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Photo du rédacteurHélène Clément

Montréal - Les fantômes font de l'esprit




Tous les soirs jusqu’au 31 octobre, les personnes de plus de 12 ans sont invitées à découvrir les fantômes et âmes tourmentées qui peuplent les édifices et ruelles du Vieux-Montréal. Un captivant circuit de 90 minutes à pied, raconté par les acteurs de l’organisme Fantômes Montréal.


Durant ce truculent circuit pédestre, les participants suivent un personnage à l’allure baroque incarné par un comédien professionnel qui raconte au fil du parcours des histoires et des légendes à donner parfois la chair de poule.


Car le Vieux-Montréal cacherait au sein de certains de ses illustres immeubles, ruelles et places des secrets flippants. Que vous croyiez ou pas aux fantômes, des esprits hanteraient bel et bien ce haut lieu dont l’histoire remonte à la fondation de Ville-Marie.

Vieux de quelques siècles ou plus récents, qu’importe, ces esprits rôderaient toujours dans des endroits pourtant très fréquentés.


Le rassemblement pour le départ a lieu à 20 h 30 face à la maison de la Douane, de biais avec le musée Pointe-à-Callière, là où se trouvait jadis la place du Vieux-Marché aménagée sous le Régime français. Les participants sont divisés en groupes (25 personnes au maximum), pour des circuits offerts en français ou en anglais.


« La formule est particulièrement populaire à l’approche de l’Halloween », explique Angèle Vermette, présidente de Guidatour. Un peu d’histoire, celle, sombre, de la Nouvelle-France, un peu de paranormal et des légendes. Une dizaine d’arrêts devant des bâtiments historiques ou gastronomiques du Vieux. De quoi plaire aux participants, dont les goûts sont parfois bien différents.


« Au fil des ans — les Fantômes auront 20 ans l’an prochain —, nous avons vu se développer deux profils de clientèle, précise Angèle Vermette. Les fous de fantômes et les fous d’histoire. On essaie de trouver un équilibre entre les différentes attentes. »


Crimes et châtiments


« Une légende et une histoire, c’est pas pareil, explique Anita, notre guide, dans un français vieillot. La légende est une histoire que l’on raconte de bouche à oreille et qui se déforme pas mal en chemin. Les histoires, c’est du vrai. Ça fait ben des bébés et ben des morts. Mais c’est du vrai. Asteure, on commence. »


Un premier arrêt aux cours Le Royer, aux alentours de la ruelle Saint-Dizier, à l’emplacement de l’Hôtel-Dieu de Montréal au XVIIe siècle. « Icitte, on parle pas fort pour pas déranger les habitants du quartier. C’est arrivé par le passé qu’ils nous garrochent des patates par la tête. Surtout l’été quand les fenêtres sont ouvertes. »


C’est donc en chuchotant que la conteuse nous raconte la légende de Beaudry, dont la trame se déroule un soir de la Saint-Sylvestre, en 1788. Quel lien existe-t-il entre cette place éclairée aux lanternes et ce récit qui nous plonge dans une ambiance un peu mystérieuse ? Aucun. Mais il dévoile ce Vieux peuplé de mythes et de légendes étranges.


Le fantôme du 426, rue Saint-Gabriel revient régulièrement humer les odeurs de tartare de bison, de poulet de Cornouailles et de confit de canard de l’auberge du même nom. Il s’agirait d’une petite fille morte asphyxiée lors d’un incendie qui a ravagé la propriété construite en 1688, alors qu’elle prenait une leçon de piano avec son grand-père. On dit entendre régulièrement des accords de piano venant du grenier.


Les 3 Brasseurs, rue Saint-Paul, vous connaissez ? Il paraît que les gérants ont grand-peur d’en faire la fermeture. Des fantômes y rôdent depuis qu’un groupe de paysans aurait mis le feu à l’édifice pour rouscailler contre leur expulsion du bâtiment. Ils se seraient réfugiés au dernier étage pour fuir le brasier. Ainsi prisonniers, ils ont tous péri.


« Les gérants disent qu’ils entendent toujours marcher aux étages supérieurs, alors que personne n’y vit, raconte Anita. En toué cas, y se passe toujours quelque chose de ben bizarre à la table du coin au deuxième étage. Pour ceux que ça intéresse, quand vous irez aux 3 Brasseurs, si le deuxième est ouvert, réservez cette table. Vous verrez… »


Le Vieux a aussi son triangle des Bermudes qui se situe en un point bien précis entre le vieux palais de justice, l’édifice Ernest-Cormier avec ses 14 colossales colonnes et la cour municipale. Un point bien précis où ne règne que justice.


Des histoires d’horreur courent sur la place Jacques-Cartier, qui jadis servait de lieu de torture. L’un des supplices-roi en matière de peines infamantes : le carcan. Les condamnés devaient le porter durant une longue période et rester ainsi exposés au public. « Au mois de février, quand il y a moins de touristes sur la place à cause de l’hiver, on entend les plaintes des condamnés », raconte Anita. De quoi donner la chair de poule.

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