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Photo du rédacteurHélène Clément

Israël - Sur les rives de la mer Morte



La mer Morte recule d'au moins un mètre par année. Elle aurait perdu depuis une cinquantaine d'années un tiers de sa superficie. Les raisons de cet assèchement sont multiples. Entre autres, la surexploitation du Jourdain, le fleuve qui alimente la mer Morte, mais aussi l'activité intense des industries cosmétiques...


On vient sur les rives de la mer Morte depuis l’Antiquité. Pour ses propriétés bienfaitrices pour la santé — Cléopâtre aurait succombé aux vertus de ses eaux et pratiquait des bains de boue —, mais aussi pour y découvrir les richesses géologiques et historiques du désert de Judée qui l’entoure. Dans un cadre biblique à souhait.


La route 1 qui relie Jérusalem à la route 90 — celle qui suit la frontière Jordanienne à l’est, tourne le dos au mont des Oliviers, à son cimetière — le plus ancien du monde encore utilisé — et aux oliviers du jardin de Gethsémani qui, selon l’histoire, a fourni l’ombre à Jésus qui venait s’y reposer avec ses disciples.


À peine sortis de la ville « trois fois sainte » la tête remplie de faits, de dates, de monuments et d’émotions, nous nous engageons à bord d’un minibus dans un paysage de collines arides, parsemées de conifères et de maisons blanches, puis, dans le désert de Judée.


Quand la Bible prend vie


La route 1 qui descend en crescendo depuis Jérusalem mène en une vingtaine de minutes, soit une trentaine de kilomètres, d’une altitude de 800 mètres à quelque 428 mètres sous le niveau de la mer, au point émergé le plus bas au monde : la mer Morte.


Après quelques virages en épingle, le bus s’arrête à une halte routière. Un Bédouin sorti de derrière les collines propose de grimper sur son chameau le temps d’une photo. Puis, plantée là, au premier plan des collines pierreuses du désert de Judée, une immense sculpture en terre ocre de l’artiste Or-nah Ran représentant une main formant un zéro.

À quelques mètres, un panneau indique que nous sommes ric-à-rac au niveau de la mer.

Malgré le soleil qui tape, le corps est traversé d’un frisson à la fois esthétique et sacré. L’imagination s’enflamme. C’est bien dans ce désert argileux d’une superficie de 1500 kilomètres carrés, empreint d’une spiritualité ancienne, que Jésus passa quarante jours et quarante nuits, jeûna et fut tenté par le diable ? Ouf, les cours de religion sont bien loin !


J’y reviendrais pour randonner, dans ce désert biblique de grottes et de canyons. Pour me baigner dans les ruisseaux, marcher le long du canal d’eau douce aménagé par les Bédouins, lire à l’ombre d’un dattier, observer les oryx et visiter, accroché aux parois rocheuses, le monastère Saint-Georges, dans la vallée Wadi Qelt, à la porte de Jéricho.

Puis sans crier gare, au sommet du dernier tronçon de la route 1 avant de rejoindre la 90, apparaît la vallée de la mer Morte. Des chaînes de montagnes forment l’arrière-plan de ce grand lac bleu cobalt pétant, ourlé de concrétions de sels. C’est la Jordanie.


Assurez-vous de pouvoir recharger vos caméras, la région est photogénique. Un moment rare et magique à savourer. D’un côté, l’ocre du désert de Judée aux allures de planète Mars et de l’autre, le glauque de la mer Morte, aux maintes vertus médicinales.

L’endroit géographique par excellence pour traiter le psoriasis et autres affections de la peau, apprend-on au centre de visite Ahava, une entreprise qui utilise les minéraux de la mer Morte pour fabriquer des produits thérapeutiques et de beauté.


« Deux semaines de bain de soleil, combinées à des bains de mer et de boue sont un bon traitement pour le psoriasis », affirme Daniela Cohen, cofondatrice du kibboutz Ein Gedi et de son charmant hôtel niché dans un jardin où poussent 900 espèces de plantes.


Parmi les massages populaires offerts à Ein Gedi, celui à base de boue chaude et de myrrhe, une plante connue pour ses propriétés antioxydantes, anticancéreuses, antiseptiques, cicatrisantes et anti-inflammatoires. Elle pousse dans le jardin d’Ein Gedi.


Pour le psoriasis sans remèdes et sans piqûres, donc, la mer et le soleil comme traitement.

Et ici, au point le plus bas du globe, le soleil brille 300 jours par année. Ses rayons ultraviolets indésirables seraient filtrés par une brume d’évaporation si gorgée de minéraux qu’elle offrirait une protection naturelle permettant une exposition plus longue.

Mais prudence ! Ce traitement médical naturel suppose le respect d’un certain nombre de conditions et d’une surveillance médicale étroite. Parlez-en à votre médecin.

Une visite sur le site Web du « DMZ Medical Center », un centre spécialisé en climatologie, situé à l’hôtel LOT, à Ein Bobek, s’avère une bonne source d’information avant de boucler sa valise : lothotel.com


Aïe, les pieds !


Quant à se laisser flotter sans effort dans l’eau tiède et minérale de la mer Morte, en lisant son journal — les clichés ont la vie dure, c’est une expérience unique en son genre. Rien ne survit dans ce vaste lac composé de 27,5 % de sel. Pas un poisson, pas une algue. Rien, à l’exception de… l’Homo touristicus, qui y flotte comme un bouchon.



Avant d’y faire trempette, il est conseillé d’enfiler des souliers pour ne pas se couper en marchant sur les cristaux de sels acérés, d’éviter de se raser le jour avant ou de s’y endormir, au risque de se réveiller en Jordanie, entraîné par les vents et les courants.


Une montagne d’histoire


J’ignorais l’histoire de ce palais construit entre 37 et 31 av. J.-C. par Hérode, en quête d’un refuge aussi confortable qu’imprenable. Et de la révolte des zélotes contre les Romains en 70 apr. J.-C. qui en firent un refuge pour leurs partisans et leurs familles.


Deux ans plus tard, les Romains assiègent Massada. Les insurgés brûlent alors magasins et entrepôts et optent pour le suicide collectif plutôt que la prison. La forteresse reste à l’abandon jusqu’au Ve siècle, jusqu’à ce que des moines byzantins trouvent refuge dans des grottes proches du sommet et y érigent une petite chapelle.


On y vient aujourd’hui pour errer à travers les vestiges des palais, entrepôts et thermes romains, imaginer la vie luxueuse que menaient à Massada Hérode et sa cour, voir les ruines de la synagogue que les zélotes ont construite à la place des écuries du roi.


Et pour la vue extraordinaire sur le désert de Judée, la mer Morte et la Jordanie. Préférablement au petit matin quand le soleil se lève, enflammant les murs du bastion.


LES TROIS EIN GEDI

L’oasis au parfum biblique, cité à quelques reprises dans la Bible, s’étend sur six kilomètres le long de la route 90, entre le désert de Judée et la mer Morte. Plusieurs embranchements donnent accès à cet éden tropical — irrigué par quatre sources d’eau, au grand bonheur des contemplatifs, des randonneurs et amateurs d’histoire. Réserve naturelle d’Ein Gedi. Le site de 25 kilomètres carrés, qui niche entre les canyons Wadi David et Wadi Arigot, attire les randonneurs. Les sentiers, de longueurs variables, mènent vers des cascades, des sources, des grottes, un temple chalcolithique, une synagogue antique, des points de vue à couper le souffle… Il n’est pas rare d’y rencontrer le bouquetin de Nubie et le daman des rochers venus s’abreuver dans les eaux pures du désert. Le Jardin botanique d’Ein Gedi. Si les miracles existent, ce jardin en plein désert aride de Judée en est un. Situé dans le kibboutz d’Ein Gedi, à 3 km au sud de la réserve naturelle, il rassemble quelque 900 végétaux, dont certains cités dans la Bible, comme la myrrhe, les baobabs géants, les pommiers de Sodome. Hôtel du kibboutz d’Ein Gedi. Jadis une maison d’hôte plantée au cœur du Jardin botanique du kibboutz d’Ein Gedi, fondé en 1953, le bâtiment devient un hôtel de charme avec chambres luxueuses en 2012. Le complexe comprend un établissement thermal de luxe, des piscines, un sauna, un hammam et un restaurant au joli nom de Baobar. On y offre des menus à la carte ou en formule buffet. S’y rendre. Entre les mois de mai et octobre 2018, Air Transat offrira trois liaisons directes par semaine Montréal–Tel-Aviv au coût variant entre 800 $ et 1050 $. Le voyageur a le choix entre des forfaits allant du simple vol aux séjours organisés.



ALERTE À L’ENVIRONNEMENT La mer Morte est un haut lieu du tourisme israélien, mais elle serait en voie de disparition.

Depuis une cinquantaine d’années, elle aurait perdu un tiers de sa superficie. Les raisons de cet assèchement ? La surexploitation de l’eau du fleuve Jourdain — le fleuve qui l’alimente — pour des besoins d’irrigation, mais aussi l’activité intense des entreprises installées autour, qui fabriquent leurs produits à partir de ses minéraux. En conséquence, on observe la formation de dolines qui transforment peu à peu les rives de la mer Morte en gruyère. En se retirant, les eaux très salées de la mer Morte laissent derrière elles des terrains truffés de poches de sel, et les nappes phréatiques, les pluies et les rivières sont autant d’eaux douces qui lessivent et dissolvent ces poches, laissant des cavités vides en sous-sol qui peuvent s’affaisser radicalement sans prévenir.


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