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  • Livres - Des sites remarquables dans le monde

    Si vous êtes aventureux, débrouillard et adepte du Guide du routard, vous aurez du plaisir à feuilleter Les Sites coups de coeur de Pierre Josse (Chêne), rédacteur en chef du fameux guide touristique français, fondé en 1973 par Michel Duval et Philippe Gloaguen et dont le logo représente un marcheur avec un globe terrestre en guise de sac à dos. Coédité avec Hachette Tourisme, le livre, qui bénéficie du label Guide du routard, porte donc en page couverture le célèbre petit logo illustré par le dessinateur français de bande dessinée Jean Solé. Pierre Josse livre ici ses coups de coeur de «globetrotter, stylo en bandoulière et curiosité toujours sur le qui-vive». L'ouvrage de 384 pages invite à découvrir d'un oeil inquisiteur une centaine de sites de par le monde, des incontournables du tourisme tels Paris, Venise, Istanbul, Vienne, la Grande Muraille de Chine, La Havane... mais aussi des endroits inattendus et carrément hors des sentiers battus comme Sigirya au Sri Lanka, les Torres del Plaine au Chili, la Bucovine en Roumanie et la falaise de Bandiagara en pays dogon (Mali). Le journaliste, photographe et auteur de plusieurs ouvrages dont Deux vagabonds en Irlande et Artisans sans frontières, la dernière chanson de geste, offre un regard unique à travers ses propres photographies et son approche personnelle, tant sur le plan descriptif que pratique. Chaque coup de coeur propose un court texte informatif, de belles photos, des renseignements sur sa situation géographique, la saison conseillée pour s'y rendre et trois ou quatre conseils sur ce qu'il y a à voir, à faire, à ne pas manquer, à goûter, à lire, à éviter... De nous, il écrit: «Voyager au Québec sans voir le Charlevoix c'est comme manger un gâteau en laissant la cerise. Ici, la nature a bossé. Ella a fait dans l'exceptionnel. Résultat: un mode de délicatesse qu'il faut déguster comme un grand cru élaboré par les Dieux.» Ses conseils: dormir dans les gîtes du passant, faire coïncider son séjour avec l'un des nombreux festivals dont les Québécois sont si friands et, aux Français, ne pas oublier le pourboire de 15 %. Les sites coups de coeur Pierre Josse Les Éditions du Chêne, Hachette France, 2006, 384 pages Publié dans le Devoir du 19 mai 2007

  • Air-France - Un nouveau service au sol à Montréal Trudeau

    Profitant de l’inauguration de la nouvelle zone d’enregistrement d’Aéroports de Montréal, en début de semaine, Air France a procédé au lancement de Sky Priority, le nouveau service au sol harmonisé dans le monde entier pour tous les transporteurs de l’alliance Sky Team. Article publié dans le Devoir du 30 juin 2012 Dorénavant, les clients qui voyagent en classe La Première, Affaires ou Premium Voyageur et les détenteurs de cartes Flying Blue Platinum et Gold bénéficieront de privilèges et d’une signalétique claire qui les mènera plus facilement vers les points d’accueil Sky Priority. « Nous sommes heureux d’offrir une nouvelle zone d’enregistrement plus spacieuse, lumineuse et élégante à l’ensemble de nos passagers. Et d’être parmi les premières escales internationales à offrir Sky Priority, a expliqué Fabien Pelous, vice-président et directeur général d’Air France KLM au Canada. Ce service permettra à nos voyageurs Elite Plus d’Air France et à ceux de nos compagnies partenaires de profiter d’un service au sol plus cohérent et d’une signalétique claire qui devrait faciliter le repérage des points d’accueil Sky Priority. » Le Sky Priority comporte des privilèges attrayants pour les passagers admissibles à ce service de luxe au sol : un accès prioritaire aux comptoirs de vente de billets et à ceux des correspondances, des espaces réservés pour l’enregistrement, un embarquement et une livraison des bagages traités de façon prioritaire et un accès facile aux files d’attente des contrôles de sécurité. Lancé en avril dernier aux aéroports Paris-Charles de Gaulle et Amsterdam-Schipol, le service Sky Priority sera disponible, d’ici 2013, dans plus de 1000 aéroports du monde. Chaque compagnie aérienne décidera de la date de sa mise en application. Quant aux aéroports de Toronto, Calgary et Vancouver, ils offriront le service « en or » dès la fin de juillet.

  • André Trottier, aventurier septuagénaire

    Pilote maritime pendant 36 ans, féru de photographie depuis toujours et friand de voyages, André Trottier vise à établir le record Guinness de l'homme le plus âgé à avoir franchi les sept plus hauts sommets de tous les continents. Un grand rêve sur le point de devenir réalité. Rien ne prédisposait vraiment André Trottier à grimper un jour les plus hauts sommets du monde. Rien, sauf un certain goût inné pour le défi et l'émerveillement enraciné aussi solidement dans son âme que l'ancre des pétroliers dans le fleuve, sur lesquels il a travaillé pendant 36 ans. Né à Deschambault le 29 novembre 1940, l'aventurier a grandi face au Saint-Laurent, aux premières loges pour admirer les impressionnants bateaux qui y naviguent. À huit ans, il en est sûr, il deviendra capitaine. Études à l'Institut maritime du Québec à Rimouski. Spécialisation en tant que pilote maritime. Le rêve se concrétise en 1966. À l'âge de 25 ans, André Trottier devient l'un des plus jeunes capitaines à piloter les navires sur le Saint-Laurent. Mais avant d'obtenir son grade, le jeune moussaillon en devenir doit faire ses preuves. Un voyage à bord d'un pétrolier le conduit, à 20 ans, à Aden, au Yémen, où il fait l'acquisition d'un premier appareil photo. « À peine sorti de la boutique, je mitraillais tout ce qui pouvait entrer dans un objectif. Depuis, je ne me suis jamais arrêté. Ma photothèque contient aujourd'hui 75 000 images prises dans 81 pays. » On le devine, l'homme est un passionné. Et l'alpinisme, dans tout ça? Un jour de 1997, un an après avoir fondé, à Lorraine, dans les Basses-Laurentides, un club de marche en montagne, un ami randonneur lui propose, à brûle-pourpoint, l'ascension de l'Everest jusqu'à son camp de base, à 5364 mètres. Rien de moins. L'offre est alléchante pour le photographe en quête constante de beaux clichés. « Pourquoi pas, me suis-je dit, si d'autres ont réussi, je peux réussir aussi. Après tout, c'est dans la tête que ça se passe. » Du randonneur du dimanche qu'il est jusqu'à la réalisation de cette expédition en 1998, il revient enrichi par son périple et malgré une première expérience en altitude très exigeante, il attrape la piqûre de la haute montagne. « Une première expérience qui a marqué le début de nombreux voyages et le désir d'atteindre les plus hauts sommets de chacun des sept continents. » À son retour, il fonde la compagnie Aventuriers du Monde. Avec la complicité de son fils Jean Philippe, qui l'accompagne dans ses expéditions à titre de cinéaste, il multiplie les conférences au cours desquelles il offre un spectacle multimédia des pays visités et des montagnes escaladées. En 2002, il grimpe l'Aconcagua, en Argentine, à 6959 mètres. « C'est après l'ascension de cette montagne, la plus haute d'Amérique du Sud, que j'ai pris la décision de m'entraîner beaucoup plus sérieusement. Question de moins souffrir en haute altitude. » André Trottier se souvient fort bien de sa première séance de course à pied. « Après cinq minutes, je crachais du feu tant l'effort me brûlait la gorge. Dans les six mois qui ont suivi, je suis passé à 15, puis à 20 minutes. J'ai commencé à boire de l'eau et à mieux m'alimenter. Maintenant, je cours une heure par jour, soit 50 kilomètres par semaine. À 50 ans, j'avais la forme d'un septuagénaire, aujourd'hui, j'ai la forme d'un homme de 40 ans. Et je ne crache plus de feu. » Depuis 2002, il pratique aussi le kung-fu qui lui apporte équilibre, endurance, persévérance et capacité d'adaptation. D'ici peu, il sera ceinture noire, en fait aussitôt qu'il trouvera le temps de se présenter à l'examen, qui n'a lieu que deux ou trois fois par année. « Je fais aussi, au quotidien, des étirements et...la sieste. Vingt minutes par jour. C'est ma méditation. » À date, outre le Mont Blanc en France, le Monte Rosa en Suisse, le Gran Paradiso en Italie, le Machu Picchu au Pérou, le Rainier aux États-Unis, le Huayna Potosi en Bolivie, il a aussi grimpé le Kilimandjaro en Afrique, le Denali en Alaska et l'Elbrouz en Russie. Avec succès et sans financement aucun. Pour le simple plaisir de se prouver que tout est possible. Atteindre les plus hauts sommets et établir le record Guinness de la personne la plus âgée à franchir les plus hautes montagnes du globe ne sont que deux des trois objectifs que s'est fixés André Trottier. Plus que jamais, il souhaite amasser des fonds pour le Club des petits-déjeuners du Québec, une cause qui lui tient à coeur. « Avoir faim, au Québec, en 2009, c'est impensable. Et pourtant, combien d'enfants vont à l'école le ventre vide le matin, en ayant mal à l'estomac? » Son prochain grand défi: l'Everest, en mai 2010. Mais l'expédition est coûteuse, ne serait-ce que pour obtenir les permis d'ascension. Impossible de s'en tirer à moins de 50 000 $. « C'est donc dans le but de financer mon projet du monde Guinness et de venir en aide aux enfants du Québec en leur fournissant un petit-déjeuner nutritif que j'ai fini par fonder le Club des 7. J'organiserai aussi des levées de fonds en cours d'année par l'entremise de conférences, de salons et de dégustations en tous genres. Tous les moyens sont bons lorsqu'on croit en quelque chose. » Une fois l'Everest atteint, il restera à André Trottier l'ascension du Kosciuszko en Australie, du Vinson en Antarctique et de la Pyramide Carstensz en Nouvelle-Guinée. Un programme chargé qu'il souhaite avoir complété avant l'âge de 72 ans. Avis aux intéressés!

  • Thaïlande - Farniente dans l'archipel de Ko Phi Phi

    Publié dans le Devoir du 4 juin 2011 Un imposant rocher vert moussu surgit tout à coup de la mer d'Andaman. C'est Phi Phi Don, terminus d'un périple en bateau depuis Phuket. Sur cette île de huit kilomètres de long par trois de large, pas de voitures, des falaises escarpées cachant des grottes et des resorts discrets qui fonctionnent aux énergies renouvelables. Plages de sable fin, village gitan, sentier qui sillonne l'île du nord au sud et cuisine exquise que l'on déguste les pieds dans le sable. Un paradis qui se prolonge sur les pitons rocheux et sous la mer. Au goût. Tonsai — Après deux heures en mer depuis Phuket (prononcer«Poukett»), le traversier plein à craquer de touristes s'engage dans la baie de Tonsai. Les falaises escarpées s'entrouvrent sur des anses émeraude et des îlots rocheux surgissent de la mer. À peine arrivés et l'on en prend déjà plein les yeux. Situé en mer d'Andaman, au sud de la Thaïlande, à 45 kilomètres à l'est de Phuket, l'archipel de Ko Phi Phi compte six îles: Phi Phi Don et Phi Phi Leh, les deux plus grandes; Bamboo Island qui a la forme d'une langue de sable blanc émergeant d'une eau turquoise; Mosquito Island, Bida Nok et Bida Noi, qui ne sont en fait que des rochers calcaires surgissant de la mer. Seule Phi Phi Don est habitée. L'ensemble fait partie d'un parc national créé en 1983. Un bateau rouge vif dédié à la plongée porte le nom de James Bond. On a tout de suite le souvenir de la scène du film L'Homme au pistolet d'or où l'agent 007 (Roger Moore) poursuit le méchant Scaramanda en se faufilant, aux commandes de son mini-aéronef, entre les pitons rocheux pour amerrir au pied de KoTapu, la «James Bond Island». La légendaire petite île qui fait déplacer des hordes de touristes est située à 90 kilomètres au nord de Phuket, dans la baie de Phang Nga. Rien de surprenant à ce que Phang Nga ait été choisie comme lieu de tournage d'un James Bond quand on connaît le goût raffiné de l'agent 007 pour les belles choses. Le paysage de cette baie est unique au monde: d'immenses formations calcaires de toutes les tailles et de toutes les formes qui n'en finissent pas de tomber à pic dans la mer turquoise. Certaines ont une forme curieuse, comme Ko Tapu, ou «l'île clou», à cause de sa ressemblance avec un clou. Dans nos bagages, on transporte aussi les images de la baie d'Ao Maya qui a servi de lieu de tournage pour La Plage. Immenses monolithes surgis de la mer, eau turquoise et plages de sable fin, les fantômes de Leonardo DiCaprio et de Virginia Ledoyen hantent toujours la sauvage Phi Phi Ley. C'est d'ailleurs à la suite de ce film que les îles de Phi Phi sont devenues célèbres. Lorsqu'on arrive dans un pays avec ce genre de tableau dans ses valises, la réalité dément souvent la fiction. Là, non! Les paysages cinématographiques sont au rendez-vous. Au reste, les touristes aussi. Alors, si l'on veut jouer à Robinson Crusoë, il faudra faire preuve d'imagination. Phi Phi Don a la forme d'un isthme de sable blanc entre deux masses de montagnes ciselées. Sur la bande de sable qui fait à peine 100 mètres de large, les plages de Tonsai et de Loh Dalum se tournent le dos. L'isthme loge le petit mais très peuplé et bétonné village de Tonsai. En entrant en rade, on ne peut s'empêcher de songer au tsunami qui a balayé Tonsai le 26 décembre 2004. Deux vagues venant par le côté opposé, l'une de cinq mètres et l'autre de trois, ont littéralement lessivé le village. Depuis, les Thaïs ont rebâti leur île et la nature a repris le dessus. Par contre, la reconstruction a fait s'étendre la capitale qui n'en finit plus de se peupler. Sauf exception, la plupart des touristes débarquent à Tonsai. C'est à pied ou en bateau que l'on rejoint son hébergement de prédilection. On doit compter jusqu'à 30 minutes de marche. Il faut aussi savoir que les jours de mauvais temps, les déplacements en bateau sont aléatoires; et pour finir, que Tonsai est bruyante et qu'on y fait la fête jusqu'aux petites heures du matin. Cap vers le nord, le long de la côte est. Un univers plus calme et plus zen, bien à l'écart de l'effervescence qui prévaut dans la petite capitale mercantile de Phi Phi Don. Le seul débarcadère étant celui de Tonsai, de longues queues — ces barques racées qui servent aussi bien à la pêche qu'au transport de passagers — viennent à la rencontre du bateau pour cueillir les passagers qui ont choisi de passer leurs vacances dans l'un ou l'autre des hébergements sur la côte est de l'île. La première relâche en mer s'opère face à la petite crique d'Ao Phak Nam. Ici niche le Relax Beach Resort, une adresse qualifiée de «robinsonesque» par le Guide du routard sur la Thaïlande. Construits dans les feuillages en bordure d'une plage invitante, les chalets de bois et de bambou, équipés d'un ventilateur, d'une moustiquaire et d'une salle de bain, sont plutôt coquets. Puis, à 15 petites minutes de là, second arrêt devant le Phi Phi Island Village à Ao Loh Bakao. Le complexe de bungalows luxueux de style traditionnel revisité est tapi dans une cocoteraie. À la fin des années 1940, l'activité de l'île se résumait à la pêche, puis un peu plus tard à sa plantation de cocotiers. Aujourd'hui, Phi Phi Don est essentiellement à vocation touristique. Laem Tong Enfin Tong Cape, terminus de cette expédition en traversier qui aura duré cinq bonnes heures depuis Phuket. Nous logeons au Phi Phi Natural Resort, sur la pointe nord de l'île. Le complexe de bungalows en bois, noyé dans la verdure, ceinture une petite école. C'est le roi, en visite ici, qui a fait construire l'établissement fréquenté par les enfants du Gypsy Village. Laem Tong est une longue plage au beau milieu de laquelle évolue un village gitan. Il est difficile de connaître le nombre exact de membres dans cette population de nomades des mers qui vivent de la pêche et aussi un peu du tourisme en se transformant en chauffeurs de taxi aquatique. Si la majorité des gitans restent en permanence sur l'île, certains pratiquent toujours le nomadisme. «Les Chaolei se sont installés à Phi Phi Don vers la fin des années 1940», explique Peter, propriétaire du restaurant Jasmin (du nom de sa femme), situé sur la plage de Laem Tong, en bordure du village animé par les rires des enfants et la musique jouée par ses habitants. Selon lui, les gitans de la mer de Laem Tong comptent 70 enfants (75 % vont à l'école) et 150 adultes. Au programme des prochains jours: lire, se reposer, manger, barboter dans l'eau, se promener en long-tail, faire de la plongée et se mettre au rythme de la douceur de la vie qui passe. Les moins paresseux iront faire une randonnée dans la jungle, jusqu'à Tonsai, via la plage sauvage d'Ao Ran Tee. Il y a de beaux coraux à quelques mètres du rivage et la baignade est géniale. À Phi Phi Don, on peut aller partout à pied. Des petits sentiers pédestres rallient presque toutes les plages. Un chemin escarpé permet de traverser l'île du nord au sud et de profiter de très beaux points de vue. À marée basse, on peut longer le rivage en crapahutant sur les cailloux. Mais il faut savoir que Koh Phi Phi est à l'équateur et que la nuit tombe d'un coup, à 18h20. Le voyage serait incomplet sans une petite visite à Phi Phi Ley. On doit prendre le temps de négocier le voyage en «longue queue» avec un pêcheur du village de Laem Tong. Pour éviter la horde de touristes, mieux vaut partir tôt le matin ou tard en après-midi. Ah oui, la plage principale est payante. On y accède par un tunnel équipé de cordes et à demi submergé par endroits. Autre lieu hautement intéressant à Phi Phi Ley, c'est la grotte des Vickings. Les gitans de la mer y récoltent des nids d'hirondelles juchés très hauts au-dessus des grottes. Pour les atteindre, ils doivent grimper sur des échafaudages fragiles en bambou. Une opération très périlleuse. Avant d'entamer l'ascension, ils prient et offrent tabac, encens et alcool aux esprits de la grotte. L'hirondelle construit son nid avec sa salive. Si on le lui retire, elle en construira un second. Par contre, elle n'a plus assez de salive pour se remettre à l'ouvrage une troisième fois. Alors, les petits meurent. Les Chinois sont très friands de ces nids pour leur pouvoir dit aphrodisiaque. Quelle que soit la destination, il y a toujours une crique pour se jeter à l'eau et découvrir la vie sous-marine locale. Les fonds affichent un relief étonnant ponctué de grottes et d'éboulis rocheux. Coraux multicolores aux formes folles, jardins d'anémones, gorgones rouges... autant de refuges que se partagent les poissons-anges, les poissons-clowns, les poissons-chirurgiens, les perroquets, les demoiselles, les sergents-majors... Tiens, un barracuda! Mais où est donc Nemo? Le soir, la plage de Laem Tong se transforme en cuisine à ciel ouvert où les arômes de bouffe exotique viennent nous taquiner les narines. Ici comme ailleurs en Thaïlande, on mange bien. Des bougies sur les tables mais aussi au sommet d'un magnifique château de sable, construit par un pêcheur local, viennent égayer l'ambiance romantique qui prévaut déjà. En vrac Phuket est un excellent camp de base pour découvrir les archipels de l'intérieur de la mer d'Andaman et la baie de Phang Nga. Une nuitée au Best Western Phuket Ocean Resort, à proximité de Karon Beach, est une bonne idée pour se rapprocher de l'embarcadère et de son ferry. www.phuket-ocean.com. Pour aller à Phi Phi Don, de Phuket, prenez la compagnie Andaman Wave Master, qui dessert aussi le nord de l'île. www.andamanwavemaster.com. À Montréal, le grossiste et agent de voyages Uniktour offre une panoplie de voyages en Thaïlande, dont plusieurs circuits dans le sud. www.uniktour.com. Si vous préférez passer directement par une agence de voyages en Thaïlande, la Royal Exclusive Travel Co. Ltd. est très fiable. www.royalexclusive.com. La plage de Laem Tong est un point de départ parfait pour se rendre sur les îles Mosquito et Bamboo, deux lieux d'exception pour la plongée sous-marine. L'adresse d'exception pour se loger à Laem Tong, c'est le Zeavola. Du grand luxe dans un esprit balino-thaï où bois sombres et textiles se marient très bien à la jungle. Les massages y sont absolument exceptionnels. www.zeavola.com. Le Jasmin Restaurant, une grande paillotte tenue par un couple occidentalo-thaï en bordure du village gitan, est l'un des bons restos sur la plage de Laem Tong. Jus de fruits frais, Phat thaï aux fruits de mer, Kaeng chut, Tom yam kung... sont au menu. À lire: Le Guide du routard sur la Thaïlande, aux éditions Hachette. ***

  • États-Unis - Le New-Hampshire en grand hôtel

    Durant la première moitié du XXe siècle, aux États-Unis, des locomotives puissantes tiraient de luxueux wagons de passagers entre mer et montagnes, amenant les citadins bien nantis vers de grands et somptueux hôtels. L'État du New Hampshire comptait alors une trentaine de ces tout-compris aux airs de palais. On y a signé des traités, les contrebandiers y ont fait les 400 coups, des célébrités y ont séjourné. Puis, l'arrivée de l'automobile et le rêve de posséder une résidence secondaire ont eu raison des «Grand Old Lady». En 1980, ne survivaient que le Balsams, à Dixville, et le Mount Washington Resort, à Bretton Woods. Mais les habitants du New Hampshire aiment les demeures coloniales. Leur désir de la tradition entraîne la réouverture prochaine du Wentworth-by-the-Sea et du Mountain View Grand Resort. Bienvenu dans le «Most Livable State», un petit État, une grande histoire. Le New Hampshire n'a pas d'âge et quatre saisons. Au printemps et en été, l'endroit est idyllique pour les amateurs de canoë-kayak et de randonnée pédestre. En automne, ce bout de Nouvelle-Angleterre couvert à 80 % de forêts et dominé par le mont Washington, le plus haut sommet du nord-est des États-Unis à 1917 mètres, attire les épris de feuillage aux tons de rouge, de jaune et d'orange. L'hiver, on accueille la neige avec plaisir pour le ski, la raquette, la luge... Premier État américain à proclamer son indépendance par rapport à la couronne britannique en 1774, le New Hampshire est seul au monde à reconnaître le droit du peuple à la révolution. On dit que c'est charmant d'y habiter. Non seulement y vit-on librement, mais cette petite contrée de 305 km de long et 110 km de large, bordée à l'ouest par le Vermont, au nord par le Québec, à l'est par le Maine et l'océan Atlantique et au sud par le Massachussetts, a remporté pour la troisième année consécutive la palme de «l'État de l'Union où il est le plus agréable de vivre». «Le "Most Livable State Award" est un concours basé sur 44 critères de sélection reliés à l'économie, l'éducation, la santé, la sécurité et l'environnement, explique Victoria Cimono, responsable des communications, division du tourisme du N.H. Il certifie encore cette année que le New Hampshire détient le plus bas taux de criminalité, de pauvreté et de chômage et le plus haut taux de personnes éduquées et engagées dans la communauté.» Concord en est la capitale, Manchester la plus grande ville. C'est l'économiste et architecte Samuel Blodget qui, au début du XIXe siècle, envisage la possibilité de faire de cette ville, connue sous le nom de Derryfield, une grande ville industrielle à l'instar de Manchester en Angleterre. Blodget structure alors un canal et un système d'écluses autour des chutes Amoskeag. «Ces deux ajouts ont permis l'inauguration de l'Amoskeag Manufacturing Company en 1838, la plus grande usine de filature de coton au monde, explique Victoria Cimono. Soixante-quatre moulins bordaient alors la rivière Merrimack. Les Canadiens français y sont venus nombreux pour y travailler. D'ailleurs, la communauté franco-canadienne est toujours présente à Manchester.» Quant aux bâtiments des manufactures que l'on aperçoit le long de la Merrimack en route pour Boston, ils ont été convertis en commerces, restaurants, musées, compagnies d'assurance... L'un d'entre eux héberge l'Université du New Hampshire à Manchester. Côté montagne Sur la route I-93 dans les Franconia Notch, à proximité de Flume Gorge, on aperçoit sur les flancs du mont Cannon la gigantesque tête en granit naturel de 16 m de hauteur de l'«Old Man of the Mountains». Découverte en 1805, cette sculpture naturelle façonnée dans le roc s'effondra le 3 mai 2003. Son souvenir continue d'attirer l'attention d'innombrables touristes de passage. Étape à Bretton Woods, au Mount Washington Hotel and Resort, un château de montagne imposant à l'architecture de style Renaissance espagnole, qui fait partie de la prestigieuse chaîne Natural Trust Historic Hotels of America. En juillet 1944, les délégués de 44 États s'y réunissaient dans le cadre de la Conférence monétaire et financière des Nations unies pour discuter de la reconstruction de l'Europe d'après-guerre et de l'instabilité des taux de change. Conçu à l'origine par le riche industriel Joseph Stickney, il a fallu le travail de 250 ouvriers et maîtres artisans italiens durant deux ans avant que cette remarquable demeure au toit rouge flamboyant ouvre ses portes en 1902. L'hôtel de 300 chambres, doté d'une énorme cuisine et de six pièces de réfrigération, d'une salle à dîner avec vue sur la montagne, d'un colossal lobby et de grandes salles de bal, offrait aussi bains turcs, salle de billard, allées de quilles, terrain de squash, piscines intérieure et extérieure alimentées par l'eau de la rivière Ammonoosuc... «Ce n'était pas tout d'être grand pour être un Grand Hotel, explique Martha Wilson, directrice des relations publiques du Mount Washington Resort. Éloignés des grands centres et devant combler les demandes des clients en vacances ici pour au moins un mois, ces "resorts" devaient s'autosuffire, à l'image d'une petite ville. Ils possédaient donc leurs jardins, leurs animaux d'élevage, leur boulangerie. Tous les produits étaient fabriqués sur place. On y trouvait aussi compagnie de téléphone, poste, terrains de golf, professeurs de danse, orchestres complets. Les musiciens venaient du New York Philharmonic ou du Boston Pop Orchestra.» Le Mount Washington Resort continue d'impressionner. On y vient maintenant à l'année et on choisit son type d'hébergement: la vie de château à l'hôtel ou l'époque victorienne au Bretton Arms Country Inn, la vie de famille au Townhomes ou l'aventure au Lodge à Bretton House. On continue d'y jouer au golf et au tennis, d'y faire de l'équitation, d'y danser, de se prélasser dans les piscines et les jacuzzis. Et ce n'est pas la palette de randonnées qui manque! Côté forêt Changement d'atmosphère, plus au nord, à Dixville Notch, au Balsams Grand Resort Hotel. Ici, on dit qu'il y a des fantômes. «Vingt-neuf bons et deux méchants, confirme John Kennedy, le directeur des activités de l'établissement. Et je ne suis pas celui du président Kennedy.» Cet ancien professeur connaît l'histoire du Balsams comme le fond de sa poche. Le 4 juillet 1875, le Dix House célèbre son ouverture officielle. En cinq ans, l'hôtel grandit et peut loger une centaine d'invités. Il en coûte alors entre 10 et 14 $ par semaine. En 1895, changement d'usufruitier, l'hôtel substitue son nom pour The Balsams. Depuis, la propriété n'a cessé de prendre de l'expansion: 15 000 acres de terrain paradisiaque sur les flancs boisés des montagnes Blanches; une gastronomie primée; un terrain de golf magnifique de 27 trous et des terrains de tennis. Une piscine, un lac privé pour le pédalo et la pêche. Et en hiver, un site de ski privé offrant 14 pistes de ski de descente, 95 km de sentiers de ski de randonnée et de raquettes, et la possibilité de patiner sur les lacs gelés. Dieu que le chocolat doit avoir bon goût! Petites particularités à l'hôtel: une mini-bibliothèque dans la chambre plutôt qu'une télévision, 16 chambres réservées aux visiteurs qui voyagent avec leur chien. Il en coûte 25 $ par bête et la possibilité de faire appel à un «baby-sitter» pour les promenades de Fido. Et la rencontre possible avec le fantôme d'Al Capone qui y aurait séjourné durant le temps de la prohibition. «Les Historic Hotels of America — il en existe 200 aux États-Unis — ont tous la caractéristique de plonger les voyageurs dans le passé, précise John Kennedy. Ils sont reconnus pour leur architecture recherchée et leur ambiance unique. L'hôtel doit être âgé d'au moins 50 ans et posséder une valeur historique. D'ailleurs, c'est ici dans cet hôtel qu'en 1952, les résidants de Dixville votaient pour la première fois à une présidentielle, ajoute fièrement M. Kennedy. Côté mer Après trois heures et demie de route à partir de Montréal, une brève halte à North Conway n'est pas à dédaigner. Le petit village de montagne qui a conservé son charme rétro est tout indiqué pour se délier les jambes en route vers la côte Atlantique. Les amateurs de magasinage aiment flâner dans les «outlets». Le New Hampshire n'applique ni taxe sur les ventes, ni impôt sur le revenu. Live free or die! Antiquaires, librairies, boulangeries, cafés bordent la rue principale. Bien que l'on surnomme le New Hampshire le Granite State, le petit État vert n'est pas fait que de montagnes et de forêts. On y recense 1200 lacs, 2400 kilomètres de ruisseaux et de rivières, 50 ponts recouverts et 30 kilomètres de côte. La plage la plus populaire? Hampton Beach. Les Québécois l'ont désertée ces dernières années, mais ils y reviennent pour son petit côté sauvage. De longues plages de sable fin laissent la place à une côte découpée. Plus au nord, à New Castle, à environ cinq minutes de Portsmouth, célèbre pour son architecture victorienne, nous découvrons le Wentworth-by-the-Sea (1874), l'un des grands miraculés du New Hampshire. Sous l'égide du président Théodore Roosevelt, Russes et Japonais y signent le 5 septembre 1905 le traité russo-japonais de Portsmouth, un traité qui consacre la défaite de l'empire tsariste. Le président Roosevelt intervient pour limiter les prétentions japonaises, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1906. Les Japonais adorent prendre l'hôtel en photo! Le voyage ne serait pas complet sans la visite de Portsmouth, l'ancienne capitale du New Hampshire, de 1679 jusqu'au milieu de la Révolution américaine. Le village historique de Strawberry Banke (Portsmouth avant 1653) est né de la volonté de citoyens opposés à la démolition de ses vieilles demeures victoriennes. Le village regroupe une quarantaine de maisons qui reconstituent 400 ans d'histoire. Ne s'appelle pas le Granite State pour rien, le New Hampshire! En vrac - Site Web du New Hampshire: www.visitnh.gov - Site Web du Mont Washington: www.mountwashington.net - Lecture pour se mettre dans l'ambiance: Hotel New Hampshire de John Irving - Pour se rendre dans les Franconia Notch, on emprunte l'autoroute 10 au Québec, puis l'autoroute 91 jusqu'à Saint-Johnsbury et enfin l'autoroute 93. Cette région compte de très beaux sites pour des randonnées pédestres de quelques heures à une journée. - Le restaurant Red Arrow à Manchester, ouvert 24h sur 24, il ne ferme que quelques heures l'après-midi de Noël; parfait pour les vacanciers nocturnes en route vers Boston ou Cape Cod et qui sont pris d'une petite fringale à deux heures du matin, www.redarrowdiner.com - Wentworth-by-the-Sea Hotel & Spa. Tél. 860 240-6313 ou 603 422-7322, www.wentworth.com - The Balsams Grand Resort Hotel. Tél. 866 780-5954, www.thebalsams.com - The Mount Washington Resort at Bretton Woods. Tél. 877 873-0626, www.mtwashington.com - Centre des visiteurs de la gorge de Flume. Tél. 603 745-8391, www.flumegorge.com Publié dans le Devoir du 25 août 2007

  • Beaux livres - Leçons de Géo

    Depuis la publication de son premier album, 20 ans d'images Géo, l'équipe rédactionnelle du magazine français du même nom n'a pas chômé. Outre son magazine mensuel qui, depuis 1981, nous fait découvrir la Terre dans ses moindres recoins, Géo a maintenant à son actif une collection de 36 albums cartonnés, sur papier glacé, abondamment illustrés, qui permettent à tous les explorateurs potentiels de mettre leurs propres pas dans ceux de ses reporters (journalistes, écrivains, peintres...), de s'interroger, de s'affliger et de s'enthousiasmer avec eux. À la collection s'ajoutent de nouveaux titres: La Corse et La France fortifiée. Kallistê, «la plus belle». C'est ainsi que les Grecs appelaient la Corse. C'est ce qu'écrit d'emblée Jean-Luc Marty, rédacteur en chef de Géo, dans la préface du livre d'Eva Sivadjian, La Corse, qui y va des plus beaux qualificatifs pour la terre natale de Napoléon. L'ouvrage de 128 pages et autant (et même plus) de photos authentiques, invite les curieux et les épris de belles images à pénétrer les secrets de l'île de Beauté sans prendre l'avion. L'auteur, journaliste et écrivain-voyageur, archéologue et ethnologue de formation et collaboratrice de Géo, raconte avec mille détails l'histoire de «cette forteresse de rocs aux vertigineux à-pics, ourlées d'écume, où l'homme a su dresser ses remparts et ses tours». Les photos font rêver de randonnée pédestre sur le Monte Cintu, le plus altier de tous les sommets — la Corse que l'on associe surtout aux belles plages est avant tout un pays montagneux. Avec une altitude moyenne de 508 mètres et plus de 100 sommets de 2000 mètres ou plus, l'île mérite son qualificatif de montagne dans la mer. La France fortifiée suggère une France moins connue, plus pointue. Déjà, les titres du sommaire le suggèrent: les châteaux forts, au coeur du pouvoir féodal; les «bonnes villes» à l'abri des remparts; les ports fortifiés, sauvegardes du littoral; des forteresses pour la «paix de Dieu»; le siècle de Vauban et son héritage... Autant de titres qui, dès la première page, attisent la curiosité. Le texte de la journaliste et écrivaine Catherine Guigon, collaboratrice de Géo, constitue en soi une leçon d'histoire. Saviez-vous, par exemple, que le siège de Château-Gaillard, une forteresse stratégique construite sur la Seine par Richard Coeur de Lion, permet au roi de France de conquérir la Normandie? Autre exemple de ce qu'on peut y apprendre: non content de fortifier le Louvre, Philippe Auguste entreprend de corseter Paris, l'enfermant dans une enceinte construite de part et d'autre de la Seine. Défendre sa vie et ses richesses par tous les moyens! Les documents photographiques hauts en couleurs et en détails illustrent bien le texte et sont d'une belle qualité. «Ces châteaux qu'on ne qualifiait pas de "forts" avant le XIXe siècle préservent l'immense pouvoir de nous faire rêver et voyager dans le temps.» Tout comme Géo! *** - La Corse par Géo, Ève Sivadjian. La France fortifiée vue par Géo, Catherine Guigon, Éditions Solar, Paris 2006, 128 et 143 pages. Publié dans le Devoir du 9 décembre 2006

  • Les beaux-livres - Ode à la beauté

    Voilà un autre album sur nous, mais cette fois-ci par un photographe d'origine allemande fou du Québec qui, depuis 25 ans, en capte les splendeurs sauvages d'un oeil ébloui. Si on devait ne recevoir qu'un livre à Noël, ce pourrait être celui-là. Pour la beauté, la précision, les couleur, qui transmettent bien l'ambiance et la personnalité des paysages et des animaux. Un défi bien relevé par Heiko Wittenborn dont le but avoué est d'«éveiller la sensibilité du lecteur et de l'inciter à protéger son environnement Profondément attaché à notre Québec sauvage, le photographe qui a grandi dans une petite banlieue de Hambourg, en Allemagne, en montre tous les dessous: entre feuillus et conifères; le long des cours d'eau et des lacs; sur les rives du Saint-Laurent maritime; sur l'île d'Anticosti; au Nunavik. Chaque page nous arrache un «Ah! que la nature est belle chez nous!». Parlant de nature, d'ailleurs, son père lui disait, quand il était petit: «Écoute et observe attentivement et tu la verras, tu la sentiras tout autour de toi.» Dans mon pays, à l'époque, écrit Wittenborn en préface, les arbres étaient plus nombreux que les maisons et il y avait des animaux dans la forêt, mais ce n'est plus le cas. Le Québec, lui, possède encore ces splendeurs sauvages que l'Europe a presque entièrement perdues. À nous d'y faire attention! Les textes bien documentés de Jean-Pierre Sylvestre transpirent un constant souci écologique: «Pour protéger quelque chose, il faut l'aimer. Pour aimer, il faut comprendre. Et pour comprendre, il faut voir. Voilà pourquoi les parcs existent: pour nous faire voir les beautés de notre monde, dans l'espoir que nous comprendrons la nécessité de les protéger.» - Splendeurs sauvages du Québec, textes de Jean-Pierre Sylvestre, Les Éditions de l'Homme, Montréal, 2006, 190 pages. Publié dans le Devoir du 16 décembre 2006

  • Brésil - Jéricoacoara

    Avant que le Washington Post ne déclare la plage de Jericoacoara l'une des dix plus belles au monde dans un article publié en 1994, seule une poignée d'initiés, de babas cool, d'aventuriers ou de férus de planche à voile étaient au fait de son existence. Car se rendre dans ce petit village de pêcheurs masqué par les dunes, sur le bord du littoral atlantique, était une expédition. Et ça le demeure, d'où son charme! Cap sur Jericoacoara, «Jeri» pour les intimes. Jericoacoara — Quatre heures du matin... Après trois heures et demie de vol depuis São Paulo, l'avion de la compagnie TAM amorce sa descente sur l'aéroport international Pinto Martins, à Fortaleza, capitale de la province du Ceará dans le nord-est du Brésil. Et le point de départ idéal pour un tourisme d'aventure en bord de mer, au coeur d'un paysage digne du Sahara. Depuis que le très sérieux Washington Post a placé la plage de Jericoacoara au palmarès des dix plus belles au monde, Ceará, avec ses quelque 600 kilomètres de littoral, est devenue pour les Brésiliens sportifs et amants de la nature «le pays des plages sublimes». Jusque-là, cet État, l'un des plus pauvres du Brésil, n'avait pas la cote et le fait d'accéder à ses plages célestes et à ses petits villages de pêcheurs tenait de l'exploit. Une aventure quelque peu simplifiée depuis, grâce à une gamme de services de transport plus variée et des routes en meilleure condition. Comme convenu avec l'hôtel boutique Chili Beach de Jericoacoara, Avela, chauffeur-guide, nous attend à l'aéroport pour nous mener à Jeri en 4X4, par la piste des plages. Cette formule, plus longue et plus coûteuse que l'autobus, permet de décider des arrêts à faire, de se baigner, de contempler le spectacle de l'eau, du vent et du sable sur des kilomètres et des kilomètres. Une odyssée de dix heures hors du commun sur la Costa do Sol Poente (côte du couchant), à l'ouest de Fortaleza. Soit 300 kilomètres d'un littoral qui traverse pas moins de 22 villages de pêche. Avant de quitter la route bétonnée, une escale café da manha (petit-déjeuner) ravive nos sens sclérosés par une trop courte nuit en vol. Le soleil pointe à peine à l'horizon. On se régale de jus de graviola (corossol), de café noir et de tapioca, de petites crêpes constituées de farine de manioc, d'eau, de sel, et farcies d'oeuf, de fromage, de tomate, de banane, de noix de cajou... au choix. Découvert par les Indiens et utilisé par les esclaves venus d'Afrique, l'extrait sec de racines de manioc, appelé ici tapioca, est un plat traditionnel du Nordeste. Par un chemin secondaire cahoteux, bordé d'anacardiers et de cocotiers, on rejoint la plage de Lagoinha. C'est là que nous troquons les souliers de ville pour des havaianas (gougounes brésiliennes) et le jean pour le bermuda. Pendant ce temps, Avela dégonfle les pneus de sa camionnette. «Pour élargir et étirer la surface de contact avec le sable, explique le guide. Sinon, je risque de m'enliser et de passer pour un débutant.» Puis commence l'incroyable spectacle d'eau, de vent, de sable qui nous accompagnera au quotidien les huit jours suivants. À deux reprises, nous embarquons sur un bac de fortune pour franchir un bras de mer plus imposant que l'autre. Une façon pour les «locaux», qui activent manuellement ces bacs à l'aide de cordes, de gagner quelques reais. Dans les villages, l'arrivée des pêcheurs à bord de leur jangadas (bateau à voile rectangulaire) constitue un spectacle dont on ne se lasse pas. Indéniablement, ce paysage de sable et de dunes ressemble au Sahara. Un vent chaud souffle en permanence. Non loin du village d'Icarai de Amontada, à 100 kilomètres à l'est de Jericoacoara, des éoliennes plantées sur une péninsule témoignent de la vélocité et de la constance des vents dans la région. Pas surprenant que les champions du monde de planche à voile et de kitesurf adorent s'entraîner ici. Le vent offre des conditions idéales à la pratique de ces sports. Escale pour le lunch à Preia, dans un restaurant qui répond au doux nom d'Azul do Mar, le bleu de la mer. Délices d'un premier repas de poisson grillé sur la plage, une peixada, spécialité régionale composée du poisson du jour (un bar), de haricots, de riz, d'une salade de carottes, de farine de manioc grillée et de frites de manioc. Un repas arrosé d'une caipirinha, boisson à base de cachaça (alcool de canne à sucre), de jus de citron vert, de sucre et de glace concassée. Jeri Jeri se trouve à dix dunes, une trentaine de palmiers, une falaise et une colline (le mont Serrote) de Preia. Plus précisément à 12 kilomètres du restaurant Azul do Mar et à 30 kilomètres de la ville de Jicoca — là où se termine la route principale depuis Fortaleza, par le chemin des dunes. On conseille aux visiteurs qui viennent à Jeri en voiture de laisser leur véhicule dans un stationnement à Jijoca puis de monter dans une de ces camionnettes (jardineiras) qui, de là, assurent la navette jusqu'au village. Dans les dunes, aucun panneau routier n'indique le village: facile de prendre la mauvaise trace. Et, sauf autorisation, Jeri est interdite à la circulation. On vient dans cette oasis coupée du monde pour la nature et le calme. Pour la mer et le vent. Pour le lever et le coucher du soleil. Pour marcher des heures durant sur des plages sans fin, dans l'eau, autour des lagunes et des dunes. Pour lire, méditer, manger, flâner, écouter le chant du sable. Ou apprendre quelques rudiments de surf ou de kitesurf, de capoeira, de samba, de forro. Mel Sousa Cunha enseigne la danse à Jeri. En portugais, en anglais et en français. La jeune femme a grandi et étudié à Montréal. Quelle coïncidence! C'est pour retrouver ses origines qu'elle est venue au Brésil. Et elle s'y est plu. Depuis, elle habite dans ce petit village de 3000 habitants qui vit pour et par ses touristes, avec Francesco, son mari, et Myrella, leur petite fille. Mel transmet les rythmes de la samba et du forro dans sa maison sur Saô Francisco, l'une des six rues du village. Une pancarte à l'extérieur annonce l'école: Academia Samba Jeri. Inutile d'apporter des souliers, les rues étant de sable. Il est donc de rigueur de lézarder pieds nus ou en tong dans ses ruelles ensablées qui toutes convergent vers la grande dune du Pôr do Sol — littéralement: coucher du soleil face à l'océan, sur la plage primée par le Washington Post. Chaque soir, les gens se rassemblent au sommet, appareil-photo en bandoulière, pour immortaliser à jamais le coucher du soleil. Les chanceux apercevront, l'espace d'une milliseconde, un éclair vert juste au moment où le bord du disque solaire effleure l'horizon. Cette dune est l'un des rares lieux de la Terre où il est possible de voir le fugace rayon émeraude. Une excursion en buggy ou à cheval jusqu'aux villages de Tatajuba et de Mango Seco permet de mieux comprendre la fragilité de dégradation des dunes. Une pancarte plantée au coeur de ruines d'anciennes maisons indique l'emplacement du vieux Tatajuba, enfoui sous le sable il y a quelques années. L'église a été dégagée pierre par pierre et rebâtie dans le nouveau Tatajuba. La nuit tombée, pousadas (auberges) et petits restaurants (en grand nombre et fort sympathiques) allument à l'extérieur bougies et lampes à l'huile. L'électricité est dans les maisons mais pas dans les rues et ruelles du village. Les lignes à haute tension sont enterrées sous terre de façon à préserver la lumière naturelle de la lune et des étoiles dans le ciel. Pas d'autos à Jeri, pas de bateaux à moteur non plus. Les ânes se promènent en toute liberté. Un dépaysement total, quoi! Une zone protégée En 1984, une loi fédérale déclare le village de pêcheurs de Jericoacoara «Zone environnementale protégée» dans le but d'arrêter ou de limiter son expansion.En 1992, une loi interdit la construction de nouveaux hébergements touristiques afin de contenir le flux de touristes. En 1998, l'électricité est introduite dans les maisons du village de Jericoacoara.En 2002, l'Institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles (IBAMA), en collaboration avec le gouvernement de l'État du Ceara et la préfecture de Jijoca de Jericoacoara, convertissent la région de Jericoacoara en Parc national (200 kilomètres carrés). Certaines activités sont interdites, dont la construction de routes.*** Le forro Comme la plupart des rythmes brésiliens, le forro trouve son origine dans les cultures indiennes, africaines et européennes. C'est à la fois une musique et une danse. Son rythme composé par l'accordéon, le triangle et le zabumba est guilleret et entraînant, mais les chansons racontent les chagrins du peuple du Sertão (région du Nordeste) qui quitte cette région souvent touchée par la sécheresse, pour une vie meilleure à Rio de Janeiro ou São Paulo. Plus technique que la salsa, le forro se danse en couple, les yeux dans les yeux. *** En vrac -Hébergement. Coup de coeur pour l'élégant hôtel boutique Chili Beach, classé cinq-étoiles dans la région. Situé en périphérie du village, dans un joli jardin tropical, l'endroit est calme. On y mange une excellente cuisine concoctée avec les produits frais du jour. Le personnel est très attentif aux demandes de ses clients. La langouste grillée est un pur délice. chilibeach.com. -Organiser son voyage. Directement avec les hôteliers. Il y a le Chili Beach mais aussi une centaine de pousadas pour tous les genres et toutes les bourses. Le personnel de ces établissements saura vous guider à bon port. La pousada La Villa, conçue de bois et de paille par un architecte brésilien et tenue par une Française, est une bonne adresse. lavilla-jeri.com. -L'agence de voyages Uniktour propose le Brésil à son programme à la carte, dont Jericoacoara. Consulter le conseiller François Archambault pour plus de détails sur le circuit Les Dunissimes. uniktour.com/voyage/les-dunissimes-entre-dunes-et-mer/presentation. -Excursion à cheval. Pour une journée inoubliable jusqu'au village de Mango Seco via les plages et les dunes, en compagnie de Francesco (le mari de Mélanie), aussi professeur de Capoeira. Un arrêt au restaurant Barraca do Cacau, à Mango Seco, pour son crabe et ses crevettes, est un must. Un vrai délice! Ouvert le midi seulement, ce restaurant à l'allure de boui-boui n'a pas l'électricité. -Livres. Le guide Brésil, aux éditions Lonely Planet; Tristes Tropiques, de l'ethnographe Claude Lévi-Strauss, où l'auteur raconte ses rencontres avec les Indiens du Brésil; Rouge Brésil, de Jean-Christophe Rufin, qui raconte la première conquête du Brésil par les Français.

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