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  • France - Au Club Med Les Arcs Panorama avec l'École du ski français (ESF)

    Impossible de ne pas les remarquer. Vêtus de rouge de la tête aux pieds — la charte vestimentaire des ESF imposant d’avoir 90 % de rouge sur leur tenue —, ils sont là tous les jours, sur les pistes, dans les rues, les guinguettes ou au Village discutant et rigolant avec les clients. Ces grands spécialistes de la montagne — un peu professeurs, un peu psychologues, un peu gentils organisateurs, un peu copains — sont hautement qualifiés. D’ailleurs, pour faire partie de cette corporation française tricotée serré en montagne, il faut traverser un cycle d’apprentissage d’une durée d’au moins quatre ans. Assurément, on est entre bonnes mains. Et on s’y attache ! Car non seulement nous apprennent-ils à maîtriser un virage « stem », à tailler des courbes, à s’essayer au passage entre les piquets, à travailler des figures de style libre dans un parc à neige, à dévaler une piste noire, ils sont aussi ceux qui nous feront découvrir des expériences grandeur nature que l’on n’aurait peut-être jamais pensé être capables de vivre un jour. Dès le premier matin, on jauge le niveau d’habileté du client, puis on forme les groupes. Et l’aventure en montagne commence. Deux heures de cours le matin et deux heures l’après-midi. Tantôt on peaufine sa technique, tantôt on file bon train, tantôt on se regarde skier, tantôt on parle de sa vie, des enfants, du travail, du dernier film de Woody Allen, des excellentes glaces artisanales du Club Med, des huîtres de la Charente-Maritime dégustées la veille, du fromage beaufort et de toutes les bonnes spécialités savoyardes que l’on retrouve au menu du buffet. Bon, on est fin prêt à monter au sommet de l’Aiguille rouge, point culminant du domaine, à 3226 mètres. Le panorama est en soi une bonne raison de grimper si haut. C’est de là que démarre l’Aiguille rouge, l’une des plus longues descentes de l’Europe. Sept kilomètres et un départ avec quelques courbes raides sur le glacier. Une nouvelle passerelle à l'Aiguille Rouge plus sécuritaire et jolie, en bois, fera le bonheur des contemplatifs. Club Med Les Arcs Panorama

  • Montréal - Un thé au Centre Phi

    Publié dans Le Devoir du 28 décembre 2018 Bien connu pour ses installations à la fine pointe de la technologie, notamment son exposition de réalité virtuelle en cours Écho : réverbération dans l’espace, le Centre Phi présente en entrée libre jusqu’au 6 janvier l’installation vidéo Poésie et thé. Douze artistes, douze poèmes, douze théières. Un espace zen et calmant, avant de plonger dans la réalité virtuelle pour qui décidera de poursuivre la visite du Phi. Si l’on boit le thé pour oublier le bruit du monde, comme l’a écrit l’auteur chinois Lu Yu de la dynastie Tang (618-907) dans son livre Le classique du thé, eh bien, mission accomplie. Dans l’espace Plateau du premier étage du Centre Phi, où est présenté le fameux projet vidéo Poésie et thé, les bruits et l’agitation de la ville sont bien loin. En tout, une dizaine d’écrans installés sur trois côtés présentent douze artistes qui se prêtent au jeu des rimes et des sonorités avec une telle frénésie qu’on en a la chair de poule. Le son est excellent, l’image est belle. D’ailleurs, dans ce bel immeuble rénové de quatre étages — l’ancienne fabrique de la cristallerie Holland —, à la fois lounge, studio de son et de postproduction cinématographique, salle de cinéma numérique, de spectacles, d’expositions, d’enregistrement audiovisuel, tout ici est à la fine pointe technologique. Une chorale de poèmes C’est sur le plus grand des écrans télé de l’espace que tour à tour les artistes déclament leur poème, assis à une table ornée de fleurs, de fruits, de plantes exotiques et de théières dont pas deux ne se ressemblent. Chaque artiste se verse une tasse de thé avec une adresse folle, en le faisant parfois couler d’un mètre au-dessus de la tasse. On entend le bruit du thé qui coule dans la tasse comme si l’on était assis à table avec l’artiste. Poèmes de Gaston Miron, Jay Winston Ritchie, Daria Colonna, Pablo Neruda, Peaches, Antoine-Roger Bolamba, Lao Tseu, Rumi, Richard Brautigan, Kamilah Aisha Moon, Shinji Moon et Juliana Huxtable, joliment récités par Lydia Képinski, Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne de Milk & Bone, Casey Spooner, Peaches, Pierre Kwenders, Yes Mccan, Narcy, Jessica Brillhart, Eliza McNitt, Miles Greenberg et Juliana Huxtable. De grands sujets sont abordés, tels le racisme, l’amour, la quête spirituelle, les revendications sociales… L’expression des artistes, leur respir, leur intensité émotionnelle, leur lente gestuelle… tout ça intrigue. Puis on se laisse envahir par le flot de mots, par la mélodie. On ne comprend pas toujours, mais ce n’est pas grave, puisque l’on peut écouter et réécouter le poème. Et on peut toujours demander des explications. « Nos médiateurs sont là pour aider les visiteurs », précise Myriam Achard, directrice des relations publiques et des communications au Phi. « Ils discutent avec eux, les rassurent et les prennent en charge au besoin. Ils sont l’une des forces de la maison. » Et c’est ainsi qu’en dégustant à son tour un thé — gracieuseté du Phi jusqu’au 6 janvier —, le visiteur découvre certains des précieux collaborateurs de cette ruche artistique du Vieux, issus de rencontres passées et de prestations récentes, à qui le Centre a demandé de se prêter au jeu de réciter un poème aimé en se servant une tasse de thé. De la poésie à la réalité virtuelle Quant à ceux qui s’intéressent à la réalité virtuelle, ils pourront par la même occasion s’initier à cet art sans avoir à acheter un billet pour l’exposition en cours. Tout à côté de Poésie et thé, deux fauteuils équipés d’un casque de RV invitent à visionner Pearl, une installation de six minutes créée par Patrick Osborne et réalisée par David Eisenmann. « Ce n’est pas une oeuvre récente, puisqu’elle date de 2016, mais c’est une oeuvre extrêmement touchante et qui m’a beaucoup marquée », confie Myriam Achard. C’est aussi le premier court métrage virtuel à avoir été mis en nomination pour un Oscar en 2017. Pearl a remporté un Peabody Award dans la catégorie « Futures of Media » et un prix Emmy dans la catégorie « Innovation in Interactive Programming ». Pearl raconte les aventures d’une petite fille et de son père qui, à bord de leur fidèle voiture à hayon, sillonnent le pays à la poursuite de leurs rêves. Cette automobile, qui leur sert aussi de maison, leur permet de se sortir de toutes les impasses et de trouver le bonheur partout où ils vont, même là où cela semble impossible. Cette touchante histoire raconte l’héritage qu’on laisse de génération en génération et l’amour qu’il porte. Puis, on a la piqûre. Vraiment. Et on finit par s’acheter un billet d’entrée de trois heures pour l’exposition en cours, Écho : réverbération dans l’espace, qui se termine le 20 janvier. Trois heures, un casque vissé à la tête, à tourner dans tous les sens pour ne rien manquer des installations. On en sort tremblant, étourdi, impressionné, bouleversé. Oui, bouleversé. Surtout après le visionnement de l’installation Vestige, une expérience en réalité virtuelle de treize minutes, réalisée par Aaron Bradbury et produite par Paul Mowbray, Antoine Cayrol et Jill Keklas Basmajian. Il s’agit d’un documentaire inventif qui explore la question de notre relation avec le deuil. On entre dans le cerveau de Lisa, une jeune Américaine de l’Utah qui fait le deuil d’Erik, son mari. On explore ses pensées, et expérimente avec elle la guérison qui prend place avec le temps. Ouf ! Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à franchir la porte de cet édifice du XIXe siècle, au 407, rue Saint-Pierre. Pour prendre le thé et découvrir un lieu d’art exceptionnel. Centre Phi

  • Montréal - Les fantômes font de l'esprit

    Tous les soirs jusqu’au 31 octobre, les personnes de plus de 12 ans sont invitées à découvrir les fantômes et âmes tourmentées qui peuplent les édifices et ruelles du Vieux-Montréal. Un captivant circuit de 90 minutes à pied, raconté par les acteurs de l’organisme Fantômes Montréal. Durant ce truculent circuit pédestre, les participants suivent un personnage à l’allure baroque incarné par un comédien professionnel qui raconte au fil du parcours des histoires et des légendes à donner parfois la chair de poule. Car le Vieux-Montréal cacherait au sein de certains de ses illustres immeubles, ruelles et places des secrets flippants. Que vous croyiez ou pas aux fantômes, des esprits hanteraient bel et bien ce haut lieu dont l’histoire remonte à la fondation de Ville-Marie. Vieux de quelques siècles ou plus récents, qu’importe, ces esprits rôderaient toujours dans des endroits pourtant très fréquentés. Le rassemblement pour le départ a lieu à 20 h 30 face à la maison de la Douane, de biais avec le musée Pointe-à-Callière, là où se trouvait jadis la place du Vieux-Marché aménagée sous le Régime français. Les participants sont divisés en groupes (25 personnes au maximum), pour des circuits offerts en français ou en anglais. « La formule est particulièrement populaire à l’approche de l’Halloween », explique Angèle Vermette, présidente de Guidatour. Un peu d’histoire, celle, sombre, de la Nouvelle-France, un peu de paranormal et des légendes. Une dizaine d’arrêts devant des bâtiments historiques ou gastronomiques du Vieux. De quoi plaire aux participants, dont les goûts sont parfois bien différents. « Au fil des ans — les Fantômes auront 20 ans l’an prochain —, nous avons vu se développer deux profils de clientèle, précise Angèle Vermette. Les fous de fantômes et les fous d’histoire. On essaie de trouver un équilibre entre les différentes attentes. » Crimes et châtiments « Une légende et une histoire, c’est pas pareil, explique Anita, notre guide, dans un français vieillot. La légende est une histoire que l’on raconte de bouche à oreille et qui se déforme pas mal en chemin. Les histoires, c’est du vrai. Ça fait ben des bébés et ben des morts. Mais c’est du vrai. Asteure, on commence. » Un premier arrêt aux cours Le Royer, aux alentours de la ruelle Saint-Dizier, à l’emplacement de l’Hôtel-Dieu de Montréal au XVIIe siècle. « Icitte, on parle pas fort pour pas déranger les habitants du quartier. C’est arrivé par le passé qu’ils nous garrochent des patates par la tête. Surtout l’été quand les fenêtres sont ouvertes. » C’est donc en chuchotant que la conteuse nous raconte la légende de Beaudry, dont la trame se déroule un soir de la Saint-Sylvestre, en 1788. Quel lien existe-t-il entre cette place éclairée aux lanternes et ce récit qui nous plonge dans une ambiance un peu mystérieuse ? Aucun. Mais il dévoile ce Vieux peuplé de mythes et de légendes étranges. Le fantôme du 426, rue Saint-Gabriel revient régulièrement humer les odeurs de tartare de bison, de poulet de Cornouailles et de confit de canard de l’auberge du même nom. Il s’agirait d’une petite fille morte asphyxiée lors d’un incendie qui a ravagé la propriété construite en 1688, alors qu’elle prenait une leçon de piano avec son grand-père. On dit entendre régulièrement des accords de piano venant du grenier. Les 3 Brasseurs, rue Saint-Paul, vous connaissez ? Il paraît que les gérants ont grand-peur d’en faire la fermeture. Des fantômes y rôdent depuis qu’un groupe de paysans aurait mis le feu à l’édifice pour rouscailler contre leur expulsion du bâtiment. Ils se seraient réfugiés au dernier étage pour fuir le brasier. Ainsi prisonniers, ils ont tous péri. « Les gérants disent qu’ils entendent toujours marcher aux étages supérieurs, alors que personne n’y vit, raconte Anita. En toué cas, y se passe toujours quelque chose de ben bizarre à la table du coin au deuxième étage. Pour ceux que ça intéresse, quand vous irez aux 3 Brasseurs, si le deuxième est ouvert, réservez cette table. Vous verrez… » Le Vieux a aussi son triangle des Bermudes qui se situe en un point bien précis entre le vieux palais de justice, l’édifice Ernest-Cormier avec ses 14 colossales colonnes et la cour municipale. Un point bien précis où ne règne que justice. Des histoires d’horreur courent sur la place Jacques-Cartier, qui jadis servait de lieu de torture. L’un des supplices-roi en matière de peines infamantes : le carcan. Les condamnés devaient le porter durant une longue période et rester ainsi exposés au public. « Au mois de février, quand il y a moins de touristes sur la place à cause de l’hiver, on entend les plaintes des condamnés », raconte Anita. De quoi donner la chair de poule.

  • Bahamas - L'hôtel Atlantis Paradise Island

    Le saviez-vous... Que la Cité perdue de l'Atlantide - civilisation mythique évoquée par Platon au IV è siècle avant notre ère, fut tour à tour située en Méditerranée, dans le Sahara, aux Açores, en Antarctique et... aux Bahamas. ​ Et oui, aux Bahamas. Peut-être sous les eaux de Paradise Point, à Bimini. Qui sait? Une idée farfelue dites-vous? Vous avez certes raison. ​ Mais certains ont su recycler le fameux mythe à leur profit. Comme, par exemple, Sol Kerzner, ce magnat sud-africain des casinos qui a bâti son méga hôtel, l' Atlantis, Paradise Island, autour de cette civilisation perdue. Pour le plaisir des touristes qui passent par cet hôtel. L'Atlantis est un méga aquarium. Ainsi d'un bâtiment à l'autre on marche en compagnie de requins, de « bonefish» ou Albula vulpes - poisson mythique, de 2 à 3 kg qui abonde dans les eaux peu profondes des Bahamas, de tortues, de raies manta et de milliers d'autres poissons exotiques... Des lagunes et des cascades dans les très beaux jardins Un immense hôtel avec un immense casino. Et toujours ces aquariums. Des piscines et des glissades d' eau au grand bonheur des familles...

  • Côte-Nord (Qué.) - Nouvelles de Natashquan

    Les Souffleurs commandos poétiques - collectif créé par Olivier Comte en 2001, regroupent aujourd'hui une quarantaine d’artistes (comédiens, écrivains, danseurs, musiciens, plasticiens…) autour d’une « Tentative de ralentissement du monde ». Ils sont connus un peu partout à travers le monde pour leurs « Commandos poétiques », lors desquels ils chuchotent à l’oreille des passants des secrets poétiques, philosophiques et littéraires à l’aide de longues cannes creuses [depuis 2001, des centaines d’apparitions publiques, en France et à l’international – ils travaillent les textes en langue originale et ont ainsi soufflé en espagnol au Mexique et en Espagne, en italien en Italie, en arabe en Syrie, en Jordanie et dans les Territoires palestiniens, en hébreu en Israël, en portugais au Brésil, en turc en Turquie, en roumain en Roumanie, en japonais au Japon, en anglais aux États-Unis.] Se définissant désormais en tant qu’artistes-poètes, le groupe, basé à Aubervilliers, en banlieue de Paris, pensent et expérimentent concrètement la possibilité de transformation du monde par le regard. Armés de la langue et de la pensée poétique qu’ils n’ont eu de cesse d’explorer depuis bientôt quinze ans, ils inventent un ensemble de gestes, œuvres, installations, écritures, performances, processus contaminants et de regards autour d’une « pensée de la vitesse ». En 2015, Les Souffleurs ont reçu le prix Senghor-Césaire pour l'ensemble de leur travail de création.  Ce prix, assorti de la médaille de Chevalier de l'Ordre de la Pléiade, est décerné par l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie et reconnaît les mérites de personnalités qui se sont illustrées en faveur de la promotion de la Francophonie et du dialogue des cultures. https://www.les-souffleurs.fr/qui-sommes-nous/ Ils souffleront cet automne à l'oreille des Natashquanais Durant leur tournée québécoise qui prendra place du 14 octobre au premier novembre- d'abord Montréal, puis Québec et Natashquan (du 30 octobre au 1er novembre), ce sont les mots d’auteurs de la province qui se rendront aux oreilles des passants. Selon les lieux visités, des textes seront soufflées dans la langue des auteurs francophones, anglophones et autochtones. Cinq Souffleurs voyageront donc jusqu'à Natashquan et la réserve innue de Nutashkuan, à quelques kilomètres de l'épicentre du village natal de Gilles Vigneault. « Les artistes doivent être capables de transformer le monde, ne serait-ce qu’une demi-seconde. », a expliqué à « Québec en toutes lettres» Olivier Comte, directeur artistique et créateur du collectif. (http://www.quebecentouteslettres.com/navigationsecondaire/actualités/les-souffleurs-commandos-poétiques-du-14-octobre-au-1er-novembre-2018/, Créés en 2001, Les Souffleurs, basés à Aubervilliers, en banlieue de Paris, regroupent aujourd’hui une quarantaine d’artistes (écrivains, acteurs, danseurs, musiciens, cinéastes, plasticiens). Ils se définissent comme des artistes poètes qui pensent et expérimentent une « tentative de ralentissement du monde ». Depuis 2001, ils ont soufflé à travers le monde du Mexique au Japon, en passant par la Syrie et les États -Unis. https://www.les-souffleurs.fr

  • Côte-Nord - Sur la route de Natashquan

    Natashquan est à cinq heures de route de Sept-Îles. Sur la 138, nous longeons le golfe du Saint-Laurent. On se croirait au bord de la mer. Pour les fanatiques de la Côte-Est américaine, les plages y sont aussi belles, encore plus même, la foule de touristes en moins. Et une fois à Natashquan l'eau est délicieusement baignble. Raison de plus pour y passer ses vacances. De bois et d'amour À Rivière-au-Tonnerre, nous visitons l'église Saint-Hippolyte, en compagnie d'Yvon Bezeau, âgé de 92 ans. Notre chaleureux et très passionné guide, souhaiterait que ce lieu de culte, entièrement fait de bois sculpté par des artisans locaux, obtienne une reconnaissance patrimoniale. Nous y apprenons qu'il aura fallu six ans pour construire, en 1903, face au fleuve Saint-Laurent, une magnifique chapelle de style normand à la toiture semi cathédrale. « Les artisans ont sculpté au canif les boiseries qui sont toujours intactes», explique Yvon bedeau.» Macareux, petits pingouins, marsouins et pêche à la moppe À Longue-Pointe-de-Mingan, nous embarquons à bord d’un bateau pour une excursion de quelque 3 h 30 sur l’île Nue et l’île aux Perroquets. Les monolithes rongés par les vents du large, les macareux moine avec leurs gros becs colorés, les petits pingouins, le phare de l’île aux Perroquets, les marsouins et les rorquals sont autant de merveilles. Quant à la pêche aux oursins à l’aide d’une vadrouille, voilà-là une activité bien originale. Tout près de l'île aux Perroquets, le fond du fleuve est tapissé d'oursins.Le capitaine y plonge sa vadrouille et en ressort, collés au longs fils, une demi-douzaine de petits échinodermes. Notre guide coupe l'oursin en deux, le nettoie dans l' eau du golfe du Saint-Laurent, en sort une chair orangée qu'il distribue aux passagers. Elle est si succulente que l'on en redemande. Ici-ailleurs Au Portail Pélagie-Cormier, à Havre-Saint-Pierre on peut louer un audioguide routier « Sur la route de Natashquan » conçu pour les automobilistes visitant l’est de la Minganie. Sur une distance de 160 km jusqu’à Natashquan, on écoute sur deux CD les gens du pays raconter leur histoire et présenter leur milieu de vie. Des haltes sont suggérées. C’est ainsi que nous découvrons le charmant village Baie-Johan-Beetz, le fumoir d’Aguanish où l’on peut se procurer un saumon fumé excellent et l’île Michon. Au bout du coeur, au bout du monde Natashquan grouille de monde venu assister au 13e Festival du conte et de la légende de l’Innucadie. Le peuplement ici par les Acadiens remonte aux années 1850. Sur une période de 40 ans, une centaine de familles acadiennes des îles de la Madeleine s’établissent à Kegaska, à Blanc-Sablon, à Natashquan, à Havre-Saint-Pierre et à Mingan. Sur le thème de la transmission, ce festival met en valeur le milieu de vie qu’offre la Côte-Nord en donnant un espace aux communautés innues et acadiennes. À travers ce festival, nous avons découvert le village natal de Gilles Vigneault. En Vrac Où dormir. L'auberge La Cache est une très bonne adresse. Les chambres de style champêtre bien insonorisées allient modernisme, confort et charme. Et on a vue soit sur la mer, soit sur la forêt boréale. Table, cafetière, coupes à vin, téléviseur, wifi...rien ne manque! Les déjeuners sont copieux, santé et succulents. Il faut goûter au pain doré du propriétaire. https://www.aubergelacache.com/chambres Où prendre un verre. Au Café l'Échourerie en bord de mer, au 55 Allée des galets. https://cafe-lechourerie.business.site Où manger. À l'Echourerie, mais aussi au restaurant le Goût du large. On y sert les produits du terroir. J'ai adoré la soupe aux poissons ainsi que la morue, qui était bien apprêtée et bien fraîche. Et la tarte à la chicoutai, le petit fruit rouge-orangé emblématique de la Basse-Côte-Nord. Un vrai vrai vrai vrai délice! https://www.facebook.com/legoutdulargenatashquan/ Autres articles sur la Côte-Nord Article publié dans le quotidien Le Devoir du 30 juin 2018 Article publié dans le quotidien Le Devoir du 28 janvier 2012

  • Côte-Nord - Entre mer et taïga

    Trois summums de ce voyage au pays des Innus, entre Sept-Îles et Natashquan, avec crochet à Schefferville : le festival Innu Nikamu à Maliotenam, le voyage à bord du train Tshiuetin et le Festival du conte et de la légende de l’Innucadie, à Natashquan et à Nutashquan, à la rencontre des communautés innue et acadienne. C’est à Mani-utenam (ou Maliotenam), réserve innue de quelque 1316 habitants située à 16 kilomètres à l’est de Sept-Îles, qu’a débuté ce voyage de six jours sur la Côte-Nord. Plus précisément sur les terres de l’ancien Pensionnat Notre-Dame de Maliotenam, où a lieu depuis 34 ans le fameux Festival de musique Innu Nikamu. Bien que le pensionnat n’existe plus, que le site ait été décontaminé et les anciennes fondations retirées, il est difficile de ne pas éprouver quelques frissons en imaginant la vie ici de milliers d’enfants autochtones arrachés à leur famille. Fondé en 1984 par une petite équipe d’artistes, dont le chanteur innu Florent Vollant, ce festival a fait l’objet d’un documentaire en 2017, Innu Nikamu, Chanter la résistance. Réalisé par le cinéaste innu Kevin Bacon Hervieux, le film raconte l’histoire de cet événement où on ne sert pas d’alcool, qui a grandi tranquillement jusqu’à devenir l’un des plus importants festivals de musique et d’art autochtone en Amérique du Nord. D’Essipit à Pakua Shipi, sept des communautés innues côtoient le littoral du Saint-Laurent alors qu’au nord, dans les terres, les deux communautés innue et naskapie de Matimekush et Kawawachikamach vivent dans un paysage de taïga et de toundra. Un train nommé Tshiuetin C’est en compagnie des habitants de ces deux communautés — certains venus assister au festival Innu Nikamu, d’autres de retour d’un pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré — que nous avons pris le chemin de Schefferville, à bord du train Tshiuetin. Ce jour-là, nous étions 235 passagers à bord. « Le train est plein à quatre ou cinq occasions par année », précise Tommy Vollant, chef du train. « Début août pour le festival Innu Nikamu, juste avant Noël pour aller se ravitailler, fin mai pour Beauce Carnaval de Sept-Îles, et en juillet pour la fête de Sainte-Anne, à Sainte-Anne-de-Beaupré. » Cette fête remonte aux colons français arrivés il y a 300 ans, mais coïncide avec une célébration plus ancienne des peuples autochtones qui passaient l’été sur la côte. On faisait la fête avant de reprendre le chemin vers l’intérieur du continent pour y passer l’hiver. « La fête de Sainte-Anne, c’est aussi un moment pour souligner la place des grands-mères dans la communauté », explique Tommy Vollant. Bien avant que n’existe le train, les Innus se rendaient à Sainte-Anne-de-Beaupré en canot ». Tout un périple ! Longue de 410 km, celle que l’on surnomme la « Nahanni de l’est », en raison de son fort courant et de ses nombreux rapides, prend sa source au 53e parallèle, près de la frontière du Québec et du Labrador, pour se jeter dans le Saint-Laurent à 25 km de Sept-Îles. Les paysages des 80 premiers kilomètres — distance du trajet en ligne droite 512,1 km — sont à couper le souffle. « Entre nature et démesure », le slogan de la région Côte-Nord prend ici tout son sens. Falaises escarpées, rapides bouillonnants, forêts touffues, cascades, épinettes à perte de vue, lac après lac. Beaucoup d’eau. Et le téléphone qui recule ou avance d’une heure en fonction du fait qu’on est au Québec ou à Terre-Neuve-et-Labrador. Car nous traversons tantôt une province, tantôt l’autre. Éloge de la lenteur Le train qui fait aussi office de fret effectue deux allers-retours par semaine, toute l’année. Il n’y a pas de gare sur le parcours. Et comme il s’arrête à la demande, il est quasi impossible de prévoir la durée du voyage. On compte un minimum de 12 heures jusqu’à Schefferville. Ce jour-là nous en avons mis 18 jusqu’à destination. Donc beaucoup de temps pour faire la sieste, discuter avec ses voisins, déguster un thé dans la voiture-restaurant, regarder les enfants courir dans les couloirs avec des fusils à eau, photographier entre deux voitures les arbres, les lacs et les plages, les falaises et les rochers qui au coucher du soleil prennent des teintes ocre, regarder disparaître d’entre les épinettes des canoteurs courageux, saluer de la main les passagers partis rejoindre leur chalet ou une pourvoirie, faire ses adieux à un groupe de touristes de Québec dont la course s’arrête à Emeril Junction au mile 224. Un autobus les attend pour les emmener passer la soirée à Fermont avant d’aller visiter Manic-5. Tshiuetin signifie « vent du nord » en innu-aimun. Le train est exploité depuis 2005 par trois communautés de la Côte-Nord. Les Innus de Mani-Utenam et de Matimekush-Lac-John et les Naskapis de Kawawachikamach, la réserve qui se trouve à treize kilomètres du centre de Schefferville et où les habitants parlent l’anglais. À notre arrivée à Schefferville, à 23 h, le ciel était illuminé par des milliers d’étoiles, il n’y avait plus une seule place pour une étoile supplémentaire. Des traînées d’étoiles sur le fond noir de la Voie lactée. Jamais de ma vie je n’ai vu un ciel aussi beau. Le Tshiuetin repart le lendemain matin, mardi, à 8 h. Ceux qui le manqueront devront attendre le prochain, vendredi. Ou prendre l’avion qui mène en 90 minutes à Sept-Îles. On a marché sur Mars Le touriste qui mettra les pieds à Schefferville pour une nuit, trois jours, ou plus, si le coeur lui en dit, ne doit pas s’attendre à du grand luxe. Il y a bien un ou deux hôtels, mais rien de très exotique. À l’exception du Guest House, dont le côté rustique et rétro lui confère du charme. C’est d’ailleurs dans cette sympathique auberge sur le bord du lac Knob, dans la chambre 7, qu’est mort en 1959 le premier ministre Maurice Duplessis. C’est au resto le Bla Bla que nous rencontrons Philippe Vollant, un Innu de la réserve de Matimekush, guide à ses heures sur réservation. En sa compagnie, nous visitons la petite ville rouge de poussière et ses environs. D’abord un arrêt au dépotoir pour y voir les ours, avant de se diriger vers la mine à ciel ouvert Tata Steel Minerals Canada le temps d’une photo avec son fils à côté d’un gigantesque camion et d’une visite dans le ventre du mégadôme aux allures de vaisseau spatial qui abrite le concentrateur. Puis, nous grimpons au sommet de la montagne qui surplombe Schefferville pour une vue d’en haut de cette ville fondée par la société minière Iron Ore of Company Canada (IOC) en 1954, et de ses environs. Le plus impressionnant : les trous de mine d’un rouge vif — vestige de la société minière IOC —, qui donnent au paysage des allures de planète Mars. Une visite à Schefferville est une expérience et une leçon de géographie et d’histoire. Entre autres celles des Innus venus s’installer ici il y a bien des lunes. À PROPOS DU TRAIN «TSHIUETIN» Départ de Sept-Îles : lundi et jeudi à 7 h ; départ de Schefferville : mardi et vendredi à 8 h ; coût d’un aller simple Sept-Îles–Schefferville : autour de 50 $; coût de l’avion avec Air Inuit, Schefferville–Sept-Îles, un aller simple : 532 $. Le Tshiuetin roule à une vitesse de 65 km/h. À PROPOS DE LA ROUTE 138 De Montréal à Natashquan: 1263 kilomètres. La 138 parcourt la ville de Montréal sous le nom de rue Sherbrooke et se termine actuellement à Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint- Laurent (Kegaska) sur la Basse- Côte-Nord. Kegaska se trouve à 45 kilomètres à l’est de Natashquan et vaut la visite. C’est la fin de la route, un bout du monde. Autres articles sur la Côte-Nord Article publié dans le quotidien Le Devoir du 30 juin 2018 Article publié dans le quotidien Le Devoir du 28 janvier 2012

  • Montréal - Chasser les mystères du centre-ville

    Jusqu’au 29 septembre, les mardis et samedis, le Musée McCord offre des circuits historiques extérieurs de 90 minutes au coeur de trois quartiers du centre-ville : le Mille carré doré, Milton-Parc et Ville-Marie. Une jolie occasion de découvrir l’histoire de la ville — et quelques-uns de ses mystères, au gré d’une promenade. Publié dans le Devoir du 27 juillet 2018 « L’opération Fish… vous connaissez ? » demande Flavie, notre guide en pointant du doigt l’édifice de la Sun Life, situé au 1155 rue Metcalfe, en face du square Dorchester. « Heuhhh… non, oui, en fait pas sûr, pas vraiment ! » répond-on en coeur. « Fish était le nom de code du cargo qui a accosté à Halifax le 1er juillet 1940 avec des réserves d’or et des biens précieux en provenance de la Grande-Bretagne, raconte Flavie. Pendant toute la durée de la guerre, l’or a été entreposé dans les chambres fortes de la Banque du Canada à Ottawa, mais les biens précieux, eux, ont été cachés dans une voûte souterraine, au troisième sous-sol de l’édifice de la Sun Life. » Curiosité titillée, j’irai plus tard visiter le site Web du Musée de la Banque du Canada, pour y apprendre que le plan de Churchill visait en tout et partout près de deux mille tonnes de lingots et de pièces d’or (dont des avoirs considérables de la Banque de France, qui tombera bientôt aux mains des Allemands). Que la perte d’une seule de ces cargaisons aurait été désastreuse et aurait sans doute scellé la défaite de la Grande-Bretagne. Quartiers centraux Pour une troisième année, le Musée McCord invite les Montréalais et les visiteurs à découvrir trois promenades historiques dans trois quartiers du centre-ville. « Le prestigieux Mille carré doré : hier et aujourd’hui » couvre l’histoire de ce luxueux secteur depuis le XIXe siècle. « Le sauvetage d’un quartier emblématique : Milton-Parc » raconte comment ce quartier a été sauvé dans les années 1970 grâce à une levée de boucliers populaire. Et la nouveauté cet été, le circuit thématique : « Ville-Marie : le Montréal des affaires », où circulent au quotidien quelque 500 000 personnes. Cette nouvelle promenade historique sillonne le quadrilatère formé par les rues Sherbrooke, René-Lévesque, McGill College et Mansfield, entre le Musée McCord et le square Dominion. Un secteur vibrant et cosmopolite où se côtoient églises, gratte-ciel, centres commerciaux, cafés et grands hôtels et qui raconte, outre l’histoire de la Sun Life, celle aussi de l’immeuble où loge le magasin Banana Republic, de la basilique Marie-Reine-du-Monde, de l’hôtel Le Reine Elizabeth, de Place Ville-Marie et de son phare… Florilège de découvertes La visite débute dans la rue Victoria, entre les rues Sherbrooke et Président-Kennedy, devant la sculpture Totem urbain. Histoire en dentelle qui représente de façon symbolique l’histoire de Montréal avec un clin d’oeil sur le Musée McCord. Après quelques mots sur la « Forêt urbaine » du Musée McCord qui propose depuis huit ans — toujours sur la rue Victoria, devenue piétonnière en été, diverses activités comme, entre autres, les concerts Shalom Montreal du mercredi midi et le yoga matinal des mardis et jeudis, cap vers la rue McGill College pour une explication de l’histoire de cette rue qui doit sa dénomination à l’Université McGill, où elle aboutit. « Cette avenue, entre Sherbrooke et Sainte-Catherine, a été cédée par l’Université McGill — alors le McGill College, à la Ville de Montréal en 1856, explique Flavie. Dès lors, l’avenue a pris ce nom et est vite devenue une rue résidentielle de prestige. Dans les années 1960, ce n’était qu’une rue étroite qui depuis a été élargie et bordée de bâtiments à l’architecture éclectique où le granit, le verre et l’acier sont utilisés à profusion. Ce qui permet d’assurer un lien visuel entre le centre-ville et le mont Royal. » Au-delà des bâtiments et de leur histoire parfois très originale, il y a dans cette magnifique et large rue bordée d’arbres et de bancs où il fait bon déguster une glace des sculptures si bien intégrées au paysage que l’on passe devant sans y porter attention. Parmi celles-ci — et non la moindre, La foule illuminée devant la tour BNC. « On passe devant, mais on en fait rarement le tour, fait remarquer Flavie. Par contre, elle est l’oeuvre d’art public la plus connue et la plus photographiée de Montréal. » L’oeuvre du sculpteur franco-britannique Raymond Mason s’étire sur 8,60 m de long. Elle est large de 3,20 m et haute de 3,24 m et présente 64 personnages de tous les âges, visages, ethnies et conditions allant de la joie, à la peur, à la douleur. « Les personnages de la La foule illuminée forment une société serrée avec ses couples, ses jeunes, ses vieux, ses rires, ses peurs, ses gens d’affaires, ses fans de sports, ses étudiants, ses différences, ses caractères, sa foule compacte, précise Flavie. Un clin d’oeil à l’humanité, avec ces joies et ses tristesses, et à la diversité dans une ville. » Besoin de vous asseoir quelques minutes ? Face à La foule illuminée, de l’autre côté de Mc Gill College, se trouve Le banc du secret de Léa Vivot. Un garçon tenant une pomme bien rouge dans la main chuchote un secret à l’oreille d’une jeune fille. Que peut-il bien lui dire ? Il y a une place pour deux autres personnes sur ce banc.

  • Montréal - Surfer en douce sur la vague

    Aucune aptitude particulière n’est requise pour se promener en eau calme sur une planche à pagaie, sport aquatique mieux connu sous le nom de SUP, ou stand-up paddle. Mais avant de se laisser aller à l’enthousiasme d’une excursion sur le fleuve Saint-Laurent, une initiation peut se révéler bien pratique pour affronter vents et courants. Et, qui sait, aller jouer dans les vagues un jour. Publié dans le Devoir du 20 juillet 2018 Ce matin-là, nous étions sept inscrits au cours Découverte offert par l’école KSF (Kayak sans frontières) de LaSalle, à quelques coups de pagaie du Parc des rapides de Lachine. Tous des néophytes du SUP, un peu nerveux à l’idée d’aller pagayer dans les courants du fleuve et de frôler la vague à Guy, si populaire auprès des surfeurs. Car, bien que la planche à pagaie se pratique aussi dans les vagues — il n’y a qu’à penser au surfeur Kai Lenny, qui en SUP surfe les plus hautes vagues au monde —, le SUP attire avant tout des sportifs modérés, contemplatifs, désireux de se balader calmement sur l’eau, en se sentant aussi libres qu’un surfeur, mais sans le petit côté extrême du surf. « C’est un sport pour tous les âges, facile à pratiquer, plutôt zen, car on se promène sur l’eau, dans la nature, loin des bruits de la ville », explique Pierre-Philippe Loiselle, instructeur à KSF. Un amalgame entre le canot, le kayak et le surf qui permet de découvrir de beaux coins du monde autrement inaccessibles. Nous étions donc sept ce matin-là, par un temps caniculaire à vouloir goûter à ce sport tripant et à… l’eau du fleuve (misère !), car les plongeons tête première dans l’eau sont inévitables, surtout lorsqu’on nous apprend à sautiller dans tous les sens sur la planche pour tester son équilibre ou qu’on nous enseigne à maîtriser les changements rapides de direction. À vouloir aussi surmonter cette frilosité face aux impétueux rapides de Lachine à l’horizon, qui ont tant fait damner les explorateurs européens au XVIe siècle. Le fleuve, c’est notre pain quotidien, mais aux yeux de plusieurs, c’est une poubelle. Le dédain du fleuve est ancré solidement dans la mémoire collective. — Hugo Lavictoire « Sans ces rapides, la ville de Montréal n’existerait sûrement pas », dit Jean-Philippe Loiselle. À moins d’être un spécialiste de la navigation comme le fut, entre autres, le Mohawk de Kahnawake Sawatis Aiontonnis, alias Big John Canadian — une vague porte son nom dans les rapides, la Big John —, on portageait ici. « Cet obstacle faisait du site de Montréal un important lieu d’échange et une halte incontournable. » Faire des vagues Un dénivelé de 13 mètres sur une distance de 10 kilomètres crée un courant prodigieux. De quoi faire rêver les passionnés de kayak, de surf et de SUP, qui souhaitent voir Montréal devenir un haut lieu dans le monde pour la pratique de ces sports d’eau. « Créer d’autres vagues dans le fleuve, c’est mon cheval de bataille depuis des années, explique Hugo Lavictoire, président-fondateur de l’école KSF, inaugurée en 1995. Nous avons un potentiel incroyable et un beau terrain de jeu en milieu urbain. SUP et surf gagnent en popularité. Il y a de longues files d’attente pour surfer les deux vagues connues du fleuve : Habitat 67 et la vague à Guy. Entre LaSalle et le Vieux-Port, on pourrait utiliser une demi-douzaine de sites pour créer des parcs à surf. » Des idées qu’on pousse depuis des années, mais qui avancent trop lentement selon l’entrepreneur, dont la mission est aussi de sensibiliser la population à la sauvegarde de l’environnement, entre autres l’érosion des berges et la qualité de l’eau du Saint-Laurent. « Le fleuve, c’est notre pain quotidien, mais aux yeux de plusieurs, c’est une poubelle. Le dédain du fleuve est ancré solidement dans la mémoire collective. » Quoi qu’il en soit, on nous rassure à l’école KSF quant à la qualité de l’eau. « L’été, elle est testée une fois par semaine par le Réseau de suivi du milieu aquatique », explique notre instructeur. Elle ne serait pas aussi polluée que le veut la croyance populaire. Mais avant d’enfiler son maillot de bain, on peut consulter sur le Web les avis du Programme environnement-plage du gouvernement du Québec. Le forfait Découverte de KSF commence par un cours théorique sur terre, le temps d’expliquer la morphologie de la planche, les techniques de sécurité, les positions de base et, très important, le maniement de la pagaie. « En plus d’être un outil puissant pour se déplacer en eau calme comme dans le courant, la pagaie offre un large inventaire de manoeuvres sur la planche, comme les appels, les appuis, les débordés, la gîte, les pivots… » explique Pierre-Philippe Loiselle. La seconde partie du cours, de 90 minutes, s’effectue dans le bassin face à KSF. On accède au bassin par un quai. On s’allonge sur la planche et dès qu’on se sent à l’aise, on passe à la verticale. On dessine des arcs de cercle avec sa pagaie, puis on pivote les jambes fléchies et les abdominaux bien gainés. À droite, à gauche. À moins de 200 mètres, le reflet des arbres du Parc des rapides chatoie dans le Saint-Laurent. Ce magnifique milieu naturel de 30 hectares, fréquenté par 225 espèces d’oiseaux, 66 espèces de poissons, des amphibiens, des mammifères, des plantes rares et où tortues et couleuvres brunes font leur nid, est un emplacement de choix pour observer les bouillonnants rapides. Et pour imaginer Jacques Cartier et Samuel de Champlain pris de court devant l’ampleur de l’obstacle, réalisant que ce n’est pas le passage pour la Chine… Puis un camion nous emmène à trois kilomètres plus à l’ouest, où l’on mettra à l’eau les planches pour enfin goûter au courant du fleuve et effleurer la vague à Guy — aussi y boire la tasse, qui, en quelques minutes, nous ramène dans le bassin de l’école, gorgé au max d’adrénaline. C’est fait, nous avons la piqûre ! À L’AGENDA Le festival MTL SUP Fest se tiendra les 11 et 12 août. Aventure urbaine, en partenariat avec l’école KSF, invite le public à festoyer sur les rives du fleuve et à le découvrir ou redécouvrir par des activités SUP : initiation, yoga, en eau vive, entraînement physique, adapté, polo, en famille… De quoi satisfaire les adeptes de jeux aquatiques, d’aventures douces, les fervents d’adrénaline, les contemplatifs et les amateurs d’histoire entourant ces magnifiques rapides de Lachine.

  • Camper sous la tente en Provence et faire provision d'histoire, de soleil et d'odeurs

    Blotti au pied des Alpines, dans un paysage de cyprès et d'oliviers, Saint-Rémy-de-Provence repose sur l'un des plus anciens sites archéologiques de l'Europe. Plus de trois mille ans d'histoire, de mythes et de légendes. L'astrologue Nosdradamus y naquit, le peintre Vincent Van Gogh y planta plus de 150 fois son chevalet, et nous...nos deux tentes. Et on a fait belle provision d'histoire, de soleil et d' odeurs. Saint-Rémy-de-Provence - Cette année-là, nous planifions passer un mois de vacances en France avec les trois enfants (8, 11 et 13 ans). Une semaine à Paris dans le petit appartement libre d'un beau-frère dans le Mouffetard, une semaine dans le Vercors chez des amis et deux semaines en région. Je me rappelle; choisir la région fut très difficile car les beaux coins de manquent pas en France. Deux raisons nous ont incités à opter pour la Provence. La première, son climat exceptionnel. Après tout on ne vient pas de si loin, en camping, pour se farcir du mauvais temps. Le pays de Giono nous apparaissait un bon choix puisque l'été, il n'y pleut que très rarement. On dit même là-bas, que le soleil brille 300 jours pas an. À moins d'être malchanceux, nous profiterions pleinement de la vie en plein air et voyagerions avec un minimum de vêtements et de matériel de camping. Un détail important si on loue une petite auto. Notre budget étant limité, c'est sur l'hébergement et l'auto que nous épargnerions. La seconde, c'est...la Provence! Camper avec les cigales, au pays des villages perchés, du moulin d'Alphonse Daudet - et de la chèvre de Monsieur Séguin, du romarin, de la lavande, des tournesols, de la bouillabaisse, des olives, du rosé et de la pétanque... nous emballait. C'est la faute à Van Gogh Pour ce qui est de Saint-Rémy-de-Provence, ce n'était jadis ni Peter Mayle et son fameux livre «Une année en Provence» , ni Caroline de Monaco qui nous attiraient dans ce coin de pays. C'était Van Gogh! Où plutôt les photos d'une publicité de Saint-Rémy faisant ressortir les beautés de la campagne environnante peintes par l'impressionniste depuis la fenêtre de la chambre de l'hôpital Saint Paul de Mausole, un cloître roman devenu maison de repos. Je m'imaginais plantant notre tente au beau milieu de cette nature flamboyante, animée par des tourbillons de formes végétales, humant les iris du parc de l'asile ou faisant la sieste à l'ombre d'un olivier au gros tronc tortueux. Je m'imaginais aussi sautillant avec les enfants dans un champ de blé et de cyprès, traversant la Cité antique de Glanum sous un soleil de plomb et escaladant le mont Gaussier, à la recherche de quelques descendantes de la chèvre de Monsieur Séguin et que nous comptions bien retrouver lors de nos randonnées pédestres. Puis, les journées seraient ponctuées de visites au marché, à la boulangerie, à la pâtisserie, au bistro - où nous irions siroter un diabolo-menthe, de promenades dans les vieilles rues pittoresques de Saint-Rémy, de baignades et d'interminables parties de pétanque en soirée. Et oui, les choses se sont passées exactement de cette façon sauf pour deux détails. D'abord les troncs des oliviers n'étaient pas aussi impressionnants que ceux peints par Van Gogh pendant son séjour à Saint-Rémy, à cause d'un gel survenu en 1985. Comme la nature en berne dans les Antilles après un ouragan. Puis, nous n'avons pas dressé nos tentes dans un champ de blé, d'iris ou de coquelicots, ni sur aucun des sites représentés sur la brochure, mais plutôt dans un joli terrain de camping, à l'entrée du village. Heureusement d' ailleurs car nous nous serions senti obligé de partager ratatouille et fromage de chèvre avec les touristes. Camping Pégomas À Cavaillon, nous quittons l'autoroute A-7 pour emprunter la D-99 vers l'ouest. En bordure de la route, près de Saint-Rémy-de-Provence, de magnifiques platanes au feuillage dense préservent randonneurs et automobilistes, du soleil, très chaud dans ce coin de pays. Situé à quelques minutes à pieds du centre du village, Pégomas niche dans un paysage champêtre composé de bambous, de mûriers platanes, d"oliviers, de cyprès, d'hibiscus et autres magnifiques fleurs, soigneusement entretenues par les propriétaires et leurs deux enfants, Sophie et Geoffroy. Et quelque vingt après, c'est toujours les mêmes propriétaires. Ce qui fait le charme de la famille Aubert ? Une âme profondément provençale. Accueillante. Originaires de Saint-Rémy-de-Provence, ils connaissent la région aussi bien que le fond de leur poche, et confient volontiers aux campeurs curieux les mille et un petits secrets entourant ce coin de pays. Propriétaire de Pégomas depuis maintenant une cinquantaine d'années, la famille a su créer sur leur terrain une ambiance typiquement provençale. Parties de pétanque, poulets rôtis aux herbes et pizzas provençales cuites au four à bois relèvent du quotidien. Malgré la proximité des emplacements, une végétation dense et délicieusement fleurie permet aux campeurs de jouir d'une certaine intimité. Et cette odeur de poulet rôti qui flotte dans l'air ! Après 10 heures d'auto depuis Paris, les enfants sont heureux de se baigner dans la piscine et de sauter sur la trampoline. Nous passons notre première soirée à discuter olives avec les propriétaitres. À cette heure tardive, le calme de la campagne n'est troublé que par les stridulations et le craquetage des cigales. Ce soir-là, le mistral n'était pas au rendez-vous. Les environs de Saint-Rémy Saint-Rémy jouit d'une situation géographique privilégiée au coeur de la Provence. Un grand nombre de sites archéologiques, culturels et naturels sont accessibles à moins d'une heure du terrain de camping. Des sommets du Ventoux aux plaines de la Camargue, du pont d'Avignon à l'imposant pont du Guard, des monts du Vaucluse à ceux du Luberon, la grande difficulté est de sélectionner les «plus» beaux endroits, les «plus» beaux villages, les «plus» belles randonnées. Voici cinq activités qui rajouteront du zest à vos visites touristiques 1. Les-Baux-de-Provence Il fallait une certaine audace architecturale pour concevoir un tel village. Sculptée dans la montagne, sur la crête déchiquetée d'une immense falaise, au beau milieu d'un éboulis de roches, la Cité des Baux, couronnée de son château en ruine, remonte au Néolithique. ce mystérieux et grandiose village perché offre un magnifique point de vue qui porte sur le Lubéron, les Cévennes, le Ventoux, la plaine de la Crau et de la Camargue. Je suggère - ouverte à l'année, la randonnée pédestre qui sillonne le Parc Naturel Régional des Alpilles, au départ de Maussane-les-Alpilles. Cette boucle emprunte les abords du village des Baux-de-Provence et de Paradou. On y découvre des cultures d'oliviers classés en AOC, les multiples canaux d'irrigation des champs, les bastides en pierre de taille, une maison troglodyte...Sans difficulté technique, l'itinéraire suit principalement les chemins forestiers ou les petites routes. Le tracé passe sous l'éperon rocheux des Baux qui de près comme de loin reste imprenable. Un peu plus loin, la garrigue dévoile après le Mas de Guerre un décor tout à fait atypique de la Provence, les "baou trouca" les rochers troués. Le sentier se termine par la traversé du vieux Maussane et le passage par le centre du village. https://www.myprovence.fr 2. Fontvieille La promenade sur les collines de Fontvieille permet de découvrir le chemin du Château de Monteauban, emprunté par Alphonse Daudet, avec les trois moulins qui ont inspirés les oeuvres «Lettres de mon moulin» et «La chèvre de Monsieur Séguin». Les enfants se rappellent encore du regard du hibou empaillé dans le moulin d'Alphonse Daudet http://fontvieille-provence.fr/fr/randonnees-fontvieille/ 3. Arles L'impression d'un retour à l'époque romaine atteint son apogée si après une promenade dans les ruelles enchevêtrées de cette cité ancienne, le visiteur assiste à une course camarguaise dans les arènes. Il ne s'agit pas d'une corrida. ici les razeteurs vêtus de blanc et munis d'un crochet, courent vers le taureau pour provoquer une poursuite. Au passage, ils tentent d'enlever les attributs (cocarde, gland et ficelle)attachés à la base des cornes de la bête. La qualité du taureau dépend de sa volonté de poursuivre le razeteur jusqu'aux barrières, provoquant parfois un choc violent. le taureau reste au maximum 15 minutes en piste, puis il est ramené dans son milieu naturel, jusqu'à la prochaine course. Le taureau de camargue est au centre de la culture régionale. La présence de cet animal remonte à la plus haute antiquité. Un taureau de course camarguaise caractérisé par sa robe noire, entre dans l’arène à l’âge de 3 ou 4 ans et peut terminer sa carrière vers 15 ou 16 ans. https://www.arlestourisme.com/fr/ La Camargue à cheval Après une visite de la ville médiévale d'aiguës-mortes, un après-midi de baignade au Grau du Roi et un arrêt aux Saintes-Maries-de-la-Mer, une promenade à cheval blanc de Camargue ou à pieds au coeur des grands espaces sauvages, en bordure des rizières et du Petit Rhônes complète bien ce tour de Camargue. Frontière mouvante entre la terre et l'eau, ce parc naturel est fascinant. Selon les saisons, on y observe entre autres, aigrettes, sarcelles, hérons, canards limicoles, avocettes, graverons à collier et colonies de flamants roses. C'est en Camargue que le taureau noir élevé pour les courses à la cocarde règne en maître solitaire ou en compagnie du troupeau, la manade. http://www.parc-camargue.fr Le canyon du Toulourenc La pittoresque remontée des gorges du Toulourenc est une balade pieds dans l'eau que nous ne sommes pas près d'oublier. Le genre de souvenir qui reste gravé à vie dans les têtes. Outre le fait que cette randonnée pieds dans l'eau - parfait avec des enfants qui savent nager car on perd pied à certains endroits, est amusante et que le décor, particulièrement là où les parois du canyon se resserrent, est tout simplement spectaculaire. Mais c'est aussi ici, un 14 juillet 1994, en pleine fête nationale française alors que tout les villageois de cette région de la Haute Provence célèbrent, que j'ai oublié sur place le sac à dos qui contenait. entre autres, les cinq billets d'avion et les cinq passeports des cinq membres de la famille. Ce n, est que de retour à Avignon où nous logions chez des amisNous étions à Avigon lorsque l'on s'en rend compte. Impossible de retourner sur les lieux, les villages étant fermés à la circulation pour fêter. Mais un bon samaritain avait retrouvé notre sac au pied du Ventoux et rapporter à la gendarmerie de la commune de Malaucène. Avec ses 45 km de long, le Toulourenc est la seule véritable rivière du Ventoux, ce «Géant de Provence» qui s'impose en plein coeur de Provence, à 1910 m au-dessus de la plaine. C'est dans le hameau de veaux, situé à environ 85 km au Nord-Est de Saint-Rémy, entre Malaucène et Raison-la-Romaine, que débite l'aventure. Une aventure dont parlent encore les enfant. http://www.baladeenprovence.com/le-Toulourenc Randonnées et camping sous la tente dans le Vercors... à suivre Avant-goût

  • Tunisie - Les oliviers dans le paysage

    Entre mer, désert, montagnes et vertes collines, des oliveraies à perte de vue. On parle de 1,8 million d’hectares répartis sur tout le territoire. Environ 82 millions d’oliviers. La Tunisie peaufine ses huiles d’olive depuis la création de Carthage. Visiter le pays en goûtant certaines d’entre elles ajoute un grand plus au voyage. Article publié dans le quotidien Le Devoir du 30 juin 2018 C'est pour assister à la remise des prix du 4e concours national de la meilleure huile d’olive conditionnée, les Tunisian Olive Oil Awards, que je me suis envolée pour la Tunisie. Une occasion inouïe de découvrir des huiles d’exception, fabriquées dans les règles de l’art, dont on ne parle encore que peu dans le monde. Si l’on associe avant tout la fabrication des huiles d’olive de qualité à l’Italie, à la Grèce et à l’Espagne, la Tunisie occupe désormais une place bien loin d’être négligeable. Ce pays de la côte méditerranéenne est l’un des plus grands producteurs au monde. Selon les données de PACKTEC, la structure d’appui aux entreprises de l’emballage et de l’imprimerie chargée de la promotion de l’huile d’olive tunisienne conditionnée, la production s’élève à 340 000 tonnes, et la quantité exportée à 312 000 tonnes. Quant à l’huile conditionnée, l’exportation est de quelque 20 000 tonnes. Dans le magazine en ligne Kapitalis, Cain Burdeau parle d’une « révolution verte qui suit son cours ». « Durant la dernière décennie, la fabrication d’huile d’olive en Tunisie est passée du stade de la production d’une huile d’olive en vrac bon marché destinée à l’exportation vers l’Italie et autres marchés, au palier supérieur de la création et de la valorisation des marques locales indépendantes. » Le travail semble porter ses fruits. Résultat ? Plusieurs marques d’huile d’olive extra-vierge tunisienne ont été primées lors de prestigieux concours internationaux, comme ceux de Tokyo, de New York, de Los Angeles… La Tunisie travaille fort pour faire de son huile d’olive un condiment de qualité, commercialisé en bouteille, avec une origine et des saveurs originales. Et bio. Les olives sont dans l’ADN des Tunisiens depuis la fondation de Carthage par les Phéniciens. Une légende raconte que ce serait la reine Didon — ou Élyssa, soeur du roi Pygmalion (Tyr) — qui fonda la cité. Une huile d’olive tunisienne, la Terra Delyssa, s’est d’ailleurs inspirée de cette légende pour son marketing. En passant, on retrouve assez facilement cette huile extra-vierge bio dans les épiceries de Montréal. On la reconnaît à son étiquette jaune représentant un cheval avec une branche d’olivier en guise de crinière. Au Musée du Bardo, à Tunis, plusieurs mosaïques chantent les louanges de l’olivier au temps des Romains. La remarquable collection du musée, récupérée dans des sites archéologiques dispersés aux quatre coins du pays, dont Carthage, Hadrumète, Dougga, Utique, El Jem, Sousse, Chebba, raconte l’histoire de toutes les civilisations qui ont façonné la Tunisie. Parenthèse. La Tunisie comprend huit sites majeurs figurant sur la liste du patrimoine de l’UNESCO : la zone archéologique de Carthage, la cité punique de Kerkouane, l’amphithéâtre d’El Jem, les médinas de Tunis, Sousse et Kairouan, le site de Dougga et le parc national de l’Ichkeul. Et une douzaine d’autres en attente de le devenir. Toujours est-il que si les Phéniciens, qui entretenaient des liens étroits avec cet arbre, ont apporté l’olivier en Tunisie, c’est sous l’Empire romain que l’oléiculture a pris de l’expansion. Comme l’irrigation et les méthodes d’extraction de l’huile d’olive. Et l’olive a répondu à l’appel : le climat de la Tunisie était parfait pour son développement. La richesse de l’huile d’olive était telle sous les Romains qu’elle a justifié la construction de palais, de villas, d’aqueducs, de cités et du fameux amphithéâtre d’El Jem — le troisième du monde antique, après celui de Capoue et le Colisée de Rome. Puis, il y aurait eu ralentissement de la production d’huile d’olive lors de la conquête arabe, suivi d’une disparition graduelle des oliveraies, les nomades préférant les pâturages. La culture des oliviers reprendra au moment de la colonisation française. L’oliveraie, qui s’étend sur 300 hectares et abrite 15 000 oliviers, niche dans un joli paysage rural vallonné, entre le massif de Zaghouan et la plaine de Bouficha. « Ici, tout est fait manuellement, la cueillette, la trituration, le conditionnement et le stockage », précise Mounir Boussetta, producteur et propriétaire du domaine de Segermès, situé au nord-est de la Tunisie, à une soixantaine de kilomètres de Tunis. « Et toutes les cultures sont certifiées biologiques par Ecocert, depuis 2011 », dit-il fièrement. L’or vert de Segermès « Segermès tient son nom de l’antique ville romaine sur laquelle nous avons construit cette jolie structure en 2015 », explique l’oléiculteur en désignant les vestiges d’une église byzantine. « Les oliviers poussent depuis 1500 ans. Les Romains, les Byzantins et autres civilisations ont récolté, broyé et pressé les olives bien avant nous. » Mounir Boussetta cultive deux variétés d’olives, la chemlali et la chetoui, et l’huile sauvage, résultat du jus du fruit de l’oléastre — un arbre originaire d’Afrique du Nord qui pousse à l’état naturel grâce aux pépins digérés et disséminés çà et là par les oiseaux. Une visite de l’élégant domaine nous enseigne que, pour donner une huile d’olive de bonne qualité (vierge ou extra-vierge), les olives doivent être pressées dans les heures qui suivent la récolte, et le malaxage se fait à froid, entre 25 et 28 °C, et rapidement. « Mon but est de produire un fruité vert, issu de la récolte d’olives en tout début de saison. Ce choix diminue ma quantité d’huile d’olive, mais me garantit en contrepartie une huile d’exception. Je cherche à produire de la qualité, non de la quantité. » Mounir Boussetta a produit, cette année, 50 tonnes d’huile d’olive certifiée bio, qu’il souhaite vendre aux États-Unis en petites bouteilles de 250 ml. Des huiles avec une note parfois fruitée verte ou subtile, parfois amère contribuant à l’équilibre, ou piquante… Les pentes de Ben Ammar Bio El Fahs. Charmant, ce coin de pays situé à une soixante de kilomètres au sud-ouest de Tunis. Des collines vertes, des moutons qui broutent, des cigognes qui nichent sur quasi tous les poteaux le long de la route, des vendeurs d’escargots, des oliveraies… Nous suivons un camion chargé d’artichauts et de fenouil, puis un autre de branches et de feuilles d’olivier destinées à la confection du savon. Rien ne se perd ! Au domaine Ben Ammar, une ferme biologique familiale de 200 hectares située dans la région montagneuse de Jebel Mansour, où l’on produit « Ivlia », une huile d’olive biologique faite d’olives chetoui, nous sommes accueillis par Rawia Ben Ammar, la directrice des ventes, son beau-frère, Chaouki Ben Ammar, et leur assistant, Ali Elborni. Nous avions déjà eu le plaisir de leur serrer la main le soir d’avant alors que le domaine Ben Ammar recevait le premier prix de la 4e édition du concours national de la meilleure huile d’olive conditionnée pour la catégorie de l’huile d’olive au « fruité moyen ». Comme au domaine de Segermès, une huile d’olive d’exception dont les olives auront été cueillies à la main, pour éviter les chocs à cette étape de la fabrication, et pressées à froid dans les heures qui suivent la récolte via des installations — moulin, fûts de stockage en acier inoxydable et laboratoires à la fine pointe de la technologie. « Et tous les déchets sont recyclés », précise Rawia Ben Ammar. « Les peaux d’olive sont transformées en pâtes, les noyaux sont brûlés. Ces déchets bio, bien sûr, seront mélangés à du fumier et transformés en compost pour enrichir la terre. » Le domaine Ben Ammar, certifié bio depuis sept ans, ne baigne pas que dans l’huile d’olive et les olives de table. La famille élève quelque 3000 poules tout-terrain, qui courent en liberté dans un grand champ et ne se nourrissent que de légumes et de graines bio qui poussent sur les terres du domaine. Elle cultive aussi tomates, artichauts et amandes et embouteille une excellente eau de source provenant de la montagne à côté. À quelques kilomètres du domaine Ben Ammar se trouvent les vestiges de l’ancienne cité romaine de Thuburbo Majus, dont l’histoire remonte à l’ère prépunique. L’expression « mérite le détour » est ici très pertinente. Les vestiges de cette ville en pleine campagne donnent la chair de poule. Encore plus lorsque le tonnerre gronde au loin. LE TOURISME OLÉICOLE Entre la mi-mai et la mi-juin, l’olivier est en fleurs. À la fin août, les olives ont atteint leur taille définitive. Elles sont de couleur vert cru. Dès qu’arrive l’automne, elles virent au vert tendre, puis au vert pâle. Si on les laisse profiter du soleil, elles se teintent de rose et de mauve pour passer au violet, au brun foncé et au noir. La cueillette se fait en moyenne entre les mois d’octobre et février. Un bon moment pour venir au pays et visiter quelques moulins à huile en activité. Les oliviers poussent sur tout le territoire tunisien. LES GAGNANTS NATIONAUX DE LA MEILLEURE HUILE D’OLIVE CONDITIONNÉE Catégorie : huile d’olive extra-vierge au fruité moyen 1re place — Société Jazira 2e place — Société Medagro 3e place — Société Tunisian American Olive Oil (TAOOC) Catégorie : huile d’olive extra-vierge au fruité intense 1re place — Société Tunisia Natura – Domaine Ben Ammar Bio 2e place — Huilerie Loued 3e place — Société Bulla Begia

  • Québec - Saint-Benoit, Mirabel, Mariage de passion avec les abeilles

    Publié dans le Devoir du 15 juin 2018 Nettoyeuse, ramasseuse, cirière, ventileuse, gardienne, éclaireuse, butineuse… Une rude travailleuse, que cette abeille ouvrière à la courte vie de 35 à 40 jours, qui produit le miel. Et une pollinisatrice sacrément importante. N’est-ce pas Einstein qui disait que, « si l’abeille disparaît, l’humanité en a pour quatre ans à vivre » ? Pour découvrir le monde de l’abeillage, cap vers Saint-Benoit, Mirabel. Non loin de l’autoroute 640, de jolis chemins de campagne bordés de maisons traditionnelles québécoises aux toits courbés mènent à de verts champs tapissés de fleurs sauvages. C’est là, à Saint-Benoît, entre Saint-Joseph-du-Lac et Saint-Placide, que la famille Macle a établi en 1976 l’entreprise apicole Intermiel. Peut-être connaissez-vous déjà son miel vendu dans plusieurs épiceries du Québec dans des pots aux jolies étiquettes sur lesquelles sont inscrits la sorte de miel, sa provenance et le nombre de ruches. Et sur les couvercles, imprimés de fleurs, la certification « 100 % Québec » validée par le Bureau de normalisation du Québec. À moins d’avoir entendu parler d’Intermiel à la cabane à sucre Au Pied de cochon, juste à côté. Lorsque certains des plats du chef Martin Picard sont accompagnés d’un alvéole de miel, il y a de fortes chances qu’il provienne de ce voisin. Cultiver l’amour Originaires de Picardie, en France, et établis au Québec depuis 1969, Viviane et Christian Macle, deux enseignants de formation, cultivent leur amour pour les abeilles depuis bientôt 50 ans. Ici, dans les Basses-Laurentides, mais aussi dans Lanaudière, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et en Outaouais (Pontiac). « Mon père se passionne pour l’apiculture depuis son enfance, alors qu’il accompagnait mon arrière-grand-père dans ses ruchers en France », explique Éléonore, responsable de la commercialisation et de l’agrotourisme. « Ma mère est une pédagogue dans l’âme et le coeur. C’est elle qui a développé, il y a 27 ans, le volet éducatif. En 1991, 200 élèves visitaient notre entreprise par année ; aujourd’hui, nous en accueillons plus de 15 000. » Sans compter les 100 000 autres visiteurs qui leur rendent visite chaque année. Remportant pour la deuxième fois la mention spéciale de l’agrotourisme décernée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Intermiel peut aussi se targuer d’avoir été choisie meilleure entreprise apicole au monde, en 2017, par World’s Greatest, une émission américaine qui sélectionne les meilleures entreprises au monde dans leur secteur d’activités. « Nous comptabilisons au Québec entre 9500 et 10 000 ruches, précise Éléonore. Sur ce total, nous apportons environ 6900 ruches pendant trois semaines au Lac-Saint-Jean pour la pollinisation du bleuet. Nous produisons 450 000 kilos de miel par année et employons en période estivale 75 personnes. » Les champs occupés par les ruches d’Intermiel présentent une jolie diversité florale qui permet à leurs 425 millions d’abeilles de fabriquer une large palette de produits : pommes au printemps, framboises, trèfle, verge d’or et bleuets en été, fleurs sauvages et sarrasin en automne. Les Macle fabriquent aussi du miel de sapin. Et ce véritable laboratoire des produits de la ruche (miel, propolis, pollen, cire, gelée royale et leurs dérivés, dont l’hydromel) propose du 24 juin au 15 octobre trois visites guidées par jour, sept jours sur sept. La visite commence au champ par l’ouverture d’une ruche. Calmos ! On enfile d’abord la combinaison blanche dite « cosmonaute », le chapeau avec filet et les gants blancs. On dit que le blanc apaise les abeilles et leur procure un sentiment de sécurité. L’amour pour les abeilles se lit dans les yeux de Manon, apicultrice et animatrice chez Intermiel. Elle leur parle avec douceur, les bichonne, les caresse de la main, même. « Le monde des abeilles, c’est une société de femmes laborieuses », explique-t-elle. Il y a la reine, les ouvrières — entre 50 000 et 60 000 par ruche — et les faux-bourdons. « Le rôle des abeilles mâles est limité. Ils ne fabriquent pas de miel et n’assurent pas non plus la protection de la ruche puisqu’ils ne piquent pas. Ils sont dans la ruche uniquement pour s’accoupler avec la reine. Et comme cette dernière ne s’accouple qu’une seule fois, plusieurs faux-bourdons ne pourront même pas remplir cette unique mission. » Les oeufs de la reine La reine est la seule femelle féconde de la colonie. Au printemps, elle peut pondre jusqu’à 2000 oeufs par jour. Elle ne sort pratiquement jamais de la ruche. Les ouvrières lui apportent la nourriture nécessaire et assurent le nettoyage de ses excréments. « Elle est la seule à se nourrir exclusivement de gelée royale depuis le stade larvaire », précise Manon. Est-ce la raison pour laquelle elle vit cinq ans et non 40 jours ? Pendant ce temps, pour assurer la survie de la colonie, les ouvrières fabriquent le miel, ventilent la ruche, nettoient, ramassent, fabriquent la cire, butinent et veillent sur tous les autres types d’abeilles. Ah oui… et dansent aussi pour communiquer entre elles. La visite d’Intermiel comprend l’interprétation de la ruche, la visite de l’hydromellerie, de la distillerie, des installations de fabrication du sirop d’érable, et se termine à la boutique. DU MIEL POUR LA CAUSE Chez Intermiel, les abeilles butinent aussi pour Leucan depuis près de 40 ans. En fait depuis 1985, alors que l’on découvre qu’Éléonore, la fille de Viviane et Christian Macle, alors âgée de 5 ans, est atteinte d’un cancer hépatoblastome, aussi appelé « tumeur abdominale de l’enfant », une rare tumeur maligne du foie. Un dur coup pour la famille qui vient à peine de s’installer. Après une opération chirurgicale importante et plusieurs traitements de chimiothérapie, Éléonore sourit aujourd’hui à la vie. Cette collaboration avec Leucan était un choix tout à fait naturel. Intermiel s’engage donc à verser aux enfants atteints de cancer l’argent récolté par la vente du miel ourson Leucan. Renseignements: https://intermiel.com/fr/

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