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  • France - Paris en «deudeuche»

    Voilà une façon farfelue de voir Paris: en Citroën 2CV. On croyait la «deudeuche» disparue de la circulation. Eh non, la petite deux-chevaux, fleuron de la flotte Citroën dans les années 1960, revit bel et bien dans les rues de la capitale. Une initiative de l'entreprise «4 roues sous 1 parapluie» qui, depuis 2003, organise en «deux pattes» des circuits touristiques en tous genres en Île-de-France. Des promenades rétro avec chauffeur sympa. «So French»! Adossés au mur de l'hôtel Gabriel, au 25, rue du Grand Prieuré dans le quartier du Marais, trois jeunes hommes, gâpette sur la tête et l'air aussi galopin que les trois «deudeuches» garées en file indienne dans la rue, discutent en attendant que nous finissions notre petit-déjeuner. En compagnie de ces guides, nous ferons une virée farfelue de Paris. Impossible de ne pas sourire. D'ailleurs, tout le monde sourit à la vue de la «deuche». C'est que la mignarde, qui a multiplié les rôles comiques au cinéma et rendu la vie pratique à des milliers de gens sans le sou, du moins jusqu'à la fin de sa fabrication en juillet 1990, symbolise la France au même titre que la tour Eiffel et la baguette. Qui ne se souvient pas de la minibagnole au look de boîte de conserve menée à toute allure par la bonne soeur dans la série des Gendarmes de Louis de Funès? C'est en voyant les expressions amusées des touristes, alors qu'il circulait avec la deux-chevaux de ses parents, que Florent Dargnies, jeune diplômé d'une école de commerce, décide, en 2003, de créer l'entreprise «4 roues sous 1 parapluie». Et vite la formule a plu! Aujourd'hui, 4 roues sous 1 parapluie compte une trentaine d'autos et une quarantaine de chauffeurs bilingues, des Parisiens pour la plupart, qui connaissent l'histoire et l'architecture de la capitale française. La compagnie propose une vingtaine d'escapades d'une durée variant entre 90 minutes et quatre heures: Paris Champs-Élysées, Paris éternel, Virée Monopoly, Paris Shopping, Paris Cinéma (Virée Da Vinci - Virée Amélie Poulain), pour ne nommer que celles-là. Ce matin, on a le choix de la couleur: bleue, jaune, orange... Nous prenons place dans la bleue. C'est Amaury, un étudiant en commerce qui connaît Paris comme le fond de sa poche, qui sera notre chauffeur. «Si vous avez froid, il y a une couverture sur la banquette arrière», dit le guide. Car, malgré le temps frais de novembre, nous roulerons en décapotable pour mieux sentir l'ambiance dans les rues. «Et vous n'aurez qu'à vous mettre debout pour prendre des photos.» Loin des clichés touristiques, Amaury aborde les facettes de la ville telles qu'elles sont vécues au quotidien par les Parisiens: les commerces qu'ils fréquentent avec plaisir, les lieux de promenade, les bons cafés, les marchés populaires, les secrets de quartier, les différents passages. En chemin, le guide nous livre avec un sens de l'humour développé de truculentes anecdotes. On passe la belle porte Saint-Denis, érigée en 1672 par l'architecte François Blondel et le sculpteur Michel Anguier. «Elle a bénéficié d'un ravalement», explique Amaury. Puis, la deux-chevaux se hasarde dans la circulation, boulevards Bonne-Nouvelle, Poissonnière et Montmartre. «À gauche, le passage Jouffroy, le premier construit tout en fer et en verre. À l'entrée de ce passage couvert, l'hôtel Mercure Ronceray, vieil établissement parisien où vécut Rossini de 1828 à 1832.» Au numéro 37, boutiques de cannes anciennes de M. Segas; au 41, boutique «Pain d'épice», jouets et maisons de poupée à l'ancienne; au 60, salon de thé «Tous les délices». Viennent les passages Verdeau et des Panoramas. «D'une galerie à l'autre, on peut se rendre à pied jusqu'au Palais Royal.» Une bonne façon d'éviter le vacarme et la circulation de Paris. Et comme ces passages sont bordés de magasins, on en profite pour y faire ses achats. Nous empruntons le boulevard des Italiens jusqu'au palais Garnier. «La place actuelle de l'Opéra était jadis un marécage qui a été asséché sous Louis XIV. Le Roi-Soleil y fit construire un petit théâtre devenu aujourd'hui l'Opéra national de Paris, raconte Amaury. Une nappe d'eau subsiste encore au sous-sol, ce qui permet "l'élevage" de poissons. Ils seraient nourris par un pompier fantôme. Et plus insolite, sur certaines creusures de façade niche le faucon crécerelle et les toits sont colonisés par des abeilles. Il y a un rucher sur le toit de l'Opéra! Et comme les abeilles adorent butiner fleurs et arbres du jardin des Tuileries, les miellées y sont régulières.» Devant la Comédie-Française, rue Saint-Honoré, notre guide nous rappelle que c'est ici que Molière s'est effondré. «L'une des explications sur sa mort est que, pris d'une grande toux, en jouant le rôle d'Argan dans Le Malade imaginaire, il aurait fourni de tels efforts pour cracher qu'il se serait rompu une veine. Il est mort peu de temps après dans sa maison, rue Richelieu.» L'itinéraire nous conduit au Palais Royal, au Louvre, sur l'île Saint-Louis, au Panthéon, sur le boulevard de Port-Royal, dans la rue des Gobelins et enfin au restaurant le Djoon, boulevard Vincent-Auriol, à proximité de la Seine et du métro Quai de la Gare. Vraiment sympa!

  • États-Unis- Les îles de Champlain - La grande évasion...à 75 minutes de Montréal

    Aux États-Unis, dans l'État du Vermont, entre les Adirondacks et les montagnes Vertes, nichent les îles de Champlain: Alburg, Isle La Motte, North Hero, Grand Isle et South Hero. Hormis de petits musées, de coquets villages, des épiceries conviviales, des marinas pittoresques et des fermes à l'allure de Playmobil, ces îles pittoresques offrent des paysages qui en été mêlent le bleu de l'eau au vert des champs. Et tout ça à 75 minutes de Montréal! Sandy Point — Une statue en granite représentant Samuel de Champlain, accompagné d'un Indien assis dans un canot et tendant le doigt vers l'infini, trône dans un jardin où est aménagé un chemin de croix. Sculptée pour l'Exposition universelle de Montréal en 1967, cette statue fait face au lac Champlain et au sanctuaire catholique Sainte-Anne, sur la pointe septentrionale d'Isle La Motte. L'esprit s'évade au temps où l'explorateur — et son escorte d'Algonquins — part en guerre en «Iroquoisie» et découvre, à sa grande surprise, ce qui est aujourd'hui le lac Champlain, vaste étendue d'eau qui s'allonge sur 200 kilomètres, entre les Adirondacks et les montagnes Vertes. C'était le 14 juillet 1609. «Les Indiens n'avaient pas exagéré en parlant de sa taille et de sa beauté, écrit David Hackett Fischer, historien américain et auteur du livre Le Rêve de Champlain. Champlain estima qu'il faisait entre cinquante et soixante lieues de long, ce qui est à peu près exact.» Séduit, l'explorateur exerce son droit de découvreur en donnant au lac son nom sur sa carte, vu qu'il est le premier Européen à le voir. «Il fut fasciné par ses bois magnifiques, ses îles enchanteresses, ses prairies superbes et la grande abondance de gibier: cerfs, chevreuils, ours...» La grande séduction Personne n'échappe à la magie du lac Champlain et de ses cinq îles situées au nord du Vermont, entre Montréal et Burlington. Touristique sans en avoir vraiment l'air, la région des îles de Champlain propose à l'année toute une panoplie d'activités nautiques et de pleine nature, tandis que parallèlement les habitants continuent à vivre leur quotidien au rythme des saisons. Au printemps et en été, le territoire se transforme en paradis pour les baigneurs, les pagayeurs de tous genres et les épris de voile et de randonnées à vélo. De pêche aussi. Le lac Champlain compte 80 espèces de poisson: brochet, perchaude, truite brune, achigan... À l'automne, la région attire le chasseur de couleurs en quête d'un nouveau ton d'orange ou de rouge à ajouter à sa collection. Alors que l'hiver on y vient par curiosité. À quoi peut bien ressembler en janvier ce qui fut il y a 10 000 ans une mer issue du recul des glaciers? Une fois que l'on a compris que ce lac gèle d'un bord à l'autre et qu'il est possible de le traverser en voiture, eh bien, on enfile raquettes ou skis de randonnée pour une tournée des baies et des îlots. «On y vient aussi simplement pour "potiner" avec les insulaires dans les épiceries du village, affirme Robert Camp, propriétaire du magasin général Hero's Welcome situé dans le village de Norh Hero. On parle de tout et de rien en sirotant un chocolat chaud ou un café.» C'est d'ailleurs ainsi que j'ai appris qu'en 1971 Robert Camp, originaire de Seattle en Oregon, déménagea à Montréal où il fonda Import Bazaar Ltd. L'homme d'affaires résida au Québec une dizaine d'années avant de créer Hero's Welcome. À la fois magasin d'alimentation, boulangerie, café, station d'essence, bureau de poste, marina, poste d'amarrage et boutique de produits fins, cette caverne d'Ali Baba moderne — où l'on retrouve plus de 800 articles, allant de la cafetière espresso à l'imperméable pour marin aguerri, des bulles de bain au fromage et aux produits de l'érable — attire en période estivale, et par mois, 40 000 visiteurs. D'une île à l'autre En venant de Montréal, la magie du lac opère dès que l'on franchit le pont de Rouses Point, qui sépare l'État de New York de l'État du Vermont, et que l'on emprunte la route 2, direction Alburg. Le lac Champlain apparaît alors dans toute sa splendeur, parfois déchaîné les jours de grands vents, ou aussi calme et bleu turquoise que la mer des Caraïbes par beau temps. Bien qu'Alburg cons-titue une péninsule qui s'avance dans le lac Champlain à partir du sud du Québec, la petite municipalité du comté de Grand Isle, reliée par des ponts à Isle La Motte et à North Hero, fait partie des îles de Champlain, dont elle est la porte d'entrée. Moins pittoresque que ses soeurs, la ville fondée en 1781 n'en demeure pas moins intéressante. Saviez-vous que l'Alburg Dunes State Park, situé à dix minutes maximum de la frontière de Noyan, abrite la plage de sable la plus longue du lac Champlain? Deux kilomètres et des poussières de long! Et, en plus, bordée par de belles dunes qui ont toutefois souffert des inondations, en mai dernier. Comme toute la grande région des îles de Champlain, d'ailleurs. Isle La Motte se découvre très bien à vélo. Les amateurs connaissent déjà son terrain plat et bien entretenu. Sauf que les routes et les ponts ont aussi subi de sérieux dommages lors du débordement de la rivière Richelieu qui prend sa source du lac Champlain, tout près. Tout au long du circuit «L'héritage des pierres anciennes», d'une quinzaine de kilomètres, le cycliste découvre de jolis jardins fleuris, de belles propriétés de pierres et de beaux points de vue sur le lac. «Je suis toujours un brin nostalgique lorsque je regarde en direction du Richelieu, à partir de la pointe nord de l'île, sachant que des hommes comme Louis-Joseph de Montcalm, James Wolfe et James Henry Carleton se sont tenus debout ici en regardant dans la même direction», raconte le propriétaire de Hero's Welcome, qui habite Isle La Motte depuis 18 ans. Tiens, au sud d'Isle La Motte, se trouve un site archéologique bien connu des paléontologues du monde entier: le Fisk Quarry Fossif Reaf, où d'anciens fossiles sont préservés dans la roche calcaire. On dit que c'est le plus ancien récif où sont apparus les premiers coraux. Et ça se visite! Pour le lunch, je recommande l'épicerie villageoise Hero's Welcome. Les sandwichs portent tous un nom, par exemple celui d'un président, le «Obama», celui d'un personnage qui a marqué l'histoire de la région, «le Jefferson», ou celui d'une créature légendaire, le fameux «Champ», ce monstre marin qui vivrait dans le lac Champlain, à des profondeurs atteignant jusqu'à 120 mètres. Juste avant de traverser le pittoresque pont-levis qui mène à Grand Isle, le Knight Point State Park recèle une grande plage de sable, des aires de pique-nique avec barbecue et un sentier pédestre qui permet de découvrir les berges du lac et les oiseaux qui viennent s'y nourrir. C'est aussi la résidence d'été des célèbres chevaux Lippizan, qui maintiennent une longue tradition équestre militaire. On peut voir ces «étalons blancs volants» en spectacle durant les mois de juillet et d'août. Et la résidence de la Vermont Shakespeare Company, pour les adeptes de théâtre en plein air. À ces petits plaisirs qu'offrent les spectacles, la vie des épiceries villageoises, une baignade, un tour de kayak ou de planche à voile, une randonnée à pied ou à vélo, un pique-nique, vient s'ajouter le bonheur de s'évader dans les chemins de traverse. Cette flânerie permet parfois des découvertes inattendues. Comme la Hyde Log Cabin, à Grand Isle, la plus ancienne maison en bois rond des États-Unis. Le musée raconte l'histoire du propriétaire, Jedediah Hyde, et de sa famille ainsi que la façon dont vivaient les habitants des îles de Champlain à la fin du XVIIIe siècle. Ou encore, à South Hero, les châteaux miniatures, style suisse, construits en pierre des champs de la région par un jardinier suisse, Harry Barber. En fin de journée, les photographes se retrouveront sur le débarcadère du traversier qui mène de Grand Isle à Plattsburgh ou sur une autre plage qui regarde vers l'ouest, pour croquer le lac Champlain et ses îlots au coucher du soleil. Mais on n'en saisira qu'une infime partie, car au large chaque heure et chaque saison réinventent les couleurs. *** En vrac - Culture et agriculture: Farmers' Markets, pour les marchés fermiers du samedi www.islandsfarmersmarket.com; Darby Far, www.darbyfarm.com; Allenholm Farm, l'un des plus vieux vergers du Vermont. On peut y cueillir ses pommes, acheter fruits et légumes, des tartes maison chaudes et d'immenses cornets de crème glacée, les meilleurs du coin: www.allenholm.com. - Où déguster un verre de vin: Snow Farm Winery: www.snowfarm.com; Hall Home Place, Isle La Motte: www.islelamotte.org/sec/HHPIC.php. - Baignade: Alburg Dunes State Park, www.vtstateparks.com/htm/alburg.htm; Knight Point State Park, www.vtfpr.org/parks/htm/knightpoint.htm; Grand Isle State Park, www.vtstateparks.com/htm/grandisle.htm. - Kayak: Hero's Welcome pour louer une embarcation et se promener autour des îlots, www.heroswelcome.com. - Information: www.champlainislands.com, www.champlainbikeways.org.

  • Canada - Manawan - Au pays des Attikameks

    Les Attikameks de Manawan mettent sur pied un étonnant projet touristique qui devrait créer des emplois et permettre à la communauté de renouer avec ses racines. Mais qui sont donc les Attikameks? Et comment vie ce peuple de 6500 habitants qui résiste tant bien que mal à la tourmente de l'histoire depuis le début du XXe siècle? Manawan — Il est 16h lorsque le minibus de Tourisme Manawan s'arrête devant la porte du bureau de tourisme du village. Après trois heures de route depuis Montréal, via Saint-Michel-des-Saints, en compagnie d'Eugène, le chauffeur, et de sa compagne Roxanne, qui ont jasé à qui mieux mieux en attikamek tout au long du trajet, je suis prête à baragouiner quelques mots dans cette jolie langue: kwe kwe (bonjour), wapoc (lièvre), maskwa (ours noir), matcaci (au revoir)... L'attikamek s'apparenterait à l'innu-aimum, au cri et au naskapi. En fermant les yeux, on a parfois l'impression d'entendre de l'italien, vu le rythme chantant de la langue, ou parfois même de l'islandais, à cause du «r» qui est prononcé de façon marquée. D'ailleurs, cette langue de la famille linguistique algonquienne serait la seule à utiliser la 18e lettre de l'alphabet français. Le temps de faire le tour de ce village de 2500 âmes qui est situé sur la rive du lac Métabeska, de serrer la main au chef de bande, Paul-Émile Ottawa, et d'admirer les jolis paniers en écorce de bouleau exposés au centre touristique, et me voilà assise dans le hors-bord qui va me conduire à Matakan (que l'on prononce «Madakan»), campement traditionnel attikamek aménagé sur un îlot au beau milieu du lac Kempt, à environ trente-cinq minutes du village de Manawan. C'est à la lecture d'un reportage publié dans le magazine Géo que j'ai eu envie d'aller au pays des Attikameks. Le texte racontait l'expérience de deux journalistes français venus s'initier à l'art de vivre traditionnel de ce petit peuple charmant, qui par l'entremise d'un tourisme culturel au coeur de la nature souhaite renouer avec ses us et coutumes. Un voyage sans kitsch ni mise en scène. «Notre clientèle est surtout française, explique Thierry Flamand, le coordonnateur de Tourisme Manawan. Les Européens sont friands de culture amérindienne. Ils viennent pour découvrir nos modes de vie ancestraux. Depuis la création en 2008 de Tourisme Manawan par le conseil de bande du village, nous avons reçu une quinzaine de journalistes et une centaine de visiteurs français. Quant aux Québécois, ils nous rendent visite, mais pour la pêche avant tout.» Tout au long des 21 kilomètres séparant le village du campement traditionnel de Matakan, le paysage donne à voir une nature belle et saisissante, des lacs à perte de vue, des îlots aux formes multiples. Sur certains d'entre eux, on aperçoit les camps de chasse attikameks, lieu de rassemblement des familles du village durant les deux semaines «culturelles» des enfants, l'équivalent des congés pédagogiques dans les écoles montréalaises. À Manawan, ces congés correspondent au départ et au retour des bernaches du Grand Nord. C'est le temps de la chasse! «Regarde l'aigle royal», lance Jimmy Flamand, guide pour Tourisme Manawan, en pointant le rapace diurne au bec crochu perché au sommet d'une épinette noire. L'aigle à tête blanche, emblème des Premières Nations, représente la force chez les Attikameks. Interdit de le chasser sur le territoire. C'est au hasard d'une marche dans le bois qu'il faudra dénicher la plume qui servira à décorer le capteur de rêves. Et bien des lunes peuvent passer avant d'en trouver une. L'histoire tragique des Attikameks «Autrefois, le pays des Attikameks occupait un immense territoire que l'on appelait le triangle de la Haute-Mauricie», explique l'anthropologue écrivain et animateur de radio Serge Bouchard, lors d'une émission (Les Chemins de travers) de trois heures consacrée à la nation attikamek, à la radio de Radio-Canada. «Un immense territoire qui va évoluer en toute paix et qui ne sera pas colonisé, sauf pour le lac Saint-Jean et l'Abitibi en 1909. Ce vaste territoire, qui s'étirait jusqu'au sud de La Tuque, s'étendait à l'est du pays des Algonquins, à l'ouest du pays des Innus et au sud du pays des Cris. À l'époque de Samuel de Champlain, les voyageurs qui circulaient entre Québec et le Montréal naissant racontaient qu'à la "tête des eaux", au-delà de Trois-Rivières, existait une population de chasseurs: les Attikameks, ou Indiens d'en haut.» «Jusqu'en 1900, ils ont évité toute colonisation et tout contact révolutionnaire avec les Canadiens, raconte Serge Bouchard, mais ce territoire d'une beauté spectaculaire finit par être convoité. C'est la construction du chemin de fer et le début d'une série de cataclysmes.» On coupe des arbres, on empile le bois, on le brûle et on provoque un immense incendie de forêt. Un incendie d'une violence rare qui détruit plus de 25 % de la forêt en Haute-Mauricie, pays des Attikameks. La construction du chemin de fer se termine en 1908 et permet aux Canadiens de réaliser un autre rêve: harnacher les rivières Saint-Maurice et la Gatineau. «On allait pouvoir construire un barrage au nord du pays des Attikameks, poursuit l'anthropologue. Un barrage qui allait changer le régime hydrographique, le cours des ruisseaux, le niveau des lacs et qui allait créer une mer à l'intérieur du territoire.» Le réservoir Gouin était né! «On n'a pas averti les habitants de la région, ni les castors, ni les rats musqués», dit Serge Bouchard. La construction du barrage La Loutre (réservoir Gouin), qui a pris fin en 1917, a provoqué l'inondation du vieux poste de Kikendash, des cimetières, des missions, des magasins et autres installations... «Après le feu, l'ennoiement du territoire attikamek. Une catastrophe naturelle d'une ampleur innommable dont aucun journaliste n'a fait mention.» Le réservoir Gouin puait à des centaines de kilomètres à la ronde. La forêt sous-marine demeurée à la verticale pourrissait, une forêt fantôme où les poissons se promenaient entre les racines. Ces forêts toujours debout devenaient des menaces pour la navigation. Avec les canots de toile — les Attikameks étaient de grands artisans du bois, reconnus comme étant les meilleurs fabricants de canots d'écorce de l'est du pays — les accidents étaient fréquents et les morts, nombreux. Pour leur propre sécurité, la compagnie interdit l'accès au réservoir Gouin aux Attikameks. «En 1918, c'est la cerise sur le gâteau: le début de la déforestation de la Mauricie au profit des grandes compagnies de pâtes et papiers. Le Saint-Maurice deviendra un tapis de "pitounes". Les Attikameks voient le reste de leur pays disparaître comme une peau de chagrin.» «Une forêt brûlée, une forêt noyée, des clubs privés et des zones de coupe. En 1925, les Attikameks sont étrangers dans leur propre pays. C'est précisément le moment où le Bureau des affaires indiennes d'Ottawa les a pour une première fois correctement enregistrés dans le registre national des Indiens. Ils commenceront à recevoir de l'argent à la condition qu'ils se rallient à la réserve indienne et qu'ils s'y installent pour ne déranger personne», explique Serge Bouchard. Les Attikameks ont survécu, mais la blessure est toujours profonde. Et ça se ressent encore. La petite nation a entrepris dans les années 1970 le chemin des revendications politiques au Canada et au Québec. Mais rien n'est encore réglé et le sentiment d'injustice perdure aussi bien à Manawan, dans la région de Lanaudière, qu'à Wemotaci et Opitciwan, en Haute-Mauricie. En attendant, Tourisme Manawan forme ses acteurs touristiques afin de mieux recevoir les clients. La petite communauté à la démographie galopante — 60 % de la population a moins de 30 ans — et aux problèmes immenses de décrochage scolaire et de chômage ouvre grande la porte de sa forêt pour faire vivre aux visiteurs une expérience fabuleuse au coeur de son patrimoine. Ce soir, après un repas copieux composé de ragoût d'orignal aux champignons, de truite grise aux tomates et aux poivrons, de pain, de salade et de pommes de terre et une performance étonnante de chant et de tambour offerte par les Black Bears de Manawan, nous sommes allés poser les filets de pêche en deux endroits sur le lac. Nous les relèverons demain. Une pêche qui se révélera miraculeuse pour la néophyte pêcheuse que je suis: 25 dorés et deux brochets. Le pakitahwaniwon (pêche au filet) figure au palmarès des activités prévues l'été sur le site. Chez les Attikameks, le mode de vie est régi par six saisons rituelles en fonction de la nature et des déplacements sur le territoire, explique Vincent Nikoué, chef du campement de Matakan. «En été [nipin], on ramasse aussi des bleuets, on se promène en forêt, on identifie les plantes, on chasse le petit gibier et on prélève l'écorce. On nous surnomme "le peuple de l'écorce" car nous sommes réputés pour notre artisanat modelé à partir de l'enveloppe superficielle du bouleau. Et s'il pleut? Eh bien, on improvise, selon l'humeur: fabrication d'un capteur de rêves avec Alvin, cuisson de la banik avec Jimmy, pêche à la ligne...» *** En vrac Combien: Tourisme Manawan propose des séjours dans la communauté attikamek à partir de 310 $ par personne pour trois jours et deux nuits. Comment s'y rendre: On peut se rendre en auto à Manawan à partir de Montréal via la 40 Est vers Québec, puis la 31 Nord en direction de Joliette. À partir de Saint-Michel-des-Saints, on emprunte, sur une distance de 86 kilomètres, une route forestière jusquà Manawan. Il faut compter trois heures et il n'y a aucun poste d'essence entre Saint-Michel-des-Saints et Manawan. À apporter: Comme on dort dans un tipi ou un chapitoine, il faut prévoir un drap simple, un sac de couchage et un oreiller au besoin. Pour la vie en plein air, prévoir de l'anti-moustique, un imperméable (haut et bas) et des bottes de marche, des habits chauds en automne et très, très chaud en hiver. Les séjours sont offerts à l'année, sauf pendant le gel et le dégel du lac. Information: www.tourismemanawan.com/.

  • La voie des pionniers, comme un roman

    Des silhouettes grandeur nature découpées dans un panneau d'acier Corten et plantées au beau milieu du paysage estrien, de part et d'autre de la vallée de la Coaticook. Un appareil audio inséré à chacune de ces structures et qui donne la parole à dix personnages ayant marqué la région à la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle. Voilà la nouveauté que propose la Table de concertation culturelle de la MRC de Coaticook: La Voie des pionniers. Bonne route! Sur le chemin Cochrane, à Compton, à proximité du Centre d'interprétation de la vache laitière, il suffit de cliquer sur un bouton, version française ou anglaise, pour que Matthew Henry Cochrane (1823-1903), homme d'affaires prospère, nous raconte avec fougue la façon dont il a marqué l'agriculture de Compton puis est devenu propriétaire d'une usine de chaussures à Montréal et d'un ranch en Alberta en plus de siéger au Sénat canadien. On est déjà sous le charme. Avec raison, car chaque personnage a été choisi avec soin par un groupe de citoyens du territoire et d'ailleurs, intéressés à l'histoire et au patrimoine. On a aussi fait appel à des étudiants en histoire de l'Université de Sherbrooke pour la recherche et la synthèse des informations. Finalement, c'est Anne Dansereau, auteure, comédienne et metteure en scène, qui a veillé à la conception finale des textes et à la supervision de la traduction et des enregistrements en studio. On poursuit jusqu'à Martinville. On clique sur le bouton et voilà qu'Oscar Lessard (1895-1964) se met à raconter aux promeneurs captivés comment il est devenu un homme d'affaires prospère. Dernier propriétaire du moulin et engagé dans sa communauté, il acquiert plusieurs commerces, construit des ponts et devient le premier président de la Caisse populaire de Martinville. Rencontre de plusieurs types Comme dans un roman, on découvre l'histoire au fil du chemin et des silhouettes plantées judicieusement dans le paysage. Rien ne vient obstruer le point de vue sur la campagne estrienne à travers ces personnages qui changeront de couleur au fil des saisons. Et en fonction de la météo. À Sainte-Edwidge-de-Clifton, on fait la connaissance du curé de la paroisse Wilfrid Morache (1856-1920); à Saint-Malo, de Georgianna Lizotte-Ouellet (1874-1950), sage femme, mère de 16 enfants et confidente des femmes; à Saint-Venant-de-Paquette, d'Hermine Malouin-Lefebvre (1841-1941), une centenaire qui a vu grandir la municipalité pendant quatre-vingts ans. Puis de Thomas Van Dyke à East Hereford; de Marie-Marthe Paquin-Crête (1923-2006) à Saint-Herménégilde; de Walter G. Belknap (1864-1940) à Coaticook (Baldwin Mills); de George Gale à Waterville; et de Daniel Way à Barnston-Ouest (Way's Mill). Autant d'hommes et de femmes, anglophones comme francophones, qui ont marqué la région au siècle dernier et bien avant. La Voie des pionniers, c'est en fait l'aboutissement des circuits photo-découverte que le visiteur parcourt depuis 2004, dans la vallée de Coaticook. Une sorte de rallye qui consiste à suivre l'un des six itinéraires touristiques et gourmands suggérés dans une brochure, à répondre à quelques questions sur la culture et le patrimoine et à prendre des photos de la vie au quotidien. L'activité a donné naissance à une mégafête populaire dans la région: les Comptonales. «À ces circuits photo manquait le petit côté historique qui vient achever le travail touristique amorcé en l'an 2000 et sortir durablement de l'ombre cette région de l'Estrie, située à 150 km de Montréal, en bordure des frontières du Vermont et du New Hampshire», précise Michèle Lavoie, présidente de la Table de concertation culturelle de la MRC de Coaticook. La clé des champs Et le plaisir ne s'arrête pas à la rencontre de ces personnages hauts en couleur qui redonnent vie à cette région bucolique des Cantons-de-l'Est, à une époque où industriels anglophones, éleveurs de bovins et producteurs laitiers viennent s'installer en grand nombre. D'ailleurs une journée ne suffit pas pour les découvrir tous. Car ici, tout est prétexte à regarder, toucher, goûter, écouter, échanger. En chemin, il y a des ponts couverts, des granges rondes, des églises, des jardins, des rivières et des animaux parfois bizarres, comme ces petits chevaux miniatures de la ferme Santschi, sur le chemin Kingscroft. Puis l'odorat se met en route, et là, c'est vraiment la fête. Que oui! Entre le pain maison, les fromages artisanaux, les confitures de cassis, les tartes aux pommes en cuisson et la bouse de vache, on ne sait plus où donner du nez. À l'exception des mois de janvier et février, où les personnages hibernent, La Voie des pionniers est accessible à l'année. Pour parcourir les dix stations, il suffit de se munir de la carte routière que l'on retrouve sur le site Web de La Voie des pionniers, au bureau touristique de Coaticook ou dans les petits commerces de l'un ou l'autre des douze villages de la MRC. Trois tournées en autobus sont également proposées les deux derniers samedis de juillet et les deux premiers d'août: Compton et campagne, Sur la voie des pionniers, Pique-nique à Saint-Venant. Et à propos de pique-nique, il est possible de se procurer (sur réservation seulement) pour le repas du midi un panier copieux, composé de produits frais de la région, soit chez BioBon à Compton, soit à la Pâtisserie de Coaticook, soit à Coffret de l'imagination, à Coaticook également. Bon appétit!

  • Thaïlande - Farniente dans l'archipel de Ko Phi Phi

    Publié dans le Devoir du 4 juin 2011 Un imposant rocher vert moussu surgit tout à coup de la mer d'Andaman. C'est Phi Phi Don, terminus d'un périple en bateau depuis Phuket. Sur cette île de huit kilomètres de long par trois de large, pas de voitures, des falaises escarpées cachant des grottes et des resorts discrets qui fonctionnent aux énergies renouvelables. Plages de sable fin, village gitan, sentier qui sillonne l'île du nord au sud et cuisine exquise que l'on déguste les pieds dans le sable. Un paradis qui se prolonge sur les pitons rocheux et sous la mer. Au goût. Tonsai — Après deux heures en mer depuis Phuket (prononcer«Poukett»), le traversier plein à craquer de touristes s'engage dans la baie de Tonsai. Les falaises escarpées s'entrouvrent sur des anses émeraude et des îlots rocheux surgissent de la mer. À peine arrivés et l'on en prend déjà plein les yeux. Situé en mer d'Andaman, au sud de la Thaïlande, à 45 kilomètres à l'est de Phuket, l'archipel de Ko Phi Phi compte six îles: Phi Phi Don et Phi Phi Leh, les deux plus grandes; Bamboo Island qui a la forme d'une langue de sable blanc émergeant d'une eau turquoise; Mosquito Island, Bida Nok et Bida Noi, qui ne sont en fait que des rochers calcaires surgissant de la mer. Seule Phi Phi Don est habitée. L'ensemble fait partie d'un parc national créé en 1983. Un bateau rouge vif dédié à la plongée porte le nom de James Bond. On a tout de suite le souvenir de la scène du film L'Homme au pistolet d'or où l'agent 007 (Roger Moore) poursuit le méchant Scaramanda en se faufilant, aux commandes de son mini-aéronef, entre les pitons rocheux pour amerrir au pied de KoTapu, la «James Bond Island». La légendaire petite île qui fait déplacer des hordes de touristes est située à 90 kilomètres au nord de Phuket, dans la baie de Phang Nga. Rien de surprenant à ce que Phang Nga ait été choisie comme lieu de tournage d'un James Bond quand on connaît le goût raffiné de l'agent 007 pour les belles choses. Le paysage de cette baie est unique au monde: d'immenses formations calcaires de toutes les tailles et de toutes les formes qui n'en finissent pas de tomber à pic dans la mer turquoise. Certaines ont une forme curieuse, comme Ko Tapu, ou «l'île clou», à cause de sa ressemblance avec un clou. Dans nos bagages, on transporte aussi les images de la baie d'Ao Maya qui a servi de lieu de tournage pour La Plage. Immenses monolithes surgis de la mer, eau turquoise et plages de sable fin, les fantômes de Leonardo DiCaprio et de Virginia Ledoyen hantent toujours la sauvage Phi Phi Ley. C'est d'ailleurs à la suite de ce film que les îles de Phi Phi sont devenues célèbres. Lorsqu'on arrive dans un pays avec ce genre de tableau dans ses valises, la réalité dément souvent la fiction. Là, non! Les paysages cinématographiques sont au rendez-vous. Au reste, les touristes aussi. Alors, si l'on veut jouer à Robinson Crusoë, il faudra faire preuve d'imagination. Phi Phi Don a la forme d'un isthme de sable blanc entre deux masses de montagnes ciselées. Sur la bande de sable qui fait à peine 100 mètres de large, les plages de Tonsai et de Loh Dalum se tournent le dos. L'isthme loge le petit mais très peuplé et bétonné village de Tonsai. En entrant en rade, on ne peut s'empêcher de songer au tsunami qui a balayé Tonsai le 26 décembre 2004. Deux vagues venant par le côté opposé, l'une de cinq mètres et l'autre de trois, ont littéralement lessivé le village. Depuis, les Thaïs ont rebâti leur île et la nature a repris le dessus. Par contre, la reconstruction a fait s'étendre la capitale qui n'en finit plus de se peupler. Sauf exception, la plupart des touristes débarquent à Tonsai. C'est à pied ou en bateau que l'on rejoint son hébergement de prédilection. On doit compter jusqu'à 30 minutes de marche. Il faut aussi savoir que les jours de mauvais temps, les déplacements en bateau sont aléatoires; et pour finir, que Tonsai est bruyante et qu'on y fait la fête jusqu'aux petites heures du matin. Cap vers le nord, le long de la côte est. Un univers plus calme et plus zen, bien à l'écart de l'effervescence qui prévaut dans la petite capitale mercantile de Phi Phi Don. Le seul débarcadère étant celui de Tonsai, de longues queues — ces barques racées qui servent aussi bien à la pêche qu'au transport de passagers — viennent à la rencontre du bateau pour cueillir les passagers qui ont choisi de passer leurs vacances dans l'un ou l'autre des hébergements sur la côte est de l'île. La première relâche en mer s'opère face à la petite crique d'Ao Phak Nam. Ici niche le Relax Beach Resort, une adresse qualifiée de «robinsonesque» par le Guide du routard sur la Thaïlande. Construits dans les feuillages en bordure d'une plage invitante, les chalets de bois et de bambou, équipés d'un ventilateur, d'une moustiquaire et d'une salle de bain, sont plutôt coquets. Puis, à 15 petites minutes de là, second arrêt devant le Phi Phi Island Village à Ao Loh Bakao. Le complexe de bungalows luxueux de style traditionnel revisité est tapi dans une cocoteraie. À la fin des années 1940, l'activité de l'île se résumait à la pêche, puis un peu plus tard à sa plantation de cocotiers. Aujourd'hui, Phi Phi Don est essentiellement à vocation touristique. Laem Tong Enfin Tong Cape, terminus de cette expédition en traversier qui aura duré cinq bonnes heures depuis Phuket. Nous logeons au Phi Phi Natural Resort, sur la pointe nord de l'île. Le complexe de bungalows en bois, noyé dans la verdure, ceinture une petite école. C'est le roi, en visite ici, qui a fait construire l'établissement fréquenté par les enfants du Gypsy Village. Laem Tong est une longue plage au beau milieu de laquelle évolue un village gitan. Il est difficile de connaître le nombre exact de membres dans cette population de nomades des mers qui vivent de la pêche et aussi un peu du tourisme en se transformant en chauffeurs de taxi aquatique. Si la majorité des gitans restent en permanence sur l'île, certains pratiquent toujours le nomadisme. «Les Chaolei se sont installés à Phi Phi Don vers la fin des années 1940», explique Peter, propriétaire du restaurant Jasmin (du nom de sa femme), situé sur la plage de Laem Tong, en bordure du village animé par les rires des enfants et la musique jouée par ses habitants. Selon lui, les gitans de la mer de Laem Tong comptent 70 enfants (75 % vont à l'école) et 150 adultes. Au programme des prochains jours: lire, se reposer, manger, barboter dans l'eau, se promener en long-tail, faire de la plongée et se mettre au rythme de la douceur de la vie qui passe. Les moins paresseux iront faire une randonnée dans la jungle, jusqu'à Tonsai, via la plage sauvage d'Ao Ran Tee. Il y a de beaux coraux à quelques mètres du rivage et la baignade est géniale. À Phi Phi Don, on peut aller partout à pied. Des petits sentiers pédestres rallient presque toutes les plages. Un chemin escarpé permet de traverser l'île du nord au sud et de profiter de très beaux points de vue. À marée basse, on peut longer le rivage en crapahutant sur les cailloux. Mais il faut savoir que Koh Phi Phi est à l'équateur et que la nuit tombe d'un coup, à 18h20. Le voyage serait incomplet sans une petite visite à Phi Phi Ley. On doit prendre le temps de négocier le voyage en «longue queue» avec un pêcheur du village de Laem Tong. Pour éviter la horde de touristes, mieux vaut partir tôt le matin ou tard en après-midi. Ah oui, la plage principale est payante. On y accède par un tunnel équipé de cordes et à demi submergé par endroits. Autre lieu hautement intéressant à Phi Phi Ley, c'est la grotte des Vickings. Les gitans de la mer y récoltent des nids d'hirondelles juchés très hauts au-dessus des grottes. Pour les atteindre, ils doivent grimper sur des échafaudages fragiles en bambou. Une opération très périlleuse. Avant d'entamer l'ascension, ils prient et offrent tabac, encens et alcool aux esprits de la grotte. L'hirondelle construit son nid avec sa salive. Si on le lui retire, elle en construira un second. Par contre, elle n'a plus assez de salive pour se remettre à l'ouvrage une troisième fois. Alors, les petits meurent. Les Chinois sont très friands de ces nids pour leur pouvoir dit aphrodisiaque. Quelle que soit la destination, il y a toujours une crique pour se jeter à l'eau et découvrir la vie sous-marine locale. Les fonds affichent un relief étonnant ponctué de grottes et d'éboulis rocheux. Coraux multicolores aux formes folles, jardins d'anémones, gorgones rouges... autant de refuges que se partagent les poissons-anges, les poissons-clowns, les poissons-chirurgiens, les perroquets, les demoiselles, les sergents-majors... Tiens, un barracuda! Mais où est donc Nemo? Le soir, la plage de Laem Tong se transforme en cuisine à ciel ouvert où les arômes de bouffe exotique viennent nous taquiner les narines. Ici comme ailleurs en Thaïlande, on mange bien. Des bougies sur les tables mais aussi au sommet d'un magnifique château de sable, construit par un pêcheur local, viennent égayer l'ambiance romantique qui prévaut déjà. En vrac Phuket est un excellent camp de base pour découvrir les archipels de l'intérieur de la mer d'Andaman et la baie de Phang Nga. Une nuitée au Best Western Phuket Ocean Resort, à proximité de Karon Beach, est une bonne idée pour se rapprocher de l'embarcadère et de son ferry. www.phuket-ocean.com. Pour aller à Phi Phi Don, de Phuket, prenez la compagnie Andaman Wave Master, qui dessert aussi le nord de l'île. www.andamanwavemaster.com. À Montréal, le grossiste et agent de voyages Uniktour offre une panoplie de voyages en Thaïlande, dont plusieurs circuits dans le sud. www.uniktour.com. Si vous préférez passer directement par une agence de voyages en Thaïlande, la Royal Exclusive Travel Co. Ltd. est très fiable. www.royalexclusive.com. La plage de Laem Tong est un point de départ parfait pour se rendre sur les îles Mosquito et Bamboo, deux lieux d'exception pour la plongée sous-marine. L'adresse d'exception pour se loger à Laem Tong, c'est le Zeavola. Du grand luxe dans un esprit balino-thaï où bois sombres et textiles se marient très bien à la jungle. Les massages y sont absolument exceptionnels. www.zeavola.com. Le Jasmin Restaurant, une grande paillotte tenue par un couple occidentalo-thaï en bordure du village gitan, est l'un des bons restos sur la plage de Laem Tong. Jus de fruits frais, Phat thaï aux fruits de mer, Kaeng chut, Tom yam kung... sont au menu. À lire: Le Guide du routard sur la Thaïlande, aux éditions Hachette. ***

  • Laval - Du plaisir à la planche

    À Maeva Surf, au cœur du Centropolis de Laval, les amateurs de sport de glisse peuvent s'adonner depuis quelques mois au flowboarding sur une vague artificielle. Mélange de planche à neige, de planche à roulettes et de surf, l'activité se pratique sur une petite planche sans dérive, dans huit centimètres d'une eau qui circule à 40 km/h. Concentré au maximum et gorgé d'adrénaline, Éric exulte. Après 20 minutes à essayer de comprendre la façon de se positionner sur la planchette, il vient enfin de lâcher la corde que lui tend le moniteur depuis qu'il est debout sur la planche. Pourtant, Éric est un surfeur. Selon lui, cette activité n'a que la position et les virages en commun avec le surf. Donc, rien à voir avec Pipeline à Hawaï, ou Witches Rock au Costa Rica! On est à Laval ici, à l'abri du vent et des requins. Mais détrompez-vous, le défi est de taille. Et l'activité grisante. Un peu de surf, un peu de planche à neige, un peu de planche à roulettes, une vague artificielle. Voilà pour le flowboarding. Et pour déclencher le flux, il suffit de peser sur un bouton et, bingo, l'immense trampoline qui recouvre le bassin de 185 mètres carrés se transforme, avec le concours de puissantes pompes à eau, en un tsunami qui atteint une vitesse de 40 km/ h. C'est par hasard, lors d'une croisière sur le Liberty of the Sea, un colossal paquebot de la Royal Caribbean, que les deux jeunes propriétaires de Maeva Surf, Jean-François Desrochers et Patricia Dupuy, ont découvert le flowboarding. «Nous pratiquons le surf et le kayak un peu partout sur la planète, mais nous n'avions jamais entendu parler de ce sport de glisse qui se pratique sur un simulateur flowrider, raconte Jean-François Desrochers. J'ai littéralement passé la semaine à m'amuser dans la vague. Dès lors, j'ai eu l'idée d'importer le modèle au Québec.» La genèse de ce flowrider, destiné aux adeptes de surf et de boogie board, est avant tout l'histoire du surfer et homme d'affaires californien, Tom Lochtefeld. En 1987, celui qu'on surnommait «le magicien de Big Rock» (spot de surf à la Jolla, près de San Diego) se met à rêver d'une vague éternelle qui permettrait aux mordus de pratiquer leur sport favori en tout temps. Pas question de recréer la vague au complet, mais la partie du dessus seulement. Et dans peu d'eau. Le rêve de Lochtefeld se réalise à la fin de la décennie 1990. Après des années de recherches et de tentatives ratées dans son jacuzzi, Lochtefeld crée enfin son premier simulateur flowrider. Depuis, le produit se peaufine et le sport gagne en popularité. Il y aurait déjà une centaine de prorotypes du genre dans le monde. Au Canada, avant Laval, seule la ville de Kelowna, en Colombie-Britannique, proposait l'attraction. Sauf qu'en s'équipant d'un simulateur flowrider double, Maeva Surf devient unique au pays. Un projet de trois millions de dollars qui devrait générer 25 emplois. Le complexe abrite un comptoir-lunch et un magasin de vêtements griffés. On y retrouve aussi des accessoires pour le surf. De gandes fenêtres permettent d'observer les surfeurs à l'action. Place à l'action Aucune aptitude particulière n'est vraiment requise pour pratiquer le flowboard. Une bonne forme physique est toutefois appréciable car l'activité est exigeante. Et mieux vaut s'abstenir en cas de blessures au cou ou au dos: bien que le trampoline amortisse la chute et que les murs tout autour soient matelassés, le courant est fort et propulse le participant vers le haut du bassin à pleins tubes. Quant aux enfants, ils sont les bienvenus à la condition de mesurer au moins 106 centimètres pour le bodyboard et 132 centimètres pour le surf en position debout. La session d'initiation obligatoire commence par un court théorique d'une demi-heure, le temps d'expliquer les techniques de sécurité, le comportement de la vague et les positions de base sur le bodyboard et le flowboard. La seconde partie, aussi de 30 minutes, s'effectue dans la piscine. On commence donc allongé sur un bodyboard pour apprivoiser la force du courant et expérimenter la chute de moins haut. Une fois à l'aise à l'horizontale, on passe à la verticale. La première participation en piscine dure 60 minutes et coûte 50 $. Par la suite, l'initié qui souhaite revenir s'inscrit à des blocs de 30 minutes à la fois, au coût de 30 $. Pour ouvrir le bassin, il faut un minimum de quatre participants. Aucun matériel n'est requis autre que le maillot de bain et un T-shirt pour éviter les éraflures. Chaque essai dure entre une et 45 secondes. http://www.maevasurf.com

  • Parc national de la Gaspésie -Du zen à l' extrême dans les monts McGerrigle

    Après avoir été jadis fréquenté pour sa mine de cuivre, le secteur Mines-Madeleine, dans les monts McGerrigle, s'affiche aujourd'hui comme l'un des plus beaux domaines skiables hors piste au Québec. Le site est idéal pour qui veut découvrir la haute montagne, que ce soit à skis ou en raquettes. À une demi-heure en motoneige-berlot et en chenillette (catski) du Gîte du Mont-Albert. Trois journées dans la neige, trois journées de bonheur. Sainte-Anne-des-Monts — Après 30 minutes d'ascension en motoneige depuis le Centre de découverte et de services du secteur du Mont-Albert, nous rejoignons en catski le sommet du petit mont Sainte-Anne, à 1147 mètres d'altitude. Il neigeote sur le plateau du secteur Mines-Madeleine. Tout est blanc. Où est la terre, où est le ciel? Difficile, dans ce désert monochrome couvert de 2,5 mètres de neige, de distinguer le zénith du relief. Une éclaircie rapide permet d'entrevoir le sommet du mont Jacques-Cartier. Nous chaussons nos raquettes. Nous sommes aux monts McGerrigle, dans le parc de la Gaspésie, au paradis de la poudreuse et des beaux paysages en hauteur. Une montagne accessible à tous, selon ses ambitions: on peut aussi bien éprouver le vide sur une falaise enneigée en planche à neige ou en skis de haute route ou nordique, passer une nuit en refuge rustique, se promener en raquettes à 1000 mètres d'altitude ou en ski de randonnée, calmement, autour du sélect Gîte du Mont-Albert. Rencontre au sommet Au pinacle, Virginie Morissette, guide pour l'entreprise Ski Chic-Chocs, nous distribue un Détecteur victime d'avalanche (DVA) que nous enfilons sous nos manteaux. «Bien que nous évoluerons sur de hauts plateaux sans dénivelé sérieux, nous ne prenons pas de chances, dit-elle. Skieurs comme raquetteurs doivent porter l'appareil émetteur. Difficile d'imaginer qu'il puisse y avoir des avalanches au Québec.On les associe plutôt aux Alpes et aux Rocheuses. Pourtant, comme le signalait ce matin-là Dominique Boucher, directeur général du Centre d'avalanche de la Haute-Gaspésie, elles auraient fait, depuis 1825, plus de 70 morts dans la province, dont une vingtaine en pratiquant un sport d'hiver en montagne. Aussi est-il fortement recommandé, dans le parc de la Gaspésie, de ne s'aventurer sur les hauts plateaux du massif des Chic-Chocs et des monts McGerrigle que si l'on connaît bien le terrain et les risques associés au ski de haute montagne. Et de consulter le bulletin de neige et de météo du site Web du Centre d'avalanche avant le départ. On ne rigole pas avec les avalanches! Virginie Morissette connaît par coeur les chemins qui sillonnent les étendues de neige de du secteur Mines-Madeleine. Un paysage de toundra fabuleux dont seule la cime des épinettes émerge de l'épais couvert de neige formant un sanctuaire de colossales momies aux formes étranges. La hauteur de ces fantômes, qui en fait ne constituent que le faîte de l'arbre, en dit long sur la grandeur réelle de ces épinettes. Parfois, notre guide époussette une branche d'arbre, puis une autre. Apparaissent alors des rubans orange. Voilà donc les balises! Fallait le savoir. Des traces de caribou nous rappellent que nous sommes dans leur refuge. Ici vit la dernière horde de caribous au sud du fleuve Saint-Laurent. Ils sont en danger. De 700 à 1500 têtes au début des années 1950, le parc n'en compte plus qu'environ 150, qui évoluent en trois groupes distincts répartis dans les secteurs des monts Jacques-Cartier, Albert et Logan. «Attention aux trappes à neige en vous approchant des épinettes, prévient la naturaliste. Parfois, des poches d'air se forment autour des arbres et sous l'effet de notre poids le couvert de neige peut lâcher. On peut enfoncer jusqu'au cou. Une fois piégé, il est épuisant d'en sortir.» Nul doute que la présence d'un guide est appréciée lors d'une première visite au sommet. Hors piste Pendant qu'une partie de notre petite bande s'adonne à la randonnée à raquettes de neige au sommet, l'autre partie, les plus téméraires, goûte au ski hors piste avec remontées en catski dans l'arrière-pays. Avis aux intéressés: ne pas surestimer vos talents de skieurs sur neige damée et travaillée mécaniquement. Comme le note si bien Roger Laroche, sur son site Web Carnet de ski, «la neige est si abondante qu'il est impossible de prendre appui avec les bâtons en cas de chute. Ma première descente aura constitué une leçon d'humilité.» Puis, il y a les arbres à contourner. Et les dénivelés qui oscillent entre 350 et 500 mètres. Heureusement, chaque descente est encadrée par un ouvreur de piste qui vérifie la sécurité du terrain et encourage les participants qui en sont à leur première expérience dans la poudreuse. Ski Chic-Chocs, lancé en 2009 par le guide de haute montagne Stéphane Gagnon, est la seule entreprise dans le parc national de la Gaspésie à bénéficier d'un permis de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), permettant d'offrir aux skieurs hors piste et aux amateurs de raquettes à neige une remontée mécanisée dans le secteur Mines-Madeleine. Donc, pas de gondoles ou de tire-fesses autres que la présence de la chenillette sur les monts McGerrigle. Partis le matin vers 10h du Centre de découverte et de services, nous sommes revenus vers 16h, enthousiasmés. L'image forte qui reste de cette expédition en montagne gaspésienne, c'est le paysage. Sauvage et grandiose. Demain, une tout autre journée s'annonce. Moins extrême, celle-là. Voire plutôt zen puisque nous participerons à une randonnée yoga de deux heures sur les sentiers autour du Gîte du Mont-Albert. Une journée qui se terminera par un massage thaï. Il en faut pour tous les goûts. *** En vrac - L'entreprise Ski Chic-Chocs offre la location de skis de poudreuse avec peaux d'ascension pour 50 $ par jour. - L'excursion avec Ski Chic-Chocs se fait au départ du Centre de découverte et de services, situé à quelque 200 mètres du Gîte du Mont-Albert. L'Exclusif comprend une pleine journée de ski avec remontée à chenillette, le service de guides qualifiés, les équipements de sécurité en avalanche ainsi que le lunch. La journée revient à 349 $. Quant à la randonnée alpine à raquettes d'une journée au sommet des montagnes, avec transport en chenillette et guide interprète, elle coûte 85 $. - Le Gîte du Mont Albert, classé quatre étoiles, propose 60 chambres dont 48 à l'auberge, puis 10 chambres et 2 suites au pavillon Le Caribou. Depuis 1953, la réputation culinaire du gîte n'est plus à faire. Elle est aujourd'hui assurée par le chef Yvano Tremblay qui, depuis une trentaine d'années, perpétue la tradition d'Euclide Bertrand de n'utiliser que des produits de la région. À savourer: le café flambé Le Chaleureux, mélange de café bien chaud, de cognac, de crème de menthe blanche et de crème de cacao, une création du barman Jérémie. - À expérimenter: la randonnée yoga de deux heures à pied, en raquettes ou en skis de randonnée sur le Sentier de la Lucarne, à proximité du Gîte du Mont-Albert, avec la petite entreprise Ékilibre, dont les pénates sont face au gîte. Vous pratiquerez la respiration du bûcheron, la position de la montagne qui est exécutée face au Mont-Albert, la position de l'arbre pratiquée sous un merisier, du soleil et de la lune au sommet d'un observatoire, du poisson près de la chute Sainte-Anne, le tout se terminant sur une méditation face à la rivière Saint-Anne. Les enfants sont les bienvenus...

  • P.Q. - Moi mes souliers ont beaucoup voyager

    Du chemin avec ou sans ses souliers ferrés, Félix Leclerc en a parcouru au cours de sa vie. Dans Félix Leclerc, poète national, on peut suivre les traces de l'auteur-compositeur, poète, écrivain, acteur et homme engagé pour la souveraineté du Québec, de La Tuque, où il naît en 1914, à l'île d'Orléans, où il meurt en 1988, via Sainte-Marthe du Cap-de-la-Madeleine, Québec, Trois-Rivières, Montréal et Vaudreuil, où il a vécu de grands moments entre 1945 et 1966. À Vaudreuil, Félix Leclerc crée la majeure partie de son oeuvre poétique et romantique. Plusieurs chansons y voient le jour: Moi, mes souliers, Le P'tit Bonheur, L'Hymne au printemps, Bozo, Francis, Présence, Petit Pierre, Le Roi heureux. À Vaudreuil, il écrit des textes pour Radio-Canada et pour le théâtre à l'époque. À Vaudreuil, il prend le temps de flâner dans les champs et au bord de l'eau, de bavarder avec les gens du village, de pratiquer la pêche sur glace, de créer. «Vaudreuil, c'est vraiment une belle époque pour Félix: l'insouciance, la nature, la liberté, les amis près de chez lui, notamment la comédienne Janine Sutto et son mari Henri Deyglun, écrit Marcel Brouillard, coauteur, avec Huguette Brun, de l'ouvrage de 260 pages. Souvent, avec Guy Mauffette et son beau-frère Yves Vien, ils se réunissent et forment un trio époustouflant.» L'ouvrage biographique, illustré de 24 tableaux couleur inspirés de l'oeuvre poétique de Félix Leclerc, et qui recèle plein d'anecdotes croustillantes et de confidences, se lit comme un roman. Les deux auteurs lèvent le masque de façon originale sur des aspects méconnus de la vie du personnage. Au fil des pages, on découvre comment et où furent créées ces chansons légendaires, qu'il se déplace en Harley-Davidson d'occasion, un cadeau du frère aîné Jean-Marie, que Jean Giono prit sa défense lorsqu'il fut accablé par la critique malicieuse, qu'à 29 ans, découragé et surmené, il fit un «burn-out», que la critique le sacralise en France, le démolit au Québec... Tout n'avait donc pas été dit sur Félix Leclerc. Et il n'est pas question que de Vaudreuil dans cet ouvrage, mais aussi de sa famille, de ses débuts à la radio, de ses séjours en Europe... C'est ce qui a convaincu Sylvain Charbonneau, éditeur aux éditions Vaudreuil, d'embarquer dans l'aventure de ce beau livre qui se veut un hommage au poète. «L'idée de Marcel Brouillard (ex-voisin, ami de Félix, journaliste, romancier...) de jumeler ses connaissances sur Félix Leclerc au talent créateur d'Huguette Brun, artiste peintre, a eu raison de mes dernières réticences.» «C'est toute une page de l'histoire du Québec que l'on peut lire dans ce livre biographique original, qui nous fait connaître davantage l'oeuvre et l'homme derrière la légende, précise dans sa préface Mario Beaulieu, président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Puisse ce volume captivant se retrouver dans toutes les maisons d'éducation pour apprendre aux jeunes la fierté d'être Québécois. Félix, le patriote, avait le rêve d'avoir un pays normal, un Québec français inclusif et ouvert sur le monde. Un ouvrage crucial pour les générations à venir.»

  • Canada - De la plaine au Pacifique

    De Calgary à Vancouver, le Rocky Mountaineer traverse six chaînes de montagnes, un désert en altitude, une forêt humide tempérée. Le train se faufile entre pics enneigés, glaciers, canyons, lacs et vallées, empruntant tunnels et viaducs, longeant fleuve et rivières. Mille kilomètres d'histoire et de paysages grandioses, que le train parcourt à une vitesse moyenne de 50 km/h. Deux journées de bonheur pour le plaisir des yeux et du palais. Banff — Une ombre a bougé derrière un arbre. Un grizzly? À moins que ce soit mon imagination aiguisée par la lente progression du train entre les escarpements rocheux et les forêts de pins, le long de rivières turquoise, au beau milieu d'une symphonie minérale de pics et de rocs où coulent des chutes fougueuses? En 12 heures, on passe de la plaine à la montagne et au désert. Quel incroyable panorama! À ne plus savoir où donner du regard. Par ici, le mont Castle, à 2730 mètres, dont la forme rappelle celle d'un château avec ses tourelles crénelées. Par là, la petite gare en bois du lac Louise, l'une des 12 gares ferroviaires inscrites au patrimoine culturel canadien. On ne voit pas le lac turquoise mais on aperçoit le sommet du mont Victoria. La ligne de chemin de fer est un musée à ciel ouvert. Mais ici, c'est la nature qui raconte l'histoire. Chaque montagne, chaque lac, chaque chute, chaque glacier porte le nom d'un explorateur, d'un géologue, d'un trappeur, d'un prospecteur qui a contribué au développement de la région. La royauté britannique a aussi eu sa part du gâteau. Par exemple, le lac Louise, jadis le lac Émeraude, a été baptisé en l'honneur d'une des filles de la reine Victoria, Louise Caroline Alberta. On devine que la province lui doit aussi son nom. Quant à la localité de Banff, connue des cheminots sous le nom de Siding 29, Lord Strathcona la renomma en 1880 d'après le comté de Banffshire, en Écosse, d'où il était natif. Entre autres services à bord du Rocky, le vacancier a droit tout au long du parcours à des commentaires instructifs sur la géologie, la faune et la flore. Plus que dix kilomètres avant d'atteindre la petite ville de Stephen, où se situe la ligne de partage des eaux et la frontière entre le parc national de Banff, en Alberta, et celui de Yoho, en Colombie-Britannique. À 1626 mètres d'altitude, Stephen est le point le plus élevé de cet itinéraire de deux jours. Dans une vingtaine de minutes, nous franchirons les tunnels en spirale. C'est ça, le circuit First Passage to the West à bord du Rocky Mountaineer! D'abord, une promenade en train dans l'Ouest canadien, au coeur de paysages à couper le souffle, puis une leçon d'histoire et de génie sur les traces du Canadien Pacifique, légendaire pour avoir réuni la Colombie-Britannique au Canada, il y a 125 ans. Et c'est une expérience gastronomique pour qui voyage en classe Goldleaf. Dans ce cas, on a droit aux repas chauds assis confortablement dans la salle à dîner située à l'étage inférieur du wagon de deux étages, muni d'un dôme de verre et de vitres surdimensionnées qui permettent d'apprécier le paysage en mode panoramique. Le voyageur a aussi le choix de monter à bord à Calgary ou à Banff. Par la suite, le train poursuit son chemin jusqu'à Vancouver avec comme unique arrêt une nuitée à Kamloops, à l'hôtel Thompson. En débutant le voyage à Banff, bien qu'on loupe l'entrée dans les Rocheuses, on a le plaisir de découvrir le fameux village de montagne de 7000 habitants qui accueille chaque année plus de 4,5 millions de touristes, ainsi que son parc national et les sources chaudes du mont Sulphur, à l'origine de la création, en 1885, du premier parc national canadien. «Puisque nous ne pouvons pas exporter les paysages, importons les touristes!» Tel était le but de l'Américain William Cornélius Van Horne, directeur général de la Canadian Pacific Railway, chargée, en 1881, de prolonger jusqu'au Pacifique la ligne de chemin de fer qui se terminait alors à Winnipeg. Relier le Canada d'un océan à l'autre fut une tâche colossale. Remplir le train, une autre. Un défi relevé par Van Horne qui, en plus de diriger la construction de lignes ferroviaires, fit construire des hôtels de luxe à l'allure de châteaux, tel le Banff Springs Hôtel, Château Lake Louise, Château Frontenac... maintenant propriété du groupe Fairmont. Et voilà les tunnels en spirale. Les voyageurs sont sur le qui-vive. On ne sait plus où donner de la tête. Puis, c'est le noir total pendant une vingtaine de minutes. Le temps pour le train de transpercer les mont Odgen et Cathedral, respectivement longs de 912,5 et 933 mètres, de s'entortiller deux fois sur lui-même tel un escargot et de traverser deux fois la rivière Kicking. «On a entrepris la construction des tunnels en 1907, explique l'agent de bord. Le souci: la "grande côte", un tronçon fortement incliné entre Field et Hector. Non seulement reconnue dangereuse, cette pente de 4,5 % d'inclinaison entraînait d'énormes frais d'entretien. La construction a duré vingt mois et fait appel à 1000 hommes. La pente fut réduite à 2,2 %.» Les émotions, ça donne de l'appétit: le personnel a prévu le coup et sert une collation composée de scones, de thé, café et jus. Le bar est ouvert en tout temps et l'ambiance est à la détenete. Il est 14h30 lorsqu'on passe à table, les yeux rivés sur le paysage. «On ne sert que des produits régionaux à bord», explique Frédéric Couton, chef exécutif du train, un Savoyard d'origine venu au pays il y a 28 ans. Au menu: du boeuf de l'Alberta, du poulet et de l'agneau de la vallée de Fraser, du saumon du Pacifique et du vin de la vallée de l'Okanagan. En tout cas, en longeant la rivière Eagle, rouge de saumons, on constate que le gros poisson migrateur abonde vraiment dans le coin. Nous suivons la rivière sur 48 kilomètres entre Sicamous et Three Valley Gap. C'est toutefois sous le pont de l'Eagle et durant les mois de septembre et octobre qu'on peut le mieux observer la fraie du saumon. D'un océan à l'autre Nous voilà à Craigellachie. C'est donc ici que fut enfoncé, le 7 novembre 1885, le dernier crampon de la voie ferrée du CP. Sur la petite plate-forme extérieure prévue pour prendre l'air, se délier les jambes et photographier tout ce qui défile sous nos yeux, on a l'impression d'entendre les cris de joie des spectateurs qui ont assisté à l'achèvement du premier chemin de fer transcanadien. Il aura fallu presque six ans. Un cairn marque l'emplacement de l'événement. À quelques minutes de la gare de Kamloops, un homme assis sur son balcon lève un toast à l'arrivée du train. Les enfants envoient la main. Décidément, ce train est une véritable curiosité. On se croirait maintenant en Arizona. Plus rien à voir avec les paysages de montagnes du début. Il y a belle lurette qu'on a quitté les montagnes Rocheuses, dès Palliser, sur la rivière Columbia. Depuis, nous avons traversé le col de Rogers, dans la chaîne Selkirk, qui reçoit tant de neige en hiver que les ingénieurs ont dû s'échiner à inventer des systèmes sophistiqués pour protéger la voie ferrée des avalanches: paravalanches, digues de déviation, tas freineurs... La neige n'est toutefois pas la raison qui empêche le Rocky Mountaineer de poursuivre ses activités en hiver. La politique du train panoramique est de ne voyager que le jour, de façon à ne rien manquer du paysage. Étant donné qu'en hiver les journées sont courtes, il serait impossible de compléter l'itinéraire de 1000 kilomètres en deux jours seulement. Le train roule en moyenne dix heures quotidiennement. Et en fonction du trafic ferroviaire, surtout près de Vancouver, il peut être considérablement retardé. Le train continue sa route vers Glacier, traverse dix fois la rivière Illecillewaet, passe par Revelstoke, dans la vallée du Columbia, et longe le lac Shuswaa. À Kamloops, tout le monde descend! Les vacanciers au départ de Calgary sont à bord depuis 12 heures. L'escale est appréciée. À l'hôtel Thompson, les bagages, on les retrouve dans la chambre. Après Kamloops, le train poursuit vers l'ouest, le long du fleuve Fraser. Avec ses 1368 kilomètres, le plus long cours d'eau en Colombie-Britannique s'étend sur près d'un quart de la province. Au sud de Quesnel commence le profond canyon creusé par le Fraser jusqu'à Hope, dans les monts Cascade. La petite ville est entourée sur trois côtés par de hautes montagnes. Puissant fleuve, le Fraser occupe une place spéciale dans l'histoire du chemin de fer canadien. C'est à Andrew Oderdonk, un entrepreneur en construction, que revint la tâche de construire le tronçon qui allait traverser le canyon du Fraser, lit-on dans The Rocky Mountaineer Mile Post. «L'homme d'affaires estime à 10 000 le nombre d'hommes nécessaire pour achever cette tâche. La Colombie-Britannique étant peu peuplée à la fin du XIXe siècle, il fait venir des travailleurs chinois de Californie. Ces derniers étaient expérimentés et parlaient l'anglais, puisqu'ils avaient travaillé à la construction de Union Pacific aux États-Unis. On fit aussi venir de Canton des hommes habitués à porter des charges lourdes. Des porteurs de thé, entre autres.» Bien que l'on utilisa foreuses mécaniques à vapeur, racleuses tirées par des chevaux et explosifs durant la construction, la presque totalité du travail se faisait à force de bras. «Les travailleurs chinois étaient payés un dollar par jour, une somme énorme comparativement au salaire quotidien de 0,07 sous en Chine. Mais, malheureusement, beaucoup de ces hommes moururent d'épuisement, de scorbut, de variole ou d'accidents dus à la mauvaise manutention des explosifs. Durant cette période, on a dénombré entre 10 000 et 15 000 travailleurs chinois.» Le Rocky Mountaineer propose quatre itinéraires dont trois sur deux jours qui incluent une nuitée d'hébergement en mi-parcours. «First Passage to the West», celui que nous effectuons entre Calgary et Vancouver; «Journey through the Clouds» entre Vancouver et Jasper via Kamloops, en Alberta avec deux points forts: le mont Robson, le plus haut sommet des Rocheuses canadiennes, et les chutes Pyramid; «Rainforest to Gold Rush» qui, via la forêt tempérée humide de la côte et le désert du canyon du fleuve Fraser, mène aux ranchs du Cariboo Gold Rush; et enfin «Whistler Sea to Sky Climb», un circuit de trois heures seulement au départ de Vancouver vers Whistler, pour qui souhaite découvrir la chaîne des montagnes côtières. *** En vrac -Les trains roulent de la mi-avril à la mi-octobre. *À voir et à faire à Banff... Datant de 1895, le Banff Park Museum est le musée d'histoire naturelle le plus ancien de l'Ouest canadien. On peut voir tout la faune des Rockies empaillée. Un tour de gondole au sommet du mont Sulphur, à 2270 mètres. La vue sur les Rocheuses et la Bow River, couleur émeraude, est grandiose. Un petit sentier mène sur des passerelles de bois à une ancienne station météo. Une virée au lac Moraine pour voir la couleur de l'eau. Plus sauvage que le lac Louise. Ouvrir l'oeil pour le grizzly. Nous l'avons vu de la route, près de Banff, en train de manger des baies. En septembre, c'est la saison des petits fruits. Les chances sont bonnes de l'apercevoir. L'ours mange en moyenne 2000 baies par jour. -Le Rocky Mountaineer est la plus grande entreprise ferroviaire privée en Amérique du Nord. Depuis 1990, plus d'un million de passagers provenant de tous les coins du monde ont découvert les Rocheuses et l'Ouest canadien à bord de ce train panoramique. Plus de 50 % des passagers proviennent de l'étranger, en particulier des Australiens, des Britanniques, des Américains et des Japonais. La moyenne d'âge se situe dans la cinquantaine. -Deux classes sont offertes à bord du Rocky Mountaineer: Redleaf et Goldleaf. La première offre des repas froids servis aux sièges et la seconde, des repas chauds servis dans la salle à manger. Chaque wagon de cette classe de luxe compte également quatre personnes au service et à l'animation et trois à la cuisine. -Information: 1 877 460-3200, www.rockymountaineer.com/fr.

  • États-Unis - Key West, prélude à la Caraïbe

    Cette Floride-là est cubaine dans l'âme. Il est vrai que la dernière île de l'archipel des Keys se trouve plus près de Cuba que de Miami. Les coqs déambulent librement, on y fume le cigare, y pêche le marlin, y danse la salsa et y consomme plus de Mojito que de Coca-Cola. Il plane aussi dans la capitale caraïbe floridienne le souvenir d'Ernest Hemingway, de Tennessee Williams, de Thomas Sanchez... Virée culturelle à l'extrême pointe sud des États-Unis continentaux, au kilomètre zéro de la US Highway 1. Key West — L'île la plus méridionale des États-Unis continentaux ne dit pas grand-chose aux Québécois fuyant les frimas de l'hiver. La vie y est peut-être trop chère, ou pas assez exotique? Nous sommes en Floride, ici. Quoi qu'il en soit, les Québécois préfèrent Cuba, les Bermudes, le Mexique ou la République dominicaine à Key West, où l'on trouve pourtant de grandes stations balnéaires et un centre-ville pas banal du tout, au riche patrimoine bahamien, cubain, américain. Par contre, ceux qui l'ont vue l'adoptent. On pense tout de suite à Michel Tremblay et à Marie-Claire Blais. Et moins près de nous à Ernest Hemingway, Tennessee Williams et Thomas Sanchez. Tous y ont élu domicile un temps, trouvant la ville inspirante. Une petite municipalité de 25 000 habitants permanents, aux rues bordées de coquettes maisons en bois, où les coqs se promènent en liberté, un héritage cubain datant de la fin du XIXe siècle pour se débarrasser des scorpions. En 1867, plus de 100 000 Cubains fuient leur île toujours en guerre avec les Espagnols. Issus de familles prospères et reconnus pour leur savoir-faire en matière de fabrication de cigares, ils sont nombreux à venir à Key West pour travailler au sein d'une industrie florissante sur l'île. On y produit alors annuellement 100 millions de cigares dans plus de 166 manufactures. Si les Cubains roulent toujours le cigare à Key West, le tabac, lui, ne provient plus de Cuba mais strictement des États-Unis. On peut jaser avec les rouleurs dans l'un ou l'autre des nombreux salons de cigares qui bordent la rue principale du centre-ville, où les amateurssont invités à humer et déguster une variété de havanes aux volutes parfois peu agréables. La République des Conches Les keys ont beau être en Floride, rien ici ne rappelle «l'État ensoleillé», sauf le bleu de la mer et le soleil. Donc, pas de vagues à faire damner les surfers ni de promenade en bois en front de mer. Les plages, alors? Eh bien, elles sont quasi inexistantes dans l'archipel. «La surprise est grande pour les voyageurs habitués aux longues et larges plages sablonneuses des côtes floridiennes, précise Claude Morneau, l'auteur de Floride, aux éditions Ulysse. À part dans le Bahia Honda State Park, il n'y a pour ainsi dire pas de plage dans les Keys. «Ce sont les vagues qui transportent le sable sur les côtes, ce qui en vient à former les plages. Or les keys sont "protégées" par une longue barrière corallienne sur laquelle se brisent les vagues avant de rejoindre le littoral, ce qui les force du coup à abandonner leur cargaison de sable.» Côté plage, Key West ne fait donc pas exception à la règle du sable demeuré prisonnier de la barrière corallienne. Malgré cela, la création se montre généreuse côté couleurs de la mer. Une invitation à la baignade et à la plongée. On piquera une tête dans l'eau à la petite plage sauvage Fort Zachary Beach, à l'extrémité ouest de l'île, ou à Municipal Beach, au sud, la plus longue avec ses deux kilomètres, et la plus populaire aussi. Sinon, les hôtels en front de mer offrent toutes une plage aménagée en fonction de leur caractère, plutôt pittoresque à Key West. Comment sont nées ces fameuses keys? La description la plus imagée du phénomène, c'est dans le magazine Géo de 1997 que nous l'avons dénichée: «Un peu de sable saupoudré au ras de l'océan, sur un socle corallien. La végétation tropicale parachève le miracle.» Un chapelet d'une quarantaine d'îles, reliées entre elles par une saisissante voie routière sur pilotis de 141 kilomètres. Une aventure qui commence à Key Largo, la plus longue des keys. Pour atteindre la dernière île depuis Key Largo, le voyageur doit emprunter l'Overseas Highway, un tronçon de la route fédérale US 1 qui commence à Key West pour se terminer à Fort Kent, dans le Maine, à la frontière canadienne. Le long ruban qui s'étale à l'infini tel un élégant trait de plume, avec d'un côté l'océan Atlantique et de l'autre le golfe du Mexique, est une oeuvre d'art de génie civil. Parcourir cette route au coucher du soleil? Wow! C'est à l'homme d'affaires américain Henry Flager que revient la brillante idée d'un chemin de fer qui allait relier Key West à Miami. Après sept ans de travail dans des conditions parfois précaires, l'Overseas Railroad est enfn inauguré en 1912. Mais la voie ferrée est détruite par un ouragan en 1935. Trop coûteuse à reconstruire, elle est remplacée en 1938 par l'Overseas Highway. La partie la plus étonnante de la route est sans conteste le Seven Mile Bridge, long de 11 kilomètres et surélevé dans sa partie centrale pour permettre le passage des bateaux. Quant aux Conches (mollusque à coquille dure et rugueuse), il s'agit du surnom que se donnent les natifs de Key West depuis 1982, alors que la patrouille frontalière américaine mettait en place des contrôles drastiques le long de la US 1 pour rechercher drogue et immigrants illégaux. Les habitants des keys se sentent soudainement comme des étrangers, se révoltent et proclament leur indépendance. Depuis, le drapeau de la Conch Republic flotte au-dessus des bâtiments officiels, à côté du drapeau américain. L'indépendance est fêtée chaque année, du 20 au 29 avril. Quelques incontournables En tête de liste des incontournables, la maison d'Ernest Hemingway. L'écrivain a vécu à Key West, au 907 Whitehead Street, de 1931 à 1940. C'est le meilleur endroit pour découvrir l'homme dont l'oeuvre fut couronnée du prix Nobel de littérature en 1954. Dans cette belle maison hispanique de style colonial construite en pierre, l'auteur du Viel Homme et la Mer a écrit ses plus célèbres romans, dont L'Adieu aux armes, Les Neiges du Kilimandjaro et Pour qui sonne le glas. La maison, joliment restaurée, peut être visitée. Avec son jardin luxuriant, sa piscine d'eau salée taillée dans le corail qui a coûté «une beurrée», elle a conservé le charme de l'époque et offre une bonne entrée en matière à la découverte de cet auteur, amoureux des femmes et...des chats. Il en avait, à l'époque, plus de 60, dont une trentaine présentaient un trait génétique spécial, une sixième griffe. La descendance féline continue de régner en nombre sur la propriété. Côté architectural, les maisons de Key West sont loin d'être dépourvues d'intérêt. Le circuit historique et architectural Pelican Path, balisé par de petits pelicans, mène vers les plus belles d'entre elles. À pied ou à vélo, il est préférable de commencer la visite tôt le matin, lorsque le soleil ne tape pas trop fort. Pour de vrai, c'est la Caraïbe, ici. Key West englobe la plus importante concentration de demeures construites en bois aux États-Unis au cours du XIX e siècle. Quant à la Duval Street, l'artère principale de la ville, il s'agit bien sûr d'un incontournable. On y vend des breloques et on y mange, danse et picole jusqu'au bout de la nuit. Hemingway avait l'habitude de passer ses soirées au Sloppy Joe's Bar, le grand classique des nuits de Key West. On continue de s'y dandiner fiévreusement chaque soir, sur de la musique live rock ou country. Une exposition sur les murs raconte la vie de l'écrivain. On dit que l'alcool l'aidait à transformer ses aventures en romans. Un autre monument historique: le Captain Tony's Saloon, le plus vieux café de Key West. Tony Tarracino, l'ancien propriétaire, se rendit populaire en organisant des voyages clandestins à Cuba pour ramener des réfugiés. Également réputée pour son importante communauté gaie, Key West reste très discrète là-dessus. Trois choses encore... Il y a de bons restaurants ici, le voyageur ne se nourrit pas que de hamburgers et de pizzas. Un tour dans le quartier bahamien permet de comprendre le rôle joué par les ressortissants des Bahamas dans l'histoire de la ville. Et, pour finir, s'offrir une pointe de la fameuse Key Lime Pie au Blond Giraffe: unique! En vrac * Key West est ituée à environ 2800 kilomètres du pont Champlain, à Montréal. En avion, différentes compagnies américaines desservent le Key West International Airport, dont Delta et American Airlines. * Voyages Gendron propose des idées d'itinéraires, des hébergements et des forfaits avion-voiture de Miami ou de Fort Lauderdale. www.voyagesgendron.com. * Construit en 1921 pour loger les riches Américains du nord des États-Unis qui, grâce au chemin de fer, pouvaient s'y rendre facilement, l'historique Casa Marina & Beach Club demeure l'hôtel de luxe par excellence. Élégant et raffiné, ce resort est une bonne adresse pour qui souhaite lire en toute tranquillité sur la plage ou au bord de la piscine, ou découvrir Key West. www.casamarinaresort.com. * À voir: le Mallory Square pour célébrer le coucher du soleil en compagnie de musiciens et d'amuseurs publics, une tradition sur l'île; le Key West Museum of Art & History (kwahs.com), à la fois musée d'art et d'histoire de l'archipel des Keys; le Mel Fishers Maritime Museum (melfisher.org), pour la petite histoire des shipwreckers et de l'épave du navire espagnol Nuestra Senora de Atocha; le Southernmost Point, à l'angle des rues Whitehead et South, une grande borne qui indique le point le plus méridional rattaché aux États-Unis continentaux. À lire: Floride, aux éditions Ulysse; le Guide du routard 2010 sur la Floride; Kilomètre zéro, de Thomas Sanchez; En avoir ou pas (To Have and Have Not) d'Ernest Hemingway.

  • Canada - Terre-NeuveSur le chemin des Vikings

    Publié dans le Devoir du 30 octobre 2010 Une île, un gros caillou, un terrain de jeux. Terre-Neuve est formée de fjords et de montagnes, entourée de falaises et parsemée de villages colorés, où la nature fait la pluie et le beau temps. Une province à la mentalité infiniment insulaire, que les glaces polaires s'investissent à caractériser encore plus. Sauvage et chaleureuse, elle est repliée sur elle-même mais capable d'élans profonds, comme en témoigne le roman d'Annie Proulx Nœuds et dénouement. De Deer Lake à L'Anse aux Meadows, un voyage entre action et contemplation. Deer Lake — Terre-Neuve raconte des histoires à donner la chair de poule. Des récits de Vikings, de pirates, de naufrageurs et de pêcheurs venus de France, d'Angleterre, d'Espagne, du Portugal, attirés jadis par la multitude de bancs de morues. «Elles étaient si abondantes, raconte-t-on là-bas, qu'elles ralentissaient les bateaux dans leur course vers les îles aux épices.» Cinq cents ans de pêche abondante, puis plus rien! Terre-Neuve perd une partie de son identité le 2 juillet 1992: «La chute abrupte des stocks de morues et d'autres poissons de fond a obligé le Canada à interdire cette pêche au large des côtes orientales de Terre-Neuve et du Labrador, explique Kevin, guide dans le parc national Gros-Morne. Seize mille personnes ont perdu leur travail. Le gouvernement canadien a alors décidé d'investir dans le tourisme.» En survolant Terre-Neuve, on perçoit un peu de l'Irlande. Un mélange de vert intense et de gris. L'île, surnommée The Rock par les «locaux», située à l'embouchure du Saint-Laurent, à mi-chemin entre le centre de l'Amérique du Nord et les côtes de l'Europe occidentale, est tapissée de tourbières, de lacs, de rivières, de marécages, d'étangs. Un paysage dominé par une forêt d'épinettes, de sapins baumiers, de bouleaux à papier, de sorbiers d'Amérique, de peupliers faux-tremble. On sent l'audace des écosystèmes face aux intempéries: vent, pluie, neige et glace. «Une île mouillée», selon l'écrivaine Annie Proulx, née aux États-Unis de parents d'origine canadienne-française, dans Noeuds et dénouement (The Shipping News), dont la trame se déroule au nord de la péninsule Great Northern. «Neuf mille kilomètres de côtes noyées dans la brume, écrit-elle. Des récifs sous l'eau bridée. Des bateaux traçant leur route entre deux falaises de glace. La toundra et la lande, une terre d'épicéas rabougris. Les seules villes étaient de glace, icebergs au coeur d'aigue marine...» Le roman lui a valu le prix Pulitzer en 1994. L'avion amorce sa descente au niveau de la vallée de la Humber, qui s'étend sur 70 kilomètres en suivant le cours de la rivière éponyme, entre Bay of Islands et la petite ville de Deer Lake, porte d'entrée de la Grande Péninsule du Nord. Nous filons ensuite vers Corner Brook, deuxième ville en importance à Terre-Neuve-et-Labrador. Située à environ 40 minutes de Deer Lake, la capitale de l'ouest de l'île occupe un site splendide en bordure du fjord Humber Arm. Tiens, curieux: des drapeaux du Canada bordent la Transcanadienne. Puis, au niveau de la ville de Pasadena, un attroupement. Du monde partout le long de la route. Des camions de pompier aussi. Un accident? Mais non, les gens ne brandiraient pas des drapeaux ainsi. «Nous attendons l'arrivée du corps du jeune caporal Brian Pinsken, mort en Afghanistan la semaine dernière, explique un pompier. Il était originaire de Corner Brook et sera enterré au Mount Patricia Cemetery. Le temps d'avaler un chowder et nous revoilà sur la route 1 en direction de Marble Mountain Ski Resort. Le centre de ski, situé à Steady Brook, à huit kilomètres de Corner Brook, offre des dénivelés de plus de 550 mètres. «La meilleure station de l'ensemble des provinces de l'Atlantique», lit-on dans le guide Ulysse Provinces atlantiques du Canada. Si en été on explore le pays à pied et en bateau de croisière, en hiver on y vient pour le ski. Terre-Neuve se visite en toute saison. C'est qu'il y a des montagnes ici! Et de la neige. Marble Mountain en reçoit en moyenne quatre mètres. En attendant, le Marble Zip Line, un circuit d'arbre en arbre plutôt spectaculaire dans un décor digne du Costa Rica, offre une solide dose d'adrénaline en plus d'occasionner sueurs froides et courbatures si l'on ne lâche pas prise au moment où on plane au-dessus d'une gorge vertigineuse creusée par une chute spectaculaire. À une hauteur de 85 mètres. À une vitesse de 45 km/heure. Sur un fil long de 500 mètres. Les soucis sont bien loin derrière. Sur la route des Vikings À partir de Deer Lake, on emprunte la route 430, puis la 431 vers Woody Point, un petit village pittoresque de pêcheurs et un centre culturel important. Beaucoup d'artistes ont adopté l'endroit et on y trouve un théâtre. Woody Point repose sur la rive sud d'un profond fjord du nom de Bonne Bay, dans le parc national Gros-Morne. Désigné Site du patrimoine mondial par l'UNESCO en 1987 pour son importance géologique, le parc travaille sur trois aspects, explique Jeff, le directeur général: la culture, la beauté, les caractéristiques géologiques. Pour comprendre le fameux phénomène géologique qui attire les scientifiques du monde entier, une randonnée au Tablelands, en compagnie d'un guide, est fortement recommandée. Le site est protégé, mais facilement accessible en auto, qu'on peut stationner au départ du sentier de randonnée de quatre kilomètres qui évolue au coeur de roches issues du manteau terrestre. «Pensez à la terre en termes de couches, explique Kevin. Elle est d'abord recouverte d'une mince couche extérieure, la croûte terrestre dont l'épaisseur varie entre 5 et 75 kilomètres. Sous cette couche extérieure, une autre: le manteau terrestre. Il y a 500 millions d'années, lors de la tectonique des plaques (ou dérive des continents), de grosses sections de ce manteau ont été poussées vers le haut. Durant les derniers 250 millions d'années, ce matériel s'est érodé, donnant le champ de roches que vous voyez ici. À la surface, la roche libère son fer.» On se croirait au coeur de l'Arizona, en plein désert, mais d'un point de vue géologique, rien à voir. Tout est rouge et brun, sans vie. Ou presque. Car on aperçoit tout de même, par ci, par là, quelques sarracénies pourpres, la fleur emblème de la province. Elle est dotée d'une féroce détermination et toujours droite, beau temps, mauvais temps, face au vent, «à l'instar des Terre-Neuviens; voilà pourquoi elle réussit à faire son chemin dans ce rude univers», précise Kevin. La randonnée est certainement l'un des meilleurs moyens de découvrir le parc national Gros-Morne et ses paysages magnifiques. «Les traverses Long Range, North Rim et Woody Point/Trout River sont les plus redoutables défis que le parc peut offrir aux randonneurs, explique le guide. Mieux vaut savoir lire cartes et boussoles pour les entreprendre. Aucun repère n'indique le chemin et les conditions climatiques peuvent changer rapidement.» Sinon, le marcheur plus sage découvrira des kilomètres et des kilomètres de sentiers clairement jalonnés d'un bout à l'autre et parfois même équipés de trottoirs, ponts et escaliers aux endroits nécessaires. À 806 mètres d'altitude, le mont Gros-Morne est le plus haut du parc. Le sentier James-Callaghan mène au sommet. Bien qu'un peu difficile, on ne regrette pas l'effort pour la vue qu'il permet sur le pinacle. Nous remontons la côte ouest de la péninsule Great Northern, le long de la route 430. Les deux plus grands dangers: les flaques d'eau qui ont le même effet que la glace noire, et les orignaux. On dénombre dans le parc quatre de ces imposantes bêtes par kilomètre carré, alors qu'il n'y a que deux humains dans le même espace. On lit sur les panneaux routiers qu'en 2010 il y aurait eu 25 collisions impliquant le plus grand cervidé de nos forêts. Villages de pêcheurs, anses cachées, falaises, plages et dunes de sable spectaculaires, jolis phares et cette mer omniprésente qui invite à toutes les rêveries. Conseils aux photographes néophytes: assurez-vous d'avoir des piles de rechange et veillez à apporter plusieurs cartes-mémoire car le pays est vraiment photogénique. Et même par temps pluvieux! Dans le secteur nord du parc, sur la route 430, un sentier de randonnée de trois kilomètres sur un trottoir de bois au-dessus de tourbières aboutit à un embarcadère, où une excursion de deux heures sur l'étang Western Brook mène vers un fjord intérieur cerné de parois hautes de 600 mètres. Mille et une choses encore... Cow-Head, village hôte du festival de théâtre du Gros-Morne; la baie de Shallow, pour une promenade sur les plages de sable et le Lieu historique national de l'Anse-aux-Meadows, désigné Site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1978. C'est ici, dans ce village du bout du monde, que les Vikings ont établi le premier établissement européen en Amérique du Nord, il y a environ mille ans. Les fondations de huit bâtiments témoignent de leur passage. Le Lieu historique national a reconstitué trois huttes de terre qu'on peut visiter en compagnie de Vikings. À environ deux kilomètres de là, Norstead est la reconstitution d'un port viking. On y visite un navire viking, une église viking et une maison. En vrac En voiture: de Montréal, emprunter l'autoroute 20 E jusqu'à la 132 E. À Trois-Pistoles, prendre le traversier jusqu'à Les Escoumins. De là, poursuivre sur la 138 E jusqu'à Baie- Comeau, puis prendre la 389 N jusqu'à la route 500 E (la Trans-Labrador), maintenant accessible en auto jusqu'à Blanc-Sablon. De là, emprunter le traversier jusqu'à Sainte-Barbe, sur la péninsule Great Northern, à Terre-Neuve. Assurez-vous d'avoir un pneu de rechange car la route n'est pas bitumée. Ou encore: par la Transcanadienne jusqu'à Sydney, en Nouvelle-Écosse, puis emprunter le traversier à destination de Channel-Port-aux-Basques. En avion: Air Canada, via Halifax, jusqu'à l'aéroport de Deer Lake au nord de Terre-Neuve, pour une arrivée rapide au parc national Gros-Morne. Marble Zip Line, à Steady Brook:www.marbleziptours.com. Parc national de Gros Morne: www.pc.gc.ca/fra/pn-np/nl/grosmorne/index.aspx. Lieu historique national de Port-au-Choix: www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/nl/portauchoix/index.aspx, côté ouest de la péninsule Great Northern. Lieu historique national de l'Anse-aux-Meadows, dans la partie la plus septentrionale de la péninsule Great Northern: www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/nl/meadows/index.aspx. Randonnées guidées à pied ou en kayak de mer: www.grosmorneadventures.com. Excursion en bateau à Western Brook Pond avec Bon Tours: 709 458-2016, www.bontours.ca. À Corner Brook, le Glynmill Inn est un hôtel de style Tudor, assez coquet et très confortable: www.glynmill.ca. À Shoal brook, le Red Mantle est une auberge avec salle à manger située dans le parc national Gros-Morne, à proximité de Woody Point: www.redmantlelodge.ca. À Norris Point, Neddies Harbour Inn est une auberge de charme au bord de la mer: www.theinn.ca. À St.Anthony, le Haven Inn est situé à côté du Grenfell Historic Properties Interpretation Centre, où l'on relate l'histoire de Wilfred Grenfell (le Bethune de la région): www.haveninn.ca. À Main Brook, le au Tuckamore Lodge est un superbe lodge en pleine nature: www.tuckamorelodge.com/tuckamore-lodge-cat.htm. À Cow Head, le Shallow Bay est un motel de luxe et de charme, adjacent au théâtre où se déroule le festival de théâtre de Gros-Morne. À lire: Provinces atlantiques du Canada, aux éditions Ulysse. À déguster: un chowder aux fruits de mer et un steamed partridgeberry pudding recouvert d'une sauce au rhum, au restaurant Seaside à Trout River ou au Old Loft à Woody Point.

  • Sur le chemin des Vikings

    Une île, un gros caillou, un terrain de jeux. Terre-Neuve est formée de fjords et de montagnes, entourée de falaises et parsemée de villages colorés, où la nature fait la pluie et le beau temps. Une province à la mentalité infiniment insulaire, que les glaces polaires s'investissent à caractériser encore plus. Sauvage et chaleureuse, elle est repliée sur elle-même mais capable d'élans profonds, comme en témoigne le roman d'Annie Proulx Nœuds et dénouement. De Deer Lake à L'Anse aux Meadows, un voyage entre action et contemplation. Deer Lake — Terre-Neuve raconte des histoires à donner la chair de poule. Des récits de Vikings, de pirates, de naufrageurs et de pêcheurs venus de France, d'Angleterre, d'Espagne, du Portugal, attirés jadis par la multitude de bancs de morues. «Elles étaient si abondantes, raconte-t-on là-bas, qu'elles ralentissaient les bateaux dans leur course vers les îles aux épices.» Cinq cents ans de pêche abondante, puis plus rien! Terre-Neuve perd une partie de son identité le 2 juillet 1992: «La chute abrupte des stocks de morues et d'autres poissons de fond a obligé le Canada à interdire cette pêche au large des côtes orientales de Terre-Neuve et du Labrador, explique Kevin, guide dans le parc national Gros-Morne. Seize mille personnes ont perdu leur travail. Le gouvernement canadien a alors décidé d'investir dans le tourisme.» En survolant Terre-Neuve, on perçoit un peu de l'Irlande. Un mélange de vert intense et de gris. L'île, surnommée The Rock par les «locaux», située à l'embouchure du Saint-Laurent, à mi-chemin entre le centre de l'Amérique du Nord et les côtes de l'Europe occidentale, est tapissée de tourbières, de lacs, de rivières, de marécages, d'étangs. Un paysage dominé par une forêt d'épinettes, de sapins baumiers, de bouleaux à papier, de sorbiers d'Amérique, de peupliers faux-tremble. On sent l'audace des écosystèmes face aux intempéries: vent, pluie, neige et glace. «Une île mouillée», selon l'écrivaine Annie Proulx, née aux États-Unis de parents d'origine canadienne-française, dans Noeuds et dénouement (The Shipping News), dont la trame se déroule au nord de la péninsule Great Northern. «Neuf mille kilomètres de côtes noyées dans la brume, écrit-elle. Des récifs sous l'eau bridée. Des bateaux traçant leur route entre deux falaises de glace. La toundra et la lande, une terre d'épicéas rabougris. Les seules villes étaient de glace, icebergs au coeur d'aigue marine...» Le roman lui a valu le prix Pulitzer en 1994. L'avion amorce sa descente au niveau de la vallée de la Humber, qui s'étend sur 70 kilomètres en suivant le cours de la rivière éponyme, entre Bay of Islands et la petite ville de Deer Lake, porte d'entrée de la Grande Péninsule du Nord. Nous filons ensuite vers Corner Brook, deuxième ville en importance à Terre-Neuve-et-Labrador. Située à environ 40 minutes de Deer Lake, la capitale de l'ouest de l'île occupe un site splendide en bordure du fjord Humber Arm. Tiens, curieux: des drapeaux du Canada bordent la Transcanadienne. Puis, au niveau de la ville de Pasadena, un attroupement. Du monde partout le long de la route. Des camions de pompier aussi. Un accident? Mais non, les gens ne brandiraient pas des drapeaux ainsi. «Nous attendons l'arrivée du corps du jeune caporal Brian Pinsken, mort en Afghanistan la semaine dernière, explique un pompier. Il était originaire de Corner Brook et sera enterré au Mount Patricia Cemetery. Le temps d'avaler un chowder et nous revoilà sur la route 1 en direction de Marble Mountain Ski Resort. Le centre de ski, situé à Steady Brook, à huit kilomètres de Corner Brook, offre des dénivelés de plus de 550 mètres. «La meilleure station de l'ensemble des provinces de l'Atlantique», lit-on dans le guide Ulysse Provinces atlantiques du Canada. Si en été on explore le pays à pied et en bateau de croisière, en hiver on y vient pour le ski. Terre-Neuve se visite en toute saison. C'est qu'il y a des montagnes ici! Et de la neige. Marble Mountain en reçoit en moyenne quatre mètres. En attendant, le Marble Zip Line, un circuit d'arbre en arbre plutôt spectaculaire dans un décor digne du Costa Rica, offre une solide dose d'adrénaline en plus d'occasionner sueurs froides et courbatures si l'on ne lâche pas prise au moment où on plane au-dessus d'une gorge vertigineuse creusée par une chute spectaculaire. À une hauteur de 85 mètres. À une vitesse de 45 km/heure. Sur un fil long de 500 mètres. Les soucis sont bien loin derrière. Sur la route des Vikings À partir de Deer Lake, on emprunte la route 430, puis la 431 vers Woody Point, un petit village pittoresque de pêcheurs et un centre culturel important. Beaucoup d'artistes ont adopté l'endroit et on y trouve un théâtre. Woody Point repose sur la rive sud d'un profond fjord du nom de Bonne Bay, dans le parc national Gros-Morne. Désigné Site du patrimoine mondial par l'UNESCO en 1987 pour son importance géologique, le parc travaille sur trois aspects, explique Jeff, le directeur général: la culture, la beauté, les caractéristiques géologiques. Pour comprendre le fameux phénomène géologique qui attire les scientifiques du monde entier, une randonnée au Tablelands, en compagnie d'un guide, est fortement recommandée. Le site est protégé, mais facilement accessible en auto, qu'on peut stationner au départ du sentier de randonnée de quatre kilomètres qui évolue au coeur de roches issues du manteau terrestre. «Pensez à la terre en termes de couches, explique Kevin. Elle est d'abord recouverte d'une mince couche extérieure, la croûte terrestre dont l'épaisseur varie entre 5 et 75 kilomètres. Sous cette couche extérieure, une autre: le manteau terrestre. Il y a 500 millions d'années, lors de la tectonique des plaques (ou dérive des continents), de grosses sections de ce manteau ont été poussées vers le haut. Durant les derniers 250 millions d'années, ce matériel s'est érodé, donnant le champ de roches que vous voyez ici. À la surface, la roche libère son fer.» On se croirait au coeur de l'Arizona, en plein désert, mais d'un point de vue géologique, rien à voir. Tout est rouge et brun, sans vie. Ou presque. Car on aperçoit tout de même, par ci, par là, quelques sarracénies pourpres, la fleur emblème de la province. Elle est dotée d'une féroce détermination et toujours droite, beau temps, mauvais temps, face au vent, «à l'instar des Terre-Neuviens; voilà pourquoi elle réussit à faire son chemin dans ce rude univers», précise Kevin. La randonnée est certainement l'un des meilleurs moyens de découvrir le parc national Gros-Morne et ses paysages magnifiques. «Les traverses Long Range, North Rim et Woody Point/Trout River sont les plus redoutables défis que le parc peut offrir aux randonneurs, explique le guide. Mieux vaut savoir lire cartes et boussoles pour les entreprendre. Aucun repère n'indique le chemin et les conditions climatiques peuvent changer rapidement.» Sinon, le marcheur plus sage découvrira des kilomètres et des kilomètres de sentiers clairement jalonnés d'un bout à l'autre et parfois même équipés de trottoirs, ponts et escaliers aux endroits nécessaires. À 806 mètres d'altitude, le mont Gros-Morne est le plus haut du parc. Le sentier James-Callaghan mène au sommet. Bien qu'un peu difficile, on ne regrette pas l'effort pour la vue qu'il permet sur le pinacle. Nous remontons la côte ouest de la péninsule Great Northern, le long de la route 430. Les deux plus grands dangers: les flaques d'eau qui ont le même effet que la glace noire, et les orignaux. On dénombre dans le parc quatre de ces imposantes bêtes par kilomètre carré, alors qu'il n'y a que deux humains dans le même espace. On lit sur les panneaux routiers qu'en 2010 il y aurait eu 25 collisions impliquant le plus grand cervidé de nos forêts. Villages de pêcheurs, anses cachées, falaises, plages et dunes de sable spectaculaires, jolis phares et cette mer omniprésente qui invite à toutes les rêveries. Conseils aux photographes néophytes: assurez-vous d'avoir des piles de rechange et veillez à apporter plusieurs cartes-mémoire car le pays est vraiment photogénique. Et même par temps pluvieux! Dans le secteur nord du parc, sur la route 430, un sentier de randonnée de trois kilomètres sur un trottoir de bois au-dessus de tourbières aboutit à un embarcadère, où une excursion de deux heures sur l'étang Western Brook mène vers un fjord intérieur cerné de parois hautes de 600 mètres. Mille et une choses encore... Cow-Head, village hôte du festival de théâtre du Gros-Morne; la baie de Shallow, pour une promenade sur les plages de sable et le Lieu historique national de l'Anse-aux-Meadows, désigné Site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1978. C'est ici, dans ce village du bout du monde, que les Vikings ont établi le premier établissement européen en Amérique du Nord, il y a environ mille ans. Les fondations de huit bâtiments témoignent de leur passage. Le Lieu historique national a reconstitué trois huttes de terre qu'on peut visiter en compagnie de Vikings. À environ deux kilomètres de là, Norstead est la reconstitution d'un port viking. On y visite un navire viking, une église viking et une maison. En vrac En voiture: de Montréal, emprunter l'autoroute 20 E jusqu'à la 132 E. À Trois-Pistoles, prendre le traversier jusqu'à Les Escoumins. De là, poursuivre sur la 138 E jusqu'à Baie- Comeau, puis prendre la 389 N jusqu'à la route 500 E (la Trans-Labrador), maintenant accessible en auto jusqu'à Blanc-Sablon. De là, emprunter le traversier jusqu'à Sainte-Barbe, sur la péninsule Great Northern, à Terre-Neuve. Assurez-vous d'avoir un pneu de rechange car la route n'est pas bitumée. Ou encore: par la Transcanadienne jusqu'à Sydney, en Nouvelle-Écosse, puis emprunter le traversier à destination de Channel-Port-aux-Basques. En avion: Air Canada, via Halifax, jusqu'à l'aéroport de Deer Lake au nord de Terre-Neuve, pour une arrivée rapide au parc national Gros-Morne. Marble Zip Line, à Steady Brook:www.marbleziptours.com.Parc national de Gros Morne: www.pc.gc.ca/fra/pn-np/nl/grosmorne/index.aspx. Lieu historique national de Port-au-Choix: www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/nl/portauchoix/index.aspx, côté ouest de la péninsule Great Northern.Lieu historique national de l'Anse-aux-Meadows, dans la partie la plus septentrionale de la péninsule Great Northern: www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/nl/meadows/index.aspx.Randonnées guidées à pied ou en kayak de mer: www.grosmorneadventures.com. Excursion en bateau à Western Brook Pond avec Bon Tours: 709 458-2016, www.bontours.ca. À Corner Brook, le Glynmill Inn est un hôtel de style Tudor, assez coquet et très confortable: www.glynmill.ca. À Shoal brook, le Red Mantle est une auberge avec salle à manger située dans le parc national Gros-Morne, à proximité de Woody Point: www.redmantlelodge.ca. À Norris Point, Neddies Harbour Inn est une auberge de charme au bord de la mer: www.theinn.ca. À St.Anthony, le Haven Inn est situé à côté du Grenfell Historic Properties Interpretation Centre, où l'on relate l'histoire de Wilfred Grenfell (le Bethune de la région): www.haveninn.ca. À Main Brook, le au Tuckamore Lodge est un superbe lodge en pleine nature: www.tuckamorelodge.com/tuckamore-lodge-cat.htm. À Cow Head, le Shallow Bay est un motel de luxe et de charme, adjacent au théâtre où se déroule le festival de théâtre de Gros-Morne.À lire: Provinces atlantiques du Canada, aux éditions Ulysse.À déguster: un chowder aux fruits de mer et un steamed partridgeberry pudding recouvert d'une sauce au rhum, au restaurant Seaside à Trout River ou au Old Loft à Woody Point.

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Textes et photos par Hélène Clément 

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