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- Hôtel - Montréal Le nouvel Opus Montréal inscrit sa griffe
Les hôtels-boutiques ont ceci en commun qu'ils sont branchés, stylés, sophistiqués, luxueux, intimes, offrent un service attentionné, ne comptent pas plus de 200 chambres et visent une clientèle bon genre. Les immeubles qui les abritent racontent souvent l'histoire d'une époque révolue. Le nouvel Opus Montréal, rue Sherbrooke Ouest, ne fait pas exception. Et tel que promis en juillet dernier par le nouveau propriétaire, John de Courcey Evans, un homme d'affaires de Vancouver, l'hôtel Opus est à relooker ses espaces, tant dans le bâtiment Godin que dans la nouvelle structure. «Nous ne rénovons pas, c'est déjà très beau, nous ne faisons que rafraîchir», précise le président de l'entreprise familiale Trilogy Properties Corporation, détenteur depuis cinq ans de l'hôtel-boutique Opus Vancouver. Il est vrai que les 136 chambres, certaines à grande fenestration proposant une vue spectaculaire sur la ville, les sept salles de réunion et les salons sont déjà modernes, très design et soignés. Les changements cosmétiques et l'ajout d'enjolivures, c'est pour la petite French touch montréalaise. Opus Montréal inscrit sa griffe. Tout en préservant l'essentiel des jolies chambres aux murs noirs, beiges et gris éléphant de l'ancien hôtel Godin, avec la literie en coton égyptien, l'écran plat télé avec ordinateur intégré, le bureau de travail type exécutif, la salle de bains avec baignoire profonde et douche vitrée, Opus signe cinq chambres réaménagées et repeintes avec des couleurs éclatantes. Qui êtes-vous ou qui rêvez-vous d'être? Voilà les critères qui influenceront le choix du client pour une de ces chambres rhabillées. Chacune a une couleur et des accessoires qui rendent hommage à cinq personnalités fictives. L'immeuble Godin Construit par Joseph-Arthur Godin en 1914, l'ancien immeuble a été la première structure non commerciale de béton coulé en Amérique du Nord. La thématique du ciment a été conservée dans l'édifice, notamment pour les plafonds des chambres, qui sont en béton verni. Conçu dans le style Art nouveau, l'édifice original ne comprenait que peu d'ornementation, si ce n'est son escalier en spirale, conservé tel quel et enchâssé dans le verre, à la demande de la Ville de Montréal. Le nouveau bâtiment, une création de l'architecte montréalais Dan Hanganu et du designer d'intérieur new-yorkais Yabu Pushelberg, respecte la simplicité du design d'époque. Au 5 à 7 de l'Opus Montréal, on concocte des cocktails accompagnés de tapas et de musique. «Nous allons chercher les meilleurs DJ de Montréal», assure M. de Courcey Evans. Et le chef? Il se nomme Mohammed Zaï, est originaire du Maroc et adore utiliser les produits locaux pour créer ses plats internationaux. On trouvera, parmi la liste des vins, quelques crus de Niagara on the Lake et de la vallée de l'Okanagan. Publié dans le Devoir du 3 novembre 2007
- Afrique - Dépaysement garanti au Burkina Faso
Un premier voyage en Afrique noire. Et pas le dernier! Car l'Afrique, c'est comme une drogue: une fois initié, on ne peut plus s'en passer. Pourquoi le Burkina Faso?, se demandait notre entourage. C'est le hasard qui nous a conduits dans ce petit pays modeste d'Afrique de l'Ouest, au tourisme embryonnaire mais prometteur. Un choix estimable pour qui souhaite, dans un environnement hospitalier et plutôt stable, s'initier aux us et coutumes d'un continent attachant comme tout mais qui a la vie dure. Ouagadougou — L'Afrique m'attire depuis toujours. Il y a six ans, j'ai aidé un Ivoirien à s'installer à Montréal. Puis, mon ami a rencontré une Burkinabé. L'an dernier, le couple a eu un bébé dont je suis la marraine; c'est ainsi qu'ils tenaient à me remercier. Par la suite, j'ai rencontré les parents de la maman venus de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Et, de fil en aiguille, je me suis retrouvée en juillet dernier au «pays des hommes intègres». Voilà pour le coup de dé! Ce n'est donc ni comme missionnaire ni comme coopérante ou stagiaire en aide humanitaire que j'ai abordé le Burkina Faso mais comme touriste. Et si, pour les Occidentaux, le tourisme relève du loisir, cette notion ne fait pas partie des cultures africaines en général. Ici, pas de tout-compris, de grands monuments ou de bord de mer. C'est un pays de rencontres et de culture. La raison en est simple: lorsqu'un Africain voyage, c'est le plus souvent par nécessité, pour rendre visite à sa famille ou par affaires. Rarement pour le plaisir. Cette façon d'être, nous l'avons apprise sur le tas avec Ali, notre guide-chauffeur, qui nous a accompagnés tout au long du voyage. Au Burkina, on ne peut pas louer une voiture sans son chauffeur, qui sert de lien entre le touriste et les guides locaux et aussi de conseiller lors du choix d'un hôtel ou d'un restaurant. Au moment de la location, on nous avait expliqué qu'en fin de journée, le guide dépose son client à l'hôtel et dispose jusqu'au lendemain, à l'heure convenue. À lui de s'organiser pour manger et se loger. Mais un soir, inquiétés du sort de notre ami, nous lui avons offert de dormir à l'auberge où nous logions. Plutôt que d'accepter ou de refuser, il nous a demandé de lui donner l'argent que coûterait sa chambre. Il est clair qu'il s'agissait là d'une dépense inutile pour lui, sans compter que ces 25 $ représentaient le salaire de quelques semaines. Première leçon! «Neïbogo, lafibeme, isakrama!» Bonjour! Ça va? Et la famille? C'est du mooré. Lorsque deux Burkinabés se rencontrent, c'est d'abord un sourire, puis une poignée de main et ces trois questions. Cette marque de politesse est une coutume solidement ancrée au pays des hommes intègres et un sacré passe-partout pour le Nassara (le Blanc). On peut vous emmener en brousse — l'équivalent d'aller à la campagne —, à l'ombre d'un baobab, à partager un zoom-koom (eau de bienvenue), un jus de bissap (fleur), un tô (pâte accompagnée d'une sauce) ou un dolo (bière de mil). Entourée de six États — le Niger à l'est, le Mali au nord, le Bénin au sud-est, le Togo et le Ghana au sud et la Côte d'Ivoire au sud-ouest —, cette ancienne colonie française a changé six fois de nom en un siècle. Morcelée en 1932 entre le Soudan, le Niger et la Côte d'Ivoire, la Haute-Volta retrouve ses frontières traditionnelles en 1947 et regagne son nom. C'est en 1984, exaspéré par la corruption, que le président Thomas Sankara rebaptise le Burkina Faso le «pays des hommes intègres». Ouagadougou est le cliché d'une ville grouillante, affairée et bruyante, parcourue en tous sens par des dizaines de milliers de motocyclettes, de mobylettes et de bicyclettes. Lorsque nous avons choisi l'hôtel Indépendance, nous ignorions qu'il était l'étape favorite des hommes politiques du pays et un des points les plus animés de la capitale. Nous étions bel et bien arrivés en Afrique. Les cireurs de chaussures, les maquis (minuscules restaurants), les mendiants, la chaleur, la poussière, les poulets grillés, les femmes en pagne coloré marchant à la queue leu leu, une charge sur la tête et un bébé fixé au dos à l'aide d'un foulard en percale, des vendeurs de breloques, des marchandes de légumes et des étals partout, des étals de tout, des étals chambranlants. Ces images allaient faire partie de notre vie quotidienne pendant les deux semaines de ce séjour dépaysant. Autour de la capitale, il ne faut pas manquer de voir le jardin de sculptures sur granit de Laongo, à quelques minutes du village de Ziniaré, connu pour ses potiers, ses tanneurs et ses teinturiers. En pleine savane, on distingue d'abord un chaos de rochers, mais en y regardant de plus près, on remarque que ce site, sans fioritures, est parsemé de magnifiques sculptures. «C'est une initiative du sculpteur burkinabé Siriki Ky, explique Issaka, le guide des lieux. Il a réuni 18 artistes du monde entier pour créer les 127 sculptures du parc en plein air. On y retrouve une oeuvre du sculpteur canadien Jacques Bernard. Ainsi est né en 1989 le Sympo-granit 89. La sculpture au Burkina est non seulement une tradition mais aussi une ouverture sur le monde artistique international. On y vient de partout pour profiter du savoir-faire des bronziers.» En roulant vers l'ouest, la mare aux caïmans sacrés, une des grandes attractions touristiques du pays, se trouve à moins d'une heure de la capitale. «Il y a fort longtemps, un chasseur mossi s'égara dans la brousse dans la région de Sabou, petit village sur la route de Ouagadougou à Bobo-Dioulasso. Accablé par la chaleur et la soif, il tomba évanoui. Il serait mort d'inanition si un caïman ne lui avait pas humecté les lèvres d'eau et conduit vers le marigot. Depuis, les habitants de la région ne chassent plus le caïman mais le vénèrent.» Si cette histoire est une légende, les caïmans, eux, existent bel et bien, et par douzaines, dans la «mare de Sabou». Le plus vieux aurait même plus de 100 ans. Ce sont les gloussements éperdus de la poule sacrifiée qui attirent ce reptile à mâchoire courte et large. Chez les animistes, c'est une pratique courante que de sacrifier un poulet, une chèvre ou un mouton aux génies, aux ancêtres et à toutes les divinités tutélaires de la brousse. Coeurs sensibles s'abstenir! Une excursion d'une journée en pays gourounsi nous conduit non loin de la frontière du Ghana, dans le village animiste de Tiébélé, la plus grande chefferie du pays kasséna. Les cases en terre de banco sont rassemblées à l'intérieur d'un haut mur, reliées entre elles par des murets de terre pétrie abritant cours et courettes intérieures et des toits-terrasses aménagés en petits jardins. La case ronde est habitée par le célibataire, la carrée par les couples et la case en huit par la grand-mère et les enfants. On y vit à l'étroit, avec le strict minimum, sans eau courante ni électricité. Les larges fresques orangées et noires qui ornent les murs des cases de la concession royale sont l'oeuvre des femmes mariées gourounsies. Les dessins symbolisent des objets appartenant à l'univers du quotidien comme la calebasse, la tige de mil, le tambour et le filet de pêche ainsi que des animaux comme le boa, l'aile d'épervier, la patte de poule ou la tortue. «Une brisure de calebasse est le symbole de la condition humaine, explique Youssouf, le guide local. On casse sur la tombe d'un homme la calebasse où il buvait et sur celle de la femme les calebasses qu'elle utilisait pour la cuisine.» Le nombre de cases à Tiébélé s'élève aujourd'hui à 37, et celui des habitants, à 450, tous issus de la famille royale. Le Burkina compte une soixantaine d'ethnies. Les Mossis occupent 52 % du plateau central et leur système politique ancestral, hiérarchique et centralisé se combine assez bien avec l'État moderne. Dans le nord, près du Mali, on trouve surtout des Peuls (8 %) ainsi que des Touaregs; au sud, les Bissa; à l'ouest, les Gourounsis et les Kassénas; autour de Bobo-Dioulasso, les Bobos-Fing; et au sud-ouest, les Lobi, les Gan et les Dagari... De Ouaga à Banfora via Bobo-Dioulasso Un circuit de dix jours nous conduit à Bobo-Dioulasso, Banfora et Gaoua. Le dépaysement est total. Pas au chapitre des hôtels, auberges et restaurants fréquentés, tout à fait corrects, mais en ce qui concerne la place du touriste et la vie quotidienne des Burkinabés dans les villages. Le Burkina des villages est comme un retour à l'âge de pierre. Reprenons une phrase du livre de Ryszard Kapuscinski dans Ébène: «L'homme blanc est comme une pièce rapportée, bizarre et discordante, sans cesse tourmenté par un sentiment d'impuissance... L'hygiène, l'eau puisée quotidiennement à des lieues à la ronde, les lourdes charges transportées par les femmes sur des kilomètres pour tenter de dégager un petit bénéfice de leur jardin potager ou du savon qu'elles auront fabriqué la veille avec des noix de karité. Les enfants qui ne mangent pas à leur faim. Tout ça, on le sait, on le lit, sauf que là-bas, ça nous interpelle.» Mais les Burkinabés ne partagent pas forcément les mêmes critères de misère et de malheur que les Occidentaux. Pour eux, le pire n'est pas le dénuement économique mais l'isolement. Et le plus grand plaisir qu'on puisse leur faire est d'échanger. Quatre secteurs délimitent le centre de la petite ville de Bobo-Dioulasso. Le secteur des Musulmans, les guerriers, le secteur des Forgerons, les fabricants d'outils, celui des Animistes, les agriculteurs, et le secteur des Griots, les musiciens. Et tous s'entendent! Capitale du balafon, Bobo-Dioulasso se distingue par ses activités artistiques et culturelles. «On produit les meilleurs instruments de musique du pays et on forme d'excellents joueurs de balafon», affirme Richard. Chose certaine, dans le pays tout entier, on aime la musique. Élégants bâtiments coloniaux, maisons de banco imbriquées les unes aux autres, maisons traditionnelles dioulas, boutiques de masques, d'instruments de musique, de pagnes... Bobo Dioulasso est un incontournable avant de se diriger vers les cascades de Karfiguela et les dômes de Fabédougou, à une douzaine de kilomètres de Banfora, puis au village de Gnonguitan pour une rencontre amicale avec le 29e roi des Gans. «Neïbogo, lafibeme, isakrama!» Il ne faut pas manquer non plus, à une quinzaine de kilomètres de là, les villages de Koumi et de Kouro, habités par des Bobos-Fing, majoritairement animistes. Avec un peu de chance, vous assisterez peut-être à la fabrication du dolo, la bière de mil locale. Et à sept kilomètres de Bobo, le lac de Tengrela abrite une vaste population d'hippopotames. Au retour, on s'offre une crevaison, une petite panne gentille, question de lâcher prise. Un vieil homme édenté, dépenaillé, chandail et pantalon en lambeaux, sorti de derrière le baobab, vient aux nouvelles. C'est ça, un voyage au Burkina: la rencontre avec un peuple attachant. En vrac - Un voyage au Burkina Faso est réalisable à longueur d'année, sauf pour les circuits animaliers, qui se font préférablement de décembre à mai. La location d'un 4X4 coûte en moyenne de 50 000 à 60 000 francs CFA (environ 100 $ à 120 $ par jour), kilométrage illimité et chauffeur obligatoire. Ce dernier est le lien entre vous et les guides locaux. Il peut aussi suggérer hôtels et restaurants. Air France, via Paris, et Royal Air Maroc, via Casablanca, assurent des liaisons entre Montréal et Ouagadougou. - Monnaie: 500 francs CFA donnent environ 1,047 $CAN. - À Ouagadougou, Vacances OK Raids suggère plusieurs circuits. www.okraids.com, okraids@okraids.bf, tél: (226) 50 30 03 52/54. - À lire: Les Moustaches du chat, de l'écrivain burkinabé Sayouba Traoré. - Hôtels. À Bobo-Dioulasso: L'Auberge, 40 chambres climatisées, bar-restaurant-piscine, tél: (226) 97 17 67/68 ou 97 14 26. À Banfora: Hôtel Canne à sucre, tél: (226) 20 91 01 07, hotelcannasucre@fasonet.bf, www.banfora.com. À Gaoua (381 kilomètres de Ouagadougou): Hôtel Hala, tél: (226) 20 87 01 21, www.musee-gaoua.gov.bf/textes/infos_tou.htm. - Restaurants. À Ouaga: le Gondwana, un bijou de petit restaurant qui fait office de galerie d'art, rue 13-14 Zone du Bois/Zogona, tél: (226) 50 36 11 24/78 85 82 13. Trois magnifiques salles intérieures qui rappellent les cases typiques du pays et un espace extérieur charmant. Bonne cuisine française et africaine. Le propriétaire, Mathias Lafon, est un des plus grands importateurs-exportateurs d'objets d'art africain. Il connaît le continent noir comme le fond de sa poche. Tout objet dans son restaurant est à vendre. Son entrepôt est ouvert au public. www.africartisanat.com. Publié dans le Devoir du 3 novembre 2007
- Cantons-de-l'Est - Québec Vendanges à l'ancienne
Sur la Route des vins, un circuit touristique au coeur de la région Brome-Missisquoi, dans les Cantons-de-l'Est, il y a un vigneron qui perpétue la tradition du foulage du raisin aux pieds, comme dans l'Antiquité. Ainsi est né au Domaine du Ridge, à Saint-Armand, le Cuvée du Fouloir, un vin 100 % seyval blanc à l'arôme boisé, doux et velouté en bouche, minéral au nez. Mais ne foule pas le raisin aux pieds qui veut, au Domaine du Ridge. Il faut être une femme, gage d'un vin de qualité! «Une tradition lointaine, sûrement reliée à la religion», explique Denis Paradis, propriétaire de ce vignoble qui compte 14 hectares de vigne. On aurait d'abord utilisé de jeunes garçons non pubères, puis, un peu plus tard, des jeunes filles vierges. À l'époque, on cherchait la «pureté». Mais la virginité étant ce qu'elle est aujourd'hui, on étend donc la pratique du foulage à toutes les femmes, poursuit en riant le vigneron. L'activité de foulage dure environ deux heures. On verse le raisin non égrappé dans une cuve en bois assez large pour accueillir une vingtaine de femmes. Les fouleuses se lavent une à une les pieds dans des bassines d'eau fraîche, grimpent dans le bac rond et commencent la danse pieds nus. On trompe la fatigue en parlant, en rigolant, en écoutant de la musique. Puis c'est la pause. Le jus filtré est récolté dans un récipient et acheminé vers l'usine où il subit une seconde presse. «On fait quatre fouloirs durant les trois premières semaines des vendanges, ce qui permet de produire les 2000 bouteilles de la Cuvée du Fouloir du Domaine. Au contact du raisin, les pieds sont plus délicats que le pressoir électrique, la peau n'est donc pas tordue et le grain n'est pas écrasé, ce qui donne un vin sans amertume», précise Denis Paradis. On ne participe à cette cérémonie que sur invitation, mais le promeneur curieux qui sillonne la Route des vins et qui se retrouve au Domaine du Ridge au moment de l'activité est invité à venir observer les fouleuses et à battre la mesure avec elles pour les encourager. C'est hallucinant ce qu'on apprend en peu de temps sur le vin au fil de ce fameux circuit qui relie 14 vignobles entre Farhnam et Saint-Armand, sur une distance de 132 kilomètres. La Route des vins se veut à la fois une vitrine du savoir-faire des viticulteurs et une présentation des produits viticoles de la région Brome-Missisquoi. Le Domaine du Ridge produit par année 60 000 bouteilles issues de huit cépages. Parmi les vins primés: Vent d'Ouest, un blanc à base de seyval blanc aux arômes d'agrumes; Clos du Maréchal, 100 % maréchal foch aux notes de cerise et de cassis; Champs de Florence, issu du seyval noir, aux arômes de fruits des champs, riche en bouche; et Bise d'automne, résultat du vidal blanc, un cépage robuste idéal pour la vendange tardive. Quant au bon moment pour tambouriner le début des vendanges? «Eh bien, pour s'en assurer, explique Denis Paradis, on vérifie à l'aide d'un réfractomètre», un instrument qui permet de mesurer le degré d'alcool et de lire le taux de sucre. Il suffit d'écraser un raisin, d'en verser le jus dans l'appareil et de l'exposer au soleil. «Pour moi, le raisin est prêt quand le taux de sucre atteint au moins 21 à l'échelle Brix. Sinon, ce sont les oiseaux qui se chargent de nous l'indiquer.» En plus des produits de la vigne offerts en dégustation, de la boutique et de la terrasse pour pique-niquer, le vignoble propose jusqu'au 31 octobre Folie des étiquettes, une exposition d'une vingtaine d'affiches réalisées par les élèves de technique de muséologie du Collège de Montmorency, dans le cadre d'un projet sur les étiquettes de vin artistiques. Quant à celles des bouteilles du Domaine du Ridge, c'est René Tardif, un artiste de la région, qui les a pei]ntes. www.domaineduridge.com www.laroutedesvins.ca Publié dans le Devoir du 6 octobre 2007
- Mont-Tremblant - Québec Rencontre au sommet des couleurs
En automne, le spectacle des couleurs attire des milliers de personnes d'ici et d'ailleurs. Mais où se jouera le plus beau happening ce week-end? Un tour d'horizon des parcs nationaux effectué cette semaine dans un rayon de deux heures de Montréal permet de conclure que la région des Laurentides remporte la palme. Les forêts y sont de feu. Mettons le cap, donc, sur le parc du Mont-Tremblant et profitons de l'occasion pour découvrir le plus vieux et le plus vaste des 22 parcs nationaux du Québec. «C'est le pic des couleurs, ici», confirme Jean-François Boily, au parc national du Mont-Tremblant. «Les feuilles des bouleaux sont jaunes depuis un certain temps, celles des érables sont rouge vif. On marche sur un tapis jaune orangé. C'est de toute beauté!» Mais comment se fait-il que les feuilles tombent déjà dans le parc du Mont-Tremblant alors qu'elles sont vertes à Montréal ou en train de troquer leur teinte en Mauricie? «Pour changer de couleur, explique Louise Cadieux, garde-parc naturaliste à Tremblant, les feuilles ont besoin de journées chaudes et ensoleillées et de nuits sous 8 °C. Ce serait donc une question d'altitude. Le parc du Mont-Tremblant est plus élevé que le parc de la Mauricie, par exemple.» Si le sujet vous chicote, le parc met des naturalistes à la disposition des visiteurs, demain et dimanche, puis tout au long du week-end de l'Action de grâce, pour répondre aux multiples questions entourant les mystères de cette saison: couleurs des feuilles, cervidés, castors... Ces gardes-parcs seront postés entre 11h et 13h au centre de service du lac Monroe et au poste d'accueil de Saint-Donat ainsi que sur certains sentiers, en après-midi, si le temps le permet. Manitouge Sootana, montagne des Esprits ou du Diable: c'est ainsi que les Premières Nations surnommaient cette montagne. En 1858, le géologue W. E. Logan faisait déjà allusion à cette légende amérindienne voulant que le manitou fasse trembler la montagne lorsque quiconque y enfreignait «les lois sacrées de la nature». Bien que les temps aient changé, le doyen des parcs nationaux du Québec continue de perpétuer cette sagesse. «Notre mission première est la conservation, explique Jean-François Boily. Le parc national est un lieu protégé où il est interdit d'exploiter les ressources naturelles et de chasser. La randonnée, le canot et le ski ne sont que des outils pour découvrir ce qu'on protège.» C'est au moyen d'un réseau de sentiers balisés et patrouillés que le parc partage avec les gens la beauté de sa forêt et de ses montagnes, dont les sommets, plus vieux que les Alpes, les Rocheuses et les Andes, ont atteint l'âge noble d'un milliard trois cent mille et des poussières d'années. Sur une superficie de 1510 kilomètres carrés, le parc du Mont-Tremblant est divisé en trois secteurs, à cheval sur deux régions: le secteur de la Diable dans les Laurentides, puis ceux de la Pimbina et de L'Assomption dans la région de Lanaudière. S'y trouvent six rivières et 400 kilomètres de sentiers pédestres. Au cours des derniers mois, des travaux atteignant près de 2,5 millions de dollars ont été réalisés afin d'améliorer la qualité des installations dans les trois secteurs: nouveau centre de location au lac Monroe, unités sanitaires restaurées, travaux routiers, sentiers modifiés... Du côté de Saint-Côme, le secteur de L'Assomption est un secret bien gardé. Très peu achalandé, on y vient pour relaxer le temps d'un pique-nique, d'une randonnée, d'une nuit de camping ou dans un des neuf chalets aux jolis noms La Libellule, La Tortue, Le Huard et Le Vison. Ces maisonnettes hébergent entre deux et huit personnes, carburent au propane et sont équipées de douches, de toilettes et de poêles à bois. Calme assuré sur le bord d'un lac! La randonnée des Grandes-Vallées (4,4 kilomètres) mène en deux heures à un belvédère. On accède à la porte d'entrée du secteur de la Pimbina en passant par Saint-Donat. Même si les plages ne sont plus surveillées, la baignade est possible aux lacs Provost, Lajoie et des Sables. Réservez tout de suite votre nuit au refuge du Lac-des-Sables, les places s'envolent vite. Le sentier d'interprétation L'Envol, d'une longueur de 3,4 kilomètres, mène à des panoramas magnifiques sur la vallée du Pimbina, les lacs Lajoie et Provost. On peut se procurer à l'accueil le livret Sentier de L'Envol qui commente les différents panneaux jalonnant le sentier jusqu'au sommet. La vue de là-haut sur la vallée est, en ce moment, absolument spectaculaire. Tout comme, d'ailleurs, le long du sentier de la Chute-aux-Rats, une balade de 10 kilomètres qui aboutit à une impressionnante cascade de 17,4 mètres jaillissant littéralement de la forêt rougeoyante. Quant au secteur de la Diable, il est le plus fréquenté du parc. Ce week-end mis à part, les pédalos étant déjà rangés pour l'hiver, il est encore possible de louer canots et kayaks, de pagayer sur le lac Monroe ou la rivière du Diable et de profiter du forfait transport canot et passagers. Si vous avez oublié de demander au centre de service du lac Monroe sur quels sentiers se trouvent les naturalistes en poste qui répondront à vos questions ou vous feront jouer au jeu questionnaire Vous contre moi, tentez de les retrouver sur le sentier de la Roche (cinq kilomètres), une ascension dans une érablière avec vue panoramique sur la vallée glaciaire du lac Monroe et du massif du Mont-Tremblant, ou sur la Corniche, un sentier plus court mais qui offre la même superbe vue. Pour les marcheurs plus expérimentés, le sentier du Centenaire, une randonnée de neuf kilomètres sur un dénivelé de 400 mètres, emprunte la crête de la Vache noire, croise une suite de neuf points de vue sur les collines environnantes et sur la rivière du Diable. Pas mal! Une nouveauté cette année au parc national du Mont-Tremblant: les prêts-à-camper permettent de vivre l'expérience du camping sans s'embarrasser de tout le matériel. Le forfait comprend l'emplacement, la tente-roulotte et l'équipement requis pour la préparation des repas. Il ne reste que deux semaines pour profiter des activités de canot-camping dans le parc. Publié dans le Devoir du 28 septembre 2007
- Compton - Québec Les Comptonales - Une fête qui fait sens
On découvre d'abord la région avec les yeux: ponts couverts, granges rondes, paysages champêtres. Puis l'odorat se met en route, et là, c'est la fête. Entre les fromages artisanaux, le parfum des fleurs, les crêpes aux pommes en cuisson et la bouse de vache, on ne sait plus où donner du nez! L'oreille n'est pas laissée pour compte: un bal fou et une chorale venue chanter à l'ombre d'une bleuetière. Ici, tout est prétexte à regarder, toucher, goûter, écouter, échanger. C'est ça, les Comptonales. Une grande fête populaire réunissant plus d'une trentaine de producteurs et d'artisans de la région de Coaticook, soucieux d'accueillir les visiteurs à la ferme, au jardin ou en entreprise pour des expériences gourmandes et des visuels fascinants. De quoi se rincer l'oeil et le palais: dégustations, marché à la ferme, ateliers de savoir-faire agricole et culinaire, en plus d'une palette d'artistes à l'oeuvre. Lancées l'an dernier par Michèle Lavoie et Lisette Proulx, les Comptonales, qui se tiendront le week-end prochain, sont devenues le tête-à-tête obligé des amateurs de photo, d'art, de produits fermiers et de gastronomie. C'est en fait l'aboutissement d'un autre projet cher aux deux dames qui en sont les auteures: les circuits «Photo découverte». «On cherchait une façon de sortir de l'ombre de talentueux artisans de la terre et de l'assiette et d'exposer cette magnifique région des Cantons-de-l'Est», explique Michèle Lavoie, présidente de la Table de concertation culturelle de la MRC de Coaticook. «Le circuit photo nous apparaissait comme un bon prétexte pour attiser la curiosité. On peut parcourir en tout temps un des six circuits thématiques en suivant simplement l'itinéraire suggéré dans la brochure ou en participant au concours photo. On prend alors des photos en chemin, on en choisit trois et on nous les envoie.» Les samedi 28 et dimanche 29 septembre, un parcours gourmand invite le promeneur muni d'une carte, qu'il se sera au préalable procurée à Compton, à sillonner les routes de la région — huit destinations en tout — à la rencontre de paysages champêtres, de trésors du patrimoine et de visites animées: la fabrication du fromage, de l'alcool de cassis et du pain, l'élevage de la Blonde d'Aquitaine et la culture du chou, de la pomme, de la poire et du bleuet. Deux curiosités attirent aussi l'attention... «Une photo... un haïku et un collage!», guidée par Hélène Boissé, auteure du recueil de haïkus Sentir la terre aux Éditions David, et Serge Beaudette, photographe-naturaliste. Les trois arts réunis décrivent un même instant saisi lors d'une randonnée en nature guidée par un poète, un photographe professionnel et un artiste. L'activité a lieu samedi à l'auberge des Grands Jardins. Et puis «Papillons d'espoir», une animation à la boulangerie artisanale BioBon en compagnie de David Marrenger, ce jeune atteint d'un cancer du cerveau qui a inspiré l'histoire du film Le Papillon bleu de Léa Pool. Le Festin des Grâces clôturera les Comptonales par un dîner gastronomique, une création collective des meilleurs chefs de la région, qui se déroulera à l'auberge Le Bocage. Un jury professionnel dévoilera alors les gagnants du concours photo, qui porte cette année sur le thème «Les artisans de la terre». www.comptonales.com. Publié dans le Devoir du 22 septembre 2007
- États-Unis - Le New-Hampshire en grand hôtel
Durant la première moitié du XXe siècle, aux États-Unis, des locomotives puissantes tiraient de luxueux wagons de passagers entre mer et montagnes, amenant les citadins bien nantis vers de grands et somptueux hôtels. L'État du New Hampshire comptait alors une trentaine de ces tout-compris aux airs de palais. On y a signé des traités, les contrebandiers y ont fait les 400 coups, des célébrités y ont séjourné. Puis, l'arrivée de l'automobile et le rêve de posséder une résidence secondaire ont eu raison des «Grand Old Lady». En 1980, ne survivaient que le Balsams, à Dixville, et le Mount Washington Resort, à Bretton Woods. Mais les habitants du New Hampshire aiment les demeures coloniales. Leur désir de la tradition entraîne la réouverture prochaine du Wentworth-by-the-Sea et du Mountain View Grand Resort. Bienvenu dans le «Most Livable State», un petit État, une grande histoire. Le New Hampshire n'a pas d'âge et quatre saisons. Au printemps et en été, l'endroit est idyllique pour les amateurs de canoë-kayak et de randonnée pédestre. En automne, ce bout de Nouvelle-Angleterre couvert à 80 % de forêts et dominé par le mont Washington, le plus haut sommet du nord-est des États-Unis à 1917 mètres, attire les épris de feuillage aux tons de rouge, de jaune et d'orange. L'hiver, on accueille la neige avec plaisir pour le ski, la raquette, la luge... Premier État américain à proclamer son indépendance par rapport à la couronne britannique en 1774, le New Hampshire est seul au monde à reconnaître le droit du peuple à la révolution. On dit que c'est charmant d'y habiter. Non seulement y vit-on librement, mais cette petite contrée de 305 km de long et 110 km de large, bordée à l'ouest par le Vermont, au nord par le Québec, à l'est par le Maine et l'océan Atlantique et au sud par le Massachussetts, a remporté pour la troisième année consécutive la palme de «l'État de l'Union où il est le plus agréable de vivre». «Le "Most Livable State Award" est un concours basé sur 44 critères de sélection reliés à l'économie, l'éducation, la santé, la sécurité et l'environnement, explique Victoria Cimono, responsable des communications, division du tourisme du N.H. Il certifie encore cette année que le New Hampshire détient le plus bas taux de criminalité, de pauvreté et de chômage et le plus haut taux de personnes éduquées et engagées dans la communauté.» Concord en est la capitale, Manchester la plus grande ville. C'est l'économiste et architecte Samuel Blodget qui, au début du XIXe siècle, envisage la possibilité de faire de cette ville, connue sous le nom de Derryfield, une grande ville industrielle à l'instar de Manchester en Angleterre. Blodget structure alors un canal et un système d'écluses autour des chutes Amoskeag. «Ces deux ajouts ont permis l'inauguration de l'Amoskeag Manufacturing Company en 1838, la plus grande usine de filature de coton au monde, explique Victoria Cimono. Soixante-quatre moulins bordaient alors la rivière Merrimack. Les Canadiens français y sont venus nombreux pour y travailler. D'ailleurs, la communauté franco-canadienne est toujours présente à Manchester.» Quant aux bâtiments des manufactures que l'on aperçoit le long de la Merrimack en route pour Boston, ils ont été convertis en commerces, restaurants, musées, compagnies d'assurance... L'un d'entre eux héberge l'Université du New Hampshire à Manchester. Côté montagne Sur la route I-93 dans les Franconia Notch, à proximité de Flume Gorge, on aperçoit sur les flancs du mont Cannon la gigantesque tête en granit naturel de 16 m de hauteur de l'«Old Man of the Mountains». Découverte en 1805, cette sculpture naturelle façonnée dans le roc s'effondra le 3 mai 2003. Son souvenir continue d'attirer l'attention d'innombrables touristes de passage. Étape à Bretton Woods, au Mount Washington Hotel and Resort, un château de montagne imposant à l'architecture de style Renaissance espagnole, qui fait partie de la prestigieuse chaîne Natural Trust Historic Hotels of America. En juillet 1944, les délégués de 44 États s'y réunissaient dans le cadre de la Conférence monétaire et financière des Nations unies pour discuter de la reconstruction de l'Europe d'après-guerre et de l'instabilité des taux de change. Conçu à l'origine par le riche industriel Joseph Stickney, il a fallu le travail de 250 ouvriers et maîtres artisans italiens durant deux ans avant que cette remarquable demeure au toit rouge flamboyant ouvre ses portes en 1902. L'hôtel de 300 chambres, doté d'une énorme cuisine et de six pièces de réfrigération, d'une salle à dîner avec vue sur la montagne, d'un colossal lobby et de grandes salles de bal, offrait aussi bains turcs, salle de billard, allées de quilles, terrain de squash, piscines intérieure et extérieure alimentées par l'eau de la rivière Ammonoosuc... «Ce n'était pas tout d'être grand pour être un Grand Hotel, explique Martha Wilson, directrice des relations publiques du Mount Washington Resort. Éloignés des grands centres et devant combler les demandes des clients en vacances ici pour au moins un mois, ces "resorts" devaient s'autosuffire, à l'image d'une petite ville. Ils possédaient donc leurs jardins, leurs animaux d'élevage, leur boulangerie. Tous les produits étaient fabriqués sur place. On y trouvait aussi compagnie de téléphone, poste, terrains de golf, professeurs de danse, orchestres complets. Les musiciens venaient du New York Philharmonic ou du Boston Pop Orchestra.» Le Mount Washington Resort continue d'impressionner. On y vient maintenant à l'année et on choisit son type d'hébergement: la vie de château à l'hôtel ou l'époque victorienne au Bretton Arms Country Inn, la vie de famille au Townhomes ou l'aventure au Lodge à Bretton House. On continue d'y jouer au golf et au tennis, d'y faire de l'équitation, d'y danser, de se prélasser dans les piscines et les jacuzzis. Et ce n'est pas la palette de randonnées qui manque! Côté forêt Changement d'atmosphère, plus au nord, à Dixville Notch, au Balsams Grand Resort Hotel. Ici, on dit qu'il y a des fantômes. «Vingt-neuf bons et deux méchants, confirme John Kennedy, le directeur des activités de l'établissement. Et je ne suis pas celui du président Kennedy.» Cet ancien professeur connaît l'histoire du Balsams comme le fond de sa poche. Le 4 juillet 1875, le Dix House célèbre son ouverture officielle. En cinq ans, l'hôtel grandit et peut loger une centaine d'invités. Il en coûte alors entre 10 et 14 $ par semaine. En 1895, changement d'usufruitier, l'hôtel substitue son nom pour The Balsams. Depuis, la propriété n'a cessé de prendre de l'expansion: 15 000 acres de terrain paradisiaque sur les flancs boisés des montagnes Blanches; une gastronomie primée; un terrain de golf magnifique de 27 trous et des terrains de tennis. Une piscine, un lac privé pour le pédalo et la pêche. Et en hiver, un site de ski privé offrant 14 pistes de ski de descente, 95 km de sentiers de ski de randonnée et de raquettes, et la possibilité de patiner sur les lacs gelés. Dieu que le chocolat doit avoir bon goût! Petites particularités à l'hôtel: une mini-bibliothèque dans la chambre plutôt qu'une télévision, 16 chambres réservées aux visiteurs qui voyagent avec leur chien. Il en coûte 25 $ par bête et la possibilité de faire appel à un «baby-sitter» pour les promenades de Fido. Et la rencontre possible avec le fantôme d'Al Capone qui y aurait séjourné durant le temps de la prohibition. «Les Historic Hotels of America — il en existe 200 aux États-Unis — ont tous la caractéristique de plonger les voyageurs dans le passé, précise John Kennedy. Ils sont reconnus pour leur architecture recherchée et leur ambiance unique. L'hôtel doit être âgé d'au moins 50 ans et posséder une valeur historique. D'ailleurs, c'est ici dans cet hôtel qu'en 1952, les résidants de Dixville votaient pour la première fois à une présidentielle, ajoute fièrement M. Kennedy. Côté mer Après trois heures et demie de route à partir de Montréal, une brève halte à North Conway n'est pas à dédaigner. Le petit village de montagne qui a conservé son charme rétro est tout indiqué pour se délier les jambes en route vers la côte Atlantique. Les amateurs de magasinage aiment flâner dans les «outlets». Le New Hampshire n'applique ni taxe sur les ventes, ni impôt sur le revenu. Live free or die! Antiquaires, librairies, boulangeries, cafés bordent la rue principale. Bien que l'on surnomme le New Hampshire le Granite State, le petit État vert n'est pas fait que de montagnes et de forêts. On y recense 1200 lacs, 2400 kilomètres de ruisseaux et de rivières, 50 ponts recouverts et 30 kilomètres de côte. La plage la plus populaire? Hampton Beach. Les Québécois l'ont désertée ces dernières années, mais ils y reviennent pour son petit côté sauvage. De longues plages de sable fin laissent la place à une côte découpée. Plus au nord, à New Castle, à environ cinq minutes de Portsmouth, célèbre pour son architecture victorienne, nous découvrons le Wentworth-by-the-Sea (1874), l'un des grands miraculés du New Hampshire. Sous l'égide du président Théodore Roosevelt, Russes et Japonais y signent le 5 septembre 1905 le traité russo-japonais de Portsmouth, un traité qui consacre la défaite de l'empire tsariste. Le président Roosevelt intervient pour limiter les prétentions japonaises, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1906. Les Japonais adorent prendre l'hôtel en photo! Le voyage ne serait pas complet sans la visite de Portsmouth, l'ancienne capitale du New Hampshire, de 1679 jusqu'au milieu de la Révolution américaine. Le village historique de Strawberry Banke (Portsmouth avant 1653) est né de la volonté de citoyens opposés à la démolition de ses vieilles demeures victoriennes. Le village regroupe une quarantaine de maisons qui reconstituent 400 ans d'histoire. Ne s'appelle pas le Granite State pour rien, le New Hampshire! En vrac - Site Web du New Hampshire: www.visitnh.gov - Site Web du Mont Washington: www.mountwashington.net - Lecture pour se mettre dans l'ambiance: Hotel New Hampshire de John Irving - Pour se rendre dans les Franconia Notch, on emprunte l'autoroute 10 au Québec, puis l'autoroute 91 jusqu'à Saint-Johnsbury et enfin l'autoroute 93. Cette région compte de très beaux sites pour des randonnées pédestres de quelques heures à une journée. - Le restaurant Red Arrow à Manchester, ouvert 24h sur 24, il ne ferme que quelques heures l'après-midi de Noël; parfait pour les vacanciers nocturnes en route vers Boston ou Cape Cod et qui sont pris d'une petite fringale à deux heures du matin, www.redarrowdiner.com - Wentworth-by-the-Sea Hotel & Spa. Tél. 860 240-6313 ou 603 422-7322, www.wentworth.com - The Balsams Grand Resort Hotel. Tél. 866 780-5954, www.thebalsams.com - The Mount Washington Resort at Bretton Woods. Tél. 877 873-0626, www.mtwashington.com - Centre des visiteurs de la gorge de Flume. Tél. 603 745-8391, www.flumegorge.com Publié dans le Devoir du 25 août 2007
- Belgique - La vie de château en Wallonie
C'est en toute simplicité que la Wallonie, au fil de la Meuse et de ses affluents, invite les amoureux de vieilles pierres à venir découvrir ses châteaux et ses citadelles. Plusieurs de ces forteresses sont demeurées dans le giron familial et ont eu la chance de traverser les siècles, plus ou moins bien entretenus mais toujours d'aplomb; certains ne conservent de leur gloire passée qu'une tour, un fossé, une cave ou un pan de mur troué de fenêtres ouvertes à tous les vents. D'autres ont été repris par des institutions et aménagés en musée, en hôtel, en restaurant, en chambres d'hôtes. Mais qu'importe, tous font rêver et voyager dans le temps. Bouillon — Dieu le veut!, s'exclame le pape Urbain II lors du concile de Clermont. Le Saint Père exhorte les chevaliers des royaumes occidentaux à la croisade afin de libérer la Terre sainte et prendre possession de Jérusalem. Nous sommes le 27 novembre 1095. À la seigneurie de Bouillon, tout est calme, comme suspendu au fil du temps. Rien de grisant pour l'instant sur ce duché situé entre Cologne, Aix-la-Chapelle et Paris. Ripaille et festin agrémentent les soirées. Le moment est opportun pour Godefroy de Bouillon, qui a des fourmis dans les jambes de remplir sa promesse. Pour réparer ses torts, n'avait-il pas fait le voeu, s'il se sortait d'une grave maladie, d'aller défendre les chrétiens en Orient? Le duc de Basse-Lotharingie répond donc à l'appel d'Urbain II. Il quitte Bouillon à l'été 1096 en compagnie de son frère Baudouin et d'une suite nombreuse de fidèles croisés. Il devient un des principaux chefs de la première croisade. La ville de Bouillon loge à l'ombre de son château, qui surplombe la rivière Semois, un affluent de la Meuse, depuis plus de 1000 ans. Aujourd'hui, la cité vit du tourisme. On y vient non seulement pour le château et pour le panorama qui s'étend à ses pieds mais aussi pour ses activités sportives comme le canot, la randonnée pédestre et le vélo. C'est que Bouillon niche en Wallonie, une région de forêts, de parcs et de réserves naturelles, qui rappelle étrangement le Québec. On s'y sent vite bien, surtout attablé devant une Bouillonnaise brune ou une Blanche de Bouillon à réfléchir à la question de savoir pourquoi les Belges ont la réputation d'être des mangeurs de frites. En sont-ils les inventeurs? Une explication grappillée au hasard des lectures suggère que la recette a vu le jour en bord de Meuse. Les habitants de la région accompagnaient toujours leur repas de petits poissons frits. Mais lorsque le fleuve était gelé et qu'il devenait impossible de pêcher, ils substituaient le poisson pour des pommes de terre coupées en longueur et cuites à l'huile. Mais la Meuse, qui fait 950 kilomètres de long et qui prend sa source en France, ne traverse pas que la Belgique. Donc, rien n'est sûr. Ou, oui, une chose, pour les Belges du moins: leurs frites sont les meilleures du monde. Au-delà des frites, des moules et de la bière La Wallonie francophone est une des trois régions constituant l'État fédéral belge. Elle englobe les provinces du Hainaut, de Namur, de Liège, de Luxembourg et du Brabant, toutes situées au sud de Bruxelles. On y parle, bien entendu, le français, ainsi que l'allemand et parfois même le wallon, le picard, le gaumais et le champenois. Si, en Belgique, la nature du régime est parlementaire, la nature de l'État, elle, est une monarchie fédérale représentée depuis nonante-trois par le roi Albert II. La vie de château perdure donc depuis des siècles au pays d'Hergé. La Belgique a donc aussi ses châteaux, comme dans le Val de Loire ou en bordure du Rhin. Saviez-vous qu'il y en a plus de 400 au pays, dont 300 en seule Wallonie? Et toutes les périodes y sont représentées: forteresses médiévales, citadelles, châteaux néogothiques, élégants châteaux du XVIIe siècle, châteaux rustiques. Discrète, la capitale de l'Europe! Discrétion toutefois rompue par la Fédération du tourisme des provinces de Liège et Namur, VVV Zuid Limburg et Toerisme Limburg, qui a voulu redonner l'envie de partir sur les chemins de 80 de ces résidences royales, dans un rayon de 25 kilomètres de la vallée de la Meuse, avec un regard neuf. Comme si c'était un premier voyage en région mosane. Question de piquer la curiosité, les quatre partenaires viennent donc de publier Châteaux de la Meuse, un guide attirant, riche en photos, en textes anecdotiques et en renseignements pratiques. Libre à vous de choisir dans cette liste le château de vos rêves. Aucun circuit n'est suggéré. Vagabondages de château en château. Entre Huy et Liège, à une centaine de kilomètres de Bruxelles, le château de Jehay, une bâtisse renaissance mosane à la façade enchâssée de pierres blanches et brunes, est la première halte de notre circuit de trois jours en terre wallonne. Plutôt impressionnants, les murs en damier qui se reflètent dans l'eau des douves! Nous ne visiterons ici que les jardins, reliés au château par un pont à cinq arches. Les jolies nymphes sont l'oeuvre du comte Guy van des Steen, le dernier châtelain de Jehay, décédé en 1999. Depuis, la province de Liège en est la propriétaire. À la ferme castrale d'Hermalle-sous-Huy, qui abrite un gigantesque marché de livres d'occasion, nous sommes accueillis par Mme Hanot et M. Ménage. «Le château n'est plus propriété d'aucune famille noble et ne se visite que de l'extérieur, explique Mme Hanot, responsable des lieux. «Mais la ferme castrale, c'est autre chose», poursuit-elle en nous invitant à pénétrer dans l'enceinte fortifiée qui abrite les musées de la poste restante et de la gourmandise. «Elle est aujourd'hui le siège du syndicat d'initiative et héberge la plus importante bibliothèque de gastronomie de Belgique. On y dénombre plus de 20 000 livres.» On dit de Durbuy qu'elle est la plus petite ville au monde: 400 habitants. On dit aussi qu'elle est charmante avec ses petites ruelles pittoresques et ses maisons du XVIIIe siècle. Le Petit Futé sur la Belgique mentionne qu'elle attire tellement de touristes les week-ends et les mois d'été «qu'il n'est pas une maison qui ne soit pas un hôtel, restaurant ou commerce». Durbuy n'est qu'à sept kilomètres du Castel du Val d'Or, un ancien relais malle-poste de 1654, situé dans le village d'Ocquier. C'est dans cette solide bâtisse en brique et en pierre du pays que nous soupons (en Belgique comme au Québec, on déjeune, on dîne et on soupe) et passons la nuit. Nous sommes accueillis par les sympathiques propriétaires, Didier et Carla Bosse. Il y a dix ans, ce couple a repris l'entreprise familiale, qui fête cette année ses 60 ans. Il s'agit de la troisième génération. L'établissement compte 15 chambre d'hôtes. Reinhardstein, Modave, Vêves et les autres C'est Renaud de Waimes qui fit construire le château de Reinhardstein, en 1354, à la demande du duc de Luxembourg. Pendant plus de 460 ans, les seigneurs de Waimes et leurs descendants, les Metternich, ont agrandi leur royaume. Mais la Révolution française a mis fin à la transmission des avoirs. Après la récupération de leurs biens, à la suite de la chute de Napoléon, les comtes de Metternich, qui craignaient le retour des Français, ont abandonné leur domaine. Erreur! «Après 150 ans de léthargie, Reinhardstein n'est plus qu'une ruine, raconte Clément de Hossa, le châtelain de la forteresse. Jusqu'au jour où, animé par la foi des grands bâtisseurs, il est repris en main par l'archéologue Jean Overloop, défenseur du patrimoine et collectionneur passionné, qui le reconstruit et le remeuble.» Clément de Hossa habite les lieux pour poursuivre l'oeuvre d'Overloop, décédé en 1994, et assurer la vie active du château fort. À Reinhardstein, les initiatives foisonnent pour redynamiser le tourisme culturel: visite accompagnée de la musique des ménestrels et des troubadours; Team Building Challenge sportif, à la recherche d'un trésor, style Fort Boyard; table d'hôte seigneuriale, concert à la lumière des bougies et réveil des fantômes. Perché sur un promontoire rocheux, au-dessus de la rivière Warche, Reinhardstein se mérite. À l'écart de la route, on y accède seulement à pied. À l'origine une forteresse médiévale modelée au cours des siècles, Modave est actuellement un des rares châteaux de la région à évoquer admirablement l'architecture française du XVIIe siècle. Le plafond de la grande salle des gardes représente les cinq générations du comte Jean-Gaspard de Marchin qui, en 1657, a entrepris la reconstruction du château. Tout un arbre généalogique! De la famille Modave au XIIIe siècle aux industriels liégeois Lamarche et Braconier en passant par de Marchin, le château est aujourd'hui entre les mains de la Compagnie intercommunale bruxelloise des eaux, qui exploite en sous-sol des captages d'eau. Une des caves du château abrite une reproduction de la machine de Modave, une machine hydraulique destinée à élever dans la cour du château les eaux de l'Hoyoux, un affluent de la Meuse. L'invention du charpentier Rennequin Sualem aurait fortement inspiré la création de la machine de Marly, conçue pour remonter les eaux de la Seine jusqu'aux jardins de Versailles. L'histoire du château de Vêves commence par une forteresse. Son apparence de château de conte de fées? Sûrement attribuable à ses cinq tours, coiffées de chapeaux gris et pointus, ainsi qu'à son emplacement au sommet d'un éperon raide. Encore habité par les comtes de Liedekerke Beaufort, dont le château est la propriété depuis six siècles, il demeure ouvert au public. Exquise symbiose des siècles à travers les souvenirs de plusieurs générations d'une grande famille. Il y a le château de Lavaux-Sainte-Annne qu'il faut visiter pour son donjon, la pièce maîtresse de la forteresse devenue un temple de la chasse, ainsi que celui de Janné, pour y rencontrer Mme Tamara et son mari, qui s'occupent du rooms and breakfast avec beaucoup d'amour. On le surnomme dans le pays le château des nuits de noces. Puis, le château d'Hassonville, propriété de 55 hectares, appartenant à la famille Rodrigues, pour... la vie de château. Tout est raffinement dans cette demeure aménagée par le jardinier André Le Nôtre comme pavillon de chasse pour combler les désirs de Louis XIV. Le château dispose de 17 chambres et de trois suites, de plusieurs salons et d'un chef cuisinier, Thierry Bayot, élu meilleur chef de Belgique alors qu'il n'était âgé que de 25 ans. Et que dire du sommelier Pierr Vicini? Qu'il est un des meilleurs de Belgique, qu'il est charmant avec moustache et qu'il a un bon sens de l'humour. Ah oui, si les frites sont si bonnes en Belgique, c'est parce qu'elles sont cuites deux fois! Publié dans le Devoir du 4 août 2007
- Petites Antilles - 23e Tour de la Martinique en yoles
Toutes voiles dehors, 19 équipages s'affronteront du 29 juillet au 5 août prochain en mer atlantique et caraïbe, faisant découvrir aux spectateurs la yole ronde et le littoral martiniquais. Sept escales: Fort-de-France, le Diamant, le Marin, le Vauclin, Trinité, Prêcheur et Schoelcher. Une occasion de grandes fêtes dans ces communes de bord de mer. S'il y a un événement à ne pas manquer en Martinique, c'est bien le Tour de l'île en yole ronde, un spectacle haut en couleur dans les mers bleues des Caraïbes qui, depuis 23 ans, a lieu début août. Le moment est opportun d'aller à la rencontre du patrimoine dans lequel les Martiniquais se reconnaissent: régates, gastronomie, musique, danse, accras, boudin et ti-punch. Les yoles rondes sont de purs produits locaux, d'élégants bateaux de bois surmontés de voiles carrées et hautement colorées qui filent avec aisance sur l'eau. Pour éviter le chavirement des hommes allongés sur les bois dressés, de solides perches calées par des chevilles en bois préalablement enfoncées dans les multiples trous du plat-bord font le contre-poids. Là, réside la beauté de la chose. Derrière cette course se cache l'histoire des marins pêcheurs qui, à l'origine, se servaient du tronc d'un arbre local, le gommier, pour fabriquer leur embarcation et participer aux régates. L'arbre finit par s'épuiser des forêts et les constructeurs ont dû se rabattre sur une solution de rechange. C'est un charpentier de la commune du François qui, dans les années 1940, finit par résoudre le problème: une embarcation s'inspirant à la fois du gommier et de la yole européenne. Pour la fabrication de la yole de compétition, la hache demeure le principal instrument du charpentier de marine. À ce jour, il n'existe toujours pas de véritables plans, le charpentier compte sur l'expérience et l'observation, ses meilleurs atouts de réussite. L'ossature du bateau se compose de la monture, de l'étrave, des foucas, des membres et du tableau arrière. La peinture de la yole est souvent confiée à un spécialiste, car c'est un élément capital dans sa conception finale. C'est à partir de 1994 que l'Association des yoles rondes de Martinique, en définissant la yole ronde et ses accessoires, arrête la longueur obligatoire pour l'homologation de toutes les yoles en compétition à 10,50 mètres pour la grande yole. L'apparition du nylon en 1986 en remplacement du coton a permis d'élever le nombre d'équipiers à 14 au maximum. On peut suivre sans pour autant gêner les équipes protégées par la police du tour, l'une ou l'autre des sept étapes de la course en bateau à moteur, en jet ski ou, comme nous l'avons fait, en voilier. Il est aussi possible d'observer l'évolution de la course à partir de la terre ferme. Les 19 équipages sont constitués en associations qui font appel à des commanditaires, lesquels affichent leur marque commerciale sur les coques et les grandes voiles colorées avec des noms qui rappellent l'économie du pays: Ti Soda, Brasserie Lorraine, Tania Chaussures, Orange, Colibri Voyageurs, Tiboug Énergie, Air Caraïbes et d'autres encore. Une nouveauté cette année, précise Alain Dédé, président de la Société des yoles rondes de la Martinique et de la yole Chabin'An: on peut assister le samedi avant le début des régates à l'arrivée spectaculaire des yoles et, sur réservation, y embarquer pour un tour initiatique. Le départ de la course a lieu le dimanche à Fort-de-France, direction le Diamant pour la première étape. - Renseignements: www.yoles-rondes.org Publié dans le Devoir du 21 juillet 2007
- La Beauce à vélo - Réinventer la roue
La Saint-Jean marque le début des vacances et des activités estivales partout au Québec. Le moment est propice pour se mettre en selle et fêter le solstice d'été à la campagne. Enfourchons nos vélos et profitons de ces trois jours de congé pour découvrir, à 100 kilomètres au sud de Québec, la Beauce et les Etchemins, jolie contrée forgée depuis 400 ans par des «patenteux, des entêtés et des ingénieux». Un bon exemple: le nouveau circuit «Vélo Villages», aussi connu sous l'appellation «Le Montagnard», un itinéraire balisé de 250 kilomètres qui relie 17 villages de la Beauce et des Etchemins, la plupart perchés au sommet d'une montagne. Un tracé sur route secondaire qui ne s'adresse ni aux néophytes ni aux jeunes enfants. Des villages qui se gagnent en bonne suée cycliste, avec des panoramas parfois époustouflants. Mollets mous s'abstenir! En 2003, le Centre local de développement (CLD) des Etchemins organisait un voyage agrotouristique dans le Massif central, en France. «On a remarqué que les villages étaient reliés par des sentiers pédestres et que chacun avait sa spécialité», raconte Suzanne Turgeon, présidente de Tourisme Chaudière-Appalaches et responsable des communications au CLD des Etchemins. «Dans l'un d'eux, on fabriquait des couteaux; dans l'autre, on élevait des moutons... » Afin de créer une synergie entre ces différents villages, des intervenants en développement touristique ont mis sur pied «Rando Plume», une formule comprenant nuitée à l'hôtel, souper et petit-déjeuner. «L'idée, charmante et sans prétention, nous a tout de suite plu, et nous avons décidé d'élaborer un concept semblable dans notre région», ajoute Mme Turgeon, qui trouve que le Massif central ressemble aux Appalaches. Par monts et par vaux De Saint-Simon-les-Mines, la pente est forte pour atteindre le village de Saint-Benjamin, prélude à ce qui nous attend au cours des deux prochains jours. Les Appalaches, ce n'est ni le Gothard ni le mont Blanc, mais ça se respecte. La mise en jambes est assurée! À Saint-Benjamin, on raconte que «pour s'offrir un nouveau tabernacle, on fit appel aux jeunes de la paroisse. Chaque fois qu'ils sacraient, ils devaient mettre une obole dans le tabernacle déposé dans un lieu public du village pour l'occasion. Il semble que l'église n'eut pas à attendre longtemps le nouvel ornement». Onze des treize villages traversés dans les Etchemins sont perchés au sommet d'une montagne. Chacun a son église et sa petite histoire. On apprend qu'à Sainte-Justine, les trappistes ont donné le coup d'envoi à la colonisation et qu'une visite guidée de l'ancien monastère permet de découvrir leur mode de vie. Que Lac-Etchemin abrite le centre eucharistique et marial Spiri-Maria, qui donne à la région une allure de terre sainte, et qu'à Saint-Magloire vivaient les frères Baillargeon, Jean, Paul, Adrien, Lionel, Charles et Antonio, la famille de lutteurs la plus forte au monde. Un musée situé dans le Café Bistro raconte leur histoire de 1947 à 1976. Sécurité et liberté Le circuit «Vélo Villages» (ou «Le Montagnard») a la particularité d'offrir tout au long de son parcours des trousses de réparation en cas de bris mineurs. Sur la carte, dix sites sont désignés «Halte secours»: Saint-Georges, Saint-Benjamin, Lac-Etchemin, Saint-Luc-de-Bellechasse, Saint-Magloire, Sainte-Justine, Saint-Cyprien, Saint-Louis-de-Gonzague, Saint-Prosper et Saint-Zacharie. Ces haltes se trouvent au dépanneur ou au magasin général des villages. Dans l'éventualité d'un pépin plus sérieux, des vélos sont disponibles pour terminer le parcours. À la condition, bien sûr, d'avoir pris un forfait week-end. On vous apporte alors la bicyclette de rechange sur le lieu du bris et on se charge de transporter votre vélo brisé au point de départ. À la manière de la CAA, un coup de téléphone et vous êtes dépanné! On assure aussi le transport des bagages d'un site d'hébergement à l'autre. Une dizaine d'auberges, de gîtes et de manoirs ponctuent le parcours. Le point de départ se trouve à Saint-Georges. On gare la voiture dans le stationnement du Georgesville, puis on récupère la carte du circuit «Vélo Villages» au comptoir de réservation de l'hôtel. On en profite pour réserver le prochain hébergement et convenir du transport des bagages. Un préposé nous explique la marche à suivre. L'aventure peut également commencer par un massage (sur réservation) au centre de spa de l'hôtel, question de distiller la future agression de nos corps plus habitués aux langueurs des siestes hivernales qu'au souffle régulier d'un coeur endurant. On ne se refait pas. Cette fois, ça y est, c'est un départ. Il faut compter au moins deux jours pour parcourir les 250 kilomètres, trois jours idéalement si on souhaite visiter les attraits touristiques recommandés en chemin, se baigner et assister aux activités de la Saint-Jean prévues dans les villages. Toutefois, rien ne vous empêche de ne parcourir qu'une fraction du circuit, de profiter de l'hébergement et de manger de bons petits plats plutôt que des kilomètres de vélo. Publié dans le Devoir du 22 juin 2007
- Allemagne - Tradition, romance et modernisme
Doux mélange de modernité à l'américaine et d'urbanité façon vieille Europe, inventive, perfectionniste, articulée, l'Allemagne carbure — comme sur les autoroutes! — à la vitesse d'une comète. Technologie et architecture de pointe, plaisir de vivre et romantisme, le pays tout entier fonce et cultive sa différence. De Francfort à Heidelberg, de Maulbronn à Stuttgart, de Munich à Nuremberg: aperçu d'un mode de vie made in Germany. Le long de l'autoroute, entre Francfort-sur-le-Main et Heidelberg, les champs d'asperges blanches alternent avec ceux de colza, d'un jaune éclatant. Dans les aspergeraies, des cueilleurs venus de Pologne s'affairent autour des buttes sablonneuses recouvertes de plastique. Ici, plus au sud, la saison bat son plein depuis la mi-avril. Le noble légume blanc, dodu et ferme, est sur tous les étals. Et pas de gaspillage! Entiers, cassés ou les têtes seulement, on en vend toutes les parties. Récoltées le matin, les asperges sont servies bien fraîches le midi, recouvertes de beurre chaud ou de sauce hollandaise et accompagnées de pommes de terre bouillies, de jambon, d'une salade verte et d'un verre de vin blanc de Franconie. L'Allemagne détiendrait la tête du palmarès des mangeurs d'asperges. Jusqu'au 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste, patron de la récolte des asperges, on les retrouvera au menu de tous les restaurants du pays, quasiment sans exception. Bien que nous roulions à 140 km/h, la plupart des autos nous dépassent. So! Ce n'est pas le moment de rivaliser avec une Roadster SLR McLaren aux allures de Formule 1. Autrement, la conduite automobile en sol germanique est relativement simple; le réseau routier ressemble au nôtre, sauf qu'il est beaucoup mieux entretenu: important sur des routes sans limite de vitesse. Dans la voie du centre, on carbure facilement à 160 km/h et dans celle de gauche... à plus de 200 km/h. L'Allemagne est sans contredit le royaume de la voiture performante. C'est en parcourant le land du Bade-Wurtemberg, troisième au pays en importance démographique et économique, qui détient le plus grand nombre de brevets d'invention, et celui de la Bavière, le plus méridional des 16 länder allemands, tout aussi prospère, que notre groupe sera initié aux us et coutumes allemands. L'expérience aurait pu être vécue ailleurs en Allemagne car tout le pays jouit d'un franc plaisir de vivre, de traditions fortes et d'une histoire riche qu'on découvre au fil des visites dans les musées, glyptothèques, pinacothèques, châteaux, monastères, cafés... Une longue et captivante histoire ponctuée d'époques glorieuses mais aussi de moments très sombres que les Allemands ne sont pas près d'oublier. Oui, l'Allemagne a choisi de vivre avec son passé. Le vitrail de la cathédrale d'Ulm consacré aux juifs, montrant tout en bas les déportés destinés à être assassinés, en est un exemple; le Centre de documentation sur l'ex-site des congrès du parti nazi à Nuremberg, un autre. «Si Adolf Hitler a arrêté son choix sur Nuremberg pour y tenir chaque année les congrès de son parti, c'est en partie pour sa situation géographique au centre de l'Allemagne et en partie pour son excellent réseau de chemins de fer, raconte Thomas Schmechtig, notre guide. Nuremberg, la plus allemande des villes allemandes, comme le dictateur aimait la surnommer, avec ses églises gothiques, ses maisons à colombage et son château fort, offrait un décor idéal. Le Führer y voyait un lien symbolique entre le Saint Empire romain germanique et le IIIe Reich.» Les congrès du Parti nazi attiraient à Nuremberg jusqu'à un million de personnes durant une semaine, chaque jour étant consacré à une organisation nazie. «À partir de 1934, on entreprit de gigantesques travaux pour créer le cadre nécessaire à la mise en scène des défilés et manifestations de masse, poursuit le guide. D'une superficie de 11 kilomètres carrés, l'emplacement prévu pour les six bâtiments devait être quatre fois plus étendu que la vieille ville.» Les vestiges du podium sur lequel se tenait Hitler s'y dressent toujours, ainsi que le palais des congrès inspiré du Colisée de Rome. L'oeuvre magistrale, inachevée, sert encore d'entrepôts pour la ville ainsi que de studio d'enregistrement pour l'Orchestre symphonique de Nuremberg. L'affectation de ces bâtiments, comme celle d'autres vestiges du IIIe Reich, fait toujours l'objet de discussions, certains considérant qu'un usage commercial n'est pas une bonne façon d'assumer l'histoire. On ne sait donc pas encore que faire de ce site hanté par le spectre nazi. Par contre, un centre de documentation créé dans l'aile nord du palais et inauguré le 4 novembre 2001 explique aux visiteurs le rôle clé de Nuremberg dans l'Allemagne nazie. Esprit grégaire Parmi les clichés tenaces sur le pays, celui d'une société travaillante, organisée et perfectionniste, qui digère mal l'erreur, n'est certes pas infondé. Comme celui qui prétend qu'à la moindre occasion, ce peuple fêtard, en culotte de cuir, avale chopes de bière et jarrets de porc autour de grandes tables, dans les Stube où aux terrasses des auberges, en chantant à tue-tête. Ce qui n'est pas faux! Il suffit de penser à l'Oktoberfest de Munich, cette fameuse fête de la bière à laquelle participent bon nombre d'Allemands et qui attire chaque année plus de sept millions de visiteurs. On parle de la plus grande fête populaire au monde, célébrée sur le pré de Thérèse (Theresienwiese) depuis le 12 octobre 1810, jour des noces du futur prince héritier Louis Ier de Bavière et de la princesse Thérèse von Sachsen-Hildburghausen. Hormis la bière, les Allemands sont également très friands de café, de gâteaux, de tartes aux fruits et de glaces. Ils se réunissent volontiers en fin d'après-midi pour le Caféklatsch (Klatsch signifiant potins, cancans) dans un salon de thé ou un chic café, nombreux au pays. On y déguste alors de délicieux gâteaux accompagnés de crème fouettée, de crème vanillée et petits fruits rouges. À la maison, ces rencontres amicales se poursuivent jusqu'en soirée. On sort alors mousseux, charcuteries, fromage et pain (incroyablement bon au pays de Goethe) sous toutes ses formes: blanc, brun, beige, noir, triangulaire, carré, rond, rectangulaire, avec ou sans graines... Notre itinéraire nous conduit d'Heidelberg à l'abbaye cistercienne de Maulbronn, une construction du XIIe siècle classée au patrimoine mondial de l'UNESCO; à Stuttgart, capitale du Bade-Wurtemberg et patrie de Gottlieb Daimler, pionnier de l'automobile, inventeur de la moto et fondateur de la marque Daimler devenue Daimler-Benz AG, puis Mercedes-Benz à l'arrivée d'Émil Jellinek et de Carl Benz; à Ulm où Einstein a vu le jour; puis à Munich et Nuremberg. Au-delà des clichés qui collent à ce pays de plus de 82 millions d'habitants, quatre fois plus petit que le Québec, où, le matin, on peut acheter ses oeufs à la ferme pas trop loin et le soir aller à l'opéra à vélo, on y fait à tout moment des découvertes surprenantes. En exclusivité, à deux pas de l'usine mère où fut développé le premier moteur à essence en 1903, le Musée Mercedes Benz à Stuttgart retrace 120 ans d'histoire automobile. On retrouve, sur neuf niveaux, 160 voitures de marque. Le visiteur traverse sept époques: l'invention de l'automobile (1886-1900), Mercedes (1900-1914); diesel et turbo (1914-1945); le miracle de l'après-guerre (1945-1960); sécurité et environnement (1960-1982); et les Flèches d'argent, courses et records. Les enfants peuvent bénéficier d'une visite ludique. Sur la colline Killesberg, également à Stuttgart, le Musée Weissenhof, installé dans La Maison Le Corbusier, raconte l'histoire de la construction de la cité à l'occasion de la Confédération du travail «Le logement», en 1927. Dix-sept architectes de cinq pays européens participent à cette construction moderne et fonctionnelle empreinte de rigueur, de sobriété et de logique. Parmi ces génies de la construction, deux retiennent l'attention: Walter Gropius, le père du Bauhaus, et Le Corbusier. Onze modèles de l'exposition sont toujours intacts et habités. Le site est aujourd'hui considéré comme l'un des monuments architecturaux les plus importants de l'art moderne. Le musée fut érigé en tant que maison double par les architectes Le Corbusier et Pierre Jeanneret. La demeure compte parmi les constructions les plus renommées de la cité de la Weissenhof. L'intérieur plutôt original est reproduit selon les esquisses et le plan de couleur projeté par Le Corbusier. Le mobilier de l'époque est dans le style de la tradition de l'art Bauhaus. La cathédrale d'Ulm Ouf! Il ne reste que quelques marches à grimper sur les 768 avant d'atteindre le sommet du clocher de la cathédrale d'Ulm, le plus haut du monde, à 161 mètres. L'effort est récompensé: au pinacle, on a tout le plaisir d'admirer en détail les sculptures gothiques ajourées de la flèche tout en bénéficiant par beau temps d'une vue sur les Alpes. La plus grande église protestante du monde loge jusqu'à 2000 personnes assises. Au Moyen Âge, elle en accueillait jusqu'à 20 000! C'est qu'à l'époque, il était dans les moeurs de rester debout pendant les messes. L'intérieur renferme une mine d'oeuvres d'art à couper le souffle une seconde fois, comme les stalles du choeur, sculptées au XVe siècle et ornées de bustes de personnages bibliques, un ensemble de vitraux médiévaux et un tabernacle de 26 mètres de haut. Un spot de surf à Munich? C'est une blague? Pas du tout. L'Eisbach, l'une des rivières qui sillonne l'Englisher Garten (le Jardin des Anglais), forme un rouleau au niveau de la Prinzregentenstrasse. Et les surfers se succèdent dans l'ordre sur cette vague redoutable. Qui a dit qu'on ne buvait que de la bière à Munich? On cultive aussi muscles et intellect. Et ici, on apprécie le fait que palais et musées côtoient avec bonheur tavernes enfumées et Biergarten. N'empêche que la plupart des guides de voyage attribuent une grande place à l'élixir doré qui coule à flot durant l'Oktoberfest. On apprend donc dans Le Guide de voyage - Allemagne de National Geographic que l'on consomme durant les 15 jours de festivité environ 700 000 poulets rôtis, 250 000 saucisses, 14 tonnes de poisson, une centaine de boeufs et un nombre incalculable de pretzels. Fêtards, les Allemands ? Non, juste un peu grégaires... En vrac - La location de voiture coûte cher en Allemagne. Il est souvent plus intéressant de louer un véhicule par l'entremise d'une agence de voyages avant de partir. - L'Allemagne dispose actuellement d'un réseau ferroviaire de 42 000 kilomètres, exploité par la Deutsche Bahn (DB). Les Inter City Express (ICE), Inter City (IC) et Euro City (EC) relient les principales villes. Les grandes gares disposent d'un réseau de réservation (Reisezentrum). Les voyageurs étrangers peuvent acheter une passe «Special vacances» avant le départ. tél: 018 03 19 41 95. - Un réseau régional étendu de cars, de tramways, de métros (U-Bahn) et de trains (S-Bahn) sillonne le pays. Les autobus desservent les villages et les petites villes qui ne sont pas reliés au réseau ferré. - Musée Mercedes-Benz Museum: Mercedesstrasse 100, 70372 Stuttgart, tél: +49 (0) 711 - 17 30 000, www.stuttgart-tourist.de/FRA/loisirs/mercedesbenzmuseum.htm. - Musée Weissenhof, Rathenaustr: 1, Stutgart, tél: +49 (0) 711. 25 79 187. Publié dans le Devoir du 26 mai 2007
- Jamaïque - Au pays de Marley en tout-compris
Il existe deux Jamaïque: celle des grands hôtels pleins d'étoiles où l'on se fait dorloter par les gens de la place et celle de l'arrière-pays où l'on se gâte en allant librement à la découverte du peuple. Peu importe la formule, la Jamaïque révélera son âme à ceux qui sauront l'écouter et s'efforceront de l'atteindre. D'Ocho Rios à Négril, une invitation à communier avec l'humour, l'aventure, la beauté, la musique. Yeaaah man! Montego Bay — «Lady, don't worry, please don't worry. Let's meet some special place, some special time of day. Only in Montego Bay, only Montego Bay... » Dans le hall d'entrée du Sunset Beach Resort & Spa, un employé de l'hôtel balaie le carrelage au rythme d'un reggae endiablé. «Yeaaah man! C'est Sweet Life, du chanteur Cocoa Tea, lance en patois l'homme au sourire fendu jusqu'aux oreilles. Adolescent, il chantait dans les églises. On peut trouver ses CD à Montego Bay, chez Top Ranking ou El Paso.» Montego Bay? Mais comment y aller? À pied, c'est trop loin. La navette de l'hôtel? Oui, sauf que l'aller-retour «magasinage» en après-midi se limite au grand marché artisanal et à la Gloucester Avenue, deux paradis touristiques bouffeurs de dollars. Décidément, on ne s'en sort pas. Et le chauffeur qui apparemment ne quitte pas d'un poil ses passagers. Non! Aller à Montego Bay sans prendre le temps de vivre un peu l'ambiance de l'ancien port de bananes et de sucre aujourd'hui fréquenté par les bateaux de croisière; sans parcourir la ville au rythme du reggae diffusé par des murs aux enceintes géantes; sans regarder les hommes jouer aux dominos sur le trottoir ou derrière les étals colorés de fruits et de légumes; sans visiter le Civic Center, seul musée de la ville... c'est comme de manger une Caramilk sans caramel! On en dit beaucoup sur le pays de Bob Marley. Qu'il est dangereux. Qu'il est pauvre. Que la drogue y circule en grande quantité. Et que Montego Bay, malgré son titre de capitale touristique, ne fait pas exception à la règle. Il faut admettre qu'un simple coup d'oeil sur l'agglomération de 120 000 habitants permet de conclure à une histoire de brouhaha populaire sur fond d'un quotidien pas toujours facile. Il reste donc conseillé d'être accompagné d'un guide, du moins pour la première fois, question de se familiariser avec les us et coutumes des autochtones. C'est Philipp, un des chauffeurs de taxi attitrés à l'hôtel, qui va m'initier à Montego Bay. «La Jamaïque a été un prix de consolation pour les Anglais lorsqu'ils ont perdu Hispanolia aux mains des Espagnols en 1655, explique le Jamaïcain. Mal protégée, l'île a été prise d'assaut sans trop de résistance. Luckily for the Brits, qui ne revenaient pas chez eux les mains vides.» De la jungle noctambule des boîtes chaudes de Mo Bay au rythme grave et lourd des sound systems dans les ghettos, partout l'ambiance est captivante. Qui, mieux qu'un chauffeur de taxi, peut parler de cette île qui détient le record du nombre de bars et d'églises par personne et dont la bauxite et l'alumine constituent les plus importants produits d'exportation? Fier comme Artaban de la culture de son pays, il va jusqu'à arrêter sa voiture sur le bord de la route pour cueillir une plante et me donner un cours sur son utilisation en cuisine ou en médecine. D'anciennes maisons de planteurs sont devenues des musées très courus, telle la Rose Hall Great House, à 11 kilomètres à l'est de Montego Bay, une imposante demeure en pierre restaurée dans les années 1960 et certainement la plus visitée des fastueuses demeures de maîtres de plantation de canne à sucre en Jamaïque. Est-ce pour son architecture coloniale que les touristes s'y rendent en grand nombre, ou pour se convaincre de l'existence d'Annie Palmer, la sorcière blanche de Rose Hall qui aurait tué trois de ses maris et plusieurs de ses amants esclaves? On dit que son fantôme hante toujours la demeure. Xamayca, ou «terre de bois et d'eau»: ainsi les Arawaks nommaient-ils leur île, la troisième plus grande des Caraïbes après Cuba et Haïti. D'une superficie totale de 10 991 kilomètres carrés, ce pays de mer et de montagne qui s'étend d'est en ouest sur environ 250 kilomètres, sa largeur maximale ne dépassant pas 80 kilomètres, jouit de la générosité d'un climat tropical. Cricket à l'honneur En temps normal, du Donald Sangster International Airport à Montego Bay jusqu'à Ocho Rios (Ochi pour les intimes), il faut compter une heure et demie. Sauf que, depuis le début des travaux d'agrandissement de la fameuse route côtière A1 en prévision de la Coupe du monde de cricket, accéder aux terres d'Ochi en moins de deux heures relève du miracle. Très attendu dans le monde anglophone, l'événement sportif qui se tiendra en mars et avril prochains dans plusieurs États de la Caraïbe, dont la Grenade, le Guyana, Saint-Kitts-et-Nevis et Sainte-Lucie, devrait attirer des milliers de spectateurs. La cérémonie d'ouverture aura lieu le 11 mars en Jamaïque et la finale, le 28 avril à la Barbade. Au total, 16 équipes s'affronteront. La Coupe du monde de cricket est le troisième événement sportif en importance dans le monde. La Jamaïque s'attend à une saturation de son réseau hôtelier et des liaisons aériennes entre les îles. Dans leur livre 25 Destinations soleil pour les vacances, Lio Kiefer et Isabelle Chagnon conseillent la location d'une voiture à Ocho Rios pour profiter de l'environnement. De l'ancien village de pêcheurs devenu terre vacancière, les excursions dans l'arrière-pays sont nombreuses: Turtle River Park, les jardins de Coyaba, Enchanted Garden et Shaw Park Gardens. Le seul hic d'avoir une voiture au royaume des tout-compris: la conduite à gauche. Si les routes côtières sont dans un état acceptable, les petits chemins intérieurs, étroits, sinueux et mal entretenus sont parfois dangereux. Un feu rouge est une «suggestion» d'arrêt et la limite de vitesse... so what! Les Jamaïcains conduisent très vite. Un conseil d'amie: s'abstenir de sortir la nuit. À Prospect Plantation, Vincent Taylor, le guide qui accompagne les touristes dans les plantations de bananes, d'ananas, de piments et de café, est un pince-sans-rire comme beaucoup de Jamaïcains. Une sorte d'humour très... british. Trois minutes après le départ, le tracteur qui tire la grande carriole dans laquelle nous prenons place s'immobilise. «Oh Lord, we are out of gaz!, s'exclame Taylor. I have to go back to get some. I'll come back in five minutes.» Fallait voir les réactions de chacun! J'avoue qu'il nous a bien eus. Et ce ne sera pas la dernière fois. Écolos avant l'heure Près d'Ocho Rios, dans le petit hameau de montagne Nine Miles, naissait le 6 février 1945 Robert Nesta Marley, Métis de père blanc capitaine de l'armée britannique et de mère noire jamaïcaine. «Wake up and live!» La quête de Bob Marley et de ses amis rastas contribuera à la renommée de l'île. Le Nine Mile Museum raconte la vie du chanteur de reggae. Bob Marley est mort en 1981 mais, depuis, il est resté un dieu vivant respecté de tous. Sur l'île, la communauté rasta est minoritaire mais non sans influence. Le nom dérive de Ras Tafari, le Négus Negast d'Éthiopie. Quant au mouvement rastafari, il a vu le jour dans les années 1930 à l'initiative de Marcus Mosiah Garvey, qui préconise une doctrine nationaliste noire et radicale souhaitant l'unification des Noirs du monde entier. Du coup, l'Éthiopie, seul pays d'Afrique à avoir toujours préservé son indépendance, devient un symbole de l'émancipation des Noirs. Aujourd'hui, la majorité des rastas vivent de leur foi. Ils partagent le dogme du régime i-tal, végétarien, parfois végétalien et sans sel ajouté, refusent de manger toute nourriture non biologique, de consommer de l'alcool, de se couper les cheveux et de se les peigner (d'où les dreadlocks). Ils prennent de la ganja, ou chanvre, une herbe biblique dont la consommation est un sacrement. Yeah man, go West! Une approche par la mer en catamaran permet de découvrir au détour des criques les petits villages colorés de pêcheurs. Négril est définitivement la carte postale de la Jamaïque. Quant à Black River, situé à quelques kilomètres au sud de Négril, on garde le souvenir d'un village authentique parsemé de petites et de grandes maisons coloniales et de la rencontre avec Peter, Little George, Marguerite et Little Tom, les crocodiles de la rivière Black River. La moindre demande de renseignement peut dégonfler l'agressivité, se transformer en invitation à boire un café ou à engager la conversation. Sur la plage de Long Bay, en attendant le bateau qui nous conduira en mer, reggae, rhum, baignade et sauts de falaise au programme, un rasta me demande d'où je viens et m'invite à commenter ses peintures. Il s'appelle Ras Ramon, se dit peintre et professeur en art. Un peu douteux, c'est vrai! Mais ce qui saute aux yeux, c'est le plaisir avec lequel il m'explique la signification de chacun de ses dessins. Il ne veut pas d'argent, seulement un peu d'attention et une bonne parole sur lui à mon retour. Le meilleur café du monde, le plus cher du moins, est cultivé sur les pentes des Blue Mountains, au sud-est de l'île. Nous ne verrons pas les plantations mais nous dégusterons l'élixir très prisé des Japonais. Comme nous goûterons au jerk chicken, aux patties et à l'ackee. Dans un forfait tout-compris, si on se donne la peine de garder l'oeil ouvert, on remarque que l'authentique persiste dans l'architecture, la gastronomie, la musique. Et qu'en étant attentif aux remarques et aux interventions des employés de l'établissement, on peut très bien découvrir le pays dans un hôtel. Utile pour qui a des fourmis dans les jambes. Yeaaaaaah, man! En vrac - À rapporter: musique, café et rhum. - Langues parlées: l'anglais et le patois. - Le climat est tropical humide, avec peu de variations de température. Le nord et le nord-est sont les régions les plus arrosées. Le sud est beaucoup plus sec et offre des paysages quasi désertiques où poussent de beaux cactus. On ne privilégie pas de saison, ou alors entre novembre et avril. Les risques d'ouragans sont plus élevés entre septembre et octobre. - Mieux vaut demander la permission avant de prendre une photo. - Le taxi est un mode de transport intéressant et simple. Il se révèle un bon moyen de découvrir le pays et est accessible dans tous les hôtels et resorts de l'ile. Vérifier toutefois la plaque d'immatriculation du véhicule. Elle doit montrer le signe rouge PPV (Public Passenger Vehicle). Et entendez-vous sur un tarif avant le départ! Une excursion d'environ trois heures (les chauffeurs ne compteront pas à la minute près si vous êtes sympathique) coûtera entre 40 et 50 $ US. Montrez-vous curieux, les chauffeurs jamaïcains n'en seront que plus contents. - La Jamaïque est un pays de très fortes contradictions: il importe donc de se documenter le mieux possible sur la culture et les habitudes locales avant de s'y rendre. Les gens y sont très fiers. - Renseignements: Louise Paquette, représentante de la Jamaïque au Québec, Tél: 450 928-9859, www.visitjamaica.com. Publié dans le Devoir du 3 février 2007
- Livres - Des sites remarquables dans le monde
Si vous êtes aventureux, débrouillard et adepte du Guide du routard, vous aurez du plaisir à feuilleter Les Sites coups de coeur de Pierre Josse (Chêne), rédacteur en chef du fameux guide touristique français, fondé en 1973 par Michel Duval et Philippe Gloaguen et dont le logo représente un marcheur avec un globe terrestre en guise de sac à dos. Coédité avec Hachette Tourisme, le livre, qui bénéficie du label Guide du routard, porte donc en page couverture le célèbre petit logo illustré par le dessinateur français de bande dessinée Jean Solé. Pierre Josse livre ici ses coups de coeur de «globetrotter, stylo en bandoulière et curiosité toujours sur le qui-vive». L'ouvrage de 384 pages invite à découvrir d'un oeil inquisiteur une centaine de sites de par le monde, des incontournables du tourisme tels Paris, Venise, Istanbul, Vienne, la Grande Muraille de Chine, La Havane... mais aussi des endroits inattendus et carrément hors des sentiers battus comme Sigirya au Sri Lanka, les Torres del Plaine au Chili, la Bucovine en Roumanie et la falaise de Bandiagara en pays dogon (Mali). Le journaliste, photographe et auteur de plusieurs ouvrages dont Deux vagabonds en Irlande et Artisans sans frontières, la dernière chanson de geste, offre un regard unique à travers ses propres photographies et son approche personnelle, tant sur le plan descriptif que pratique. Chaque coup de coeur propose un court texte informatif, de belles photos, des renseignements sur sa situation géographique, la saison conseillée pour s'y rendre et trois ou quatre conseils sur ce qu'il y a à voir, à faire, à ne pas manquer, à goûter, à lire, à éviter... De nous, il écrit: «Voyager au Québec sans voir le Charlevoix c'est comme manger un gâteau en laissant la cerise. Ici, la nature a bossé. Ella a fait dans l'exceptionnel. Résultat: un mode de délicatesse qu'il faut déguster comme un grand cru élaboré par les Dieux.» Ses conseils: dormir dans les gîtes du passant, faire coïncider son séjour avec l'un des nombreux festivals dont les Québécois sont si friands et, aux Français, ne pas oublier le pourboire de 15 %. Les sites coups de coeur Pierre Josse Les Éditions du Chêne, Hachette France, 2006, 384 pages Publié dans le Devoir du 19 mai 2007

















