top of page

Recherche

227 résultats trouvés avec une recherche vide

  • Tak Tak Martinique propose un hôtel sympa pour découvrir Fort-de-France

    Situé à l’Etang Z’Abricots, à la périphérie de Fort de France, à 10 km de l’aéroport Aimé Césaire et à 2 km du terminal inter-îles, Le Centre International de Séjour Martinique accueille groupes et individuels pour des séjours de travail de loisirs et de découvertes. Doté de 144 lits répartis dans 66 chambres, l’établissement propose des formules souples et abordables, alliant hébergement, restauration, animation, réunions, séminaires et tourisme. Tarifs: (https://www.cis-martinique.com/tarif-hebergement/) https://www.cis-martinique.com/

  • Tak Tak Martinique propose glamping et nuitée dans une tente suspendue au dessus de la rivièreCapot

    C'est avec la petite entreprise Ecolibry que vous aurez le plaisir de vivre une nuitée (ou plus) de camping très glamour dans un environnement magnifique, au Morne Vert, sur le bord de la rivière Capot. Une expérience unique et écolo pour découvrir la nature martiniquaise. https://www.ecolibry.fr/glamping

  • Tak Tak Martinique- Quatre hébergements nature, zen,pour se reposer, se ressourcer et se cultiver

    J'ai découvert ces endroits sympathiques comme tout en compagnie de Patrick Duchel, le créateur du tour opérateur nature et culture Tak Tak Martinique, basé au Morne des Esses, à Sainte-Marie. Un moyen exceptionnel de se promener au coeur de la biosphère de l'île. tél.: +596 596 69 89 49 LES HÉBERGEMENTS Le Paradis de l'Anse - Rivière Salée - (Sud-Caraïbe) Me voilà plein sud, dans un hébergement coquet, qui fait restaurant aussi, et qui surplombe la jolie plage de Anse Figuier, à Rivière-Pilote. Très bien situé, à proximité des communes du Marin et de Sainte-Anne (et de sa plage des Salines) pour découvrir le sud de la Martinique! Côté hébergement Côté restaurant https://www.facebook.com/LeParadisDeLanse/ https://paradisdelanse-restaurant.fr/fr_fr/ https://www.bellemartinique.com/tourisme/ou-dormir/hotel/le-paradis-de-lanse/ Au Bon Repos - Le Lorrain (Nord-Atlantique) Plein nord atlantique, au Lorrain dans le quartier Bon repos avec vue sur la montagne Pelée. De petits chalets confortables, coquets, propres, bien entretenus. Tout autour des palmiers, des arbres fruitiers (cacao, coco...), des fleurs magnifiques. Un endroit zen zen zen zen! https://le-refuge-du-bon-repos.business.site/ Le Hameau du Morne des Cadets - Fonds Saint-Denis (Nord-Caraïbe) Le Hameau du Morne des Cadets saura vous accueillir avec chaleur à l'image des habitants de l'île. Et sachez qu'au dessus de Saint-Pierre, aux premières loges de la montagne Pelée, il y a ce petit village fleuri ou il fait bon flâner, déguster une limonade ou un ti-punch, jaser avec les habitants du coin ou simplement partir à l'assaut de l'une ou l'autre des randonnées qui s'offrent à vous en forêt tropicale dont le Canal des Esclaves (7,5 km), Morne Vert-Fonds Saint-Denis (10 km), la cascade du Saut Gendarme... et bien sûr le trajet magnifique entre le Hameau et le village sur une route escarpée qui ravira les randonneurs chevronnés. À l'allée pas de problème puisque ça descend mais au retour, mise en jambe assurée ! En plus d'être un havre de paix sur les hauteurs de Fonds saint-Denis, le Hameau offre un panorama remarquable sur la mer et la montagne Pelée. À proximité d'une kyrielle de jolies plages sur la mer Caraïbe (à 12 minutes du Carbet et de Saint-Pierre), l'exploitation agricole bio produits des fruits et légumes aux saveurs exotiques. Et prochainement du miel... www.tonton-leon.com www.bio-kail.com Les Z'Amandines - Morne des Esses (Nord-Atlantique) Au gîte Les-Z-Amandines, les visiteurs sont gentiment accueillis par Jenny et Patrick Duchel, les propriétaires et aussi les promoteurs du réseau TakTak Martinique qui regroupe propriétaires de gîtes, restaurateurs, accompagnateurs de montagne, artisans et artistes locaux. On se sent tout de suite à l'aise dans ce décor de jardin tropical en pleine campagne. Chaque bungalow comprend une cuisinière, un salle de bain avec douche et une chambre à coucher. La mer est à 5 km. Du côté atlantique, la pittoresque plage de l'Anse Azérot, à Sainte Marie, est la dernière où il est encore possible de se baigner; plus au nord la mer est trop déchaînée, il n'y a que les surfers expérimentés qui s'y aventurent. Le Morne des Esses aurait pu être un hameau comme les autres s'il n'avait été un refuge des Indiens caraïbes pendant la colonisation. Ces derniers ont laissé en héritage aux habitants la façon de tresser et de teindre la paille. À l'atelier de la coopérative des vanniers, La Paiile Caraïbe, des artisans confectionnent devant vous paniers, corbeilles et chapeaux selon la méthode ancestrale. «Le Morne des Esses était aussi un bastion de «Nègres marrons» (esclaves en fuite) », m'apprend Patrick. Protégés par les habitants, ils ont pu préserver leur savoir-faire africain, leurs traditions et leur musique https://apps.apple.com/ca/app/taktak-martinique/id1448504298?l=fr

  • On meurt tous d'avoir vécu

    Vraiment captivant et très très intrigant. Attendez-vous à rire...noir noir! Un roman c'est comme une bouteille de vin. J'aime ou j'aime pas. Et bien, j'ai adoré «On meurt tous d'avoir vécu», de la journaliste Karine Vilder. J'ai été intrigué du début à la fin par son très curieux personnage principal, le journaliste en nécrologie, Louky Crapo. L'homme s'illustre dans l'art de décrire des façons de mourir parfois bien loufoques. J'ai été médusé par les mille et une façon possible de mourir dans la vie. Ça arrive a tout le monde mais on ignore le comment. Un comment qui s'avère parfois très très très original. On rit noir. Il s'agit d'un premier livre pour la chroniqueuse littéraire du Journal de Montréal. Et quelle plume ! Un roman original teinté d'un humour parfois, disons, macabre. Instructif aussi avec une infinité de détails de la vie (et de la mort) qui fait que l'on apprend des tonnes de choses en plus de découvrir un domaine du journalisme que j'ignorais totalement: la section des viandes froides. Il s'agit de rubriques nécrologiques rédigées à l'avance - en général des gens connus, et conservées au frais jusqu'à ce que mort de ces célébrités s'en suivent. Vous connaissez les Darwin Awards, cette distinction morbide que personne ne souhaite décrocher, mais qui fait rigoler toute la planète ! En effet, ces prix récompensent les morts les plus stupides survenues dans l’année. Et bien voilà ce que vise Louky Crapo... J

  • Barbade - Dans le ventre de l’île caribéenne

    La Barbade n’est pas une île volcanique comme la plupart de ses voisines de l’arc des Petites Antilles, mais calcaire et… plutôt plate. Géographiquement, s’entend ! Un point culminant à 340 mètres, des moulins à vent, des vallées sèches plus ou moins encaissées, des falaises par endroits, des dolines, des mares, des avens et des grottes. Virée dans le ventre de cette petite île exceptionnelle de la Caraïbe. « La Barbade n’appartient pas à l’arc des îles calcaires reposant sur un substrat volcanique ancien. Il s’agit d’une formation géologique rare », écrit le géographe Romain Cruse dans Une géographie populaire de la Caraïbe, publié aux éditions Mémoire d’encrier. « Les géologues parlent de prisme d’accrétion. L’île représente la partie émergée d’une accumulation de fins sédiments (limon, sable, gravier) sous-marins dans une fosse, qui a fini par former un dôme. Après des millions d’années, le dôme grandit avec l’arrivée de nouveaux sédiments et aboutit, dans de très rares cas, sur la formation d’une île de roches sédimentaires. » Seule l’île de Taïwan, dans le monde, présenterait la même particularité géologique. Voilà une raison — et il y en a d’autres — qui fait de la Barbade une île exceptionnelle de la Caraïbe. Une île en forme de poire où la côte orientale est découpée en falaises et le centre est formé de montagnettes — le point culminant étant le Mount Hillaby, à 340 mètres, sans forts reliefs comme sur les îles voisines : la Dominique, la Martinique, Basse-Terre en Guadeloupe, Saint-Vincent et les Grenadines —, chacune pourvue d’au moins un volcan. Mais avec plus de bourrelets que la Grande-Terre de la Guadeloupe, Marie Galante ou Anguilla, qui ne dépasse pas 65 mètres. Cela dit, si, dans la Caraïbe, la Barbade ne mène pas le bal côté randonnées en montagne et que les sentiers de l’île ne côtoient ni paysages lunaires ponctués de fumerolles et de sources chaudes, ni caldeira battue par les vents au sommet d’un volcan qui, un jour de mai 1902, a su se montrer particulièrement meurtrier, il y a tout de même une panoplie de jolies balades à y faire. Comme celle le long de l’ancienne voie ferrée, entre Belleplaine et St-Martin’s Bay, sur la côte est, une jolie randonnée de 20 kilomètres où l’on évolue dans un décor évoquant l’Irlande. Puis, il y a toutes ces promenades à thème proposées par le Barbados National Trust, une organisation qui travaille depuis 1960 à la préservation et la protection du patrimoine naturel et culturel de la Barbade, qui permettent de découvrir à pied l’histoire, l’agriculture, l’origine des plantations de canne, de coton et de bananes, les jardins, les réserves naturelles, les cimetières, les moulins à vent, les maisons historiques, les musées, les forêts tropicales, la gastronomie et le rhum. Et des grottes aussi, dont certaines se visitent. Une activité plutôt unique dans les Antilles. À l’exception d’Haïti, où cavernes et galeries composent un fabuleux (et immense) patrimoine souterrain. Mais elles ne sont pas aménagées de façon aussi spectaculaire que celle d’Harrison. Située à 12 kilomètres au nord-est de Bridgetown, au centre de l’île, la grotte d’Harrison devrait être atteinte en 20 minutes, en temps normal. Mais, vu le manque d’expérience pour la conduite à gauche, les maigres informations routières et la circulation dense autour de la capitale, il est plus réaliste de compter une heure, surtout un vendredi après-midi, par exemple. C’est David Medford, un chauffeur de taxi habitué à escorter des touristes, qui m’y conduira. Et qui, mieux qu’un chauffeur de taxi fiérot, peut parler de cette île entourée de part et d’autre par l’océan Atlantique, grande comme un mouchoir et qui a célébré ses 50 ans d’indépendance le 30 novembre 2016 ?On y raffole du cricket, du polo et des courses de chevaux et on accueillera, en mai 2017, le 17e Golden Oldies World Cricket festival. Il est bon de savoir que, malgré les signes évidents d’une culture anglaise ancrée aussi solidement dans le calcaire qu’un bateau dans le port de Bridgetown, on ne dit pas à un Bajan que son île — surnommée Little England depuis les temps de la colonisation — est avant tout british. Il roulera les yeux en affirmant qu’il s’agit d’une demi-vérité et que son peuple, bien qu’il conserve des liens étroits avec la monarchie britannique, a développé son identité propre. « Depuis que le pays est libre, il a laissé s’épanouir un art de vivre, une musique, une gastronomie et une identité qui célèbre la mémoire des ancêtres », explique David Medford. Et ça plaît ! D’abord aux touristes en quête d’authenticité et de rencontres avec les gens du pays. Et aux Bajans qui, en leur compagnie, apprennent à apprécier la valeur de leur passé. « Vous savez, le samedi, à la Barbade, on mange toujours le pudding, le souse et le ragoût de tête et de pied de porc, dit David Melford. Autrefois, ces mets peu raffinés étaient destinés aux esclaves, mais aujourd’hui, les chefs en ont fait des plats gastronomiques recherchés. » Cette petite île de 34 kilomètres de long sur 23 kilomètres de large compte autant d’églises que de jours dans l’année, et dix fois plus de bars à rhum que d’églises. Les chauffeurs de taxi, officiellement reconnus par l’État comme étant de bons ambassadeurs de leur pays, peuvent entrer gratuitement dans tous les musées et attractions touristiques de l’île. Pour la grotte d’Harrison, on a le choix entre la visite commentée d’une heure, à bord d’un train qui évolue d’une cave à l’autre, ou celle de quatre heures avec casque et lampe frontale, qui implique parfois de ramper dans les tunnels ou de marcher le long de rivières souterraines. Les premiers textes sur l’existence de cette grotte remontent à 1647. Selon l’écrivain britannique Richard Lingon, elle servait de cachette aux esclaves en fuite. Certains documents historiques datant de 1795 mentionnent aussi son existence. On a bien tenté maintes fois de s’y aventurer au XIXe siècle, mais sans succès, les entrées naturelles représentant un trop grand défi. Le mystère de la grotte d’Harrison a duré jusqu’en 1974, alors que l’ingénieur et spéléologue danois Ole Sorenson, assisté des Barbadiens Tony Mason et Allison Thornhill, la redécouvre et la cartographie. Puis, d’importants travaux de développement sont amorcés en vue de créer une nouvelle attraction touristique. La grotte est ouverte au public en 1981. La grotte est nommée en l’honneur de Thomas Harrison, un homme d’affaires de Bridgetown qui possédait la plupart des terres de l’île au XVIIIe siècle. C’est aussi lui qui fonda l’Harrison College, devenu aujourd’hui l’une des meilleures écoles secondaires de la Barbade. Le train électrique, alimenté à l’énergie solaire, pénètre dans la grotte par un long tunnel. Le conducteur amorce doucement la descente pendant que la guide nous parle géologie. Nous allons parcourir 1,6 kilomètre à une profondeur maximale de 25 mètres et passer cinq galeries. On traverse avec les yeux ronds comme des billes des paysages calcites composés d’immenses stalagmites et stalactites. Un éclairage habile donne une vue étonnante sur l’érosion karstique. Par endroits, les grandes colonnes montantes embrassent celles descendantes, formant un seul gros pilier. Un monde minéral qui se mesure goutte à goutte depuis des milliers d’années. « Stalagmites et stalactites grandissent ici de l’épaisseur d’une feuille de papier chaque année. Et dans ce système de caves où la seule constante est le bruit de l’eau qui dégoutte des cavités, la température est en moyenne de 27 °C », précise la guide. La « grande salle » mesure 15 mètres de haut et l’eau cristalline y suinte de partout en petites cascades ou en gouttelettes. Le « village », peuplé de formations aux allures de bonshommes, ressemble à un… village. Puis il y a la « salle ronde », la « piscine des explorateurs » et la salle des « deux cascades » où tombent d’entre les parois deux chutes. Tout un monde d’eau. Oui, la Barbade est un corail géant, ce qui explique que l’eau (du robinet) soit si bonne à boire. L’île étant faite de calcaire, l’eau est naturellement filtrée, nettoyée et purifiée en son sol. On se targue d’ailleurs, dans cette île de tradition britannique, de concocter le meilleur rhum industriel au monde, le Mount Gay, grâce, entre autres, à cette eau riche en minéraux. Une eau précieuse comme de l’or, particulièrement en ces temps de changements climatiques où l’intensité et la fréquence des sécheresses risquent d’augmenter. À la Barbade — et dans la Caraïbe, on se souvient encore de la fameuse sécheresse qui a sévi en 2009. Comme le souligne Romain Cruse, « les îles plates calcaires sont des espaces de prédilection du tourisme de masse, car la décomposition du calcaire et du corail ainsi que le relief bas assurent la présence de plages de sable blanc ». Et les touristes étant de grands consommateurs d’eau, la sécheresse peut être un problème. Un enjeu important au coeur des discussions lors de la conférence intitulée The State of the Tourism Industry Conference, organisée par la Caribbean Tourism Organisation et qui se tenait à la Barbade en septembre dernier. On a profité de cette rencontre de trois jours pour signer une entente formelle afin d’intégrer les services climatiques au secteur du tourisme dans la Caraïbe. Un travail d’équipe nécessaire pour l’avenir de cette belle région du monde. EN VRAC S’y rendre. Air Canada exploite quatre vols par semaine Montréal-Bridgetown (avec un Airbus A319), du 22 décembre au 17 avril, les lundis, mercredis, jeudis et samedis. Dormir. Pour des villas de luxe, l’entreprise Luxury Retreat, basée à Montréal, peut vous aider à faire un choix. Pour une liste des hébergements de tous genres. Vacances Air Canada propose aussi des forfaits combos à la Barbade. Manger. La gastronomie est l’une des très bonnes raisons de choisir la Barbade comme destination vacances et culture. Il doit bien y avoir, sur cette île, au moins 150 restaurants pour toutes les bourses et de tous les genres. La liste. À ne pas manquer. Le marché de poissons du vendredi soir, à Oistins, pour y déguster des plats bajans typiques. Les sept merveilles de la Barbade, selon les Bajans… La grotte d’Harrison harrisonscave.com. Les deux baobabs. St.Nicholas Abbey. Le moulin à vent Morgan Lewis. La synagogue à Bridgetown. Le Bridgetown historique et sa garnison qui fait partie du patrimoine de l’UNESCO. Le pamplemoussier du jardin Welchman Hall Gully. À faire avec les enfants. La visite du fond de la mer à bord du sous-marin Atlantis. On n’atteint peut-être pas les 20 000 lieues sous la mer, mais la descente est quand même spectaculaire et le fond, merveilleux. Pour en savoir plus sur l’industrie du tourisme dans la Caraïbe ; et sur les activités touristiques à la Barbade. À lire. Une géographie populaire de la Caraïbe, de l’auteur et géographe Romain Cruse, aux éditions Mémoire d’encrier. Vous en apprendrez beaucoup sur cette région de près de 40 millions d’habitants, qui affiche l’un des plus forts taux d’émigration au monde. Et pas toujours par plaisir.

  • Floride, Les animaux sauvages des Keys après Irma

    Quelque 1700 îles composent l’archipel des Keys en Floride. Certaines d’entre elles sont de fabuleux sanctuaires de la vie sauvage où cohabitent aigles et faucons, alligators et tortues, iguanes, lapins, papillons, cerfs à queue blanche… Mais que deviennent ces animaux lorsque frappe un ouragan aussi démesuré qu’Irma ? Presque chaque année en Floride — et dans la Caraïbe —, entre juin et novembre, avec un pic en septembre, les ouragans provoquent d’énormes dégâts. Sous leurs jolis prénoms se cachent de vrais monstres. Les plus puissants ont des effets dramatiques. Comme Irma. Ils brisent tout sur leur passage, ne laissant que désolation. Ces tempêtes ont des répercussions immédiates. Dans l’eau, la houle déracine les herbiers et fracture les coraux. Sur terre, la montée des eaux fragilise la végétation, surtout à proximité des plages, et la faune paie souvent un lourd tribut pendant comme après, surtout si certaines espèces font face à un manque de nourriture et d’eau fraîche. S’il n’existe aucun moyen d’étouffer dans l’oeuf ces colosses de la nature, les spécialistes peuvent suivre leur progression, puis alerter les populations pour qu’elles s’y préparent et, si besoin, évacuent les lieux. Mais les animaux sauvages n’ont pas ce luxe. On pense, entre autres, au cerf des Keys à queue blanche, une espèce menacée qui ne vit que dans une partie de cet archipel tropical de quelque 250 kilomètres, bordée d’un côté par l’océan Atlantique et de l’autre par la baie de Floride et le golfe du Mexique. « Nous savions que les Keys seraient dans l’oeil d’Irma, nous avons eu peur pour eux, reconnaît Joe, instructeur de plongée au Florida Keys Aquarium Encounters, à Marathon. Ces plus petits cerfs à queue blanche d’Amérique du Nord sont de bons nageurs, mais de là à affronter des vents de 225 km/heure, c’est une autre histoire. » Alors, comment ces cervidés des Keys, de la taille d’un grand chien, affrontent-ils depuis quelque 13 000 ans ces tempêtes démesurées qui brisent les arbres comme des cure-dents, font tournoyer des milliers de débris comme des feuilles mortes et inondent d’eau de mer leurs habitats terrestres, les privant de l’eau douce dont ils s’abreuvent ? « Ils n’ont pas de modèle unique pour affronter un ouragan », explique dans le magazine en ligne National Geographic Dan Clark, directeur de quatre refuges d’animaux sauvages dans les Keys, dont le National Key Deer Wildlife Refuge, à Big Pine Key. « Certains se cacheront derrière un garage ou se mettront à l’abri dans des buissons, d’autres fileront sur les routes. Certains auront de la chance, d’autres pas. » Selon une étude réalisée un mois après Irmapar le U.S. Fish and Wildlife Service et l’Université A&M du Texas, de 14 et 22 % des 1000 cerfs du refuge de Big Pine ont été tués, écrasés par des débris ou empalés par des objets soufflés par le vent. D’amour et d’eau fraîche Durant les jours qui ont suivi le cyclone, pompiers, policiers et responsables de refuges d’animaux sauvages dans les Keys ont installé, dans des endroits stratégiques entre Sugarloaf Key et No Name Key, des piscines d’enfants remplies d’eau fraîche — les marais et cavités calcaires de ces refuges naturels ayant été inondés d’eau de mer — pour que cerfs, papillons et lapins des Lower Keys, une espèce protégée, étanchent leur soif. Le lendemain de l’ouragan, l’Hôpital des tortues de Marathon — agréable à visiter en famille — a accueilli un bébé tortue caouanne trouvé par un bon samaritain sur l’Overseas Highway. Surnommé Irma, le petit caret sera bichonné dans cet hôpital de recherche qui abrite et soigne les tortues de mer et de terre jusqu’à sa remise en liberté. Si plusieurs nids de tortues sur les plages de Floride ont été littéralement lessivés par Irma, les tortues de l’hôpital de Marathon ont toutes survécu à la fureur de la tempête. De même que les dauphins du Dolphin Research Center de Marathon, un centre de recherche et d’éducation voué à la réadaptation des dauphins et autres animaux marins malades ou blessés. Pour l’anecdote, c’est ici que fut tourné le film original racontant les aventures du dauphin Flipper dans les années 1950. On retrouve, dans les Keys en Floride, une quarantaine d’espèces d’animaux protégées par l’État ; une vingtaine d’entre elles, menacées de disparaître, sont uniques au monde. Comme le lapin des marais et la tortue de boue rayée des Lower Keys, le petit cerf à queue blanche, la souris de coton de Key Largo, la couleuvre américaine à collier… Parmi les animaux adorés dans ces îles, les chats à six doigts d’Hemingway, à Key West, arrivent certainement en première place. Bien qu’ils ne soient pas sauvages, ils sont libres de leurs mouvements. Quel soulagement d’apprendre qu’ils ont tous survécu ! « Dix employés du musée de la rue Whitehead sont restés sur place malgré les ordres d’évacuation et les appels pressants de la petite-fille de l’illustre auteur du Viel homme et la mer », raconte Steve Trogner, guide à la maison d’Ernest Hemingway. « Pas question pour les responsables de la maison-musée de quitter les lieux en laissant derrière les fameux félins, habitués à leur voix et leurs soins. Ils ont renforcé les fenêtres, rassemblé les chats à l’intérieur et passé la nuit de la tempête ensemble. » Sains et saufs Tous s’en sont sortis sains et saufs. Des arbres cassés sur le terrain, mais pas de dommages à la maison. Les 54 descendants — dont la moitié ont six doigts — de Blanche-Neige, le chat blanc offert par un capitaine de bateau à Ernest Hemingway, sont retournés dans le jardin et continuent de faire la joie des milliers de touristes qui visitent les lieux. Quant aux coqs qui déambulent librement dans les rues de cette jolie ville décontractée, plus caraïbe que floridienne, quelques bons samaritains ont aidé à leur sauvetage en les enroulant dans du papier à burritos avant de les placer en rang d’oignons sur des banquettes de voitures. Une photo a été largement distribuée sur les réseaux sociaux. Les Florida Keys débutent à 24 km au sud de Miami et s’étendent jusqu’à Key West, 250 km plus loin. Pour atteindre cette dernière depuis Key Largo, nous empruntons l’Overseas Highway, un tronçon de la route fédérale US 1 qui commence à Key West pour se terminer à Fort Kent, dans le Maine, à la frontière canadienne. La voie routière de 141 kilomètres, bâtie sur pilotis, traverse une quarantaine d’îles reliées entre elles par 43 ponts. La partie la plus étonnante de la route est sans conteste le Seven Mile Bridge. Long de 11 kilomètres et surélevé dans sa partie centrale pour permettre le passage des bateaux, c’est un chef-d’oeuvre de génie civil. C’est à l’homme d’affaires américain Henry Flagler que revient l’idée d’un chemin de fer entre Key West et Miami. Après sept ans de travail dans des conditions précaires, l’Overseas Railroad est inauguré en 1912, puis détruit par l’ouragan Labor Day en 1935. Trop coûteux à reconstruire, il est remplacé en 1938 par l’Overseas Highway. Tout de suite après le passage d’Irma, en septembre dernier, cette saisissante route qui se déroule à l’infini dans la mer, entre tous les bleus possibles de la Création, a été entièrement inspectée et déclarée praticable sur la totalité des 250 km de l’archipel. Le mois dernier, la vie battait son plein le long de l’Overseas Highway. Les Conches célébraient le Festival des fruits de mer, à Islamorada, bien qu’on puisse encore rendre compte des dégâts d’Irma : maisons démolies, arbres et cactus cassés, bateaux échoués… la vie a repris son cours partout. Et le trafic du dimanche aussi. Du coup, il faut bien compter quatre ou cinq heures pour se rendre à Key West. Et au moins une semaine pour visiter en chemin les mille et un aquariums, sanctuaires marins, refuges pour animaux sauvages et la dizaine de parcs d’État des Florida Keys. CARNET D’ADRESSES Quelques bonnes adresses pour s’informer sur la faune et la flore marine et terrestre des Florida Keys. Chaque site offre un aperçu de l’après-Irma. Key Largo dans les Upper Keys John Pennekamp Coral Reef State Park Florida Keys National Marine Sanctuary Marathon dans les Middle Keys Le Turtle Hospital Le Dolphin Research Center Florida Key Aquarium Encounters Big Pine Key et Bahia Honda dans les Lower Keys National Key Deer Refuge Looe Key National Marine Sanctuary

  • L'écolo Colorado

    Bien sûr, il y a le ski à Aspen et à Vail, et les spectaculaires parcs nationaux — dont celui des montagnes Rocheuses, sites de rêve pour le fou de plein air. Mais, une fois rassasié d’exercices, pourquoi ne pas explorer une autre facette du seul État américain à se trouver en entier au-dessus de 1000 mètres d’altitude : les petites villes nichées au pied des montagnes. Des villes aussi jolies les unes que les autres et qui cultivent l’art de vivre écolo. Même si ce n’est pas de façon aussi prononcée que Boulder, où le souci de protéger les espaces verts, depuis sa création, continue de coller à la peau de ses habitants tapis au pied des Flatirons. Boulder est un laboratoire à « l’écoute » de l’environnement. On dénombre plus de 3000 scientifiques qui y font de la recherche, entre autres au National Center for Atmospheric Research. Lorsqu’on entend parler, dans les téléjournaux, de la détérioration de la couche d’ozone ou de la fonte anormale de la banquise, il y a de fortes chances que la nouvelle vienne de Boulder. Les habitants de Boulder ont aussi été les premiers du pays, en 1967, à voter une taxe de 0,4 % sur les ventes pour financer la création d’espaces verts. On y roule à vélo, on y marche, on y mange bio. Et, comme à Denver, les restaurants proposent une cuisine inventive, des brasseries, des cafés à la pelle, et les rues, bien aménagées, pullulent de pistes cyclables et d’espaces verts. La plupart des villes du Colorado, qu’il s’agisse de Denver, de Boulder, de Colorado Springs, de Glenwood Springs, de Durango, de Gunnison, de Pueblo, de Loveland… offrent aussi une grande variété d’attractions culturelles et de petites particularités qui les différencient les unes des autres. Parmi ces villes, citons Estes Park et Fort Collins, à 90 minutes au nord de Denver. On aime la première pour sa situation géographique à l’entrée du Rocky Mountain National Park et son hôtel Stanley, peuplé de fantômes ; et la seconde pour son joli centre-ville et… sa bière. Mais, avant de s’y rendre, que diriez-vous d’une petite mise en forme au Red Rock Park Amphitheatre, dans les gradins d’une délirante salle de concert extérieure, entre deux saisissants monolithes de grès rouge ? On y vient de Denver, le samedi matin, pour faire du yoga au lever du soleil ou pour monter et remonter en zigzaguant ou en sautillant à pieds joints entre les gradins. À peine à 20 minutes de la ville de Denver — surnommée Mile High City en raison de son altitude à 1609 mètres —, nous voilà à 2000 mètres, à jaser le souffle court, entre la Ship Rock et la Creation Rock, les deux murailles responsables de l’étonnante acoustique des lieux. Le site est si joli que l’entrepreneur John Brisben Walker le transforme, en 1906, en salle de spectacle en plein air. En 1928, la Ville de Denver en fait l’acquisition et y ajoute une scène permanente. Il a fallu 12 ans pour creuser la roche et achever les travaux. L’endroit peut accueillir 9450 spectateurs. Un musée et un centre d’accueil se trouvent aussi sous l’amphithéâtre. Tous les grands s’y sont produits, des chanteurs d’opéra aux Beatles, en passant par U2, Coldplay, Bob Dylan, les Beach Boys, Jimmy Hendrix… La liste est longue et couvre plusieurs murs du musée. Les musiciens considèrent le Red Rock comme l’un des meilleurs amphithéâtres du monde. Ce soir-là d’octobre 2016, le chanteur américain Jimmy Buffet donnait un concert. Parions qu’il a interprété Margaritaville et fait danser les étoiles. Estes Park La première impression n’est pas des meilleures, il faut bien en convenir : un village touristique typique avec restaurants et boutiques de souvenirs, situé à l’entrée du Rocky Mountain National Park. On y pose ses pénates quelques heures ou quelques jours pour se balader dans le parc, entre mai et octobre, ou grimper la très spectaculaire route Trail Ridge Road. En 76 kilomètres de chemin en serpentin, l’automobiliste passe d’une altitude de 1500 mètres à près de 4000 mètres. Au sommet, outre la toundra alpine d’une beauté austère, des panneaux donnent de l’information sur la vie à cette hauteur, où règne « un vent à écorner les boeufs ». Et si la randonnée pédestre n’est possible que quelques mois dans le Rocky Mountain National Park, des randonnées guidées en ski de fond et en raquettes sont proposées les week-ends, notamment au départ de Bear Lake, à 15 kilomètres d’Estes Park. Une autre raison de venir dans ce village du comté de Larimer, situé à 2293 mètres, c’est l’hôtel Stanley. Il vaut la visite. Adossé à une immense paroi rouge, l’historique établissement au toit rouge domine la ville. Il n’échappe à aucun regard. On l’observe et l’imagination s’emballe. Redrum Depuis sa fondation, en 1909, par le concepteur d’automobiles E. O. Stanley, l’élégant établissement fait parler de lui. À en donner la chair de poule. Ses couloirs et certaines de ses chambres seraient hantés par des fantômes qui s’amusent à rendre visite aux clients. On se prend au jeu. Et puis, il y a Shining, imaginé en 1973 dans la chambre 217, celle où Stephen King a séjourné avec sa femme. En 1911, une femme de ménage, Elizabeth Wilson, a failli y trouver la mort après l’explosion d’une fuite de gaz. Depuis sa mort, dans les années 1950, d’étranges phénomènes sont rapportés : des portes qui s’ouvrent et se ferment seules, l’éclatement d’ampoules… Mais, selon le personnel de l’hôtel, c’est la chambre 418 qui serait la plus hantée. Par des fantômes d’enfants. Fort Collins et sa bière Je m’attendais à un fort militaire plutôt qu’à une jolie petite ville universitaire — l’Université d’État du Colorado s’y trouve, bordée par une rivière au joli nom de Cache la Poudre. « Ce nom vient des premiers colons européens de la région, des trappeurs français venus du Canada qui cachaient leur poudre le long de la rivière et s’en servaient pour chasser les Indiens », explique Michael Murphy, fondateur de l’entreprise touristique Magic bus Tour. On parle peu de Fort Collins. Force est d’admettre que cette ville, située à 103 kilomètres au nord de Denver, n’est pas idéalement située sur le parcours obligé vers le Rocky Mountain National Park. Mais cette « autre » ville universitaire de l’État, avec Boulder, vaut le détour. Pour randonner le long de la rivière Cache la Poudre, flâner dans les rues de son charmant petit centre-ville — l’Old Town, classée au Registre national historique, et qui aurait servi de modèle à la célèbre Main Street, USA de Disneyland —, mais aussi pour ses brasseries. « Du géant international Anheuser-Busch aux microbrasseries, on produit à Fort Collins 75 % des bières du Colorado, précise Michael Murphy. Avec 22 brasseries, la ville est l’épicentre de la production de bière aux États-Unis. » Nous avons visité la New Belgium Brewing Company, fondée en 1991 et devenue la troisième brasserie artisanale au pays. On y brasse des bières à la belge, mais aussi des plus baroques, telle l’Abbey Belgium Style Art, au goût de banane et de clou de girofle, une Folly amandes et cerises ou encore une Chocolate Chip Cookie Dough Ale, de Ben Jerry’s. Et comme on cultive l’art de l’écologie au Colorado, la New Belgium Brewing Company n’échappe pas à la règle. On y transforme la bière grâce à l’énergie éolienne, on encourage l’agriculture durable et on conseille de troquer sa voiture contre un vélo le jour de la visite. EN VRAC - en raison de la pandémie de COVID 19, vérifier les différents accès Dormir. Le Rams Horn Village Resort, à Estes Park, est une bonne adresse pour qui souhaite séjourner dans un petit chalet en bois, beau et bien équipé. Parfait pour une famille. Si c’est à la portée de votre bourse, il y a le magnifique Stanley Hotel. stanleyhotel.com. Quant à Fort Collins, pourquoi pas le Courtyard by Marriott, un hôtel confortable et moderne au centre-ville ? Manger. À Fort Collins, pour rester dans le thème belge, au Waffle Lab pour ses excellentes gaufres de Liège concoctées uniquement avec des produits locaux. Ou à la ferme du village artisanal Jessup Farm de Fort Collins. Le menu plutôt gastronomique y est aussi composé de produits locaux. Pour une visite guidée de Fort Collins : cliquez ici. Pour une visite de la micro-brasserie New Belgium Brewing Company : cliquez ici.

  • Martinique - Les Acadiens de l'Île aux Fleurs

    Publié dans le Devoir du 2 septembre 2017 Misant sur ses attraits « hors des sentiers battus » et la popularité du tourisme d’histoire et de généalogie, le parc naturel régional de la Martinique travaille à l’élaboration d’un circuit guidé intitulé « Sur les traces des Acadiens ». L’itinéraire débutera à Saint-Pierre et au Carbet et se terminera à Champflore — lieu où vécurent des Acadiens entre 1765 et 1774, dans la commune du Morne-Rouge. Les habitués de l’île connaissent l’eau Chanflor, extraite de la source du mont Béni, au pied du morne Lacroix, et mise en bouteille dans le quartier Champflore, au Morne-Rouge. Mais peu sont au fait de l’histoire des Acadiens qui, à l’instar des Allemands et des Alsaciens rescapés de la colonisation de Kourou, en Guyane, y migrèrent à la suite de leur déportation massive par les Britanniques entre 1755 et 1763. Bref instantané de cette tragique histoire. Les Acadiens passent sous domination britannique en 1713. Mais pas question pour cette colonie française de prêter allégeance à la Couronne. Ce serait soutenir la Grande-Bretagne. Qu’adviendrait-il en cas de conflit contre la France ? Surviendra alors le Grand Dérangement, période sombre qui se situe dans le contexte de la guerre de la Conquête au Canada et de la guerre de Sept Ans en Europe. Les terres des Acadiens sont brûlées, ceux-ci sont capturés, puis mis au ban sur des bateaux surchargés. Certains parviennent à s’enfuir, d’autres sont déportés à Québec, en Louisiane et dans diverses localités françaises, dont en Martinique, dans les Antilles. Les premières familles débarquent au Carbet en 1756, rejointes jusqu’en 1764 par d’autres groupes. En 1766, on évaluait à quelque 399 le nombre d’Acadiens sur l’île, dont la plupart s’établirent à Champflore, dans l’actuelle Morne-Rouge, érigée en commune en 1889. Et si le soleil, les cocotiers, les plages de sable blanc et les eaux turquoise de la Martinique attirent aujourd’hui des milliers de touristes, la destination était loin d’en être une de rêve pour les exilés acadiens. Accablés par le climat chaud, les ouragans, les maladies tropicales, l’isolement… la plupart décidèrent de migrer vers d’autres terres. Du passage de cette colonie ne restent donc que quelques traces archéologiques, notamment à Champflore, où l’an dernier a été dressée, en leur mémoire, une stèle. Un parcours pédestre de cinq kilomètres sur leurs traces et sur celles des Alsaciens et des Allemands se dessine actuellement dans la commune et devrait voir le jour d’ici 2018. Une petite Cadie Jadis le quartier dit des « étages de Saint-Pierre », Champflore est situé à l’orée du domaine d’Émeraude, un superbe site d’exploration et de la nature géré par le parc naturel régional de la Martinique (PNMR). C’est sur les terres de ce site de 25 hectares, à une dizaine de kilomètres de Saint-Pierre, qu’a abouti un groupe d’Acadiens en 1765. « C’est en regardant une carte de l’île, datée de 1770, que j’ai découvert que le domaine d’Émeraude occupe une partie de l’ancienne colonie alsacienne, explique le professeur martiniquais Vincent Huyghues-Belrose, historien au PNRM. Et sur cette carte ancienne se trouvait cette surprenante mention : “Établissement des Acadiens 1765”. » Poussé par la curiosité, et épaulé par le PNRM, l’historien passionné entame des recherches laborieuses pour retrouver la trace de ces Acadiens. Après plus de deux ans de recherches, le parc met au point, entre les murs du domaine d’Émeraude, une petite exposition qui présente au public ce que l’on sait du destin tragique de ces immigrants. Des découvertes qui ont amené Vincent Huyghues-Belrose à rencontrer, en 2015, André-Carl Vachon, auteur des ouvrages Les déportations des Acadiens et leur arrivée au Québec : 1755-1775, et Les Acadiens déportés qui acceptèrent l’offre de Murray. De cette rencontre naît un an plus tard Une petite Cadie en Martinique, écrit par André-Carl Vachon, et préfacé par Vincent Huyghues-Belrose. L’ouvrage bien documenté, dont le lancement a eu lieu en février dernier sur le site même où vécurent quelque 200 Acadiens, retrace l’histoire de leur odyssée jusqu’ici après le traité de Paris. « Je suis moi-même descendant de ces Acadiens qui ont vécu en Martinique avant de migrer au Québec en 1772, explique André-Carl Vachon. J’ai écrit ce livre afin de commémorer cette page de l’histoire de la diaspora acadienne, mais aussi pour rendre hommage à mes ancêtres qui demeuraient à la Prée-Ronde de Port-Royal en Acadie. » Peu de traces Qui peut imaginer en traversant cette commune de quelque 5000 âmes, située dans le nord de la Martinique, à 450 m d’altitude — mieux connu comme point de départ d’une randonnée au sommet de la Pelée —, qu’une centaine d’Acadiens s’installèrent ici, en pleine forêt tropicale humide, pour tenter de refaire leur vie sous le soleil de la Martinique ? Un soleil qui joue à la cachette sur ce sol où réside le fameux site, au coeur des massifs de la Pelée et des pitons du Carbet, dans la commune la plus fraîche, la plus haute, la plus arrosée de l’île. Il pleut ici presque cinq fois plus que sur les côtes. Des conditions climatiques qui ont sûrement rendu la vie des premiers habitants difficile, mais aussi, à une époque moins lointaine, fait le bonheur des gens aisés qui venaient y construire leur résidence secondaire pour profiter de l’air frais de la commune. Du moins jusqu’à l’explosion de la montagne Pelée, le 8 mai 1902, qui a rayé Saint-Pierre et ses 30 000 habitants de la carte. Et qui, trois mois plus tard, lors d’un autre soubresaut de la montagne, a tué 1500 âmes à Morne-Rouge et laissé le village en ruines. Révolte des esclaves, ouragans, tremblements de terre, volcan… Bien des archives ont été réduites en cendres, rendant le travail de recherche laborieux pour les historiens. Bien des questions Qu’espéraient les administrateurs français en installant ici les Acadiens ? « Qu’ils deviennent des défricheurs, des éleveurs et des agriculteurs, raconte André-Carl Vachon. Ce qui était très peu réaliste. Les Acadiens étaient charpentiers, tailleurs d’habits, marchands, armuriers, ferblantiers, forgerons, tailleurs de pierre, navigateurs, négociants… Ils faisaient partie de la catégorie des petits-blancs, ou petite bourgeoisie. » Ont-ils connu la solitude des mornes caféiers ou le dur travail de la coupe de la canne, le broyage et le murmure du moût dans les cuves de fermentation du rhum ? « Un seul Acadien travaille dans les sucreries : Joseph Martin est raffineur et économe. » Puis un seul est dit « laboureur de son métier », soit Louis Maillet, précise M. Vachon. Ont-ils été témoins de la naissance en 1765 du rhum Saint-James — le seul rhum agricole vendu en tout temps à la SAQ ? À l’époque, le roi Louis XV, voulant protéger son eau de vie, en interdisait l’exportation vers la France. On a donc cherché au début à l’exporter en Nouvelle-Angleterre, d’où son nom anglais pour un meilleur marketing. Craignaient-ils le trigonocéphale, ou fer de lance, ce serpent au venin mortel — ouf, il existe de nos jours un sérum antivenin ! — qui a tant marqué l’histoire de la colonisation de la Martinique qu’il figure sur le drapeau emblématique de l’île depuis 1766 ? Est-ce que du sang acadien coule dans les veines des Martiniquais ? « Seules des recherches généalogiques pourraient y répondre », écrit l’auteur d’Une petite Cadie en Martinique qui, dans son ouvrage, dresse une liste de quelques couples susceptibles d’avoir eu une descendance parmi les Martiniquais. Dans leurs pas Aucune route nationale en Martinique — sauf celle de la Trace, construite depuis Fort-de-France sur une ancienne piste des Jésuites — n’évolue dans un maelström végétal aussi superbe que la route du Morne-Rouge au départ de la ville de Saint-Pierre. Escarpée et en lacets, elle gravit les contreforts de la montagne Pelée dans une marée de vert, à l’ombre de fougères arborescentes géantes, de bambous qui bruissent au vent, de fromagers imposants aux troncs arc-boutés et de mille plantes : philodendrons géants, barbe à papa, orchidées et autres épiphytes, balisiers, mousse, lianes torsadées… C’est la route classique, la N2, que l’on emprunte pour passer, via Morne-Rouge, du côté caraïbe au côté atlantique ou pour aller grimper la Pelée à partir de l’Aileron. On peut aussi suivre le chemin juste au-dessus, celui qui monte en serpentin vers la maison du Géreur — annoncée depuis la N2, une jolie demeure créole datant de 1856, et l’une des seules à avoir été épargnées lors de l’éruption de la montagne Pelée en 1902. Située sur le site d’une ancienne distillerie, au coeur d’une plantation de bananes et de canne, cette vieille bâtisse créole pleine de charme — que l’on peut louer le temps d’une vacance — témoigne du mode de vie à Saint-Pierre, ville d’art et d’histoire, avant le séisme, à l’époque où l’on menait dans le « Petit Paris des Antilles » une vie fastueuse. C’est cette voie rurale, qu’on imagine peu hospitalière au XVIIIe siècle, qu’auraient empruntée les Acadiens en 1765 pour rejoindre, à partir de Saint-Pierre, cette petite Cadie nommée Champflore. Elle débouche non loin du domaine d’Émeraude, un superbe point de départ pour s’initier à cette page oubliée de l’histoire de la diaspora acadienne. N’oubliez pas de mettre dans votre valise Une petite Cadie en Martinique. EN VRAC Depuis juillet 2014, l’agence Les Voyages DiasporAcadieorganise des séjours touristiques sur mesure dans la diaspora acadienne. Deux voyages ont été organisés avec succès au printemps dernier sur les traces des Acadiens en Martinique, dont l’un en compagnie d’André-Carl Vachon, qui a lancé son livre Une petit Cadie en Martinique durant le voyage, de même que pour assister à l’installation d’une stèle en mémoire des Acadiens qui vécurent à Champflore, dans l’actuelle commune de Morne-Rouge. Le voyagiste acadien propose à nouveau le voyage thématique « La Martinique des Acadiens », du 9 au 20 mars 2018. La virée d’une dizaine de jours autour de l’île comprend, entre autres, la visite de Saint-Pierre et de Fort-de-France, du Carbet, du Prêcheur, de Morne-Rouge et des Trois-Îlets (lieu de naissance de Joséphine de Beauharnais, née le 23 juin 1763), http://www.diasporacadie.com

  • Une journée dans l'île de Kastelorizo

    À une vingtaine de minutes en bateau de la ville de Kas, au sud de la Turquie, il y a une île grecque d’une extrême fraîcheur, la plus petite des îles du Dodécanèse, qui mérite la croisière ne serait-ce que pour une journée. Un caillou de quelques arpents de rocaille, piqué de broussailles et de jasmins, avec un port en amphithéâtre bordé de maisons néoclassiques aux couleurs vives et d’augustes dômes d’églises qui témoignent d’une prospérité passée. Du sommet de la falaise, vue sur le port en amphithéâtre, les maisons aux toits de tuiles rouges, la mer Méditerranée et la cité de Kas, en face, avec ses maisons blanches posées sur les Taurus qui se jettent dans la mer. Difficile d’imaginer qu’au siècle dernier, Kastelorizo, cette petite île grecque d’à peine neuf kilomètres carrés qui a servi en 1991 de décor au film italien Mediterraneo, du réalisateur Gabriele Salvatores — primé meilleur film étranger aux Oscar —, comptait quelque 15 000 âmes. À présent, il n’en reste que 300, auxquelles s’ajoutent quelques ouvriers, fonctionnaires et enseignants venus du reste de la Grèce, la garnison de l’armée grecque et sa frange de permanents et les appelés qui y font leur service militaire. Des Anglais, des Allemands, des Gréco-Australiens, des Italiens aussi, qui retapent de vielles maisons et y passent l’été. Pourtant, Kastelorizo, plutôt difficile à pointer sur une carte de la Grèce, a déjà connu un passé florissant. Elle fut habitée par les Mycéniens, puis les Doriens, un temps hellénisée par les successeurs d’Alexandre le Grand, puis dominée par les Romains avant d’appartenir à l’Empire byzantin, ensuite aux chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean et aux mamelouks d’Égypte. Mais c’est sous le règne ottoman que l’île a surtout prospéré. La flotte locale entretenait alors des relations commerciales avec plusieurs villes d’Anatolie, ainsi qu’avec d’autres îles grecques. Elle fut longtemps le territoire le plus oriental de l’Europe, jusqu’à l’entrée de Chypre dans l’Union européenne, et une halte commerciale importante entre Beyrouth et Le Pirée. En 1911, Kastelorizo est occupée par le royaume d’Italie, vit une certaine liberté entre 1913 et 1915, avant de changer maintes fois de mains jusqu’en 1945. Tantôt les Français, tantôt les Anglais, longtemps les Italiens. Elle sera bombardée par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, reprise en 1945 par les Britanniques et, ultimo, intégrée à la Grèce en 1948. Quant au film Mediterraneo, il raconte l’histoire de huit soldats italiens débarqués en 1941 sur cette île au cadre onirique pour une mission d’observation. Privés de radio et de bateau, ils sont livrés à eux-mêmes. Au fil du temps, ils tissent des rapports d’amitié, voire d’amour avec la population locale, composée exclusivement de femmes, d’enfants, de vieillards et d’un pope italophone. Les hommes en âge de se battre ont tous été déportés lors d’un raid allemand. Kastelorizo n’a plus que 300 âmes, qui y vivent de la construction, de la pêche artisanale et du tourisme. On y retrouve une école primaire, un collège et un lycée, une vingtaine d’églises et de petites chapelles, un minaret et une mosquée devenue musée, des ruines de châteaux… L’île ne produit aucune denrée et il n’y a pas d’eau. Tout est importé de Rhodes ou de Kas, en Turquie. L’île abrite un débarcadère, une station de police, un bureau de poste, la police du port, la garde côtière, une banque, deux épiceries, une boulangerie et une promenade parsemée de terrasses d’où l’on peut observer, en sirotant son ouzo à l’ombre d’une tonnelle, le pêcheur sur son bateau, les enfants jouer au foot, les parties de jacquet entre hommes et les chats ronronner de bonheur. Megisti, Meis, Castelrosso, Kastelorizo Si les Turcs l’appellent Meis, les Arabes Mayas, les Italiens Castelrosso, les Français Kastelorizo et les Grecs Kastellorizo, son nom d’origine, qui date de l’Antiquité, est Megisti. Selon la légende, Megistus, un prince de Crète, aurait été le premier colon à débarquer sur l’île. Sauf que les archéologues ont aussi déniché des traces de peuplement néolithique. L’histoire demeure donc un peu floue, ce qui ajoute encore plus de mystère à cette île lointaine. La baie est gardée par la forteresse des chevaliers de Saint-Jean. Construite sur des rochers rouges, les Italiens la surnommèrent Kastel Rosso, reprise en Kastellorizo par les Grecs. L’unique village de ce rocher aux rives déchiquetées continue, lui, de porter le nom de Megisti. C’est autour du port, le lieu de rendez-vous de tous, que la vie se déroule, pour boire un café, un verre de vin ou un ouzo sous la tonnelle d’un bistro. Et déguster calmars frits, poisson grillé, salade grecque, tomates et feuilles de vigne farcies, baklavas, katoumari, revani et stravos. Une île d’exception, mais difficile d’accès. On est loin ici des foules de Mykonos, Santorino, Corfou, Lesbos, Samos, de la Crète… Kastelorizo se trouve à une demi-journée en bateau d’Athènes, à quatre heures de Rhodes et à vingt minutes de la ville de Kas, sur la Riviera turque. Le hic, c’est qu’une fois à Rhodes, en fonction du prochain vol pour Kastelorizo, il faudra peut-être passer une nuit ou deux dans la capitale, l’occasion de se promener dans les ruelles de la vieille ville, de visiter le palais du Grand Maître et de marcher sur la voie des chevaliers. L’avion reste le moyen de transport le plus rapide, surtout en été, alors que l’offre augmente. Une heure de vol d’Athènes à Rhodes et 25 minutes de Rhodes à Kastelorizo. Le hic, c’est qu’une fois à Rhodes, en fonction du prochain vol pour Kastelorizo, il faudra peut-être passer une nuit ou deux dans la capitale, l’occasion de se promener dans les ruelles de la vieille ville, de visiter le palais du Grand Maître et de marcher sur la voie des chevaliers. À Kastelorizo, ni circulation, ni stress. Un mini-aéroport grand comme un mouchoir de poche et une seule piste d’atterrissage d’à peine 800 mètres de long. Un seul taxi, une seule navette et une seule route asphaltée qui mène au seul village. Pas de voitures, ou si peu, et de très petite taille. Un crochet C’est de Kas, en Turquie, que nous avons pris le bateau pour Megisti. Une décision de dernière minute lors d’un voyage dans le sud de la Turquie. Un crochet le temps d’une journée. « La traversée ne dure que 20 minutes », m’avait dit Fethi Öcel, directeur chez Koptur, une agence réceptive spécialisée dans les voyages sur mesure en Turquie. « Vous allez pouvoir vérifier si le café grec est meilleur que le turc, l’ouzo meilleur que le raki et les baklavas si différents. » Vendu ! La suite fut simple. Il a suffi de laisser son passeport, la veille au soir, à l’agence qui gère le bateau — le visa pour entrer en Turquie permet de sortir du pays et d’y revenir pendant 90 jours. Le traversier accoste au petit port de Kastelorizo vers 10h30 et repart à 15h30. Ce qui laisse cinq heures pour explorer l’île. Le temps d’une randonnée au sommet de la montagne pour admirer la vue sur le port, d’une virée dans les ruelles de l’île et d’un repas. Et d’un repérage des hébergements de charme pour la prochaine fois. Car on rêve de revenir sur cette îlette absolument ravissante avec ses maisons colorées à deux étages, toutes garnies d’un balcon en bois et d’un fronton néoclassique à l’italienne. Et ses petites places pavées et fleuries de bougainvilliers, si apaisantes qu’on voudrait s’y installer à vie pour lire, écrire, peindre, dessiner, discuter de tout, se balader, jouer au backgammon, danser le sirtaki… avec Zorba. Le clou de la place ? La grotte bleue située au sud de l’île, à quelques minutes en caïque. On dit que c’est l’une des plus belles grottes marines de la Méditerranée. D’une longueur de 75 mètres, elle cacherait une jolie palette de couleurs et une décoration en stalactites du feu de Dieu. Du quai, nous marchons à travers d’anarchiques ruelles bordées de maisons en ruine et couvertes de ronces, avant d’emprunter l’escalier de pierre blanche en colimaçon — 400 marches et une mise en jambe assurée, qui mène en une vingtaine de minutes au sommet de la falaise. En haut, la vue sur le port en amphithéâtre, les maisons aux toits de tuiles rouges, les dômes d’églises, les vestiges de châteaux, la mer Méditerranée et la cité de Kas, en face, avec ses maisons blanches posées sur les Taurus qui se jettent dans la mer, est franchement spectaculaire. En vrac S’y rendre. Soit en avion depuis Athènes, via Rhodes, avec Olympic Air, ou en traversier à partir de Rhodes (quatre heures), ou encore de la petite ville de Kas, sur la Riviera turque (20 minutes). Dans ce dernier cas, l’agence de voyage qui offre la traversée en bateau, Meis Express, est une bonne option. Le coût : 35 euros. Assurez-vous d’avoir votre passeport et votre visa en règle pour la Turquie. Vous devrez laisser votre passeport la veille aux autorités, qui vous le rendront au retour de Kastelorizo. Où dormir. Si vous souhaitez loger à Kastelorizo, une adresse qui revient souvent dans les guides est l’hôtel Mediterraneo. L’endroit a été joliment décoré par sa propriétaire, l’architecte française Marie Rivalant. Une maison de vacances raffinée, les pieds dans l’eau. Et il paraît que les confitures servies au petit-déjeuner sont absolument divines. Où manger. Au Lazarakis, sur le quai à Megisti, le poulpe grillé est un délice. Le propriétaire, Yorgos, est le mari de Marie Rivalant. Et il connaît l’île comme le fond de sa poche. Des histoires et son histoire aussi. Vous y apprendrez, en sirotant un Metaxa (cognac grec), que David Guilmour, du groupe Pink Floyd, a composé l’album On an Island, dont son titre phare Castellorizon, après être tombé totalement sous le charme de Kastelorizo lors d’un voyage. À voir. Le château des chevaliers de Saint-Jean, qui date du XIVe siècle. Il n’en subsiste qu’une petite partie, mais qui donne une idée de l’époque. La tombe lycienne taillée au pied du château, à l’entrée du port, qui date du IVe siècle avant J.-C. Le Palaiokastro, le site le plus ancien de l’île. Il y reste quelques vestiges de bâtiments anciens, des citernes d’eau et des outils néolithiques. L’église Agios Konstantinos et Agia Éléni, au-dessus du Mandraki. La basilique à trois nefs et coupoles renferme de riches icônes. Le musée archéologique, près des ruines du château. On y retrouve des objets des périodes paléochrétienne et byzantine. Le monastère abandonné Aï-Yorgis tou Vounou, au sommet des 400 marches de l’escalier qui mène sur le plateau, au-dessus du port de Megisti. L’île se découvre à pied au fil de longues promenades dans les ruelles et sur les collines. Et en mode lenteur, donc cinq heures ne suffisent pas pour tout voir. Il faut y passer quelques jours.

  • De la plaine au Pacifique en train

    De Calgary à Vancouver, le Rocky Mountaineer traverse six chaînes de montagnes, un désert en altitude, une forêt humide tempérée. Le train se faufile entre pics enneigés, glaciers, canyons, lacs et vallées, empruntant tunnels et viaducs, longeant fleuve et rivières. Mille kilomètres d'histoire et de paysages grandioses, que le train parcourt à une vitesse moyenne de 50 km/h. Deux journées de bonheur pour le plaisir des yeux et du palais. Banff — Une ombre a bougé derrière un arbre. Un grizzly? À moins que ce soit mon imagination aiguisée par la lente progression du train entre les escarpements rocheux et les forêts de pins, le long de rivières turquoise, au beau milieu d'une symphonie minérale de pics et de rocs où coulent des chutes fougueuses? En 12 heures, on passe de la plaine à la montagne et au désert. Quel incroyable panorama! À ne plus savoir où donner du regard. Par ici, le mont Castle, à 2730 mètres, dont la forme rappelle celle d'un château avec ses tourelles crénelées. Par là, la petite gare en bois du lac Louise, l'une des 12 gares ferroviaires inscrites au patrimoine culturel canadien. On ne voit pas le lac turquoise mais on aperçoit le sommet du mont Victoria. La ligne de chemin de fer est un musée à ciel ouvert. Mais ici, c'est la nature qui raconte l'histoire. Chaque montagne, chaque lac, chaque chute, chaque glacier porte le nom d'un explorateur, d'un géologue, d'un trappeur, d'un prospecteur qui a contribué au développement de la région. La royauté britannique a aussi eu sa part du gâteau. Par exemple, le lac Louise, jadis le lac Émeraude, a été baptisé en l'honneur d'une des filles de la reine Victoria, Louise Caroline Alberta. On devine que la province lui doit aussi son nom. Quant à la localité de Banff, connue des cheminots sous le nom de Siding 29, Lord Strathcona la renomma en 1880 d'après le comté de Banffshire, en Écosse, d'où il était natif. Entre autres services à bord du Rocky, le vacancier a droit tout au long du parcours à des commentaires instructifs sur la géologie, la faune et la flore. Plus que dix kilomètres avant d'atteindre la petite ville de Stephen, où se situe la ligne de partage des eaux et la frontière entre le parc national de Banff, en Alberta, et celui de Yoho, en Colombie-Britannique. À 1626 mètres d'altitude, Stephen est le point le plus élevé de cet itinéraire de deux jours. Dans une vingtaine de minutes, nous franchirons les tunnels en spirale. C'est ça, le circuit First Passage to the West à bord du Rocky Mountaineer! D'abord, une promenade en train dans l'Ouest canadien, au coeur de paysages à couper le souffle, puis une leçon d'histoire et de génie sur les traces du Canadien Pacifique, légendaire pour avoir réuni la Colombie-Britannique au Canada, il y a 125 ans. Et c'est une expérience gastronomique pour qui voyage en classe Goldleaf. Dans ce cas, on a droit aux repas chauds assis confortablement dans la salle à dîner située à l'étage inférieur du wagon de deux étages, muni d'un dôme de verre et de vitres surdimensionnées qui permettent d'apprécier le paysage en mode panoramique. Le voyageur a aussi le choix de monter à bord à Calgary ou à Banff. Par la suite, le train poursuit son chemin jusqu'à Vancouver avec comme unique arrêt une nuitée à Kamloops, à l'hôtel Thompson. En débutant le voyage à Banff, bien qu'on loupe l'entrée dans les Rocheuses, on a le plaisir de découvrir le fameux village de montagne de 7000 habitants qui accueille chaque année plus de 4,5 millions de touristes, ainsi que son parc national et les sources chaudes du mont Sulphur, à l'origine de la création, en 1885, du premier parc national canadien. «Puisque nous ne pouvons pas exporter les paysages, importons les touristes!» Tel était le but de l'Américain William Cornélius Van Horne, directeur général de la Canadian Pacific Railway, chargée, en 1881, de prolonger jusqu'au Pacifique la ligne de chemin de fer qui se terminait alors à Winnipeg. Relier le Canada d'un océan à l'autre fut une tâche colossale. Remplir le train, une autre. Un défi relevé par Van Horne qui, en plus de diriger la construction de lignes ferroviaires, fit construire des hôtels de luxe à l'allure de châteaux, tel le Banff Springs Hôtel, Château Lake Louise, Château Frontenac... maintenant propriété du groupe Fairmont. Et voilà les tunnels en spirale. Les voyageurs sont sur le qui-vive. On ne sait plus où donner de la tête. Puis, c'est le noir total pendant une vingtaine de minutes. Le temps pour le train de transpercer les mont Odgen et Cathedral, respectivement longs de 912,5 et 933 mètres, de s'entortiller deux fois sur lui-même tel un escargot et de traverser deux fois la rivière Kicking. «On a entrepris la construction des tunnels en 1907, explique l'agent de bord. Le souci: la "grande côte", un tronçon fortement incliné entre Field et Hector. Non seulement reconnue dangereuse, cette pente de 4,5 % d'inclinaison entraînait d'énormes frais d'entretien. La construction a duré vingt mois et fait appel à 1000 hommes. La pente fut réduite à 2,2 %.» Les émotions, ça donne de l'appétit: le personnel a prévu le coup et sert une collation composée de scones, de thé, café et jus. Le bar est ouvert en tout temps et l'ambiance est à la détenete. Il est 14h30 lorsqu'on passe à table, les yeux rivés sur le paysage. «On ne sert que des produits régionaux à bord», explique Frédéric Couton, chef exécutif du train, un Savoyard d'origine venu au pays il y a 28 ans. Au menu: du boeuf de l'Alberta, du poulet et de l'agneau de la vallée de Fraser, du saumon du Pacifique et du vin de la vallée de l'Okanagan. En tout cas, en longeant la rivière Eagle, rouge de saumons, on constate que le gros poisson migrateur abonde vraiment dans le coin. Nous suivons la rivière sur 48 kilomètres entre Sicamous et Three Valley Gap. C'est toutefois sous le pont de l'Eagle et durant les mois de septembre et octobre qu'on peut le mieux observer la fraie du saumon. D'un océan à l'autre Nous voilà à Craigellachie. C'est donc ici que fut enfoncé, le 7 novembre 1885, le dernier crampon de la voie ferrée du CP. Sur la petite plate-forme extérieure prévue pour prendre l'air, se délier les jambes et photographier tout ce qui défile sous nos yeux, on a l'impression d'entendre les cris de joie des spectateurs qui ont assisté à l'achèvement du premier chemin de fer transcanadien. Il aura fallu presque six ans. Un cairn marque l'emplacement de l'événement. À quelques minutes de la gare de Kamloops, un homme assis sur son balcon lève un toast à l'arrivée du train. Les enfants envoient la main. Décidément, ce train est une véritable curiosité. On se croirait maintenant en Arizona. Plus rien à voir avec les paysages de montagnes du début. Il y a belle lurette qu'on a quitté les montagnes Rocheuses, dès Palliser, sur la rivière Columbia. Depuis, nous avons traversé le col de Rogers, dans la chaîne Selkirk, qui reçoit tant de neige en hiver que les ingénieurs ont dû s'échiner à inventer des systèmes sophistiqués pour protéger la voie ferrée des avalanches: paravalanches, digues de déviation, tas freineurs... La neige n'est toutefois pas la raison qui empêche le Rocky Mountaineer de poursuivre ses activités en hiver. La politique du train panoramique est de ne voyager que le jour, de façon à ne rien manquer du paysage. Étant donné qu'en hiver les journées sont courtes, il serait impossible de compléter l'itinéraire de 1000 kilomètres en deux jours seulement. Le train roule en moyenne dix heures quotidiennement. Et en fonction du trafic ferroviaire, surtout près de Vancouver, il peut être considérablement retardé. Le train continue sa route vers Glacier, traverse dix fois la rivière Illecillewaet, passe par Revelstoke, dans la vallée du Columbia, et longe le lac Shuswaa. À Kamloops, tout le monde descend! Les vacanciers au départ de Calgary sont à bord depuis 12 heures. L'escale est appréciée. À l'hôtel Thompson, les bagages, on les retrouve dans la chambre. Après Kamloops, le train poursuit vers l'ouest, le long du fleuve Fraser. Avec ses 1368 kilomètres, le plus long cours d'eau en Colombie-Britannique s'étend sur près d'un quart de la province. Au sud de Quesnel commence le profond canyon creusé par le Fraser jusqu'à Hope, dans les monts Cascade. La petite ville est entourée sur trois côtés par de hautes montagnes. Puissant fleuve, le Fraser occupe une place spéciale dans l'histoire du chemin de fer canadien. C'est à Andrew Oderdonk, un entrepreneur en construction, que revint la tâche de construire le tronçon qui allait traverser le canyon du Fraser, lit-on dans The Rocky Mountaineer Mile Post. «L'homme d'affaires estime à 10 000 le nombre d'hommes nécessaire pour achever cette tâche. La Colombie-Britannique étant peu peuplée à la fin du XIXe siècle, il fait venir des travailleurs chinois de Californie. Ces derniers étaient expérimentés et parlaient l'anglais, puisqu'ils avaient travaillé à la construction de Union Pacific aux États-Unis. On fit aussi venir de Canton des hommes habitués à porter des charges lourdes. Des porteurs de thé, entre autres.» Bien que l'on utilisa foreuses mécaniques à vapeur, racleuses tirées par des chevaux et explosifs durant la construction, la presque totalité du travail se faisait à force de bras. «Les travailleurs chinois étaient payés un dollar par jour, une somme énorme comparativement au salaire quotidien de 0,07 sous en Chine. Mais, malheureusement, beaucoup de ces hommes moururent d'épuisement, de scorbut, de variole ou d'accidents dus à la mauvaise manutention des explosifs. Durant cette période, on a dénombré entre 10 000 et 15 000 travailleurs chinois.» Le Rocky Mountaineer propose quatre itinéraires dont trois sur deux jours qui incluent une nuitée d'hébergement en mi-parcours. «First Passage to the West», celui que nous effectuons entre Calgary et Vancouver; «Journey through the Clouds» entre Vancouver et Jasper via Kamloops, en Alberta avec deux points forts: le mont Robson, le plus haut sommet des Rocheuses canadiennes, et les chutes Pyramid; «Rainforest to Gold Rush» qui, via la forêt tempérée humide de la côte et le désert du canyon du fleuve Fraser, mène aux ranchs du Cariboo Gold Rush; et enfin «Whistler Sea to Sky Climb», un circuit de trois heures seulement au départ de Vancouver vers Whistler, pour qui souhaite découvrir la chaîne des montagnes côtières. En vrac À voir et à faire à Banff... Datant de 1895, le Banff Park Museum est le musée d'histoire naturelle le plus ancien de l'Ouest canadien. On peut voir tout la faune des Rockies empaillée. Un tour de gondole au sommet du mont Sulphur, à 2270 mètres. La vue sur les Rocheuses et la Bow River, couleur émeraude, est grandiose. Un petit sentier mène sur des passerelles de bois à une ancienne station météo. Une virée au lac Moraine pour voir la couleur de l'eau. Plus sauvage que le lac Louise. Ouvrir l'oeil pour le grizzly. Nous l'avons vu de la route, près de Banff, en train de manger des baies. En septembre, c'est la saison des petits fruits. Les chances sont bonnes de l'apercevoir. L'ours mange en moyenne 2000 baies par jour. Le Rocky Mountaineer est la plus grande entreprise ferroviaire privée en Amérique du Nord. Depuis 1990, plus d'un million de passagers provenant de tous les coins du monde ont découvert les Rocheuses et l'Ouest canadien à bord de ce train panoramique. Plus de 50 % des passagers proviennent de l'étranger, en particulier des Australiens, des Britanniques, des Américains et des Japonais. La moyenne d'âge se situe dans la cinquantaine. Deux classes sont offertes à bord du Rocky Mountaineer: Redleaf et Goldleaf. La première offre des repas froids servis aux sièges et la seconde, des repas chauds servis dans la salle à manger. Chaque wagon de cette classe de luxe compte également quatre personnes au service et à l'animation et trois à la cuisine. -Information: 1 877 460-3200, www.rockymountaineer.com/fr.

  • Estrie - Sur la Voie des pionniers

    À faire à pied, à vélo, en auto... Une vingtaine de silhouettes grandeur nature découpées dans un panneau d'acier Corten et plantées au beau milieu du paysage estrien, de part et d'autre de la vallée de la Coaticook. Un appareil audio inséré à chacune de ces structures et qui donne la parole à ces personnages ayant marqué la région à la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle. Voilà une belle virée pour découvrir l'histoire, le patrimoine, les produits fermiers et les supers paysages de cette MRC. On en revient la glacière pleine à rebords et avec des amis/es. Sur le chemin Cochrane, à Compton, pas trop loin du cimetière du village, il suffit de cliquer sur un bouton, version française ou anglaise, pour que Matthew Henry Cochrane (1823-1903), homme d'affaires prospère, nous raconte avec fougue la façon dont il a marqué l'agriculture de Compton puis est devenu propriétaire d'une usine de chaussures à Montréal et d'un ranch en Alberta en plus de siéger au Sénat canadien. On est déjà sous le charme. Avec raison, car chaque personnage a été choisi avec soin par un groupe de citoyens du territoire et d'ailleurs, intéressés à l'histoire et au patrimoine. On a aussi fait appel à des étudiants en histoire de l'Université de Sherbrooke pour la recherche et la synthèse des informations. Finalement, c'est Anne Dansereau, auteure, comédienne et metteure en scène, qui a veillé à la conception finale des textes et à la supervision de la traduction et des enregistrements en studio. On poursuit jusqu'à Martinville. On clique sur le bouton et voilà qu'Oscar Lessard (1895-1964) se met à raconter aux promeneurs captivés comment il est devenu un homme d'affaires prospère. Dernier propriétaire du moulin et engagé dans sa communauté, il acquiert plusieurs commerces, construit des ponts et devient le premier président de la Caisse populaire de Martinville. Rencontre de plusieurs types Comme dans un roman, on découvre l'histoire au fil du chemin et des silhouettes plantées judicieusement dans le paysage. Rien ne vient obstruer le point de vue sur la campagne estrienne à travers ces personnages qui changeront de couleur au fil des saisons. Et en fonction de la météo. À Sainte-Edwidge-de-Clifton, on fait la connaissance du curé de la paroisse Wilfrid Morache (1856-1920); à Saint-Malo, de Georgianna Lizotte-Ouellet (1874-1950), sage femme, mère de 16 enfants et confidente des femmes; à Saint-Venant-de-Paquette, d'Hermine Malouin-Lefebvre (1841-1941), une centenaire qui a vu grandir la municipalité pendant quatre-vingts ans. Puis de Thomas Van Dyke à East Hereford; de Marie-Marthe Paquin-Crête (1923-2006) à Saint-Herménégilde; de Walter G. Belknap (1864-1940) à Coaticook (Baldwin Mills); de George Gale à Waterville; et de Daniel Way à Barnston-Ouest (Way's Mill). Autant d'hommes et de femmes, anglophones comme francophones, qui ont marqué la région au siècle dernier et bien avant. La clé des champs Et le plaisir ne s'arrête pas à la rencontre de ces personnages hauts en couleur qui redonnent vie à cette région bucolique des Cantons-de-l'Est, à une époque où industriels anglophones, éleveurs de bovins et producteurs laitiers viennent s'installer en grand nombre. D'ailleurs une journée ne suffit pas pour les découvrir tous. Car ici, tout est prétexte à regarder, toucher, goûter, écouter, échanger. En chemin, il y a des ponts couverts, des granges rondes, des églises, des jardins, des rivières et des animaux parfois bizarres, comme ces petits chevaux miniatures de la ferme Santschi, sur le chemin Kingscroft. Puis l'odorat se met en route, et là, c'est vraiment la fête. Que oui! Entre le pain maison, les fromages artisanaux, les confitures de cassis, les tartes aux pommes en cuisson et la bouse de vache, on ne sait plus où donner du nez. Pour plus de détails sur ce super parcours : http://www.voiedespionniers.com/

  • Israël - Sur les rives de la mer Morte

    La mer Morte recule d'au moins un mètre par année. Elle aurait perdu depuis une cinquantaine d'années un tiers de sa superficie. Les raisons de cet assèchement sont multiples. Entre autres, la surexploitation du Jourdain, le fleuve qui alimente la mer Morte, mais aussi l'activité intense des industries cosmétiques... On vient sur les rives de la mer Morte depuis l’Antiquité. Pour ses propriétés bienfaitrices pour la santé — Cléopâtre aurait succombé aux vertus de ses eaux et pratiquait des bains de boue —, mais aussi pour y découvrir les richesses géologiques et historiques du désert de Judée qui l’entoure. Dans un cadre biblique à souhait. La route 1 qui relie Jérusalem à la route 90 — celle qui suit la frontière Jordanienne à l’est, tourne le dos au mont des Oliviers, à son cimetière — le plus ancien du monde encore utilisé — et aux oliviers du jardin de Gethsémani qui, selon l’histoire, a fourni l’ombre à Jésus qui venait s’y reposer avec ses disciples. À peine sortis de la ville « trois fois sainte » la tête remplie de faits, de dates, de monuments et d’émotions, nous nous engageons à bord d’un minibus dans un paysage de collines arides, parsemées de conifères et de maisons blanches, puis, dans le désert de Judée. Quand la Bible prend vie La route 1 qui descend en crescendo depuis Jérusalem mène en une vingtaine de minutes, soit une trentaine de kilomètres, d’une altitude de 800 mètres à quelque 428 mètres sous le niveau de la mer, au point émergé le plus bas au monde : la mer Morte. Après quelques virages en épingle, le bus s’arrête à une halte routière. Un Bédouin sorti de derrière les collines propose de grimper sur son chameau le temps d’une photo. Puis, plantée là, au premier plan des collines pierreuses du désert de Judée, une immense sculpture en terre ocre de l’artiste Or-nah Ran représentant une main formant un zéro. À quelques mètres, un panneau indique que nous sommes ric-à-rac au niveau de la mer. Malgré le soleil qui tape, le corps est traversé d’un frisson à la fois esthétique et sacré. L’imagination s’enflamme. C’est bien dans ce désert argileux d’une superficie de 1500 kilomètres carrés, empreint d’une spiritualité ancienne, que Jésus passa quarante jours et quarante nuits, jeûna et fut tenté par le diable ? Ouf, les cours de religion sont bien loin ! J’y reviendrais pour randonner, dans ce désert biblique de grottes et de canyons. Pour me baigner dans les ruisseaux, marcher le long du canal d’eau douce aménagé par les Bédouins, lire à l’ombre d’un dattier, observer les oryx et visiter, accroché aux parois rocheuses, le monastère Saint-Georges, dans la vallée Wadi Qelt, à la porte de Jéricho. Puis sans crier gare, au sommet du dernier tronçon de la route 1 avant de rejoindre la 90, apparaît la vallée de la mer Morte. Des chaînes de montagnes forment l’arrière-plan de ce grand lac bleu cobalt pétant, ourlé de concrétions de sels. C’est la Jordanie. Assurez-vous de pouvoir recharger vos caméras, la région est photogénique. Un moment rare et magique à savourer. D’un côté, l’ocre du désert de Judée aux allures de planète Mars et de l’autre, le glauque de la mer Morte, aux maintes vertus médicinales. L’endroit géographique par excellence pour traiter le psoriasis et autres affections de la peau, apprend-on au centre de visite Ahava, une entreprise qui utilise les minéraux de la mer Morte pour fabriquer des produits thérapeutiques et de beauté. « Deux semaines de bain de soleil, combinées à des bains de mer et de boue sont un bon traitement pour le psoriasis », affirme Daniela Cohen, cofondatrice du kibboutz Ein Gedi et de son charmant hôtel niché dans un jardin où poussent 900 espèces de plantes. Parmi les massages populaires offerts à Ein Gedi, celui à base de boue chaude et de myrrhe, une plante connue pour ses propriétés antioxydantes, anticancéreuses, antiseptiques, cicatrisantes et anti-inflammatoires. Elle pousse dans le jardin d’Ein Gedi. Pour le psoriasis sans remèdes et sans piqûres, donc, la mer et le soleil comme traitement. Et ici, au point le plus bas du globe, le soleil brille 300 jours par année. Ses rayons ultraviolets indésirables seraient filtrés par une brume d’évaporation si gorgée de minéraux qu’elle offrirait une protection naturelle permettant une exposition plus longue. Mais prudence ! Ce traitement médical naturel suppose le respect d’un certain nombre de conditions et d’une surveillance médicale étroite. Parlez-en à votre médecin. Une visite sur le site Web du « DMZ Medical Center », un centre spécialisé en climatologie, situé à l’hôtel LOT, à Ein Bobek, s’avère une bonne source d’information avant de boucler sa valise : lothotel.com Aïe, les pieds ! Quant à se laisser flotter sans effort dans l’eau tiède et minérale de la mer Morte, en lisant son journal — les clichés ont la vie dure, c’est une expérience unique en son genre. Rien ne survit dans ce vaste lac composé de 27,5 % de sel. Pas un poisson, pas une algue. Rien, à l’exception de… l’Homo touristicus, qui y flotte comme un bouchon. Avant d’y faire trempette, il est conseillé d’enfiler des souliers pour ne pas se couper en marchant sur les cristaux de sels acérés, d’éviter de se raser le jour avant ou de s’y endormir, au risque de se réveiller en Jordanie, entraîné par les vents et les courants. Une montagne d’histoire J’ignorais l’histoire de ce palais construit entre 37 et 31 av. J.-C. par Hérode, en quête d’un refuge aussi confortable qu’imprenable. Et de la révolte des zélotes contre les Romains en 70 apr. J.-C. qui en firent un refuge pour leurs partisans et leurs familles. Deux ans plus tard, les Romains assiègent Massada. Les insurgés brûlent alors magasins et entrepôts et optent pour le suicide collectif plutôt que la prison. La forteresse reste à l’abandon jusqu’au Ve siècle, jusqu’à ce que des moines byzantins trouvent refuge dans des grottes proches du sommet et y érigent une petite chapelle. On y vient aujourd’hui pour errer à travers les vestiges des palais, entrepôts et thermes romains, imaginer la vie luxueuse que menaient à Massada Hérode et sa cour, voir les ruines de la synagogue que les zélotes ont construite à la place des écuries du roi. Et pour la vue extraordinaire sur le désert de Judée, la mer Morte et la Jordanie. Préférablement au petit matin quand le soleil se lève, enflammant les murs du bastion. LES TROIS EIN GEDI L’oasis au parfum biblique, cité à quelques reprises dans la Bible, s’étend sur six kilomètres le long de la route 90, entre le désert de Judée et la mer Morte. Plusieurs embranchements donnent accès à cet éden tropical — irrigué par quatre sources d’eau, au grand bonheur des contemplatifs, des randonneurs et amateurs d’histoire. Réserve naturelle d’Ein Gedi. Le site de 25 kilomètres carrés, qui niche entre les canyons Wadi David et Wadi Arigot, attire les randonneurs. Les sentiers, de longueurs variables, mènent vers des cascades, des sources, des grottes, un temple chalcolithique, une synagogue antique, des points de vue à couper le souffle… Il n’est pas rare d’y rencontrer le bouquetin de Nubie et le daman des rochers venus s’abreuver dans les eaux pures du désert. Le Jardin botanique d’Ein Gedi. Si les miracles existent, ce jardin en plein désert aride de Judée en est un. Situé dans le kibboutz d’Ein Gedi, à 3 km au sud de la réserve naturelle, il rassemble quelque 900 végétaux, dont certains cités dans la Bible, comme la myrrhe, les baobabs géants, les pommiers de Sodome. Hôtel du kibboutz d’Ein Gedi. Jadis une maison d’hôte plantée au cœur du Jardin botanique du kibboutz d’Ein Gedi, fondé en 1953, le bâtiment devient un hôtel de charme avec chambres luxueuses en 2012. Le complexe comprend un établissement thermal de luxe, des piscines, un sauna, un hammam et un restaurant au joli nom de Baobar. On y offre des menus à la carte ou en formule buffet. S’y rendre. Entre les mois de mai et octobre 2018, Air Transat offrira trois liaisons directes par semaine Montréal–Tel-Aviv au coût variant entre 800 $ et 1050 $. Le voyageur a le choix entre des forfaits allant du simple vol aux séjours organisés. ALERTE À L’ENVIRONNEMENT La mer Morte est un haut lieu du tourisme israélien, mais elle serait en voie de disparition. Depuis une cinquantaine d’années, elle aurait perdu un tiers de sa superficie. Les raisons de cet assèchement ? La surexploitation de l’eau du fleuve Jourdain — le fleuve qui l’alimente — pour des besoins d’irrigation, mais aussi l’activité intense des entreprises installées autour, qui fabriquent leurs produits à partir de ses minéraux. En conséquence, on observe la formation de dolines qui transforment peu à peu les rives de la mer Morte en gruyère. En se retirant, les eaux très salées de la mer Morte laissent derrière elles des terrains truffés de poches de sel, et les nappes phréatiques, les pluies et les rivières sont autant d’eaux douces qui lessivent et dissolvent ces poches, laissant des cavités vides en sous-sol qui peuvent s’affaisser radicalement sans prévenir.

Contactez-moi

Merci ! Message envoyé.

  • Blanc Facebook Icône
  • Blanc Twitter Icon
  • Blanc Icône Instagram
  • Blanc Vimeo Icône
  • Le Devoir

2020 © Tourisme Aventure - Tous droits réservés

Textes et photos par Hélène Clément 

bottom of page