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  • Photo du rédacteurHélène Clément

France - Paris en «deudeuche»



Mon guide Amaury, gâpette sur la tête et air distingué, nous ouvrant la porte de la petite deux-chevaux bleue dans laquelle nous avons fait notre virée farfelue de Paris. Elle est identique à celle de Bourvil dans le film Le Corniaud.

Voilà une façon farfelue de voir Paris: en Citroën 2CV. On croyait la «deudeuche» disparue de la circulation. Eh non, la petite deux-chevaux, fleuron de la flotte Citroën dans les années 1960, revit bel et bien dans les rues de la capitale. Une initiative de l'entreprise «4 roues sous 1 parapluie» qui, depuis 2003, organise en «deux pattes» des circuits touristiques en tous genres en Île-de-France. Des promenades rétro avec chauffeur sympa. «So French»!


Adossés au mur de l'hôtel Gabriel, au 25, rue du Grand Prieuré dans le quartier du Marais, trois jeunes hommes, gâpette sur la tête et l'air aussi galopin que les trois «deudeuches» garées en file indienne dans la rue, discutent en attendant que nous finissions notre petit-déjeuner. En compagnie de ces guides, nous ferons une virée farfelue de Paris. Impossible de ne pas sourire.

D'ailleurs, tout le monde sourit à la vue de la «deuche». C'est que la mignarde, qui a multiplié les rôles comiques au cinéma et rendu la vie pratique à des milliers de gens sans le sou, du moins jusqu'à la fin de sa fabrication en juillet 1990, symbolise la France au même titre que la tour Eiffel et la baguette. Qui ne se souvient pas de la minibagnole au look de boîte de conserve menée à toute allure par la bonne soeur dans la série des Gendarmes de Louis de Funès?

C'est en voyant les expressions amusées des touristes, alors qu'il circulait avec la deux-chevaux de ses parents, que Florent Dargnies, jeune diplômé d'une école de commerce, décide, en 2003, de créer l'entreprise «4 roues sous 1 parapluie». Et vite la formule a plu!

Aujourd'hui, 4 roues sous 1 parapluie compte une trentaine d'autos et une quarantaine de chauffeurs bilingues, des Parisiens pour la plupart, qui connaissent l'histoire et l'architecture de la capitale française. La compagnie propose une vingtaine d'escapades d'une durée variant entre 90 minutes et quatre heures: Paris Champs-Élysées, Paris éternel, Virée Monopoly, Paris Shopping, Paris Cinéma (Virée Da Vinci - Virée Amélie Poulain), pour ne nommer que celles-là.

Ce matin, on a le choix de la couleur: bleue, jaune, orange... Nous prenons place dans la bleue. C'est Amaury, un étudiant en commerce qui connaît Paris comme le fond de sa poche, qui sera notre chauffeur. «Si vous avez froid, il y a une couverture sur la banquette arrière», dit le guide. Car, malgré le temps frais de novembre, nous roulerons en décapotable pour mieux sentir l'ambiance dans les rues. «Et vous n'aurez qu'à vous mettre debout pour prendre des photos.»

Loin des clichés touristiques, Amaury aborde les facettes de la ville telles qu'elles sont vécues au quotidien par les Parisiens: les commerces qu'ils fréquentent avec plaisir, les lieux de promenade, les bons cafés, les marchés populaires, les secrets de quartier, les différents passages. En chemin, le guide nous livre avec un sens de l'humour développé de truculentes anecdotes.

On passe la belle porte Saint-Denis, érigée en 1672 par l'architecte François Blondel et le sculpteur Michel Anguier. «Elle a bénéficié d'un ravalement», explique Amaury. Puis, la deux-chevaux se hasarde dans la circulation, boulevards Bonne-Nouvelle, Poissonnière et Montmartre.

«À gauche, le passage Jouffroy, le premier construit tout en fer et en verre. À l'entrée de ce passage couvert, l'hôtel Mercure Ronceray, vieil établissement parisien où vécut Rossini de 1828 à 1832.» Au numéro 37, boutiques de cannes anciennes de M. Segas; au 41, boutique «Pain d'épice», jouets et maisons de poupée à l'ancienne; au 60, salon de thé «Tous les délices».

Viennent les passages Verdeau et des Panoramas. «D'une galerie à l'autre, on peut se rendre à pied jusqu'au Palais Royal.» Une bonne façon d'éviter le vacarme et la circulation de Paris. Et comme ces passages sont bordés de magasins, on en profite pour y faire ses achats.

Nous empruntons le boulevard des Italiens jusqu'au palais Garnier. «La place actuelle de l'Opéra était jadis un marécage qui a été asséché sous Louis XIV. Le Roi-Soleil y fit construire un petit théâtre devenu aujourd'hui l'Opéra national de Paris, raconte Amaury. Une nappe d'eau subsiste encore au sous-sol, ce qui permet "l'élevage" de poissons. Ils seraient nourris par un pompier fantôme. Et plus insolite, sur certaines creusures de façade niche le faucon crécerelle et les toits sont colonisés par des abeilles. Il y a un rucher sur le toit de l'Opéra! Et comme les abeilles adorent butiner fleurs et arbres du jardin des Tuileries, les miellées y sont régulières.»

Devant la Comédie-Française, rue Saint-Honoré, notre guide nous rappelle que c'est ici que Molière s'est effondré. «L'une des explications sur sa mort est que, pris d'une grande toux, en jouant le rôle d'Argan dans Le Malade imaginaire, il aurait fourni de tels efforts pour cracher qu'il se serait rompu une veine. Il est mort peu de temps après dans sa maison, rue Richelieu.»

L'itinéraire nous conduit au Palais Royal, au Louvre, sur l'île Saint-Louis, au Panthéon, sur le boulevard de Port-Royal, dans la rue des Gobelins et enfin au restaurant le Djoon, boulevard Vincent-Auriol, à proximité de la Seine et du métro Quai de la Gare. Vraiment sympa!


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