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Le Québec est aux oiseaux

Photo du rédacteur: Hélène ClémentHélène Clément

Au printemps, les lieux de repos et d’observation pour la population d’oies des neiges se concentrent dans les aires de pâturage situées sur les terres agricoles bordant le Saint-Laurent.

Le mois d’avril est marqué par l’arrivée de milliers d’oies des neiges en route vers l’Arctique de l’Est. Elles font halte, entre autres, dans les champs de Baie-du-Febvre pour y faire le plein d’énergie. Le moment est opportun pour venir les observer, leur tirer le portrait, visiter le centre d’interprétation et bavarder avec les gens de ce coin de pays, qui est aussi le point de départ de la Route des navigateurs.


Article publié dans le quotidien Le Devoir du 13 avril 2018


4 avril. Il est midi lorsque nous arrivons dans le village. Comme l’avait prévu la météo : pluie et vent forcissant au fil de la journée. Peu d’oies blanches en vue dans les champs inondés de Baie-du-Febvre. C’est que la jolie sauvagine n’aime pas les tempêtes.


Mais elle n’est pas loin. Sûrement en sécurité dans un champ agricole à quelques kilomètres de là, à se gaver de vieilles graines de maïs, reliquat de la dernière semence.


« Elles sont arrivées le 31  mars : plus de 30 000 oies », précise Nathalie Grandmont, responsable du Centre d’interprétation de Baie-du-Febvre, dont la date d’ouverture coïncide avec l’arrivée des premiers troupeaux d’oies des neiges.


« En fin de journée, le 2 avril, on en comptait quelque 175 000 dans les champs en bordure de la route Janelle, puis les 4 et 5 avril, à cause du froid et du vent, elles n’étaient plus que 40 000. Et à nouveau, la fin de semaine dernière, elles étaient quelque 175 000.


Si la tendance se maintient — les rassemblements d’oies les plus considérables ayant été observés à la mi-avril — et que la météo n’entre pas en folie, ce week-end pourrait accueillir ses plus importantes colonies en provenance de la côte est des États-Unis.


Criaillement et cacardement


D’abord, on les entend, un cri qui s’apparente à une sorte de « kowkou » ou de « kow-lik », puis on les voit voler en enfilade dans le ciel. Soit en formation aérienne en V, mais pas de façon aussi bien structurée que les bernaches du Canada, ou striant le ciel dans tous les sens à la recherche de nourriture ou d’un espace sécuritaire où se poser.


Montréal se trouvant sur leur ligne migratoire, on les aperçoit et surtout on entend depuis quelques semaines leur cacardement dans le ciel de la métropole, soulevant l’espoir d’un changement de saison. Combien d’artistes se sont inspirés de cette grande migration ? On pense à Jean-Paul Riopelle qui adorait peindre l’oie blanche et le hibou.


Parlant de hibou, si nous n’avons pas eu le plaisir d’assister, le 4 avril dernier, au joli chassé-croisé des oies qui rentrent des champs en fin de journée — une aventure nature ne venant pas avec une garantie —, en revanche, nous avons vu un harfang des neiges posé là au beau milieu du dortoir glacé de l’oye, en attente d’une proie à se mettre sous le bec.


« Les oies blanches adorent s’installer là où se camoufle le harfang des neiges, car il fait peur à l’un de ses prédateurs naturels, le renard », explique Nathalie Grandmont.


Pour la bruyante sauvagine qui vient de parcourir 1000 kilomètres, Baie-du-Febvre a tout pour plaire : une plaine inondée où elle se sent en sécurité et des champs farcis de vieilles semences qui lui fourniront l’énergie pour poursuivre sa migration.


Caméras, tranche d’histoire et boîte à lunch


Si, à l’automne, les lieux de repos et d’observation pour les oiseaux migrateurs se situent à Montmagny, à L’Isle-aux-Grues et à Cap-Saint-Ignace, au printemps, la population d’oies des neiges se concentre dans les aires de pâturage situées sur les terres agricoles en bordure du Saint-Laurent. Dont Baie-du-Febvre, l’un des fiefs.


Plusieurs sites d’observation attendent les visiteurs curieux le long de la route 132, entre ce village du Centre-du-Québec à 90 minutes de Montréal, 30 de Trois-Rivières, de Drummondville et de Sorel-Tracy, et à quelques minutes au sud de Nicolet.


Les meilleurs moments pour observer les oies des neiges : le matin tôt, au moment où elles quittent les plans d’eau le long de la 132, et avant le coucher du soleil, quand elles rentrent des champs pour le grand regroupement nocturne. Par beau temps, elles peuvent y revenir en milieu d’après-midi. Par contre, les jours d’intempéries, elles ne rentrent que le soir.


Une visite au Centre d’interprétation, situé au coeur de la Réserve de biosphère du lac Saint-Pierre, permet de mieux comprendre les raisons pour lesquelles les oies et les bernaches s’arrêtent à Baie-du-Febvre en période de migration.


Au deuxième étage, une mini-exposition raconte l’histoire de ce village de quelque 900 âmes, jadis la seigneurie de la Baye-de-Saint-Antoine, concession du sieur Jacques Lefebvre devenue municipalité de Baie-du-Febvre le 30 juillet 1855.


Lieu où l’on célèbre l’arrivée des oies au printemps, le mois de l’arbre et des forêts en mai, le Challenge 255 en août, la Grande Tablée du lac Saint-Pierre en octobre. Et qui possède un théâtre, le Belcourt, construit dans une ancienne salle paroissiale datant de 1950, ainsi qu’un bulletin municipal au joli nom de La V’Oie de Baie-du-Febvre.


La Route des navigateurs


À l’entrée du village, on aperçoit un premier panneau bleu indiquant le début de la Route des navigateurs, chemin touristique qui épouse le tracé de la 132 le long du fleuve, sur une distance de 470 kilomètres, entre Baie-du-Febvre et Sainte-Luce. La jolie route ancestrale sillonne le Centre-du-Québec, la Chaudière-Appalache et le Bas-Saint-Laurent.


Bon, tout cela donne faim ! Il est possible de se sustenter alentour, soit au restaurant traiteur Madame Claire, qui concocte du lundi au jeudi midi une cuisine maison, ou en se procurant, du mercredi au dimanche, quelques produits du terroir québécois à la boutique du Centre d’interprétation : confit d’oies, rillettes, mousse de canard, oeufs de cailles, cornichons et moutarde à la canneberge.


Ne reste qu’à apporter votre pain et quelques verres pour goûter au « Globul » de type A, B ou AB — nom qui évoque la profession médicale pour laquelle le copropriétaire du vignoble Le Fief de la rivière, Jocelyn Hébert, se passionne depuis toujours.

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Textes et photos par Hélène Clément 

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