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  • Photo du rédacteurHélène Clément

La vallée péruvienne de l’Urubamba, royaume de la pomme de terre


Autre site fascinant dans la Vallée sacrée, les Salines de Maras qui fournissent depuis 4000 ans le sel indispensable à la conservation des aliments, puisé dans une myriade de lagunes.

À 33 km au nord-ouest de Cusco, entre Pisac et Ollantaytambo, s’étend la Vallée sacrée, haut lieu de l’agriculture péruvienne. Les terres y sont si fertiles qu’il y pousse mille légumes, dont la papa ou pomme de terre. Une biodiversité que les Incas exploitèrent dans d’inouïs laboratoires de recherches à flanc de montagne.


Article publié dans le quotidien Le Devoir du 17 février 2018


Le Pérou n’était pas sur ma liste des voyages à faire à tout prix avant de mourir. J’avais d’autres priorités et, peut-être inconsciemment, une petite réserve fondée sur le motif de l’intense exploitation touristique du célébrissime Machu Picchu — classé au patrimoine de l’UNESCO, devenu au fil du temps une grosse machine à faire de l’argent.


L’idée aussi d’essuyer un possible mal de l’altitude dans la ville de Cusco, à 3400 m d’altitude, le point d’arrivée des touristes en route vers le Machu Picchu, ne m’émoustillait pas trop. Ni de faire la queue pour monter dans le train jusqu’à Aguas Calientes, le village au pied du fameux site, et de là une autre interminable queue pour prendre le bus qui mène au lieu, et une autre encore à la guérite d’accès au sommet. Ouf !


L'abondance en fruits et légumes de la Vallée sacrée et du Pérou au marché central San Pedro, à Cusco

Coq-à-l’âne, face au flux croissant de visiteurs qui foulent ce site, l’État péruvien, en concertation avec l’UNESCO, a instauré un quota de visiteurs. Un maximum de 2500 par jour. En haute saison donc, mieux vaut réserver sa visite bien à l’avance.


Et voilà que l’occasion d’un voyage dans la Vallée sacrée des Incas se présente ! Un itinéraire « National Geographic Journeys » par G Adventures, un forfaitiste reconnu pour ses expéditions responsables. Avec promesse d’un voyage en petit groupe, de guides locaux, de visite de communautés rurales, et, bien sûr, n’étant pas plus catholique que le pape, de celle du Machu Picchu. Il faut bien reconnaître d’ailleurs qu’aucune photo ne peut rendre compte de la magie des lieux.


outre, jamais je n’oublierai ce moment où, le souffle déjà court, j’ai aperçu les murs titanesques de la célèbre cité inca entourée d’étonnantes terrasses agricoles et ornementales, bâties au sommet d’une crête rocheuse couverte de végétation tropicale et surplombant le fougueux rio Urubamba, couleur chocolat, coulant vers l’Amazonie.


Huit jours d’un itinéraire qui allait conduire notre groupe de huit personnes dans la légendaire vallée, entre Pisac et Ollantaytambo, pour y découvrir d’autres sites archéologiques incas moins fréquentés que le Machu Picchu, mais tout aussi grandioses.


Dans l’ombre du Machu Picchu


Sourires au marché coloré d’Ollantaytambo

En se promenant dans ce haut lieu généreux, dominé par les glaciers, on reste bouche bée en observant les montagnes couvertes de terrasses aux airs d’amphithéâtre gréco-romain. Elles illustrent bien l’ingéniosité dont faisait preuve cette civilisation.


Les Incas y ont expérimenté différentes plantations, dont la pomme de terre et le maïs. Une vallée si fertile que les Espagnols la qualifièrent de « Valle Sagrado ».


Les esprits incas semblent d’ailleurs toujours veiller le long du rio Urubamba qui la sillonne et où l’on cultive maïs noirs, roses ou jaunes, quinoa et kiwicha, tomates, courges haricots, herbes aromatiques… Une abondance de produits due à la terre volcanique et au climat humide, bien visible tant au marché central SanPedro, à Cusco, que dans les marchés des villages de Pisac et d’Ollantaytambo — deux sites archéologiques incas spectaculaires à flanc de montagne à ne surtout pas manquer.


À 70 km de Cusco, le site de Moray, laboratoire de recherches agronomiques à ciel ouvert sous les Incas, fascine non pas pour sa coquetterie, mais pour son histoire.


Trois grands puits en terrasses circulaires auraient été utilisés avant l’apogée de l’Empire inca. Le plus grand mesure environ 36 m de profondeur et 220 mètres de long. Sur chaque étage créateur de microclimat, tapissé de cailloux de sable et de terre fertile, ils ont provoqué la mutation de plants créant des centaines de variétés nouvelles.


« Les Incas ont construit cette structure circulaire en terrasses de façon à y reproduire une vingtaine de microclimats », explique Gerson, notre guide. Chaque étage, haut d’environ deux mètres, offrait un environnement climatique différent et servait à cultiver différentes plantes — de basse et de haute altitude — de manière expérimentale.


« Et pour faire le reste du travail, ils avaient développé un brillant système de réseaux d’irrigation de la terre, à partir de l’eau qui coulait du sommet des montagnes. »


Autre site fascinant dans la Vallée sacrée, les salines de Maras, qui fournissent depuis 4000 ans le sel indispensable à la conservation des aliments, puisé dans une myriade de lagunes dont chacune est exploitée par une famille de la petite ville de Maras.


Quand on passe du temps dans la « Valle Sagrado », on s’aperçoit que les Quechuas n’ont jamais coupé le lien avec la pachamama (la terre mère), si chère aux Incas. Il reste quelque chose d’autrefois dans la façon de vivre, une transmission d’éléments ancestraux que l’on retrouve au Parque de la papa, à 3700 m d’altitude.


Être « dans les patates »


Les variétés locales de pommes de terre ont été placées au coeur du projet de développement six communautés quechuas.

Le minibus grimpe toujours et toujours plus haut sur des chemins sinueux. C’est la chanson El Condor Pasa tournant en boucle dans nos têtes, un peu verts et un peu étourdis que nous débarquons au Parc de la pomme de terre. Nous sommes accueillis amicalement par la communauté Pampallacta — qui s’empresse de nous offrir une petite infusion de feuilles de coca, afin de requinquer notre système digestif fragilisé.


Mais là, pour s’accoutumer au soroche, le mal des hauteurs, ça prendrait la feuille au complet. Et faire comme les coqueros, la mastiquer pour jouir de ses effets.


Quoi qu’il en soit, nous voilà au Parque de la papa, dans une vallée isolée de la région de Cusco, où six communautés quechuas ont mis en commun leurs terres et placé les variétés locales de pommes de terre au coeur de leur projet de développement.


Les agriculteurs de ce parc voué à la conservation des variétés indigènes de pommes de terre andines cultivent plus de 1600 variétés entre 2000 et 5000 m d’altitude.


« L’objectif est double sur cet espace de 10 000 hectares : assurer des ressources aux communautés fragilisées par le changement climatique et créer une aire de protection de la biodiversité », explique Nasario, notre hôte. « Si plusieurs variétés continuent de pousser sur ces terres, d’autres ont retrouvé le sol qui les ont vues naître, grâce au soutien du Centre international de la pomme de terre, une banque génétique située à Lima. »


« Depuis quelques années, les cultures ont gagné 300 m en altitude à cause du changement climatique », précise Nasario. « Les températures augmentent, ce qui favorise les attaques de ravageurs, et la pomme de terre a besoin de froid pour germer. »


Pour la conservation, on déshydratera la pomme de terre durant la saison froide en la laissant geler la nuit sur des couvertures, puis en la vidant plusieurs fois de son eau.


Tout cela donnant faim, place à la dégustation du tubercule aux formes et aux couleurs multiples, au restaurant communautaire Parwa, dans le village Huchy Qosco, « petit Cusco » en Quechua. Ouvert en 2013 grâce au voyagiste G Adventures et à sa fondation Planeterra ainsi qu’au Fonds d’investissement multilatéral, le restaurant, géré par les habitants de ce village de 70 familles, a donné naissance à un programme « de la ferme à la table », dont les profits sont réinvestis dans des projets sociaux tels que santé, éducation, nutrition et services de base essentiels, ainsi que dans ce restaurant qui favorise les produits locaux.



À PROPOS DE G ADVENTURES, NATIONAL GEOGRAPHIC ET PLANETERRA

Né en 1990, le voyagiste, basé à Toronto, pratique un tourisme intégré, qui permet le contact avec les populations locales dans un but de préservation du patrimoine culturel et de l’environnement, mais aussi d’amélioration des conditions de vie des habitants.

Honoré depuis quelques années par National Geographic Adventure, G Adventures a ajouté à son programme, en 2016, des itinéraires « National Geographic Journeys » qui proposent des voyages en petits groupes, des interactions avec des experts locaux (historiens, biologistes, photographes, moines, cuisiniers…), la participation à des conférences, des visites de communautés rurales ainsi que de refuges animaliers.

Également créateur de la fondation Planeterra, le forfaitiste gère aujourd’hui plus de 30 projets à caractère social à travers le monde. L’organisation à but non lucratif Planeterra s’est fixé pour missions d’améliorer les conditions de vie des humains et des animaux dans les destinations touristiques, et de promouvoir la protection de l’environnement. De cette volonté est née une offre de voyage unique alliant expériences authentiques et engagement social dans le cadre de projets d’aide dans les pays où la compagnie voyage. planeterra.org

G Adventures propose cette année au Pérou plus de 24 circuits classiques ainsi qu’un circuit de 11 jours signé « National Geographic Journeys » qui sera offert entre les mois de novembre 2018 et février 2019 à partir de 3999 $.



À SAVOIR

De décembre à mai, Air Canada Rouge offre deux vols semaine Montréal-Lima sans escale. Le vol dure 8 h 30 et part les mardis et les samedis à 17 h 15.

Le Machu Picchu se visite en train, en trek ou à pied. Voici un petit guide pour apprendre à visiter le plus grand symbole de la civilisation inca et éviter les mauvaises surprises. voyageperou.info/guide-machu-picchu-infos-pratiques

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