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  • Photo du rédacteurHélène Clément

Taiwan - Entrée en douceur dans le monde chinois


Le temple de Jhihnan, à Mujha, dans la vallée de Maokong, à 45 minutes en métro du centre-ville de Taipei.

Lorsque Tchang Kaï-chek prend le contrôle de Taiwan en 1949, l'île porte le nom de Formose, du mot formosa qui signifie «magnifique». Telle est l'appellation donnée au XVIe siècle par des navigateurs portugais éblouis par cette montagne verte qui surgit de la mer. Bien que les sites naturels soient restés intacts depuis, l'île, mieux connue pour son industrie bas de gamme made in Taiwan que pour sa montagne, ses plages, sa jungle, ses bains thermaux, ses plantations de thé, ses 16 000 temples, ne fait pas partie des destinations touristiques des Occidentaux. Pourtant, jolie et accueillante, à la fois ancienne et moderne, l'île de Taiwan se révèle une porte d'entrée en douceur dans le monde chinois.


Taipei — Je n'aurais peut-être jamais envisagé de passer trois semaines à Taiwan si ma fille de 24 ans, qui enseigne l'anglais dans une école de Shanghaï, ne m'en avait pas fait la proposition en août dernier, alors qu'elle faisait une virée en Asie durant ses vacances d'été. Avec ma fille à Taiwan! Pourquoi pas? Après tout, il faut savoir sauter sur les occasions quand elles passent.

Nous convenons de nous rencontrer deux semaines plus tard à Taipei, et de là, nous organiserons ensemble notre périple autour de l'île. Je n'avais pas voyagé sac au dos, en auberge de jeunesse, en bus et en train, depuis des lunes, mais l'idée me plaît. «N'apporte pas trop de bagages, dit Stéphanie, on trouve tout là-bas. Et tu verras, les marchés de nuit sont fabuleux.»

Grâce à son expérience acquise en Chine depuis six mois, j'ai vite appris à me sentir à l'aise sur cette île conviviale. À Taiwan, il suffit de sortir une carte touristique pour recevoir de l'aide. Les Taiwanais sont sensibles au fait que l'on visite leur pays. «C'est du bonbon par rapport à la Chine, explique Séphanie. Ici, les gens sont détendus, souriants, curieux et extrêmement accueillants. Sans compter que les prix sont fixes et les vendeurs, peu agaçants.»

Dans l'avion, entre Vancouver et Taipei, mes voisins, un couple âgé qui habite Kaohshung, dans le sud de l'île, me souhaitent la bienvenue et me remercient de venir visiter Taiwan. Je réalise qu'il y a peu d'Occidentaux qui se rendent en République de Chine pour le simple plaisir de découvrir cette île d'une longueur de 394 kilomètres et d'une largeur maximale de 144 kilomètres, traversée du nord au sud par une imposante chaîne de montagnes de 270 kilomètres de long et de quelque 200 sommets atteignant plus de 3000 mètres. Le plus haut de la Cordillière centrale, la montagne Yushan, culmine à 3952 mètres. Taiwan se trouve à environ 130 kilomètres du continent chinois.

«Si trouver son chemin dans Taipei est plus facile aujourd'hui qu'il y a dix ans», lit-on dans le guide Lonely Planet, il n'en demeure pas moins ardu de repérer la petite auberge paumée dans le chaos d'une capitale asiatique de trois millions d'habitants. Oui, la signalisation routière est en chinois et en anglais, mais les gens ne parlent pas toujours la langue de Skakespeare. Il est donc conseillé d'avoir l'adresse de son hôtel écrite en caractères chinois, que l'on aura trouvée sur Google Map, de façon à pouvoir montrer le bout de papier au chauffeur de taxi en arrivant à l'aéroport. Pour ces derniers, déchiffrer l'anglais, c'est du chinois!

Un voyage à Taiwan commence presque toujours par sa capitale. Et une semaine, ce n'est pas trop pour visiter Taipei, quartier par quartier. L'imposant mémorial à la gloire de Tchang Kaï-chek, devenu en 2007 le Mémorial national de la démocratie de Taiwan, dans le quartier de Zhongzheng: son exposition pemanente retrace la vie et les réalisations du premier président de la République de Chine; le temple de Longshan, l'allée des serpents ou des herbes médicinales, dans le quartier de Wanhua, le plus vieux secteur de Taipei; la tour Taipei 101 et le mémorial du docteur Su Yat Sen, considéré par les Taiwanais comme le fondateur de la Chine moderne dans le quartier de Xinyi, centre névralgique des affaires à Taipei. Ou encore le Musée national du Palais, dans le quartier de Shihlin, qui abrite une collection remarquable d'objets de la Cité interdite de Pékin, accumulés au fil des siècles par les empereurs chinois.

C'est Tchang Kaï-chek qui, au moment de la révolution chinoise, décide de faire venir quelque 650 000 pièces rares. Des oeuvres parfois d'une frappante modernité qui privilégient des lignes épurées, comme ce bol à thé de l'époque Song et Yuan (960-1368) en céramique noire, dont la grâce naturelle révèle le raffinement de la vie quotidienne de certaines dynasties.

Taipei ne dort jamais. Vraiment jamais! Il y a foule dans les rues, le jour comme la nuit. Impossible de s'ennuyer, de déprimer ou de crever de faim dans cette ville aux larges avenues envahies de néons multicolores, de panneaux-réclame gigantesques, de restaurants, de bars branchés, de boutiques de vêtements et de marchés nocturnes.

Ces derniers sont nombreux, sont partout et sont parfois impressionnants par leur grandeur, comme celui de Shihlin, qui abrite dans son immense bâtiment à étages au moins 380 boutiques d'alimentation. Spectaculaire! Une sorte de kermesse continue ou de fête gastronomique, que l'on retrouvera dans toutes les villes de l'île.

Le métro de Taipei est une pure merveille. Il semble avoir été fait pour assurer un maximum de confort aux voyageurs. Les stations, spacieuses et lumineuses, disposent presque toutes d'arcades commerciales, de toilettes d'une propreté méticuleuse et d'espaces pour changer bébé. Certaines stations accueillent des kiosques d'information touristique, des oeuvres d'art, de belles plantes. Les informations sont affichées et diffusées en chinois et en anglais. Ses sept lignes permettent d'accéder aux différents quartiers de Taipei et à sa proche banlieue.

Un thé à Taiwan

L'omniprésence des montagnes frappe à Taiwan et Taipei n'échappe pas à la règle. En conséquence, dans un rayon de 60 minutes du brouhaha de la capitale en transport en commun, un tas d'attraits touristiques permettent de s'évader en nature et de vivre des expériences étonnantes sur les flancs de la fameuse Cordillière centrale. Comme par exemple la visite des plantations de thé de Mujha, dans la vallée de Maokong, au sud-est de Taipei. On accède aux différentes terrasses par un téléphérique qui parcourt quatre kilomètres en une quarantaine de minutes, le temps de jouir d'une vue saisissante sur les collines couvertes de thé, sur un temple taoïste et sur la capitale. Des chemins de randonnée traversent les plantations parsemées de maisons de thé traditionnelles.

Taiwan produisait déjà du thé à la fin du XVIIe siècle, mais depuis la prise du pouvoir, en Chine continentale, par les communistes en 1949, les Taiwanais en ont diversifié et augmenté la production. Très fertile, l'île présente des conditions de culture idéales. Le Musée du thé dans le village de Pinglin, à une heure en bus au sud-est de Taipei, nous enseigne toute l'histoire de la théiculture en Chine. Les plantations de thé qui s'étendent autour de Pinglin fournissent un thé particulier, le paochong, d'un goût plus léger que son cousin, le oolong, au fumet plus fort.

C'est avec l'aide précieuse d'une joyeuse bande de jeunes Taiwanais de l'agence de voyages Lion Travel, située à la gare de train (Taipei Main Station), que nous organisons notre périple des deux prochaines semaines sur l'île. «Welcome and thank you for visiting Taiwan», disent-ils en choeur. Avec leur soutien, nous choisissons et réservons tous les hébergements. Reste à coordonner le tout avec les horaires de train, de bus et de traversier. Pour faciliter la tâche du préposé à la billetterie, plus habitué à servir des Chinois et des Japonais que des Occidentaux, une employée du Visitor Information Center de la gare inscrit sur papier, en chinois, tous les horaires des moyens de transport pour les deux prochaines semaines. Le préposé sourit, il a tout compris!

Après Taipei, nous voilà en route pour Chiayi, dans le centre-ouest de Taiwan. Le réseau ferré de l'île est étendu, efficace et bon marché. Ce premier tronçon de trois heures et demie en train rend compte de l'agriculture: rizières, champs de canne, melons, arachides, mangues, ananas, bananes et maïs.

Chiayi abrite quelques temples, dont celui de Chenghuang, remarquable pour ses sculptures de démons, de mauvais génies et de dragons. La petite ville est le point de départ d'excursions dans le parc national d'Alishan. Pour se rendre en montagne, il faut emprunter le train, tant pour les paysages que pour la prouesse technique qu'a représentée sa construction. L'ascension de 72 kilomètres commence à 30 mètres au-dessus du niveau de la mer pour atteindre 2274 mètres en trois heures et demie. À 20 kilomètres à l'est de la ville d'Alishan, les promeneurs ont accès à des sentiers pédestres, dont le plus populaire, qui mène au sommet de la montagne de Jade, à 3952 mètres.

De Chiayi, deux heures de train suffisent pour atteindre Kaohsiung, deuxième ville de Taiwan et plus grand port de l'île. Nous apprenons, lors de la visite du temple de Tianhou, sur la petite île de Cijin, face à la ville moderne, que Taiwan célèbre ses fantômes. Selon la tradition chinoise, le septième mois du calendrier lunaire, le mois d'août, donc, marque l'ouverture de la fête. Durant cette période, les esprits des morts retenus en enfer sont relâchés sur Terre. Pour honorer leur présence et nourrir les morts, on empile un tas de nourriture et de boissons diverses sur une table, on brûle de l'encens et de la fausse monnaie pour leur permettre d'acheter ce dont ils ont besoin dans l'au-delà. Les Taiwanais, bien que modernes, sont très attachés à leurs coutumes.

Puis, escale dans le magnifique parc national de Kenting, à l'extrémité sud de l'île, avant de remonter la spectaculaire côte est via l'île Verte et ses fameuses sources chaudes de Jhaorih. Selon le Guide de voyage Taiwan de la National Geographic, il n'y a que deux autres lieux au monde qui possèdent des sources ayant la particularité d'être alimentées par de l'eau de mer. À ne pas manquer aussi, sur l'île Verte, la visite de la prison où des milliers de prisonniers politiques ont été détenus alors que Taiwan vivait sous la loi martiale. Et à ne pas oublier dans sa valise... son certificat de plongée. On retrouve là-bas plus de 176 variétés de coraux.

En vrac

- Le nouveau dollar taiwanais est l'unité monétaire. Le taux de change tourne autour de 28 TND pour 1 $CAN. Un repas composé de deux plats copieux pris dans un bouis bouis coûte environ 120 TND. Les billets de métro coûent entre 20 et 60 TND, selon la distance.

- Taiwan se visite à l'année mais le moment le plus plaisant se situe entre août et novembre, alors que l'humidité est moindre, que le soleil brille et qu'il ne pleut que rarement.

- Renseignements: www.taiwantourisme.com.

- À lire pour préparer son voyage: le Lonely Planet sur Taiwan (très précis et bons conseils) et le Guide de voyage Taiwan, de National Geographic, qui offre de belles illustrations.

- À ne pas manquer avant de quitter Taiwan: la visite des gorges de Taroko. Comme l'indique la National Geographic, même les plus blasés ont les yeux écarquillés à la vue de ces gorges spectaculaires: canyons de marbre, torrents, falaises, temple perché à flanc de montagne, source chaude... l'endroit est simplement magnifique. La route transinsulaire centrale qui traverse le parc national est un miracle de génie civil.

- La population de Taiwan est estimée à près de 23 millions de personnes rassemblées sur une surface de 36 300 kilomètres carrés... l'une des plus fortes densités de population au monde. Elle est composée de 98 % de Chinois Han et de 2 % d'Aborigènes.

- Taiwan se trouve dans l'océan Pacifique, ayant pour voisins immédiats la Corée et le Japon, au nord, ainsi que Hong Kong et les Philippines, au sud.

- L'île Verte se trouve à 33 kilomètres de la côte orientale. Des traversiers assurent le lien entre la ville de Taitung et la petit île. On compte sur les doigts de la main le nombre de voitures qui y circulent sur la seule route longue, de 17 kilomètres, qui ceinture l'île. Les visiteurs doivent louer scooter ou voiture électrique pour s'y déplacer.. L'île est à l'origine d'un règlement des Aborigènes du groupe Amis, qui forme le plus grand des 14 groupes aborigènes reconnus par la République de Chine.


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