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Photo du rédacteurHélène Clément

Québec - Tête en feu, tête en fête


Chapelière, Élisabeth Wannaz crée depuis 15 ans capelines et cloches en feutre haut de gamme, des pièces uniques puisées à la source même de sa fantaisie. Jusqu'au 25 octobre, la Guilde canadienne des métiers d'art présente Tête en feu, tête en feutre, une collection de 16 chapeaux colorés aux formes sculpturales qui traduisent bien l'ampleur de l'imaginaire et de la virtuosité technique de l'artiste. Virée au coeur d'un métier oublié, qui a pourtant connu ses heures de gloire.


Rouge tête, Toutes feuilles, Ramage, Danseur, Chap Épic, Black Snake, Petite Géométrie, Pour vous... Chaque chapeau a son nom, sa personnalité, ses couleurs, son style. Turbans, capelines, cloches. Pas d'excès d'ornement, mais ornement tout de même. Perles, métal, soie. Formes variées, atypiques, torsadées. Sculptures créées sous l'inspiration du moment. Voilà qui résume l'exposition Tête en feu, tête en feutre. Décidément, l'artiste n'en fait qu'à sa tête !

Élisabeth Wannaz est née à Lausanne, en Suisse. Enfant, elle plonge dans l'univers du textile. «Cette passion m'a été transmise par mes deux grands-mères, qui étaient couturières, l'une au service de la haute couture, l'autre pour elle-même, explique-t-elle. À quatre ans, je tricotais, brodais, crochetais. Et je me rappelle avoir très souvent accompagné une de mes grands-mères, qui était inspectrice en couture dans les écoles, à l'époque où le cours était obligatoire.»

Le coeur ayant ses raisons, l'artiste opte pour des études à l'école de joaillerie, en Suisse, stockant la fibre dans un coin de sa tête. Puis elle s'envole pour le Québec. Avant d'être chapelière, Élisabeth Wannaz était joaillière pour la maison Birks.

«Il y a 30 ans, au Québec, on comptait les ateliers sur les doigts d'une main et il n'y avait pas vraiment d'école. Birks était la plus grosse maison de joaillerie au pays, se souvient-elle. De plus, en Europe, le bijoutier touchait à tous les domaines de la profession, alors qu'ici on la segmentait. On était polisseur, émailleur ou sertisseur. Il est clair que mon expérience en bijouterie fine m'a ouvert les portes de la maison Birks, même si au départ le grand patron voyait ça d'un oeil différent. Il y avait encore très peu de femmes dans les ateliers.»

Tirer son chapeau

«Chassez le naturel, il revient au galop.» Quelques années et expositions de bijoux plus tard, la passion des textiles resurgit. La chapelière s'inscrit à un cours de modiste au Collège LaSalle, se spécialise dans la chapellerie, et plonge. Depuis 15 ans, elle fabrique capelines, turbans et cloches.

La modiste fabrique son feutre à partir de laine de mouton et non pas de poils de lapin ou de lièvre, «trop chère et difficile à trouver de nos jours», dit-elle. Le feutrage consiste à densifier la laine en resserrant les fibres sous l'action de l'eau chaude, du savon et du frottement, technique qui permet d'obtenir les plaques de feutrine pour la réalisation des chapeaux sans aucune couture.

Par superposition, en cours de feutrage, on peut ajouter des mèches de laine de couleurs autres qui viendront s'entremêler avec la couleur dominante pour créer les contrastes.

Élisabeth Wannaz maîtrise toutes les étapes de la création du chapeau, depuis la mise en forme du feutre par le moulage, le patron, la coupe et la couture, jusqu'au garnissage de ses oeuvres.

Les bijoux qu'elle a créés et continue de créer lorsque le temps le lui permet constituent souvent le point de départ d'une oeuvre. Tête en feu, tête en feutre témoigne de l'intérêt pour la chapelière pour le jeu d'assemblage des couleurs et des accessoires tels que les perles, le métal et la soie.

La petite exposition présentée à la Guilde canadienne des métiers d'art est un clin d'oeil à la chapellerie, métier qui a presque disparu de nos modes de vie alors qu'il a joué un rôle éminent pendant plus de deux siècles. Loin de nous l'époque de Marie-Antoinette! Le chapeau racé, bien qu'amusant, abordable, élégant, raffiné et adapté, demeure un accessoire associé à la bourgeoisie.

«J'adore les chapeaux mais je n'ai pas la tête pour en porter. Ma fille, par contre... Voilà une phrase que j'entends souvent et à laquelle je réponds à tous coups: tout le monde a un chapeau qui lui convient», souligne la chapelière. Mais le plus dur n'est-il pas d'assumer la crainte de se faire voir? L'exposition Tête en feu, tête en feutre offre l'occasion de jouer avec les chapeaux, de les toucher, les tourner dans tous les sens, les essayer, se pavaner et se regarder.

Élisabeth Wannaz vend notamment ses créations à la Boutique métiers d'arts, Place Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, et sur rendez-vous, à son atelier de la rive sud. Elle sera également présente au Salon des métiers d'art du Québec, du 5 décembre au 21 décembre prochain.

La Guilde canadienne des métiers d'art a été fondée en 1906 dans le but de conserver, d'encourager et de promouvoir l'art inuit, l'art des Premières Nations et les métiers d'art au Canada. La Guilde expose une partie de sa collection permanente (plus de 450 spécimens) d'art inuit des années 1900 à nos jours. Et jusqu'au 1er novembre, on peut y voir la collection 2008 d'estampes de Cape Dorset, une exposition de 34 estampes réalisées par 12 artistes inuits.




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