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  • Photo du rédacteurHélène Clément

Martinique - Randonnée au sommet de la montagne Pelée via le fin fond du cratère


Du fin fond du cratère au Chinois, quatre heures de marche, quatre heures de bonheur


Ce matin, la montagne est couverte de brume. Rien de nouveau! Le volcan subit les assauts du vent et de l'eau en quasi-permanence. Les précipitations atteignent parfois jusqu'à dix mètres d'eau par an. Voilà pourquoi la forêt a du mal à s'installer sur les flancs de la Pelée, constitués d'arbres rabougris. Brrr! Un chandail est de mise. À se demander ce que nous faisons ici, sachant que partout ailleurs sur l'île il fait beau et chaud. Il y a une heure à peine, nous longions la mer Caraïbe, dont la couleur azur se confondait avec le bleu du ciel. Quel changement!


En quelques minutes nous passons du bleu turquoise au vert intense, du soleil qui tape aux nuages qui nous glacent les os et nous mouillent jusqu'à l'âme. Mais le moment est magique. Outre celui de gravir un volcan qui a su se montrer terriblement meurtrier en 1902, l'intérêt réside dans les étonnants paysages sommitaux. En contournant la caldeira, on ne peut s'empêcher de penser à l'éruption volcanique au début du siècle dernier. Malgré des signes précurseurs (mouvements telluriques, rivières gonflées, odeur de soufre et coulées de boue), les habitants de Saint-Pierre ne veulent pas croire au pire. Au matin du 8 mai 1902, la montagne de gaz et de roches explose pourtant dans un vacarme vraiment assourdissant.



L'onde de choc est d'une telle violence que les premières victimes sont pulvérisées par une pluie de roches. Le tout est suivi d'une nuée ardente qui s'abat sur la ville à une vitesse de 500 km/h et brûle tout sur son passage. Pas de lave. En 90 secondes, 30 000 personnes et la plus belle ville des Antilles, alors capitale de la Martinique, disparaissent sous les cendres.

Le sentier emprunte une succession de ravinements et d'enrochements raides où il faut s'agripper de pierre en pierre. Et attention le sentier peut-être extrêmement glissant par temps de pluie, comme aujourd'hui. Les flancs sont jonchés d'herbe, de fougères et de framboisiers. De l'Aileron, par beau temps, on découvre une vue splendide sur Saint-Pierre à l'ouest, le massif des Pitons du Carbet au sud et la péninsule de la Caravelle à l'est. Nous - c'est à dire mes deux filles et moi ainsi qu'une collègue journaliste Marie-Sophie, rejoignons la caldeira par une crête qui monte en pente douce et se dirige sur les plateaux des palmistes.



La montagne Pelée doit son nom à son dôme dépouillé d'arbres. On domine maintenant le cratère formé par l'explosion de 1902. De là, on aperçoit les murailles des trois dômes nés d'éruptions successives: morne Lacroix à 1243 mètres, point culminant avant 1902; dômes jumeaux à 1362 mètres, formés lors de l'éruption de 1902; et le Chinois à 1397 mètres, issu de l'éruption de 1929, le point culminant de l'île.


La descente dans le cratère est particulièrement à pic. Une échelle permet d'éviter un passage raide, boueux et glissant et l, érosion inexorable de la montagne. Ambiance

« spooky» à souhait. On se croirait sincèrement dans le film Le Seigneur des Anneaux. On voit à peine nos pieds tellement la brume est épaisse. L'insoutenable légèreté de l'être : continuer ou pas? Nous continuons, il est encore tôt. Aucun regret l'effort vaut le coup, celui, entre autres, de grimper un volcan qui ne dort que d'un oeil. Aujourd'hui nous ne verrons pas les paysages sommitaux, mais la belle dame ne perd rien pour attendre. Nous y reviendrons.



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