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  • Photo du rédacteurHélène Clément

Un terrain de jeux muséal


Le parcours du voyage est ponctué de jeux, dominos géants et d’autres qui feront appel au sens de l’observation.

Le jeu est une activité qui dépasse le simple but d’avoir du plaisir. Le Musée McCord en fait la preuve pour une troisième année avec son exposition Jouets 3 - Le voyage. Le parcours dirigé et ludique invite les jeunes de trois à neuf ans et leur famille à découvrir de façon originale le voyage à travers près de 200 jouets de la collection du musée. Une carte d’expédition en main et des yeux tout le tour de la tête : en route pour Abracadabra.


Article publié dans le Devoir du 30 novembre 2012

Avant de partir en expédition, l’explorateur aguerri se prépare. Un gage de réussite. Donc, au boulot ! Dès le départ, le visiteur s’équipe de la carte qui lui permettra de visualiser l’itinéraire jusqu’au pays d’Abracadabra, de faire des choix parmi les objets utiles à apporter dans ses bagages et d’opter pour son moyen de transport favori. Ce périple n’est pas une course. Il faut prendre le temps de lever la tête. D’observer le détail. Là est tout le plaisir.


Une fois la carte d’expédition analysée, c’est la rencontre avec Snoopy Sniffer, le chien-guide (et premier jouet de l’exposition) qui accompagnera le visiteur tout au long du parcours. Le basset en bois aux longues oreilles, fabriqué par Fischer Price Toys vers 1938, a été l’un des jouets les plus populaires de l’histoire de la compagnie et un coup de coeur de nombreuses générations d’enfants. Bien qu’il porte le même nom que le chien de la bande dessinée Peanuts, Snoopy Sniffer devance l’ami de Charlie Brown d’au moins dix ans.


Après la rencontre avec le chien renifleur, on pénètre dans une salle qui évoque une chambre à coucher. C’est là que l’explorateur fait sa valise. Une vitrine permet de découvrir quelques trésors de la collection : une petite balance en fonte, un poêle à bois, un piano, des vêtements de poupée, un téléphone… L’enfant devra choisir parmi cette collection trois choses qu’il jugera utile d’apporter en voyage.


Comme des vrais


On remarque que ces jouets pour enfants imitaient très bien l’objet grandeur nature utilisé par l’adulte. Comme ce petit fer à repasser électrique qui fonctionnait comme un vrai. On pouvait bel et bien s’y brûler. Ou encore la petite scie à bois qui sciait vraiment. Impensable de nos jours !


Dans cet espace, on apprend aussi que « même dans le jeu imaginaire, l’enfant agit à l’exemple des adultes. Et que peu à peu qu’on encourage ou non ce comportement, les petites filles auront tendance à imiter les rôles féminins, alors que les garçons prendront modèle sur des figures masculines. L’étiquette derrière le balai mécanique Little Queen, de Bissell, fabriqué entre 1955 et 1963, indique clairement qu’il a été « conçu pour l’enfant qui veut aider maman ». »


Dans la salle suivante, le voyageur choisit son moyen de transport, non pas en fonction des CO2 émis, il n’en est pas du tout question ici, mais par rapport au plaisir. Libre à lui, donc, de se rendre à Abracadabra en patins à roulettes, en vaisseau spatial, en train, en auto, en bateau, en trottinette, à cheval ou en avion.


Parmi les quelques jouets précieux - la collection du musée s’élève à 11 000 articles - qu’on retrouve dans la salle des transports, il y a la voiture à pédales Earth Mover créée par la compagnie américaine Murray Manufacturing de Cleveland, en Ohio, dans les années 1960. Dotée d’une benne basculante, d’un siège en cuir rouge, d’enjoliveurs chromés, d’un volant fonctionnel et d’un pare-brise, ce véhicule fut l’un des meilleurs vendeurs de la compagnie.


« Il fallait avoir les moyens pour offrir une voiture de ce genre à son enfant, explique Anny Guindon, chargée de projets de l’exposition. Son ancien propriétaire a expliqué que ses parents l’avaient achetée au magasin Eaton de Montréal, en 1966, pour la somme de 26 $. » Back flash… Il faut se rappeler qu’à cette époque, le salaire minimumétait de 0,99$ l’heure.


Le cheval à bascule en bois qui aurait appartenu à un membre de la famille Van Horne s’inscrit aussi dans l’histoire. Tout comme le joli modèle réduit de kayak confectionné par un artiste inuit.


Sa forme a été reproduite avec une telle précision et un tel soin que l’objet demeure à ce jour un document précieux pour les chercheurs, apprend-on à l’exposition. Construit en bois, peau de phoque, cuir brut et tendon, il comprend tout le nécessaire au chasseur inuit : une pagaie à double pale (pautik), une lance (angovigak), un harpon (igimak) et un crochet (niqchiq).


En route


La valise bouclée : en route pour Abracadabra. Première escale : la jungle. Du plafond de cet espace pendent des lianes, des algues, des feuilles, des méduses. Ici, l’incongru suscite la surprise et… la réflexion. Les maisons de poupées sont habitées par des animaux. Il y a un dromadaire debout sur une commode, un lama dans un bain, un éléphant qui boit dans un bol de toilette, des pingouins dans un salon, un morse sur un canapé, des ours polaires sur une table…


« On souhaite initier l’enfant au musée, l’amener à porter attention aux objets. L’inusité suscite souvent le questionnement, d’où l’importance ici d’une interaction entre l’adulte et le jeune. C’est une petite exposition, mais riche en détail », précise Annie Guindon.


Tout cela fatigue. Ça tombe bien car la zone suivante est dédiée au repos du voyageur. On y a dressé un feu de camp, installé des poufs en forme de guimauves, un banc à l’allure de chien-saucisse et une petite bibliothèque qui propose quel ques livres : Le Petit Prince, Vingt mille lieues sous les mers, Premier voyage de Gulliver, Moby Dick… Tout pour donner le goût de l’aventure, quoi.


Le voyage se termine dans une salle colorée et ludique où le petit voyageur participe à une sorte de fête organisée par les jouets. C’est le défoulement après la réflexion. Le parcours est ponctué de jeux géants tels un serpent-et-échelles peint au plancher, des dominos colossaux, de grands dés et des miroirs pour se voir en girafe, papillon, éléphant, poisson, cow-boy, princesse.



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