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Italie - La marche entre art et nature

Photo du rédacteur: Hélène ClémentHélène Clément


À trois heures et demie de Rome en voiture, dans le centre-est de l'Italie, entre la chaîne de montagnes Apennins et la mer Adriatique, se trouve une région d'une grande beauté nommée Le Marche. On dit là-bas que c'est la Toscane en version sauvage. On y découvre en toute tranquillité des tas de collines coiffées de villages romains, des abbayes, des forteresses, des églises romanes, des rangées de cyprès, des vignes, des oliviers... La région se consacre depuis toujours à l'agriculture. Et à l'art! Le Marche est un musée à ciel ouvert. On peut y dénicher une peinture de Raphael, Crivelli ou Signorelli... dans la plus petite église. «L'Italie dans une région», affiche la publicité. Pour cause.


San Lorenzo in Campo — En juin 2007, le Musée des beaux-arts de Montréal accueillait les célèbres bronzes dorés de Cartoceto di Pergola. Pour la première fois depuis leur reconstitution, les fameuses statues sortaient de l'Italie. Constitué de deux cavaliers et de deux femmes, le groupe de sculptures monumentales en orichalque, que l'on compare au quadrige de chevaux de Saint-Marc, à Venise, ou à la statue de Marc-Aurèle, à Rome, a été découvert par hasard en 1946 par deux agriculteurs, alors qu'ils étaient en train d'assécher une flaque après une forte pluie, sur le terrain d'une ferme à Cartoceto de Pergola, dans les Marches.

Mais quel autre indice pourrait nous en dire un peu plus sur la région du Marche? Bien sûr, l'histoire de Santa Maria Goretti. Combien de fois, enfants, les gens de ma génération ont-ils entendu leur mère raconter la vie de cette jolie jeune fille née en 1890 dans un village italien et assassinée à l'âge de 12 ans à coups de couteau par son voisin Alessandro Serenelli, pour avoir refusé ses avances? Avant de mourir et pour l'amour de Jésus, Maria pardonna à son bourreau.

De quoi donner des remords aux plus méchants des bandits! Mais pas à lui. C'est un songe dans lequel Alessandro voit sa victime lui offrir une fleur qui le bouleverse au point d'obtenir le pardon de la mère de Maria, après sa mise en liberté en 1929. Il assistera même à la béatification de sa victime le 27 avril 1947. C'est dans le village de Corinaldo qu'est née Maria Goretti, au nord-est de la ville de Pergola, dans les Marches.

Le Marche ou les Marches? On prononce «marqué». À part les bronzes dorés nés sous la Rome antique et exposés au Museo dei Bronzi Dorati, puis l'horrible histoire de Maria Goretti, que sait-on de cette région du centre-est de l'Italie, située à l'est de la Toscane et de l'Ombrie et qui a pour capitale la ville portuaire d'Ancona?

À première vue, si l'on pénètre dans l'arrière-pays du Marche via Flaminia, au départ de Rome, on découvre un paysage de montagnes aux massifs rocheux, puis des collines coiffées tantôt de maisons de pierre bordées de cyprès, qui rappellent le décor des peintures du Quattrocento, comme en Toscane, tantôt d'un village médiéval tourné vers les vignobles et les oliviers. Sur les pente des coteaux... des champs et des champs de culture. La région vit en partie de son agrotourisme.

Et les oeuvres d'art? C'est petit à petit qu'on les découvre. Et parfois de façon inattendue. On pousse la porte d'un immeuble et c'est une cathédrale qui nous saute aux yeux.

San Lorenzo in Campo est le point de départ de notre itinéraire d'une semaine dans la région. À l'abbaye Benedictine, nous rencontrons Don Frederico, vicaire de l'église Saint-Laurent.

«Je connais bien le Québec», dit-il en montrant du doigt une sculpture en bois du martyr de la foi, brûlé vif sur un gril en 258. «N'est-ce pas en son honneur que Jacques Cartier a baptisé le fleuve Saint-Laurent?» demande-t-il avant de rejoindre notre guide Giovanni en train de commenter une peinture représentant une étape du chemin de croix. Dans tous les coins de la région, on remarque que la vie des gens est irradiée par l'art.

Pénétrer le Marche, c'est comme entrer dans un beau livre d'histoire de l'art de la Renaissance dont le chapitre premier aurait pour titre Urbino, ville natale du peintre Raphaello. Ici, dans cette petite ville universitaire aux ruelles étroites et escarpées, ce qui ne facilite en rien la circulation des véhicules, on ne se targue pas que d'abriter la maison natale du fils de Giovanni Santie, peintre et poète de la cour de Frederic III de Montefeltro, mais aussi l'un des plus beaux exemples de palais style Renaissance d'Italie: le Palais ducal, fondé sous Federico di Montefeltro.

Bâti par Luciano Laurana et achevé par Francesco di Giorgio Martini, ce palais abrite la galerie nationale des Marches. C'est dans la salle 25 que l'on découvre les deux oeuvres de Raphaël, La Muta et Sainte Catherine d'Alexandrie. La salle 22, impressionnante par sa taille, présente sept tapisseries réalisées au XVIIe siècle d'après les dessins de Raphaël, dont quatre de la manufacture des Gobelins.

Le deuxième étage expose des oeuvres des peintres Frederico Barocci, Alessandro Vitali et Batista Salvi. La visite se termine dans une chapelle en marbre polychromé des XVe et XVIe siècles, une réalisation de l'architecte Bramante.

L'Università degli Studi contribue aussi au prestige d'Urbino depuis1506. Les étudiants venus de partout, plus nombreux que les résidants, contribuent à l'ambiance joyeuse de cette petite ville du Moyen Âge, adossée aux montagnes Apennins, si fière de son duc Frédéric de Montefeltro.

À Urbino, le visage du mercenaire devient vite familier, le portrait qu'en a fait le peintre et mathématicien Pietro della Francesca étant de toutes les boutiques de souvenirs.

Fabriano, ville d'art et berceau de la fabrication du papier en Occident, abrite le Museo della Carta e della Filigrana. L'histoire des papetiers de Fabriano commence au XIIIe siècle avec l'utilisation des chiffons de lin pour fabriquer la pulpe. Trois grandes inventions marqueront l'évolution du papier. Le mortier, utilisé depuis l'invention du papier en Chine, est remplacé par la pile hydraulique qui se charge de pulvériser les chiffons de lin; un liant à base de gélatine qui permet de conserver le papier et de le rendre plus réceptif aux encres d'écriture est mis au point et le filigrane est inventé. Dorénavant, on pourra distinguer les billets de banque.

Au début du XVe siècle, on retrouvait à Fabriano plus de 40 moulins à papier le long de la rivière Giano, qui produisaient annuellement près de 200 tonnes de papier. À Fabriano, la fibre de coton est toujours utilisée comme matière première; on y fabrique les pièces de 20 et de 50 euros.

Le charme des Marches s'explique aussi par l'accueil et l'art de vivre de ses habitants. Il faut y flâner au hasard des quelque 180 kilomètres de côte, sur la mer Adriatique, de la centaine de villes d'art, des 750 villages et hameaux juchés à flanc de collines, des centaines d'églises, cathédrales et abbayes, des 183 sanctuaires, 34 sites archéologiques et 234 musées. Ouf!

Si la période estivale est le moment le plus couru pour visiter l'Italie et déguster un espresso ou une glace sur la terrasse d'une place centrale, l'automne apporte aussi son lot de plaisirs. C'est la période de récolte de la vigne, mais aussi celle de la cueillette des olives. Presque chaque famille a son olivier et fabrique chez elle son huile avec une presse artisanale.

Dans cette région où l'on perpétue de façon naturelle les méthodes ancestrales en matière d'alimentation, les olives sont récoltées manuellement et pressées dans les heures qui suivent. La récolte commence fin octobre et dure trois semaines. À l'aide d'un petit râteau, on peigne les branches, ce qui entraîne la chute des olives sur des filets disposés au sol. Le cultivar utilisé dans le Marche est le Raggiola. Il fournit une huile fruitée et d'onctuosité moyenne.

Dans le Marche, l'art de vivre s'ouvre aussi sur la gastronomie et l'oenologie. Viva Italia!

En vrac - À voir à tout prix: la spectaculaire grotte de Frasassi, dans le parc naturel régional du même nom, découverte le 27 septembre 1971 par un groupe de spéléologues d'Ancona. Un seul des 31 kilomètres peut être parcouru par le visiteur, qui traversera cinq salles de stalactites et stalagmites aux formes magnifiques. Jeux de lumières, jeux d'eau, finesses scénographiques... rien n'est laissé au hasard. La salle 1 est si vaste que la cathédrale de Milan pourrait y être contenue: 200 mètres de haut, 111 de large et 165 de long. www.frasassi.com.

-Musée du papier de Fabriano: http://www.cdsl.qc.ca/projets/expo-papier/Histoire_du_papier.htm.

-Musées des bronzes dorés et de la ville de Pergola: www.bronzidorati.com.

- Suggestions d'hébergement: hôtel Tenuta San Settimio à Palazzo d'Arcevia, www.sansettimio.it; hôtel Symposium Resort à Serrungarina, www.symposium4stagioni.it; Il Giardino à San Lorenzo in Campo, www.hotelgiardino.it.

-Suggestions de restauration: Il Marchese del Grillo à Fabriano; Cantina Verdicchio di Matelica à Matelica, classé cépage d'appoint en DOC Verdicchio di Matelica; Al merlo Nero à Mergo; Palazzina Sabatelli à Sant'Ippolito; Fattoria della Ripa à Orciano di Pesaro; La Graticola à Fratterosa; L'Amgolo Divino à Urbino, où l'espresso, servi avec un sucre fouetté au café et une anis étoilée, est un vrai délice.

-On trouve très peu d'information dans les guides touristiques sur la région du Marche. Mais un très bon guide détaillé, avec des cartes des routes et des villes, a été publié par le Touring Club of Italy: The Marches, le Marche, Ancona, Pesaro-Urbino, Macerata, Ascoli Piceno. www.touringclub.it.

-Pour vous aider à organiser votre voyage, la Sviluppo Marche SpA Development Agency for Marche Region - Italy: www.svimspa.it.






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Textes et photos par Hélène Clément 

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