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  • Photo du rédacteurHélène Clément

Camper sous les étoiles







Autocaravane de classe A, B ou C, caravane à sellette, caravane classique, tente-caravane, caravane portée, accessoires sophistiqués, terrains de camping étoilés... Changements de fond dans les habitudes des campeurs. Ils seraient très nombreux de nos jours à choisir un véhicule récréatif plutôt qu'une tente. Et à fréquenter les terrains étoilés aux allures de club Med. Le «caravaning» ne s'adresse plus qu'aux retraités, les jeunes familles s'y intéressent aussi. Et de plus en plus. Petit aperçu d'une activité en ébullition au Québec.

Compton, Qué. - La pluie ruisselle le long des vitres des caravanes et des parois en polyester des quelques tentes plantées sur le terrain. Côté météo, c'est un modeste départ pour les campeurs depuis la fin des classes. «C'est dommage qu'il pleuve, car la vue est spectaculaire par beau temps», s'excuse Aimé Mélix, le propriétaire du terrain Camping de Compton, comme s'il était responsable du mauvais temps qui s'acharne sur le Québec. Quarante-cinq kilomètres de campagne bucolique et le mont Orford en arrière-plan. «Imaginez un peu le coucher du soleil.»

L'homme, un Français originaire de Puissalicon, village du sud de la France, «pas trop loin de Pézenas, la ville de Molière», dit-il fièrement, bichonne son terrain depuis le 1er janvier 2000. «Avant d'acquérir ce terrain, ma femme et moi n'avions jamais fait de camping, raconte Aimé. J'ai rencontré Marie-Claude, une Sherbrookoise à l'emploi de l'Agence canadienne de développement international, au Bénin. J'ai travaillé en Afrique 25 ans avant de venir ici.»

Propriétaires accueillants, intentionnés et cultivés. Accueil impeccable, beau décor. Haie de cèdres posée sur mur de rocaille et magnifiques rosiers rustiques autour de deux piscines, dont l'une est chauffée. Toilettes et douches rutilantes de propreté. Buanderie avec vue. Terrains de soccer, de basketball, de volleyball, de golf. Spa. Un parc pour enfants monté sur du paillis de cèdre. Des jeux d'eau. Un sentier de randonnée. Des arbres, des fleurs, parfois un nain de jardin. Un beau pavillon de jardin en bois de la région. Jusqu'à l'aménagement topographique qui a été pensé en fonction du visiteur: le site étant construit en paliers, aucune caravane n'obstrue la vue aux autres. Cinq étoiles!

Mais non! Bien que Camping de Compton ait remporté une quinzaine de prix d'excellence depuis 2001 — il a entre autres été «lauréat régional des Grands Prix du Tourisme québécois 2009» —, le terrain de 290 emplacements est coté quatre étoiles par le Conseil de développement du camping au Québec (CDCQ). Autrefois fait sur une base volontaire, ce programme de classification est dorénavant obligatoire selon la Loi sur les établissements d'hébergement touristique. «Un système qui rassure les usagers et les aide à faire un choix éclairé», affirme Aimé.

«La cinquième étoile n'est pas facile à obtenir, soutient Daniel Leduc, propriétaire du camping quatre étoiles La Clé des champs, situé à Saint-Philippe, en Montérégie, à 20 minutes du centre-ville de Montréal. Les étoiles, c'est avant tout un système de pointage quantitatif. On mesure la nature et la qualité des infrastructures ainsi que l'offre des services complémentaires.»

Comme un restaurant sur le terrain, par exemple. «Ce que je ne souhaite pas avoir, déclare Aimé. Nous sommes adossés au charmant village de Compton, reconnu pour son dynamisme dans le domaine de l'agrotourisme. Il y a de très bonnes tables d'hôte, des boulangeries bio, des cafés. Je préfère travailler en complémentarité avec les gens de la vallée de Coaticook.»

Pas non plus de gros dépanneur, puisqu'il y a un supermarché et un boucher dans le village de Compton. Et pas de station de propane non plus sur le terrain. Un camion livre le précieux combustible. Adieu la cinquième étoile. En revanche, Daniel et Carole Leduc souhaitent de tout coeur l'obtenir d'ici peu. Eux non plus n'ont pas de restaurant sur leur terrain. «Hot-dogs et patates frites, ce n'est pas le truc de mes caravaniers, qui soignent leur santé.» Une cuisine moderne et équipée est mise à leur disposition dans le chic Club House de la place, qui peut accueillir jusqu'à 300 personnes et offre une vue sur d'immenses champs de soya. Le couple a investi 1,5 million de dollars en rénovation depuis un an et demi. Salle de bains en céramique, bibliothèque avec ordinateur, piscine. Et une panoplie d'activités. Devenir un cinq étoiles, c'est une affaire!

«Il y a autant de genres de camping qu'il y a de styles de gens, dit Martial Rivest, ex-propriétaire de terrain de camping et ex-conseiller auprès de Camping Québec. Le cinq étoiles n'est pas un gage de bonheur pour tous.» Infrastructures impeccables et large éventail d'activités et de services, oui, mais à quel prix! D'ailleurs, au Québec, la bénédiction suprême n'a été accordée à date qu'à huit terrains, soit 1 % des établissements sur les 822 campings classés.

C'est le bouche à oreille qui fait la renommée du Camping du pont couvert, une entreprise familiale située à Milby, dans les Cantons-de-l'Est. Un deux étoiles, clés en main. Dans ce charmant camping, on n'a pas à ressortir son porte-monnaie sur place. Les douches et les toilettes sont gratuites, comme chez Aimé et chez Daniel. Mais ce n'est pas toujours le cas.

Bernard Houle campe en famille depuis 30 ans. «Notre terrain est le résultat de tout ce que l'on n'a pas aimé quand on était campeurs», dit-il. Donc, pas de chaîne stéréo ou de haut-parleurs qui annoncent les activités à venir, pas de routes asphaltées, ni de publicité moralisatrice ou autre.

«Je n'ai pas à rappeler à mes clients de ne pas se promener avec des bouteilles en verre sur le site, ils le savent. Je ne couperai pas non plus mes beaux pins centenaires, au risque de perdre les quelques caravaniers qui craignent la sève sur leur véhicule ou le frottement des branches. Je préfère rediriger ces campeurs vers des terrains qui conviendront mieux à leur personnalité.»

«L'accueil, la beauté de la nature, la rivière qui nous entoure, les sentiers pédestres, la petite ferme, les chevaux dans le champ... tout ça n'apporte pas beaucoup de points, au moment de la classification, qui se fait tous les deux ans. Mais tous les campeurs ne sont pas à la recherche du club Med», note Bernard Houle. Pour le Franco-Ontarien de Cornwall qui a fait ses études à l'Université de Sherbrooke, un terrain de camping est avant tout un lieu qui facilite un programme de vacances et d'exploration. «Si j'ai tout sur le terrain, mes campeurs ne sortiront pas d'ici.»

La grande majorité des terrains de camping accueille aussi bien les campeurs saisonniers que les nomades. Certains propriétaires n'acceptent pas les campeurs sous la tente, les clôtures et les aménagements paysagers kitsch; d'autres, les véhicules récréatifs vieux de plus de dix ans. Une règle qui s'applique aux saisonniers, ces caravaniers qui s'installent sur le terrain pour l'été. Chacun des exploitants impose ses propres règlements.

«Quel site, lance Kathleen, une campeuse nomade de Sherbrooke qui, avec son mari et ses enfants, fréquente le Camping de Compton les week-end. Je ne savais pas qu'il y avait un si joli camping près de chez nous. J'aime l'idée d'aller chercher à pied mon pain le matin et que la piscine soit fermée aux enfants durant les heures de repas. J'en ai quatre, ça nous facilite la vie.»

«Nous avons déjà été des campeurs nomades», raconte Isabelle Myre, de Brossard, qui avec son mari Martin et sa petite fille Laurie a installé sa caravane à sellette, une Sunset Trail de 30 pieds, chez Aimé et Marie-Claude. Des terrains, ils en ont vu de tous les genres et c'est celui-là qu'ils ont adopté l'année dernière. Professeurs tous les deux, ils ont l'été devant eux. Et ils ne bougeront pas de là. On aime l'ambiance ici et l'on se repose plus en restant sur place. Et qu'adviendra-t-il de leur caravane cet hiver? Eh bien, elle restera entreposée là, jusqu'à l'été suivant. Un privilège pour les clients. Alors que les retraités partiront, telles des oies, vers le Sud.

Des préjugés à l'égard de ce mode de vie grégaire? Il y en a beaucoup. «C'est quétaine, c'est pas du camping...» Certes, la vie dans un véhicule récréatif ne s'apparente guère à la vie sous la tente. C'est beaucoup plus confortable. Mais le plaisir d'être dans la nature est le même. On vit dehors. Et c'est plus écologique qu'une grande maison pour qui y vit à temps plein. «Avec le temps, dit Bernard Houle, j'ai réalisé que c'est dans la philosophie de vie que l'on retrouve le vrai campeur et non pas dans le véhicule. En tout cas, sur un terrain de camping, on s'entraide.»

En vrac

L'Association des terrains de camping du Québec (Camping Québec) représente les exploitants de terrains de camping de la province. Camping Québec a pour mission de promouvoir et de favoriser la croissance et le développement de l'industrie du camping de même que la pratique de cette activité chez nous. Elle offre à ses membres des activités de formation, organise des colloques... www.campingquébec.com

La Fédération québécoise de camping et de caravaning (FQCC) défend, depuis 1967, année de sa création, les intérêts des campeurs. Organisme sans but lucratif, elle représente le plus grand regroupement de campeurs et de caravaniers au Québec et au Canada, avec actuellement plus de 45 000 familles membres en provenance de tous les coins de la province. On y obtient, entre autres choses, de l'information pour planifier ses vacances en camping et voyager en sécurité. Une agence de voyages est à la disposition des campeurs. www.fqcc.

Le Conseil de développement du camping au Québec (CDCQ) conçoit et offre divers programmes, activités ou services de promotion qui concernent à la fois les membres de Camping Québec et ceux de la FQCC. Le CDCQ agit comme maître d'oeuvre du programme de classification de camping du Québec. Il réalise et distribue le Guide du camping au Québec, un répertoire des terrains de camping, et gère le site Web de Camping Québec. www.campingquebec.com/cdcq/cdcq.shtml

La Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) compte actuellement 22 parcs nationaux, 15 réserves fauniques et neuf centres touristiques. On peut y louer un chalet, un camp rustique, un refuge, une yourte, et tenter l'expérience du nouveau concept de «prêt à camper» en tente Huttopia. www.sepaq.com et www.huttopia.com

Pour information sur l'industrie du véhicule récréatif (VR en Amérique): www.gorving.com.




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