pays des Maîtres Sonneurs, dans le Berry, une randonnée en boucle de 185 kilomètres à la découverte des héros du fameux roman de George Sand. Le chemin de Stevenson se confond au GR 70. Le 22 septembre 1878, l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson part à pied du Monastier-sur-Gazeille, en Haute Loire, avec Modestine, une ânesse qu'il achète au père Adam pour 65 francs et un verre de gnôle. Il atteint Saint-Jean-du-Gard 12 jours plus tard. Ici, un âne de location est idéal pour porter les bagages. Les départements français d'outre-mer (DOM) ont aussi leurs sentiers de grande randonnée. À la Réunion, il faut compter de trois à six jours pour parcourir, à une altitude moyenne de 1750 mètres, le GR R1, d'une soixantaine de kilomètres. Le sentier fait le tour du piton des Neiges en passant par les cirques de Salazie, Cilaos et Mafate. Certains cols atteignent près de 2000 mètres d'altitude. Quant au GR 2, d'une longueur de 150 kilomètres, il propose une grande traversée de l'île, du nord au sud-est, en passant par Mafate et Cilaos et le volcan du piton de la Fournaise. Plus près de nous, en Martinique, dans les Petites Antilles françaises, on retrouve la fameuse balise blanche et rouge sur la montagne Pelée ainsi que le long du sentier de 17 kilomètres «Prêcheur-Grand Rivière», situé au nord de l'île. Le randonneur qui a tout son temps peut accéder, par des sentiers secondaires, à de jolies criques entaillées à flanc de montagne. Quant au sentier des Caps, un des plus beaux de la Caraïbe, il longe sur 28 kilomètres les plages de l'extrême sud, de la mer des Caraïbes à l'est à l'océan Atlantique à l'ouest. Élémentaire, écologique et peu coûteuse, la randonnée permet d'accéder à ce qu'on ne voit pas lorsqu'on voyage en autobus, en train, en auto: des modes de vie, un lac de montagne, une cascade, une orchidée, un pigeonnier. C'est vrai, on en revient en sueur et les ongles sales mais la tête pleine de souvenirs. Et pour qui s'intéresse au sort de la planète et à la pollution, qui sait, marcher deviendra peut-être un jour un moyen d'accumuler des crédits de carbone? Préparer son voyage - Pour obtenir les ToposGuides des différents GR, GR de pays et PR, contactez la Fédération française de la randonnée pédestre: tél: 01 44 89 93 90, www.ffrandonnee.fr. - Pour les randonnées en Martinique, joignez le Comité martiniquais du tourisme au Canada, www.lamartinique.ca. Pour l'île de la Réunion, www.la-reunion-tourisme.com. - Si vous avez envie de coudoyer les sentiers d'altitude, vous pouvez faire appel à des accompagnateurs de montagne. La France compte autour de 2600 professionnels de la montagne, du milieu naturel, patrimonial et urbain. C'est le professionnel de toutes les formes de randonnée: à pied, à ski, à vélo, avec des animaux de bât... www.lesaem.org. - Si vous planifiez une escapade sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, procurez-vous le livre Miam miam dodo - Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, le Puy-en-Velay / Saint-Jean-Pied-de-Port, GR 65, et le Topo Guide Sentier vers Saint-Jacques-de-Compostelle via Le Puy. Si vous n'avez que deux semaines et souhaitez parcourir le GR 65 par tronçons, celui entre Le Puy via Conques, Figeac, Lauzerte, Moissac, Ostabat et Saint-Jean-Pied-de-Port est certainement un des plus beaux de la partie française. - À lire: Les Maîtres Sonneurs, George Sand, Éditions Gallimard Folio, et Voyages avec un âne dans les Cévennes, Robert Louis Stevenson, Éditions Flammarion. - Maison de la France au Canada, Montréal, tél: 514 288 4264, www.franceguide.com.

  • L'espace pour la vie adoucit la saison froide

    Article publié dans le Devoir du 30 décembre 2011 Durant la période des Fêtes, l'Espace pour la vie — qui regroupe le Biodôme, le Jardin botanique et l'Insectarium — n'hiberne pas. L'événement «Il était une fois l'hiver», qui a débuté au début du mois de décembre, se poursuit au Biodôme jusqu'au 5 février prochain avec un programme original qui piquera la curiosité des petits et des grands. Et loin des frimas de l'hiver. À l'heure où les manchots naissent dans l'Antarctique, les grenouilles roupillent sous terre et les papillons monarques s'éclatent sous le soleil du Michoacán. Le commandant Arara, la mascotte du Biodôme, convie les enfants et leurs familles à découvrir un nouveau spectacle de marionnettes mettant en vedette les animaux de la forêt tropicale brésilienne. Qui est donc ce Coco incognito que Tamarin le singe à la crinière de lion a pris sous ses poils? Dès la guérite franchie, on pénètre dans la forêt tropicale avec en main le petit livret de visite Aventure tropicale présenté par la mascotte des lieux, le commandant Arara du 36e Escadron de sauvetage aéroporté du Biodôme, spécialiste des animaux tropicaux, professeur aguerri et escorte sympathique. Il faut comprendre que le commandant Arara n'est nul autre qu'un perroquet vert — un ara militaire, au front rouge et aux plumes de queue bleu turquoise. Ouf, il fait chaud! Ici, on déboutonne son manteau: la température indique 28 degrés Celsius. Le guide explicatif invite les visiteurs à trouver sept animaux mystères de la forêt tropicale humide. Comme le capybara au large museau, aux petits yeux et aux oreilles arrondies, la chauve-souris tropicale, le caïman et le tamarin-lion doré, un singe orangé à la crinière de lion qui vit dans les arbres et aime grignoter. Tamarin est d'ailleurs le personnage principal du spectacle Coco incognito qui prend place dans l'amphithéâtre du Biodôme. Un spectacle sur mesure Un avion passe dans le ciel. Une boîte tombe de l'avion, percute une branche et s'ouvre sous le choc, libérant un oeuf. Mais d'où vient ce gros oeuf tombé du ciel que Tamarin le singe orangé à la crinière de lion déniche dans la forêt tropicale? Et que cache-t-il? En compagnie du charmant petit primate d'origine brésilienne, les enfants partent à la recherche de ses parents. «Ce spectacle de marionnettes géantes a été conçu sur mesure pour le Biodôme, précise sa directrice, Rachel Léger. L'équipe théâtrale de la pièce Coco incognito, en collaboration avec les spécialistes animaliers du Biodôme, ont travaillé de concert au scénario et à la conception des marionnettes et du décor, de façon à reproduire avec le plus d'exactitude possible les modes de vie des animaux et des plantes de la forêt amazonienne.» Et pas facile de trouver l'erreur! Le Centre de sauvetage «Becquer bobos», zone de jeux et d'exploration créée pour l'événement, invite les enfants à se déguiser en animaux exotiques, à grimper sur de petites structures de jeu et à se transformer en apprentis vétérinaires. Des animaliers du Biodôme sont sur place pour répondre aux questions des plus curieux. C'est là aussi que toute la famille pourra serrer l'aile du commandant Arara. Et la mascotte du Biodôme adore se faire prendre en photo. Au-delà de cette halte de jeux et d'exploration, l'exposition Oeufs complète l'aventure: nids tissés, nids en forme de panier, nids circulaires coniques... Ce qui saute aux yeux ici, c'est la grande variété de formes et de couleurs des oeufs: rond, ovale, cylindrique, conique, piriforme; des oeufs blancs, des oeufs rouges, des oeufs tachetés. Les colibris pondent les plus petits oeufs, l'autruche, les plus gros. Quant à l'oiseau-éléphant, disparu il y a 400 ans, il aurait été l'un des plus grands à avoir arpenté le globe. Il détient le record absolu des oeufs les plus gros sur terre. Changement de décor «Il était une fois l'hiver» se poursuit dans la Grande Serre du Jardin botanique, qui accueille cette année la 55e édition de son exposition traditionnelle de Noël. Un décor coloré au beau milieu d'un aménagement floral luxuriant d'où surgit le gigantesque arbre de Noël traditionnel composé de plus d'une centaine de poinsettias! Cette année, la Grande Serre expose sept oeuvres créées par des artistes-récupérateurs à partir de vieux objets associés à l'hiver (skis, luges, raquettes...). De mitaines colorées, tricotées par les membres des cercles de fermières du Québec et suspendues dans un «arbre à volutes», seront remises à la Fondation du Dr Julien. Pour compléter ce décor hivernal original, qui s'inscrit dans la continuité du thème du recyclage, on trouve un énorme bonhomme de neige créé à partir de deux kilomètres de drap santé, de vieilles couettes, de cônes de circulation et de vieux pots de fleurs. C'est aussi à la Grande Serre que le conte Le petit Gnouf et la magie de l'hiver de la romancière Dominique Demers est raconté aux enfants de façon régulière pendant la journée, jusqu'au 8 janvier 2012. L'aventure serait incomplète sans une visite à l'Insectarium, qui cette année a fait peau neuve. L'exposition Nous les insectes comprend notamment une collection de scarabées géants de la forêt tropicale, de jolies lucioles et une multitude de créatures à l'allure bizarre. «Cités grouillantes» met en vedette termites, fourmis, abeilles, bourdons, guêpes, qui comptent parmi les espèces ayant le degré le plus élevé de vie sociale dans le règne animal. Un must!

  • Les Caraïbes - Îles Vierges britanniques, entre terre et mer

    Mélange de cayes et d'îlots inhabités, d'îles volcaniques au mode de vie british, de milliers de petites baies à l'eau turquoise idéales pour le mouillage, les îles Vierges britanniques semblent avoir été façonnées par la main de Dieu lui-même à l'époque où il ne créait que des paradis terrestres. Véritable terrain de jeux pour le navigateur et éden pour le plongeur, c'est en approchant des BVI (British Virgin Islands) en voilier, au rythme des alizés, que le voyageur en découvre la beauté et le sens. Un grand nombre de Nature's Little Secrets bien gardés, comme l'indique le slogan sur les plaques des voitures là-bas. Tortola — Arrivée sans fanfare, début de voyage calme. À l'aéroport international de Beef Island, pas de kitsch, pas de musique, pas de colliers de fleurs autour du cou ni de harcèlement de quiconque pour nous emmener à nos lieux d'hébergement respectifs, qui n'auront rien du tout-compris aux airs de Club Med. Que des douaniers gentils au sourire aussi large que le canal de Sir Francis Drake sur lequel nous naviguerons en voilier pendant une semaine. Le chauffeur de taxi envoyé par la petite entreprise québécoise Vacances sous voiles nous accueille, pancarte à la main. «Are you from Montreal?», demande-t-il dans un anglais cassé. I beg your pardon? Hum... Pas facile à comprendre! Il est vrai qu'ici, sur ce territoire d'outre-mer du Royaume-Uni situé à l'est des Antilles, on ne parle pas le créole mais le broken english. Surprise. Le volant et la conduite des voiture sont à gauche. Bizarre comme effet... À quelques kilomètres de l'aéroport, nous traversons un pont, puis c'est Tortola. L'île centrale des BVI loge la capitale, Road Town, ainsi que les trois quarts de la population totale du pays, qui atteint 20 000 habitants. Les îles Vierges britanniques comptent 60 îles dont 16 habitées. Douze heures se sont écoulées depuis notre départ de Montréal. Inutile de dire que le wrap au poulet et à la mayo, acheté à bord de l'avion, est déjà bien loin. Ça nous apprendra à ne pas avoir prévu de lunch, sachant pertinemment que la compagnie American Airlines n'offre même pas de cacahuètes pour accompagner le jus de tomate! Et comment se fait-il que le restaurant de l'hôtel Nanny Cay, situé à la marina où nous embarquerons demain à bord du Bleu Turquoise, soit déjà fermé? Pourtant, il n'est que 22h. Devant nos mines basses, le chauffeur de taxi nous propose un snack aux couleurs locales, à une demi-heure de voiture de l'hôtel. Et voilà pour l'initiation aux BVI: un hôte adorable à l'image des habitants des îles, du poulet épicé goûteux, des frites, quelques tomates et une bonne Guinness. Sainte Ursule et les onze mille vierges est la légende préférée de Keith, le chauffeur de taxi chargé de nous faire découvrir Tortola avant notre départ en voilier. Il raconte qu'au début du IVe siècle, une jeune fille nommée Ursule, fille d'un roi chrétien breton, aurait été demandée en mariage par un prince païen d'origine germanique. Ursule voulait demeurer vierge et chrétienne. Comme un refus pouvait attirer de graves ennuis à son père, la jeune fille et 11 de ses amies vierges décident de s'enfuir. Embarquées à bord d'un navire sur le Rhin, elles sont capturées à Cologne par les Huns, un peuple nomade venu d'Asie centrale, puis martyrisées et mises à mort pour avoir refusé de trahir leur foi. C'est au début du XIe siècle que le nombre de vierges qui accompagnaient Ursule est fixé à 11 000 par une mauvaise interprétation de la numération romaine. L'inscription «XI martyres et vierges» aurait été interprétée comme «XI mille vierges». Comme l'anniversaire de la mort d'Ursule et de ses amies a été fixé au 21 octobre par le calendrier grégorien et que Christophe Colomb a découvert les BVI un 21 octobre 1493, il avait décidé de baptiser ces îles des Antilles les Îles vierges en hommage à la jeune fille et aux 11 000 vierges martyrisées avec elle. Comme pour toute île montagneuse dans l'océan, impossible d'échapper aux routes escarpées de Tortola. Heureusement, car on se priverait d'une palette de points de vue à couper le souffle sur la mer et les baies. On dit que les plus beaux se trouvent au pinacle du Mount Sage National Park, le plus haut sommet du pays, à 543 mètres. À la fois centre gouvernemental et commercial des BVI, la plus grande des îles mesure 22 kilomètres de long par trois de large. Elle abrite la capitale Road Town, deux fois centenaire, charmante avec ses maisons de bois et de pierres mais chaotique à l'heure de pointe, surtout à l'arrivée d'un bateau de croisière. Si la baie de Brewers, dans la région de Cane Garden Bay, fait le bonheur des plongeurs et la plage de Cane Garden celui des baigneurs, les belles vagues et la houle, à Apple Bay, attirent quant à elle les surfers. Va aussi pour une visite de la rhumerie artisanale Callwood Distillery et une pause chez Sammy's Ital Place, à Carrot Bay, où Rose, une Australienne mariée à un rasta vous concoctera un bon jus de goyave, de corossol, de mangue ou de coco. Ça y est, on prend la mer, laissant derrière nous le confort de Nanny Cay Marina. Le vent est bon. On hisse la grande voile et le foc. Bien que l'itinéraire se décide au jour le jour, en fonction des humeurs de chacun et des aléas météorologiques, nous côtoierons de près ou de loin Norman Island, Peter Island, Salt Island, Virgin Gorda Island et Jost Van Dyck Island. Chaque île a sa petite histoire. La Norman aurait été un repaire de pirates, comme toute la région d'ailleurs. Il pourrait s'agir de l'île où se cache le trésor dont il est question dans le roman de Robert Louis Stevenson, Treasure Island (L'Île aux trésors). En tout cas, nous n'avons pas trouvé d'or ni rencontré de pirates, mais The Caves est idyllique pour la plongée en apnée. Peter Island correspond à l'idée qu'on se fait d'une île déserte. Elle compte un seul hôtel et un spa de luxe intégrés à la nature sans se donner de grands airs. On y accède du mouillage à la nage. Salt Island, qui compte neuf habitants, a ses histoires de taxes payées avec des sacs de sel. D'ailleurs, les bassins y fonctionnent toujours, comme il y a 200 ans. Quant à Jost Van Dyke, en plus d'être charmante, l'île est le berceau du fameux Painkiller, un genre de punch à base de rhum-pays que le capitaine du Bleu Turquoise prépare merveilleusement bien. Un bateau, un capitaine, une hôtesse L'entreprise québécoise Vacances Sous Voiles organise depuis quatre ans des croisières en voilier dans les BVI, avec ou sans équipage. C'est à bord du Bleu Turquoise, un joli Bénéteau 50, que notre petit groupe de six personnes vivra sa première expérience dans la mer des Antilles. «Environ 90 % de nos clients n'ont jamais fait de voile, affirme Michel Guerra. Le canal de Sir Francis Drake dans les BVI est ce qu'il y a de plus sécuritaire pour commencer. La disposition des îles brise la houle, on navigue toujours à vue, on est protégé du vent, les mouillages sont sûrs. Il n'y a ni bourrasque ni turbulence. Et la moyenne des vents tourne autour de 15 noeuds.» Les habitués du canal de Sir Francis Drake apprécient aussi ses ancrages nombreux et peu éloignés les uns des autres. On peut donc décider d'un itinéraire court ou plus long, au choix, et trouver à tout moment un mouillage pour un arrêt-baignade ou une plongée en apnée. Avant de prendre la mer, on se familiarise avec les installations, on range tout ce qui traîne dans les chambres et sur le pont pour que rien ne se brise si l'on gîte. Puis le capitaine nous indique les endroits ouù l'on peut se placer sur le bateau sans risquer de recevoir la bôme sur la tête. Et advenant qu'un matelot en herbe passe par-dessus bord, le premier qui voit la personne à l'eau doit garder l'oeil dessus jusqu'à ce que le naufragé soit en possession d'une bouée. Michèle Riva et Michel Guerra ne forment pas qu'un couple sur le bateau, ils le sont aussi dans la vie. Les deux passionnés de voile naviguent depuis plus de dix ans dans les Îles Vierges britanniques. Michel est le capitaine, tandis que Michèle joue le rôle d'hôtesse et de chef cuisinière. Cependant, lors de manoeuvres délicates, surtout au moment de jeter l'ancre, elle devient son bras droit sur le pont, et vice-versa; lors de la préparation des repas, s'il n'est pas à la barre ou en train d'enseigner à ses passagers à manier le gréement, Michel donne un coup de main dans la cuisine. Les joyeux naufragés Que peut-il arriver de plus désastreux à un capitaine de bateau de croisière qu'une transmission brisée? D'accord, un accident! Mais admettons tout de même qu'un bris mécanique, c'est irritant. Et peut-être encore plus dans ces Antilles où le rythme est «autre». Mais la joyeuse bande de six que nous formons ne se laissera pas abattre pour si peu. Nous mouillerons à Tatch Bay et non à Virgin Gorda Island comme prévu. Le hic: cette baie achalandée est à proximité de l'aéroport: loin d'être idéal pour la baignade et le farniente. Le capitaine nous suggère de prendre le traversier pour Virgin Gorda Island ou Orlando, le chauffeur de taxi associé à Vacances Sous Voiles nous accueillera pour une tournée de l'île. Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous voilà sur la navette, en route vers l'île en forme de serpent d'une longueur de 13 kilomètres, dominée au nord par le Virgin Gorda Peak qui atteint 414 mètres. Après avoir exploré le site The Baths, un paysage d'immenses roches formant une série de grottes flanquées en bord de mer turquoise, l'un des dix plus beaux sites de plongée des BVI, puis visité les vestiges de Copper Mine National Park, une mine de cuivre qui a fait vivre l'île entre1838 et 1867, et enfin après avoir photographié les huit églises de l'île, il faut décider si l'on passe la nuit ici ou si l'on retourne sur le bateau, au risque d'égrener la soirée dans une marina bruyante. C'est décidé, on dort ici! Au Little Dix Bay, Rosewood Hotels & Resort. Une folie, bien sûr. Et après? La vie est courte. Mais ce cinq-étoiles conçu par Laurance S. Rockefeller au début des années 1950 nous acceptera-t-il ainsi vêtus d'un simple maillot de bain et d'un short? Après tout, nous sommes des naufragés. Mais de joyeux naufragés qui ont eu la brillante idée d'apporter leur carte Visa. Qui dit mieux dans un pays fréquenté en majorité par des touristes américains? Peu importe la destination, un voyage en voilier est avant tout une expérience humaine. On doit composer avec des inconnus dans un espace réduit en perpétuel mouvement, prendre des décisions de groupe éclairées, endosser les imprévus inhérents à la météo, accepter de se réveiller à une autre adresse le lendemain matin à cause d'un grain subit durant la nuit... Mais tout ça s'apprivoise très bien pour déboucher sur une belle aventure qui nous enseigne à lâcher prise. En vrac -American Airlines assure des liaisons entre Montréal et l'aéroport international de Beef Island, via New York ou Miami et Porto Rico. www.aa.com. -Vacances Sous Voiles: l'entreprise québécoise établie dans les Îles Vierges britanniques se spécialise dans la location de voiliers avec ou sans équipage. Pour réserver, contacter Michèle Riva: à Montréal, 514 999-9142; aux Îles Vierges britanniques, 284 499-1711. www.vacancessousvoiles.ca. -Renseignements sur les Îles Vierges britanniques: www.bvitourism.com. -La monnaie aux Îles Vierges britanniques est le dollar américain. -À propos de Jost Van Dyke Island... La rue principale, c'est la plage. On y retrouve plusieurs petits restaurants amusants et très colorés ainsi que des boutiques de souvenirs. Une fois le bateau ancré, on rejoint la plage de sable blanc à la nage ou en annexe. C'est sûrement la plus grosse décision qu'on a à prendre dans la journée. Tout dépend si l'on veut acheter des breloques ou s'offrir un Painkiller au Soggy Dollar Bar, qui tient son nom des clients qui venaient sur l'île à la nage et qui arrivaient avec des billets mouillés. Pour protéger sa fortune, mieux vaut prendre l'annexe, sinon à l'eau... On peut manger au Soggy Dollar Bar un délicieux potage de coque, du poulet Jerk et des sandsichs au poisson volant, grande spécialité de la place. Le Painkiller est un planter à base de rhum Pusser's (produit aux BVI), de jus d'ananas, de jus d'orange, de crème de coconut, saupoudré de muscade. Pas mal à l'heure de l'apéro. Publié dans le Devoir du 15 décembre 2007

  • Cambodge - Angkor à vélo

    Une journée permet de contempler les temples de grand renom de la cité khmère d'Angkor, comme Angkor Vat, Angkor Thom et Ta Prohm; trois jours, de les découvrir à fond. Une semaine, toutefois, offre le plaisir de s'engouffrer plus en profondeur dans la jungle et d'explorer des lieux moins fréquentés, parfois plus humbles. Le site archéologique le plus vaste au monde abrite des centaines de temples et de vestiges ornés de visages, de bêtes et de corps. À pied, en tuk-tuk, en moto, à dos d'éléphant, en montgolfière, tous les moyens sont bons pour l'arpenter. Nous avons choisi le vélo, comme il est d'usage au Cambodge. Siem Reap — De Phnom Penh, il faut compter six heures en bateau jusqu'au débarcadère de Phnom Krong sur le lac Tonlé Sap. La route sur l'eau, de la capitale, permet d'observer la vie des Cambodgiens tout au long du Tonlé Sap, un affluent du Mékong qui, avec le Bassac, prend sa source dans Phnom Penh, face au Palais royal, au confluent des «Quatre Bras». À l'arrivée, on emprunte un tuk-tuk, direction Siem Reap, porte d'entrée de la fameuse cité khmère d'Angkor (802 à 1432). «Ne pas confondre Khmer et khmer rouge», explique Ladavann Pen, auteure du livre Ladavann, une orchidée sauvage: journal d'une jeune fille handicapée sous les khmers rouges», lors d'une entrevue à l'émission Faites comme chez vous sur Europe 1. «Les Cambodgiens sont des Khmers, alors que les khmers rouges sont des révolutionnaires qui se sont inspirés de l'idéologie maoïste», raconte celle qui, en 1975, âgée de 10 ans et atteinte de polyarthrite rhumatoïde, est chassée avec les siens de la maison familiale. Ses parents sont contraints, comme des millions d'autres Cambodgiens, aux travaux forcés. D'abord transportée de hutte en hutte, elle finit prisonnière de sa paillote. Lada perd sa mère, ses grands-parents et deux de ses frères. Difficile d'aller au Cambodge et de faire fi de l'effroyable génocide. Le pays s'en remet à peine. À Phnom Penh, au Royal Guest House, une pension à prix modeste fréquentée par des routards du monde entier, on présente tous les soirs le film The Killing Fields. Après la visite du charnier de Choeung Ek et du musée Tuol Sleng, la fameuse prison S-21 établie dans un ancien lycée où 15 000 personnes ont été torturées et exécutées dans des «champs de massacre» voisins, sous les ordres de «Douch» — aujourd'hui jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, torture et meurtre avec préméditation, visionner ce film sur les lieux du drame laisse sans mot. Siem Reap est le cliché de la petite ville grouillante, affairée et bruyante, parcourue en tous sens par des autos, des motos, des tuk-tuks et des vélos. Un peu à l'image de Phnom Penh, mais en plus charmant encore avec ses anciennes maisons de négoces françaises, ses parcs et ses boulevards arborés. Le centre-ville s'articule autour du vieux marché, le psar Chaa. Le coeur de laville se parcourt à pied en une heure ou deux. Et la vie s'improvise sur chaque bout de trottoir. Le Bou Savy Guesthouse, un petit hôtel à prix modique géré par une famille khmère, Mme Bovuth et ses trois fils, est une bonne adresse. Situé dans un jardin de manguiers à proximité du coeur de la ville et de la route principale qui mène aux temples, on y parle le français et l'anglais. La famille Bovuth soutient, à l'instar de bien d'autres, des organismes de charité. Comme, par exemple, The White Bicycles, une agence de location de vélos qui aide les communautées locales à réaliser des levées de fonds pour concrétiser des projets de développement durable. Au Bou Savy Guesthouse, la location d'un vélo coûte 2 $US par jour; de ce montant, 1,50 $ ira directement à un organisme de charité et 0,50 $ servira à l'entretien des vélos. Ainsi va la vie dans ce pays de 14 millions d'habitants dont la survie est suspendue à l'aide internationale. Il n'y a pas d'ordre pour visiter les temples d'Angkor; tout dépend du temps dont on dispose et des goûts de chacun. On suggère toutefois deux itinéraires balisés: le petit et le grand circuits. Le premier, long de 17 kilomètres, commence à Angkor Vat et se dirige vers Phnom Bakheng, Baksei Chamrong, Angkor Thom, Chau Say Tevoda, le Thommanon, le Spean Thma et le Ta Keo. Puis il poursuit vers le Ta Nei, le Ta Prohm et enfin le Banteay Kdei et le Sra Srang. L'autre circuit, d'une longueur de 26 kilomètres, est une extension du premier. Au lieu de quitter la cité fortifiée d'Angkor Thom par la porte est, il emprunte la porte nord et continue jusqu'au Preah Kan, au Preah Neak Poan, au Ta Som, au Mebon oriental et au Pre Rup. Le site d'Angkor s'étend sur 400 kilomètres carrés et abrite 287 temples. On a le choix entre trois forfaits: un jour, trois jours, une semaine. La passe de trois jours permet de visiter l'essentiel du site à la condition d'y consacrer la journée complète et de faire appel à un taxi conventionnel le dernier jour pour aller jusqu'aux sanctuaires les plus éloignés. Celle d'une semaine procure le plaisir de flâner. Une chose est sûre, il faut bien planifier son séjour car ces forfaits sont valables pour des journées qui se suivent. Impossible de proroguer! L'anarchie Au départ de Siem Reap, sur la N6, c'est l'anarchie. Il y a sûrement un code pour cyclistes paumés. Du plus grand au plus petit, peut-être? Ou du plus autoritaire au plus faible? Aller donc savoir! Seule une poignée de feux de circulation tentent de dompter le flot de motos, de tuk-tuks, de voitures. Heureusement, il n'y a que quelques kilomètres à parcourir dans la ville. Une fois sur le site, le chemin est calme et en bon état. Les débutants n'ont rien à craindre, sauf la chaleur. À trois kilomètres à l'est de l'entrée orientale d'Angkor Vat, depuis la route qui relie Angkor Vat à Bantei Kdei, on aperçoit les cinq tours en brique de Prasat Kravan. La décoration intérieure indique que ce temple était consacré à Vishnou. C'est une occasion unique d'examiner la technique khmère de la pose de briques. Le liant était composé de chaux et de poudre de brique. Un peu plus loin, le petit temple bouddhiste Bat Chum a été construit par Kavîndrârimatha, le seul architecte khmer dont on connaisse le nom. Sur les piédroits de chacune des portes, il y a une inscription portant un poème louant le constructeur. Les dernières stances de chaque poème supplient les propriétaires d'éléphants, ces «briseurs de digues», de ne pas faire marcher leurs animaux sur les digues en terre de Srah Srang. Le parcours à vélo est facile, mais avec la visite des temples, l'itinéraire est sportif. On ne fait pas que rouler dans la journée, on marche et on grimpe des escaliers parfois très pentus. Les restaurants ne manquent pas sur le site d'Angkor, sauf qu'ils ne sont jamais là au moment opportun. Mieux vaut prévoir de l'eau et quelques grignotines en cas de baisse subite d'énergie. Le Ta Phrom est spectaculaire. Si les arbres qui ont poussé en entrelaçant les pierres de leurs racines sont des facteurs de destruction, ils créent une atmosphère fantastique. Ce temple est maintenu dans un état de négligence apparente pour montrer à quoi ressemblaient les monuments d'Angkor au moment de leur découverte au XIXe siècle. La décision vient de l'École française d'Extrême-Orient. Le fromager se distingue par ses racines épaisses et sa stucture noueuse; le ficus, plus petit, par son réseau plus ou moins serré de racines plus fines. Étant donné que la cité fortifiée d'Angkor Thom couvre quelque 10 kilomètres carrés, il est préférable d'y consacrer une journée complète. À son apogée, la cité aurait compté un million d'habitants. Les principaux monuments du site, le Bayon, le Baphuon, l'Enceinte royale, le Phimeanakas et la terrasse des Éléphants se regroupent au coeur de l'enceinte fortifiée. Chaque porte a ses statues géantes de 54 dieux d'un côté et de 54 démons de l'autre, un thème provenant de la légende du barattage en mer. Le Bayon enchante, c'est l'un de mes favoris. On dirait le chaos, la fin du monde. On aurait pu y tourner Le Seigneur des anneaux. De façon ultime, on a utilisé la masse des tours à visage pour créer une montagne de pierre avec des pics de plus en plus hauts. Les 37 tours visibles sont sculptées de quatre visages, un à chaque point cardinal. Têtes grimaçantes, souriantes ou impassibles, tout au long de la visite on a l'impression d'être observé. Étrange! Angkor Vat est la cerise sur le sundae: on y accorde facilement une journée complète. Et on se pince pour être sûr de ne pas rêver. Il faut pique-niquer dans ses jardins ou devant la marre aux lotus. Angkor Vat est une ville au plein sens du mot, la «ville qui devint une pagode», construite sous le règne de Sûryavarman II comme temple funéraire en l'honneur de Vishnou, la divinité hindoue à laquelle le souverain s'identifiait. Ses apsaras sont très photogéniques. On peut se restaurer aux abords de la plupart des grands temples. Des dizaines de stands de nouilles sont installés au nord du Bayon et à proximité des temples centraux. Des restaurants aussi, joliment décorés. Partout, on mange très bien. Il faut essayer la kyteow, une soupe de riz de nouilles, la samlor chapek, une soupe de porc parfumée au gingembre, ou la samlor ktis, une soupe de poisson à la noix de coco et à l'ananas. L'aventure peut aussi être très gastronomique. En vrac -Un voyage au Cambodge est réalisable à longueur d'année. Cependant, le moment idéal se situe entre les mois de décembre et février, alors que le taux d'humidité est bas, qu'il y a peu de pluie et qu'une brise rafraîchissante balaie le pays. La saison des pluies dure de mai à octobre. Durant cette période, les déplacements peuvent devenir plus difficiles à vélo. -La devise est le riel (1 $US pour 3968 riels), mais aussi, le dollar américain est utilisé dans l'ensemble du pays. Bien qu'on retrouve des distributeurs d'argent, mieux vaut avoir de l'argent comptant. -On parle officiellement le khmer, mais beaucoup d'inscriptions ainsi que les menus dans les restaurants sont traduits en français. -Le visa obligatoire s'obtient à l'aéroport. Il faut prévoir une photo grandeur passeport. -À consulter pour se préparer: Cambodge, aux éditions Lonely Planet. -Le site Internet de l'agence de location de vélos pour la Charité, The White Bicycles: www.thewhitebicycles.org. -À lire pour se mettre dans l'ambiance: La Voie royale, d'André Malraux. -À visiter à Phnom Penh en guise de préparation. le Musée national des beaux-arts, au nord du Palais royal. Il offre un panorama de l'art khmer du VIe siècle. Plusieurs chefs-d'oeuvre proviennent d'Angkor. Le musée date de 1920. Le Vat Ounalom, un grand temple d'une quarantaine de bâtiments fondé en 1443 et qui abrite quelques moines. Le Vat Phnom, considéré comme le plus ancien temple de Phnom Penh. -À visiter près de Siem Reap. Le plus grand lac d'eau douce du sud-est asiatique, le Tonlé Sap, à une quinzaine de kilomètres au sud de Siem Reap. Reconnu en tant que réserve de la biosphère par l'UNESCO depuis 1997, il est un des plus poissonneux au monde. Pendant la mousson, sa taille passe de 160 kilomètres de long et 35 de large à 250 kilomètres de long et presque 100 de large. Puis, les villages flottants de Kompong Khleang et de Chong Kneas, sur le lac Tonlé Sap. Ces villages se déplacent au gré des saisons. -Restaurants. À Phnom Penh: Friends (www.friends-international.org) pour un bonne cause, mais aussi pour son excellente cuisine. On y prépare d'excellents tapas, des jus de fruits et des cocktails exquis. Friends forme d'anciens enfants des rues aux métiers de l'hôtellerie. À Siem Reap: Dead Fish Tower, où a nourriture est excellente et le décor superbe. On s'y installe sur des coussins de sol, devant des tables basses dans des troncs d'arbre -Hôtel. À Siem Reap: le Bou Savy Guesthouse (www.bousavyguesthouse.com). Peu cher et superbe.

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