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  • Photo du rédacteurHélène Clément

Les mystères des vieilles épaves


Des fouilles au Musée du Fort Saint-Jean.

Jonchée d'épaves, de barrotins et de vieux fragments de bois, la rivière Richelieu dévoile en août ses fonds marins aux amateurs d'archéologie. Et pas nécessaire d'enfiler son scaphandre. Regard sur l'histoire du Canada à bord du Pierre-Le-Moyne-d'Iberville.



Saint-Jean-sur-Richelieu — Malgré la pluie qui embrouille le paysage dans une buée grise, cap vers l'île aux Noix. Car, beau temps mauvais temps, la croisière s'amuse. Et puis sous l'eau, il fait beau.

Et vogue le navire en direction du fort Lennox, première halte de cette croisière à saveur archéologique d'une journée, à bord du Pierre-Le-Moyne-d'Iberville. L'expérience subaquatique, une idée de Sébastian Boulianne, curieux depuis qu'il navigue sur le Richelieu de découvrir le mystère qui plane sur les vieilles épaves et d'en faire profiter ses croisiéristes, est pour la première année au programme du Mois de l'archéologie 2009 qui a débuté samedi dernier.

«Aujourd'hui, ce n'est qu'un exemple de ce qui se fait en recherche archéologique au Québec», explique Sophie Limoges, directrice de la conservation et des programmes publics du Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal Pointe-à-Callière et présidente du Réseau Archéo-Québec.

«Au-delà des sites maritimes, on a des sites militaires, des sites industriels, des sites amérindiens. Durant le Mois de l'archéologie, une centaine d'activités sont proposées dans une soixantaine de lieux dans la province et autour du lac Champlain, dans les États de New York et du Vermont. La participation des Américains à l'événement est aussi une première», note Mme Limoges. Un mois chargé, donc, pour Archéo-Québec, dont les dirigeants sont fiers de constater que l'activité, jadis la chasse gardée d'une poignée de scientifiques, se démocratise. «Toute la famille en profite.»

À la conquête des fonds

Départ à 9h au quai d'Iberville, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Inutile donc d'apporter son maillot de bain puisque c'est assis bien au sec, devant un écran géant, dans la cabine, que les plaisanciers partent à la conquête des fonds du Richelieu. En avant-midi, deux archéologues nous entretiennent d'épaves et d'artefacts de tout genre submergés dans la rivière, entre le lac Champlain, aux États-Unis, et le canal de Chambly: bacs qui servaient à traverser les riverains d'une berge à l'autre; bateaux à fonds plats utilisés au XVIIe siècle; barges qui au XIXe siècle deviennent essentielles au transport maritime intérieur...

«Les bateaux sont en assez bon état, affirme Jean Bélisle, professeur d'histoire à l'Université Concordia. On est en eau douce, donc les matériaux se conservent. Si la visibilité le permet, vous en verrez un cet après-midi à l'écran.» C'est lui et Arthur B. Cohn, directeur du Lake Champlain Maritime Museum, qui commentent à bord les images d'épaves retransmises sur le bateau par des aquanautes qui en scrutent les entrailles déchirées par le temps.

Mais avant, halte au fort Lennox, le temps qu'il faut pour retourner quelques siècles en arrière et fouler le sol que se disputaient alors Français, Américains et Britanniques. Et d'apprendre que l'aventure française en Amérique du Nord n'a pas pris fin sur les plaines d'Abraham, comme on est porté à le croire, mais sur l'île aux Noix, en août 1760. Quant au fort Lennox, joyau du réseau de Parcs Canada construit entre 1819 et 1829, il avait pour but de protéger la colonie contre une éventuelle invasion américaine par la rivière Richelieu.

Mystère

Malgré le mauvais temps, l'image est claire. Tiens, un crapet de roche! On dit qu'il raffole des épaves. Là, à tribord, un vieux panneau de cale peuplé de moules zébrées. «Elles aiment bien le métal, explique Jean Bélisle. Ces moules sont l'une des causes de la détérioration des épaves.» À bâbord, des barrotins. «Ils devaient supporter un pont ou un quai.»

Voilà le Maraudeur! La barge de bois couverte de sil gît au nord-ouest de l'Île-aux-Têtes, sur un fond argileux. Il s'agirait d'un ancien charbonnier construit au tournant du siècle dernier, aux États-Unis, et qui aurait coulé vers 1940. La barge ayant été pillée en 1970 — depuis, une loi sur les épaves a été votée pour protéger le patrimoine —, on ne sait trop ce qu'elle transportait. Le bois et le charbon étaient toutefois les deux produits à transiter le plus sur le Richelieu.

«Le plaisir de pénétrer dans les coulisses de l'archéologie, note Sophie Limoges, c'est qu'on accède à des découvertes qui ne sont même pas répertoriées dans les livres d'histoire.» Comme à bord du Pierre-le-Moyne-d'Iberville où les croisiéristes peuvent donc suivre, sur écran géant, deux plongeurs munis d'une caméra et d'un récepteur audio, filmant dans toutes les encoignures des épaves de barges, de chaloupes, de pontons qui racontent l'histoire de la plus vieille voie d'eau commerciale d'Amérique du Nord, entre le canal de Chambly et Noyan.

Parmi les sites fabuleux à visiter pendant le mois d'août en Montérégie, suggère la présidente d'Archéo-Québec, notons le Centre d'interprétation du site archéologique Droulers-Tsiionhiakwatha, à Saint-Anicet. Il s'agit de la reconstitution d'un village iroquoien du XVe siècle. «Vous savez, les Iroquois ont été des pionniers en matière d'horticulture au Québec.» Également, le Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson, un complexe composé de 17 sites archéologiques.

La Montérégie propose 13 lieux et 29 activités, dont une programmation spéciale pour le 400e anniversaire du passage de Champlain vers le lac qui porte son nom.

Archéo-Québec et sa programmation du Mois de l'archéologie: www.archeoquebec.com.

Lake Champlain Maritime Museum: www.lcmm.org.

Tourisme Montérégie: www.tourisme-monteregie.qc.ca.

Pour qui souhaite aller visiter de plus près les épaves à l'île aux Noix, l'un des plus vieux sites archéologiques du Québec, en scaphandre cette fois-ci: www.aquafutur.com.





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