Recherche
227 résultats trouvés avec une recherche vide
- Il était une fois la civilisation maya
Copan Ruinas — De petits temples, mais des stèles remarquables sculptées au détail et un long escalier hiéroglyphe dont les 64 marches se lisent comme un roman. On est à Copan. Des pyramides colossales perdues dans la jungle ; de grands blocs de calcaire enchevêtrés par des racines d’arbres centenaires. On est à Tikal. À l’orée du 14e Bak’tun, l’histoire de ces sites, qui remonte à entre 250 et 900 de notre ère, continue de s’écrire. Qui a parlé de fin du monde ? Article publié dans le Devoir du 15 décembre 2012 L’architecture coloniale et les rues pavées et pentues de Copan Ruinas rappellent tout à fait le Mexique colonial et confèrent à la fameuse petite ville de montagne de l’ouest du Honduras un charme européen indéniable. Les habitants de la place se targuent même de vivre dans l’endroit le plus visité du pays. Pas surprenant étant donné que leur village est situé tout près de la porte d’entrée de l’un des plus beaux sites archéologiques maya de l’Amérique centrale. Des flambeaux plantés de part et d’autre de la scène éclairent le tapis rouge qui conduit au sommet du temple maya dressé pour le spectacle. Du sol s’échappe une fumée blanche qui recouvre le plancher de la scène. Deux haut-parleurs diffusent une musique rappelant le gémissement du vent, le cri rauque de l’ara, le rugissement du jaguar, le sifflement du serpent. C’est en l’honneur de notre petit groupe venu au Honduras dans le cadre de la 9e édition de la foire touristique d’Amérique centrale (CATM), qui se tenait en octobre dernier à San Pedro Sula, que les habitants du village de Copan Ruinas ont monté ce spectacle évoquant l’ère maya. Depuis le mois de janvier, à proximité de sites archéologiques importants de l’Amérique centrale, on célèbre de mille façons la fin du 13e Bak’tun, qui aura lieu le 21 décembre 2012. « Les Mayas étaient d’une étonnante précision, explique Eli Gonzalez, notre guide. Même installé au fin fond d’une jungle impraticable, ce peuple savait observer et réfléchir. Le temps constituait la base de leur religion. Pour eux, le monde était inscrit dans une succession d’univers qui devait chacun être détruit par un cataclysme et remplacé par un autre. C’est pour atteindre encore plus de précision dans l’évaluation du temps qu’ils ont inventé le compte long. » Parmi les unités du calendrier maya, il y a le kin (un jour), l’uinal (20 kin), le tun (18 uinal), le katun (20 tun) et le baktun (20 katun), l’unité la plus longue. « Un baktun équivaut à 144 000 jours, soit 394 ans, treize baktun, à 1 872 000 jours, soit 5125 années solaires du calendrier grégorien. Le 13e baktun représente la fin d’un grand cycle commencé le 11 août 3114 av. J.-C. Le 21 décembre prochain, on remettra le compteur à zéro pour un nouveau cycle de 5125 ans. » Sous le regard curieux des spectateurs rassemblés sur la place centrale du village de Copan Ruinas, surgit de la foule une longue file de guerriers mayas décorés de peinture. Les hommes portent le pagne et une coiffe surmontée de plumes d’aras ; les femmes, le huipil, la robe traditionnelle. La petite troupe à l’allure fière prend place sur les escaliers, face au public. Un narrateur raconte avec une voix sombre le contexte. Nous sommes dans la vallée de Copan, entre 427 et 900 de notre ère, à l’apogée d’un empire influent et prestigieux. Les Mayas, qui se construisent et se hiérarchisent depuis plus de 1000 ans, maîtrisent alors le calendrier, les mathématiques, l’astronomie, l’écriture. Ils cultivent le maïs, les légumes, les fruits, les pierres. Les échanges commerciaux entre cités mayas en Mésoamérique - territoire culturel d’avant la conquête espagnole, qui regroupe les États du Guatemala, Belize, la péninsule mexicaine du Yucatán, une partie du Salvador et du Honduras - vont bon train. Et si les Mayas savent aménager des canaux d’approvisionnement d’eau et construire des temples somptueux, reconnaître les plantes qui nourrissent, guérissent ou permettent d’entrer en contact avec les dieux, ils n’hésitent pas à sacrifier des êtres vivants pour que tombe la pluie ou que brille le soleil. Deux guerriers prennent place dans l’arène au pied des escaliers. Le combat commence. On assiste sous une pleine lune éclatante à une lutte acharnée qui durera une dizaine de minutes. Jusqu’à ce que mort s’ensuive. Rituel religieux, soif de sang, guerre de clochers ? Pas sûr ! Mais on comprend que le sacrifice et les offrandes occupent une place cruciale dans la vie des Mayas. Copan La cité maya de Copan doit son existence à Kinich Yax Kuk Mo, aristocrate maya de la région de Tikal, au Guatemala. Conquise en 378 par la grande cité mexicaine de Teotihuacán, Tikal étend sa domination sur le Peten central et vers le sud. Élevé à un statut royal en 426, Kuk Mo arrive dans la vallée de Copan en 427 portant avec lui la culture maya des basses terres. Yax Kuk Mo sera le premier roi d’une série de dix-sept à Copan. Il y régnera jusqu’en l’an 437. Le « Museo de Esculptura de Copan » au départ de l’Acropole prépare à la visite des ruines. Le bâtiment lui-même se veut un hommage au symbolisme maya. Les visiteurs entrent par la gueule d’un serpent et se retrouvent dans le musée à l’intérieur du corps tortueux du reptile. La salle d’exposition évolue autour du remontage, grandeur nature, du temple Rosalila Ici, dans ce musée lumineux, le voyageur fait connaissance avec la grande civilisation maya du premier millénaire de notre ère et ses structures monumentales : pyramides, temples, sculptures. « Le site de Copan, avec ses seize temples dont les inscriptions sont quasi intactes, compte plus de hiéroglyphes, de stèles et de marches que tout autre site du Nouveau Monde, précise Ali. Il est le site maya le plus étudié par les archéologues du monde. Non pas pour ses grandes pyramides, mais pour son art et ses sculptures ciselées avec finesse. » Une aire de pique-nique longe un sentier ombragé de 400 mètres qui mène au groupe principal. Derrière de belles pelouses, les ruines portent des numéros pour faciliter leur identification. Un groupe d’aras rouge, bleu et jaune vivant ici en liberté nous accueillent dans une cacophonie de cris à donner des frissons. D’ailleurs, juste le fait de se promener entre temples, stèles et tunnels de ce site classé au patrimoine de l’UNESCO donne la chair de poule. À voir : le jeu de balle, qui est le deuxième sport du monde maya. Ce sport rituel opposait deux équipes et consistait à renvoyer dans le camp adverse, sans qu’elle touche le sol, une balle en caoutchouc - matière sacrée chez les Mayas, qui pouvait peser jusqu’à trois kilogrammes. « On ne pouvait utiliser que les genoux, les coudes, les hanches et les fesses. La trajectoire de la balle correspondait à la course du soleil qui ne devait pas s’arrêter ; les anneaux de pierre, le plus souvent disposés à l’Est [levant] et à l’Ouest [couchant], servaient de cible », explique Ali. À voir aussi : l’Escalier hiéroglyphe, la plus longue inscription maya connue. Chacune de ses soixante-quatre marches couvertes de symboles gravés raconte la belle histoire des rois de Copan. Et le Guatemala Comme à Copan, Tikal, au Guatemala, est à dimension humaine, et tout se joue dans la forêt. En fait, plutôt dans la jungle, la vraie ! Les singes hurleurs se balancent d’arbre en arbre, les coatis se promènent dans les sous-bois, les oiseaux bavardent. C’est sauvage et grandiose. On se croirait parfois sur le site de la cité d’Angkor, au Cambodge. Sûrement à cause des fromagers (ceiba). Ces arbres ont poussé en entrelaçant les pierres de leurs racines. Atmosphère fantastique garantie ! D’ailleurs, pourquoi s’être installé dans une telle jungle ? Est-ce à cause de l’abondance du silex, utilisé dans la confection des pointes de lance, des flèches et des couteaux ? On dit que Tikal, au milieu du IVe siècle, sous le règne de Chak TohI Ich’aak Ier (Grande Patte de Jaguar), adopta les méthodes de guerre brutales des souverains de Teotihuacán, au Mexique voisin. Le silex servait aussi de monnaie d’échange pour d’autres marchandises. Comme les coquillages d’ailleurs. « On sait peu de chose du monde maya, raconte Laura Calderon, notre guide, mais la découverte de fausses fèves de cacao, qui servaient aussi de monnaie d’échange, indique que la magouille existait à Tikal. Pour quatre fèves de cacao on achetait une dinde ; pour dix, un tapir. » « Si Copan était considéré comme l’Athènes de la Mésoamérique, Tikal en était le Wall Street, poursuit Laura. C’était à la fois la cité de la diplomatie, un grand centre religieux et commerçant. On y négociait le jade, la pyrite et l’hématite. Tout le monde voulait être en relation avec Tikal. » Une pause au sommet du temple IV, à 65 mètres, permet d’apprécier l’étendue de la canopée et d’imaginer (avec l’aide d’un guide) la vie au temps des Mayas. À l’horizon pointent les temples de la Gran Plaza et le temple V. Le temple IV est l’édifice maya le plus haut après La Danta à El Mirador. Un escalier raide de 200 marches conduit au pinacle. Outre le plaisir qu’ils nous offrent de dominer des siècles d’histoire, les temples en ruines sont des plateformes parfaites pour observer les 300 espèces d’oiseaux recensées dans cette région du nord du Guatemala. Fin d’un monde ou pas, à quelle catastrophe faut-il attribuer la disparition de la civilisation maya classique ? Guerres, famines, maladies ou… problème environnemental. La déforestation massive et l’érosion qui s’est ensuivie apparaissent comme une explication plausible. C’est à ça qu’il faut réfléchir. Les Mayas n’avaient-ils pas comme théorie que l’histoire se répète ? En vrac Se rendre à Copan. Il faut compter environ trois heures de route à partir de San Pedro Sula, qui apparaît comme un point de départ idéal vu que CanJet, vol commercialisé par Vacances TMR, s’y rend de Montréal une fois par semaine du 20 décembre au 11 avril. Deux jours ne sont pas de trop pour visiter le village de Copan Ruinas, le site de Copan et le Macaw Mountain Bird Park, réserve privée qui se consacre à la sauvegarde des aras. De plus, Vacances TMR offre aux clients qui se rendront au Honduras cet hiver la possibilité de loger dans l’un ou l’autre de ces deux hôtels quatre étoiles, soit les hôtels « The Lodge at Pico Bonito » et « Villas Telamar ». Deux hôtels fort sympathiques, qui proposent des excursions au site archéologique de Copan. Se rendre à Tikal. On peut y aller en auto de Guatemala Ciudad (environ 350 km, 10 heures de route si tout va bien), mais l’avion apparaît comme une meilleure solution. On part le matin et l’on revient le soir. Moins fatigant et moins risqué. Puis, observer du ciel la géographie tourmentée du Guatemala ne laisse pas indifférent. En ouvrant les yeux, on peut voir le Pacaya (2552 m). Organiser son voyage. L’agence de voyages Uniktour propose le Honduras et le Guatemala à son programme. Consulter Evelyne Tremblay, qui saura vous aider à concocter un itinéraire à la carte digne de vos attentes. Ou bien Jad Haddad, chez Terres d’aventures, pour un voyage en groupe à la fois culturel et sportif. Adoré le beau livre de 216 pages, en papier glacé et abondamment illustré, Éternelle route maya. Au coeur du Yucatan, de Marie-Sophie Chabres et Jean-Paul Naddeo, aux éditions Gründ. L’ouvrage résume 3000 ans d’histoire maya et propose un itinéraire de 1637 kilomètres à la découverte de villes, villages et site archéologiques intéressants du sud du Mexique. Où manger, quoi manger, où dormir… les auteurs proposent ici tout plein d’idées. Acheté le magazine Archaelogy de novembre et décembre 2012. On y explique très bien, dans un article intitulé « The Maya and the End of Time », la fin du monde. D’un monde…
- Le«chanté Nwel» dans les Antilles françaises, une tradition qui remonte au XVIIe siècle
Les Martiniquais et les Guadeloupéens fêtent Noël depuis le lendemain de la Toussaint. Jusqu’au 25 décembre, ils se réuniront les week-ends, en famille ou entre amis, pour des « chanté Noël », un plaisir simple dont la tradition remonte au XVIIe siècle, à l’époque où la France se lançait dans l’aventure coloniale de ces deux îles des Petites Antilles. Article publié dans le Devoir du 1 décembre 2012 L’article 2 du Code noir promulgué par Louis XIV en 1685 prévoit « l’instruction religieuse des esclaves ». Même s’ils conservent secrètement leurs croyances, ils adoptent la religion de leur maître. Et les jésuites, chargés de poursuivre cette instruction religieuse, enseigneront aux esclaves à jouer de certains instruments dans le but de former des choristes pour les offices religieux. C’est ainsi que les cantiques de Noël, catholiques et européens, qui remontent au Moyen Âge, prennent leur place dans la tradition musicale créole. Dès l’annonce de Noël, on ressort des tiroirs son livret de cantiques, un mélange de profane et de sacré avec d’anciennes chansons populaires françaises aux passages en latin, et de refrains en créole. Que la fête com mence ! On chante, on danse, on se défoule toute la nuit au son des ti-bois (baguettes de bois), des tambours, du gwoka (typiquement guadeloupéen) et des accordéons, sur des rythmes de biguine, de mazurka, de valse créole, de zouk. Le « chanté Nwèl » dans les Antilles françaises reste un moment de partage et de solidarité. De bonne chère également. Si, autrefois, on n’offrait que rhum, sirop d’orgeat et chocolat chaud, aujourd’hui le buffet créole en est partie intégrante : boudin créole, pâtés à la viande (version antillaise de la tourtière), ragoût de cochon, pois d’angole et jambon caramélisé au sucre de canne. Le tout, bien sûr, arrosé de rhum, de ti-punch, de schrubb (liqueur à base de rhum et de pelures d’orange) et de punch coco. Pour vivre un « chanté Nwèl », le rest guadeloupéen Saveur Soleil, à Montréal (% 438 380-8081, saveursoleil.ca), propose trois soirées endiablées les samedis 8, 15 et 22 décembre. Aussi, les dimanches midi des 9 et 16 décembre, c’est au restaurant madelinot Les Îles en ville, à Verdun (% 514 544-0854, lesilesenville.com), qu’on peut prendre le brunch de Noël à la fois martiniquais et madelinot. « En m’intéressant à la Caraïbe, je découvre l’histoire de ma propre île », dit la propriétaire du resto, Ginette Painchaud. Les Madelinots ont aussi vécu des exodes et des déportations. Comme les esclaves. Pour oublier nos malheurs, on s’est tournés du côté de la musique. Comme les Antillais. »
- Un terrain de jeux muséal
Le jeu est une activité qui dépasse le simple but d’avoir du plaisir. Le Musée McCord en fait la preuve pour une troisième année avec son exposition Jouets 3 - Le voyage. Le parcours dirigé et ludique invite les jeunes de trois à neuf ans et leur famille à découvrir de façon originale le voyage à travers près de 200 jouets de la collection du musée. Une carte d’expédition en main et des yeux tout le tour de la tête : en route pour Abracadabra. Article publié dans le Devoir du 30 novembre 2012 Avant de partir en expédition, l’explorateur aguerri se prépare. Un gage de réussite. Donc, au boulot ! Dès le départ, le visiteur s’équipe de la carte qui lui permettra de visualiser l’itinéraire jusqu’au pays d’Abracadabra, de faire des choix parmi les objets utiles à apporter dans ses bagages et d’opter pour son moyen de transport favori. Ce périple n’est pas une course. Il faut prendre le temps de lever la tête. D’observer le détail. Là est tout le plaisir. Une fois la carte d’expédition analysée, c’est la rencontre avec Snoopy Sniffer, le chien-guide (et premier jouet de l’exposition) qui accompagnera le visiteur tout au long du parcours. Le basset en bois aux longues oreilles, fabriqué par Fischer Price Toys vers 1938, a été l’un des jouets les plus populaires de l’histoire de la compagnie et un coup de coeur de nombreuses générations d’enfants. Bien qu’il porte le même nom que le chien de la bande dessinée Peanuts, Snoopy Sniffer devance l’ami de Charlie Brown d’au moins dix ans. Après la rencontre avec le chien renifleur, on pénètre dans une salle qui évoque une chambre à coucher. C’est là que l’explorateur fait sa valise. Une vitrine permet de découvrir quelques trésors de la collection : une petite balance en fonte, un poêle à bois, un piano, des vêtements de poupée, un téléphone… L’enfant devra choisir parmi cette collection trois choses qu’il jugera utile d’apporter en voyage. Comme des vrais On remarque que ces jouets pour enfants imitaient très bien l’objet grandeur nature utilisé par l’adulte. Comme ce petit fer à repasser électrique qui fonctionnait comme un vrai. On pouvait bel et bien s’y brûler. Ou encore la petite scie à bois qui sciait vraiment. Impensable de nos jours ! Dans cet espace, on apprend aussi que « même dans le jeu imaginaire, l’enfant agit à l’exemple des adultes. Et que peu à peu qu’on encourage ou non ce comportement, les petites filles auront tendance à imiter les rôles féminins, alors que les garçons prendront modèle sur des figures masculines. L’étiquette derrière le balai mécanique Little Queen, de Bissell, fabriqué entre 1955 et 1963, indique clairement qu’il a été « conçu pour l’enfant qui veut aider maman ». » Dans la salle suivante, le voyageur choisit son moyen de transport, non pas en fonction des CO2 émis, il n’en est pas du tout question ici, mais par rapport au plaisir. Libre à lui, donc, de se rendre à Abracadabra en patins à roulettes, en vaisseau spatial, en train, en auto, en bateau, en trottinette, à cheval ou en avion. Parmi les quelques jouets précieux - la collection du musée s’élève à 11 000 articles - qu’on retrouve dans la salle des transports, il y a la voiture à pédales Earth Mover créée par la compagnie américaine Murray Manufacturing de Cleveland, en Ohio, dans les années 1960. Dotée d’une benne basculante, d’un siège en cuir rouge, d’enjoliveurs chromés, d’un volant fonctionnel et d’un pare-brise, ce véhicule fut l’un des meilleurs vendeurs de la compagnie. « Il fallait avoir les moyens pour offrir une voiture de ce genre à son enfant, explique Anny Guindon, chargée de projets de l’exposition. Son ancien propriétaire a expliqué que ses parents l’avaient achetée au magasin Eaton de Montréal, en 1966, pour la somme de 26 $. » Back flash… Il faut se rappeler qu’à cette époque, le salaire minimumétait de 0,99$ l’heure. Le cheval à bascule en bois qui aurait appartenu à un membre de la famille Van Horne s’inscrit aussi dans l’histoire. Tout comme le joli modèle réduit de kayak confectionné par un artiste inuit. Sa forme a été reproduite avec une telle précision et un tel soin que l’objet demeure à ce jour un document précieux pour les chercheurs, apprend-on à l’exposition. Construit en bois, peau de phoque, cuir brut et tendon, il comprend tout le nécessaire au chasseur inuit : une pagaie à double pale (pautik), une lance (angovigak), un harpon (igimak) et un crochet (niqchiq). En route La valise bouclée : en route pour Abracadabra. Première escale : la jungle. Du plafond de cet espace pendent des lianes, des algues, des feuilles, des méduses. Ici, l’incongru suscite la surprise et… la réflexion. Les maisons de poupées sont habitées par des animaux. Il y a un dromadaire debout sur une commode, un lama dans un bain, un éléphant qui boit dans un bol de toilette, des pingouins dans un salon, un morse sur un canapé, des ours polaires sur une table… « On souhaite initier l’enfant au musée, l’amener à porter attention aux objets. L’inusité suscite souvent le questionnement, d’où l’importance ici d’une interaction entre l’adulte et le jeune. C’est une petite exposition, mais riche en détail », précise Annie Guindon. Tout cela fatigue. Ça tombe bien car la zone suivante est dédiée au repos du voyageur. On y a dressé un feu de camp, installé des poufs en forme de guimauves, un banc à l’allure de chien-saucisse et une petite bibliothèque qui propose quel ques livres : Le Petit Prince, Vingt mille lieues sous les mers, Premier voyage de Gulliver, Moby Dick… Tout pour donner le goût de l’aventure, quoi. Le voyage se termine dans une salle colorée et ludique où le petit voyageur participe à une sorte de fête organisée par les jouets. C’est le défoulement après la réflexion. Le parcours est ponctué de jeux géants tels un serpent-et-échelles peint au plancher, des dominos colossaux, de grands dés et des miroirs pour se voir en girafe, papillon, éléphant, poisson, cow-boy, princesse.
- Pologne - La mine de Wieliczka met son grain de sel touristique
Il y a de ces expériences de voyage qui restent à jamais gravées dans la mémoire. La visite de la mine de sel de Wieliczka, située à une dizaine de kilomètres au sud-est de Cracovie, en Pologne, est de celles-là. Spectaculaire ! Exploitée depuis le XIIIe siècle, ouverte au public depuis le XVIIIe siècle et inscrite au Patrimoine de l’UNESCO depuis 1978, on y récolte toujours le sel… Sauf que le tourisme a pris le pas sur la production de la matière première jadis d’une grande valeur au pays. Article publié dans le Devoir du 24 novembre 2012 Durant 400 ans, les mineurs n’extrayaient de la mine de Wieliczka que le sel gemme. Puis, un beau jour, ces ouvriers de père en fils sont devenus des artistes, créant dans les entrailles de la mine profonde de 327 mètres un monde souterrain fabuleux, entièrement sculpté dans le sel. « Comme le travail dans la mine était dangereux, les ouvriers avaient l’habitude de se rassembler afin de prier pour leur sécurité, explique le guide Maciej. Ainsi a pris forme chez les mineurs l’idée de sculpter dans le sel une chapelle où serait célébrée une messe au quotidien. » L’église de style baroque bâtie entre 1690 et 1710 fut dédiée à saint Antoine, protecteur des mineurs de fond et des objets perdus. La chapelle Saint-Antoine, à 63,8 mètres de profondeur, est le plus ancien sanctuaire souterrain protégé de Wieliczka. On y célébra la première messe en 1698. Neuf chantiers La mine de sel de Wieliczka occupe neuf chantiers (ou niveaux) situés entre 64 et 327 mètres de profondeur et compte 300 kilomètres de galeries, de salles, de couloirs et de lacs souterrains. L’itinéraire touristique mène du niveau 1, à 64 mètres de profondeur, jusqu’au niveau 3, à 135 mètres, où sont sculptés des autels, des statues, des bas-reliefs et des figurines qui racontent l’histoire de la mine, célèbrent ses légendes et rendent un hommage patriotique à la Pologne. L’accès dans les entrailles de la mine se fait à pied, par une série d’escaliers (378 marches) étroits, à l’éclairage tamisé. Claustrophobes, s’abstenir ! La visite, d’une durée de deux heures, débute au puits Daniłowicz — du nom du gérant de la mine entre 1635 et 1640 — et se termine dans la chambre Russegger où nichent le Musée des mines de sel de Cracovie, un bar et un restaurant. Au total : 20 salles qui racontent l’histoire de la mine et celle de la Pologne. Une randonnée souterraine de 2,5 kilomètres, à une température de 14 °C, été comme hiver. Parmi les points forts : la chambre Janowice où six statues grandeur nature racontent la légende de la patronne des mineurs, la reine Kinga (Cunégonde) et l’histoire de la découverte du sel gemme en Pologne ; la chambre Casimir le Grand, roi de Pologne de 1333 à 1370, qui aurait défini les conditions de fonctionnement de la mine de sel et reconnu aux mineurs des droits sur le sel extrait de la mine ; la traverse et l’accrochage du puits Kunegunda, où des figurines et des nains représentent d’anciens mineurs, dont un broyeur, un porteur, un hercheur et un charpentier. Mais de ce monde souterrain tout en sel, c’est la chapelle Sainte-Kinga, à 101,4 mètres de profondeur, qui est la plus stupéfiante. Longue de 54 mètres, large de 15 à 18 mètres et haute de 12 mètres, elle a été fondée en 1896 dans un endroit formé après l’extraction d’un énorme bloc de sel vert. La riche décoration a été complétée sur 70 ans (jusqu’en 1963). Les pavés du sol sont faits de sel taillé et les somptueux lustres sont décorés de cristaux de sel. Deux messes par année y sont célébrées : celles du 24 juillet (jour de la Sainte-Kinga) et du 24 décembre (messe de minuit). À 200 mètres sous terre se trouve aussi un sanatorium. La pureté de l’air et sa haute teneur en oligo-éléments forment un microclimat permettant le traitement efficace des affectations respiratoires et cutanées. C’est la plus ancienne mine de sel d’Europe encore exploitée à ce jour. Le retour se fait dans un ascenseur rustique, à une vitesse de quatre mètres à la seconde.
- Sur les traces du film Lincoln
Richmond, Virginie — Le 4 avril 1865, au lendemain de la chute de Richmond aux mains de l’Armée de l’Union, Abraham Lincoln effectue une visite qui marquera l’histoire dans l’ex-capitale des États confédérés d’Amérique. Le 16e président des États-Unis et son fils Tad viennent incognito pour une mission de réconciliation qui conduira à la fin de la guerre civile. Cent quarante-sept ans plus tard, retour d’Abe à Richmond et Petersburg, via le film Lincoln. Article publié dans le Devoir du 17 novembre 2012 Une longue file d’attente s’étire devant le Byrd Theater, en bordure de la Cary Street à Richmond, en Virginie. En ce 8 novembre 2012, des centaines de personnes sont venues assister à la première du film Lincoln de Steven Spielberg. Des figurants, mais aussi des invités d’honneur tels que le gouverneur Bob McDonnell, la déléguée à la Chambre des représentants de la Virginie pour le district de Peterburg, Rosalyn R. Dance, des maires et délégués… Des premières avaient aussi lieu simultanément à Los Angeles et à Petersburg, une ville historique de 34 000 habitants située à une trentaine de kilomètres de Richmond. Sinon, à l’échelle nationale, il fallait attendre au 16 novembre pour visionner ce film en partie basé sur le livre Team of Rivals : The Political Genius of Lincoln, de la biographe et historienne Doris Kearns Goodwin. En version française : Abraham Lincoln : l’homme qui rêva l’Amérique. Une première à Los Angeles, d’accord. Mais pourquoi les villes de Richmond et de Petersburg jouissent-elles du privilège de visionner avant le reste du monde ce film dont certains critiques américains prédisent déjà qu’il raflera une partie des prix à la prochaine soirée des Oscar ? Simplement parce que Lincoln a été tourné ici, dans ces deux villes profondément marquées par l’histoire d’un horrible conflit qui aura duré quatre ans, la guerre civile américaine, impliquant les États-Unis (l’Union) dirigés par Abraham Lincoln et les États de la Confédération sudiste (11 États du Sud ayant fait sécession) dirigés par Jefferson Davis. « L’histoire est vivante à Richmond, plus qu’ailleurs aux États-Unis, a expliqué Spielberg au moment de choisir le lieu de tournage. La ville évoque la version aristocratique américaine du milieu du XIXe siècle. Sans compter que l’ancienne capitale de la Confédération sudiste était en plein coeur de l’éclatement du choc des cultures déclenché par la guerre de sécession. » Richmond a aussi son Capitole (Virginia State Capitol), conçu en 1785 par le président Thomas Jefferson et l’architecte français Charles-Louis Clérisseau. Sa ressemblance avec la Maison-Blanche à Washington a fortement inspiré Spielberg dans son choix. Sa Maison-Blanche aussi, où résidait le président des États confédérés du Sud, Jefferson Davis. « Pour les besoins du film, la ville de Petersburg est devenue Richmond et la ville de Richmond, Washington, explique Mark K. Greenough, historien et superviseur au Virginia State Capitol. C’est d’ailleurs au balcon de la vieille chambre des représentants, au deuxième étage du Capitole, qu’a été tournée la scène célébrant le 13e amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique abolissant et interdisant officiellement l’esclavage aux États-Unis. » Et puis, il y a les champs de bataille comme le Richmond National Battlefield Park que Lincoln a visités le 4 avril 1865, 11 jours avant l’assassinat du président dans un théâtre de Washington. Pour commémorer son passage avec Tad à Richmond, l’American Civil War Center at Historic Tredegar - le seul musée en Amérique qui étudie la guerre du point de vue du Nord, du Sud et des Afro-Américains - a érigé une statue de Lincoln se reposant sur un banc avec son fils. Si l’architecture des mansions, la joliesse des parcs et les sites historiques de Richmond et Petersburg ont fait le bonheur de Steven Spielberg, les deux villes ont grandement facilité le tournage du film en ouvrant leurs portes au producteur et à son équipe de plus de 1200 acteurs et figurants, puis 380 techniciens et spécialistes. Un moment inoubliable pour les gens de la place. John Van Peppe, propriétaire du restaurant Arcadia, sur Main Street à Richmond, se souvient de la fameuse soirée où Abraham Lincoln (Daniel Day-Lewis) est venu souper dans son resto. « Il était assis à la même table que vous. Il a mangé un steak, des frites et des choux de Bruxelles. » Puis, une photo de l’acteur a été publiée sur Facebook. Depuis, le restaurant quatre étoiles, situé dans le quartier Skockoe Bottom, est devenu la coqueluche de la ville. « Le centre historique de Petersburg, complètement transformé pour les besoins du film, avait un petit côté spirituel pendant le tournage, explique le maire Brian Moore. On avait recouvert le pavé de terre, il y avait des calèches dans les rues, des soldats… La ville a aussi servi de lieu de tournage au documentaire Killing Lincoln qui sortira en février 2013. L’imagination en éveil Le tournage du film a réveillé les esprits et l’imagination. On y voit dans la région un beau coup de marketing pour le développement du tourisme. L’American Civil War Center at Historic Tredegar a déjà mis sur pied un circuit sur les traces d’Abraham Lincoln à Richmond. L’itinéraire à pied, qui débute au site historique Tredegar, emprunte le chemin que le président a parcouru le 4 avril 1865 vers le State Capitol et la White House of the Confederancy. Quant à la ville de Petersburg, les intervenants touristiques misent sur un circuit balisé sur les traces du film Lincoln. Un itinéraire qui mènera entre autres à la gare historique, au Brickhouse Run, un pub britannique qui sert des plats typiques anglais et où quelques scènes du film ont été tournées dans l’embrasure de la porte, au Centre Hill Museum, une magnifique mansion victorienne du XIXe siècle, et quelques champs de bataille dans la région. En vrac À lire: Abraham Lincoln : l’homme qui rêva l’Amérique, de Doris Kearns Goodwin, Pour dormir: l’hôtel quatre étoiles The Berkeley Hotel est une bonne adresse, à deux coins de rue du State Capitol. Ou le Jefferson Hotel (jeffersonhotel.com) pour son côté historique et son grand luxe. Sally Field y a séjourné pendant le tournage de Lincoln. Renseignements sur la Virginie: virginia.org. Pour qui souhaite marcher dans les traces du film Lincoln à Richmond et Petersburg: http://www.virginia.org/Lincoln/
- Belgique - La Wallonie, un condensé de traditions et de saveurs
Mons — Les Belges aiment la fête et le folklore. Plusieurs manifestations sont d’ailleurs inscrites au patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO, comme la Ducasse (ou Doudou) de Mons, en Wallonie. Et ce sont autant d’occasions d’en découvrir les rites et la gastronomie locale. De Tournai à Bruxelles, via Mons et Namur, place au plaisir des sens.à Richmond et Petersburg, via le film Lincoln. Article publié dans le Devoir du 27 octobre 2012 Six robustes chevaux de trait, aidés par des centaines de Montois qui poussent à l’arrière, tirent le Car d’or. Pas question de ralentir l’impulsion. Et encore moins de s’arrêter. La montée du Car, qui dure une vingtaine de secondes, est saluée par le son de trompettes tibétaines. Dieu soit loué ! Malgré «drache» et dalle humide, le Car d’or réussit à gravir d’une seule traite le raidillon pavé qui longe la collégiale Sainte-Waudru. Bien, sans quoi le malheur risquait de s’abattre sur Mons durant l’année. «Les Montois ne périront pas», scande la foule enthousiaste. Légende ou pas, les Montois ont souvenir d’une année de «Doudou» où le fameux char doré de style Louis XVI, portant la châsse de Sainte-Waudru, n’a pas grimpé la côte d’un seul élan. C’était en 1914, deux mois avant la bataille de Mons. «De quoi mordre sur sa chique!» L’origine de la Ducasse (fête patronale) de Mons ? Sainte-Waudru. Nous sommes au VIIe siècle. Après avoir élevé ses quatre enfants, Waudru décide de changer sa vie et de se consacrer à Dieu. Elle se retire sur une colline où elle mène une vie de dévotion et de prière et y fonde un monastère autour duquel se développe Mons. Waudru est proclamée sainte à sa mort en 688. Depuis, les Montois attribuent bien des miracles à leur sainte patronne, dont celui d’avoir mis fin à la peste qui sévissait dans leur région en 1349. En guise de remerciement, des chanoinesses font construire, en 1450, la cathédrale Sainte-Waudru qui, à ce jour, abrite son corps dans une châsse. Les fidèles organisent une procession en son honneur. Au rythme du Doudou Toujours est-il que, pendant dix jours, Mons vit au rythme du Doudou. «On y pense toute l’année, dit Benoît, un Montois d’origine. Comme bien d’autres ici, j’ai pris congé pendant une semaine pour le Doudou.» Fête des Montois comme des «chambourlettes» (les invités), la Ducasse de Mons débute la fin de semaine de la Trinité, juste après la Pentecôte. La fête consiste donc en deux jeux : celui de sainte Waudru et celui de saint Georges, qui combat un dragon. Parmi les moments forts du Doudou, reconnu depuis 2005 par l’UNESCO au titre de chef-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité: la descente de la châsse des reliques de Sainte-Waudru, la procession, la montée du Car d’or, le combat appelé «Lumeçon». Mille sept cents participants, répartis en 71 groupes, défilent en costume d’époque. Oufti! Une fête qui remonte au XIVe siècle Face à l’hôtel de ville, sur la Grand-Place, des milliers de personnes en liesse attendent l’arrivée de saint Georges, ses 11 diables, 12 chins-chins taquins, 11 hommes-blancs et huit hommes-de-feuilles. Un foule de 40 000 personnes avides d’arracher le crin porte-bonheur qui termine la queue du fameux dragon lorsque ce dernier donne des coups de queue au public. «On dirait la révolution, mais tout se passe en général très bien », explique Michaël Miraglia, Montois d’origine, journaliste et coanimateur de l’émission On n’est pas des pigeons sur la chaîne de RTBF. «Le Doudou est une fête rodée qui remonte au XIVe siècle, avec une charte de plus de 300 pages.» Quand même, à voir comment la foule se bat pour arracher un poil de la queue d’el biète, le dragon, eh bien… ça donne les kiekebiche (chair de poule, en belge)! Capitale culturelle de la Wallonie depuis 2002, Mons a obtenu le titre très convoité de Capitale européenne de la culture pour 2015. Son slogan : «Là où la technologie rencontre la culture.» Parmi les quatre personnalités historiques choisies pour fédérer les expositions, les concerts et les spectacles proposés durant cette année, il y a le peintre Vincent Van Gogh qui a vécu à Mons fin 1879-début 1880, le musicien Roland de Lassus qui y est né en 1532, le poète Paul Verlaine qui a été emprisonné là de 1873 à 1875, et saint George, le saint du Doudou. Un p’tit verre de mousseux pour fêter ça. Et pas le moindre. Le Ruffus. Un blanc de blanc 100 % chardonnay et 100% belge, issu des coteaux binchois, dans le vignoble des Agaises. Un crémant aux allures de champagne royal qui, parions-le, coiffera au poteau, lors de dégustations à l’aveugle, les meilleurs champagnes. «De quoi mélanger ses tartines» (perdre la tête, en belge). Tournée à Tournai Au-delà de la ville de Mons, de sa remarquable Grand-Place, de son beffroi de style baroque classé au Patrimoine de l’UNESCO, de sa ducasse à tout casser, il y a dans un rayon de 100 kilomètres de Bruxelles, en Wallonie, des villes incontournables, et ce, pour qui s’intéresse à l’art, à l’architecture, à l’histoire, à la nature, aux traditions, au folklore et, bien sûr… à la gastronomie belge. Une tournée à Tournai plonge le visiteur au temps de Clodion, chef des francs saliens. En 431, le plus ancien roi de la dynastie des Mérovingiens fait de la cité sa capitale. Quelques décennies plus tard, Clovis lui préfère Paris. Située à 88 kilomètres de Bruxelles, il faut trois heures pour visiter la vieille ville picarde. Son beffroi atteint 72 mètres de hauteur. Grimper les 257 marches qui mènent à son sommet est une mise en jambe redoutable. De quoi donner le tournis! Inscrit aussi au Patrimoine de l’UNESCO, le bâtiment de style néogothique serait le plus ancien de la Belgique. Quant à la cathédrale Notre-Dame de Tournai, un monument également «inscrit», ses cinq tours romanes de 83 mètres de hauteur ont valu à la ville le surnom de «Cité aux cinq clochers». Sans doute un projet architectural audacieux à l’orée du XIIe siècle ! Mais il aura fallu le passage d’une tornade, en août 1999, pour réaliser la fragilité du chef-d’oeuvre romano-gothique. Ipso facto, des travaux de rénovation sont prévus jusqu’en 2017. Ce qui n’empêche pas d’en faire le tour, avant de continuer son chemin vers la Grand-Place, pour une tournée de Tournay, cette bière artisanale bien de Tournai, entièrement naturelle. Chocolat, gaufres, bière et frites alors! À l’évidence, les clichés ont la vie dure: musées, châteaux, citadelles et pierres sacrées, artisanat, folklore et traditions. BD aussi. Bien sûr, la Belgique, c’est tout ça. Mais que serait ce petit royaume d’une longueur de 282 kilomètres d’est en ouest et de 145 kilomètres du nord au sud sans ses bières, ses moules, ses pralines, ses gaufres, ses pèkèts, son whisky wallon, ses spéculoos, ses tartes? Sans doute comme la Caramilk sans caramel ou le sunday sans cerise. Et la Wallonie sans ses frites, alors? Impossible. Et la frite, ici, c’est du sérieux. Elle a même sa charte. Comme le Doudou de Mons. N’est donc pas frite qui veut : une bonne frite aurait une dimension d’un centimètre de côté, une première cuisson à 150 degrés et une seconde à 175. Bien que les Français en revendiquent la paternité et en pratiquent aussi la double cuisson, la légende belge raconte que la frite aurait été inventée au XVIIIe siècle par les Namurois qui avaient l’habitude de faire frire les petits poissons pêchés dans la Meuse. Et lorsque celle-ci gela, ils remplacèrent le menu fretin par la patate découpée en petits poissons, qu’ils passèrent à la friture. À Bruxelles, les fritkots (baraques à frites) embaument les coins de rue, les places, les parcs et les marchés. Certaines semblent plus populaires que d’autres, comme la Maison Antoine, place Jourdan à Etterbeck, et la friterie de la Barrière, à une encablure de la célèbre statue La porteuse d’eau de Julien Dillens, à la barrière Saint-Gilles. Mais Bruxelles ne fait pas que dans les frites. Et encore moins cette année, alors que la capitale de la Belgique et de l’Europe, deuxième ville la plus verte d’Europe (après Vienne), a pour thématique la gastronomie. Depuis janvier 2012, Brusselicious met en lumière toutes les composantes de l’art de vivre gourmand à la bruxelloise. À l’honneur: les grands chefs, bien sûr, mais aussi les produits et les producteurs, les recettes traditionnelles, les charrettes à caricoles, les légumes oubliés et retrouvés, les bières… En vrac Transport. Air Canada assure une liaison directe Montréal-Bruxelles. Hébergement. À Tournai, l’Alcantara est un petit hôtel de 17 chambres tout à fait charmant avec des propriétaires accueillants. Les gîtes du Vieux-Namur sont quatre gîtes dans un même immeuble sous forme d’appartement pour deux personnes (salon, cuisine équipée, espace bureau, wi-fi… une alternative à l’hôtel. À Bruxelles: le Méridien, à deux pas de la Grand-Place. Restauration. À Mons, pour une bonne table: Les Gribaumonts. La «formule confiance» proposée par Lisa, la chef propriétaire (avec son mari Nicolas) comprend cinq plats avec les vins en accord. À Namur, au restaurant étoilé du chef Pascal Pirlot: La petite fugue. La carte automnale propose entre autres truffes de foie gras, huîtres de Gillardeau pochées, homard gingembre/citronnelle/citron vert/coriandre À Bruxelles: Bonsoir Clara, pour découvrir une bonne table près du quartier des Halles Saint-Géry et percer le mystère de Clara. Qui est-elle? Une inconnue qui passe? Une maîtresse sublimée? Une maman? Table d’hôte chez Madame Toefaert (la première femme au monde à être nommée experte en vins rares et de collection), au deuxième étage de son appartement privé de la galerie de la Reine. Madame Toefaert est membre de Karikol, l’antenne bruxelloise du mouvement Slow Food. Elle fait chanter les vins tout en concoctant une cuisine simple et raffinée. Enfin, le restaurant étoilé tout en élégance et en raffinement Chalet de la forêt: le chef Pascal Devalkeneer, un ardent défenseur de la cuisine de saison, n’utilise que des ingrédients issus d’une culture naturelle. Il est aussi membre de Slow Food. À ne pas manquer. Une visite de l’atelier du chocolatier Laurent Gerbaud, rue Ravenstein 2. Une dégustation de bière chez Moeder Lambic, le temple de la mousse. Le lambic est la seule et dernière bière produite à partir d’une levure naturelle présente dans l’air de Bruxelles. Aussi varie-t-elle. Une visite à la Maison Dandoy, rue au Beurre, près de la Grand-Place. On y fabrique depuis 1829 les fameux speculoos, biscuits au beurre, au sucre et aux épices. À ne vraiment pas manquer. En novembre, dans le cadre du Festival Fritkot Brusselicious, Visitbrussels mettra en avant les fritkots (baraques à frites) de Bruxelles. Des cornets de frites vides aux couleurs Brusselicious seront distribués dans les gares, à l’aéroport, aux feux rouges et dans les points d’information touristique. L’idée ? Passer avec ce cornet vide à l’un des fritkots participants et le faire remplir pour le montant symbolique d’un euro. Top 10 des fritkots bruxelloises. Les marchés traditionnels de Noël prennent place début décembre dans presque toutes les villes de la Belgique. Mal de gorge? Au lieu d’aller à la pharmacie pour des pastilles, se procurer à la pâtisserie Quesnoy, 2, place Crombez, à Tournai, une boîte de Ballons noirs de Tournai, un bonbon dur à base de cassonade, de sucre et de glucose aux valeurs thérapeutiques, qui fait la réputation de Tournai depuis 200 ans. La pâtisserie Quesnoy est la seule à les fabriquer.
- Le nouvel hôtel au Massif de Charlevoix - La ferme est ouverte
Baie-Saint-Paul — Entre urbanité et ruralité, l’hôtel La Ferme, troisième volet du mégaprojet récréotouristique Le Massif de Charlevoix, joue de raffinement au milieu des pâturages. Un hôtel au confort soigné, tout de bois, de verre et de céramique, hommage au patrimoine culturel et historique du lieu. Article publié dans le Devoir du 29 septembre 2012 Près des rails, entre fleuve et montagne, à un kilomètre de l’hôtel La Ferme, on cherche à entendre monsieur Toung, le célèbre ouaouaron musicien du roman de Gabrielle Roy, Cet été qui chantait. L’écrivaine entretenait, lors de ses balades, une conversation avec le facétieux ouaouaron guitariste. Il est vrai que monsieur Tong habitait plutôt une mare du côté de Petite-Rivière-Saint-François, mais ce n’est pas loin. Quelques kilomètres seulement. On cherche aussi, en bordure de la voie ferrée, l’onagre, la clochette bleue, la molène, la gesse, la rose sauvage. « Tout le long de ce chemin de fer abondent les fleurs sauvages, écrit Gabrielle Roy. C’est qu’une fois habituées au souffle de la locomotive et à la pauvreté du sol, elles ont trouvé ici des avantages rares : par exemple de n’être jamais broutées ni non plus souvent cueillies. » Le promoteur du projet, Daniel Gauthier, cofondateur du Cirque du Soleil, celui qui, à une autre époque, crachait le feu et exécutait des acrobaties dans les rues de Baie Saint-Paul, a réussi cette fois à mettre en scène non pas des saltimbanques mais des paysages et des gens qui habitent ce joli coin de pays qu’est Charlevoix. « Nos trois pôles sont vivants, il nous reste à les faire danser ensemble », a lancé Daniel Gauthier la semaine dernière, lors de l’inauguration de La Ferme en présence de la première ministre du Québec et députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, Pauline Marois. « D’abord la montagne, puis le train panoramique entre Québec et La Malbaie, et enfin l’hôtel. » Au fil de l’histoire C’est en 1891 que commence l’aventure de ce lieu, sur les terres des Petites Franciscaines de Marie venues s’installer à Baie-Saint-Paul, à l’invitation du curé Ambroise-Martial Fafard. Débute alors l’exploitation d’une ferme qui assurera la subsistance des pensionnaires de l’hospice Sainte-Anne et de leur communauté : 1500 personnes au plus fort de la production. Les religieuses exploitent un troupeau de vaches, une laiterie, une porcherie, un poulailler, un rucher et une centrale hydroélectrique ; elles cultivent des légumes, cuisinent, cuisent le pain et les pâtisseries, blanchissent… Au milieu des années 1960, les structures sociales se transforment et les institutions se vident. Le nombre de bénéficiaires de l’hospice diminue de jour en jour et les installations sont vendues à Louis Philippe Filion le 30 mars 1972. La ferme Filbaie marque la suite de l’histoire sur trois générations. Elle devient un certain temps une des plus grosses fermes laitières de la région et demeure en activité jusqu’à sa vente, le 6 avril 2006. Le nouveau propriétaire, Daniel Gauthier, se propose alors de la transformer en hôtel et de l’inclure dans son mégaprojet récréotouristique de 300 millions de dollars, Le Massif de Charlevoix. Mais le vent tourne le 24 juin 2007 : la ferme Filbaie est complètement détruite par les flammes. En quelques heures, l’icône s’envole en fumée, mais pas question de baisser les bras. Daniel Gauthier et son équipe se remettent au boulot et accouchent de leurs trois bébés, dont La Ferme, un projet de cohabitation entre les vocations agricole et touristique du lieu. Un « hôtel-terroir » Si l’hôtel offre élégance urbaine et services personnalisés à l’image d’un hôtel-boutique, on a opté pour une nouvelle appellation, « hôtel-terroir », dont la plus-value consiste à offrir une dimension territoriale et authentique, porteuse de valeurs uniques. « La Ferme vise à transporter le visiteur dans un endroit précis, dans son histoire, sa nature et les particularités de sa terre », a expliqué Richard Germain, directeur général de l’hôtel. L’hôtel pavillonnaire permet de vivre des ambiances différentes selon le lieu. Les chambres du bâtiment principal évoquent le passé agricole du lieu ; Les Dortoirs de la gare sont une invitation au voyageur solitaire ; Le Clos, avec sa forme carrée, rappelle celle d’un cloître et incite au calme ; La Bergerie est tout indiquée pour les familles ; puis il y a Le Moulin et La Basse-Cour. Sans compter la salle multifonctionnelle qui propose des spectacles, le Café du marché avec ses comptoirs gourmands, Le Bercail où l’on sert des repas légers à l’heure du lunch, et le restaurant Les Labours dont notre critique Martin Fournier a parlé la semaine dernière. Tout n’est pas encore ouvert, mais ça ne saurait tarder. On parle de fin octobre, début novembre.
- Les saveurs de la Martinique dans les restaurants du Québec
Chez Saveur Soleil, traiteur et restaurant spécialisé dans la cuisine des Antilles françaises, le colombo de poulet, le boudin créole, les acras et la fricassée de lambis sont offerts à la carte en tout temps. Mais pas la soupe « z’habitants » (des habitants) ni le blanc-manger coco, deux plats typiquement martiniquais qui sont au menu de la table d’hôte jusqu’à dimanche soir. Aussi des cailles à la créole flambées au rhum et de la fricassée de « chatrou » (poulpe). Article publié dans le Devoir du 22 septembre 2012 C’est que le restaurant antillais, aux couleurs vives et aux effluves de colombo (l’équivalent du curry indien), prend part cette année à la 5e édition de Martinique gourmande, un événement mis sur pied par le Comité martiniquais du tourisme dans le but de créer un lien convivial entre le Québec et l’île aux fleurs. Et à l’instar de la quinzaine de bars et restaurants de Montréal et d’ailleurs au Québec qui participent à ce festival gourmand depuis le 8 septembre, Saveur Soleil a ajouté à sa carte quelques plats bien martiniquais. « Il y a quelques différences entre les cuisines guadeloupéenne et martiniquaise, précise le Guadeloupéen Cydric Féréol, propriétaire de Saveur Soleil. Par exemple, la soupe z’habitants, à base d’épinards et d’herbes, est un plat typique de la Martinique. L’équivalent en Guadeloupe serait le “ pâté en pot ”, un potage à base de légumes et d’abats de cabri ou de mouton. Aussi, les Martiniquais préparent séparément le riz blanc et les haricots rouges, alors que dans les autres îles de la Caraïbe, ces deux ingrédients sont cuits ensemble. » Cydric Féréol se voue à la cuisine créole depuis deux ans. Venu ici dans le cadre de ses études il y a huit ans, il a réalisé le rêve de sa vie en ouvrant, le 15 septembre 2010, ce petit restaurant coloré situé rue Ontario Est à Montréal. Et sa famille l’a suivi. « Au début, je voulais me spécialiser dans les tapas, mais finalement, nous avons opté pour la formule resto-snack-bar-traiteur. » Depuis, la famille Féréol concocte sur place et pour emporter des plats guadeloupéens, mais aussi des îles environnantes et de la Réunion. Et si Martinique gourmande se termine demain, Saveur Soleil continue de mettre de l’avant, à l’année, d’originales créations culinaires à saveur créole. Des ateliers de cuisine antillaise seront d’ailleurs offerts au public, en octobre et novembre. Aussi, dès le premier samedi du mois de décembre y débute la fameuse tradition des « chantés Noël » antillais. Les épicuriens qui dégusteront l’un des menus offerts par les 16 établissements participants à Martinique gourmande courent la chance de gagner un séjour d’une semaine pour deux personnes au Club Med Les Boucaniers, en Martinique. martiniquegourmande.ca, saveursoleil.ca.
- Remettre Haïti sur les rails
Déterminée à remettre son pays sur la carte touristique du monde et à refaire d’Haïti une des destinations favorites dans la Caraïbe, la ministre haïtienne du Tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, se donne deux ans pour ramener les touristes dans la partie ouest de l’île d’Hispaniola. Article publié dans le Devoir du 15 septembre 2012 « Nous mettons les bouchées doubles pour changer l’image d’Haïti et remettre le pays sur les rails du tourisme de loisir », a-t-elle expliqué lors de son passage à Montréal, il y a quelques jours. « Formation de cadres et de personnels, réhabilitation des installations existantes, construction d’infrastructures, campagne de changement d’image… C’est sur tous les fronts que travaille Haïti pour redorer son image de destination touristique de choix. » Un plan d’action En tournée promotionnelle à Montréal, la ministre du Tourisme a présenté un plan d’action précis qui devrait permettre la création de 10 000 emplois en Haïti et le retour des touristes. Elle s’est adressée à quelque 70 personnes, des membres du gouvernement haïtien et de la diaspora, des représentants du ministère du Tourisme du Québec, de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) et du Collège Montmorency, des agents de voyages et des voyagistes. Mme Balmir Villedrouin a aussi engagé des discussions avec plusieurs institutions québécoises intéressées à participer au développement du tourisme en Haïti. Un éventuel accord avec l’Université McGill a notamment été évoqué, pour la mise en place d’un programme de langues française, anglaise et espagnole. « La formation étant la priorité du ministère du Tourisme haïtien, il manquait cette tangente langues au projet », a dit Stéphanie Balmir Villedrouin. Elle a aussi indiqué « que l’Institut de tourisme et d’hôtellerie, en collaboration avec le Collège Montmorency, poursuivra son programme de formation de formateurs en Haïti ». La ministre a aussi rencontré Anna Malito, présidente de Vacances Tours Mont-Royal, pour « rétablir le contact ». « TMR, maintenant propriété de Tran sat AT, canalisait beaucoup de touristes dans les années 1980 sur la côte des Arcadins », a-t-elle rappelé. L’engagement de Transat Bien qu’il soit prématuré de parler d’un programme sur Haïti, Transat a confirmé avoir des discussions avec les représentants du pays et ne pas fermer la porte à de futurs forfaits vacances. « Nous sommes prêts à appuyer la relance d’Haïti en tant que destination voyage dans la mesure où les infrastructures touristiques nécessaires seront en place, affirme Debbie Cabana, porte-parole de Transat. Le voyagiste confirme aussi son engagement auprès d’Haïti en bonifiant son programme de vol et en augmentant le nombre de sièges vers la destination. « Nous avons toujours eu un vol par semaine, à l’année, sur Haïti », poursuit Debbie Cabana. « Nous avons invité TMR à venir faire une visite de repérage cet automne, a souligné la ministre. Il a aussi été envisagé, à court terme, d’organiser un forfait pour la diaspora. Cent trente mille Haïtiens vivent actuellement au Québec. » La version définitive du projet de développement touristique d’Haïti pourrait être dévoilée lors du troisième forum d’affaires Québec-Haïti, organisé par Incas Productions, qui se tiendra sur la côte des Arcadins les 15 et 16 novembre 2012 et qui portera sur le tourisme. Pourquoi là-bas ? « Un événement qui parle d’Haïti, pour Haïti, doit se dérouler en Haïti », a conclu la ministre.
- Brésil - Sao Paulo, mégapole en effervescence
Article publié dans le Devoir du 8 septembre 2012 São Paulo - Quand on parle de São Paulo, on imagine une mégapole congestionnée, polluée, risquée. Sampa (son surnom) n’a-t-elle pas autre chose à offrir que cette triste image ? Que oui ! La cité de 20 millions d’habitants, entrée en 2009 dans le top 10 des villes les plus riches au monde, bouillonne d’activité. Pour l’apprivoiser, il faut prendre le temps de troquer cravate et talons hauts contre jeans et souliers de course et filer à sa rencontre. À pied ou en métro. Elle se révèle alors vivante, créative, énergisante, gourmande… et plutôt belle. Sampa n’est pas une ville axée sur le tourisme. Mais on y travaille. Selon une étude statistique menée par le magazine São Paulo Outlook, les visiteurs internationaux ne représentent en effet que 10 % du tourisme de la ville, alors que 20 % provient des autres États du Brésil et que 70 % des touristes sont ici par affaires ou pour participer à des foires, des biennales, des congrès. Les journées au boulot sont longues, on accorde peu de temps aux loisirs. Le voyageur passe donc de l’hôtel au bureau et du bureau à l’hôtel, sans doute aux heures de pointe, plutôt allongées, merci. Pas surprenant qu’il ne retienne de São Paulo que ces interminables bouchons de circulation qui enveniment le quotidien. Moment précis où tous envient les riches Brésiliens qui se rendent au travail par la voie des airs. À São Paulo, on compte presque autant d’hélicoptères privés (452 immatriculés) qu’à New York, qui circulent dans le ciel. C’est dans le centre historique de la ville, au sommet du bâtiment de style Art Déco Altino Arantes, à 161 mètres, que le point de vue sur les 2500 gratte-ciel de la mégapole est spectaculaire. De là, on aperçoit les pistes de décollage sur le toit des immeubles. Heureusement, avec la venue de la Coupe du monde de la FIFA en 2014, des Jeux olympiques de Rio en 2016, et avec la possibilité d’accueillir l’Exposition universelle en 2020, la ville de São Paulo s’est lancée dans une politique de grands projets — dont la sécurité fait partie — et prévoit notamment la construction de quatre lignes supplémentaires d’autobus ainsi que la prolongation de 62,7 kilomètres de lignes de métro, dont la mise en service se fera sur quatre ans. Bombardier Transport est chargé de concevoir et d’installer le nouveau système de monorail (Innovia Monorail 300) sur la ligne appelée Expresso Tirandes, le prolongement de la voie bleue entre Vila Prudente et Cidade Tiradentes. Les deux heures nécessaires pour parcourir ce trajet actuellement seront réduites à 50 minutes et le service desservira 500 000 voyageurs par jour. « Le tourisme n’a jamais fait partie des priorités des Paulistas [les habitants de São Paulo] », explique Eliena R. S. Souza, propriétaire de Spin Brazil Tours, une entreprise de guides touristiques basée à São Paulo. « La préoccupation première, ici, est de faire de l’argent. Pour se payer autos, logement, vêtements et nourriture. La ville se développe très vite et la vie est chère. » Et puis après, il y a les clichés qui collent à la peau du Brésil. À la simple évocation du nom, l’imagination baguenaude vers des images exotiques de danse, de musique, de sensualité, de langueur, de fête et de forêt tropicale. « São Paulo n’est ni Rio, ni l’Amazone », concède Eliena. Non, c’est autre chose ! Pas exotique, la mégapole, mais fascinante. Pas de front de mer ni de perroquets aras ou de singes-araignées. Par contre, on peut voir ces animaux au Jardin zoologique de São Paulo, le cinquième plus grand au monde, situé dans la zone sud de la ville. Ces espaces verts, d’une superficie de 900 000 mètres carrés et recouverts par la forêt tropicale atlantique, abritent 3200 animaux, 200 espèces d’oiseaux, 100 espèces de mammifères ainsi que 98 espèces de reptiles. Sampa est née du labeur de chacune des communautés qui y ont élu domicile. D’abord les indigènes, les Portugais et les Africains. Ensuite les Italiens et les Japonais. C’est la troisième cité italienne en importance à l’extérieur de l’Italie et la plus grande ville japonaise hors du Japon. Puis, il y a les Allemands, les Anglais, les Français, les Coréens… Le Paulistano est charmant, courtois (sauf l’automobiliste, qui n’a aucun respect pour le piéton) et surtout très fier de son monstre urbain, même s’il râle sans cesse contre la pollution, la désorganisation et la circulation. Gastronomie et architecture Un tel brassage démographique a conduit à une gastronomie prédominante. On mange bien dans la capitale économique brésilienne. Le São Paulo Outlook établit le nombre d’établissements à 15 000 bars, 500 churrascarias (restos de BBQ), 12 500 restaurants dont 250 japonais et 1500 pizzérias. De la lanchonete (comptoir-lunch) du coin au prato feito (plat du jour comprenant riz, haricot, viande et salade) dans un bar, via le botequim (restaurant ouvrier), le rodizio (buffet ou plat à volonté) de sushis, de pizza ou de viande grillée et le restaurant au kilo. Il y en a pour tous les goûts, toutes les bourses. São Paulo ressemble à New York il y a 20 ans. Une ville hyperactive, un peu intimidante par sa dimension, mais stimulante car elle est traversée par une colossale énergie qui se ressent dès que l’on débarque de l’avion, à l’aéroport international de São Paulo-Guarulhos. Cette ville à la verticale peut paraître anarchique mais elle dissimule bon nombre d’audaces architecturales. Comme l’immeuble Copan — du nom d’une ville maya au Honduras — signé Oscar Niemeyer. « L’édifice, haut de 115 mètres sur 32 étages, représente un symbole important pour São Paulo. Au moment de sa construction, dans les années 1950, Sampa était déjà sur le chemin de devenir l’une des grandes métropoles du monde, dit Eliena R. S. Souza. D’une surface construite de 120 000 mètres carrés, le Copan se divise en six bâtiments et compte 1160 appartements d’une à quatre chambres, ainsi que 70 commerces. On estime que 5000 personnes y habitent. Il comporte 20 ascenseurs, plus de 220 places de stationnement et, compte tenu du grand nombre de résidants, son propre code postal ! Sa forme sinueuse contraste avec les constructions linéaires du centre-ville de São Paulo. Elle porte la griffe de son créateur. » Autre œuvre de génie : l’hôtel Unique conçu par l’architecte brésilien Ruy Ohtake. Sa forme de grand arc inversé, troué de fenêtres circulaires tels des hublots surdimensionnés, rappelle un bateau. L’hôtel-boutique, situé sur l’avenue Brigadeiro Luis Antonio, dans le quartier Jardim Paulista, vaut le détour. Pour siroter sur le toit une caipirinha (cocktail national officieux du Brésil composé de cachaça, alcool de canne à sucre très fort, d’un jus de citron vert, de sucre et de glace), ou pour y passer la nuit. Mythique et astucieux avec ses grandes allées, ses centaines d’eucalyptus australiens, son importante plantation d’arbres tropicaux, ses trois lacs, son pavillon japonais, son planétarium, son musée d’art moderne et son stade de 20 000 places, le parc Ibirapuera, d’une superficie de 1584 kilomètres carrés, le deuxième plus grand de Sampa et le poumon de la ville, mérite qu’on lui consacre une journée entière. Conçu par l’architecte-paysagiste Roberto Burle Max et inauguré le 21 août 1954, c’est à la fois le Hyde Park de Londres, le Bois-de-Boulogne de Paris et le Central Park de New York. Le parc Ibirapuera est un condensé du Brésil. Au moindre rayon de soleil, on y fait bronzette, discute pendant des heures aux terrasses des cafés, pratique le vélo, le patin à roulettes, le jogging ou la capoeira. Le dimanche, c’est sans doute l’endroit le plus fréquenté de la ville après la cathédrale de Sé et la Basilica de Nossa Senhora de Assunçao, au monastère de São Bento. Une journée de plus à São Paulo Derrière sa verticalité, le vrombissement de ses autos, les cris de joie des Paulistas à minuit, après une partie de foot opposant les Corinthians aux Palmeiras ou São Paulo aux Santos, la mégapole qui occupe le 7e rang des dix plus grandes villes au monde réserve encore bien des surprises. Elle captive les artistes et les musiciens, séduit les gens d’affaires. « Stay another day » proclame la publicité de São Paulo Turismo. Le message s’adresse aux voyageurs d’affaires, nombreux à venir à São Paulo sans jamais pousser leur curiosité au-delà du travail et de la piscine de l’hôtel, explique le président de ce bureau de tourisme, Marcelo Rehder : « Pour les encourager à explorer la ville, nous avons créé sept circuits thématiques dans les régions de Paulista/Jardins (avenue Paulista), du Centro (centre-ville historique), de la zone sud (parc Ibirapuera), de la zone ouest (quartier Vila Madelena, le SoHo de São Paulo) et de la zone nord où se trouvent les grandes écoles de samba qui ouvrent leurs portes aux visiteurs les jours de pratique, en préparation pour le carnaval de la ville. » Foot, panoramas citadins, architecture, arts, histoire afro-brésilienne, du café, de l’indépendance du Brésil… Sept itinéraires accompagnés d’une carte et d’une description des lieux. Le circuit football mène au stade Pacaembu et à son musée du foot, ainsi qu’au stade de Morumbi. Berceau du football brésilien, São Paulo sera l’hôte de la Coupe du monde de la FIFA en 2014. São Paulo Turismo propose aussi Turismetrô, une tournée de la ville en métro, avec un guide. Il suffit de se rendre au métro Sé, dans le centre historique, pendant le week-end, à 9h ou à 14h. La visite des sites se fait en anglais et en portugais, au coût du titre de transport. Et la sécurité à São Paulo ? Attribué en grande partie à une présence policière accrue (et plutôt sympathique) et à de nouvelles lois, le nombre de meurtres est passé en dix ans sous la barre de dix pour 100 000 habitants. « En 2009, on parlait de 51 homicides pour 100 000 habitants, aujourd’hui de neuf pour 100 000. Et le travail se poursuit », affirme Marcelo Rehder. En vrac Transport. Air Canada dessert São Paulo àpartir de Toronto. Hébergement. Si vous êtes à São Paulo en touriste et non par affaires, considérez le fait de loger dans la région Paulistas/Jardins, à proximité de la ligne de métro et des Avenida Paulista et Oscar Freire (magasinage de luxe), afin de vous rapprocher du grand centre, nouveau et ancien, de la ville. Pour un bon rapport qualité-prix : le Quality Suites Imperial Hall; pour une auberge de charme à coût modique : la Pousada Zilah. Très luxueux, l’hôtel-boutique Fasano. Restauration. Dans Jardins Paulista : Le Rodeio pour une picanha fatiada (morceau de bœuf coupé à la base supérieure de la queue et servi saignant, salé et grillé), un palmito assaso (tronc de palmier grillé servi avec une sauce aux câpres ; le fruit et non le bourgeon) et un plat de cebola tirolesa (oignons panés coupés très fins). rodeiosp.com.br/index.php. Et Figueira Rubaiyat, notamment pour son immense figuier au centre du restaurant. Dans Vila Olympia : Fogo de Chao, pour une churrascaria. Dans Moema : Badejo, pour une moqueca, un ragoût de fruits de mer ou de poisson, un classique de la cuisine bahianaise. Puis dans Vila Madalena : Feijoda de Lana, pour une feijoada (ragoût composé de haricots noirs mijotés avec une grande variété de viandes, notamment de la langue séchée et des parures de porc ; et San Cristovao, pour ses milliers de photos de football sur les murs, qui racontent l’histoire de ce sport roi à São Paulo. Samba et carnaval. Le dimanche soir, l’école de samba Mocidade Alegre ouvre ses portes aux visiteurs qui souhaitent participer à la pratique (et danser avec eux) en vue du carnaval de São Paulo. Guides. Comprendre le Brésil et Le brésilien pour mieux voyager, aux éditions Ulysse. Pour des adresses pratiques et de bonnes idées d’hébergement, Brésil, aux éditions Lonely Planet. Pour une bonne compréhension du Brésil, lire Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss, Les chemins de la faim et Cacao Jorge Amado. Renseignements. Pour les services d’un guide urbain sur la thématique de votre choix (le guide fera tout pour vous accommoder, ainsi sont les Paulistas, des gens adorables), contacter Eliena R. S. Souza (qui parle anglais), 001 55 11 9185-2623/5904-2269, contato@spintours.com.br. Pour télécharger ou obtenir les sept circuits thématiques (en anglais) et de l’information touristique sur la ville de São Paulo.
- France - Remonter le temps, de château en château
Entre Méditerranée et Pyrénées, traversant l’Aude d’est en ouest (et l’est de l’Ariège), le Sentier cathare et sa dizaine de châteaux juchés sur des pitons rocheux témoignent de l’histoire agitée du Languedoc médiéval. Long de 220 kilomètres, le sentier côtoie vignes, garrigues, gorges, gouffres, montagnes et forêts centenaires. Peu accidenté, il nécessite, malgré tout, une bonne condition physique et un équipement adapté à des journées allant de trois à sept heures de marche. Douze étapes, douze jours de bonheur au coeur de l’histoire cathare. Article publié dans le Devoir du 4 août 2012 L’Aude, pays cathare : intrigant comme marketing territorial. Surtout si l’on s’intéresse à l’histoire. Le catharisme avait-il une frontière ? Ne trouvait-on pas déjà au xie siècle des adeptes de la doctrine dans toute la chrétienté, en Grèce, dans les Balkans, en Rhénanie, en Italie, en Flandres, en Champagne, en Aquitaine, à Toulouse ? Pourquoi alors le département de l’Aude, en Languedoc-Roussillon, en a-t-il fait sa marque de commerce ? « Le label « pays cathare » appartient à l’Aude depuis trente ans », précise Richard de la Touraine, copropriétaire du gîte de la Bastide, à Camps-sur-l’Agly, étape du Sentier cathare. « Nos élus avaient compris en cette période de crise économique et de fermeture d’entreprises importantes que le tourisme était la solution de rechange au développement économique de la région. » Pour relier les monuments qui existaient en Aude, il fallait donc trouver un fil conducteur. La côte narbonnaise, la cité de Carcassonne, le canal du Midi et le vin se démarquaient déjà. Les abbayes et les églises romanes aussi. Mais moins les châteaux forts. C’est alors que le conseil général de l’Aude a eu « l’idée géniale » de sortir de l’ombre l’histoire cathare. Après tout, et c’est vrai, le Moyen Âge captive encore et encore : forteresses, troubadours, chevaliers, Saint Graal… L’histoire est coquine. Le catharisme, qui a abouti au XIIIe siècle à un terrible génocide, se transforme en leitmotiv du développement touristique dans l’Aude. Un mal pour un bien. « Il y a trente ans, on demandait à un Français où était l’Aude et il l’ignorait, raconte Richard de la Touraine. La création de la marque « pays cathare » - un gage de qualité qui regroupe aujourd’hui 900 entreprises - a vivement contribué à l’essor touristique du département du Sud. » D’ailleurs, il n’y a qu’à voir le nombre de touristes qui franchissent émerveillés les murailles de la cité de Carcassonne, qui s’exclament devant la beauté des vitraux de l’abbaye de Fontfroide ou grimpent au sommet de pitons escarpés pour visiter les spectaculaires citadelles du vertige, bâties à même le roc, dans l’orgueil et la crainte : Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens… « Mais prudence quant au label « château cathare », car les Cathares n’ont rien construit. C’est une marque de commerce qui s’applique maintenant à toutes les sauces : vin cathare, agneau cathare. Les « Bonshommes » ou « parfaits » ne buvaient pas et étaient végétariens. » Désireux de retrouver le christianisme des origines, les « parfaits » prêchaient la pauvreté et la non-violence et rejetaient l’Église romaine. Ils jugeaient cette Église infidèle à sa mission, trop riche, trop liée aux puissants, trop loin du peuple. Les Cathares concluaient l’existence de deux principes, le Bien, Dieu éternel, et le Mal, dont dérivait le monde matériel et transitoire. Avec le temps, la marque de commerce « pays cathare » est devenue un véritable fil conducteur pour découvrir l’Aude, mais aussi d’autres départements, comme le Tarn (Albi), l’Hérault (Minerve), la Haute-Garonne (Toulouse) et l’Ariège (Montségur, Roquefixade, Foix). Prélude à la marche « Pour se mettre en appétit avant de venir dans la région, il faut lire le polar Labyrinthe de Kate Mosse », suggère, lors d’un salon du voyage à Montréal, Jacques Daoulas, directeur promotion-communication au Comité régional du tourisme Midi-Pyrénées. L’histoire se déroule en partie dans la cité de Carcassonne au xiiie siècle, alors que Raymond Roger Trencavel, vicomte de Carcassonne, tolère et protège l’hérésie cathare sur ses terres. Un beau geste qui coûtera cher au vicomte. Importuné par ces hérétiques, le pape Innocent III lance sa croisade. La Cité est assiégée, Raymond Roger est emprisonné et ses terres sont confisquées par Simon de Montfort. L’ouvrage de Kate Mosse - un polar du genre Da Vinci Code - valut à la romancière britannique le British Book Award en 2006 et à Carcassonne, la visite récente d’une équipe de tournage. Labyrinthe sera présenté cet automne à la télévision française (M6.fr) en deux épisodes de 90 minutes. Et pour les visiteurs, l’auteure propose à la fin du roman une promenade explicative de deux heures de la Cité, à la découverte de vingt lieux qui constituaient le cadre de vie de son héroïne au Moyen Âge. Construit au xiie siècle par les Trencavel, seul le château Vicomtal incarne encore aujourd’hui le lieu de vie de ces puissants seigneurs de l’époque. Avant d’enfiler pour les douze prochains jours bermuda et bottes de marche, un détour par les châteaux de Lastours, à quelques kilomètres au nord de Carcassonne, direction la montagne Noire, vaut la chandelle. Le site est vraiment unique : au-dessus du village de Lastours s’élève un grand massif rocailleux qui s’affine en une longue crête hérissée de quatre pointes. Chacune d’elles porte la ruine d’un château : Cabaret, Quertinheux, Fleur-Espine, Tour Régine. Depuis l’ancienne usine de draps Rabier, située au coeur du village de Lastours, un sentier de randonnée aménagé conduit en vingt minutes à ces citadelles du vertige, à 300 mètres d’altitude. Tout à coup, juste après qu’on a contourné les escarpements nord et débouché sur la face orientale, apparaissent de superbes cyprès qui piquent le ciel, donnant au paysage un petit air de Toscane. Vestiges d’une ancienne église primitive, jolis restes de tours, de citernes, d’escaliers… Au xiiie siècle, le chef de l’armée de la croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort, aurait fait défiler des prisonniers mutilés au pied de cette forteresse - alors fief des seigneurs de Cabaret, vassaux des Trencavel - pour décourager les assiégés cathares de s’y rendre. 220 kilomètres à pied Mis en place à la fin des années 1980, dans la foulée du fameux label « Aude pays cathare », le Sentier cathare, d’une longueur de 220 km, entre Port-la-Nouvelle et Foix, n’est pas homologué GR (grande randonnée) par la Fédération française de la randonnée pédestre. À ne pas confondre avec le GR 107 qui unit Foix, dans le département de l’Ariège, en France, à Portella Blanca, en Espagne. Aussi appelé « Chemin des Bonshommes », le GR 107 emprunte un itinéraire de 117 km, celui que parcouraient les Cathares fuyant l’Inquisition pour se réfugier en Catalogne. Rien à voir non plus avec le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (GR 65), qui traverse sur 750 km le sud de la France et attire chaque année pas moins de 100 000 âmes aux motivations de tout poil : quête spirituelle, découverte de soi-même, créations de liens. Marcher sur le sentier cathare, c’est avant tout évoluer d’un château à l’autre, avec pour but, entre autres, de remonter le temps. Dix châteaux se dressent ici sur des pitons rocheux : Durban, Aguillar, Padern, Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens, Puisvert, Montségur, Roquefixade et Foix. Mais une fois sur le terrain, il y a la surprise de la découverte des paysages. Par exemple, les gorges de Galamus. Deux kilomètres d’escarpements dans un décor lunaire où seuls quelques genêts et chênes kermès réussissent à se cramponner. Un sentier à flanc de falaise mène à un ermitage créé au vie siècle, puis à une chapelle camouflée dans la paroi rocheuse. Il fallait avoir la foi pour bâtir là ! Au fond, un torrent tumultueux parcourt une gorge étroite. Des marmites géantes tiennent lieu de bassins naturels : superbe site pour la baignade en été. Les décors fantastiques des châteaux de Quéribus et de Peyrepertuse ne laissent personne indifférent. Ni la montée depuis Padern jusqu’à Quéribus. Tuante ! Surtout si l’on porte un sac à dos trop lourd. Quinze kilos max. Ce n’est pas Saint-Jacques-de-Compostelle avec son service impeccable (et abordable) de transbagages. La chose existe, mais, étant donné la faible fréquentation du sentier, le service coûte la peau des fesses. On a affaire ici à des taxis privés. Le pic et les charcuteries Après Camps-sur-l’Agly, deux routes s’offrent aux randonneurs : celle qui va au pic de Bugarach et emprunte les plateaux d’altitude quasi désertiques du massif des Hautes-Corbières ou l’autre, plus fréquentée, qui mène au château de Puilaurens. Nous optons pour la première. L’étape jusqu’au village de Bugarach se parcourt en quatre heures, sauf si l’on décide de grimper au sommet du pic de Bugarach, à 1231 mètres, pour profiter des ondes magnétiques de la « montagne sacrée » ou pour y découvrir le fameux passage qui permet d’accéder à une civilisation perdue. Et, oui, Bugarach a un petit côté ésotérique et de curieuses coutumes locales, comme celle de boire le vin doux au « porro », un type de pichet à vin au goulot étroit. Selon une prédiction, le petit village tranquille de Bugarach serait le seul à survivre à la fin du monde prévue pour le 21 décembre 2012. Il semble donc que ce soit au pied de cette montagne sacrée que le monde sera sauvé. Conseil d’ami, mieux vaut réserver une chambre tout de suite, car il semble y avoir beaucoup de disciples. Et pour les campeurs, ce n’est pas chaud l’hiver… Puisvert, Espezel, Comus : plus qu’une étape avant de rejoindre Montségur. On quitte l’Aude pour l’Ariège. Au gîte d’étape Lou Sicret, dans le village de Montségur, nous sommes accueillis par le propriétaire Jean-Luc Massera. Le feu crépite dans la cheminée en pierre de la cuisine. Il servira à cuire les truites bio en provenance de la pisciculture de Montferrier. Quelques charcuteries de montagne et fromages de brebis attendent sur la table d’être entamés. Sans être le site le plus grandiose des guerres albigeoises, Montségur est certainement le plus captivant. C’est ici, en Arière-Pyrénées, que les hérétiques, après avoir été condamnés par Rome et réprimés par la croisade des Albigeois (1209-1229), ont trouvé refuge. Cinq cents évêques, diacres et fidèles se sont installés dans ce nid d’aigle, à 1207 mètres d’altitude au-dessus du pays d’Olmes. Le siège dura un an, jusqu’à la reddition, en mars 1244, et le sacrifice de la communauté religieuse, livrée au bûcher : en tout 220 hommes et femmes périrent dans le brasier. Il y aurait encore tant à dire sur le sentier cathare… *** En vrac Transport : Pour un départ de Port-la-Nouvelle, accès en train de Narbonne ou de Perpignan. Pour un départ de Foix, accès en train de Toulouse. Bien que cher, le taxi est aussi une solution. Hébergement et tables d’hôte : À Tuchan, gîte Saint-Roch (labellisé «Accueil paysan»), sur les pentes du mont Tauch, à deux kilomètres du sentier cathare À Duilhac-sous-Peyrepertuse, L’Hostellerie du Vieux Moulin, située sur le Sentier cathare, au pied du château de Peyrepertuse À Camps-sur-l’Agly, Gîte La Bastide (labellisé «Accueil paysan») À Bugarach, Maison d’hôtes Le Presbytère. Cet ancien presbytère ne manque pas de charme ni d’authenticité avec ses boiseries sculptées À Quillan, l’hôtel La Chaumière. Accueil personnalisé, chambre moderne et bonne table À Puisvert, La Cocagnière, une maison d’hôte charmante située au coeur de la campagne à l’orée du hameau de Campsylvestre, entre Nébias et Puisvert À Espezel, le très authentique petit hôtel Grau. Le patron est fort sympathique et se révèle un très bon chef À Comus, le Silence du Midi. Nous voilà à la frontière de l’Aude et de l’Ariège et ici, on a le choix de dormir dans une yourte traditionnelle, dans un appartement ou un studio ou en gîte d’étapes. Peu importe la formule, le lieu est fort sympathique À Montségur, gîte d’étapes « Lou Sicret ». Formule dortoir, mais fort sympathique. Une grande cheminée dans la cuisine donne l’impression de vivre au Moyen Âge. À Roquefixade, Le Relais des Pogs Information pour préparer son voyage :www.lesentiercathare.com. Comité départemental du tourisme de l’Aude (Carcassonne) Agence de voyage québécoise qui propose le Sentier cathare : et www.karavaniers.com. Lire : Le guide du Routard sur le Languedoc-Roussillon et le site Internet entièrement dédié au catharisme.
- Air-France - Un nouveau service au sol à Montréal Trudeau
Profitant de l’inauguration de la nouvelle zone d’enregistrement d’Aéroports de Montréal, en début de semaine, Air France a procédé au lancement de Sky Priority, le nouveau service au sol harmonisé dans le monde entier pour tous les transporteurs de l’alliance Sky Team. Article publié dans le Devoir du 30 juin 2012 Dorénavant, les clients qui voyagent en classe La Première, Affaires ou Premium Voyageur et les détenteurs de cartes Flying Blue Platinum et Gold bénéficieront de privilèges et d’une signalétique claire qui les mènera plus facilement vers les points d’accueil Sky Priority. « Nous sommes heureux d’offrir une nouvelle zone d’enregistrement plus spacieuse, lumineuse et élégante à l’ensemble de nos passagers. Et d’être parmi les premières escales internationales à offrir Sky Priority, a expliqué Fabien Pelous, vice-président et directeur général d’Air France KLM au Canada. Ce service permettra à nos voyageurs Elite Plus d’Air France et à ceux de nos compagnies partenaires de profiter d’un service au sol plus cohérent et d’une signalétique claire qui devrait faciliter le repérage des points d’accueil Sky Priority. » Le Sky Priority comporte des privilèges attrayants pour les passagers admissibles à ce service de luxe au sol : un accès prioritaire aux comptoirs de vente de billets et à ceux des correspondances, des espaces réservés pour l’enregistrement, un embarquement et une livraison des bagages traités de façon prioritaire et un accès facile aux files d’attente des contrôles de sécurité. Lancé en avril dernier aux aéroports Paris-Charles de Gaulle et Amsterdam-Schipol, le service Sky Priority sera disponible, d’ici 2013, dans plus de 1000 aéroports du monde. Chaque compagnie aérienne décidera de la date de sa mise en application. Quant aux aéroports de Toronto, Calgary et Vancouver, ils offriront le service « en or » dès la fin de juillet.

















