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  • Photo du rédacteurHélène Clément

Parc national de la Gaspésie -Du zen à l' extrême dans les monts McGerrigle




Après avoir été jadis fréquenté pour sa mine de cuivre, le secteur Mines-Madeleine, dans les monts McGerrigle, s'affiche aujourd'hui comme l'un des plus beaux domaines skiables hors piste au Québec. Le site est idéal pour qui veut découvrir la haute montagne, que ce soit à skis ou en raquettes. À une demi-heure en motoneige-berlot et en chenillette (catski) du Gîte du Mont-Albert. Trois journées dans la neige, trois journées de bonheur.


Sainte-Anne-des-Monts — Après 30 minutes d'ascension en motoneige depuis le Centre de découverte et de services du secteur du Mont-Albert, nous rejoignons en catski le sommet du petit mont Sainte-Anne, à 1147 mètres d'altitude. Il neigeote sur le plateau du secteur Mines-Madeleine. Tout est blanc. Où est la terre, où est le ciel? Difficile, dans ce désert monochrome couvert de 2,5 mètres de neige, de distinguer le zénith du relief. Une éclaircie rapide permet d'entrevoir le sommet du mont Jacques-Cartier. Nous chaussons nos raquettes.

Nous sommes aux monts McGerrigle, dans le parc de la Gaspésie, au paradis de la poudreuse et des beaux paysages en hauteur. Une montagne accessible à tous, selon ses ambitions: on peut aussi bien éprouver le vide sur une falaise enneigée en planche à neige ou en skis de haute route ou nordique, passer une nuit en refuge rustique, se promener en raquettes à 1000 mètres d'altitude ou en ski de randonnée, calmement, autour du sélect Gîte du Mont-Albert.

Rencontre au sommet

Au pinacle, Virginie Morissette, guide pour l'entreprise Ski Chic-Chocs, nous distribue un Détecteur victime d'avalanche (DVA) que nous enfilons sous nos manteaux. «Bien que nous évoluerons sur de hauts plateaux sans dénivelé sérieux, nous ne prenons pas de chances, dit-elle. Skieurs comme raquetteurs doivent porter l'appareil émetteur.

Difficile d'imaginer qu'il puisse y avoir des avalanches au Québec.On les associe plutôt aux Alpes et aux Rocheuses. Pourtant, comme le signalait ce matin-là Dominique Boucher, directeur général du Centre d'avalanche de la Haute-Gaspésie, elles auraient fait, depuis 1825, plus de 70 morts dans la province, dont une vingtaine en pratiquant un sport d'hiver en montagne.

Aussi est-il fortement recommandé, dans le parc de la Gaspésie, de ne s'aventurer sur les hauts plateaux du massif des Chic-Chocs et des monts McGerrigle que si l'on connaît bien le terrain et les risques associés au ski de haute montagne. Et de consulter le bulletin de neige et de météo du site Web du Centre d'avalanche avant le départ. On ne rigole pas avec les avalanches!

Virginie Morissette connaît par coeur les chemins qui sillonnent les étendues de neige de du secteur Mines-Madeleine. Un paysage de toundra fabuleux dont seule la cime des épinettes émerge de l'épais couvert de neige formant un sanctuaire de colossales momies aux formes étranges. La hauteur de ces fantômes, qui en fait ne constituent que le faîte de l'arbre, en dit long sur la grandeur réelle de ces épinettes. Parfois, notre guide époussette une branche d'arbre, puis une autre. Apparaissent alors des rubans orange. Voilà donc les balises! Fallait le savoir.

Des traces de caribou nous rappellent que nous sommes dans leur refuge. Ici vit la dernière horde de caribous au sud du fleuve Saint-Laurent. Ils sont en danger. De 700 à 1500 têtes au début des années 1950, le parc n'en compte plus qu'environ 150, qui évoluent en trois groupes distincts répartis dans les secteurs des monts Jacques-Cartier, Albert et Logan.

«Attention aux trappes à neige en vous approchant des épinettes, prévient la naturaliste. Parfois, des poches d'air se forment autour des arbres et sous l'effet de notre poids le couvert de neige peut lâcher. On peut enfoncer jusqu'au cou. Une fois piégé, il est épuisant d'en sortir.» Nul doute que la présence d'un guide est appréciée lors d'une première visite au sommet.

Hors piste

Pendant qu'une partie de notre petite bande s'adonne à la randonnée à raquettes de neige au sommet, l'autre partie, les plus téméraires, goûte au ski hors piste avec remontées en catski dans l'arrière-pays. Avis aux intéressés: ne pas surestimer vos talents de skieurs sur neige damée et travaillée mécaniquement. Comme le note si bien Roger Laroche, sur son site Web Carnet de ski, «la neige est si abondante qu'il est impossible de prendre appui avec les bâtons en cas de chute. Ma première descente aura constitué une leçon d'humilité.»

Puis, il y a les arbres à contourner. Et les dénivelés qui oscillent entre 350 et 500 mètres. Heureusement, chaque descente est encadrée par un ouvreur de piste qui vérifie la sécurité du terrain et encourage les participants qui en sont à leur première expérience dans la poudreuse.

Ski Chic-Chocs, lancé en 2009 par le guide de haute montagne Stéphane Gagnon, est la seule entreprise dans le parc national de la Gaspésie à bénéficier d'un permis de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), permettant d'offrir aux skieurs hors piste et aux amateurs de raquettes à neige une remontée mécanisée dans le secteur Mines-Madeleine. Donc, pas de gondoles ou de tire-fesses autres que la présence de la chenillette sur les monts McGerrigle.

Partis le matin vers 10h du Centre de découverte et de services, nous sommes revenus vers 16h, enthousiasmés. L'image forte qui reste de cette expédition en montagne gaspésienne, c'est le paysage. Sauvage et grandiose.

Demain, une tout autre journée s'annonce. Moins extrême, celle-là. Voire plutôt zen puisque nous participerons à une randonnée yoga de deux heures sur les sentiers autour du Gîte du Mont-Albert. Une journée qui se terminera par un massage thaï. Il en faut pour tous les goûts.

***

En vrac

- L'entreprise Ski Chic-Chocs offre la location de skis de poudreuse avec peaux d'ascension pour 50 $ par jour.

- L'excursion avec Ski Chic-Chocs se fait au départ du Centre de découverte et de services, situé à quelque 200 mètres du Gîte du Mont-Albert. L'Exclusif comprend une pleine journée de ski avec remontée à chenillette, le service de guides qualifiés, les équipements de sécurité en avalanche ainsi que le lunch. La journée revient à 349 $. Quant à la randonnée alpine à raquettes d'une journée au sommet des montagnes, avec transport en chenillette et guide interprète, elle coûte 85 $.

- Le Gîte du Mont Albert, classé quatre étoiles, propose 60 chambres dont 48 à l'auberge, puis 10 chambres et 2 suites au pavillon Le Caribou. Depuis 1953, la réputation culinaire du gîte n'est plus à faire. Elle est aujourd'hui assurée par le chef Yvano Tremblay qui, depuis une trentaine d'années, perpétue la tradition d'Euclide Bertrand de n'utiliser que des produits de la région. À savourer: le café flambé Le Chaleureux, mélange de café bien chaud, de cognac, de crème de menthe blanche et de crème de cacao, une création du barman Jérémie.

- À expérimenter: la randonnée yoga de deux heures à pied, en raquettes ou en skis de randonnée sur le Sentier de la Lucarne, à proximité du Gîte du Mont-Albert, avec la petite entreprise Ékilibre, dont les pénates sont face au gîte. Vous pratiquerez la respiration du bûcheron, la position de la montagne qui est exécutée face au Mont-Albert, la position de l'arbre pratiquée sous un merisier, du soleil et de la lune au sommet d'un observatoire, du poisson près de la chute Sainte-Anne, le tout se terminant sur une méditation face à la rivière Saint-Anne. Les enfants sont les bienvenus...


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