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  • Les plages d'Old Orchard Beach

    Publié dans le Devoir du 29 juillet 2017 Camp Ellis, Ferry Beach, Bay View, Kinney Shores, Ocean Park, Old Orchard, Pine Point… Des noms qui claquent comme des voiles au vent, évoquant aux familiers de ces lieux de vacances une plage de sable de 15 kilomètres, de ports de mer où l’on déguste homards, palourdes et huîtres, une jetée sur pilotis animée, un parc d’attractions coloré. Malgré bien des avatars au fil de sa riche histoire, la baie de Saco — et son épicentre, Old Orchard Beach — continue d’attirer les habitués et leur descendance. Ville bruyante, ville délabrée, ville aux odeurs de friture, ville arpentée par des hordes de touristes tapageurs engloutissant bières, hot-dogs, pizzas, pop-corn au caramel, boissons gazeuses… Clichés et préjugés ont la vie dure. Old Orchard en est bourrée. Du coup, pour redorer son blason, la petite ville de quelque 9000 habitants — une population qui s’élève à 100 000 l’été —, à l’ambiance carnavalesque, est à peaufiner son image et mise dorénavant sur une clientèle familiale plus calme, plus curieuse, plus huppée. Et le résultat n’est pas mal du tout ! Plutôt convaincant même. La rue principale a fait peau neuve. On y a installé des lampadaires victoriens. Tout autour, aucun bâtiment ou motel délabrés et bien moins de commerces kitsch. Les magasins de friandises comme Dickinson’s Candy Factory, où l’on fabrique depuis des lustres salt water candy, fudge, barbe à papa et pop-corn au caramel, ont pris des allures de laboratoires culinaires où l’on peut en observer la confection de A à Z. Le Pier, construit en 1898 sur une longueur de 520 mètres, endommagé par un orage en 1909, reconstruit et raccourci à 250 mètres en 1910, encore détruit en 1978 par une tempête, mesure 120 mètres, attire autant et est plutôt photogénique vu de la plage. Pour un voyage historique dans le passé coloré de cette petite ville balnéaire jadis fréquentée par la bourgeoisie américaine et canadienne, la Chambre de commerce propose une virée au Musée Harmom, tout en haut de la rue Old Orchard. L’exposition The Big Band Era vient d’y être lancée par la Old Orchard Beach Historical Society. On y apprend que les somptueux hôtels et palaces de la ville — dont le nom vient d’un pommier planté en 1636 par son premier colon, Thomas Rogers — en firent sa réputation de lieu noble de villégiature sur la côte est des États-Unis. Que les musiciens de jazz les plus célèbres du monde, les Duke Ellington, Louis Amstrong, Guy Lombardo… s’y arrêtèrent tous. Et que la plage d’Old Orchard servit de piste d’atterrissage aux premiers héros de l’aéronautique, dont Charles Lindbergh. Tout ça, et bien plus encore, c’était bien avant que les Québécois des années 1970 sans trop le sou viennent, nombreux, y faire bamboche et créent ainsi une foule de préjugés. L’accent québécois résonne toujours dans les rues, les commerces et sur les plages. Les habitués et leur descendance continuent d’y venir, mais dans un esprit plus familial. Ce même accent s’entend aussi sur les plages de Bar Harbor, Wells, Ogunquit, Kennebunkport, Cape Cod… Les Québécois adorent la côte est américaine. Cela dit, il y a bien quelques fêtards à l’occasion, mais ce n’est pas la règle. Car la municipalité a pris des mesures pour leur faire obstacle. Entre autres en interdisant la consommation d’alcool sur la plage et en certains lieux, la cigarette et les jurons. Comme dans la communauté d’Ocean Park, à trois kilomètres au sud. Et puis, si l’on déteste le maelstrom des fêtes foraines, il suffit de bouger un chouia vers le sud ou le nord pour trouver plus calme, plus rustique, plus nature. La baie de Saco s’étend de Camp Ellis (Saco) au sud, jusqu’à Pine Point (Scarborough) au nord. Les grandes vacances Comme bien des familles québécoises, nous passions nos vacances à Old Orchard à une certaine époque. Plus précisément à Ferry Beach, à huit kilomètres au sud. Mais je préférais dire Old Orchard, car mes amis en avaient tous entendu parler. Ça m’évitait des explications. À Ferry Beach, il n’y avait ni vague, ni parc d’attractions, ni jeux d’arcade, ni boutiques de sweat shirts, ni d’aussi bonnes patates frites que chez Pier Fries. Pier Fries ! Une légende depuis 1932. Toujours aussi délicieuses, d’ailleurs. Enfants, nous les achetions sur le pier, mais depuis que la jetée a été détruite par une tempête hivernale en 1978, la boutique a déménagé sur la rue principale. La même recette depuis 85 ans : des pommes de terre du Maine, fraîchement coupées au quotidien, frites dans l’huile de soja, servies dans de petites boîtes, saupoudrées de vinaigre et de sel. Et la barbe à papa ? Tout aussi populaire que dans le temps, mais ce n’est pas donné. Quatre dollars américains l’unité. Je vous le disais, Old Orchard Beach est devenu un lieu huppé. « La raison du coût de la vie élevé ? Les taxes y sont pharaoniques », précise Daniel E. Blaney, membre de l’Old Orchard Beach Historical Society, auteur du livre Old Orchard Beach, Maine et natif de la ville : « L’hiver, la vie est au ralenti ici. L’été, c’est autre chose. La population est quasiment dix fois plus élevée. La Ville doit veiller au bon fonctionnement du traitement des eaux, payer le salaire des 23 sauveteurs, de la quarantaine de policiers engagés pour veiller à la sécurité et des pompiers en sus. » Parlons-en, des incendies. Ils font partie de l’histoire de cette ville qui a vu le jour en 1636. Le pire fut celui de 1907, qui a détruit tout le secteur compris entre la plage et Grand Avenue, dont le parc d’attractions inauguré en 1902 —, et de Staples à Brisson. « En six heures, il y avait déjà plusieurs morts et des blessés sérieux. Dix-sept hôtels ont été détruits, dont le Velvet, le Fiske, l’Alberta, ainsi qu’une soixantaine de chalets et de maisons. Plus de 117 commerces ont dû fermer boutique », raconte l’historien. En 1943 c’est l’Old Orchard House qui est réduite en cendres et en 1969, l’entrée du parc d’attractions et du Pier, dont l’Arche de Noé juché sur ce qui représentait le mont Ararat. De ses fenêtres apparaissaient les têtes d’une vigie, d’un éléphant, d’une girafe, d’un singe. Et assis sur le pont, Noé qui regardait les vagues se briser sur la plage. Je me souviens Nous n’avions pas de voiture. C’est mon oncle qui nous emmenait dans le Maine. Au début juillet. Nous, c’est-à-dire ma grand-mère, ma mère, ma soeur, le chien, le chat, les souris et tout l’attirail nécessaire à la survie de cette transhumance estivale d’un mois. Quinze années consécutives de ce remue-ménage estival. Ça ne s’oublie pas. Que de bons souvenirs. Même durant les étés où il pleuvait des trombes une partie du temps et que les aiguilles de la machine à coudre de ma mère rouillaient sur le dispositif. Nous louions une maison en bois à deux étages (elle se loue toujours), avec des planchers qui craquent et une immense galerie grillagée qui en faisait le tour. Le soir, on s’y berçait en écoutant les grenouilles coasser et les cigales craqueter avec ferveur. Du chalet, on voyait le clocher de la petite église blanche en bois de Camp Ellis. Elle a été transformée en maison, privée de son clocher. « Elle a fermé ses portes simplement parce que les gens sont moins croyants », explique Daniel E. Blaney. La seule épicerie du nom de Langevin permettait d’acheter l’essentiel. On s’y procurait du lait Hood — le meilleur au monde, selon ma mère — et des bonbons à la cenne. Il y avait une pizzeria qui fabriquait aussi la meilleure pizza de toutes et le restaurant Huot, où l’on achetait à l’occasion des onions rings et des fried clams. Il existe toujours. L’océan se trouvait au bout de la rue, à environ 30 mètres de la maison. Les jours de beau temps, la mer scintillait comme un joyau sous le soleil. Par temps orageux, on entendait les vagues se briser contre le mur de roches qui séparait la plage de la rue. Mur de roches Dans ses roches empilées les unes sur les autres, le temps n’existait pas. J’aimais transformer l’antre en maison que je décorais d’algues, d’étoiles de mer, de coquilles de palourdes ou de crabes, de couteaux, de dollars de sable… Combien de sandwichs au beurre d’arachide et à la confiture ai-je dégustés dans les anfractuosités de ces rochers ? La mer était calme, comparativement à Old Orchard Beach, et à marée basse, une série d’îlots de sable se formait. Nous pouvions marcher des mètres vers le large. Il fallait toutefois se méfier de la marée montante. « Ça va vite », nous répétait ma mère. Aujourd’hui, ce tronçon de plage entre les rues Sunrise et Sunset et la longue jetée construite au XIXe siècle, à Camp Ellis, pour protéger du sable la voie navigable de la rivière Saco, n’existent plus. Voilà un des grands changements observés. Notre terrain de jeu a disparu, emportant avec lui quelques maisons et des milliers de souvenirs d’enfance. « Cette digue a altéré les courants et redirigé le sable vers le nord, explique Daniel E. Blaney. En conséquence, beaucoup plus de sable sur la plage d’Old Orchard et disparition de ce tronçon de plage où vous passiez vos étés il y a 40 ans. » Un tramway nommé Izabella Mon oncle revenait, le temps d’une fin de semaine au milieu du mois, accompagné de mon père. Un moment attendu puisque la coutume, ce week-end-là, était d’aller au parc d’attractions à Old Orchard Beach. À l’époque, aucun trolleybus ne faisait la navette. Et loin de nous le temps où le dummy, ce train qui, au XIXe siècle, emmenait les estivants d’Old Orchard à Camp Ellis pour y prendre le traversier (d’où « Ferry Beach ») vers Biddeford Pool, le temps d’un thé. Comme il n’avait aucun endroit pour tourner à Camp Ellis, le train revenait à reculons à Old Orchard. D’où son nom « dummy ». Aujourd’hui, des trolleybus font la navette à la demi-heure, du matin jusqu’à 23 h 30, entre Old Orchard, Saco, Biddeford, Portland et Camp Ellis. Ce qui permet aux gens de visiter la région sans avoir à prendre la voiture. Ils ont un petit air rétro, font plaisir à voir et ne coûtent qu’un dollar. Celui qui arrête à Camp Ellis se nomme Izabella. Heureusement qu’il n’existait pas lorsque nous étions ados, car nous aurions passé nos soirées à Old Orchard Beach ! EN VRAC Des adresses où dormir : oldorchardbeachmaine.com/accommodations. Plusieurs motels sont construits le long de la voie ferrée qui traverse le centre-ville d’Old Orchard Beach. L’Amtrak y passe plusieurs fois par jour, ce qui peut être bruyant. À vérifier au moment de la réservation si vous souhaitez des nuits calmes. Manger. Voici deux classiques qui ne trompent pas pour déguster homard, chaudrée de palourdes, fried clams, clam chowder, lobster rolls… dans une ambiance rustique de petit port de mer : https://huotsseafood.com/index.html un classique à Camp Ellis (Saco) qui existe depuis 1935; et au quai sur pilotis avec vue sur les marais salins de Scarborough, le Bait Shed Restaurant de chez https://bayleys.com/. Excursion. Si je devais n’en choisir qu’une, j’opterais pour la visite en bateau de la ferme d’huîtres Nonesuch Oysters, à Scarborough, en compagnie de sa fondatrice, Abigail Carroll. Ses huîtres grandissent dans un estuaire où se rencontrent eau douce et eau salée. L’ostréicultrice y récolte entre 15 000 et 20 000 huîtres par semaine, 12 mois par année. Visite, donc, de la couveuse des bébés, de la ferme et dégustation d’huîtres Nonesuch et Pearl sur le bateau. Suggestion de lecture avant de s’y rendre : The Essential Oyster de Rowan Jacobson et The Big Oyster : History of the Half Shell du journaliste et écrivain Mark Kurlansky. Le trolley entre Old orchard et Camp Ellis : https://bsoobtransit.org/schedules/seasonal-trolleys-2/ Randonnées à pied, en kayak ou en canot. Dans le parc d’État Ferry Beach, un espace vert boisé, ombragé et balisé qui compte des sentiers de marche, des aires de pique-nique et une plage donnant sur l’océan. Et dans les marais d’eau salée du Scarborough Marsh Audubon Center.

  • La petite histoire du Belem...

    Le dernier des grands voiliers français du XIXe siècle encore navigant transporte à son bord la flamme olympique. Ce magnifique trois mats est un survivant de l'éruption de la montagne Pelée (1902), en Martinique. Et le voici qui porte la flamme olympique de 2024. Photo: Hélène Clément, Port de Toulon, 2014 Son histoire en bref... À l’origine un navire marchand destiné à assurer la liaison entre Nantes, les Antilles et l’Amérique du Sud, le Belem pouvait entreposer jusqu’à 650 tonnes de denrées et de marchandises, notamment du cacao d’Amazonie, du rhum et du sucre des Antilles. Puis, le trois-mâts, qui aurait eu cinq vies et trois nationalités, est devenu avec le temps un yacht de plaisance et un navire-école. Avec le temps, oui, mais aussi avec de la chance. Beaucoup de chance même! Car les choses auraient pu se passer autrement pour le Belem si, le soir du 7 mai 1902, l’accès à la rade de Saint-Pierre, en Martinique, lui avait été autorisé. Mais faute de place, le trois-mâts , commandé le 23 décembre 1895 par la maison Denis Crouan et Fils, armateurs à Nantes, en France, est contraint de mouiller dans la baie du Robert, de l’autre côté de l’île martiniquaise. En colère, le capitaine Chauvelon ne se doute pas alors que l’incident le sauvera de la plus grande catastrophe naturelle de l’histoire de la France. Malgré trois mois d’alertes (mouvements telluriques, rivières gonflées, odeur de soufre et coulée de boue), les habitants de Saint-Pierre ne veulent pas croire au pire. Non seulement la capitale de la Martinique est en période d’élections législatives, mais n’est-elle pas une solide ville de pierre qui en a vu d’autres? Pourtant, au matin du 8 mai 1902, la montagne Pelée explose dans un vacarme assourdissant. L’onde de choc est d’une telle violence que les Pierrotins n’ont même pas le temps de fuir. Les premières victimes sont littéralement pulvérisées ou écrasées par une pluie de roches. Une nuée ardente s’abat sur la ville à une vitesse de 500 km/h et embrase tout sur son passage. En 90 minutes, 30 000 personnes et la capitale de la Martinique disparaissent sous les cendres. Entre-temps, le capitaine Chauvelon, qui entreprenait sa quatrième campagne à bord du Belem, s’apprête à débarquer pour aller à cheval à Saint-Pierre déjeuner avec le capitaine du Tamaya, Theophile Mahio. Trop tard, le «clipper» nantais vient de sombrer avec la totalité de son équipage. Comme d’ailleurs le trois-mâts bordelais Biscaye chargé de centaines de tonneaux de morue salée, le cargo mixte à vapeur de la Quebec Line Roraima chargé de combustible et qui va brûler pendant trois jours avant de couler, puis le Grappler, le Diamant, la Teresa, la Clementina… Environ 200 bateaux et une quarantaine de gros navires étaient ancrés dans la baie de Saint-Pierre au moment de l’éruption de la montagne Pelée. Même s’il pleut de la cendre depuis plusieurs jours, les navires sont contraints par les règlements de rester à quai. Seul l’Orsolina défie les autorités et s’enfuit. Italien d’origine, son capitaine connaît les foudres du Vésuve... Le 400ème de la ville de Québec Le 18 mai 2008, le trois-mâts Belem appareillait de Bordeaux, en France, à destination de Québec où «le dernier des grands voiliers français du XIXe siècle encore navigant» était attendu pour célébrer le 400e anniversaire de la ville. Une traversée de près de 100 jours. Il a d'abord fait escale à Madère, puis à Boston le 19 juin et à Halifax le 26. Il est arrivé à Québec le 2 juillet, à temps pour le début des festivités. Après deux semaines à quai, le navire s'était dirigé vers Gaspé et Saint-Pierre-et-Miquelon, dernière parcelle de cette Nouvelle-France que Champlain, parmi tant d’autres, entreprit de créer il y a quatre siècles. Arrivée du Belem à Marseille avec à son bord la fameuse flamme olympique Ce mercredi 8 mai 2024, après 12 jours en mer, le mythique trois-mats Belem arrive en France à Marseille avec à son bord, la fameuse flamme des jeux olympiques de Paris C’était aussi en Martinique en 1902 un jeudi 8 mai, jour de l’Ascension. L’église du Mouillage était bondée, celle du Fort aussi. À ce même endroit, place Bertin, des dizaines de tonneaux de mélasse et de rhum étaient entassés en attente d’être chargés sur des navires. Saint-Pierre exportait alors 200 000 hectolitres de rhum par année. Dans la rade juste en face, Le Roraïma de la Québec Line — l’un des premiers cargos mixtes à vapeur — venait de prendre place au côté du voilier nantais Le Tamaya, en dépit d’une eau tapissée de cendre et d’une montagne couverte d’un nuage noir que le soleil peinait à percer. Le Belem arrivé trop tard la veille a dû aller jeter l'ancre côté atlantique de l'île. 7h50. L’onde de choc est d’une telle violence que les Pierrotins n’ont pas le temps de fuir. Une nuée ardente s’abat sur la ville à 500 km/h et brûle tout sur son passage. Saint-Pierre disparait sous les cendres avec la majorité des bateaux de la rade. Le Bélem n'y était pas! https://www.fondationbelem.com/

  • Nature vive - Un oeil bien ouvert sur la biodiversité mondiale, une formidable expérience immersive.

    En ce Jour de la Terre, petite virée au #palaisdescongre de Montréal pour une immersion dans les magnifiques écosystèmes du monde. le message est clair, «il est urgent de protéger la biodiversité de la planète entière.» La Terre est belle, dommage de l'abîmer... Nature vive

  • L'esprit du fleuve Saint Laurent

    Tout rappelle ici la mer : l’odeur, le vent, les cris plaintifs des goélands. L'île aux Lièvres se trouvent au beau milieu du Saint-Laurent, à environ dix kilomètres d’une rive et dix de l’autre. À l’ouest, l’archipel des Pèlerins, et à l’est, l’île Blanche, l’île Verte, l’île Rouge… Quelque part mugit une corne de brume. Des histoires de phares, de bateaux perdus aussi. Nul doute, le fleuve cache un passé tumultueux. « Ce n’est pas un fleuve facile, raconte le guide-interprète. Il y a beaucoup de récifs et de hauts fonds autour des îles. Entre 1840 et 1850, il y aurait eu 240 naufrages. Avec Cape Horn, le fleuve Saint-Laurent est l’une des zones les plus dangereuses au monde pour la navigation. » Et voilà que l’imagination s’échauffe ! On pense au Don de Dieu, le navire de Samuel de Champlain qui, à maintes reprises, en 1608, aurait chaviré et manqué de se fracasser contre les rochers. Puis au navire du roi Louis XV, le Rubis, qui aurait laissé descendre dans l’anse de l’île des passagers affectés par le mal de mer. À ce soldat Yeoman aussi, mort en 1814 sur le bateau Endeavor. Le bateau se trouvant alors près de l’île du Pot-à l’eau-de-vie, on décida de l’y enterrer, comme en témoigne son épitaphe. On pense aussi à l’Empress of Ireland, embouti la nuit du 29 mai 1914 par le charbonnier norvégien Storstad, au large de Sainte-Luce-sur-Mer, emportant dans son naufrage 1012 personnes. Un musée à Pointe-au-Père relate l’histoire du bateau, de sa construction jusqu’au naufrage. Île-aux-Lièvres L’île compte une quarantaine de kilomètres de sentiers pédestres dont le niveau, en fonction des distances, varient de facile à très difficile. Et trois types d’hébergement : une charmante auberge - qui restera fermée été due aux restrictions liées aux mesures de santé et sécurité liées à la CODIV19, de jolies maisonnettes style chalet et des sites de camping rustique. Toutefois, ce n’est qu’une fois terminée la nidification des oiseaux que le visiteur peut explorer l’île dans sa totalité. Donc, pour certains tronçons, après les premiers jours de juillet. Et interdit d’y faire du vélo ou du kayak de mer à partir et autour de l’île. S’il n’y avait qu’une balade à faire, celle du Sentier de la mer qui longe la plage côté nord du fleuve jusqu’à la Pointe Est, avec retour sur le sentier De la mer Sud, en vaut le coup. L’important est d’arriver au Bout d’en Bas à marée basse pour observer la colonie de phoques gris se prélasser au soleil. Son hurlement de loup s’entend à des kilomètres. Il n’est pas rare non plus qu’un rorqual, un béluga, un cachalot ou un dauphin accompagne le visiteur dans sa randonnée. Lunettes d’approche et appareil photo : des impératifs ! Renseignements Cette année la traversée vers l'île aux Lièvres se feradu 31 mai au 29 septembre 2024 . Duvetnor vous invite à consulter son site web pour plus de renseignements concernat l'île aux Lièvres (https://duvetnor.com/informations-pratiques/ile-aux-lievres/) Au plaisir de vous voir ou revoir cet été. Pour des réservations par téléphone au 418-867-1660 ou sans frais au 1-877-867-1660). https://duvetnor.com

  • 2024 - La croix en acier du Mont-Royal a 100 ans cette année

    Elle culmine sur le Mont-Royal, à 251 mètres d'altitude. D'une hauteur de 33 mètres, ses bras s’étendent sur 10 mètres. Sa structure métallique - composée de quelque 1 830 pièces reliées par plus de 6 000 rivets pèse 26 tonnes, repose sur huit pilastres de béton. Elle commémore la promesse de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, de planter une croix au Sommet du Mont-Royal si le fort de Ville-Marie menacé par une forte crue des eaux, était épargné. Une croix de bois a d’abord été érigée le 6 janvier 1643, en guise donc de remerciement à Dieu pour avoir épargné la petite colonie de Ville-Marie. Quant à la croix d’acier actuelle elle a été installée il y a 100 ans, en 1924, par la Société Saint-Jean Baptiste. À l’origine, la structure métallique en acier de 26 tonnes était illuminée par 240 ampoules qui en dessinaient le pourtour. Aujourd’hui, l’éclairage de la croix, contrôlable à distance, est produit par des ampoules de type DEL reproduisant l’effet des ampoules d’origine. Par temps clair, elle est visible à 80 km de distance. La couleur des ampoules change lors d’événements spéciaux. De blanche, elle passe au violet pour souligner la mort d’un pape ou d’un roi. La couleur jaune indique un couronnement. En 1975, le bleu illuminait la croix à l’occasion des fêtes de la Saint-Jean-Baptiste . Durant les années 1980, on la vit scintiller en rouge lors d’une marche pour le sida. Capsule temporelle Sous la croix, une plaque marque l'emplacement d'une capsule de temps déposée en 1992 dans le cadre des célébrations du 350 e anniversaire de Montréal. Elle contient les messages, dessins, textes et bricolages de quelque 12 000 enfants montréalais décrivant leurs visions du Montréal de l'an 2142. La capsule doit être rouverte lors des célébrations du 500 e anniversaire de la fondation de Montréal, soit le 17 mai 2142. C'est un rendez-vous. Information recueillie sur le site officiel du Mont-Royal : https://ville.montreal.qc.ca/siteofficieldumontroyal/accueil https://ville.montreal.qc.ca/siteofficieldumontroyal/search/node/la%20croix

  • Jamaïque - De Kingston à Oracabessa via les Blue Mountains - Éloge au café et à J.Bond

    D’abord, il y a eu les Arawaks, ensuite Christophe Colomb. « La plus belle île que mes yeux aient jamais entrevue », a dit le navigateur italien à sa reine, en 1494. Deux cents ans plus tard, c’est au tour des pirates d’y élire domicile. À Port Royal. Les plus beaux trésors n’attirent-ils pas la convoitise ? Puis, il y a eu les touristes fuyant en masse les frimas de l’hiver et les Japonais attirés par le café. Et il y a eu James Bond aussi. Ou plutôt son géniteur, Ian Fleming. Dans le sillage de 007, entre Kingston et Montego Bay, via les Blue Mountains et Oracabessa. C’est connu, James Bond aime son dry martini agité et non brassé (shaken not stirred). L’agent 007 le préfère aussi avec de la vodka plutôt que du gin. Vive le Vesper. Mais Bond buvait-il aussi du café ? Bien sûr que oui ! Et pas n’importe lequel, celui des Blue Mountains. « Le meilleur au monde », selon 007, observe-t-on dans Vivre et laisser mourir. Pourquoi le café jamaïcain ? Parce que le géniteur du célèbre agent secret, l’écrivain britannique Ian Fleming, s’en délectait lors de ses séjours en Jamaïque où il possédait une maison, la GoldenEye. Pas surprenant que son héros en raffole aussi. On verra pour la suite. Les Japonais aussi en sont fous ! « D’ailleurs, la quasi-totalité de notre production de café est exportée au Japon », dit Alton Bedward, conseiller et guide à la Craighton Estate. « Yeah man ! » Les amateurs de café qui fréquentent la Brûlerie Saint-Denis, à Montréal, ont sûrement noté que le Jamaican Blue Mountain coûte 15 $ les 100 grammes, alors que le prix des autres cafés (sauf l’Hawaïen) gravite autour de 4$ les 100 grammes. « Et il se vend, assure le jeune homme derrière le comptoir, rue Saint-Denis. Les gens l’achètent en petite quantité pour l’offrir en cadeau, ou le dégustent ici, servi dans une cafetière à piston. C’est exotique de boire du café Blue Mountain. » Mais encore plus de se retrouver dans ces montagnes tropicales, au coeur d’une plantation de café, se baladant entre 400 000 plants gorgés de fruits rouges et gros comme des billes. Où de minuscules oiseaux mouches à bec rouge et à queue fourchue pollinisent les fleurs et où le mouvement des nuages dans les vallées nous fait entonner Natural Mystic de Bob Marley. Man ! La mer est belle en Jamaïque, mais la montagne est vraiment spectaculaire. Des lichens, des fougères arborescentes, des plantes épiphytes, une soixantaine d’espèces d’orchidées, des broméliacées, des lobelias, des bégonias, des bambous. Des criquets, des sauterelles, des millepattes, une soixantaine d’espèces de grenouilles, des fourmis araignées. Des centaines d’oiseaux également : le sorcier de la montagne, la colombe bleue, l’oiseau rasta, les perroquets, les oiseaux du paradis… de quoi rendre fou l’autre James Bond. L’ornithologue américain. L’auteur de l’ouvrage de référence A Field Guide to the Birds of the West Indies. C’est en feuilletant l’opuscule que Ian Fleming, aussi ornithologue passionné, décide, sans l’approbation de l’auteur, d’utiliser son nom pour baptiser son héros. Un nom que le romancier juge très banal. C’est ainsi que naît en 1952, à Oracabessa, l’espion le plus connu au monde. Un café réputé Du quartier des affaires New Kingston jusqu’au village d’Irish Town, sur le flanc sud des Blue Mountains, il faut compter 40 minutes en voiture. Pas que le hameau aux souches irlandaises gîte loin de la capitale — Kingston est située au pied du massif montagneux —, mais la route qui y grimpe est en lacet. Chemin étroit et conduite à gauche en sus, et bienvenue le klaxon. Yeah man ! Ce matin-là, d’épaisses volutes de brume bleutée voilent les crêtes. Impossible d’entrevoir la cime du plus haut sommet de la paroisse St. Andrew, le Catherines Peak, à 1350 mètres. Ni, un peu plus à l’est, le Blue Mountain Peak, le point culminant en Jamaïque, à 2256 mètres. « C’est le brouillard bleuté qui a donné le nom à ce massif montagneux, explique Alton Bedward. Certains disent que la condensation produite par les nombreux mahots bleus — l’arbre national de la Jamaïque — sur les flancs des Blue Mountains serait garante du bleu de la brume. » Assis confortablement sur la vaste véranda de la maison rose de style géorgien Craighton House, datant de 1805, au coeur d’un jardin de fleurs, d’arbres et de plants de café, à 800 mètres d’altitude, nous écoutons l’histoire de cet or noir jamaïcain réputé l’un des meilleurs au monde. Au XVIIIe siècle, le roi Louis XV aurait envoyé trois plants de café arabica en Martinique, dont un fut donné cinq ans plus tard au gouverneur anglais de la Jamaïque, sir Nicholas Lawes. Depuis, l’un des plus prestigieux cafés au monde s’épanouit sur les contreforts de la paroisse St. Andrew, à l’ombre de bananiers, de papayers, d’arbres à akee, de mahots bleus et d’acajous. « Un microclimat influencé par les alizés est-ouest, un sol volcanique, une pluviométrie favorable, une température de cinq à sept degrés plus basse que sur le reste de l’île — ce qui permet, entre floraison et récolte, de prolonger la saison jusqu’à dix mois, plutôt que cinq —, ainsi que la présence d’un épais brouillard. Ce qui est fondamental pour un bon café », explique Alton Bedward. La pente étant à fond de cuve, les cerises de café sont ramassées manuellement, une par une. « Seul le café cultivé à partir de 1800 mètres obtient l’appellation contrôlée Jamaica Blue Mountain Coffee, dit le guide. L’arabica représente environ 90 % de la superficie plantée. » Lors de la dégustation, nous apprenons qu’une tasse de Blue Mountain contient moins de 25 mg de caféine, alors qu’une tasse de robusta, une culture qui nécessite moins d’entretien, en contient entre 150 et 175. Et qu’il vaut mieux boire son café noir car le lait peut l’intoxiquer, selon le mélange. Et si on sucre, opter plutôt pour le sucre brun, le sucre d’érable ou le miel. Comme pour le vin, un café pris en bonne compagnie, dans un bel endroit, là où poussent les grains, dans des conditions exceptionnelles et le respect de l’environnement, ne peut être que bon. Celui-ci n’est ni amer, ni acide, c’est un bon café filtre. Mais est-ce que ça justifie le prix ? Depuis 1981, la Craighton Estate appartient à la Ueshima Coffee Co., la plus grande compagnie de café au Japon. Et 65 % de la production est exporté au pays du Soleil levant. Dans les pas de Matricule 007 À quelques encablures de là, au sommet du morne voisin, à 1000 mètres d’altitude, le Strawberry Hill allie charme et discrétion. Retraite montagnarde charmante implantée dans un décor digne du XIXe siècle sur un domaine de 12 hectares, l’hôtel de charme est depuis 1972 la propriété de Chris Blackwell, fondateur du label Island Records, une société d’édition musicale. Sans Blackwell, la notoriété de Bob Marley n’aurait sans doute pas dépassé les quartiers de Kingston, U2 n’aurait peut-être pas franchi le cap du deuxième album et Cat Stevens n’aurait pas connu la même carrière. Mais son premier vrai bon coup, c’est à 24 ans qu’il le réalise lors du tournage du film James Bond 007 contre Dr. No. Il déniche la jolie plage de Laughing Waters (la James Bond Beach), où Ursula Andress sort de l’eau en chantonnant, des lambis à la main. Puis, le brillant homme d’affaires né en 1937, qui règne sur un petit empire hôtelier de luxe dont trois hôtels en Jamaïque — Strawberry Hill, The Caves et GoldenEye (jadis la demeure de Ian Fleming), lance sa propre marque de rhum jamaïcain, le Blackwell Black Gold. C’est à GoldenEye que le romancier Fleming, issu d’une famille de riches banquiers, écrira les 14 volumes des aventures de James Bond. Toutes seront portées au grand écran. Les inconditionnels des films de 007 reconnaîtront certains lieux qui ont servi de décor lors des tournages. Entre autres, la James Bond Beach et les chutes Dunn’s River (hautes de 200 mètres), près d’Ocho Rios, qu’Ursula Andress et Sean Connery gravissent main dans la main dans Dr. No. Quant au sprinter Usain Bolt, il les franchit à la course pour une publicité touristique. Et pour le potin : Blackwell est le fils de feu Blanche Lindo, héritière d’une longue lignée de propriétaires de plantations en Jamaïque et maîtresse de Ian Fleming. Le monde est petit ! Pirates des Caraïbes La nuit s’annonce lorsque nous arrivons à Port Royal. C’est par une mince langue de terre appelée Palisadoes, qui protège la baie de Kingston et dessert l’aéroport international Norman Manley, que nous atteignons l’ancienne cité des pirates, hantée par le souvenir d’Henry Morgan. Fondée en 1656 par les Anglais, Port Royal a connu un essor rapide grâce à la présence de boucaniers invités par le gouverneur de la Jamaïque à s’y établir afin de défendre le siège du gouvernement britannique contre les Espagnols. Au menu : débauche et contrebande. L’âge d’or de cette cité corsaire se terminera de façon brutale le 7 juin 1692, alors qu’un important séisme précipitera les deux tiers de la ville à plusieurs mètres sous la mer. Kingston fut fondée peu de temps après pour accueillir réfugiés et survivants de l’ex-capitale de la Jamaïque. Ce repaire de mécréants, que les gens d’Église avaient baptisé « la ville la plus dépravée de la chrétienté », est aujourd’hui un village de pêcheurs de quelque 2000 habitants. Une tournée des lieux avec un guide conduit le visiteur dans les ruines du Fort Charles et de la Giddy House (maison étourdie), nommée ainsi pour l’effet qu’elle provoque à qui s’aventure en ses murs. Les vibrations provoquées par un tremblement de terre ont entraîné une liquéfaction du sol et endommagé le bâtiment. Impossible de traverser la pièce sans être déséquilibré. Bizarre ! Il fait nuit lorsque nous rejoignons notre hôtel dans New Kingston, un quartier de bureaux et d’hôtels sécurisés. Ici, pas de tout-compris étoilés, Kingston s’adressant plus aux gens d’affaires qu’aux touristes. Et les hôtels sont parfois un peu rétros. On fait avec ! Il y a bien quelques maisons coloniales à visiter, comme la Devon House, une des plus belles de la capitale, construite en 1881 au goût de George Stiebel, un Jamaïcain ayant fait fortune grâce à de judicieux investissements dans des mines d’or au Venezuela. Puis le musée Bob-Marley. Sauf qu’il y a un mois, il était fermé pour rénovation. Sinon, Kingston révélera son âme à ceux qui sauront l’écouter et s’efforceront de l’atteindre. Demain, cap sur Montego Bay. Bons baisers de la Jamaïque. Yeah man ! EN VRAC Hébergement À Kingston, The Knutsford Court Hotel, un peu rétro mais avec grandes chambres, beaux jardins et piscine extérieure. À Irish Town, dans les Blue Mountains, l’hôtel de charme Strawberry Hill où les Rolling Stones ont séjourné, ainsi que Bob Marley, après l’attentat dont il a été victime en 1976. À Oracabessa, près d’Ocho Rios, le luxueux GoldenEye pour une expérience digne d’un film de James Bond. À Montego Bay, tiens, dans un tout-compris pour adultes, le Riu Palaca Jamaica. La cuisine y est plus qu’honnête et les chambres, spacieuses, modernes et aux couleurs reposantes. Restauration À Kingston, le Gloria’s, situé au coeur du village de Port Royal, près du front de mer. On y sert des spécialités jamaïcaines comme le thé au poisson, le poisson escoviche (frit avec une marinade), le poisson vapeur, en ragoût ou au curry, le pain festival (mi-pain, mi-beignet), du homard… Le restaurant Grogg Shoppe, au centre de Devon House. Annexe à la maison coloniale : un complexe de boutiques et restaurants où il fait bon flâner sur la place en dégustant la fameuse crème glacée de chez I Scream. Coup de coeur pour celles au coco et au rhum et raisins. À Kingston, Ocho Rios et Montego Bay : Scotchies pour le jerk. Poulet et porc sont marinés dans un mélange d’épices qui combinent piment Scotch Bonnet (l’un des plus forts au monde à l’échelle de Scoville), piment de la Jamaïque, girofle, cannelle et muscade. La viande est ensuite rôtie ou fumée pendant des heures. De vieux barils d’huile sont souvent utilisés comme fumoirs. Le jerk est si populaire que les Jamaïcains ont créé la Route du jerk. Neuf incontournables pour lâcher prise et découvrir… La visite de la plantation de café Craighton Estate dans les Blue Mountains, près de Kingston. Une visite guidée de Port Royal, ancienne cité de pirates à 35 minutes du centre de Kingston. Nager avec les dauphins à Dolphin Cove, Ocho Rios. Gravir la suite de chutes en cascade Dunn’s River Fall ou simplement se promener et pique-niquer dans le parc tropical à Ocho Rios.Descendre à toute vitesse la Mystic Mountain en bobsleigh sur rails. Expérimenter la plus longue tyrolienne de la Caraïbe, à Montpelier, près de Montego Bay, avec l’entreprise https://chukka.com/destinations/jamaica/ Déguster du rhum Appleton à la Appleton Estate Jamaica Rum. Faire un tour sur un radeau en bambou pour connaître la légende de Martha Brae, une vieille sorcière Arawak. Nager en pleine nuit dans la lagune la plus phosphorescente au monde : Oyster Bay. Le mélange d’eau fraîche de la rivière Martha Brae, des eaux saumâtres de la mangrove et de l’eau salée de la mer caraïbe a donné naissance à des milliards et des milliards de micro-organismes luminescents. Renseignements visitjamaica.com.

  • Martinique - À travers les mornes et les cascades

    On ne pense pas à aller en Martinique pour faire de la randonnée pédestre. Pourtant, à l’image de la France, l’île dispose d’un très beau réseau de sentiers pédestres. Plusieurs itinéraires conduisent en montagne, en forêt tropicale, le long du littoral. Un moyen dynamique d’entrer en relation avec la population et de découvrir l'histoire de l'île. De Saint-Pierre, plus que vingt kilomètres en auto avant d’atteindre le village du Prêcheur. D’un côté, la mer des Caraïbes, de l’autre, la montagne Pelée. À l’anse Céron, la voiture emprunte une route escarpée et sinueuse de trois kilomètres qui monte et descend pour s’enfoncer dans la forêt touffue. Anse Couleuvre. Terminus de la route D10. Ici commence le sentier pédestre de 17 km « Prêcheur-Grand-Rivière » menant à Grand-Rivière, le village le plus septentrional de l’île. Aux abords de la rivière Couleuvre, un petit stationnement ombragé (mieux vaut arriver tôt)permet de garer son auto pour la journée. Un immense panneau sur lequel est dessinée une carte du sentier indique le niveau de la randonnée, le nombre de kilomètres, le temps approximatif pour se rendre à destination (six heures), les difficultés en cours de route, les curiosités, les panoramas, les lieux pour se baigner. Entretenu et protégé par l’Office national des forêts avec le soutien du Conseil général de la Martinique, chaque itinéraire pédestre dispose en début de parcours d’un large plan détaillé du terrain avec des conseils. « La marche est une pratique ancienne sur l'île explique Jacques Bellanger, guide de montagne en Martinique. On nomme ces sentiers des “ traces ”. Elles sont l’oeuvre des Amérindiens, puis des esclaves qui fuyaient les plantations et des habitants qui parcouraient à pied ces petits chemins pour aller vendre leur marchandise à Saint-Pierre, capitale économique et culturelle de la Martinique avant l’éruption de la montagne Pelée en 1902. » Le sentier Prêcheur-Grand-Rivière évolue de col en col en jouant à cache-cache avec la mer. En début de parcours, le randonneur peut accéder par des traces secondaires à de jolies criques sauvages entaillées à flanc de montagne. La baignade y est délicieuse. Le chemin monte longuement en forêt, longe des ravins, descend, traverse un ruisseau, puis remonte en dessinant de longs serpentins à travers une jungle peuplée de fleurs, de bambous, de fougères géantes… La Martinique propose environ une trentaine de sentiers balisés qui respectent les normes nationales et internationales de la marche. La couleur du marquage représente la longueur et non la difficulté : le jaune équivaut à une randonnée d’un à trois kilomètres ; le bleu, de trois à douze kilomètres et le rouge, de plus de 12 km. On ne conçoit pas encore sur l’île l’organisation de randonnées de plusieurs jours, à l’image des grandes randonnées (GR) en France métropole. Les grands classiques Au nord, le sentier Prêcheur-Grand-Rivière, bien sûr, mais aussi « Les Gorges de la falaise », dans la commune d’Ajoupa-Bouillon. Cette randonnée de 90 minutes, « pied dans l’eau », consiste à remonter un torrent jusqu’à une cascade. Des falaises tapissées de mousse surplombent la gorge de 100 mètres. Dans la forêt, tout est gigantesque. Les fougères sont colossales, les bambous géants et les arbres, qui soutiennent une végétation abondante d’épiphytes, dépassent parfois 40 mètres. Les inconditionnels de la marche en montagne grimperont la montagne Pelée (1397 mètres) jusqu’au cratère. Courte en distance, cette randonnée requiert de la résistance : c’est une marche pas trop longue, d’environ huit kilomètres, mais au dénivelé brutal. Les plus endurants pourront aussi choisir les sentiers raides des pitons du Carbet qui mènent au sommet du morne Chapeau-Nègre (911 m) et du piton Lacroix (1197 m). Le parcours offre des vues vertigineuses sur le piton Dumauzet, la baie de Fort-de-France et la côte caraïbe. En quatre heures de marche, on évolue d’un sommet à l’autre, au beau milieu d’une végétation hygrophile. Au sommet du piton Lacroix émerge une succession de pics verts aux allures de montagnes russes. On se croirait en Suisse. Canal et mangrove Plus facile ? Le canal de Beauregard (aussi appelé canal des Esclaves) à Fonds-Saint-Denis, une promenade historique de sept kilomètres le long d’un ancien canal d’irrigation construit sur le flanc du morne des Cadets, en 1777, par des esclaves. La réserve naturelle de la Caravelle aussi, sur la route de Trinité. Quatre curiosités majeures sur cette presqu’île : la forêt sèche, la mangrove, la géologie et l’histoire à travers l’intrigante et mythique Habitation Dubuc. Au sud se trouve le fameux « sentier des Caps ». L’itinéraire exceptionnel traverse quelques-unes des plus belles plages de la Martinique, dont celle des Salines. De l’anse Trabaud, à quatre kilomètres de Sainte-Anne, on suit les balises bleues au terme d’une randonnée de 28 kilomètres. Le sentier alterne entre mangrove, falaises et paysage aride comme la Savane, des pétrifications, un ancien marais salant. L’érosion des sols combinée à la sécheresse a transformé ce biotope en un paysage désertique et aride. Les longs cactus plantés dans le sable rappellent parfois l’Arizona. Sur ce petit territoire — 80 km de long par 35 km de large —, la biodiversité des paysages est frappante. On peut passer un mois en Martinique sans jamais mettre les pieds à la plage. En vrac Se procurer: auprès du Comité martiniquais du tourisme (514 844-8566), à l’aéroport Aimé Césaire ou dans les hôtels, la carte IGN « Martinique terre de randonnée », publiée par la société Pub et Map pour la description des randonnées. Tenir bon: pour les amateurs de cross-country, chaque année, en mai, est organisé un raid, le «Tchimbé Raid», qui parcourt les plus beaux sentiers de randonnée du nord de la Martinique. La course traverse l’île d’est en ouest sur 80 kilomètres, avec un dénivelé positif de 4600 mètres. Du 16 juin au 2 juillet 2023 aura lieu en Martinique organise son sixième Festival international de la Randonnée . Se renseigner: www.martinique-ffrandonnée.fr

  • Souvenirs d'une journée à Kastelorizo

    À une vingtaine de minutes en bateau de la ville de Kas, au sud de la Turquie, il y a une île grecque d’une extrême fraîcheur, la plus petite des îles du Dodécanèse, qui mérite la croisière ne serait-ce que pour une journée. Un caillou de quelques arpents de rocaille, piqué de broussailles et de jasmins, avec un port en amphithéâtre bordé de maisons néoclassiques aux couleurs vives et d’augustes dômes d’églises qui témoignent d’une prospérité passée. Difficile d’imaginer qu’au siècle dernier, Kastelorizo, cette petite île grecque d’à peine neuf kilomètres carrés qui a servi en 1991 de décor au film italien Mediterraneo, du réalisateur Gabriele Salvatores — primé meilleur film étranger aux Oscar —, comptait quelque 15 000 âmes. À présent, il n’en reste que 300, auxquelles s’ajoutent quelques ouvriers, fonctionnaires et enseignants venus du reste de la Grèce, la garnison de l’armée grecque et sa frange de permanents et les appelés qui y font leur service militaire. Des Anglais, des Allemands, des Gréco-Australiens, des Italiens aussi, qui retapent de vielles maisons et y passent l’été. Pourtant, Kastelorizo, plutôt difficile à pointer sur une carte de la Grèce, a déjà connu un passé florissant. Elle fut habitée par les Mycéniens, puis les Doriens, un temps hellénisée par les successeurs d’Alexandre le Grand, puis dominée par les Romains avant d’appartenir à l’Empire byzantin, ensuite aux chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean et aux mamelouks d’Égypte. Mais c’est sous le règne ottoman que l’île a surtout prospéré. La flotte locale entretenait alors des relations commerciales avec plusieurs villes d’Anatolie, ainsi qu’avec d’autres îles grecques. Elle fut longtemps le territoire le plus oriental de l’Europe, jusqu’à l’entrée de Chypre dans l’Union européenne, et une halte commerciale importante entre Beyrouth et Le Pirée. En 1911, Kastelorizo est occupée par le royaume d’Italie, vit une certaine liberté entre 1913 et 1915, avant de changer maintes fois de mains jusqu’en 1945. Tantôt les Français, tantôt les Anglais, longtemps les Italiens. Elle sera bombardée par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, reprise en 1945 par les Britanniques et, ultimo, intégrée à la Grèce en 1948. Quant au film Mediterraneo, il raconte l’histoire de huit soldats italiens débarqués en 1941 sur cette île au cadre onirique pour une mission d’observation. Privés de radio et de bateau, ils sont livrés à eux-mêmes. Au fil du temps, ils tissent des rapports d’amitié, voire d’amour avec la population locale, composée exclusivement de femmes, d’enfants, de vieillards et d’un pope italophone. Les hommes en âge de se battre ont tous été déportés lors d’un raid allemand. Kastelorizo n’a plus que 300 âmes, qui y vivent de la construction, de la pêche artisanale et du tourisme. On y retrouve une école primaire, un collège et un lycée, une vingtaine d’églises et de petites chapelles, un minaret et une mosquée devenue musée, des ruines de châteaux… L’île ne produit aucune denrée et il n’y a pas d’eau. Tout est importé de Rhodes ou de Kas, en Turquie. L’île abrite un débarcadère, une station de police, un bureau de poste, la police du port, la garde côtière, une banque, deux épiceries, une boulangerie et une promenade parsemée de terrasses d’où l’on peut observer, en sirotant son ouzo à l’ombre d’une tonnelle, le pêcheur sur son bateau, les enfants jouer au foot, les parties de jacquet entre hommes et les chats ronronner de bonheur. Megisti, Meis, Castelrosso, Kastelorizo Si les Turcs l’appellent Meis, les Arabes Mayas, les Italiens Castelrosso, les Français Kastelorizo et les Grecs Kastellorizo, son nom d’origine, qui date de l’Antiquité, est Megisti. Selon la légende, Megistus, un prince de Crète, aurait été le premier colon à débarquer sur l’île. Sauf que les archéologues ont aussi déniché des traces de peuplement néolithique. L’histoire demeure donc un peu floue, ce qui ajoute encore plus de mystère à cette île lointaine. La baie est gardée par la forteresse des chevaliers de Saint-Jean. Construite sur des rochers rouges, les Italiens la surnommèrent Kastel Rosso, reprise en Kastellorizo par les Grecs. L’unique village de ce rocher aux rives déchiquetées continue, lui, de porter le nom de Megisti. C’est autour du port, le lieu de rendez-vous de tous, que la vie se déroule, pour boire un café, un verre de vin ou un ouzo sous la tonnelle d’un bistro. Et déguster calmars frits, poisson grillé, salade grecque, tomates et feuilles de vigne farcies, baklavas, katoumari, revani et stravos. Une île d’exception, mais difficile d’accès. On est loin ici des foules de Mykonos, Santorino, Corfou, Lesbos, Samos, de la Crète… Kastelorizo se trouve à une demi-journée en bateau d’Athènes, à quatre heures de Rhodes et à vingt minutes de la ville de Kas, sur la Riviera turque. L’avion reste le moyen de transport le plus rapide, surtout en été, alors que l’offre augmente. Une heure de vol d’Athènes à Rhodes et 25 minutes de Rhodes à Kastelorizo. Le hic, c’est qu’une fois à Rhodes, en fonction du prochain vol pour Kastelorizo, il faudra peut-être passer une nuit ou deux dans la capitale, l’occasion de se promener dans les ruelles de la vieille ville, de visiter le palais du Grand Maître et de marcher sur la voie des chevaliers. À Kastelorizo, ni circulation, ni stress. Un mini-aéroport grand comme un mouchoir de poche et une seule piste d’atterrissage d’à peine 800 mètres de long. Un seul taxi, une seule navette et une seule route asphaltée qui mène au seul village. Pas de voitures, ou si peu, et de très petite taille. Un crochet C’est de Kas, en Turquie, que nous avons pris le bateau pour Megisti. Une décision de dernière minute lors d’un voyage dans le sud de la Turquie. Un crochet le temps d’une journée. « La traversée ne dure que 20 minutes », m’avait dit Fethi Öcel, directeur chez Koptur, une agence réceptive spécialisée dans les voyages sur mesure en Turquie. « Vous allez pouvoir vérifier si le café grec est meilleur que le turc, l’ouzo meilleur que le raki et les baklavas si différents. » Vendu ! La suite fut simple. Il a suffi de laisser son passeport, la veille au soir, à l’agence qui gère le bateau — le visa pour entrer en Turquie permet de sortir du pays et d’y revenir pendant 90 jours. Le traversier accoste au petit port de Kastelorizo vers 10h30 et repart à 15h30. Ce qui laisse cinq heures pour explorer l’île. Le temps d’une randonnée au sommet de la montagne pour admirer la vue sur le port, d’une virée dans les ruelles de l’île et d’un repas. Et d’un repérage des hébergements de charme pour la prochaine fois. Car on rêve de revenir sur cette îlette absolument ravissante avec ses maisons colorées à deux étages, toutes garnies d’un balcon en bois et d’un fronton néoclassique à l’italienne. Et ses petites places pavées et fleuries de bougainvilliers, si apaisantes qu’on voudrait s’y installer à vie pour lire, écrire, peindre, dessiner, discuter de tout, se balader, jouer au backgammon, danser le sirtaki… avec Zorba. Les plages de sable fin ne champignonnent pas à Kastelorizo, l’île étant plutôt rocailleuse. Mais à chacun de trouver sa petite baie secrète. Certains hôtels ont aménagé des échelles qui plongent dans la mer turquoise. Il est aussi possible de nager près de la promenade du port de l’île ou d’embarquer à bord d’un caïque à destination d’îlots tout autour, où la baignade est plaisante. Le clou de la place ? La grotte bleue située au sud de l’île, à quelques minutes en caïque. On dit que c’est l’une des plus belles grottes marines de la Méditerranée. D’une longueur de 75 mètres, elle cacherait une jolie palette de couleurs et une décoration en stalactites du feu de Dieu. Du quai, nous marchons à travers d’anarchiques ruelles bordées de maisons en ruine et couvertes de ronces, avant d’emprunter l’escalier de pierre blanche en colimaçon — 400 marches et une mise en jambe assurée, qui mène en une vingtaine de minutes au sommet de la falaise. En haut, la vue sur le port en amphithéâtre, les maisons aux toits de tuiles rouges, les dômes d’églises, les vestiges de châteaux, la mer Méditerranée et la cité de Kas, en face, avec ses maisons blanches posées sur les Taurus qui se jettent dans la mer, est franchement spectaculaire. S’y rendre. Soit en avion depuis Athènes, via Rhodes, avec Olympic Air, ou en traversier à partir de Rhodes (quatre heures), ou encore de la petite ville de Kas, sur la Riviera turque (20 minutes). Dans ce dernier cas, l’agence de voyage qui offre la traversée en bateau, Meis Express, est une bonne option. Le coût : 35 euros. Assurez-vous d’avoir votre passeport et votre visa en règle pour la Turquie. Vous devrez laisser votre passeport la veille aux autorités, qui vous le rendront au retour de Kastelorizo. Une option pour se rendre en Turquie est Turkish Airlines, qui propose trois fois par semaine un vol direct vers l’aéroport d’Istanbul-Ataturk. De là, plusieurs vols quotidiens sont offerts vers Antalya et/ou Dalaman, dans le sud du pays. La location d’une voiture peut se faire aux aéroports. Où dormir. L’hôtel-boutique Maki, situé dans la ville historique de Kas, sur la côte turquoise, est une bonne adresse. Demander une chambre qui donne sur la mer avec vue sur l’île de Kastelorizo, à quelque sept kilomètres de là. Par contre, si vous souhaitez loger à Kastelorizo, une adresse qui revient souvent dans les guides est l’hôtel Mediterraneo. L’endroit a été joliment décoré par sa propriétaire, l’architecte française Marie Rivalant. Une maison de vacances raffinée, les pieds dans l’eau. Et il paraît que les confitures servies au petit-déjeuner sont absolument divines.

  • Un cocktail de thalassothérapie, de soleil et de dépaysement en Tunisie

    Une cure de thalasso en Tunisie ? Après tout, ce petit pays d’Afrique du Nord a une longue tradition de bien-être. Il n’y a qu’à visiter les ruines des thermes d’Antonin, à Carthage, le plus vaste ensemble thermal romain en sol africain, pour le constater. Puis, il y a le soleil au rendez-vous 300 jours par année, le charme des habitants, les très bons légumes, un dépaysement assuré et des coûts de séjour alléchants. En dépit des turbulences politiques qui traversent la Tunisie depuis 2010 et font battre de l’aile l’industrie touristique, les professionnels n’ont jamais baissé les bras. Que les prix ! Dans le but de ramener les touristes qui ont déserté le pays. Le secteur est animé par l’ambition d’une montée de gamme au niveau mondial. « En matière de thermalisme et d’hydrothérapie, la Tunisie se classe deuxième au monde après la France », précise le Dr Anis Sellem, gérontopsychiatre, gériatre et directeur du centre de thalasso Le Télès, au Kenz Royal Hotel, à Sousse. « Mon pays est parmi les meilleurs en matière de normes, d’architecture et de qualité des services. » Une norme internationale Et pas question de perdre sa place. Depuis deux ans, l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie est à mettre en vigueur une norme internationale de qualité en thalasso, l’ISO 17 680, qui sera appliquée dans les 60 centres bordant les 1300 kilomètres de côtes de la Tunisie. « Cette nouvelle norme, élaborée par des experts et des professionnels, assurera aux curistes des prestations d’excellence, explique Anis Sellem. La griffe ISO contribuera aussi à maintenir et à renforcer le positionnement de la thalassothérapie tunisienne dans le classement mondial, ainsi que sa commercialisation. » La thalassothérapie est l’utilisation combinée, sous surveillance médicale et dans un but préventif et curatif, des bienfaits du climat marin, de l’eau de mer, des boues marines, des algues, des sables et autres substances extraites du milieu vivant qu’est l’océan. « Impossible de reproduire ailleurs qu’au bord de la mer ce traitement thérapeutique particulièrement indiqué dans les cas de rhumatismes dégénératifs, de douleurs vertébrales, de troubles du sommeil et de certaines affections dermatologiques », soutient le Dr Anis Sellem. L’eau de mer est riche en ions négatifs, sels minéraux et oligo-éléments. Toutes ces substances contribuent au bon fonctionnement de l’organisme.Un cocktail antistress assuré ! La cure de découverte expérimentée ce jour-là dure trois heures et demie et comprend le gommage ou l’enveloppement d’algues, le modelage du dos sous pluie marine chaude, le parcours phlébologique pour jambes fatiguées, avec jets sous-marins, la marche à contre-courant sur des galets et dans une eau de mer allant de 32 °C à 17 °C, et un massage traditionnel. Prévention Après quelques jours à voyager dans le pays, me voilà donc dans le hammam du Télès, plongée dans un nuage de vapeur au parfum de jasmin, enduite d’un savon noir gras, puis livrée aux mains énergétiques de Reyda qui, avec son gant de crêpe noir, me frotte le corps entier avant d’appliquer le ghassoul pour le nettoyage final. Juré qu’un tel bain remet le facteur sur le vélo ! Le savon noir est un pilier de la cosmétique orientale dont les bienfaits sont reconnus depuis des siècles. Seuls les pays du Maghreb ont choisi de le faire perdurer. Il a des vertus purificatrices et des avantages dermiques, prépare la peau à l’exfoliation des cellules mortes. On l’utilise lors de gommages. « Ici, on ne guérit pas, on fait de la prévention, explique le médecin. Chaque cure, qu’elle soit minceur, antitabac, fibromyalgie, anti-âge, sommeil… est une mise en marche pour retrouver la forme, reprendre de bonnes habitudes, apaiser un mental survolté et évacuer le stress.» La cure Entre chaque traitement, un moment de détente dans un salon aux couleurs du désert dont la décoration évoque la Tunisie : briques de Tozeur, mosaïque de l’amphithéâtre romain d’El Jem, vases de l’île de Djerba, luminaires à base de bois, verre soufflé et cuivre, écritures berbères, fleurs… Un magnifique mélange entre tradition et modernité qui rappelle le voyage qui se termine. « Je recommande aux visiteurs venus explorer la Tunisie qui veulent expérimenter nos soins de thalasso une cure de quatre jours minimum, et préférablement en fin de voyage pour soulager maux de dos et de jambes, dit Anis Sellem. On revient plus reposé de son voyage. Et nous offrons une cure spécifiquement pour les golfeurs ! » Pour vous aider à préparer votre voyage, contactez Voyages Gama Mirabel.

  • Un train nommé «Lézard»

    Dans le sud-ouest de la Tunisie, un train d’époque, le «Lézard rouge», amène les touristes en plein Far West tunisien. Le tortillard de Metlaoui de Gafsa circule entre canyons et montagnes. Il met deux heures aller-retour pour parcourir 40 kilomètres depuis Metlaoui jusque dans les gorges de Selja. À mettre au programme d’un séjour en ce pays. Fin novembre 2016. C’est pour assister au tout premier festival de musique sacrée, le Rouhanyet, à Nefta, ville du sud de la Tunisie et deuxième centre religieux du pays avec sa trentaine de mosquées et sa centaine de marabouts, que nous nous envolons pour la Tunisie. Une occasion inouïe, ce voyage, surtout quand on aime la musique soufie. Et le désert. Car cette ville ancienne de tradition spirituelle, réputée pour ses dattes, se trouve à l’orée du Sahara. N’est-ce pas dans les rues de cette cité, qui remonte à 80 000 ans avant notre ère, coincée entre le Chott El Jerid et les dunes du Sahara, qu’a été tourné le film Le patient anglais ? Et aussi les épisodes II et III de La guerre des étoiles, dans le désert, à 14 kilomètres de là. Les décors laissés par George Lucas il y a 40 ans représentent une attraction touristique prisée. Au coucher du soleil, les 4x4 sont nombreux à se frayer un chemin jusqu’au cou du chameau à Oung Jmel. C’est tout de même sympathique de grimper au sommet des dunes dans le sable ocre et d’observer le va-et-vient des vendeurs de Mos Espa, la ville de la planète Tatooine. Rouhanyet signifie « spiritualité ». Au programme de ce festival des musiques mystiques dirigé par l’acteur tunisien Hichem Rostom : des derviches tourneurs de Turquie, des gnaouas du Maroc et des musiciens venus de Tunisie, d’Algérie, de France et du Québec. « Des oeuvres qui toucheront l’âme autant que l’esprit par l’émotion et par le plaisir des sens », précise-t-il. Dans la cour intérieure d’une maison du XVIIe siècle aux murs de brique couleur de sable, en compagnie de la soprano Raphaëlle Paquette et du violoniste baroque Olivier Brault, nous découvrons l’univers de la musique sacrée, au final plus festive que méditative. Et les habitants de cette ville oasis du Djérid, située à une trentaine de kilomètres de l’Algérie et à une vingtaine de Tozeur, plus habitués à taper dans les mains, danser et chanter avec les troupes qu’à écouter, seront initiés à l’art lyrique de deux musiciens québécois venus aux portes du Sahara partager avec eux des airs d’opéra de Haendel, Vivaldi, Bach… et de musique baroque. Un voyage classique dans le sud de la Tunisie implique presque toujours la visite de la palmeraie de Tozeur et de sa médina, de la Corbeille de Nefta, du site de La guerre des étoiles, Douz via le Chott el-Jérid, d’un tour à dos de dromadaire et d’une tournée des oasis de montagne. Nichées entre désert et pinacle d’une colline, les ruines de l’oasis de Chebika dominent une gorge profonde. Quant à Taberka, suspendue aux flancs d’un canyon, l’antique Ad Turres, elle surplombe une plaine qui s’étend jusqu’à l’immensité salée et désertique du Chott el-Jérid. Le désert tunisien prend parfois des formes inattendues. Entre autres à l’approche de la frontière algérienne, au nord-ouest de Tozeur. Photogéniques, ces petits villages de montagne ? Ooooh que oui ! Une fantasmagorie de roches tourmentées. Un chaos minéral contrastant entre le vert des palmiers, le bleu des oueds, l’ocre du sable et le rouge des canyons. Sortez les appareils photo. Mais il serait bien triste de quitter cette région du sud sans monter à bord du Lézard rouge. Cadeau de la France au bey de Tunisie en 1940, ce train d’époque mène au canyon de Selja, que l’on ne peut découvrir autrement qu’en montant à bord de cet ancien train-musée de six wagons. Une cinquantaine de kilomètres séparent Tozeur de la gare de Metlaoui, d’où part le Lézard rouge. Et une quarantaine de la ville de Gafsa. Nous sommes au pays du phosphate, une industrie importante pour la région avec une production, en 2016, de 3,6 millions de tonnes, lit-on dans le Al Huffington Post du 8 janvier 2017. C’est le vétérinaire et géologue français Philippe Thomas qui fait la découverte de gisements dans la vallée de l’oued Selja en 1885. Les villes de Metlaoui, Redeyef et Moularès, dont l’économie repose sur cette matière première, sont nées des besoins de l’extraction minière. Le chemin de fer qu’emprunte le Lézard rouge sur une distance de 40 kilomètres n’a pas été conçu pour ce train. Cette voie ferrée, dont le début de la construction remonte à 1896, était à l’origine destinée au transport du phosphate jusqu’aux ports de Sfax et de Sousse. Ce n’est que depuis 1920 que la petite ville minière de Metlaoui est rattachée à ce réseau ferroviaire. L’« Orient Express » du Far West tunisien Sifflement. Le train quitte la gare de Metlaoui à 10 h 30. Mieux vaut réserver avant de s’y rendre car le tortillard rouge flamboyant ne partira que s’il y a suffisamment de touristes à bord. Le voyage commence par un aperçu de la vie à Metlaoui. Un peu comme si l’on entrait dans le quotidien des gens par la porte arrière. On devine que, derrière les murets des maisons, chaque parcelle de terre est cultivée : menthe, carottes, poivrons, choux, tomates, dattes. Puis c’est la steppe à perte de vue jusqu’à ce que le train aux fenêtres ouvertes sur le paysage s’engouffre entre les falaises ocre et abruptes qui dessinent les gorges de Selja. En ce début de décembre, il fait un temps des dieux. Les températures oscillent autour de 18 °C. Une période idéale pour voyager et une luminosité exceptionnelle pour les photos. Au temps du bey, le Lézard rouge — qui ne portait pas ce nom à l’époque — ne circulait qu’autour de Tunis, entre le Bardo, Hammam-Lif et La Marsa. Après l’indépendance du pays en 1956, représentant plutôt un symbole colonial et monarchique, le train est retiré de la circulation. Dans les années 1970, on l’affecte au transport de tourisme le long de la Méditerranée. Sans grand succès. Puis il est minutieusement restauré. Ce n’est que depuis les années 1990 que le petit convoi emprunte à nouveau les rails qui sillonnent les gorges de Selja, dans les contreforts de l’Atlas, un décor époustouflant. L’expression Far West africain prend ici tout son sens. À chaque courbe, la locomotive actionne sa trompe qui déchire la torpeur du paysage. Chaque sortie de tunnel réserve une surprise : falaises, montagnes, rivière, et toujours ce désert. Les falaises abruptes qui encadrent l’oued Selja peuvent atteindre jusqu’à 200 mètres de hauteur. Pendant près de deux heures, le Lézard rouge emmène ses passagers à travers un paysage que l’on compare au Grand Canyon du Colorado. Le train marque trois arrêts avec descente pour les photos. Chaque fois, un coup de trompe pour rappeler les indisciplinés qui s’éloignent trop. La décoration intérieure séduit. Le faste de l’époque coloniale. Le luxe est dans les moindres recoins : compartiments meublés avec fauteuils de cuir, en tapisserie ou en bois jusque dans les salles de bain. Miroirs ovales et photos d’époque sur les murs, wagon-bar orné de boiseries. À bord de ce palace sur rails, la croisière s’amuse. On déguste le thé à la menthe, on joue des airs de violon. Les touristes sont en majorité des Tunisiens venus de tous les coins du pays. Le train arrête sa course à la hauteur de la mine de phosphate de Metlaoui. Dans ce paysage lunaire se dressent des terrils de phosphate, témoins de la tradition minière de la région. Cette matière première sert notamment à la fabrication d’engrais pour l’agriculture. Du chemin du retour à Tunis, je garde un excellent souvenir. Ces longs transferts en voiture permettent au gré des kilomètres de capter des images fugitives de la vie des gens du pays. Le désert laisse place à un paysage de steppes, aride, rocailleux, parsemé de buissons poussiéreux. Jusqu’à Sfax, nous suivons des camions remplis de dattes, de grenadines ou de fenouil. Excellent le matin avec de l’huile d’olive et du citron. Puis, à l’approche de Kairouan, des camions débordants de piments rouges. Ces derniers pendent au soleil, sur les façades des maisons, le temps de sécher. Ils serviront à la préparation du harissa, cette pâte de piments forts. Jolie Tunisie colorée ! En vrac S’y rendre. Depuis juin 2016, la compagnie aérienne Tunisair offre deux fois par semaine un vol direct Montréal-Tunis d’une durée d’environ huit heures. On arrive à l’aéroport international de Tunis-Carthage vers 5 h du matin. Service impeccable à bord. Où dormir. Le gîte de charme Diar Abou Habibi, dans la palmeraie de Tozeur, est une surprenante formule de séjour dans un très beau jardin loin des bruits de la ville. En guise d’hébergement, de jolies cabanes en bois construites sur pilotis dans le respect de l’environnement. L’endroit est populaire, donc il faut s’y prendre d’avance pour les réservations. diarhabibi.com.

  • Tunisie-Pays d'oasis et de mirages

    Voyez-vous, au loin, la palmeraie ? demande Mohammed, notre guide. Oui ? Eh bien, c'est un mirage, s'amuse-t-il à détruire notre illusion d'optique. Vous en êtes sûr, Mohammed ? Certainement. Et s'il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de mirage. Nous traversons en 4X4 la région désertique du Chott El Jerid, un immense lac desséché de 250 kilomètres de long recouvert de cristaux de sel blanc. À l'horizon se dessinent des formes géométriques qui apparaissent et disparaissent au coeur des sables brûlants. C'est l'air surchauffé qui crée ces distorsions, affirme le guide. Il fait 32 °C. Et si c'était Mohammed qui hallucinait ? Après tout, c'est le mois du ramadan, et notre guide n'a pas bu, n'a pas mangé et n'a pas fumé depuis le lever du soleil. La route va être longue jusqu'à Tunis, que nous regagnons en après-midi. Huit heures de voiture sans griller une cigarette, boire un café ou grignoter quelques dattes avant l'heure du coucher du soleil. Tiendra-t-il le coup sans tomber de fatigue ? Inch Allah ! À l'ouest, Tozeur, capitale du Jerid, au sud-est, Douz, la plus saharienne des oasis du Sud tunisien. Entre les deux palmeraies : cette route surélevée et droite qui plonge dans l'immensité salée et sablonneuse, quasi inquiétante d'espace et de vide. Encore plus inquiétant, aucun arbre sur une distance de 100 kilomètres avant d'atteindre un arrêt... pipi ! Trois jours auparavant, nous avions quitté Tunis, à quelque 700 kilomètres à vol d'oiseau de Douz, la porte d'entrée du Grand Erg oriental dont nous ne ferons que frôler les premières dunes, le temps d'une courte randonnée à dos de dromadaire. La petite cité grouillante d'activité, habitée depuis six siècles par les semi-nomades Marazigues, est reconnue pour son marché du jeudi, son artisanat de peaux de dromadaire et ses bijoux berbères. Son souk, c'est la foule, la cohue, les amoncellements de bricoles et de camelote, de gâteaux, d'épices, de tapis. L'Afrique du Nord, quoi ! Les palmeraies de Chébika et de Tazerma sont au coeur d'impressionnants canyons qui confèrent à la région le surnom de « Far West de l'Afrique ». Les premières images de ce pays, je les découvre de la fenêtre de ma chambre d'hôtel, tôt le matin, au moment où le soleil se lève sur l'ancien village de Chébika. Montagnes, sable, roches, ruines, tout est ocre, à perte de vue. Un premier contact saisissant. On distingue à peine, au loin, des maisons perchées dans les montagnes. Au petit-déjeuner, on nous sert de délicieuses dattes de la région, les Deglet Nour (doigts de lumière), que l'on trouve aussi à Montréal. Mais quelle différence de goût quand on les mange sur place. Nous sommes en novembre, en pleine saison des dattes, des mandarines et des grenadines. Et du ramadan... Un peu gênant de s'empiffrer ! En route vers Tamerza, le paysage est abrupt et désertique. Surgit là-bas, dans la steppe, un homme «enturbanné» qui conduit ses moutons. D'où vient-il ? Où va-t-il ? Comme néophyte du désert, allez donc savoir ! Il n'y a aucun village en vue, ni campement de nomades, ni pâturage. Que des formations rocheuses, qui font place à l'imagination. Puis se détache une touffe verte dans une mer de beige : c'est la palmeraie de Tamerza. Le village, aujourd'hui moderne, abrite les ruines de l'ancienne oasis Tamerza, suspendue au flanc d'un gigantesque canyon qui a servi à plusieurs reprises au tournage de films bibliques. C'est en effet un décor de théâtre remarquable, surtout aux abords de la cascade, dans le fond du jardin, où nous buvons notre cinquième thé à la menthe depuis le matin. À bord du Lézard rouge C'est ici que l'appellation Far West africain prend tout son sens. Le Lézard rouge permet d'admirer les gorges de l'oued Selja, impressionnants canyons que l'on ne pourrait découvrir autrement qu'en montant à bord de cet ancien train de six wagons, cadeau de la France au roi bey de Tunisie en 1940. Chaque sortie de tunnel réserve une surprise : falaises, montagnes, rivières et, en arrière-plan, toujours ce désert plat, ocre. Une autre façon de sentir les habitants du sud. Un peu comme si l'on entrait dans les maisons par la porte d'en arrière. Ici, la culture est tout autre. Les jardins clôturés par des murets de pierres prennent l'allure d'une mosaïque. Chaque parcelle de terre est cultivée : menthe, carottes, choux, poivrons, tomates et, ici et là, oliviers, dattiers. Les hommes transportent l'eau à dos d'âne, les femmes, leur lessive sur la tête. Le train s'arrête le temps d'une photo. Soudainement, une violente détonation brise le silence. On se regarde, surpris et inquiets, d'autant que la frontière de l'Algérie n'est qu'à quelques kilomètres du chemin de fer. Mais ici, pas de quoi s'énerver, on est à la hauteur de la mine de phosphate de Métlaoui où l'on fait du dynamitage. La Tunisie est un endroit sécuritaire : on peut s'y balader seul, sans crainte. N'est-ce pas un ordre du chef de l'État Mohammed Ben Ali de ne toucher à aucun visiteur ? Le tourisme est une activité clé dans ce pays de plus de neuf millions d'habitants. À Tozeur, on nous rappelle ce qu'est l'oasis. Pour faire court, s'il y a une oasis, il y a de l'eau, et s'il y a de l'eau, il y a culture. L'oasis traditionnelle présente une culture étagée en trois strates : palmiers, arbres fruitiers et culture maraîchère. L'oasis de Tozeur couvre plus de 1000 hectares et compte près de 300 000 palmiers-dattiers. Il existe en Tunisie 150 variétés de dattes ; à Tozeur, on en cultive 45, dont la fameuse Deglet Nour destinée à l'exportation. Le palmier protège l'oasis des assauts du soleil et des vents : en été, il peut faire jusqu'à 50 °C. Vu son espérance de vie qui frôle 75 ans, la culture du palmier est rentable, surtout qu'il sert à une infinité de choses : la production de dattes, bien entendu, mais également du jus de palmier qui s'apparente à l'eau de canne à sucre. On utilise les palmes dans la construction des toits de maison, de brise-vent pour se protéger de l'envahissement du sable, pour la fabrication de balais-éventails, de chapeaux, de paniers. Quant au tronc, solide et résistant, on en fait de belles portes décoratives propres à l'architecture traditionnelle de la Tunisie. À Tozeur, il faut aller dans le quartier d'Ouled Hadef, emprunter les rues qui passent sous des voûtes épaisses et débouchent sur des placettes, siroter un thé à la menthe en admirant la disposition géométrique des briques des façades des maisons et des mosquées. Les motifs ornementaux sont inspirés des tapis et de la calligraphie. Road movie tunisien À peine le temps de plonger dans le Sahara et d'en admirer l'immensité que je me retrouve en voiture avec le guide, qui doit me ramener à Tunis. Mais il fallait que je tombe dans le traquenard touristique avant de repartir. Arrive Ahmed sur son cheval blanc. Il nous propose « gentiment » une chevauchée dans le désert. Tentant ! Comme j'adore l'équitation, je mords à l'hameçon, ne me doutant pas qu'il sauterait derrière moi, partirait au galop à travers les dunes, me ramènerait dix minutes plus tard à mon dromadaire toujours agenouillé et me réclamerait après coup... 10 dinars. C'est que le beau Berbère aux yeux bleus et au teint basané, enturbanné d'un foulard noir, sait comment faire du commerce. Un enlèvement romantique coûteux... Du chemin du retour, je garde un excellent souvenir. Ces longs transferts en auto permettent au gré des kilomètres de capter des images fugitives de la vie des gens du pays. Nous filons d'abord vers l'est, en direction de Gabès, puis vers le nord, jusqu'à Tunis. Le désert du Sahara laisse place à un paysage de steppes, aride, rocailleux, parsemé de buissons poussiéreux et de marabouts. Ces mausolées à coupole qui abritent le tombeau d'un saint prolifèrent dans le pays. On y prie mais on s'y réfugie aussi lorsque le soleil tape fort. Jusqu'à la hauteur de Sfax, nous suivrons des camions remplis de dattes. Puis les palmiers dattiers font place aux oliviers à perte de vue, et finalement, à l'approche de Kairouan, ce sont des camions débordants de piments rouges. Ces derniers pendent au soleil, sur les façades des maisons, le temps de sécher. Ils serviront à la préparation du harissa (pâte de piments forts). Il est 17 h, Mohammed n'a encore rien mangé ni bu depuis l'aube. Bien qu'il semble avoir le pied plus lourd sur l'accélérateur, il ne se plaint pas. Encore vingt minutes avant le coucher du soleil. « Le jeûne du mois du ramadan est le quatrième des cinq piliers de l'islam, explique Mohammed. En arabe, "siam" signifie abstinence. Se priver durant 30 jours de certains plaisirs est notre façon de penser à plus pauvre que nous. Mais, plus encore, c'est une purification du comportement, un exercice de patience et d'autodiscipline. Le jeûne exige beaucoup d'effort pour affermir sa volonté, se libérer des habitudes quotidiennes... et expier nos fautes. » À la radio, c'est la lecture du Coran, puis la prière. Du haut des mosquées, la voix des muezzins transmet à travers tout le pays le même message. Le soleil a disparu. Sur le bord de la route, les chauffeurs s'arrêtent pour un café « capucine » (un espresso) et une cigarette. Mohammed suit la tradition du Prophète et rompt le jeûne avec une datte et une gorgée de lait. Restaurants, bistros se remplissent. C'est la fête ! Le ramadan, c'est également l'occasion de se retrouver en famille. Nous arrivons à Tunis. Inch Allah ! En vrac On peut se balader en toute sécurité en Tunisie, en voiture ou en taxi (si le taxi ne possède pas de compteur, négocier le prix avant de partir). Le pays est sécuritaire et le réseau routier, bien développé. Les Tunisiens parlent le français et ils sont très accueillants. - Un dinar équivaut approximativement (mars 2023) à 0,44 $CAN. - Douz est le point de départ des excursions en 4X4 et des méharées (excursions à dos de dromadaire d'un à plusieurs jours) dans le désert du Sahara. - Renseignements :1155 Blvd Robert-Bourassa #1014, Montréal, QC H3B 3A7 - Téléphone: (514) 397-1182.

  • Kirghizistan - Au pays des nomades

    Vallée de Sasyk Bulak — L’été, les bergers kirghizes montent au jaïloo (pâturage) avec leur bête et y établissent leur campement pour quatre mois. Là-haut, le cheval est plus que jamais un compagnon de labeur. Banni sous le régime soviétique, qui n’avait que faire d’un grimpeur économe et, qui plus est, nomade, alors que Moscou prône la sédentarité, le cheval kirghiz renoue avec sa culture. Chevauchée dans les Tian Shan, à la rencontre de ces nomades et de leurs coutumes. Et quel incroyable panorama ! Succession de cimes enneigées et de sommets effilés, belles rivières, lacs turquoise, immenses pâturages tapissés de fleurs, troupeaux de chevaux en liberté, moutons… Plus dur à voir : des loups, des moutons Marco Polo, des léopards des neiges. On ne soupçonne pas l’ampleur des montagnes en Kirghizie. Impressionnant ! La plupart des massifs culminent entre 4000 et 5000 mètres. Certains sommets dépassent 7000 mètres. Blotti entre le Kazakhstan, la Chine, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, on n'a qu'une idée confuse de ce petit pays d'Asie centrale: des paysages démesurés, un peuple intimement lié au nomadisme et une culture authentique que 70 ans de communisme n'ont pas subjugué. Voilà un pays hospitalier, sans grande ville ou monument, sans artifice ni fla-fla. Un fracas, amplifié par l'écho de la montagne, déchire le silence du matin. Le claquement des fouets résonne, suivi du martèlement des sabots des chevaux qui fait trembler le sol. Les tchabanes lancent des cris à tout rompre, encouragés par les tout-petits qui, fouet à la main et pouce dans la bouche, tentent d'imiter leur père. Ici, on apprend à monter avant de marcher. Un voyage au pays du nomadisme signifie lâcher prise avec ses petites habitudes de vie aisée. Rares sont les endroits sur la planète où l'on peut rencontrer un peuple autant en osmose avec la nature et encore à l'abri du matérialisme occidental. Cela, malgré sept décennies d'une politique de sédentarisation et de modernisation soviétique. La rencontre en montagne avec les nomades n'est pas un cliché. C'est une réalité concrète qui n'a rien d'un roman à l'eau de rose. L'été, ces rudes montagnards montent au jaïloo (pâturage d'été) avec leurs bêtes et y établissent leur campement pour quatre mois. «Les Kirghizes restent des éleveurs et des bergers», explique Jacqueline Ripart. Comme les machines agricoles héritées des kolkhozes ont disparu faute d'entretien et que la voiture, objet de luxe, est encore réservée à une minorité, le cheval est plus que jamais un compagnon de labeur. On le croise d'ailleurs partout, dans les rues, sur les routes et les pistes, attelé à la charrette ou plus souvent monté. Confortablement assis sur une selle recouverte d’une peau de mouton, en aucun moment nous avons souffert de douleurs au dos ou aux jambes. Pourtant, nous passions en moyenne cinq à six heures par jour à cheval. Et tout un montagnard, que ce cheval pas très beau ! Il grimpe agilement dans la moraine, à 4000 mètres d’altitude, sans s’essouffler, traverse les rivières houleuses d’un pas assuré et dévale des sentiers escarpés et boueux avec un aplomb admirable. Un peu à l’image du Kertag, ou cheval de Prjevalski, du nom du naturaliste d’origine polonaise et officier de l’armée impériale russe Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski, qui a découvert en Djoungarie, à la fin des années 1870, des ossements du petit cheval sauvage. La porte d'un bozu est toujours ouverte au visiteur;, le thé, le koumiss, le pain, la crème, la confiture et le miel n'attendent que lui et l'invitation ne se refuse pas. Le samovar fume en permanence. En montagne, dès qu'on s'approche d'une yourte, on nous invite à enlever nos souliers, à passer à droite si on est une femme et à gauche si on est un homme; on nous offre un piala (petit bol) pour le thé que la maîtresse de maison ne remplira pas nécessairement. C'est bon signe: on tient à vous! Un bol plein aurait été une subtile invitation à prendre congé. Le koumys, est une boisson traditionnelle consommée quotidiennement par les bergers. On dit qu’il a de grandes vertus thérapeutiques. Les Soviétiques croyaient d’ailleurs aux propriétés curatives du lait de jument fermenté. Bien que le pays soit accessible à tous, un voyage au Kirghizistan, ce n'est pas pour tout le monde. Il faut vraiment avoir envie de lâcher prise. Mais tous ceux qui auront la chance d'y mettre les pieds avant que les investisseurs découvrent ce petit joyau en reviendront réellement transformés. On n'y rencontre encore que du vrai. Salam aleykum! Le meilleur moment pour aller au Kirghizistan se situe entre la mi-juin et la mi-septembre. C’est à cette époque, l’été, que les semi-nomades transhument vers les jaïloos. La compagnie kirghize Shepherd’s Way trekking, à Bichkek propose de jolies randonnées dans les Tian Shan et autour du lac Issyk Koul allant d'une journée et plus. Les propriétaires parlent l’anglais et ont l’habitude des visiteurs étrangers. Ils viennent chercher leurs clients à l’aéroport de Bichkek pour les mener au point de départ, à Barskoon (cinq à six heures de voiture).

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