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- La Grande Finale du 375e de Montréal
Le dimanche 31 décembre, dans le Vieux-Montréal, une fête en trois rendez-vous gratuits viendra boucler la boucle des festivités qui ont entouré cette année le 375e anniversaire de Montréal. Au menu : banquet populaire, spectacle à tous crins, grand décompte en son et lumière, feux d’artifice et danse… Que la fête commence ! Article publié dans le quotidien Le Devoir du 29 décembre 2018 Une fête qui débutera dès midi, dimanche, au marché Bonsecours — et autour dans la rue Saint-Paul, par un festoiement populaire gratuit dont le menu sera composé de plats québécois, tels la soupe aux pois, la tourtière, le pouding chômeur et autres gourmandises. Pendant que la foule fera ripaille, conteurs et musiciens créeront des ambiances, sous la houlette de Garou, l’animateur de cette Grande Finale dans le Vieux-Montréal. « C’est un honneur que d’avoir Garou comme porte-parole de ces festivités, qui viennent clore l’année du 375e de Montréal », dit Martin Durocher, cofondateur et vice-président du conseil d’administration de Montréal en Fêtes, dont la mission est d’offrir aux Montréalais des activités gratuites et festives durant la période des Fêtes. Une Grande Finale emplie d’activités qui commence par le grand banquet pour se poursuivre en party dansant jusque tard dans la nuit, sur les quais du Vieux-Port. Cette célébration, « la plus grande du temps des Fêtes au Canada », précise Martin Durocher, vise le grand public et s’adresse aux 7 à 77 ans, mais avec une touche jeunesse. « Nous espérons que l’ado incitera sa famille à sortir du salon le soir du 31 décembre. » Une dernière nuit 2017 vibrante Dès 18 h, la DJ Sabrina Sabotage chauffera les planches de la scène du quai Jacques-Cartier jusqu’au grand spectacle de 21 h, qui rassemblera une large palette d’artistes, dont le chanteur Garou, Daniel Bélanger, Champion et ses G-String, Vincent Vallières, Pierre Kwenders, Laurence Nerbonne, Les Deuxluxes, DJ KXO et Mes Aïeux. « C’est un exploit d’avoir pu rassembler Mes Aïeux, absent de la scène depuis 2012. Nous en sommes fiers à Montréal en Fêtes, avoue Martin Durocher. Le spectacle de la Finale du 375e est un premier retour sur les planches pour le groupe. » Le passage à la nouvelle année sera marqué peu avant minuit par l’illumination du pont Jacques-Cartier, dont les lumières danseront au son d’une trame sonore — une cocréation de Moment Factory et Atomic 3, jouée sous la direction musicale de Gabriel Gratton, puis par le décompte sur le quai de l’Horloge et à minuit par des feux d’artifice. Un party dansant à la belle étoile clôturera vers 2 h la Finale du 375e. « Il y aura des bars partout, des foyers pour se réchauffer, du café et du chocolat chaud, des toilettes en masse et le métro restera ouvert toute la nuit », rappelle Michel Durocher. Tuque, casque de poil et manteau d’hiver Les célébrations du Nouvel An dans le Vieux-Montréal ne se limitent pas à la journée du 31 décembre. Dès 16 h aujourd’hui, la place Jacques-Cartier se réinvente en Place nordique, un minivillage où l’on pourra tout au long de la fin de semaine déguster bière artisanale et boissons chaudes autour de feux de bois, exprimer sa créativité par des dessins sur une fresque géante, faire ses voeux à l’un des porte-voeux, jouer à la pétanque des neiges, se laisser bercer par une chorale et pratiquer des pas de danse folklorique… Parmi les nouveautés de cette 5e édition de Montréal en Fêtes, les Veillées du Quai. En spectacle ce soir dès 18 h, sur la scène du quai Jacques-Cartier, le rappeur Rymz et Alaclair Ensemble, et demain soir, Karim Ouellet et sa pop chaleureuse. Comme la fin de semaine s’annonce polaire, voici quelques conseils du 375e pour profiter pleinement de cette fête en plein air : s’habiller chaudement, préférer les mitaines aux gants, porter des bottes confortables, éviter le coton, qui, une fois humide, garde au froid. Danser, sauter, chanter. Boire chaud. Café et chocolat chaud seront offerts gratis à la cabane urbaine IGA, située devant l’entrée principale du marché Bonsecours. Et rappelons-nous que la technologie n’aime pas le froid. Si vous comptez sur votre cellulaire pour retrouver la troupe éparpillée dans la foule — que l’on prévoit grande —, chargez la pile de votre cellulaire avant de partir et transportez le chargeur à batterie, car le froid décharge vite les piles. Valeur plus sûre que le cellulaire : un point de rencontre. Sur ce… bonne fin de semaine, et bonne et heureuse année 2018 !
- Le Jardin botanique de Montréal exhibe ses orchidées en fleurs
Jusqu’au 29 janvier, le Jardin botanique de Montréal invite le public à admirer ses jolies orchidées, en fleurs à cette époque de l’année. Dans un décor évoquant les ruines d’une ancienne forteresse au coeur de la jungle, ces créatures fascinantes se retrouvent dans leur élément. Article publié dans le quotidien Le Devoir du 19 janvier 2018 Certaines exhalent un parfum puissant. Par exemple, la gracieuse Angraecum eburneum, dont les petites fleurs blanches répandent une odeur suave qui titille l’odorat dès qu’on s’en approche. Ou la vanille, la seule orchidée comestible parmi les milliers d’espèces et dont la pollinisation serait une affaire de femmes nommées « les marieuses ». Du moins à Madagascar, où est produit 80 % de la vanille dans le monde, selon le journal Le Monde. Cela dit, l’exposition commence dès l’accueil par un clin d’oeil à ces magnifiques orchidées à la morphologie parfois si étrange qu’elles passent pour des fleurs rares et fragiles. Fragiles mais pas rares « Fragiles, peut-être, mais rares, non », dit Denis Laperrière, l’horticulteur responsable de la collection d’orchidées au Jardin botanique de Montréal, une des plus importantes d’Amérique du Nord. « On en dénombre dans le monde quelque 750 genres et 30 000 espèces. Hormis les déserts et les deux pôles, l’orchidée pousse sur les cinq continents. » De toutes les tailles, de toutes les formes et de toutes les couleurs, la noble, racée et gracile orchidée appartient à la plus grande famille végétale de la planète. À l’état sauvage, elle fait preuve d’une étonnante capacité d’adaptation et de diversification. « Dans les régions tempérées, elle pousse sur le sol, explique Denis Laperrière. Dans les pays chauds et humides, l’orchidée, qui est là-bas épiphyte, se développe sur les arbres, à la recherche de lumière dont elle a grandement besoin. » Ambiance tropicale Dans la serre des orchidées et aracées, un mur de pierres imite une vieille forteresse sud-américaine. Un décor conçu il y a quelques années par l’architecte-paysagiste Carlos Martinez, avec des pierres qui remonteraient à l’origine de la fondation de Montréal. « Elles ont été utilisées comme ballast dans les bateaux venant chercher des marchandises en Amérique, puis comme pavés dans le Vieux-Montréal », précise Denis Laperrière en montrant du doigt une Lockhartia tenuiflora d’un beau jaune, suspendue sur une plaque d’écorce de liège accrochée à un pan du mur, évoquant la jungle tropicale. La collection du Jardin botanique compte environ 4000 spécimens et 276 genres parmi les quelque 750 connus dans le monde. Les visiteurs pourront admirer au cours des prochains jours une soixantaine de ces fleurs dont l’étrange morphologie a tant séduit Henry Teuscher, premier conservateur et cofondateur du Jardin. C’est en 1936 qu’Henry Teuscher entre en fonction comme surintendant et chef horticulteur au Jardin botanique de Montréal, dont il a dessiné les plans au fil d’une correspondance avec le frère Marie-Victorin. Une rencontre qui aura marqué un tournant dans la vie de cet Allemand, né à Berlin en 1891 et émigré aux États-Unis en 1922. « Dès leurs premières rencontres, les deux hommes se sont liés d’amitié », raconte François Ouellet, aux communications d’Espace pour la vie. « Et le frère a toujours appuyé son collègue et ami, même lorsque celui-ci fut soupçonné d’espionnage lors de la Seconde Guerre mondiale. Au bout du compte, il a été blanchi. » On doit à cet horticulteur, qui a occupé divers postes reliés à sa spécialité aux États-Unis — dont celui de dendrologiste au Jardin botanique de New York —, l’existence de grandes collections comme celle des orchidées du Jardin botanique. La plus vieille On retrouve même dans une serre de reproduction bichonnée par Denis Laperrière la plus vieille orchidée toujours vivante, la Dandrobium nobile, qui fut rapportée par Henry Teuscher et enregistrée dans les collections du Jardin en 1942. Ses travaux lui ont permis d’inscrire le genre Teuscheria dans le grand livre des orchidées. Et depuis 1999, le prix Henry-Teuscher est remis à un individu dont les réalisations contribuent à l’avancement de l’horticulture au Québec. Quelques vedettes Il y a l’Angraecum eburneum, dont l’odeur suave a pour but d’illusionner l’insecte ou l’oiseau à des fins de fécondation. À la différence des autres groupes de plantes à fleurs, ni le vent ni l’eau ne feront le travail. Pièges à odeur, leurres visuels ou sexuels, les orchidées développent des stratégies complexes et efficaces pour attirer les pollinisateurs. La jolie fleur exploite à son compte les différents comportements de l’insecte. Il y a aussi la Paphiopedilum, ou sabot de Vénus, qui ressemble à une pantoufle. Puis la Cyrtochilum macranthum, dont les tiges florales, volubiles, grimpantes, adorent s’entortiller et s’agripper et dont la fleur blanche, jaune et pourpre est magnifique. Et il y a la Fredclarkeara After Dark, la Cattleya percivalania, la Dendrochilum glumaceum… Des noms bien savants que l’on apprivoise dans la serre des orchidées et des aracées au fil d’une promenade bordée de quelques panneaux d’interprétation. Ah oui ! Le mot « orchidée» vient du grec orchis, qui veut dire testicules. Simplement parce que les tubercules de certaines des fleurs ressemblent à cette partie du corps.
- France - Auvergne-Rhône-Alpes Parcourir la Route du bonheur
Publié dans le Devoir du 7 octobre 2017 Chasselay, Bort L’Étang, Vichy, Vienne, Charolles… Une route jalonnée de Relais & Châteaux pour se sustenter à ravir et se mettre dans de beaux draps. Tantôt dans un château avec tourelles, tantôt dans une maison de campagne, mais toujours ce mélange d’hospitalité, d’art de vivre et de pratiques culturelles locales. Et si luxe et étoiles au Michelin sont au rendez-vous, il n’y a rien de guindé pour autant en ces lieux. Mis à part Charolles — écrit avec deux « l » si on est un habitant du village mais un seul si on vit ailleurs en pays charolais, qui se trouve en Bourgogne —, la Franche-Comté, cet itinéraire mijoté par l’association Relais & Châteaux, bat le pavé dans la région Auvergne–Rhône-Alpes, à quelque 160 kilomètres autour de Lyon. Notre circuit, au départ de l’aéroport Saint-Exupéry, emprunte quelques tronçons de « Routes du bonheur » signées Relais & Châteaux. Des routes gastronomiques et culturelles imaginées par des chefs et des propriétaires d’établissements membres de la prestigieuse association, qui regroupe 550 hôtels et tables d’exception dans le monde. D’abord Chasselay, chez Guy Lassausaie, pour un repas gargantuesque qui va donner le ton à ce voyage gastronomique. Puis, Bort L’Étang pour une nuit seigneuriale au château de Codignat. Ensuite, Vichy pour un cours de cuisine avec des produits de qualité, mais destinés à la poubelle, en compagnie du chef Jacques Decoret, et Vienne pour faire ripaille au restaurant La Pyramide et découvrir la ville en compagnie de Boris, le fils du chef Patrick Henriroux. Et enfin Charolles, dans le jardin d’Éden du chef Frédéric Doucet. À nous tartare d’huîtres, escargots gros-gris, couteau farci, langoustine grillée, pied de porc soufflé aux oignons, acras de boeuf charolais et chocolat intense. Une terre bénie des amateurs de bonne chère, dites-vous ? Que oui ! Ce n’est pas un hasard si l’histoire des Relais et Châteaux a débuté dans ce coin de pays où les jolis chemins de campagne jouent à la cachette avec la célèbre route de France : la Nationale 7. Nous la suivrons un tantinet entre Vichy, Lyon et Vienne, le temps de fredonner la chanson de Charles Trenet Route nationale 7, et d’apprendre que sa longueur — presque 1000 kilomètres — est à l’origine du jeu de société 1000 bornes. Surnommée « Route des vacances », celle que l’on compare à la route 66 aux États-Unis reliait Paris à la Côte d’Azur via la Bourgogne, l’Auvergne, la vallée du Rhône et le massif de l’Estérel. Des restaurateurs s’empressèrent d’ouvrir des établissements en bordure du chemin. De petits restaurants, mais aussi des plus grands, comme celui des frères Troisgros à Roanne — aujourd’hui à Ouches — ou La Pyramide à Vienne. Suite de l’histoire En 1954, Marcel et Nelly Tilloy, un couple d’artistes de music-hall propriétaire de l’hôtel-restaurant La Cardinale, sur la rive droite du Rhône, décident de créer leur propre « Route du bonheur ». Celle-ci relierait leur établissement à sept autres entre Paris et Nice. Et bingo ! L’union entre ces lieux habités, réunis autour de valeurs communes — haut niveau de prestation, gastronomie d’exception et conception particulière de l’art de vivre, avec pour seule règle de base d’être situé hors des villes —, venait de signer l’acte de naissance de l’association hôtelière Relais & Châteaux. « Et de la première Route du bonheur selon Relais & Châteaux, ajoute Laura Tudal, du bureau de presse Pascale Venot. L’association de marque en propose aujourd’hui une quarantaine en France et quelque 129 réparties sur cinq continents. » Pour s’inspirer, il suffit de consulter la liste des itinéraires sur le site Web du groupe. Des suggestions que l’on peut, avec l’aide de conseillers, adapter à ses goûts et des expériences que l’on souhaite vivre. Des routes thématiques aussi, comme la toute nouvelle « Route des 100 ans de BMW » qui relie Paris — point de départ de la première Route du bonheur — à Munich, ville d’origine de BMW, via le domaine de Chantilly. Ça sent la crème à fouetter, les domaines de Champagne et de Bourgogne. Puis Genève, la Bavière et ses châteaux. Du décorum, oui, du luxe aussi, mais rien de guindé. D’un Relais & Châteaux à l’autre, on sera reçu comme un ami de longue date. De la diversité aussi. On peut séjourner dans des ranchs aux États-Unis, des lodges en Afrique, des îles tropicales dans le Pacifique, ou, comme nous, dans des châteaux et d’anciennes maisons de campagne rénovées où se succèdent des générations de cuisiniers réputés qui se donnent corps et âme pour vous accueillir. « Susciter de l’émotion » en ravivant tous les sens semble l’aphorisme des chefs rencontrés dans ce coin de pays avec vue sur le groupe de volcans de la chaîne des Puys. Arbres, prairies, rivières, montagnes semblent nourrir leur inspiration. Bonjour veaux, vaches, moutons, poissons et fruits de mer ! On cuisine avec ce qui pullule dans l’étang d’à côté, ce qui broute dans le champ alentour ou ce qui pousse dans le verger non loin. Marie-Louise, Yvette, Léa et les autres Si le sommeil après une nuit blanche dans l’avion ne nous a pas encore gagnés, ça ne devrait pas tarder après le repas au restaurant de Guy Lassausaie. « C’est une affaire de famille depuis quatre générations, raconte Guy Lassausaie, héritier des Mères-courage lyonnaises de la maison Lassausaie. Mes arrière-grands-parents Marie-Louise et Antoine Lassausaie, maîtres d’hôtel de formation, ont repris en 1906 l’Hôtel des touristes pour en faire cette jolie maison d’époque. » « Marie-Louise, Léa, Yvette… Ce sont des femmes qui, jusqu’en 1983, ont fait le renom de cette maison. Une cuisine de tradition jadis composée de quenelles de brochet à la graisse de rognons de boeuf, de pâtés en croûte, de civet de lièvre au chocolat… » Le chef, deux étoiles au guide Michelin, suit peu les modes, garde le produit au naturel et a éliminé de sa cuisine certaines lourdeurs d’autrefois. Au gré des saisons, on y savoure mousseline de brochet et cuisses de grenouille, dos de bar de ligne cuit sur la peau, oeufs brouillés aux cèpes, chou farci de queue de boeuf et foie gras… Vite, à table ! Le château de Codignat Cette enseigne qui domine le village de Bort L’Étang fera craquer tous les fondus de vie de château. Côté ambiance, nous voilà plongés dans le Moyen Âge, dans un château fort qui était à l’origine la tour de guet du château de Ravel à quelques kilomètres de là. L’immersion est totale dès l’entrée dans le bâtiment construit entre le XIIe et le XIVe siècle, puis restauré et aménagé en hôtel 5 étoiles avec piscine chauffée, terrains de tennis entre forêt et jolis jardins et bains bouillonnants dans toutes les chambres. C’est dans le jardin sous des marronniers centenaires, à la lueur des lanternes, que nous avons goûté à la cuisine raffinée du chef Mathieu Barbet. Une succession de plats et de bons vins, aussi jolis à regarder qu’excellents à déguster. Juste divin ! Ma chambre, dont la haute fenêtre donne sur un immense parc, porte le nom d’Anne de Beaujeu, fille aînée de Louis XI et de Charlotte de Savoie. Elle épousera en 1473, à l’âge de 12 ans, Pierre de Beaulieu, qui deviendra duc de Bourbon… Et c’est ainsi que l’on s’endort à Codignat en lisant l’histoire dans le mobilier et les tapisseries au mur. Petits trucs et astuces de chef Après quelques excès de table, rien de mieux qu’une eau de Vichy Célestins pour remettre le facteur sur le vélo. Ou une Hôpital, une des petites soeurs de Célestins, qui conviendrait mieux au foie engorgé. On dit que le bicarbonate présent dans l’eau de Vichy neutralise l’acidité gastrique. Pas fou, Napoléon III, qui venait ici se soigner. À Vichy, on déguste l’eau Célestins, Chomel, Hôpital, Lucas, Grande Grille… dans les buvettes du hall des Sources, au parc face à la maison Decoret, mais aussi à la table de ce chef étoilé qui propose à son menu, à la manière d’une carte des vins, une quinzaine d’eaux provenant de l’Allier, du Puy de Dôme et de la Haute Loire. Voilà une bonne adresse pour apprendre à cuisiner sous la manette d’un chef déluré qui ne cuisine qu’à basse température et ne tolère pas le gaspillage. On vise ici le zéro déchet. C’est ainsi, ce jour-là, que coeurs de poulet, cosses de petits pois, feuilles d’artichaut et peau d’orange sont transformés en de jolis plats aux saveurs étonnantes. Une maison de famille Bienvenue à Vienne, à La Pyramide. La maison a de l’histoire. Des familles de restaurateurs s’y sont succédé. La plus illustre est la famille Point, avec son chef Fernand, le premier à avoir obtenu trois étoiles au guide rouge en 1933. L’homme qui a marqué la gastronomie française a formé Paul Bocuse, les frères Troisgros, Louis Outhier, les Haeberlin, Alain Chapel… En 1989, le chef Patrick Henriroux, deux étoiles Michelin, et sa femme Pascale reprennent l’établissement et créent deux pôles de restauration et un hôtel 4 étoiles de 23 chambres. Avec brio, élégance et courtoisie. Ils activent aussi La Pyramide dans la promotion de la ville vieille de 2500 ans et de son terroir. « Nous sommes sur tous les fronts quand il s’agit de défendre les richesses naturelles et gastronomiques de la région, dit Patrick Henriroux. La défense des abeilles en milieu urbain, le développement du marché de Vienne, 4e de la France… » Quel plaisir que de piquer une jasette avec le chef jusqu’à tard dans la nuit en dégustant une liqueur de Chartreuse de sa collection, que l’on dit unique au monde. Requiem pour les charolaises Toujours est-il que la commune de Charolles est la seule de ce road trip royal à être située en Bourgogne–Franche-Comté, région limitrophe de l’Auvergne–Rhône-Alpes. On ne saurait pas distinguer, comme ça, vite fait, la différence de paysages entre les deux régions, mais on apprend tôt la présence en pays charolais d’une vache locale toute blanche vouée principalement à la production de viande : la charolaise. À peine le temps de poser les valises, de tirer quelques clichés du joli village avec ses petits ponts qui enjambent une multitude de canaux — qui lui valent son surnom de « Bruges campagnarde » — et de déguster une entrecôte, charolaise, bien sûr, cuite à la plaque, que nous voilà avec l’éleveur, le boucher et le chef dans un champ à Lugny-lès-Charolles, à six kilomètres de Charolles, pour regarder brouter ces vaches bourguignonnes. Une sorte d’hommage à ces reines des prairies présentes depuis l’époque romaine, qui mènent leur vie librement, en plein air, entre les mois de mars et décembre, et qui se nourrissent de pâturin, de luzerne, de lin de trèfle, de pulpe de betterave et de plantain. Vous dites corsetée, la vie en Relais & Châteaux ? En tout cas, pas ici, à l’hôtel de la Poste, un charmant établissement 4 étoiles au coeur d’un village aux airs de Venise, qui fut jadis la cité des ducs de Bourgogne, notamment de Charles le Téméraire. Cette visite dans le champ en compagnie du chef étoilé propriétaire de l’hôtel, Frédéric Doucet, de son boucher, Jean-Philippe Baligand, et de l’éleveur de Lugny-lès-Charolles, Victor Emmanuel Pacaud, en fournit la preuve. L’appel du terroir avant tout ! Bon, tout ça creuse ! On troque ses espadrilles pour ses talons hauts et on s’attable. Au menu de ce soir : sorbet à la betterave et crème de cassis de Bourgogne, salade de homard breton, chèvre charolais, tomates et basilic, jardin de légumes, rouget-barbet doré aux feuilles de cassis, copeaux de foie gras et sauce cassis, oeuf murette, côtes et filet d’agneau charolais, fromages et farandole de desserts aussi bons que beaux à voir. Et ainsi va la vie sur les Routes du bonheur. EN VRAC S’y rendre. Air Canada relie Montréal à Lyon à longueur d’année avec cinq vols par semaine en été et quatre en hiver. Préparer son voyage. Chasselay, restaurant Guy Lassausaie. Bort L’Étang, château de Codignat. Vichy. Maison Decoret. Vienne, hôtel La Pyramide. Charolles, hôtel de la Poste. Relais & Châteaux. Tourisme Auvergne Rhône-Alpes. Tourisme France. Atout France à Montréal.1 commentaire
- Arboretum - Sainte-Anne-de-Bellevue Une foule d'activités sur l'écosystème forestier
Publié dans le Devoir du 18 août 2017 Situé sur le campus MacDonald de l’Université McGill à Sainte-Anne-de-Bellevue, à la pointe ouest de l’île de Montréal, l’arboretum Morgan, une réserve arboricole et écologique de 245 hectares, propose une panoplie d’activités pour régénérer le corps, éveiller les esprits fatigués et intéresser les néophytes curieux tout autant que les connaisseurs à l’écosystème de la forêt et à son formidable réseau d’échange. «La moindre des choses, quand on s’invite dans les bois, est de connaître le nom de ses hôtes. L’affront serait l’indifférence. Si des gens débarquaient dans mon appartement pour s’y installer de force, j’aimerais au moins qu’ils m’appellent par mon prénom. » Cette phrase de l’aventurier et écrivain Sylvain Tesson, dans le livre Les forêts de Sibérie, donne à réfléchir. Nous sommes entourés d’arbres dont nous ignorons les noms. Érable à Giguère, argenté, à sucre, de l’amour, hêtre américain, tilleul, noyer cendré, caryer, cerisier noir, pin noir d’Autriche, chêne rouge, robinier faux-acacia, ostryer, métaséquoia, bouleau, sumac, frêne, catalpa, ginkgo… Les arbres poussent partout, dans les parcs, le long des rues, dans les ruelles, mais on peine à les nommer. « Parce que nous tenons souvent les arbres pour acquis, nous avons tendance à ne pas les remarquer, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus là », écrit Bronwyn Chester dans son livre Une île d’arbres. Cinquante arbres, cinquante façons de raconter Montréal. « Pourtant, le Québec a déjà eu l’un des plus grands vulgarisateurs de la nature en la personne du frère Marie-Victorin, botaniste, fondateur du Jardin botanique de Montréal et auteur de la bible de la flore québécoise : La flore laurentienne », rappelle l’auteure de ce livre qui présente de façon originale une cinquantaine d’arbres sur l’île de Montréal. Puis, nombreux sont les avantages écologiques des arbres en milieu urbain : ils refroidissent l’air, filtrent l’eau, diminuent l’érosion du sol, absorbent les polluants, procurent de l’ombre, un abri, de la nourriture, des matériaux de construction… 375 000 arbres Un sujet d’actualité aussi que ces arbres à Montréal. D’ici la fin de l’année, la Ville ne devrait-elle pas avoir planté quelque 375 000 arbres sur l’île ? Un programme lancé en 2014 par « Jour de la Terre Québec » dans le cadre du 375e de Montréal. Voilà un lot de raisons pour leur attacher de l’importance. Cap, donc, sur l’arboretum Morgan, à Sainte-Anne-de-Bellevue, pour une initiation à l’écologie forestière. Plusieurs arbres y sont identifiés. Et pour parfaire ses connaissances, pourquoi ne pas s’inscrire à l’atelier d’identification des arbres qui aura lieu là-bas le 3 septembre ? Lorsqu’en 1945 l’Université McGill fit l’acquisition du bois Morgan, une propriété appartenant à la famille du même nom — les fondateurs du magasin Morgan de Montréal, devenu La Baie en 1972 —, l’entente prévoyait la création d’un arboretum à la mémoire de la famille ainsi que la conservation du boisé pour les 100 années suivantes. Chose dite, chose faite ! En sus de la forêt, où l’ensemble des arbres et des plantes du Québec sont représentés, la réserve écologique regroupe 18 collections d’arbres et d’arbustes du monde, dont des sapins, des épinettes, des chênes, des bouleaux, des érables, des tilleuls… Y vivent une trentaine d’espèces de mammifères, dont le petit pékan, le seul animal au Québec à se nourrir du porc-épic, ouch ! ainsi qu’une vingtaine d’espèces de reptiles et d’amphibiens et plus de 170 espèces d’oiseaux nicheurs et migrateurs. Vingt-cinq kilomètres de sentiers sillonnent le terrain. Des pistes qui contournent de vieux champs, comme le pré Pullins, un pâturage où nidifiait le goglu des prés dans les années 1980. Depuis que la reforestation naturelle y a repris ses droits, le goglu s’en est allé vers d’autres friches, faisant place au carouge à épaulettes et à la paruline masquée. Pour y accéder, nous empruntons le sentier pédestre orange, une boucle de trois kilomètres qui traverse des forêts de hêtres, d’érables rouges et à sucre, de tilleuls, de caryers, de frênes et de chênes, de thuyas du Lac-Saint-Jean plantés en 1947, d’épinettes de Norvège et de mélèzes laricin, européens et hybrydes… « L’arboretum est couvert à 80 % de forêt. La plupart des arbres ont été plantés dans les années 1950, précise Anne Godbout, responsable des communications à l’arboretum. Il y a très peu de place en ce moment pour d’autres plantations. » La naissance des collections d’arbres, dont chacune s’articule autour d’un thème ou d’un groupe botanique, remonte à l’époque du Dr W. H. Brittain, premier doyen de la Faculté d’agriculture de McGill en 1934 et premier conservateur de l’arboretum en 1955. Pour souligner le 150e anniversaire du Canada, les Amis de l’arboretum Morgan ont restauré le sentier des bouleaux du Canada, plantés par le Dr W. H. Brittain en 1967 pour le centenaire du pays, afin de l’intégrer au nouveau sentier « Canada 150 ». Un coin fleuri a été aménagé du côté est du sentier orange. Des bancs y sont disposés çà et là, à l’ombre de pommetiers, de poiriers, de cerisiers, de saules, d’amélanchiers, de viornes, de tulipiers, de magnolias, de marronniers, de fusains, d’arbres de katsura, de genévriers, d’ifs… À la fois réserve forestière dédiée à la conservation, à l’éducation du public et à la récréation, l’arboretum Morgan est aussi un lieu d’enseignement et de recherche universitaire. D’ailleurs, à quoi servent ces petites tentes que l’on aperçoit dans la forêt ? « Nous étudions les toiles d’araignée ainsi que l’ADN des insectes qui s’y font piéger », explique un étudiant en biologie, sur le campus Macdonald de McGill. Habitats cinq étoiles Et ces montagnes de vieilles souches, de branches, de feuilles, de racines colonisées par du lichen et des champignons, et de tout ce que la terre a de mort à sa surface ? Eh bien, ce sont d’éventuels habitats cinq étoiles pour les vers, les insectes, les amphibiens, les mammifères. Car, dans la nature, rien ne se perd. Un modèle à suivre. L’arborétum Morgan est ouvert au public 363 jours par année. L’été et l’automne, on y randonne, on y pique-nique, on médite sur les bancs qui bordent les sentiers ; l’hiver, on y skie ou y pratique la raquette ; et au printemps, on y déguste de la tire dans l’érablière. On peut être accompagné de son chien (maximum deux par ménage), à la condition que celui-ci soit vacciné, enregistré auprès de l’administration et qu’il ait passé avec succès le test de sociabilité imposé par l’arboretum Morgan. Renseignements : morganarboretum.org
- Tel-Aviv à vélo
Tel-Aviv dégage une forte vitalité qui s’exprime dans l’architecture, les loisirs, la culture, la gastronomie. Plus qu’une porte d’entrée — l’aéroport international étant situé là, des voyageurs y sont en route vers Jérusalem, la mer Morte, Nazareth… —, elle mérite qu’on s’y attarde. Et pourquoi pas à vélo ! Un moyen aussi dynamique que cette cité fringante aux multiples surnoms, dont celui de « ville qui ne dort jamais». Article publié dans le quotidien Le Devoir du 1 juillet 2017 Visiter Israël ? Une expérience plutôt facile à réaliser depuis qu’Air Transat a ajouté une liaison directe depuis Montréal à son programme estival. Environ dix heures et demie de vol entre les aéroports Trudeau et Ben Gourion, à 18 kilomètres du centre de Tel-Aviv–Jaffa. Quelques heures et hop, nous voilà au Moyen-Orient, face au Tayelet, la promenade qui longe sur plus de dix kilomètres les plages de Tel-Aviv et que les gens arpentent en marchant, en courant, en pédalant, en trottinant… jus de grenade à la main. Tel-Aviv ? On se pince pour être sûre de ne pas rêver. On s’attend à une ville conservatrice, sous tension, et on découvre une métropole vibrante, aux airs de Miami et de New York, où les Tel-Aviviens croquent la vie à pleines dents, de jour comme de nuit. On se divertit ici comme s’il y avait urgence de vivre. Peut-être est-ce le cas dans cette ville de quelque 400 000 habitants, plus connue pour sa guerre que pour sa place prépondérante sur la scène gastronomique, culturelle, architecturale et de haute technologie. N’est-ce pas à Tel-Aviv que l’application WAZE, notamment, a vu le jour ? Tel-Aviv n’est pas envoûtante comme Jérusalem, mais certainement plus légère. On comprend mieux la raison de l’un de ses nombreux surnoms : « La Bulle ». Une bulle qui semble avoir fait de la légèreté, de l’optimisme et de la tolérance ses armes. À Tel-Aviv, on flâne, on drague, on fait du sport, on boit du café en terrasse et on fait la fête jusqu’au petit matin. Une forme d’aisance complétée par une énergie enflammée de créativité qui place Israël sur la scène internationale en art, en mode, en cinéma. « Bien des Israéliens croient que la vie ici, ce n’est pas la vraie vie, explique Dror Shoresh, le guide avec qui nous découvrons la ville de nuit. Pour eux, nous vivons dans une bulle, loin de la réalité conflictuelle de l’État. Si bien qu’on a adopté ce surnom en se disant que, peut-être bien que Tel-Aviv n’a rien à voir avec l’État d’Israël. » Cafés, bars, restaurants branchés, musées et une quinzaine de plages pour tous les goûts : promeneurs de chiens, surfeurs, amateurs de natation, de « matkot », de « batucada » brésilienne et de tambours du shabbat, enfants, gais, religieux très pratiquants… S’ajoutent à cela 120 kilomètres de voies cyclables et du soleil 300 jours par année. Tel-Aviv–Jaffa a des airs de vacances et de liberté. Avec, en sus, une histoire qui remonte à 3500 ans. Inutile de dire qu’une journée et demie, c’est bien peu pour l’explorer. D’accord avec le guide Lonely Planet Israël et les territoires palestiniens : « Seule une immersion d’au moins une semaine à Tel-Aviv permet d’en saisir l’essence. » Celle que l’on surnomme la « ville blanche », la « Big Orange », la « ville qui ne dort jamais », « la bulle », la capitale du « cool méditerranéen » abonde de sites culturels et gastronomiques incontournables : le Musée d’art de Tel-Aviv avec sa collection de tableaux impressionnistes et postimpressionnistes mettant à l’honneur Renoir, Gauguin, Degas, Pissarro, Monet, Picasso, Cézanne, Chagall, Van Gogh… Et l’exposition temporaire Expo 67, où Israël a recréé son pavillon de l’île Notre-Dame. Cette expo, qui souligne à la fois le 50e anniversaire d’Expo 67 à Montréal et celui de la guerre des Six Jours, déclenchée le 5 juin 1967 et qui a permis à l’État hébreu d’accroître considérablement son territoire, est présentée jusqu’en septembre prochain. Il faudra revenir pour aller déambuler dans les rues étroites et colorées du Shuk HaCarmel, le marché de rue le plus typique de la ville, ouvert tous les jours de la semaine sauf celui du shabbat, le samedi. « Le shabbat, c’est un peu comme le dimanche chez vous, dit Paule Rakower, notre guide. C’est notre jour de repos. Il commence juste avant le coucher du soleil le vendredi. Les bureaux sont fermés, mais aussi les boutiques de détail et les supermarchés. » Si la « Halakha » interdit de faire du commerce pendant le shabbat, Tel-Aviv semble épargnée par cette loi juive. Jérusalem Ouest aussi. Des accords de statu quo autorisent les restos, discos, bars, cinémas, musées et épiceries à rester ouverts. Les Tel-Aviviens profitent donc de leur septième jour de la semaine pour sortir en famille. Les restaurants sont bondés et la vie bat son plein aussi bien à la synagogue qu’à la plage. « Ce que j’aime à Tel-Aviv, c’est ce sentiment de liberté, poursuit la guide. Ici, chacun se sent libre de faire ce qu’il veut, sans être jugé. Que l’on soit très pratiquant ou pas du tout, homosexuel, parent célibataire, jeune, vieux, tous y trouvent leur place. » À vélo Tel-Aviv se visite bien à vélo. La ville est petite et plate — géographiquement —, avec des pistes cyclables un peu partout, le long des grands boulevards et du littoral et dans les parcs. C’est le meilleur moyen de passer de quartier en quartier, chacun ayant un caractère bien particulier, tout en faisant un pied de nez à la circulation. Plusieurs agences proposent des sorties dans le centre-ville ainsi que dans le parc Ha Yarkon, à Jaffa ou sur le Tayelet, cette fameuse promenade le long de la mer entre le port de Tel-Aviv et celui de la vieille cité de Jaffa, le quartier le plus ancien. Jaffa. Mon coup de coeur. L’une des plus vieilles villes au monde et un des plus vieux ports. Celui où le roi Salomon reçut les cèdres du Liban pour la construction du temple de Jérusalem ; où l’apôtre Pierre, selon le Nouveau Testament, éleva Tabitha, et où Jonas fut recraché par la baleine après trois jours passés dans les entrailles du mammifère marin. Aujourd’hui, on se balade dans un dédale de ruelles et de bâtiments en grès transformés en ateliers pour artistes et sur une place centrale, Kikar Kedumim, bordée de cafés et de boutiques de souvenirs. Se trouve aussi l’église franciscaine Saint-Pierre, consacrée en 1654. Son beffroi domine la Méditerranée et une partie de Tel-Aviv. Sur le Tayelet bordé de palmiers, on ne perd jamais de vue la mer. On y trouve des restaurants, des bars à jus, des discos, des magasins de glace, des écoles de surf, une statue de David ben Gourion faisant le poirier, des gradins pour observer le coucher du soleil et la fameuse piscine Gordon, un arrêt obligatoire pour les amateurs de natation. De taille olympique et en plein air, on la remplit quotidiennement d’eau de mer puisée dans la Méditerranée. Et pas de repos pour le shabbat. Elle est ouverte tous les jours dès 5 h du matin. Parfait pour brûler quelques calories avant le petit-déjeuner. Et parlons-en, de ce sacro-saint petit-déjeuner israélien, qui s’apparente à un festin. Jus de fruits frais, salades et grande variété de légumes, de fruits et de fromages, pain fraîchement sorti du four, poissons, viandes, yogourts, céréales, olives, café, thé… Ouf ! Les origines de ce repas gargantuesque ? « Du kibboutz, au début du XXe siècle, explique Paule Rakower. Les ouvriers commençaient leur journée de travail à l’aube dans les champs. Ils revenaient affamés et se nourrissaient de tout ce que la terre leur offrait. Des fruits, des légumes frais, des oeufs, des produits laitiers, de la viande, des olives… Et les hôtels ont suivi en offrant ces petits-déjeuners sous forme de buffet copieux. » Il y a les agences de vélo, donc, qui proposent des visites guidées, mais Tel-Aviv a aussi mis en place Tel-O-Fun — un jeu de mots avec ofan, qui signifie « vélo » en hébreu —, un service de location de vélo (semblable au Bixi montréalais) fort de quelque 1500 vélos et 150 stations d’accueil situées près des lieux touristiques et des grands boulevards. Ne reste qu’à étudier l’hébreu pour déchiffrer, sur les bornes, les informations de location ou à demander à un passant de vous les traduire. EN VRAC S’y rendre. Jusqu’au 29 octobre prochain, deux fois par semaine, Air Transat offre une liaison directe Montréal–Tel-Aviv. Le voyageur a le choix entre une panoplie de forfaits allant du simple vol aux séjours organisés. Air Canada offre aussi un vol direct Montréal–Tel-Aviv, deux fois par semaine, jusqu’au 16 octobre. Dormir. L’hôtel Carlton Tel-Aviv est une bonne adresse pour son accueil et son confort, mais aussi pour sa situation géographique à deux pas de la plage Hilton et du Teyalet, et à mi-chemin entre le port de Jaffa et celui de Tel-Aviv. Un bon endroit aussi pour déguster le petit-déjeuner israélien. Manger. Tel-Aviv compte un grand nombre de restaurants gérés par des chefs locaux et très appréciés. Parmi ceux-ci, le Messa est une bonne adresse qui offre une cuisine méditerranéenne gastronomique et raffinée proposée par le chef Aviv Moshe. Il est devenu l’un des endroits les plus branchés de la ville. Au complexe et centre commercial Sorona, une ancienne colonie templière vieille de 140 ans devenue un mégacentre culinaire à Tel-Aviv. Ce marché de 8700 mètres carrés, à quelques minutes à pied du Vieux-Jaffa, abrite des dizaines de magasins d’alimentation spécialisés du monde entier et une panoplie de restaurants, de cafés et de galeries d’art. Voir. Tel-Aviv compte plus de bâtiments de style Bauhaus que tout autre endroit au monde, constituant une vaste partie de la ville que l’on appelle ici la « Ville blanche », classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2003. Bien que plusieurs d’entre eux soient en mauvais état, des centaines d’autres ont été rénovés ou sont en passe de l’être. Prendre un verre et danser jusqu’aux petites heures du matin… Kuli Alma, Sputnik Bar, Rothschild Allenby Market, Yavne. Lire. Comprendre Israël, du Montréalais Élias Levy, publié aux éditions Ulysse. Israël et les territoires palestiniens, aux éditions Lonely Planet. Renseignements tourisme.otisrael.com
- Club Med Da Balaia - Bienvenue
Les raisons sont multiples de choisir un Club Med plutôt qu’un autre. Pour la mer turquoise et les plages de sable blanc, ou pour le pays et sa culture. Parce qu’il met les enfants à l’honneur, ou les adultes seulement. Pour le tennis, le golf, le trapèze volant, le tir à l’arc, le yoga, la randonnée pédestre… Selon les goûts de chacun. Une chose est sûre, on y mange bien partout. Lequel, alors ? Voyons voir le Da Balaia, en Algarve, au Portugal. Article publié dans le quotidien Le Devoir du 15 avril 2017 Depuis son ouverture en 1985, le Club Med Da Balaia ne cesse de fleurir. Passant de 3 à 4 tridents en 2009, il continue de se réinventer, au grand bonheur des familles. Et quel bel emplacement, en Algarve, à la pointe sud du Portugal ! Perché sur des falaises de terre rouge couvertes d’herbe et parsemées de pins parasols, il surplombe l’Atlantique. « La rénovation de Da Balaia — plébiscité par les touristes qui affectionnent la destination — s’inscrit dans le cadre d’une montée en gamme amorcée il y a une dizaine d’années, précise Henri Giscard d’Estaing, président-directeur général du groupe. Depuis que Club Med a amorcé ce grand virage, nous avons investi près d’un milliard d’euros[environ 1,42 milliard $CAN]. Le groupe exploite aujourd’hui une soixantaine de resorts dans le monde, soit une trentaine de moins qu’il y a dix ans, mais concentre ses efforts sur ses 4 et 5-tridents. » Espace zen, piscine écolo L’emplacement de Da Balaia, au sommet de falaises et en bord de mer, à 45 minutes tout au plus de l’aéroport de Faro et à deux heures et quart de celui de Lisbonne, les attractions culturelles nombreuses à proximité et la réputation golfique de l’Algarve, avec plus de 30 terrains à moins de 30 minutes du Village, sont autant de raisons qui ont justifié sa modernisation. Outre un nouveau Mini Club et un Junior’s Club qui encadrent les enfants dès l’âge de quatre mois, l’objectif est de retaper les trois bâtiments du complexe. Si le Belem — le premier à avoir vu le jour au Village — attend une autorisation pour la réhabilitation de ses façades, ses chambres ont été rafraîchies. Quant au bâtiment Fado di Lisboa, il a été entièrement rénové. Les espaces ont été mis en scène par l’agence d’architecture d’intérieur Prost, qui n’a pas lésiné sur les matériaux naturels, les teintes chaudes et joyeuses à la portugaise, les jeux d’ombre et de lumière et les clins d’oeil à la culture du pays, comme le liège, la paille, le pin maritime, le jonc… En plus d’une piscine à l’allure de petit étang. On y trouve des aires réservées aux enfants, et d’autres aux adultes, entre autres le nouvel espace zen extérieur avec piscine écolo. J’y aurais passé mes journées à lire à l’ombre des pins pignons. Ou bien à barboter avec des minipoissons dans la piscine d’eau douce — filtrée par des graviers et des plantes aquatiques — où viennent s’abreuver oiseaux et libellules rouges qu’aucune odeur de chlore ne fait fuir. En plus d’éviter le fameux élément chimique qui agresse la peau, la baignade bio ne défigure pas le jardin. Sur ce parterre, à l’écart de l’épicentre des activités, on entend le vent dans les branches et le bris des vagues sur la falaise. Il y règne une paix que seul trouble le piaillement des oiseaux. On peut aussi y apercevoir ses enfants ou ses collègues s’éclater sur le trapèze volant, tout à côté. En vacances, et plus Da Balaia a ses espaces réservés aux événements d’entreprises. Entre deux baignades, un bon repas — le buffet, servi trois fois par jour, fait partie de l’ADN du Club Med —, un cours de tir à l’arc, de tennis ou de golf, une séance de yoga, une rando au village d’à côté… et hop ! Au travail. Bien équipé en salles de conférence, le complexe a de quoi plaire au fameux marché du MICE (meetings, incentives, conferencing, exhibitions), ce type de tourisme de gratification par lequel les grands groupes organisent des événements pour leurs employés et/ou leurs clients. Le choix du mobilier est l’oeuvre de l’agence Dragon rouge qui, en plus de respecter le parti pris architectural du Village, a aussi conçu un mur de travail de haute technologie pour tenir des séances de remue-méninges. Rien n’y manque, de l’écran interactif auquel chaque ordinateur est relié par un système sans fil au « mur d’énergie » qui distribue Smarties et bouteilles d’eau et qui recharge les téléphones portables. Green Globe Labellisé Green Globe, Da Balaia s’engage à une amélioration continue de sa performance environnementale et sociale par l’architecture, la décoration, l’artisanat et la gastronomie, excellente d’ailleurs. Et en proposant aux visiteurs des activités leur permettant de découvrir les ressources naturelles et culturelles de la région. Le défi « Coup de coeur » de l’équipe ? Créer un jardin des épices utilisé par le chef de cuisine et visité par les enfants. Manger local et frais fait partie des priorités. « On ouvre très peu de boîtes de conserve, explique Nass Oukil, responsable de la restauration. On fait le pain et les pâtisseries sur place et on favorise à 90 % nos producteurs locaux. On offre moins, mais mieux. C’est ainsi qu’on met notre table en valeur. » Le séjour permet de découvrir, par l’entremise du personnel du Village, la gastronomie du pays, ses escapades culturelles, ses jardins de plantes, mais aussi de faire de longues randos en bord de mer menant vers de jolis villages. Et strictement rien à penser. Le lâcher-prise, quoi. Bon pour le moral ! Notre journaliste était l’invitée du Club Med Da Balaia. EN VRAC Amateurs de golf et de tennis. Le Club Med Da Balaia soulignera, du 29 avril au 6 mai, le mois du golf et du tennis. En partenariat avec Lacoste, les ambassadeurs de la marque y animeront démonstrations, tournois et conférences. Développement durable. Outre le fait que le Village est certifié Green Globe depuis 2013, il s’engage, par l’entremise de la Fondation Club Méditerranée, à inviter des enfants, des associations et des écoles de proximité à participer à des kermesses, des activités sportives et artistiques, des buffets de fête, des spectacles… Également, l’ensemble des vêtements usés ou oubliés est donné en fin de saison à des orphelinats des environs. Pour plus de renseignements, cliquez ici.
- Butiner d'île en île aux petites antilles
- Itinéraire en quatre escales d'un traversier dans la mer Entre les débarcadères animés, il file à toute allure. Mais à chaque quai, son rythme épouse l’indolence des paysages caribéens. Gens pressés, s’abstenir ! On le nomme l’Express des Îles. Il sillonne la mer des Antilles entre Sainte-Lucie, la Martinique, la Dominique et la Guadeloupe (et ses îles). Il embarque et débarque les voyageurs pour les faire remonter parfois deux ou trois jours plus tard. Un moyen de transport attrayant pour qui veut butiner d’île en île et découvrir des paysages. Article publié dans le quotidien Le Devoir du 17 décembre 2016 Sur le pont détrempé par les houles du canal de la Dominique, il y a là une bande de randonneurs martiniquais qui, comme nous, comptent bien conquérir à pied Morne Diablotin et Boiling Lake, ce fameux lac qui bouillonne au fond d’un immense cratère. Une randonnée de six heures sur les flancs et dans les entrailles du magnifique parc national des Trois-Pitons, inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Des paysages à couper le souffle, des montées et des descentes escarpées qui mènent à la vallée de la Désolation, où l’on se promène au milieu d’un paysage lunaire ponctué de fumerolles sulfureuses et de sources chaudes. Parmi les îles volcaniques des Petites Antilles — Saint-Vincent et les Grenadines, Sainte-Lucie, la Martinique, les Saintes et Basse-Terre en Guadeloupe, Montserrat, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Eustache —, le Commonwealth de la Dominique est le royaume de la randonnée. On y dénombre une dizaine de volcans et autant de lacs qu’il y a de jours dans l’année. Mais pour y accéder, c’est laborieux, car l’île ne dispose pas d’aéroport international. Aucun avion ne s’y rend directement de l’Amérique du Nord ou de l’Europe. Et vogue le navire Si chaque île des Petites Antilles est desservie par des avions de compagnies locales comme Liat ou Air Antilles Express, l’idée de se déplacer en bateau de l’une à l’autre nous était attrayante, tant pour les prix que pour le spectacle de la mer et la rencontre avec les insulaires. Mais avec cette réserve qu’au moment d’organiser son voyage, il faut prévoir passer une ou deux nuits sur l’une ou l’autre des îles puisque l’Express n’assure pas l’aller-retour le même jour. La compagnie maritime propose toutefois des offres invitantes de séjour clés en main. C’est que l’entreprise, qui aura 30 ans en 2017, « souhaite devenir à terme un complément aérien des longs-courriers en provenance de l’Europe et de l’Amérique du Nord, explique Didier Coffre, directeur commercial de l’Express des Îles. Un moyen dynamique d’entrer en relation avec la population et d’accéder à des îles qui semblent au bout du monde. » Pour dorer son image, la société s’est offert en 2011 une nouvelle identité visuelle et a créé la filiale Jeans for Freedom, une compagnie à bas prix qui permet des escapades d’une à plusieurs journées dans les Petites Antilles, à partir de la Guadeloupe et de la Martinique. Les vacanciers, par exemple, qui seront en Guadeloupe le 11 mars 2017 pourront embarquer à bord de Jeans pour une journée découverte de Montserrat, avec visite de l’ancienne capitale Plymouth en partie ensevelie sous les débris volcaniques depuis juillet 1995. Quant à ceux qui seront en Martinique le 20 mai ou le 18 juillet 2017, la filiale propose une escapade sur l’île de Saint-Vincent, avec visite de Kingstown et de son marché, ainsi que des ruines de Fort-Charlotte, à 182 mètres, d’où la vue sur les Grenadines laisse sans mot. La Société Express des Îles possède deux grands catamarans à vitesse rapide : le Gold Express qui peut transporter jusqu’à 446 personnes et le Perle Express qui accueille 360 passagers et 10 véhicules (pour les visiteurs à destination de la Guadeloupe et de la Martinique). Le trajet de Castries, à Sainte-Lucie, jusqu’à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, dure environ sept heures. Le bateau fait d’abord escale à Fort-de-France, en Martinique, puis à Roseau, en Dominique. Entre les escales, la traversée dure en moyenne 90 minutes. À cela, il faut ajouter une trentaine de minutes d’attente à chaque port, le temps de débarquer et d’embarquer des passagers. Une semaine sur chaque île donne le temps de visiter, mais aussi de grimper des volcans à grand spectacle. Certains éteints ou assoupis, d’autres dégageant toujours des fumerolles de soufre attestant que l’activité volcanique est encore d’actualité dans cette région des Petites Antilles. Sainte-Lucie Nous aurions pu amorcer ce voyage en Martinique avec l’ascension de la montagne Pelée, ou encore en Guadeloupe sur les flancs de la Soufrière, mais nous aimions l’idée de commencer par la montée des deux géants géologiques que sont Gros Piton et Petit Piton, à Sainte-Lucie. La balade au sommet de ces mornes inscrits au patrimoine de l’UNESCO depuis 2004 débute au Centre d’interprétation de Fond Gens libres. Un nom étrange, qui sonne plus comme un beau requiem pour la liberté que comme point de départ d’une marche ardue sur les flancs d’un volcan. Combien d’esclaves en fuite sont venus se réfugier sur les pans de ces pics verdoyants et dans les grottes et les tunnels du canyon de l’anse L’Ivrogne, lors de la rébellion de 1748. Et de brigands aussi. Cette région difficile d’accès était un repaire idyllique pour ces hommes en fuite. Si bien qu’on donna au site le nom de Fond Gens libres, qui signifie « vallée des hommes libres ». À Castries, nous flânons sur Brazil Street et Derek Walcott Square, bordés de coquettes maisons de couleur. Nous entrons dans la cathédrale Immaculée-Conception (1897), célèbre pour ses fresques murales, oeuvres de l’artiste local Dunstan Saint-Omer. Et poursuivons notre chemin jusqu’au marché public pour siroter une Piton (bière locale) sur la terrasse d’un café. La sirène mugit, c’est l’heure d’embarquer. Cap vers la Martinique. Malgré la houle qui secoue l’embarcation, la discussion sur le pont va bon train. Assis à notre droite, trois musiciens Saint-Luciens vont à Roseau pour assister à un concert de jing ping, musique traditionnelle dominiquaise qui rappelle un peu la musique acadienne en Louisiane. Un Guadeloupéen installé pas très loin se mêle à la discussion. « Chez nous, on joue du ka, sorte de tambour traditionnel, dit-il. Et on danse le zouk et la biguine. » Quant aux Martiniquais, ils parlent de bèlè, de chouval bwa (musique qui accompagne les manèges de chevaux de fer), de damniè (dans de lutte), de mazurka et de biguine créole. « La musique, au même titre que la religion, est un élément primordial de la vie des Caribéens, écrit le géographe Romain Cruse dans son livre Une géographie populaire de la Caraïbe. On ne se surprend donc pas de rencontrer sur ce transbordeur des amateurs qui butinent d’une île à l’autre pour assister aux nombreux festivals, spectacles et célébrations. Martinique En entrant dans la baie de Fort-de-France, notre regard se pose sur le fort Saint-Louis. Bâtie à la Vauban au XVIIe siècle, cette citadelle militaire est l’une des mieux conservée des Antilles. Vue de la mer, l’île de 70 kilomètres, dans sa partie la plus longue, et de quelque 30 kilomètres dans la section plus large, ressemble à une montagne russe avec ses pitons embrasés par les rayons du soleil. La montagne Pelée est couverte d’une étonnante pile de nuages blancs. Outre le moment magique de gravir un volcan qui a su se montrer terriblement meurtrier en 1902, l’intérêt réside dans les étonnants paysages sommitaux. Le sentier emprunte une succession de ravinements et d’enrochements raides où il faut s’agripper de pierre en pierre. Les flancs sont jonchés d’herbes, de fougères et de framboisiers. De l’Aileron, par beau temps, on découvre une vue splendide sur Saint-Pierre, à l’ouest, et le massif des Pitons du Carbet, au sud. La Pelée doit son nom à son dôme dépouillé d’arbres. Du cratère formé par l’explosion de 1902, on aperçoit les murailles des trois dômes nés d’éruptions successives : morne Lacroix à 1243 mètres, point culminant avant 1902 ; dômes jumeaux à 1362 mètres, formés lors de l’éruption de 1902 ; le Chinois à 1397 mètres, issu de l’éruption de 1929, point culminant de l’île. Un petit creux avant de reprendre le large ? Direction : les snacks du grand marché aux épices de Fort-de-France pour manger créole à la bonne franquette entre deux emplettes. Mon favori ? Chez Carole. Elle est adorable, souriante et cuisine un excellent poisson sauce chien. La Dominique La houle secoue l’embarcation dans le canal de la Dominique. Devant l’étrave du bateau, une bande de dauphins cabriolent comme pour attirer les regards des passagers sur le pont. À l’horizon, un amas de nuages épais déverse son contenu sur le relief escarpé de la Dominique. Waitikubuli, ou « île haute », c’est ainsi que les Kalinagos nommaient leur île. Quant à Christophe Colomb, il baptisa l’île « Dominique », du jour de la semaine où il l’aperçut, le dimanche 3 novembre 1494, et renomma « Caraïbes » les farouches Kalinagos qui lui tinrent tête. C’est en contournant en voiture le parc national de Morne Trois-Pitons, qui fait tant damner les automobilistes, que l’on comprend l’influence de la géographie tourmentée sur l’histoire coloniale de l’île. Les indiens caraïbes, installés sur l’île avant l’arrivée de Christophe Colomb, doivent leur vie à ses reliefs escarpés. Cachés dans la nature, ils ont échappé à l’extermination. À ce jour, ils sont plus de 3000 à vivre sur un territoire qui leur appartient et sur lequel ils ont leurs propres us et coutumes, alors qu’ils ont été massacrés partout ailleurs dans la Caraïbe. Guadeloupe Ce voyage serait incomplet sans une incursion dans le parc national de la Guadeloupe, classé Réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO. Pour randonner jusqu’aux trois imposantes chutes du Carbet, mais aussi pour grimper au sommet — jonché de crevasses d’où jaillissent d’épaisses fumerolles — de la Soufrière, point culminant des Petites Antilles, à 1467 mètres. L’archipel guadeloupéen s’inscrit davantage dans la vie caribéenne grâce aux nombreux déplacements offerts d’île en île. Vers la Dominique, la Martinique et Sainte-Lucie, mais aussi vers des îles plus près : Marie-Galante, la Désirade, Les Saintes et les îles de la Petite-Terre. Chacune a son paysage typé, ses plages, ses sentiers de randonnée, son histoire, son patrimoine, son créole et sa musique. Le traversier nous en donne déjà un premier aperçu. Bien au-delà des plages et des cocotiers, ces îles sont des condensés d’humanité et de culture. En vrac S’y rendre. Air Canada et Air Transat offrent une ou deux fois par semaine des vols vers la Martinique et la Guadeloupe au départ de Montréal. Les escapades d’île en île se combinent très bien à un séjour plus long dans les Antilles françaises. Les plus populaires d’entre elles se font au départ de Fort-de-France ou de Saint-Pierre, en Martinique, et de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Préparer son voyage. Pour les horaires et les offres de séjour clés en main de l’Express des Îles, ou de Jeans for Freedom. Informations touristiques générales sur la Martinique ; sur la Guadeloupe et ses îles ; sur Sainte-Lucie ; sur la Dominique. Pour la location de logements Airbnb. Carnaval dans les îles. Guadeloupe ; Martinique ; Dominique (carnaval et festivals de musique). Suggestions de livres d’auteurs antillais : memoiredencrier.com/auteurs.
- Tourisme Suisse - Soleure la magnifique
De la Suisse, on connaît Zurich, Genève, Bâle, Lausanne, Berne, Bellinzona… mais pas beaucoup Soleure — Solothurn en suisse-allemand. Pourtant, cette jolie ville baroque, située en Suisse alémanique, au pied du Jura et en bordure de l’Aar, n’est pas sans attraits, sans histoires et sans légendes. À commencer par l’énigmatique chiffre 11 et son lien avec cette cité du Nord. Publié dans le Devoir du 12 novembre 2016 Onze. Un chiffre dont on se souvient longtemps après avoir séjourné dans cette charmante petite ville baroque (et au-delà de son architecture), de Suisse, située à 90 kilomètres de Zurich, à 30 km de Bienne — siège du groupe horloger Swatch et de la marque horlogère Rolex — et à 80 km de Luzerne. Ici, à Soleure, on s’amuse avec le fameux chiffre. Il ne faut donc pas s’étonner d’apprendre d’entrée de jeu que, dans cette cité qui fut le siège des ambassadeurs français de 1530 à 1792 — l’architecture baroque de Soleure date de cette époque —, on retrouve 11 musées, 11 églises, 11 chapelles, 11 tours, 11 fontaines, une horloge qui indique en tout temps 11 h, et que la bière soleuroise porte le nom d’Öufi, ou 11. « Mais c’est la cathédrale Saint-Ours qui incarne le mieux, à Soleure, la symbolique de ce chiffre sacré, précise notre guide Suzanne Im Hof. Sa reconstruction, au XVIIIe siècle, a duré 11 ans, l’escalier qui mène au parvis est composé de trois fois 11 marches, le clocher à bulbe cuivré a une hauteur de six fois 11 mètres et abrite 11 cloches, les bancs sont disposés par rangs de 11, les tuyaux de l’orgue se divisent par groupes de 11 et on y retrouve 11 autels. » C’est en l’honneur des saints patrons de la ville, Ours et Victor, morts à Soleure, que cette cathédrale, reconstruite sur le site de la vieille basilique selon les plans de l’architecte tessinois Gaetano Matteo Pisoni, fut nommée Saint-Ours. « La légende raconte que les deux martyrs romains, qui faisaient partie de la 11e légion thébaine, auraient été décapités sur un pont de la cité pour avoir professé haut et fort leur foi chrétienne, explique Suzanne Im Hof. À la gloire des miracles qui leur furent associés, ces deux légionnaires envoyés au nord pour élargir l’Empire romain devinrent les saints de la ville.» Décidément, cette cité est indissociable du chiffre 11. Jusqu’au canton de Soleure qui, par un curieux hasard, aurait été le 11e à rejoindre la Confédération suisse, en 1481. Et si tous les Suisses ne peuvent en un tournemain montrer du doigt Soleure sur une carte géographique, beaucoup d’entre eux connaissent l’expression « être sur Soleure ». Il suffit de mentionner à un Suisse d’origine le nom de cette ville qualifiée de « la plus baroque de la Suisse » par les guides touristiques, et la probabilité qu’il connaisse l’expression est grande. « Cette phrase remonte au XVIe siècle, au temps où l’on transportait par bateau les tonneaux de vin en provenance de Bienne, raconte Olivier Schlegel, propriétaire du restaurant Le Léman à Montréal. Le voyage était long et les convoyeurs qui avaient tendance à abuser du contenu des tonneaux arrivaient ivres. Les Soleurois entendaient résonner leurs voix sur l’Aar et disaient : “ Ça y est, ils sont sur Soleure. ” L’expression, qui signifie être saoul, est demeurée. » Mais Soleure n’est pas qu’une ville charmante qui fut jadis l’établissement des légats français (1530-1792), où moururent en martyrs deux légionnaires thébains, où Napoléon passa en trombe, où Casanova aurait chanté la pomme à une jolie Soleuroise à l’historique (et bel) hôtel de la Couronne et où le chiffre 11 et ses multiples semblent inscrits dans son ADN. La ville en onze étapes Afin de respecter le symbolisme du chiffre 11, voici donc le résumé en 11 étapes d’un séjour de 24 heures à Soleure — par temps pluvieux, en chemin vers Crans-Montana, dans le Valais. Et sachez que ces 11 suggestions ne sont qu’un très petit échantillonnage des attractions de la ville et de ses environs. En fait, multipliez par au moins 11 les choses à faire ici et aux alentours. La ville basse. S’y trouve la gare de train où se côtoyaient jadis artisans et sans-le-sou ni maille. Pour arriver à la ville haute à pied, il faut 11 minutes, le temps de traverser l’Aar en imaginant les convoyeurs saouls sur cette rivière où l’eau, couleur émeraude par très beau temps, passait au rouge sang le jour de la semaine où l’on égorgeait les animaux à l’abattoir, juste à droite du pont. Le Solheure. C’est dans ce vieux bâtiment brun sur les berges de l’Aar, construit par deux familles nobles de la cité pour s’exercer au jeu de paume, puis plus tard transformé en abattoir, qu’il faut aller prendre un verre. Cet édifice historique est devenu un restaurant branché Le pont de Kreuzacker. De ce pont qui enjambe l’Aar, on bénéficie d’un beau panorama sur la ville haute. Au-dessus des toits, on aperçoit la tourelle de l’église des Jésuites, la tour de l’Horloge et le clocher de la cathédrale Saint-Ours. À droite, l’abattoir et à gauche, le palais des Besenval. Le palais des Besenval. Cette résidence a été construite par Jean Victor de Besenval de Brünstatt, né à Soleure en 1671. Diplomate au service de la France, cet officier a servi le roi de France Louis XIV dans de nombreuses missions diplomatiques. Le palais abrite un restaurant de renom. Les ruelles pavées de la ville haute. La vieille ville piétonne foisonne de bâtiments fortifiés, de musées, d’hôtels particuliers, de boutiques et d’épiceries fines, de jolies fontaines — chacune ayant son histoire —, de bons restaurants, de pâtisseries gourmandes et de bars où il fait bon flâner. Tour de l’Horloge. « C’est le plus vieux bâtiment de la ville, construit au XIIe siècle, explique Suzanne Im Hof. Dans la tour, un jacquemart frappe sur la cloche avec un marteau. Sous le cadran, on distingue trois symboles : le chevalier, le roi et la mort, qui indiquent à chaque heure le sens de la vie. L’horloge astronomique, réalisée en 1545, sonne les jours, les mois et les années. » Cathédrale Saint-Ours. De l’extérieur, elle est très imposante, mais il faut y entrer pour voir en son choeur, entre autres, le colossal maître-autel en forme de sarcophage de Carlo Luca Pozzi. Et si possible avec un guide qui vous expliquera la symbolique du chiffre 11 associée à cette cathédrale du néoclassicisme suisse en marbre de Soleure. Il doit bien y avoir un Quasimodo qui se cache entre les 11 cloches (neuf d’origine) du clocher à bulbe cuivré haut de 6 fois 11 mètres. L’église des Jésuites. On ne peut être que d’accord avec Patrick Oberson, directeur général pour le Canada de Swiss International Air Lines (SWISS), natif de Soleure, selon qui « cette église baroque construite entre 1680 et 1689 — bien que moins impressionnante que Saint-Ours — est charmante. Et les ouvrages en stuc de style italien, ornés de motifs végétaux, sont très photogéniques. » Le restaurant Zunfthaus zu Wirthen. Cette ancienne maison de corporation d’environ 500 ans d’histoire abrite un petit hôtel et un restaurant tout en boiseries patinées et fenêtres à vitraux. On y vient pour son atmosphère, mais aussi pour sa tarte flambée à la soleuroise et sa soupe au vin. La maison Suteria. Cette confiserie est une institution à Soleure. On y concocte depuis plus de 100 ans un gâteau si bon qu’on en dévorerait au moins… 11 pointes. Inventée il y a 100 ans par Albert Studer, la recette de cette tourte meringuée aux noisettes et à la crème a été inscrite, en 1928, à l’Institut de la protection intellectuelle. Déguster ce gâteau au Suteria prend tout son sens. La Fée verte. Dehors, c’est la grisaille. Et après ? N’est-ce pas le moment idéal pour se réchauffer le coeur à l’absinthe ? Tenez, ça vous dirait, une Fée verte de Val-de-Travers — petite commune située à environ 90 kilomètres à l’ouest d’ici — au bar La Fée verte, à deux pas de la cathédrale ? Et puis, ça aidera à digérer tourte, soupe au vin et brochette flambée au cognac. Cette liqueur n’est-elle pas utilisée depuis l’Antiquité comme remède pour la fièvre, la dysenterie et les maux d’estomac ? Et hop ! Un peu de sucre dans une cuillère, de l’absinthe, et adieu mal de gorge ! D’accord, l’absinthe ne fait pas l’unanimité. On dit qu’elle rend fou, aveugle et qu’elle provoque des convulsions. À cause de la thuyone, une molécule qu’on retrouve dans la plante d’absinthe. L’absinthe du Val-de-Travers, berceau de cette liqueur, fut interdite en 1910, mais on continua de la fabriquer sous le manteau. Ce n’est qu’en 2005 qu’elle est redevenue légale en Suisse. Et si vous entendez la cloche de minuit sonner 11 coups, ne mettez pas ça illico sur la faute de la fameuse liqueur. Vous êtes à Soleure. Et ici, « onze délecte » avec ce « chiffre sacré ». EN VRAC S’y rendre. La compagnie Swiss offre un vol direct Montréal-Zurich. De là, on prend le train à destination de Soleure (une heure). Les trains sont un bon choix pour se déplacer en Suisse. Ils sont nombreux et vont partout. Mieux vaut voyager léger, avec un sac à dos ou une valise à roulettes de qualité, surtout sur des chemins pavés comme en haute ville. Pour qui partira en voyage de ski prochainement, et jusqu’au 30 avril, Swiss (partenaire d’Air Canada) ne demande aucun supplément pour le transport des skis, bottes et planches à neige. swiss.com. La Swiss Travel Pass permet de sillonner le pays dans tous ses recoins. La passe donne droit aux itinéraires panoramiques, aux trajets urbains en tram et en autobus dans 75 villes, à un accès gratuit dans plus de 480 musées et à une réduction de 50 % sur la plupart des chemins de fer de montagne et téléphériques. Du train au bateau, au funiculaire, aux remontées mécaniques, tout est possible. Pour les formules qui vous conviennent le mieux : swiss-pass.ch. Dormir. Le Baseltor, dans la vieille ville, est un très bon choix. C’est un hôtel-boutique historique de 15 chambres dans une ancienne maison des chanoines du XVIIe siècle, joliment décoré, où la coopérative a su bien amalgamer l’ancien et le nouveau. Les chambres sont petites, mais confortables et bien équipées : myswitzerland.com. Visites guidées. Vieille ville, visite pour les personnes malvoyantes ou les gourmets ; le 11, chiffre magique ; Tours ; portes et murs ; baroque ; églises ; les saintes ; les dames ; les filles de Soleure ; les saints, sorcières et bourreaux ; Moyen-Âge ; les Romains ; les ruelles et leur nom ; bateau Öufi, E-bike… solothurn-city.ch. Les villes de Soleure et Bienne sont reliées par des chemins réservés aux vélos, patins à roulettes, marcheurs… mais il y a aussi l’Aar, où l’on peut se baigner et voyager en bateau. La croisière pour Altreu, un village de cigognes unique en Europe, est fortement conseillée. Quelques événements d’envergure à Soleure. Le marché du Chlausemäret (de la Saint-Nicolas), les 7 et 8 décembre, et le Soledurner Weihnachtsmarkt (de Noël) du 14 au 18 décembre. La crèche de Soleure, une réalisation du couvent Saint-Joseph-de-Soleure, fondé au milieu du XVIIIe siècle. L’Avent au monastère. Les Journées cinéma suisse du 19 au 26 janvier. Le Carnaval de Soleure du 22 février au 1er mars.
- Turquie - Odyssée en Anatolie, un livre d'histoire
Publié dans le Devoir du 7 mai 2016 La Turquie est un livre d’histoire qui s’étale sur des millénaires. Et qui se savoure région par région telle chaque page d’un roman captivant. Sur un rythme lent, au fil d’un café turc, d’un thé, d’un raki, d’une chicha, d’un kebab dégusté sur la terrasse ensoleillée d’un village de montagne ou en bord de mer. En auto, en rando, à vélo, en bateau. De la cité antique de Sagalassos, dans les Taurus, à celle de Xanthos, sur la Méditerranée, incursion en Pisidie et en Lycie, sur les pas d’Alexandre le Grand, de saint Paul, de saint Nicolas.. C’est à Fethiye, petite ville animée de la côte méditerranéenne à mi-chemin entre Izmir et Antalya, que prend fin ce voyage sur la Riviera turque, dans le sud du pays. Six jours à butiner d’un site antique à l’autre depuis les contreforts des monts Taurus, en Pisidie, à 100 kilomètres au nord d’Antalya, jusqu’à Fethiye, en Lycie, à 200 kilomètres à l’ouest. À se régaler de légumes arrosés d’huile d’olive, de poissons grillés, de kebabs épicés, de meze, d’oranges et de grenadines, de figues mielleuses, de loukoums, baklavas, feta, yogourt nature… De crabe bleu aussi, grillé sur la braise par un pêcheur de Dalyan, à bord de son bateau de pêche. Une dégustation impromptue moyennant une dizaine de livres turques, lors d’un tour en barque dans les méandres du delta de Dalyan, du lac de Köycegiz et de la mer Méditerranée. On vient avant tout dans ce delta classé parc national pour observer les tortues caretta caretta venues s’accoupler à l’ombre des roseaux, dans les replis d’une rivière dominée par l’ancienne cité grecque de Caunos. Et pour accéder à la plage Iztuzu, l’une des plus belles du pays. « Entre juin et septembre, ces tortues de mer protégées par l’organisme World Wild Found iront pondre leurs oeufs sur cette plage, explique Fethi Öcel, directeur chez Koptur, une agence réceptive spécialisée dans les voyages sur mesure en Turquie. Pendant la ponte, il n’est pas permis de planter son parasol dans le sable. La plage ferme à partir de 18 h jusqu’au lendemain matin. » Si les tortues à grosse tête, qui à l’âge adulte pèsent plus de 200 kg, sont les stars du delta de Dalyan, les tombeaux creusés dans la falaise au-dessus de la rivière séduisent l’imagination. Sculptés dans le style lycéen, ils ont été la dernière demeure des rois de Caunos. Que du bonheur ! Une jolie région, une histoire riche, une gastronomie dont le pays peut s’enorgueillir, des vestiges archéologiques splendides à tous les coins de rue, des ruelles, des rivières, partout dans l’arrière-pays et sur la côte. Et un peuple très accueillant. En Turquie, l’hospitalité est à la base du mode de vie. Et cela dès le premier contact à l’aéroport, où les douaniers, dès qu’ils ont apposé le tampon dans le passeport, souhaitent gentiment la bienvenue au misafir (invité). Car en Turquie, le voyageur n’est pas un touriste, mais un hôte. Accepter le café, le thé ou le fruit est le meilleur des remerciements. Et dans les villages, il y a toujours quelqu’un pour venir en aide au misafir qui veut se faire comprendre. Alors que le festival des tulipes bat son plein à Istanbul et que fleurissent sur les rives du Bosphore les arbres de Judée — la légende raconte que Judas se serait pendu à cet arbre après avoir trahi Jésus-Christ —, ici, sur la côte turquoise, les hôteliers nettoient et rabibochent leur hébergement en vue de la saison touristique officiellement ouverte depuis le 1er avril. Mais un départ grippé depuis janvier à cause d’attaques terroristes ayant visé des lieux touristiques à Istanbul et Ankara. Ainsi que du boycottage des stations balnéaires du sud par les Russes — qui affectionnent particulièrement la côte turque — depuis qu’en novembre 2015, les militaires turcs ont abattu l’un de leurs bombardiers au-dessus de la frontière syrienne. Et, bien que le ministère des Affaires étrangères ne suggère pas aux Canadiens d’éviter la Turquie — à l’exception des provinces du sud-est — voisine de la Syrie et de l’Irak, les voyageurs hésitent à s’y rendre vu la situation géographique du pays, proche de zones de conflits. Il faut savoir toutefois que, tant à Istanbul, où transitent un grand nombre de voyageurs, que dans les autres villes du pays, la Turquie prend une série de mesures de sécurité. Contrôle de bagages à l’entrée de tous les aéroports et aux portes des musées, églises, mosquées, palais… Et surveillance policière accrue dans les rues, les grands bazars, les parcs et les places centrales. Cela dit, le pays offre mille et un attraits. Les routes sont belles et la conduite, facile. Pour les activités physiques combinées aux visites culturelles, le sud offre l’embarras du choix. Parmi les plus en vogue : la randonnée à pied ou à vélo sur les chemins jalonnés de villages et de ruines. La cité des derniers Romains Huit heures de vol jusqu’à Istanbul, une heure jusqu’à Antalya et 90 minutes de voiture jusqu’au charmant hôtel Sagalassos Lodge Spa, au pied de la cité antique de Sagalassos, dans les monts Taurus. Nous y passerons les trois premiers jours de ce voyage dans le sud du pays. D’abord, un bain turc pour remettre les idées en place. Un genre de massage rustique capable de vous remodeler la silhouette en 60 minutes, de vous débarrasser de vilains noeuds dans le dos. Après le gommage, un massage vigoureux, méthode « ottomane », puis un lavage au savon jusqu’à disparaître sous un nuage de mousse et de vapeur. Et pour finir, rinçage par aspersion de chaudières d’eau chaude sur la tête. On en ressort… « fort comme un Turc ». Depuis l’hôtel, il faut compter 30 minutes à vélo sur un chemin de campagne peu fréquenté par les voitures pour atteindre le site archéologique. Personne à l’horizon, à part un troupeau de chèvres broutant sur une colline sans se soucier de la bataille menée ici au printemps 333 av. J.-C. par Alexandre Le Grand, en vue de s’emparer de la cité pisidienne. « Ce ne sont pas les touristes qui pullulent ici mais les fouilleurs », dit Fethi Öcel. Faisant partie des plus importants chantiers archéologiques de la Méditerranée, Sagalassos fait l’objet de fouilles menées depuis 1990 par les archéologues de l’Université de Leuven, en Belgique. Le site s’étend sur plusieurs kilomètres de long, sur des terrasses qui s’élèvent entre 1400 et 1700 mètres. Son théâtre bâti à flanc de montagne serait le plus élevé en altitude au monde. Au moment des premiers travaux, les archéologues ne savaient que très peu de chose sur Sagalassos. La cité a prospéré sous les Romains, est devenue un avant-poste chrétien byzantin, avant de décliner sous les Ottomans. Les vestiges les plus anciens remontent à la période hellénistique qui a suivi la conquête par Alexandre le Grand. Les bâtiments restants datent de l’époque romaine. Sagalassos a été détruite au VII siècle par un violent tremblement de terre. Les bâtiments importants — forum, théâtre, temple, bibliothèque et thermes — ont été écrasés avant d’être recouverts par plus de dix mètres de terre arrachée à la montagne. Terre qui a permis de conserver intactes toutes les vieilles pierres. Ne reste qu’à reconstituer le gigantesque casse-tête. Sur les traces de saint Paul et saint Nicolas Jour de marché aujourd’hui à Aglasun, village situé à sept kilomètres en aval de Sagalassos. Ambiance bon enfant. Les femmes portent l’şalvar, le pantalon bouffant traditionnel de la région. Sagalassos, que les archéologues appellent la « Pompéi turque », survit à travers Aglasun depuis le tremblement de terre qui a détruit la fameuse cité des derniers Romains. De là, on file vers Isparta, petite ville située au centre de la région des lacs, sur les hauts plateaux des Taurus dont les sommets sont couverts de neige. On y skie en hiver. Une immense rose de Damas, à l’entrée de la ville, rappelle que la jolie fleur pousse à profusion dans la région. Puis, un arrêt au lac Egirdir avant de rejoindre le canyon de Yazili pour une balade sur un chemin longeant une gorge magnifique, qu’aurait parcouru saint Paul lors d’un de ses périples menant de Perge à Antalya de Pisidie. La Turquie à travers de nombreux sites garde la mémoire de cet ardent évangélisateur. Une randonnée balisée de 500 kilomètres permet d’aller sur ses traces. C’est à partir de Finike, capitale de l’orange, que la côte méditerranéenne acquiert ses lettres de noblesse. La route sinueuse, construite à flanc de montagne, surplombe la mer turquoise. À chaque virage, une belle crique invite à la baignade. L’appel du grand bleu est irrésistible. Nous sommes en Lycie, au sud des côtes turques, face aux îles du Dodécanèse, en dessous de Rhodes. Demre (Kale), Kas, Kalkan, Kekova, Dalyan, Fethiye… La route de l’Antiquité. Toutes les civilisations sont passées par ici. S’y trouve l’un des plus beaux sentiers de randonnée au monde, la Voie lycienne, qui s’étend sur 500 kilomètres entre Fethiye et Antalya. Qui eût cru que la légende du père Noël prenait sa source en Lycie, à Demre, une petite ville poussiéreuse du sud ? Né à Patara, Nicolas de Bari, le saint Nicolas, fut évêque de Myre au IVe siècle. Après l’obtention d’un héritage important, il distribua anonymement des cadeaux aux pauvres. C’est en lançant, la nuit de sa fête, le 6 décembre, des bourses en or à des jeunes filles condamnées à la prostitution, que serait né le mythe du père Noël. « Iyi seyahatler ! »(bon voyage). EN VRAC S’y rendre. La compagnie Turkish Airlines propose trois fois par semaine un vol direct vers l’aéroport d’Istanbul-Ataturk. De là, plusieurs vols quotidiens sont proposés vers Antalya et/ou Dalaman, dans le sud du pays. La location d’une voiture peut se faire aux aéroports. Où dormir. Dans les monts Taurus, le Sagalassos Lodge Spa est un charmant hôtel de 54 chambres situé à quatre kilomètres du site de Sagalassos et à sept kilomètres d’Aglasun. Hammam, sauna, piscines, salle d’exercice, sessions de yoga (l’été) et vélos sont mis à la disposition des clients. L’hôtel-boutique Maki est situé dans la ville historique de Kas, sur la côte turquoise. Et l’hôtel Atapark est à Fethiye. À voir. À Burdur, le musée archéologique abrite les trouvailles des fouilles de Sagalassos. Riche de plus de 67 000 pièces, il est un des plus riches du pays et complète la visite de Sagalassos. À Demre, l’église Saint-Nicolas devenue basilique en 1043 recèle de jolies fresques byzantines et de sols en mosaïque. En 1862, des réfections financées par le tsar Nicolas 1er en a modifié la structure. Des archéologues turcs oeuvrent désormais à la protection du monument. Les ruines de Myre, à deux kilomètres de Demre, vers l’intérieur des terres. Le site comprend un très bel ensemble de tombes rupestres lyciennes. Vaut le détour. Le remarquable site lycien de Xanthos, inscrit depuis 1988 au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Perchée au sommet d’une saillie rocheuse, à 63 kilomètres de Fethiye, l’ancienne capitale et la ville la plus somptueuse de Lycie possède un beau théâtre romain et des tombeaux à colonnes. L’ancien village grec de Kayaköy, un quartier du district de Fethiye. Abandonné par ses habitants vers 1923 à la suite d’un échange de populations entre la Grèce et la Turquie, après la guerre d’Indépendance. Le village est devenu ville fantôme. Impressionnant de déambuler entre les ruines des maisons au coucher du soleil, alors que les rayons tapent sur les vieilles pierres. Déguster. Du raki, cette eau-de-vie de raisin aromatisée à l’anis qui titre à 45 degrés. On le boit pur ou mélangé à de l’eau glacée — il devient alors blanchâtre comme l’absinthe, d’où son surnom de « lait de lion ». Des loukoums, petits cubes gélatineux et colorés faits d’amidon, de fruits de noix et de miel. Selon la légende, un sultan aurait ordonné à ses cuisiniers d’inventer un dessert pour assouvir la gourmandise des femmes du harem. Café turc. C’est un art de vivre, un moment où l’on atteint le keyif, qui désigne la joie du moment, le plaisir d’être en bonne compagnie. Le kebab. Soit sous forme de brochette de mouton haché épicé (adana kebab), de brochette de viandes et de légumes grillés (shis kebab) ou d’un mélange de viande, de légumes et d’épices cuits dans une poterie (testie kebab). Organiser son voyage. Le groupe V.I.P. propose depuis plus de 25 ans la Turquie dans son programme à la carte. Randonnées en Pisidie et en Lycie. cultureroutesinturkey.com ; cultureroutesinturkey.com/the-lycian-way ; cultureroutesinturkey.com/st-paul-trail. Lire. L’essentiel de la Turquie, Lonely Planet ; les guides de voyage et les cartes de la librairie Ulysse en ligne. Et les auteurs turcs Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature 2006 et auteur d’Istanbul, souvenirs d’une ville, Mon nom est rouge, Neige… et Yasar Kemal, romancier et journaliste kurde, auteur de Mèmed le mince, excellent roman dont la trame se déroule dans les Taurus.
- Virginie de l'ouest - Un circuit musical old-time et country
Dans le sud-ouest de la Virginie, aux confins du Tennessee, de la Caroline du Nord, du Kentucky et de la Virginie occidentale, une route tordue de 400 kilomètres, la Crooked Road, sillonne les Appalaches au rythme du country. Le chemin « folkeux » raconte la vie de ce coin de pays où les vapeurs des mines de charbon, du moonshine et de la brume se mêlent aux sons du violon, du banjo, de la mandoline, de la guitare et de la contrebasse. Le country remonte aux pionniers irlandais, écossais, allemands, italiens, espagnols et africains venus s’établir ici au XVIIIe siècle, en quête d’une vie meilleure. Ces colons suivirent par-delà forêts et montagnes le Great Wagon Road, un chemin d’abord tracé par les bisons, puis par les Amérindiens qui les chassaient. La route reliait la Pennsylvanie à la Géorgie. Les défricheurs emportèrent dans leurs bagages culture et instruments de musique. C’est ainsi que le violon irlandais, le dulcimer allemand, la mandoline italienne et la guitare espagnole rencontrèrent le banjo africain. La musique devint un point de ralliement pour ces immigrés. De la rencontre entre ces musiciens du monde est né le style old-time, précurseur du country. Une musique chargée d’histoire, de souffrances, de joies, d’espoirs, de crainte et de désillusions. Et une manière de penser en même temps qu’un moyen de s’exprimer pour le peuple. Un itinéraire balisé de 400 kilomètres Depuis, donc, résonnent au coeur des Appalaches un mélange de cliquetis de chaussures à claquettes et de sons tantôt lyriques, tantôt psalmodiques ou émouvants d’une musique aux origines multiples capable de faire cohabiter le chant en yodel, le violon et le banjo. « La Crooked Road, Virginia’s Heritage Music Trail — une appellation octroyée en 2003 par l’État de la Virginie — a pour but de promouvoir la culture musicale de cette région du sud-ouest de la Virginie qui baigne dans la musique depuis le XVIIIe siècle, explique Jack Hinshelwood, directeur de la Route. Elle regroupe 19 comtés, 4 villes et 50 communautés. » L’itinéraire balisé de 400 kilomètres relie huit hauts lieux de la musique old-time entre Ferrum, Floyd et Galax à l’est, Abingdon, Bristol, Hiltons, Nortons et Clintwood à l’ouest. Et, à l’année, spectacles, boeufs musicaux, concerts et festivals. Dans de vieilles granges comme chez la famille Carter à Hiltons, dans les parcs nationaux — on pense au Blue Ridge Music Center —, à Galax mais aussi dans les Dairy Queens, les centres communautaires, les théâtres, les salons de coiffure, les bars, les hôtels, les parcs municipaux… « Il y a plusieurs explications au nom Crooked Road, précise Jack Hinshelwood. L’itinéraire suit la route 58, qu’on surnomme ici la Crooked Road à cause de ses virages en épingles à cheveux. » Aussi, pour les violoneux du coin, prendre la Crooked Road signifie jouer une turlurette inconsistante et truffée de rythmes inhabituels. À la fois frustrant pour les accompagnateurs qui ne savent plus sur quel pied danser, mais aussi burlesque et charmant. À califourchon sur le Tennessee et la Virginie, Bristol a été le point de départ de notre pérégrination sur la Crooked Road. Pour donner une idée de la localisation de cette ville — qui se proclame berceau de la musique country — elle se situe à quelque 600 kilomètres à l’ouest de Virginia Beach, de Richmond, la capitale, et du fameux triangle historique de la Virginie coloniale : Jamestown, Yorktown et Williamsburg. Un détour pour les hivernants québécois en route vers la Floride, la Crooked Road étant située à l’ouest de la côte, entre le Piedmont de la Virginie et le plateau du Cumberland. Mais le crochet — ou le voyage — en vaut la chandelle pour les fervents de musique traditionnelle. Que l’on y accède en auto, en moto, à vélo, en rando ou en avion — l’aéroport régional Tri-Cities à Blountville, Tennessee, ne se trouve qu’à 10 kilomètres de Bristol —, il faut savoir que la mélodieuse et méandreuse route se déguste en mode lenteur, tel un bon verre de vin. Prévoir, donc, du temps pour savourer une deuxième brioche à la cannelle au marché fermier d’Abingdon, écouter les histoires d’un extracteur de charbon (et violoneux) en dégustant des noix locales, danser une gigue endiablée dans un ancien entrepôt à tabac, siroter un verre de vin piémontais en se berçant sur la véranda d’une vieille maison coloniale ou gobichonner du moonshine, un alcool de contrebande, à l’heure merveilleuse où le soleil dit bonsoir aux montagnes. Et puis, cette musique country traditionnelle ne s’écoute pas que d’une oreille. Elle trimarde derrière elle 400 ans d’histoire et nécessite de prendre le temps. Le big bang du country moderne Les gens aiment répéter, au fil de la Crooked Road, que « si la musique country s’est épanouie à Nashville, à quelque 450 kilomètres de Bristol, elle est née à Bristol ». « Le crédit revient à l’éditeur de musique et chasseur de talents pour la Victor Talking Machine Company, Ralph Peer, précise le guide au musée Birthplace of Country Music, à Bristol. Au moment de son passage dans la ville, en 1927, ce passionné de musique traditionnelle des Appalaches a installé un studio d’enregistrement dans une vieille manufacture de chapeaux. En deux semaines, il a enregistré 19 musiciens de la région et 76 chansons. » Parmi les pionniers du country, devenus légendes, qui ont participé à l’événement : la famille Carter — Alvin Delaney Carter, sa femme Sara Élizabeth Dougherty et Maybelle Kilgore Addington, la cousine de Sara devenue Carter par la force des choses. Le trio a enregistré plus de 300 pièces pour Victor Talking Machine. Mais la Grande Dépression ralentira leur popularité. Sara aura trois enfants, un garçon et deux filles, et Maybelle, trois filles, Helen, June et Anita. Ces quatre dernières formeront plus tard le groupe The Carter Sisters. En 1968, June Carter devient l’épouse de de Johnny Cash. La famille Carter demeure une icône sacrée du country traditionnel américain dans le sud-ouest de la Virginie. Et pour sauvegarder ce statut, Janette, l’une des filles de Sara, crée une salle de spectacle et un musée qui raconte l’histoire de la famille. « Ma mère a fondé le Carter Family Fold, en 1974, pour perpétuer la mémoire de mon grand-père Alvin, de ma grand-mère Sara et de ma tante Maybelle, raconte Rita Carter, la fille de Janette. Mon grand-père a toujours insisté pour que leur musique demeure une histoire de famille orientée vers la famille. « Un jour, il a refusé un contrat d’enregistrement car on exigeait qu’il joue du violon, un instrument que sa mère considérait possédé du diable. Je n’ai jamais connu mon arrière-grand-mère, mais ma mère m’a élevée en me répétant souvent : “Grandma n’aimerait pas ça." Cette arrière-grand-mère a façonné ma vie. » C’est par amour pour cette famille venue d’Angleterre et d’Irlande que Rita continue de perpétuer la tradition, au grand bonheur des locaux mais aussi des visiteurs sur la Crooked Road. Nous avons donc passé notre dernière soirée au Carter Family Fold, à Hiltons, dans ce qui ressemble à une vieille grange en bois perdue en Virginie du sud-ouest, au beau milieu des montagnes Blue Ridge, où, tous les samedis, les habitants des environs, jeunes et vieux — et même les chiens —, se retrouvent pour écouter musique country et bluegrass et danser. Et si, autrefois, les danseurs ne pouvaient se toucher, que les bottes et les chapeaux étaient interdits sur la piste, que les robes devaient être longues et sans fantaisie, eh bien, les temps ont changé. Par contre, lors d’un chant a capella ou gospel, on se recueille dans un silence complet. Autres articles sur la Virginie publié dans le quotidien québécois Le Devoir https://www.ledevoir.com/vivre/voyage/363956/sur-les-traces-du-film-lincoln https://www.ledevoir.com/vivre/voyage/421766/virginie-de-la-cite-interdite-a-river-city
- Maroc - Rabat, l'unique, la discrète
Article publié dans le Devoir du 2 mai 2015 Rabat, ville historique, ville impériale et capitale branchée qui marie à merveille tradition et modernité. Ce qui lui a valu d’être inscrite, en 2012, sur la liste du Patrimoine de l’UNESCO. Une cité aux couleurs vives et aux parfums envoûtants. Une gastronomie raffinée. Une ambiance décontractée. La mer en sus. Dans les circuits « Grand tour du Maroc » ou « Villes impériales » proposés par les voyagistes, on n’accorde que peu de temps à Rabat. Quelques heures, en fait. Le temps de photographier la Tour Hassan, le mausolée Mohamed-V, le palais royal, le jardin historique, le Chellah, la casbah des Oudayas. Chose faite ! Puis, on remonte dans le bus en direction de Fès et de Marrakech. D’accord, les médinas de ces dernières sont exceptionnelles. Classées dans leur totalité au Patrimoine mondial de l’humanité, elles fascinent. Ces cités médiévales — respectivement du IXe et du XIe siècle, avec leurs souks, leurs minuscules échoppes et leurs centaines d’artisans, n’ont rien perdu de leur âme. C’est la boule qu’on y perd dans le dédale des ruelles qui échappent à toute logique, mais l’aventure en vaut la peine. À sa façon, Rabat est unique. Moins touristique, on n’y rencontre guère de racoleurs. Dans les souks, on préfère les prix fixes au marchandage. Plutôt réservés, les Rabatis n’interpellent pas les touristes à tout bout de champ. Le rythme lent de la médina laisse le temps de musarder sans brimades des vendeurs. Le commerce est fait de regards, de sourires, de poignées de mains et de complicité. Rabat est d’évidence une porte d’entrée en douceur dans le monde marocain. Et verte, aussi, la jolie capitale. Elle a d’ailleurs été choisie « ville première » pour accueillir la 40e Journée de la Terre, en 2010, par l’association américaine Earth Day Network. Depuis, les espaces verts se multiplient, le Jardin d’essais botaniques de l’Agdal s’est refait une beauté et les palmiers poussent sur les grandes avenues. Rabat respire le grand air. Et malgré ses 13 kilomètres de littoral, « son positionnement premier demeure Rabat capitale culturelle verte », soutient Nadia Benslimane, directrice du Conseil régional du tourisme de Rabat. « Les préoccupations environnementales sont reconnues et partagées. » C’est donc ici, à 119 kilomètres au nord de l’aéroport Mohammed-V, que commence notre course au royaume chérifien. Six heures de vol jusqu’à Casablanca, 90 minutes de voiture, et nous voilà plongés au coeur de la ville. Bref arrêt au Dar Maysanne, un petit bijou caché derrière une porte de bois cloutée. Le temps de déposer les valises, de siroter un thé à la menthe et de se régaler de cornes de gazelle, de gâteaux à base de pâte d’amande, d’eau de fleur d’oranger, de cannelle et de sésame concoctés par Fatma. Une fois à l’intérieur de ce charmant riad, la frénésie de la médina est loin derrière. Au centre, une cour intérieure construite dans la tradition avec ses plâtres, ses zelliges et ses portes de cèdre sculptées. Autour, cinq chambres dignes d’un conte des mille et une nuits. Pas de télévision, mais des fleurs, des fruits, des livres, de la musique, des babouches, des huiles, du rassoul… Puis, une jolie terrasse qui offre une vue sur les toits de la médina tout autour. En plus de l’hébergement et du petit-déjeuner, Dar Maysanne propose le repas du soir sur réservation et des services de guide, en plus de fournir des conseils pour le succès d’un séjour prolongé à Rabat et des cours de cuisine en compagnie de Fatna, Rabia, Kebira ou Halima. Loger dans un riad permet aux voyageurs d’entrer rapidement dans le vif du sujet. On y découvre tout de suite les modes de vie, l’accueil, les traditions. On nous guide vers les bons restaurants. Le personnel connaît bien la ville et s’avère une source inestimable de conseils. La casbah des Oudayas Nous décidons de commencer la visite de Rabat par la casbah des Oudayas. Construite au XIIe siècle par les Almohades, cette jolie « petite ville dans la ville » occupe, face à la mer, l’emplacement du ribat d’origine, un couvent fortifié où s’installèrent les moines-soldats qui partaient en guerre sainte en Espagne contre les chrétiens. Ce ribat est à l’origine du nom de la capitale. Avec le temps, Ribat est devenu Ribat El Fath, Ribat de la victoire, puis Rabat. À l’entrée de la Bab Oudaïa, Ibrahim propose ses services de guide. Tant pis si ça coûte quelques dirhams, un tel service est apprécié. Nous franchissons la porte de la grande muraille aux arches magnifiquement sculptées et empruntons la rue principale jusqu’au sommet. À quelque 200 mètres sur la gauche, la mosquée el-Atika, la plus vieille de Rabat, fut construite au XIIe siècle et restaurée au XVIIe. Puis, la galerie d’art Nouiga, propriété de l’éditeur de bandes dessinées et artiste-peintre reconnu au Maroc pour ses aquarelles, Miloudi Nouiga. Arrive ce moment, dans un voyage, où on ne sait plus où l’on est. Est-ce le soleil qui tape ou le décalage horaire ? Des ruelles pentues et pimpantes d’où se dégage une douceur de vivre, des maisons chaulées de bleu et de blanc qui bordent les allées, d’immenses poteries en terre cuite devant les portes… Est-on à Rabat ou sur une île de l’archipel des Cyclades, en Grèce ? Au tournant d’une allée, deux musiciens gnaouas, des descendants d’anciens esclaves d’Afrique subsaharienne, assis sur un tapis marocain, nous invitent à écouter leur musique. Vêtus de robes brodées et têtes coiffées d’une tiare ornée de cauris — petits coquillages qui jadis servaient de monnaie avant d’être utilisés à des fins divinatoires —, l’un joue du guembri, sorte de luth à trois cordes, l’autre du quaquabou, des castagnettes de métal en forme de huit. « Le guembri est utilisé pour le transport des forces spirituelles, explique Ibrahim. On en joue pour invoquer les génies lors d’une réunion, d’une lila [nuit] gnaoua ou encore en cours de soins thérapeutiques pour remettre à l’ordre les génies à l’intérieur du corps du malade. » Ce sont ces mêmes musiciens gnaouas qui ensorcellent de leurs rythmes envoûtants la place Jemaa el-Fna, à Marrakech. Sauf qu’ici, dans les ruelles de la casbah des Oudayas à Rabat, on les écoute en toute tranquillité. Pour le plaisir de l’ouïe. Aucun harcèlement pour de l’argent. Juste un sourire, un regard lumineux et la fierté de nous présenter cette musique née à Marrakech et à Essaouira et qui salue la volonté divine, avant de se terminer dans un état proche de la transe. De surprise en surprise dans la casbah Changement de décor en pénétrant dans le Jardin andalou. Il faut s’arrêter et regarder. Pour le plaisir des yeux et de l’esprit. Un jardin créé sur plusieurs niveaux. Calme et paisible. De grands parterres verts et une fontaine au croisement des allées principales. Rosiers, bougainvilliers, tamaris, orangers, citronniers et oliviers composent un superbe mélange végétal. Des bancs sont disposés à des endroits stratégiques, il y a des chats qui passent. Fréquenté tant par les Rbatis venus se recueillir que par les visiteurs de passage, le Jardin andalou procure sérénité et confort de l’âme. Les Marocains maîtrisent définitivement l’art du jardin. Le Jardin d’essais botaniques de l’Agdal, classé Patrimoine universel de l’humanité par l’UNESCO en 2012, est un autre bel exemple du savoir-faire marocain dans la capitale chérifienne. La plateforme du Sémaphore offre un point de vue spectaculaire sur l’océan Atlantique et la plage de Rabat, prise d’assaut par les joueurs de foot et les pêcheurs, ainsi que sur le port, l’oued Bouregreg, la ville de Salé et son cimetière musulman qui s’étend entre mer et muraille. Au loin, des grues. Un mégaprojet touristique, urbain et culturel, le Wessal Bouregreg, est en cours. On prévoit d’ici 2020 la construction d’un théâtre de 2000 places, d’un musée national de l’archéologie et des sciences de la Terre, de plusieurs maisons de culture, d’un complexe résidentiel, d’unités hôtelières, d’espaces dédiés aux activités commerciales et récréatives, d’espaces verts et d’une marina. Décidément, Rabat a le vent dans les voiles ! En cette fin de journée, on n’a qu’une envie : s’arrêter ici ou là pour contempler la mer et les dernières lueurs de cette belle journée de printemps à proximité du phare ; boire un thé à la menthe en terrasse, flâner, discuter ou simplement s’extasier devant un vol de cigognes indolentes qui claquent du bec. Et attendre que la lune s’allume derrière les remparts de la casbah. Ne restera qu’à décider entre le tajine de confit de canard aux pommes caramélisées, la pastilla de poulet fermier aux amandes et oignons, la mrozia d’agneau confit aux amandes, oignons et raisins secs, ou le couscous aux sept légumes. Pour le plaisir des papilles gustatives ! EN VRAC S’y rendre. Un vol direct assure la liaison Montréal-Casablanca sur les ailes de Royal Air Maroc. L’aéroport Mohammed-V offre une panoplie de loueurs d’autos. Il faut compter environ 90 minutes pour rouler de l’aéroport international à Rabat. Plutôt simple. Se loger. Au Dar Maysanne, dans la médina. Cet hébergement de charme compte cinq chambres. On y mange bien et la petite équipe sur place fera tout pour rendre le séjour agréable. Se nourrir. La cuisine au Maroc constitue l’un des plaisirs du voyage. Couscous, tajines, mrozias, pastillas, figues de barbarie… Les riads sont de bonnes adresses, la cuisine y est concoctée par des femmes du pays qui en connaissent les petits secrets. Pour un couscous végétarien ou aux trois côtes d’agneau pas cher : le restaurant de la Libération, dans la médina. Pour un repas plus raffiné, dans un décor d’un conte des mille et une nuits : le restaurant du Ryad Kalaa, aussi dans la médina. Le chef se procure les produits frais du jour en provenance du marché et de l’Atlantique à proximité. Il est un spécialiste des tajines à l’ancienne. Pour un thé à la menthe et des gâteaux marocains avec vue sur l’estuaire, le Café Maure, dans la casbah des Oudayas. Idéal pour écrire les cartes postales achetées à la galerie d’art Nouiga. Lire. Un voyage réussi au Maroc demande une bonne préparation pour ne rien perdre de son séjour. Les médinas sont souvent complexes, les activités nombreuses, le choix des restaurants et des musées, immense, et les palais, medersas, parcs et fontaines, souvent cachés. Je conseille le guide Maroc, aux éditions Lonely Planet, qui est assez complet. Renseignements. Office national marocain du tourisme, 1800, rue McGill College à Montréal. 514 842-8111. Aussi : Tourisme Rabat.
- Boston sur le mode «slow travel»
C’est à pied qu’il faut sillonner Boston. Sur le mode slow travel pour en capter la saveur. La capitale du Massachusetts a bien des choses à raconter. Et à savourer aussi. La Freedom Trail, d’une longueur de quatre kilomètres, semble toute désignée pour cette découverte. De Faneuil Hall à Copp’s Hill Burying Ground, un voyage historique à saveur italienne dans les rues du plus vieux quartier d’une ville un chouïa bon chic bon genre : le North End. Oui, on peut dire de bon ton, Boston. Et dans la pure tradition bourgeoise. Est-ce dû à son héritage puritain, ou tout bonnement à une petite prétention découlant de ses fameuses alma mater comme le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Université Harvard ? Des grandes écoles si importantes qu’au moins un quart des résidants de Cambridge appartiendrait à la classe étudiante. Quant aux tontines générées par les fameuses académies, elles figurent au palmarès des plus respectables de l’État. Et puis, la métropole économique de la Nouvelle-Angleterre porte aussi en ses murs 400 ans d’histoire. La ville de Boston a vu se dessiner les révolutions qui ont marqué l’histoire du Nouveau Monde, naître les États-Unis d’Amérique et grandir les premiers intellectuels du pays. Et combien de trouvailles ingénieuses tirent leur origine dans cette cité ? On pense entre autres à la construction de la première locomotive, du premier métro, de la première école afro-américaine et de la première bibliothèque publique du pays. À l’invention de l’ordinateur aussi. Et de la machine à coudre, du téléphone et du plus prestigieux marathon de course au monde… Oui, de bon ton, Boston. Captivante également. Et aussi belle au soleil que lorsqu’il brumasse, pleuviote ou neigeote. À la brunante, des réverbères à gaz éclairent les ruelles du coeur de la ville. Tout à fait joli ! Et à l’approche de Noël, arbres et bâtiments sont de même bellement illuminés. Ce qui ne fut pas toujours le cas. Car Noël, au temps des puritains, n’avait pas la cote dans l’« Athènes d’Amérique ». Les ascètes en avaient interdit en 1659 toutes les célébrations. Aux yeux de ces moralistes sévères, Noël n’apportait que désordre et perdition. Donc, interdit de musiques, de danses, de bains de foule. Ces bégueules vivaient dans une peur insipide du plaisir. Au final, si l’austère courant calviniste — légué à la capitale du Massachusetts par John Winthrop, fondateur de Boston en 1630 — contribue toujours à sa réputation de ville puritaine, il ne reste du puritanisme que le ragoût irlandais en conserve Puritan, en vente dans les épiceries. Little Italy Au coeur de la ville, à l’ouest du grouillant quartier des finances, s’éploie un immense parc où viennent flâner, jogger et casser la croûte gens d’affaires, Bostoniens de bonne famille et touristes avertis. Premier parc public au pays, le Boston Common a été créé en 1634 pour permettre aux Bostoniens de faire paître leur bétail. Les ruminants y ont ruminé jusqu’en 1830. Puis, il a servi de terrain d’exercice militaire et de lieu d’exécution des sorcières sous les puritains. De là commence la Freedom Trail. Le circuit de quatre kilomètres, balisé d’une ligne de briques rouges au sol, relie 17 bâtiments et sites historiques qui racontent la naissance du pays, de l’arrivée des puritains sur la péninsule Shawmut jusqu’à la fin des travaux du fameux Big Dig. La randonnée urbaine sillonne le quartier des affaires, traverse Faneuil Hall, s’infiltre dans les ruelles de Blackstone Block, parcourt le quartier North End et finit sa course à Charlestown. Qui plus est, on oublie, à l’ombre des gratte-ciel, que Boston est une ville côtière fondée sur une presqu’île. À moins d’accéder au zénith d’une tour moderne, ce n’est qu’une fois sorti du labyrinthe des rues étroites du quartier financier, dans le quartier North End, qu’on voit la mer. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le port de Boston était le plus important d’Amérique du Nord. Autrefois, les navires déversaient sur les quais du Waterfront porcelaine de Chine, soie indienne et vêtements parisiens. Un commerce maritime international qui a fortement contribué à raffiner crescendo cette société un chouïa beau chic beau genre aux origines collet monté. Ces bateaux transportaient aussi des immigrants qui fuyaient maladie et famine en Europe. D’abord les Irlandais, puis les Juifs et les Italiens. Ils s’installèrent surtout dans le North End. Aujourd’hui, seuls les Italiens occupent encore ce très coloré quartier baptisé Little Italy. Dans les vapeurs de North End Il brumassait ce matin-là dans le North End. Dans les ruelles étroites et pavées de Blackstone Block — le plus vieux quartier commercial de Boston —, des fumerolles s’échappent des égouts. Une série de bâtiments en brique rouge borde les venelles. On dirait le Londres de Charles Dickens. Il est 10 h 25 lorsque nous prenons place au bar à huîtres de l’Union Oyster House. Il n’y a plus une place de libre autour du comptoir en acajou. On vient de loin pour y déguster l’ostracée pêchée dans les eaux de Cape Cod. Et voir le plus ancien restaurant de la ville, fondé en 1826 et jadis fréquenté par le clan Kennedy : John F. y avait sa table, la 18, au deuxième étage. Le bâtiment qui abrite le restaurant est aussi l’un des plus anciens édifices de la Boston. En 1796, Louis-Philippe, le futur roi de France qui y était en exil, habitait l’étage supérieur. On raconte qu’il donnait des cours de français aux Bostoniens de bonne famille pour payer son loyer. Nous dégustons deux douzaines d’huîtres Cotuit arrosées d’un verre de vin blanc. La Freedom Trail n’est pas qu’histoire, il est gourmand aussi. La Petite Italie compte une centaine de restaurants, des épiceries fines, des pâtisseries et des cafés. Et les vendredis s’y tient depuis 200 ans un immense marché public de fruits, légumes, viandes, poissons et babioles, le Haymarket. « Les Italiens n’ont pas fait table rase de leur passé, explique Michele Topor, responsable du Boston Food Tour. Venus pour la plupart de Sicile, Calabre et Naples, ils ont adapté à la réalité bostonnaise les bagages culturels dont ils sont porteurs. Chaleureux et généreux, ils partagent avec plaisir coutumes et recettes. Leurs enfants ont fréquenté les écoles du quartier, reprennent souvent leurs commerces et continuent de vivre près de la famille. » Dans le North End, les entrepôts ont été transformés en condos, les commerçants prennent le temps de raconter l’Italie de leur enfance aux visiteurs de passage, il y a des files devant les restaurants, les gelatarias et les pâtisseries, et les bonnes odeurs s’échappent de toutes les cuisines. Le Daily Catch, un restaurant pas plus grand qu’une boîte à chaussures, attire les foules. La familia Freddura cuisine les pâtes aglio olia et les calamars en sauce marinara depuis quatre générations. Les spaghettis arrivent sur la table dans la poêle à frire. Les Bostonnais feront la queue pendant des lustres pour les pâtes fraîches à l’encre de calmar et le homard Fra Diavolo de Paul et Maria. Quant aux cannolis — des rouleaux siciliens en pâte frite, fourrés d’une farce à base de ricotta — il fallait choisir les meilleurs entre Modern Family, Mike’s Pasty ou Maria’s Pastry Shop. OOOOH, un choix difficile ! Nous optons pour ceux de Maria : une pâte croustillante et un mélange parfait de ricotta, de crème pâtissière et de crème fouettée. Surtout, ne pas paniquer si vous entendez crier dans la cuisine. Maria est plutôt difficile sur la qualité de ses ingrédients. Petites maisons briquetées avec escalier en métal noir sur le côté ; linge qui sèche entre deux immeubles ; ruelles animées, odeurs de bouffe et bonne humeur à l’italienne transportent le visiteur en Sicile le temps de quelques heures. On en perd le fil d’Ariane de la Freedom Trail. Mais North End n’est pas que la Petite Italie, c’est aussi un haut lieu de l’Indépendance américaine. C’est de la jolie église de style géorgien Old North Church que le patriote Paul Revere a entrepris sa chevauchée nocturne après avoir été prévenu de l’arrivée des Britanniques, en 1775. Les deux lanternes allumées dans le clocher annonçaient que l’ennemi venait de la mer. Ce qui frappe quand on entre dans l’église, ce sont les bancs d’origine nichés dans de petites cases fermées. À l’époque, chaque famille devait acheter son propre compartiment pour assister aux célébrations. Malgré les batailles et les ouragans, l’intérieur est bien conservé. Derrière la boutique, un jardin urbain délimité par des murs de briques invite au recueillement. En cette fin de journée sombre et pluvieuse, les six tours en verre du New England Holocaust Memorial, situées dans le Carmen Park, non loin de l’Old State House et du Faneuil Hall, sont magnifiquement illuminées. L’oeuvre de l’architecte Stanley Saintowits représente six des principaux camps d’extermination. Une fumée connotant les chambres à gaz s’échappe du sol, plongeant le promeneur dans une ambiance glauque à fond. Un rappel de la bêtise humaine ! Bon, l’hôtel Omni Parker House semble tout indiqué pour aller s’empiffrer d’un gros morceau de Boston Cream Pie. Retour à la source. C’est ici, dans le plus vieil hôtel en activité continue aux États-Unis, qu’a été inventé en 1856 le fameux gâteau composé d’une génoise et fourré à tire-larigot de crème pâtissière. Faits intéressants : le leader vietnamien Ho Chi Minh y aurait été jadis pâtissier. Et Malcom X, plongeur lors de l’attaque de Pearl Harbor en 1942… EN VRAC Dormir Pour la vue sur le fort Point Channel, le Children’s Museum et le Boston Tea Party Ships Museum : à l’InterContinental Boston. Et aussi pour le plaisir de jogger le matin à 6h le long de l’Harbour Walk. Cet hôtel de luxe, aux formes architecturales audacieuses, est très tendance. Chaque bar tient une vaste collection d’alcools. Son restaurant principal porte le nom suave de Miel, référant aux 40 ruches qui ornent son toit et « pollinisent » le Tout-Boston. Pour l’histoire À l’Omni Parker House. Difficile de ne pas craquer pour cet hôtel élégant qui rappelle la Vieille Europe. C’est ici, à la table 40 de la chic salle à dîner, que John F. Kennedy a demandé Jacqueline Bouvier en mariage. La Boston Cream Pie y a été inventée, et le grand miroir dans lequel Charles Dickens a répété les mimiques des personnages de son célèbre Chant de Noël est encore suspendu aux murs. Déguster Des cannolis (mariaspastry.com ou mikespastry.com ; un bon café (modernpastry.com) ; de bonnes pâtes (thedailycatch.com) ; et de bonnes huîtres (unionoysterhouse.com). À faire Arpenter le quartier de la Petite-Italie, dans le North End, en compagnie de Michele Topor, auteure du Boston Food Tours. Elle connaît comme le fond de sa poche l’histoire de Little Italy, ses épiceries, ses pâtisseries, ses restaurants. Le quartier au grand complet connaît bien Michele puisqu’elle y guide des groupes depuis 20 ans. Patiner sur la patinoire réfrigérée du Frog Pond, dans le Boston Common. Visiter la maison en bois de Paul Revere. Datant de 1680, c’est la seule survivante d’une architecture d’inspiration médiévale. paulreverehouse.org. Durant les Fêtes, emmener les enfants tourner sur des airs de Noël au carrousel Greenway. Lire Le guide Ulysse Boston, une bible indispensable sur cette belle ville, qui en raconte l’histoire et offre de bons conseils aux voyageurs. Tout y est, ou presque ! Se procurer La carte et le guide complet de la Freedom Trail au Visitor Information Center du Boston Common, 139 Tremont Street ou au Faneuil Hall Square. Renseignements supplémentaires Tourisme Massachusetts, massvacation.ca; Tourisme Boston, cityofboston.gov/visitors.

















